Fait assez rare pour mériter d’être mis en avant : l’hebdomadaire l’Express publie la liste de dix médicaments qui devraient être selon lui retirés du marché. Un acte courageux quand on sait que Roularta Media Group, propriétaire du titre, possède plusieurs magazines médicaux vivant notamment de la publicité des laboratoires pharmaceutiques.
Di-Antalvic : l´Agence européenne du médicament (EMEA) a déjà décidé le retrait du marché de ce produit. |
Actos (indication : traitement du diabète de type 2, dit “gras”), Adartrel (syndrome des jambes sans repos), Di-Antalvic (antidouleur), Hexaquine (crampes musculaires), Intrinsa (baisse du désir chez les femmes après ablation des ovaires et de l´utérus), Ketek (infections respiratoires), Nexen (arthrose et règles douloureuses), Vastarel (vertiges, acouphènes, angines de poitrine, troubles du champ visuel), Zyprexa (schizophrénie et troubles bipolaires), Zyban (sevrage tabagique) : selon l’Express, ces dix médicaments, contestables, ne devraient pas être sur le marché. De même que leurs versions génériques.
Contestables car leur « rapport bénéfices-risques est clairement défavorable. Autrement dit, les avantages apportés ne sont pas suffisants comparés aux dangers auxquels ils exposent ».
Le journal a établi sa liste à partir des travaux de la revue médicale indépendante Prescrire dont les journalistes analysent, pour chaque molécule, l´ensemble des études cliniques, des articles scientifiques et des informations disponibles. C´est en lisant ce mensuel que le Dr Irène Frachon, à l´origine des révélations sur les décès occasionnés par le Médiator1, s´est inquiétée pour la première fois de ses effets indésirables.
La liste élaborée par l’Express a été soumise à l´avis d’un pharmacologue, membre de l´Académie nationale de médecine et siégeant aux commissions d´autorisation de mise sur le marché (AMM) et de pharmacovigilance.
Dans un autre article, intitulé « Faut-il avoir peur des médicaments », l’hebdomadaire français suggère que bien d’autres scandales sanitaires sont à craindre car « les médicaments provoquent toujours, à eux seuls, plus de 130 000 hospitalisations par an. Et tuent en silence 18 000 malades qui s´ignorent ».
La rédaction a passé outre la crainte de représailles toujours possibles des laboratoires pharmaceutiques. En effet, ceux-ci financent en partie, par leurs investissements publicitaires, d’autres magazines du Roularta Media Group, dont le Groupe Express Roularta (qui publie le magazine l’Express) est une filiale : le Dentiste, le Généraliste, le Pharmacien, les Spécialistes, roulartamedica.be.
Mais sans doute ces industriels n´ont-ils pas encore dit leur dernier mot…
>> “Ces médicaments qui nous tuent”, émission de C dans l´air (France 5) du 28 décembre 2010, consacrée à l´affaire du Médiator et au rôle des autorités sanitaires.
1 D´abord destiné aux diabétiques, le médicament a aussi été prescrit comme coupe-faim à des patients souhaitant maigrir. 5 millions de personnes en auraient consommé. Le Mediator pourrait avoir tué entre 1000 et 2000 personnes.