Après celles contre les OGM et pour la sauvegarde des produits anthroposophiques, la pétition contre l´utilisation des pesticides néonicotinoïdes et pour protéger les abeilles a dépassé ce mois de janvier 2011 le million de signatures dans différents pays. Un seuil crucial qui obligera les autorités, notamment européennes, à prendre en compte le souhait de ces citoyens.
Une action des militants d´Avaaz, ce mois de janvier 2011, en Floride. |
Les abeilles sont en train de disparaître et toute notre chaîne alimentaire est menacée. Certaines espèces d´abeilles ont déjà disparu. D’autres, aux Etats-Unis, ne totalisent plus que 4% de leur population d´origine.
Benjamin des Gachons, représentant français d´Avaaz. |
Selon le mouvement Avaaz, à l’origine de la pétition, « les scientifiques avancent plusieurs explications. Certaines études indiquent que le déclin est dû à une combinaison de facteurs incluant maladie, perte de l´habitat, et produits chimiques toxiques. Mais des recherches indépendantes à la pointe du sujet ont mise en avant de fortes preuves mettant en cause les pesticides du groupe des néonicotinoïdes. L´Italie, la Slovénie et même l´Allemagne, où est basé le principal fabriquant Bayer, ont interdit certains de ces produits. Mais Bayer, Syngenta et d´autres continuent d´exporter ce poison dans le monde ».
Selon Benjamin des Gachons, représentant français salarié du mouvement, « une fuite révèle que l´Agence de protection de l´environnement (Epa) des Etats-Unis avait connaissance des dangers de ces pesticides mais les a ignoré. Le document indique que le produit “hautement toxique” de Bayer représente “une préoccupation de risque majeur pour les insectes non ciblés” [les abeilles] ».
Avaaz reproche à la France, qui fut pendant un temps « fer de lance des interdictions », d’avoir renouvelé pour un an l´autorisation commerciale d´un produit phare contenant cette substance toxique, le Cruiser 350, un insecticide systémique utilisé en enrobage de semences de maïs.
Une protestation qui se fait l’écho de celle de l’Unaf, Union nationale de l’apiculture française, qui explique : « Un plan de surveillance, mis en place par le ministère de l’agriculture, a fait apparaître des cas avérés d’intoxication des abeilles au thiametoxam (substance active du Cruiser). Pourtant l’Afssa [transformée aujourd’hui en Anses] comme d’habitude, réfute ce lien de causalité et invoque des causes multifactorielles. Pour la quatrième fois (2008, 2009, 2010 et 2011), cet insecticide bénéficie d’une AMM [autorisation de mise sur le marché] privilégiée d’un an, alors que les AMM doivent être accordées pour 10 ans et retirées dès que l’innocuité du produit n’est plus certaine. Ce procédé est un artifice juridique scandaleux destiné à contraindre les acteurs de l’environnement à engager chaque année un nouveau contentieux pour contester l’AMM ! L’Unaf a déjà du saisir 3 fois le Conseil d’Etat. Il s’agit d’une grossière fraude à la loi d’autant plus intolérable et insultante pour les citoyens qu’elle est commise par le ministère de l’agriculture ! Son but est d’épuiser ceux qui se battent pour le respect de la législation limitant les pesticides, en les obligeant à multiplier les contentieux ».
La pétition contre le CruiserLe texte de la pétition (1 141 448 signatures en France et dans le monde au 2 février 2011) : « Nous vous appelons à interdire immédiatement l´utilisation des pesticides néonicotinoïdes jusqu´à ce que et seulement si de nouvelles études scientifiques indépendantes prouvent leur innocuité. Le déclin catastrophique des populations d´abeilles pourrait mettre toute notre chaîne alimentaire en danger. Si vous agissez dès maintenant et avec précaution, nous pourrons éviter l´extinction des abeilles ».
>> Pour signer la pétition contre les pesticides. |
>> Avis de l’Anses sur le Cruiser.
>> Le ministère de l’agriculture autorise la mise sur le marché du Cruiser.
>> Voir sur le site de Sciences et Démocratie le débat “Abeilles et pesticides” préparé par des élèves de Sciences Po Paris dans le cadre de leur cours de Cartographie des controverses scientifiques créé par Bruno Latour.
J´observe que c´est la même classe politique qui, après avoir signé l´approbation d´un pieux et alléchant programme de la Commission Européenne sur la santé des abeilles, signe aussi, tout en nous rebattant les oreilles du sacrosaint “principe de précaution” à longueur de médias (tu parles, Charles), la reconduction de l´autorisation de mise sur le marché du tristement célèbre insecticide Cruiser. Comme disait quelqu´un, “nous vivons des temps… réalistes!” Vous connaissez sans doute cette citation, probablement apocryphe d´ailleurs, attribuée au Général de Gaulle: “Des chercheurs qui cherchent, on en trouve, mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche!” L´autre citation souvent reprise par la grande presse, généralement attribuée à Einstein: “Si l´abeille disparaissait de la surface de la Terre, l´Homme n´en aurait plus que pour quatre ans à vivre), est notoirement reconnue dans la communauté apicole, comme tout aussi apocryphe. Aucun document n´est venu jusqu´à présent en authentifier la paternité, et rien ne permet d´attester de manière formelle qu´Einstein en est réellement l´auteur. Cela n´empêche hélas nullement le message de cette citation d´être criant de vérité, et en tant que méliophile (nom que j´ai imaginé de donner à toute personne qui aime les abeilles, puisqu´à ce jour il n´en existe officiellement pas encore), je ne peux que me réjouir de toute avancée dans la recherche des causes de la disparition de ces “chères petites”, comme j´aime les appeler, sans lesquelles s´effondreraient nos ressources alimentaires! Il me semble toutefois, (et il me paraît que sur ce point nous sommes sur la même longueur d´ondes, que la mise en cause précise faite à juste raison de ce sinistre produit auquel il faudrait encore ajouter les ondes électro-magnétiques produites par les téléphones cellulaires le prouve amplement), qu´il faut savoir raison garder et ne pas céder trop hâtivement à la joie. Avec leurs histoires, les défenseurs du “multi-factoriel” ont certes gagné un point, mais les découvreurs des effets conjugués du champignon et du virus, dont on parle tellement partout qu´il est permis de se demander s´il ne s´agit pas d´un énorme coup médiatiquedestiné à dissimuler les causes plus embêtantes pour les pouvoirs économiques), reconnaissant eux-mêmes qu´ils ne savent pas encore si le caractère mortel de ces deux agents est la cause première du fléau ou la conséquence d´une fragilisation des abeilles par d´autres facteurs, comme l´expliquent très précisément de nombreux excellents articles récemment parus à ce sujet. Si c´est le cas, il y a fort à parier que tout sera fait pour nous le cacher, trop d´intérêts économiques à courte vue sont en jeu dans tout cela (voir la confirmation récente du non-lieu dans la célèbre affaire du pesticide Régent en France, est-ce un hasard si cette décision de justice intervient si peu de jours après l´annonce de cette découverte que l´on dit si décisive?)… Dans la même logique, citons aussi l´arrêté ministériel rejetant, sur la foi d´études menées sur des variétés de plantes qui n´intéressent pas les abeilles puisque cultivées en saison apicole creuse, l´abrogation de la mise sur le marché d´un autre pesticide, du nom de Proteus celui-là, sur les dangers duquel on ne dispose d´aucun recul… Lorsque les politiques conseillés par des experts à l´indépendance discutable prennent des décisions inspirées, voire arrachées, par des groupes de pression issus du pouvoir de l´argent, on connaît les résultats, du sang contaminé à la vache folle en passant par l´hormone de croissance… ce sont les abeilles qui font à présent l´objet de cet aveuglement ou de cette incurie dans le meilleur des cas, ou de cette corruption dans le pire, et cela ne se limite bien entendu pas à la France mais revêt une dimension mondiale. Et si on parlait par exemple, de l´hybridation, fruit des géniales idées du mal nommé Homo Sapiens Sapiens, entre des abeilles européennes et d´autres, génétiquement adaptées à des latitudes plus chaudes que les nôtres, engendrant une nouvelle espèce beaucoup plus agressive envers l´Homme, alors que le mode de fonctionnement naturel des abeilles est de ne faire que du bien? Quant au frelon asiatique, lui aussi lourdement mis en cause dans la surmortalité de nos chères petites, j´ai lu récemment qu´il aurait été introduit en Europe, également par l´irresponsabilité des apprentis sorciers que nous sommes, avec l´importation des bonzaïs! Quand laissera-t-on faune et flore là où les a semées Mère Nature? Et osons, avec un chercheur qui a également trouvé semble-t-il, lever le lièvre qui fâche, celui d´un nuage aérien provoquant l´éblouissement et par conséquent la désorientation des abeilles par les reflets du Soleil… aura-t-on le courage de s´attaquer à un trafic aérien poussé à saturation avec comme seulemotivation, la rentabilité immédiate au mépris de l´équilibre environnemental à moyen terme? Cela dit, aimons les abeilles, non seulement pour leur miel mais aussi en tant que coproductrices de fruits et de légumes, autant de bienfaits que nous devons à nos p´tites amies qui, décidément, nous sont tellement précieuses! Et je neparle pas ici de ces véritables fontaines de jouvence que sont la gelée royale, la propolis ou encore le pollen… J´ai d´ailleurs décidé (et telle est aussi la raison pour laquelle je publie ici ce message), de parrainer une ruche via le site “un toit pour les abeilles”, afin entre autres, de donner une réalité concrète à ma passion pour ces chères petites travailleuses de l´ombre. Pour ne parler quedumiel, les abeilles sont vraiment l´un des grands miracles de Mère Nature. Sait-on pour ne citer qu´un seul exemple, que le miel peut se conserver pour une durée allant jusqu´à… cinq cents ans! Et plus encore, dans l´absolu, puisque dans l´ancienne Égypte, il servait à l´embaumement des morts et à leur conservation. Ces insectes au corps minuscule, dont la durée de vie n´excède pas 45 jours, ont donc la capacité de fabriquer un produit moins périssable que tout ce que l´industrie agro-alimentaire humaine a pu inventer jusqu´à ce jour! Édifiant, n´est-ce pas? Je me souviens combien nous étions fascinés, enfants, lorsque l´institutrice nous racontait l´histoire des abeilles… Maintenant que les “sciences de la vie et de la terre” ont remplacé dans les écoles notre bonne vieille “leçon de choses”, souhaitons que l´´on continue à sensibiliser les enfants à cette richesse et à ses bienfaits. La transmission de cette connaissance est aussi l´une de nos responsabilités, et non des moindres, de parents ou de citoyens. J´ai ainsi inventé le mot “méliophile”, parce qu´à ce jour, les dictionnaires ne répertorient aucun mot pour définir les gens qui,comme nous, aiment passionnément les abeilles. L´éducation au respect des richesses de la nature passe aussi par les mots, qui sont énergie, et en trouver un digne de porter le drapeau de la passion pour la sauvegarde de nos chères petites, n´est pas chose facile. J´ai eu beau chercher partout, je n´ai rien trouvé de convaincant: “abeillophile”, déniché au hasard du Web, c´est facile, pas cher,et ça ne rapporte rien ni à la langue française, ni à la poésie qu´il y a dans le fait d´être amoureux de ces petits êtres si ardents au travail pour le bien de l´ingrate humanité qui non seulement ne rend pas aux abeilles une parcelle du bienfait qu´elles lui donne, mais encore a fini par réussir à se faire croire que les abeilles avaient besoin d´elle pour ne pas disparaître! Bienvenue au royaume des pompiers pyromanes, ce monde à l´envers où Homo Sapiens Sapiens, loin de mériter le nom ronflant qu´il s´est attribué par usurpation d´identité, est devenu fou au point de scier en toute quiétude la frêle branche sur laquelle il est assis? lui et ses enfants, ce monde qui ne sait même pas comment appeler ceux qui aiment les abeilles pour de vrai! Donc, on la dit, “abeillophile”, ce n´est pas beau et ça ne marchera pas. “Apicophile”, pourquoi pas, mais j´ai, sans explication très scientifique à cela, l´intuition que ce n´est pas encorela bonne formule. Alors, la nature ayant horreur du vide, j´ai décidé que le mot magique, il fallait l´inventer. Et comme ma grande fille se prénomme Melissa, et que le substantif latin Melis signifie “petite abeille” (désignant donc l´abeille ouvrière), tandis que le grec “Phileô” signifie “aimer, être amateur de, avoir de l´affection pour…”, c´est donc par une hybridation tout à fait naturelle et courante en Français (pas comme celle des abeilles américaines), que le néologisme “méliophile” est sorti du néant! Eh bien, bonnes gens, désormais, un amoureux des abeilles, qu´il soit apiculteur ou simple passionné par leur mode devie, sera appelé “méliophile”. Méliophiles nous sommes, méliophiles nous resteront, et chiches qu´afin de faire accepter ce mot des lexicographes de tous les horizons de la francophonie, et même des académiciens, partout où on aime les abeilles, on le fera entrer dans l´usage en le propageant comme la meilleure et la plus douce des épidémies. Vive les abeilles, et vive les… méliophiles!