Au cours d´un colloque les 14 et 15 mai 2011, un collectif d’associations a proposé un Pacte civique pour tenter de répondre aux crises économique, sociale, écologique, politique et morale qui secouent notre société. Des personnalités, des militants et des représentants des principaux courants politiques ont dit pourquoi ils s’associaient à cette démarche et ce qu’ils en attendaient.
« On ne peut être consommateur de la République », affirme avec conviction Jean-Paul Delevoye, ex-Médiateur de la République, dès l’ouverture du colloque. « Nous voulons une meilleure qualité démocratique. C’est indispensable pour sauver la démocratie », disent en écho les porte-parole du Pacte civique.
Le Pacte civique – Jean-Paul Delevoye Président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), from Le Pacte civique on Vimeo.
« La société se mutile en excluant les plus pauvres », réaffirme une nouvelle fois le mouvement ATD Quart-Monde, partie prenante du Pacte civique, qui réunit également le Collectif appel à la fraternité et une quinzaine d´associations. Marcel Grignard, permanent de la CFDT, souligne les difficultés pour le syndicalisme de ne pas se couper de la société : « Il faut passer des intérêts particulier à l’intérêt général. Mais l’intérêt commun, ça se construit ! »
Faisant référence à un des premiers films de Woody Allen, Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, constate que « les milieux financiers aujourd’hui, c’est “Prends l’oseille et tire-toi !” ». Maria Nowak, fondatrice de l’Adie et pionnière du microcrédit en France, souhaite que le Pacte civique approfondisse sa position par rapport à l’économie. Pour sa part, elle appelle à une « perestroïka du capitalisme ».
Le Pacte civique invite chacun à agir à 3 niveaux
Comme l’a souligné Patrick Braouezec, député de Seine-Saint-Denis, la force du message du Pacte civique tient à la mobilisation de trois leviers, l’individuel, le collectif et le politique :
- Adopter des comportements porteurs de sens, comme « participer de manière constructive au débat public et prendre part aux votes » (Engagement N°2) ou « lutter contre les gaspillages et adopter des modes de vie plus équilibrés qui préservent la planète » (Engagement N°7).
- Promouvoir la qualité de la démocratie et du vivre ensemble dans les organisations où s’exercent nos activités. Par exemple, « dans les entreprises, donner au respect des personnes une importance au moins égale au souci de rentabilité, réduire l’échelle des revenus, et renforcer la responsabilité sociale et environnementale dans le cadre d’une gouvernance élargie » (Engagement N°10).
- Soutenir des réformes visant à mettre la politique et l’économie au service de la personne et à promouvoir notre ouverture sur l’Europe et le monde. Entre autres, « en faisant de l’emploi de qualité pour tous, à temps choisi, une priorité nationale partagée » (Engagement N°24).
Mais pour que le civisme soit une valeur partagée, il faut que l’exemple vienne d’en haut, ont insisté plusieurs intervenants. Ainsi, pour Philippe Meirieu (Europe écologie – Les Verts), les réformes resteront sans effet tant que le pouvoir continuera à passer un message de superficialité et de « ruquiérisation » de la France.
Le Pacte civique, avec Jean-Baptiste de Foucauld, Claude Alphandéry, Marie-Aleth Grard, Patrick Viveret, Jacqueline Louiche, Jean-Claude Devèze, from Le Pacte civique on Vimeo.
Comment mobiliser les jeunes ?
Largement majoritaires dans la salle, les cheveux gris étaient également très bien représentés à la tribune, et cela n’a échappé à personne. « Nos formulations, forgées par une époque et une culture, ne parlent plus aux jeunes », reconnait Philippe Meirieu. Pour ce spécialiste de l’éducation, la démarche éducative doit déborder le cadre étroit du système scolaire et investir la télévision, les médias, les loisirs … en particulier le football, deuxième levier éducatif en France avec 1,5 millions de jeunes licenciés, ainsi que le rappelle Patrick Braouezec, également président de la Fondation du football.
Jacques Delors met en garde de son côté contre une attitude trop moralisatrice et la tentation de rester sur la berge. « Il faut ramer avec les autres ». « Les jeunes insistent pour que la devise républicaine s’applique à tous les citoyens », renchérit Dounia Bouzar, anthropologue spécialiste de l´Islam, en affirmant que « les systèmes de pensée n’avancent pas par les grandes théories, mais par la transpiration humaine ».
Ce colloque marquait le lancement du Pacte civique qui va se prolonger par une campagne d´adhésion et l´interpellation des candidats aux élections présidentielles de 2012 (Calendrier). On peut adhérer au Pacte civique à titre personnel ou au titre d´une organisation sur www.pacte-civique.org
>> L’auteur de cet article est membre d’une des associations du collectif à l´origine du Pacte civique.
Vouloir réinventer la démocratie dans le même vieux cadre du communautarisme ou du nationalisme est sans espoir et voué à l´échec. Le nationalisme est une forme moderne et civilisée du tribalisme primitif, et les communautés de nations comme l´Europe, ou la pan-America ou la pan-Africa n´en sont que des extensions tout aussi isolatrices et génératrices d´inerties conflictuelles et de divisions à grande échelle. La démocratie, tout comme la République, sont des abstractions servant aux politiciens et pseudo-intellectuels à maintenir l´illusion d´un semblant de cohésion, dans un espace totalement chaotique de pensées dissonantes et dont le statu quo est l´ultime horizon et objectif. Les politiciens n´abandonneront jamais le pouvoir, et s´ils le font, d´autres voudront en constituer un nouveau, et les systèmes remplaceront les systèmes. Tout système, toute idéologie, est intrinsèquement limité et par ce fait engendre du désordre. L´humain est incapable de créer l´ordre, car l´ordre total, véritable, n´est pas du domaine de la pensée, qui est toujours source de désordre, car toujours incomplète et limitée, dépendante du temps, qui est le passé, le savoir et les expériences. La croyance en l´ordre et à la sécurité dans les systèmes, les idéologies, les croyances, les appartenances et les attachements culturels ou à un territoire particulier sont la racine de l´insécurité et du désordre existant sur la planète, de cette menace permanente de guerre et d´auto-destruction des êtres humains. C´est pourquoi la situation est vraiment sans espoir, mais voir cela n´est pas non plus son opposé: le désespoir, qui n´est qu´une réaction psychologique face au fait. Voir n´est pas une réaction, et seul l´esprit capable de rester face au fait, sans division, c´est-à-dire, sans espoir, et sans sombrer dans le désespoir, peut commencer à comprendre et à apprendre, sans que la pensée, qui est le passé, n´interfère avec ses observations. Ce qui implique, observer sans l´observateur, sans le soi, le moi, l´ego ou la personne, qui est à la source du désordre, qui n´est pas différent du désordre de la société et du monde. Car le moi ou le soi, qui est présent et a été inculqué à chacun d´entre nous par l´éducation et un conditionnement multimillénaire, est la structure psychologique racine de la société, et qui veut aller à la racine des problèmes humains doit entreprendre ce voyage d´exploration et de compréhension de cette structure psychologique, qui est à la base de notre société fragmentée et conflictuelle, qu´est actuellement la structure humaine. Mais ce voyage a à être entrepris seul, car ce n´est pas une construction de la pensée, et il ne peut absolument pas être organisé ou balisé, ni même être cartographié, car il s´agit d´un voyage totalement original et tout-à-fait inconnu, que personne ne peut faire à votre place, ou à la place de quiconque. On peut voter par procuration, mais jamais et en aucune circonstance, se comprendre soi-même par procuration, et c´est pourquoi les aides extérieures ne sont réellement d´aucune aide, et les béquilles psychologiques apportées par la société sont souvent des obstacles, et bien souvent, des échappatoires.