Deux mois avant le sommet de Copenhague, une initiative danoise a rassemblé 44 panels de 100 citoyens dans 38 pays autour de la question du réchauffement climatique. Qu´ils habitent dans des pays développés ou non, ils ressentent tous l´urgence d´un accord au niveau mondial, mais ce sont les habitants des pays les plus pauvres qui sont le plus sensibles à l´impact du réchauffement.
C´était samedi 26 septembre 2009 à la Cité des sciences de Paris et dans 37 autres pays, sur tous les continents. Chacun des 4400 citoyens devait répondre aux mêmes 12 questions et émettre des recommandations élaborées collectivement.
Cette conférence de citoyens mondiale, une première, a révélé une opinion publique moins timorée et plus ambitieuse sur les objectifs de réduction que ses représentants. Alors que ceux-ci visent un objectif d´au plus 25% avant 2020, les panels de citoyens les désavouent massivement : 58% veulent réduire les émissions de 25 à 40% et 31% souhaitent faire mieux que 40%. Et ils sont prêts à mettre la main au porte-monnaie, y compris les habitants des pays les moins développés. En moyenne, seuls 20% ne veulent pas entendre parler d´augmentation du prix des énergies fossiles.
Un monde de diversité ! Quand on compare entre elles les réponses des différents panels à la question 4.1 relative au prix des énergies fossiles, on constate une très grande dispersion des résultats. Si on n’est pas vraiment surpris d’apprendre que 36% des français pensent que le prix des combustibles fossiles ne devrait pas être réglementé – le débat sur la taxe carbone vient d’avoir lieu – d’autres résultats sont plus étonnants. Ainsi, ce sont les citoyens des pays les plus pauvres qui sont le moins réfractaires à l’idée de l’augmentation du prix de l’essence. Et les 10 pays les plus réticents sont tous des pays riches. Serait-ce là une nouvelle illustration de l’égoïsme des riches face à la générosité des pauvres ? Ou simplement le reflet des parcs automobiles de ces pays ? Dans un pays riche, la plupart des gens possèdent une voiture, mais beaucoup peinent à en faire le plein, alors que dans les pays pauvres l’essence n’est pas, pour la plupart, un produit clef dans leur budget. Ou encore la conséquence du fait que l’essence n’est pas taxée – elle est parfois même subventionnée – dans un certain nombre de pays pauvres ? La réaction des Suédois interpelle également. Personne là-bas ne semble remettre en cause la taxe carbone introduite en 1991 au taux de 27 €/tonne de CO2, et régulièrement augmentée – actuellement 100€ (La France va démarrer à 17€). L’explication des différences importantes au sein d’un même pays ou de pays de même niveau de vie doit être trouvée, au risque de jeter la suspicion sur la représentativité des panels ou la manière dont ont été conduites les séances. Pourquoi, en effet, les suisses de Lugano (45% de non) sont-ils plus réticents que ceux de Berne (5% de non), les américains du Colorado (43%) plus que ceux de Boston (14%) ? Certes, la question était mal formulée (Question : « Est-ce que le prix du combustible fossile devrait être augmenté ? » Réponse proposée : « Non, il ne devrait pas y avoir de réglementation de prix »). Au point que JM Raoult, citoyen de Chalon sur Saône, m’a avoué avoir hésité sur son interprétation. Mais est-ce la seule explication à l’étrangeté de certains des résultats ? Le rapport final annoncé pour le 19 novembre 2009 devrait fournir des éléments d’analyse. |
Après avoir débattu des questions posées et s´être prononcés par vote, les 100 citoyens français sélectionnés par la SOFRES ont élaboré ensemble des recommandations dont trois ont été retenues :
1. Développer l´éducation à l´environnement
2. Créer un organisme mondial indépendant neutre
3. Créer un fonds monétaire mondial pour le climat
Les résultats détaillés de cet exercice de démocratie participative assez exceptionnel peuvent être consultés sur les sites COP15 pour la France et wwviews pour l´ensemble des pays (en anglais). Puissent les politiques entendre cette voix globale sur un sujet qui ne l´est pas moins !