Depuis les années 90, des dizaines de milliers de véhicules de seconde main, en provenance des ports européens et américains, débarquent sur le port de Cotonou (Bénin). Au passage, l’Etat béninois engrange des millions d’euros par le biais de taxes. Au détriment, selon certains, de l’environnement.
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Ces véhicules qui entrent sur le territoire béninois depuis plus d’une décennie sont connus sous le vocable de « venus de France », parce que les premières voitures importées venaient du port de Marseille. Mais aujourd’hui, les importateurs béninois se sont tournés également vers d’autres pays. Les Etats-Unis, l’Allemagne et la Belgique sont ainsi entrés dans la danse. Ces voitures, après plusieurs années d’usage sur les routes européennes et américaines, sont retirés de la circulation puis convoyés vers l’Afrique et notamment le Bénin.
En moyenne entre 15.000 et 18.000 véhicules par mois arrivent au port de Cotonou. Ils sont soit destinés à une utilisation sur le marché local, ou en transit vers les pays voisins du Bénin, tels que le Nigéria et le Niger. C’est ainsi que de juillet 2007 à décembre 2008, par exemple, 62.621 véhicules ont été convoyés vers le Niger et ont permis au trésor public d’engranger 5.165.250.000 FCFA (7,9 M€).
En ce début de matinée, nous sommes au port de Cotonou en compagnie de Kabirou, importateur depuis 15 ans de véhicules d’occasions. L’un des nombreux navires qui mouille au port ce jour-là doit débarquer des centaines de véhicules. Notre homme attend de récupérer une quarantaine de ces voitures, qu’il a payées grâce à un de ses contacts en France. Après les diverses formalités douanières et policières du bateau, des chauffeurs choisis par Kabirou, entrent dans le navire pour conduire les voitures vers le Parc tampon unique (Ptu), un vaste parking de dédouanement aménagé spécialement pour ces véhicules, à quelques encablures de l’enceinte portuaire.
Les voitures seront dirigées vers l’un des parcs de vente en fin de journée. Si les voitures sont en transit vers les pays voisins, elles sont conduites vers des parcs d’escorte. Ces deux types de parcs sont installés à Sémè Kpodji, une ville située à l’est de Cotonou, sur la route menant à Porto-Novo, la capitale politique. Sémè Kpodji ressemble à un énorme dépotoir de véhicules. Les parcs de vente y ont pullulé en l’espace de quelques années. Ils appartiennent pour la plupart à des privés. Des centaines de voitures y sont garées et attendent les futurs acheteurs.
Les parcs d’escorte sont gérés par la douane béninoise qui accompagne les chauffeurs retenus par l’importateur pour le transfert des voitures. La douane veille également à ce que ces véhicules en transit quittent effectivement le territoire béninois, afin de contrecarrer d’éventuelles fraudes.
Un problème environnemental
Toussaint Hinvi, président du parti des Verts au Bénin, déclarait en juin 2009 au magazine Béninmag, que le Bénin commercialise plutôt, selon les critères de la convention de Bâle, « des déchets ». Cette convention, mais aussi d’autres allant dans le même sens, ont été conclues pour éviter que les pays du sud ne soient transformés en dépotoir.
Mais l’Etat béninois ne semble pas être très regardant sur ce point. Le Nigéria par exemple, n’accepte pas sur son sol l’entrée d’un véhicule en circulation depuis plus de 8 ans. Pour le gouvernement béninois, le revenu de ces taxes sert à financer officiellement des programmes sociaux à destination des couches les plus démunies de la population. Si cette filière disparaissait, ce sont des milliers de personnes qui travaillent dans ce secteur qui en partiraient.
Toujours dans cette même déclaration, Toussaint Hinvi ajoutait que « certains des véhicules importés au Bénin sont vieux de plus de vingt ans. Les pièces remplacées sur ces véhicules sont jetées en vrac dans la nature et posent de sérieux problèmes à l’environnement. Même des matières à base d’amiante sont jetées dans la nature. Les mêmes véhicules sont envoyés, bourrés d’objets usagers, que sont des appareils électroménagers, des vêtements, produits chimiques et irradiants. Autant d’objets dont ne veulent plus leurs propriétaires qui s’en débarrassent afin d’éviter de payer la taxe pour le recyclage des déchets de consommation. L’environnement naturel au Bénin doit payer un lourd tribut ».
Les appareils électroménagers et les vêtements trouvés dans les voitures alimentent une filière de récupération distincte de celle des voitures, car ils sont revendus sur le marché béninois. Le vrai danger pour l´environnement, outre la pollution engendrée par des voitures hors normes, concerne les produits chimiques ou irradiants, qui sont dangereux.