Frictions aux huiles, acupuncture, art-thérapie, enveloppements d’achillée – rien de plus normal à l’hôpital cantonal de St-Gall (Suisse). Chaque fois qu’une patiente ou un patient désire une consultation en médecine complémentaire ou lorsqu’un praticien académique est démuni face à un cas de maladie, le centre interne de médecine intégrative peut entrer en jeu, sur demande du médecin.
Médecins, thérapeutes et soignants sont en échange constant au centre. Les cas difficiles sont abondamment discutés lors de la grande séance hebdomadaire.
Les soignantes et soignants reçoivent une formation spéciale pour des applications externes telles les enveloppements. Ils tiennent des consultations – toujours pleines à craquer ! – pour conseiller les patients et leur donner des instructions d’utilisation. Le médecin académique référent reçoit par la suite un rapport sur le traitement prévu. Il peut y opposer son veto.
Unique en Suisse
Le centre de médecine intégrative existe depuis 2012. L’intégration de la médecine complémentaire dans un centre hospitalier a nécessité un changement de paradigme, explique le docteur Schlaeppi. Les deux hôpitaux universitaires de Zurich et de Berne ont depuis longtemps des offres en médecine complémentaire. « Mais je pense que nous sommes en tête du point de vue intégration des médecines complémentaire et académique dans un centre hospitalier public ».
Un diplôme fédéral pour les thérapeutes complémentaires
Le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (Sefri) a approuvé le 9 septembre 2015 l’examen professionnel supérieur pour les thérapeutes complémentaires. Avec ses quelque 12 000 praticiennes et praticiens en Suisse, la thérapie complémentaire accède ainsi, grâce à la création du titre reconnu et protégé de «thérapeute complémentaire avec diplôme fédéral», à un statut unique dans toute l’Europe.
Il y avait autrefois seulement de l’acupuncture et une ostéopathe à l’hôpital cantonal de St-Gall. Marc Schlaeppi y a débuté comme oncologue conventionnel. Il avait auparavant travaillé à la clinique d’Arlesheim comme médecin anthroposophe.
Commencent alors pour Schlaeppi cinq années de débats intenses et d’innombrables discussions. Le soutien du chef de l’oncologie et du directeur du centre de soins palliatifs permit de convaincre le conseil d’administration et la direction.
Un projet pilote fut lancé à la clinique de Flawil qui fait aussi partie de l’hôpital cantonal.
Désir croissant des patients
Très investi, le médecin continue à travailler comme oncologue « normal » à côté de sa fonction de directeur du centre à un cinquième de temps.
Un Centre de médecine intégrative et complémentaire au CHUV
Depuis juin 2015, au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), un Centre de médecine intégrative et complémentaire (Cemic) a pour mission d’évaluer la création d’un véritable centre de soins en médecines complémentaires. Pour l’heure, ce centre ne fournira pas de prestation clinique, mais seulement des conseils lors de la mise en place de projets de développement dans le domaine des médecines douces, ainsi que des informations générales sur ces médecines.
Mais, comme partout ailleurs, l’hôpital cantonal compte aussi des médecins sceptiques face à la médecine complémentaire. « Rien ne pourra remplacer la médecine académique et ses acquis, surtout en phase aiguë », dit Schlaeppi. Mais ils n’éclairent qu’une des faces de la médaille et atteignent leurs limites, notamment en cas de maladies chroniques où la médecine complémentaire peut offrir pas mal ».
Les patients désirent l’intégration de méthodes et médicaments complémentaires, dit Marc Schlaeppi : « 40 à 80 % des patients en oncologie y font appel. Et plus un traitement devient palliatif, plus le crédit accordé à la médecine complémentaire augmente ».
(D’après un article de Patricia Götti pour le compte de la Fédération suisse de la médecine complémentaire)