Culture pop

Marjolaine Boutet : «On trouve même des vampires féministes»

Les vampires sont à la mode mais ils ont toujours existé, du moins dans l’imaginaire universel. Dans Vampires, au delà du mythe, l’historienne des séries Marjolaine Boutet tente de décrypter les ressorts psychologiques et sociaux à l’œuvre au travers de ces personnages envoûtants.

Aujourd’hui comme hier, le vampire fascine, interroge ou rebute. Qu’y a-t-il donc dans cette créature qui excite autant l’imagination des humains ? Comment se fait-il que de nos jours les histoires de vampires (à commencer par Twilight) aient toujours autant de succès ? Que, plus d’un siècle après la parution de Dracula de Bram Stoker, après des centaines de films, de romans, d’épisodes de séries télévisées, de chansons, de bandes dessinées et même de jeux vidéo et de comédies musicales, il y ait encore des choses à dire sur le sujet ?

C’est tout l’objet du livre qui tente de comprendre ce qui se cache derrière ces histoires de vampires, d’en révéler les clés, les clichés, les symboles et le sens, d’en exposer les implications idéologiques et culturelles.

Dans sa préface à Vampires, au delà du mythe, de Marjolaine Boutet, la philosophe Sanda Laugier fait remarquer : « Dans le monde des vampires, les contours du moi sont instables, la métamorphose est toujours possible et angoissante, l’amour est à la fois éternel et transitoire, et tout peut arriver : on meurt, on renaît, on est plusieurs personnes, on se transforme. Mais c’est cela la vie. Paradoxalement la figure du vampire permet – pour le lecteur, le spectateur, de fiction littéraire, cinématographique, télévisée – de rendre sensible, compréhensible, de raviver ou de créer cette sensation si difficile à définir pour nous humains, celle d’être vivant ».

Symbole de la différence, de la marginalité, de la violence prédatrice, de la sexualité débridée, de notre peur de la science, le vampire appartient à tous les mondes. Les fictions de vampire ont la particularité de brouiller les frontières : entre la vie et la mort, le bien et le mal, entre la raison et la croyance, mais aussi entre le féminin et le masculin.


Marjolaine Boutet.

Dans les séries télévisées d’aujourd’hui (Buffy contre les vampires, The Vampire Diairies), note l´auteure, on voit même des vampires féministes : « Même si Darla, Drusilla et Katherine sont incontestablement des femmes dangereuses, à la sexualité libérée et affirmée, et avec la ferme intention de faire le Mal, aucune n’est détruite par un homme et elles sont toutes les trois, à des degrés divers, sauvées par l’amour ».

Quoi qu’il en soit, le vampire « est une créature surnaturelle qui défie toute tentative de catégorisation. Sa nature polymorphe explique que ce mythe ait résisté au temps, traversé les frontières et investi tous les champs de la culture populaire ».

> Marjolaine Boutet est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Picardie-Jules Verne, spécialiste de l’histoire des États-Unis, passionnée par la culture populaire en général et les séries télévisées en particulier.

>> Envoyer un droit de réponse

Les commentaires sont fermés.