Opération de police musclée contre Terre du Ciel

En investissant militairement le Domaine de Chardenoux (Saône-et-Loire), jeudi 7 janvier, les pouvoirs publics s’en prennent à un symbole de la diversité spirituelle, l’entreprise Terre du Ciel fondée par Alain Chevillat. C´est un sérieux avertissement à tous ceux qui, en France, prient, dansent ou méditent hors des lieux officiellement reconnus…

Vidéo tournée en 2009 par le Centre pour présenter ses activités. L´opération militaire du 7 janvier met en lumière que la “joie” revendiquée par Terre du Ciel n´a plus droit de cité. Comme le montre l´omniprésente campagne publicitaire d´une certaine marque de voitures, elle ne peut plus désormais résider que dans le plaisir consumériste.

Ce jeudi 7 janvier à 8h45, trois voitures entrent à toute allure dans la cour d’honneur du Domaine de Chardenoux, à Bruailles en Saône-et-Loire, avant de repartir vers les bureaux. À 9h précise, une vingtaine d’hommes intiment au personnel l’ordre de ne plus toucher à rien – ni papier, ni ordinateur, ni téléphone – tandis que deux fourgons bleus de la gendarmerie se positionnent devant les deux entrées du Domaine et qu’en descendent des hommes armés, en treillis d’opération militaire : défense d’entrer et de sortir. C’est une perquisition. Elle va durer jusqu’à 18 h sans interruption.

Il y a là des hommes et femmes de la brigade de recherche, brigade financière, Urssaf, inspection du travail – avec un spécialiste de l’informatique et un médiateur psychologue. 

« La moindre pièce et le moindre placard furent visités et fouillés, explique Alain Chevillat, créateur du centre. Des cartons de dossiers furent mis sous scellés et emportés, tous les ordinateurs furent débranchés et emportés, ainsi que le serveur central, les sauvegardes, les disques durs annexes et tous les logiciels. Chaque membre du personnel était en permanence encadré de trois personnes et harcelé de questions ou de remarques ironiques : “Est-ce qu’on vous oblige à porter un uniforme ? Est-ce qu’on vous oblige à faire de la gymnastique ? Les repas sont-ils végétariens ? Sont-ils bons ? D’où viennent les stagiaires ?” À l’évidence, les gendarmes avaient une idée bien précise derrière la tête : nous n’étions pas une entreprise classique et il y avait un big boss tout puissant sur les corps et les esprits. La gendarmerie a emporté tous les ordinateurs, tous les fichiers, tous les carnets d’adresses, beaucoup de dossiers en cours, et beaucoup d’argent provenant du règlement des stages et des abonnements aux revues, et en instance de partir à la banque. Nous sommes pratiquement dans l’impossibilité de continuer à travailler. Nos programmes d’été doivent être bouclés dans un mois. Si ce n’est pas fait nous frôlons la catastrophe, et aujourd’hui nous ne pouvons rien faire. Aucune date ne nous a été donnée pour la restitution du matériel : “l’enquête prime”. »

Selon le Journal de Saône-et-Loire du 14 janvier, l´enquête serait justifiée par des “activités dissimulées”, la SARL Terre du Ciel n´ayant pas mis à jour son Kbis [1]. Celui-ci ne mentionne en effet qu´une activité d´édition de livres, alors que ses activités se sont élargies, depuis sa création en 1990, à l´organisation de stages, de voyages et de colloques.
Le journal local rapporte également le sentiment exprimé par les responsables de l´entreprise d´être les victimes d´une chasse aux sorcières : « Les questions des gendarmes et leurs attentes montrent qu’ils cherchaient à prouver que nous étions une secte ». Reste que la confiscation des outils de travail de l´entreprise met en péril la pérennité de l´entreprise et de ses 18 emplois.

Dans un communiqué, le Centre d’information et de conseil des nouvelles spiritualités (Cicns) fait le lien entre cette violence militaire et d’autres actions récentes de ce type : « Après le Moulin des Vallées à la fin de l´année 2009, le centre de Chardenoux (Terre du Ciel) vient de subir un de ces assauts policiers dont la France antisectes s´est fait une spécialité. Aucune justification à cette descente n´a été donnée aux intéressés qui pensent (nous avons évidemment le même avis) que la lutte antisectes aveugle et sourde est la raison principale de leur situation. En attente d´éclaircissements, ils sont à ce jour incapables de poursuivre leur activité à la suite de la perquisition ».

• N´y a-t-il pas des moyens plus civilisés que des mitraillettes pour demander des comptes à des citoyens qui vivent sans se cacher ?

>> Alain Chevillat raconte son parcours sur France-Culture dans un entretien avec Olivier Germain-Thomas (texte non daté).
>> Lire aussi sur Ouvertures l´interview du procureur de Chalon sur Saône

>> Un communiqué de Terre du Ciel, daté du 1er février, annonce que l´entreprise allait pouvoir récupérer ses ordinateurs et son fichier ce mercredi 3 février après-midi.


[1] Extrait du registre du commerce et des sociétés, sorte de carte d´identité de l´entreprise

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2 commentaires pour cet article

  1. Une fois de plus, devant le contraste entre la bienveillance des aggressés et la dureté déplacée des membres de l´association (la Miviludes), que peut-on penser : aveuglement de miltants fanatisés pensant agir pour une bonne cause ou stratégie concertée pour contrecarrer toute spiritualité non “officielle(!!!)”…

    Leur peur n´est-elle pas en dernière analyse celle de la nature même de la vie, une résistance au vrai ? Refus de ce qui gène et n´entre pas dans le cadre bien rassurant des conceptions communément admises, dépouillées de toute notion de la présence de l´Esprit et surtout évacuant toute relation avec lui ?

  2. Ouh la la alain, la cavalerie a debarque . Je ne savais pas. On vient de me mettre l
    ,electricitė. Mais le courage est superflu . Amitiės. Jb fasel