L’Assemblée nationale vient d’adopter en 1ère lecture la proposition de loi du député Yvan Lachaud, visant à interdire l’utilisation des phtalates, des parabènes et des alkylphénols. Enfin, les dangers des perturbateurs endocriniens, ces produits chimiques qui interfèrent avec le système hormonal, commencent à être pris en compte.
Structure moléculaire du bisphénol A, perturbateur endocrinien très présent dans l´environnement et dans le corps humain. |
Sur proposition du député Nouveau Centre Yvan Lachaud, les députés ont adopté mardi 3 mai 2011, en première lecture, une proposition de loi visant à interdire la fabrication, l´importation, la vente ou l´offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des alkylphénols. Ces substances sont classées “cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction”.
Les parabènes sont principalement utilisés par l´industrie agro-alimentaire et cosmétique. Les alkylphénols sont présents dans les détergents et désinfectants. Les phtalates sont utilisés quant à eux par l´industrie du plastique.
« En ce jour où les ONG pressent la Commission et les Etats-membres de l´Union européenne à enfin agir sur les perturbateurs endocriniens, le vote lucide et courageux des députés français ne pouvait pas leur faire meilleur écho », se réjouit André Cicolella, porte-parole du Réseau Environnement Santé. Il invite les sénateurs à suivre le vote « historique » des députés.
Ligne de rupture
« Avec ce vote, les parlementaires entrent dans la modernité des enjeux de santé publique qu’incarne la question des perturbateurs endocriniens. Nous attendons du gouvernement et des autorités sanitaires qu’ils osent à leur tour franchir cette ligne de rupture », conclut André Cicolella.
Colloque organisé le 28 avril dernier sur l´impact sur la biodiversité des perturbateurs endocriniens. |
Le jour même de ce vote, une coalition d´ONG européennes menée par Chemsec a publié une liste de 22 perturbateurs endocriniens à réglementer d´urgence. Parmi eux, des phtalates et des parabènes.
La filière industrielle du plastique regrette l´adoption de cette proposition de loi, qui empiéterait sur le règlement européen Reach qui a précisément pour objectif de faire le ménage sur les « substances extrêmement préoccupantes ». Et elle s´alarme d´une interdiction générale et inadaptée.
Les perturbateurs endocriniens, produits chimiques qui interfèrent avec le système hormonal, sont de plus en plus associés à tout un ensemble d’impacts sanitaires dont certains cancers, le diabète, les troubles comportementaux ou du déficit de l’attention, ainsi que les atteintes à la fertilité.
Le consommateur est mal protégé
En France, rappelle le Réseau Environnement Santé, « la question de l’impact des perturbateurs endocriniens sur la santé fait régulièrement parler d’elle mais sans que des mesures appropriées ne viennent réduire l’exposition de l’ensemble de la population. Le consommateur reste mal informé et surtout mal protégé. Car malgré l’identification de plusieurs substances prioritaires par les organismes de recherche et de veille sanitaire, les évaluations se poursuivent sans déboucher sur une action pourtant bien nécessaire. Aujourd’hui, l’initiative n’émane ni du gouvernement, ni des agences de sécurité sanitaire mais de parlementaires comme les députés Olivier Jardé, Gérard Bapt ou Yvan Lachaud ».
Avec, comme souvent dans le domaine de la sécurité environnementale et sanitaire, la pression mise par les associations et leurs coalitions…
Mais le processus est lent. Cela fait maintenant 20 ans que l’alerte a été donnée sur la perturbation hormonale.
A ce jour, seulement 46 substances ont été identifiées comme « substances extrêmement préoccupantes » et versées à la « liste candidate » de Reach. Et aucune d’entre elles sur la base des seules propriétés de perturbation endocrinienne…