Les premiers pas du Conseil de déontologie journalistique francophone

Un premier bilan du Conseil de déontologie journalistique (CDJ) de Belgique francophone et germanophone, qui existe depuis près de deux ans.


André Linard, secrétaire général du CDJ.

Né le 30 avril 2009 à la suite d’un décret voté par le Parlement de la Communauté française, le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) est un organe d’autorégulation des médias francophones et germanophones de Belgique. Composé de représentants des éditeurs, des journalistes, des rédacteurs en chef et de la société civile, il exerce trois fonctions : information, médiation et régulation.

En 2010, CDJ a reçu 42 plaintes dont 12 ont été suivies d’un avis. 9 de ces plaintes ont été déclarées non fondées et 3 fondées.

7 plaintes ont été sans suite, les plaignants n’ayant pas répondu aux demandes et questions que le CDJ leur avait soumises. « Beaucoup de plaintes sont déposées après des émissions audiovisuelles : ce sont des réactions souvent très impulsives », commente André Linard, secrétaire général du CDJ.

9 plaintes ont été déclarées irrecevables, 4 parce que hors compétence de l’instance de régulation et 5 pour des questions de forme (les plaignants ne souhaitant pas, par exemple, donner leur identité).

6 plaintes ont été éteintes suite à une médiation entre les parties. Enfin, 8 plaintes étaient toujours en cours de traitement au 31 décembre.

Le personnel du CDJ est constitué d’un secrétaire général et d’une secrétaire à mi-temps. Il est présidé par Marc Chamut, par ailleurs président de l’Association des journalistes professionnels (AJP).

Son budget est de 161 000 €, honoré à moitié par les éditeurs, à moitié par les associations de journalistes (qui reçoivent à ce titre une subvention de la Communauté française).

Un avis récent du CDJ : liens privés et impartialité

Le 15 décembre 2010, le Conseil de déontologie a déclaré non fondée une plainte introduite par M. Boniface, plus connu sous le nom de Père Samuel (prêtre traditionnaliste en désaccord avec la hiérarchie catholique), contre le reportage le concernant diffusé sur la RTBF le 24 novembre dernier dans l’émission Devoir d’enquête.

Cette plainte portait sur les méthodes de recherche d’information considérées comme inacceptables par le plaignant. L’objectivité de la journaliste était mise en cause en raison de faits relevant de sa vie privée : son mari, par exemple, est en procès avec le plaignant, lequel en déduisait l’impossibilité pour elle de réaliser un reportage sans parti-pris. Un banal conflit d´intérêt.

La plainte, introduite avant la diffusion du reportage, était-elle recevable ? Oui, aux yeux du Conseil, qui a toutefois précisé qu’il ne pouvait intervenir sur le contenu d’une émission ou d’un article non encore diffusé, et uniquement au sujet de faits survenus dans la recherche d’information et antérieurs à la plainte.

Sur le fond, le CDJ reconnaît que certains éléments de la vie privée d’un(e) journaliste risquent de mettre à mal son objectivité ou son impartialité, mais que la faute ne réside pas dans le risque. Le CDJ explique que, « si les arguments d’ordre privé ne constituent pas les meilleures conditions pour témoigner d’impartialité, d’objectivité et d’absence de parti-pris (…), des journalistes peuvent se révéler, même dans ces conditions, capables de rencontrer les exigences déontologiques en faisant prévaloir leurs compétences professionnelles ». Ces exigences étant à apprécier a posteriori et in concreto.

Voir l´avis du CD.

>> Le CDJ introduit ici une réflexion intéressante dans le cas des conflits d´intérêt, en distinguant la phase de recueil de l´information (où le journaliste peut être crédité de présomption d´impartialité) et le résultat diffusé au public.

Pour aller plus loin :

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