Valérie Poinsot, directeur général délégué des laboratoires Boiron, revient sur l´affaire de ce blogueur italien menacé cet été de poursuite judiciaire par la firme pour avoir critiqué ses produits homéopathiques.
Valérie Poinsot. Photo : Félix Ledru. |
Jean-Luc Martin-Lagardette.- Comment s’est conclue l’affaire du blogueur qui vous critiquait (cf. encadré ci-dessous) et quels enseignements en tirez-vous ?
Valérie Poinsot.- C’est une expérience qui nous a fait beaucoup progresser. Cet été, beaucoup d’entre nous étions en vacances au moment où l’affaire s’est déclenchée. Quand nous avons découvert notre réponse très juridique aux écrits du blogueur, nous l’avons jugée inadaptée et nous nous sommes excusés auprès de lui. Mais sur le fond, nous ne pouvions accepter de fausses informations sur notre compte. Nous avons invité le blogueur à nous contacter. A ce jour, il n’a pas donné suite.
Cette affaire a été pour nous un choc. Elle nous a fait prendre conscience que nous ne connaissions pas beaucoup cet aspect de la réalité médiatique qui est fugace, superficielle, mais qui peut avoir un impact non négligeable sur nos activités et que nous allons désormais prendre en compte.
– Le blogueur faisait également référence à deux class actions (voir ci-dessous) récemment engagées contre Boiron aux États-Unis pour « fraude et publicité mensongère ». Comment réagissez-vous à ces attaques ?
– Je ne vous donnerai pas de détail, l’affaire étant entre les mains de nos avocats. Simplement, il faut savoir que dans ce pays, le recours aux tribunaux est un sport national. Ça nous a blessés aussi, vu les circonstances du dossier. Nous avions déjà été poursuivis il y a vingt ans, sans suite. Nous relativisons donc les choses.
– L’homéopathie est régulièrement stigmatisée (voir ci-dessous le communiqué de l´Académie de médecine) par ceux qui prétendent qu’elle n’a rien de scientifique puisque, en raison des dilutions qu’elle opère, aucune molécule ne se trouve plus dans le produit final.
– Depuis deux cents ans que l’homéopathie a vu le jour, les attaques n’ont jamais cessé. Son créateur lui-même, le médecin allemand Hahnemann, en fut victime. En 1835, le ministre français Guizot disait que, s’il n’y avait rien dans l’homéopathie, elle mourrait d’elle-même. Or de plus en plus de patients y ont recours, plus de la moitié de la population en France et en Belgique et plus de cent millions de personnes en Inde ! Beaucoup de médecins se sont approprié ses principes. Avec de plus en plus de résultats.
Il est vrai que la science d’aujourd’hui ne possède pas encore tous les éléments techniques pour comprendre et mesurer cette réalité, mais c’est une réalité, attestée par d’innombrables utilisateurs, professionnels de santé ou patients ! De même, de nombreux travaux scientifiques en rendent compte. Ceux du professeur Montagnier, par exemple, ou du professeur Louis Rey qui a pu mettre en évidence, grâce à la thermoluminescence, des différences significatives entre une solution neutre et une solution dynamisée .
Ce qu’il faut comprendre c’est qu’une étude publiée sur un médicament homéopathique dans une pathologie ne doit pas être extrapolée à l’homéopathie dans son ensemble. Est-ce qu’il vous viendrait à l’idée de dire qu’une étude concernant, un antibiotique, par exemple, démontrerait l’efficacité de l’allopathie dans son ensemble ?
– On reproche aussi à l´homéopathie d’avoir un statut spécial qui la favoriserait par rapport aux autres médicaments qui doivent se soumettre à des contraintes fortes, comme l’autorisation de mise sur le marché.
– Les médicaments homéopathiques ne peuvent être mis sur le marché sans autorisation, et heureusement ! Depuis 2000, nos produits obtiennent tous des numéros d’autorisation de mise sur le marché, en remplacement de visas [anciennes procédures, plus légères, d´autorisation, ndlr]. Certes, le protocole à suivre est différent de celui du médicament conventionnel. Mais les exigences de pertinence et de sécurité sont les mêmes. Sur 800 dossiers déposés à l’autorité d’évaluation, 250 ont reçu l’autorisation, une dizaine a été refusée [les autres étant en cours d´instruction, ndlr].
Nous nous inscrivons clairement dans le registre du médicament, mais avec ces particularités : nous proposons une thérapeutique d’expérience, la population a recours à l’homéopathie, il y a des résultats, les produits sont très peu chers et n’ont pas d’effets secondaires. Sur ce dernier point, la pharmacovigilance, qui surveille les effets néfastes des produits de santé et qui s’est beaucoup développée ces derniers temps, n’a noté aucun accident sur deux cents ans d’utilisation des médicaments homéopathiques !
– Comment évolue votre société sur le marché du médicament ?
– Nous en représentons 0,2%. Et nous sommes récemment passés de la 5e place à la 2e place, derrière Sanofi, dans le classement OTC (“Over the counter”, de l’autre côté du comptoir, c’est-à-dire pour les médicaments accessibles sans ordonnance). Nous sommes le plus grand fabricant de produits homéopathiques dans le monde, avec un chiffre d’affaires cependant modeste de 526 M€. Nous avons 18 filiales réparties dans le monde et employons 4 000 personnes en tout.
Mais il est difficile de nous comparer aux autres laboratoires. Nous utilisons des médicaments qui ont fait leur preuve depuis longtemps et qui sont très peu chers. Nous cherchons à développer ce qui existe. Nous allons prochainement inaugurer un laboratoire de recherche à Messimy (Rhône). Il devra nous permettre de mieux comprendre les mécanismes d’action des médicaments existants et d’améliorer encore leur méthode de fabrication.
Nous possédons actuellement 3000 souches. Les médecins découvrent souvent de nouvelles applications. Et c’est avant tout leur pratique qui fait évoluer l’homéopathie.
Comment un simple blog effraie une entreprise Samuele Riva, un jeune informaticien italien, écrit sur son blog les 13 et 27 juillet 2011 deux articles parlant de l´homéopathie, accompagnés de photos ironiquement légendées. Dans l’un d’eux, il moque l´absence de toute molécule active contre la grippe dans les préparations homéopathiques de l’oscillococcinum. Dans l’autre, il avertit des « sérieux risques pour l´intelligence » qui menacent ceux qui achètent ces produits. Par le biais de leur filiale italienne, les laboratoires Boiron écrivent au fournisseur d´accès internet du blogueur : les articles et les légendes sont « faux et désobligeants à la fois pour l´homéopathie et [la] société » et ils ternissent la réputation de l´entreprise, lui causant « de graves dommages ». La firme somme le fournisseur d´accès de retirer toutes les références à Boiron et à ses produits des deux articles incriminés et d´en interdire l´accès sous peine de se voir, lui et le blogueur, poursuivis devant les tribunaux. Le fournisseur s’exécute et le blogueur retire ses photos légendées. Mais le buzz s’empare du sujet et flambe à la suite d’un article sur cette affaire publié le 28 juillet 2011 dans le BMJ (British Medical Journal). Que l’un des magazines les plus influents dans le domaine de l’information médicale, qui parle rarement d’homéopathie, juge bon de parler de cette histoire lui a donné un relief tout à fait particulier. |
>> En Californie, deux “class-actions” sont intentées contre Boiron, l´une contre l´Oscillococcinum pour « fraude et publicité mensongère », l´autre contre Coldcalm, un autre de ses produits, pour « fraude et concurrence déloyale ».
>> “Faut-il continuer à rembourser les préparations homéopathiques ?“, texte contre l´homéopathie adopté en 2004 par l´Académie de médecine.
Et induisant au patient l´idée qu´il est en train de se soigner, voilà ce qu´est l´homéopathie, jusqu´à preuve du contraire, sans parler de l´entreprise de type industrielle sous-tendant la production de ces dragées.
As Boiron affirms that their products have an effect (greater than ´placebo´), I will appreciate if they can suggest a way to differentiate sugar pills from their Oscillococcinum product.
This question is strictly related to the scientific evidence, confirmed in hundreds of ´double blind´ studies, that homeopathy do NOT have any effect other than placebo.
This is NOT an attack to Boiron or to the homeopathy, it is simply look for real effects.
Cette charmante dame récite une leçon apprise par cœur, mot à mot, c’est méritant. Mais cette réplique toute prête ne répond toujours à aucune des objections faites à l’homéopathie. Les témoignages d’adeptes des granules ne valent pas plus que ceux qui croient aux intercessions des saints ou au pouvoir de leur patte de lapin. Leur nombre ne démontre rien.
Si l’homéo a toujours été attaquée, c’est qu’elle toujours présenté des théories loufoques et des pratiques absurdes . Elle l’est encore plus aujourd’hui, deux cent ans plus tard, parce qu’elle n’a jamais produit le moindre résultat tangible au delà de l’effet placebo, et que les progrès de la science ont démonté toutes ses bases.théoriques. La parabole de la croyance qui aurait disparu d’elle-même si elle avait été sans fondement est risible quand on pense à l’astrologie et aux multiples superstitions.
De plus de plus de résultats? Des preuves! Les “travaux” de Montagnier ( qui n’en est plus à sa première dérive) et de Rey n’ont jamais été reproduits ni confirmés. Bizarre que Boiron n’est pas investi massivement dans cette reproduction, histoire d’administrer enfin une preuve scientifique , réfutable, consistante, susceptible de faire taire les sceptiques sur – au moins- la réalité d’une action spécifique d’une solution infiniment diluée. Et on serait encore loin de valider l’homéopathie dans l’ensemble de ses théories, pratiques et prétentions! Très loin! Si un jour tel était le cas, c’est tout le reste de la science qui serait invalidé.
Les homéopthes et les labos n’acceptent toujours pas l’expérience qui leur a été maints fois proposée, qui démontrerait que eux-même sont capables, par n’importe quel moyen (thérapeutique, physico-chimique, ou ésotérique) de différencier un remède homéo d’un granule vide, qui leur serait fournis aléatoirement et sans étiquetage. Pourquoi donc?
@ Esterbat :
Pourquoi prendre ce ton méprisant (“théories loufoques”, “pratiques absurdes”, “pouvoir de la patte de lapin, “dérives”, etc.) pour parler de ce qui vous dépasse ? Car cela vous dépasse que, depuis + de 200 ans, une pratique comme l’homéopathie puisse avoir autant de succès, tant sur l’homme que sur l’animal, d’ailleurs. Alors qu’elle est à peine remboursée et que la médecine basée sur les preuves a fait tant de progrès.
Cela vous dépasse car vous ne raisonnez qu’avec le schéma “scientifique” moderne, autrement dit matérialiste et réducteur. Selon ce paradigme, bien évidemment, vous n’aurez pas la “preuve” que vous réclamez de l’efficacité de l’homéopathie. Ni de celle de l’intercession aux saints (avez-vous fait, de votre côté, la démonstration que les saints n’existent pas ou, s’ils existent, ne peuvent intervenir ?)
Pour expliquer l’homéopathie, la piste de la signature électromagnétique suivie par Benveniste et de Montagnier me paraît intéressante et n’est en rien une dérive. De même, les pouvoirs de l’esprit, de la croyance (que vous nommez “placebo”) sont réels et mal compris. La science, qui ne sait toujours pas comment se lient exactement le corps et l’esprit, devrait conserver un peu de modestie en attendant que nous comprenions mieux comment le monde et l’homme fonctionnent.
Là où je vous suis, c’est quand vous écrivez, parlant des travaux de Rey : “Bizarre que Boiron n’ait pas investi massivement dans cette reproduction”. A mon avis, la piste qu’ils suivent est encore trop incertaine, sinon, bien évidemment, ils auraient fait + de tapage autour de ces découvertes…
Votre réaction est d’un classique! Dès que l’on conteste l’homéopathie, ses défenseurs recourent toujours à la même stratégie: 1. le critique n’y connait rien 2. ses “succès” font des jaloux 3.elle ne peut pas apporter de preuve “matérialiste” puisqu’elle relève d’un autre paradigme.
1 Qu’est-ce qui vous faire dire que l’homéo me dépasse? Seulement que je la conteste! Je la connais très bien, au contraire. Et ce sont ceux qui y “croient” – car il s’agit bien d’une croyance- qui ne connaissent rien à ses principes, ses théories, ses “lois”, ou qui refusent de les confronter à la simple logique, aux vérités scientifiques établies et chaque jour démontrées, à la cohérence entre les principes énoncés et la réalité des pratiques.Comme ils refusent, de crainte du résultat, de se plier à des tests simples qui prouveraient que les “remèdes” ont des propriétés différentes des granules vides.
2. les succès chez l’homme et l’animal n’ont jamais été démontrés, sur aucune maladie ni aucune prévention. Si c’était le cas, ce serait 100% des médecins du monde entier qui l’utiliseraient ( vous pensez: que des avantages et aucun inconvénient!) et il y a belle-lurette qu’on aurait expliqué le mode d’action de granules vides de tout principe actif. Pour mémoire, 98% des médecins, généralistes et spécialistes, des savants, physiciens, chercheurs du monde entier n’y croient pas une seconde.
3 Qu’est vous opposez à la science matérialiste?Le fantasme, le rêve, la croyance, l’élucubration? Quand on affirme qu’on obtient des succès, on le prouve. Quand on défend une théorie, on l’explicite, on la démontre. Quand on affirme une “Loi”, on doit pouvoir répondre par la démonstration scientifique à la contradiction. Les homéopathes, eux, jouent aux procureurs, puis aux victimes, mais n’apportent jamais les preuves concrètes de ce qu’ils avancent. Et pour cause!
Esterbat : Je crains que vous ne m’ayez lu trop rapidement.
D’abord, je ne défends pas l’homéopathie, mais l’idée rationnelle que peut-être son succès s’expliquera un jour par des concepts que la “science” ne possède pas encore aujourd’hui.
Vous dites que si son succès était démontré, 100% des médecins l’utiliseraient. Je n’en suis pas si sûr. Les médecins ne fonctionnent pas seulement sur le mode rationnel. Un ex. : la pléthore de médicaments délivrés sur ordonnance alors qu’ils savent parfaitement que bp de ces médicaments sont inutiles et alors que ces abus font autour de 30 000 morts/an! Mais, ces produits étant “demandés” par les malades, ils les prescrivent. Et l’homme en général ne fonctionne pas sur le mode rationnel : le “Fumer tue” n’empêche pas les fumeurs de continuer…
Je n’oppose rien à la science matérialiste. Je lui dis simplement : “‘Vous ne savez pas tout ! Ce que vous ignorez est encore plus grand que ce que vous savez. Alors, restez ouverts.”
Je propose de coupler à cette modestie la possibilité que l’esprit soit une force en soi (je ne puis le démontrer mais vous ne pouvez non plus me démontrer l’inverse), comme les fruits de la pensée positive, de l’art, de l’amour, de la prière, etc., peuvent le suggérer. Un nombre indéfini d’hommes et de femmes en font l’expérience chaque jour. C’est à expérimenter personnellement.
D’abord, je vous serais reconnaissant de ne pas affirmer sans démonstration et comme préalable que l’homéopathie aurait du succès, encore moins que ce présumé succès vaudrait preuve de son efficacité.
Pour une thérapeutique à prétention universelle ( du nourrisson au vieillard, de l’homme au cheval, au cochon, au canari, et même aux plantes – je l’ai lu d’un homéopathe sinon distingué, au moins célèbre – et ceci en préventif comme en curatif, sans le moindre inconvénient, ni la moindre contrindication ni effet secondaire indésirable, et enfin pour un prix modique, et, enfonçons le clou, auréolée à en croire les adeptes de succès nombreux et souvent spectaculaires, on est en droit de se demander pourquoi tout le monde, y compris les médecins, pour eux-même, leur famille, leur patientèle, n’est pas enthousiaste. En réalité, il n’y a qu’en France ( en raison du lobbying effréné de Boiron, leader mondial ) et en Inde ( pour des raisons de pauvreté) que l’homéo se porte bien. Et encore! Ce n’est pas parce que 50% des gens disent y avoir eu recours un jour qu’ils sont devenus des inconditionnels, sans quoi Boiron devrait multiplier ses usines. Partout ailleurs, l’homéo est soit interdite aux médecins, soit non remboursée et disponible dans les drugstores à côté des lotions-miracles. Elle n’est considérée nulle part comme une médecine, ni les granules comme des médicaments. Même pas en France d’ailleurs.
Ensuite, ce n’est pas parce que les astrologues ont un certain succès que l’astrologie est pertinente. On sait bien qu’elle ne l’est pas.
Votre argument consistant à dire qu’on ne sait pas tout et qu’on expliquera demain le mode d’action des granules est inopérant, puisqu’il faudrait d’abord qu’il y ait une action autre que celle de n’importe quel placebo, ce qui n’est pas le cas jusqu’à preuve du contraire. La science ne sait pas tout, certes, mais on en sait assez pour rejeter les théories homéopathiques. Du temps d’Hahnemann, on ne connaissait pas les causes et les modalités des maladies, on ne connaissait ni les microbes, ni les virus, ni l’immunité, ni la circulation sanguine, ni les phénomènes biochimiques et pharmacologiques, ni…l’effet placebo. On se fiait à des impressions, des croyances et des concepts plus ou moins magiques. Il n’y a que les homéopathes, aujourd’hui, qui puissent croire à la fois que la science est valide ( puisqu’il tiennent compte de l’anatomie et la physiologie, en principe, et puisqu’ils espèrent la validation scientifique de l’homéo un jour) et en même temps de la rejeter quand elle prouve, très facilement, que toutes les bases de l’homéo sont fausses. Là où vous avez raison, c’est que des médecins nagent parfois dans l’irrationnel, les homéopathes en sont le meilleur exemple.
Alors on peut se laisser aller à digresser sur “la force de l’esprit”, mais de ses biais aussi. Mais on parle de médecine ou de croyance?
Vous écrivez : “Mais on parle de médecine ou de croyance?” Je dis que les deux sont indissociables car si la médecine s’appuie bien sur des “sciences” (en perpétuelle évolution, ne l’oublions pas), son exercice est un “art” dans lequel la subjectivité (et donc “l’esprit”) a une part non mesurable…
D’accord pour l’importance de la psychologie en médecine, ce n’est pas une découverte ni un monopole des homéopathes.Mais cela n’autorise pas à affirmer comme vraies des théories anti-scientifiques, à prétendre que l’homéopathie est “une médecine’ à revendiquer sans preuve des “succès”. que personne ne peut ni vérifier ni reproduire. Bref, à prétendre soigner avec des méthodes et techniques qui n’ont pas fait la preuve de leur pertinence. On est là, clairement, dans le charlatanisme.
C’est là où je vous trouve excessif : “La science ne sait pas tout, certes, mais on en sait assez pour rejeter les théories homéopathiques”. Oui, selon votre vision réductionniste. Mais c’est clairement une affirmation abusive puisqu’il y a les bénéfices que les gens disent en tirer et qu’il existe des hypothèses et des théories en cours d’étude.
Et vous êtes agressif et méprisant en parlant de “charlatanisme”. Ce faisant, vous tentez (en vain) de déshonorer des milliers de praticiens qui font un travail honnête en fonction de ce qu’ils savent (et croient). Vous, qui ne croyez que dans le savoir – limité et en évolution perpétuelle – des “sciences” matérialistes, vous réagissez comme l’ancienne église qui élevait ses bûchers contre les hérétiques qui osaient raisonner autrement qu’elle. Vous ne vous rendez pas compte…
Là où je vous rejoins, en revanche, c’est sur le fait qu’une pratique comme l’homéopathie (et avec elle, les approches non -encore ?- validées) ne devrait pas revendiquer le même statut que celui de la médecine conventionnelle. Elles pourraient s’appeler “pratiques complémentaires”, par exemple, et bénéficier d’un statut spécifique avec des règles à part. Mais il est absurde et contreproductif de les diaboliser comme vous le faites et/ou de vouloir les interdire. Mieux vaudrait faire comme en Suisse, en Angleterre ou en Allemagne, où elles sont admises à certaines conditions et surveillées.
Petit détail en passant, c’est la différence que je fais entre psychologie et esprit. Mais ça nous entraînait bien loin…
Allez, ne me faites pas le coup de l’indignation. Ce ne sont pas les critiques qui déshonorent les homéopathes, c’est le fait d’affirmer pour vraies des théories fausses, c’est le fait de se fier à leurs impressions subjectives, d’user d’une médecine magique de 1800 en lieu et place du consensus médical international, de tromper les patients, de les priver des bonnes pratiques basées sur la preuve, de délivrer des “remèdes” dont ils sont incapables d’expliquer le mode d’action, la pharmacocinétique, les organes-cibles etc.
Que mettez-cous en face, encore une fois, de ce que vous appelez une “vision réductionniste” ou matérialiste? La science, au contraire, n’a pas de vision, elle remet sans cesse ses théories et ses schémas explicatifs en question, elle ne tient pour vrai que ce qui est constant, vérifié, jamais mis en défaut. Ceci pour le bien de l’humanité, car ce que l’homme a découvert et continue de découvrir sur lui-même, le monde qui l’entoure, la matière, la santé et la maladie, il le doit à la science. Au contraire, l’homéo repose sur un système fermé qui n’a jamais tenu compte des découvertes, des dogmes intangibles, des théories invalidées, des “Lois” qu’il est enfantin de démontrer fausses.
Les gens disent en tirer bénéfice? Très bien, et alors, qu’est-ce que ça prouve? Ceux qui croient en la Vierge lui attribuent des guérisons, l’obtention d’examens, ou le fait d’avoir marqué un but au football. Est-ce que cela constitue une preuve que la Vierge existe et intervient dans ces événements?
Je ne suis pas contre la liberté de chacun d’user de tout ce qu’il veut pour se faire du bien. Mais je lutterai toujours contre les charlatans de la santé qui mentent, volontairement, par intérêt, ou par mégalomanie et incompétence crasse, sur leurs capacités et la validité de leur méthode.
Vous avez une vision bien idéaliste, voire naïve, de la Science et de ses applications, notamment en matière médicale ! Peut-être êtes-vous vous même médecin ?
Avez-vous jamais lu Feyerabend ? Vous seriez moins péremptoire sur la “vérité” des connaissances scientifiques telle que vous les concevez. Et comprenez bien qu’en disant cela, je les trouve cependant indispensables. Mais pas sacrées.
Et, pour être équitable, puisque, apparemment, vous vous indignez contre les atteintes au bien de l’humanité, luttez-vous tout autant contre les abus de la médecine EBM (basée sur les preuves) qui occasionnent, en toute connaissance de cause, bien plus d’effets contraires et de décès que toutes les pratiques non validées réunies ?
Ce qui m’ennuie, dans votre argumentation, c’est le mépris dont vous couvrez les homéopathes. Vous supposez que vous détenez la vérité sur la question et que ce sont donc forcément des idiots ou des malhonnêtes.
Vous caricaturez à votre aise ce que je dis. Est-ce conscient?
Je n’ai pas parlé de “vérité” des connaissance scientifique. Je vous ai dit qu’au contraire la science est humble, elle ne “croit” pas, elle n’a pas de vision, de Vérité, ni de sacré, contrairement à l’homéopathie.. Seule sa méthode est rigoureuse et exigeante, c’est bien pourquoi les charlataneries refusent qu’on leur applique. La science cherche toujours à démentir ce qu’elle pense valide, et si elle n’y parvient pas seulement, elle admet la vérité, toujours partielle et provisoire d’une théorie. Elle se trompe, mais de bonne foi, et se corrige avec plaisir, elle cherche, elle se dépasse, elle se remet perpétuellement en question, c’est justement sa méthode pour ne pas ériger des dogmes. Toutes les spécialités de la science se rejoignent pour qu’une seule découverte profite à tous.
Et enfin, est-ce que les “abus” et les erreurs de la médecine justifient les méthodes charlatanesques? Non. Est-ce que vous pouvez sérieusement dire que la médecine, ” en toute connaissance de cause” cause plus de décès que toutes les pratiques non validées réunies? C’est d’abord oublier qu’en quelques décennies de médecine scientifique, là où elle est pratiquée à grande échelle, l’espérance de vie a triplé, nombres de maladies graves, invalidantes, mortelles ont été comprises et éradiquées. C’est faire semblant d’ignorer que tous les jours on sauve des nourrissons, des enfants, des vieillards, des malades graves, des blessés graves, qui mourraient, sans gagner une seconde de vie, avec les méthodes et les sucrettes des homéopathes.
Je suis bien d’accord avec ce que vous dites de la science et, notamment, avec ceci : “elle se remet perpétuellement en question, c’est justement sa méthode pour ne pas ériger des dogmes”.
Pourquoi, alors, n’appliquez-vous pas cette méthode sur vos propres conceptions ? Votre attitude intransigeante et va-t-en-guerre contre l’homéopathie et les homéopathes s’appuie sur une certitude catégorique bien contraire à l’esprit que vous prônez par ailleurs. Finalement, vous défendez le dogme absolu de l’homéopathie comme charlatanerie et vous êtes imperméable au doute sur votre position.
Je vous suivrai mieux si vous conserviez une part d’incertitude du style : “Peut-être que l’homéopathie fonctionne selon un mécanisme encore inconnu ?”
Ce qui n’empêcherait pas de garder des réserves vis-à-vis d’elle et de lui attribuer un statut différent des disciplines reconnues…
Pour qu’on puisse se dire “Peut-être que l’homéo fonctionne par un mécanisme encore inconnu”, il faudrait d’abord que l’homéopathie ait fait la preuve qu’elle fonctionne. Or, ce n’est pas par le témoignage qu’on prouve qu’une thérapeutique est efficace, c’est par l’expérimentation rigoureuse, en double-aveugle contre placebo. Et le fait est que depuis plus de deux siècles, toutes les expériences correctement réalisées ( c’est-à-dire indépendantes des fabricants, des militants homéopathes,, reproductibles, avec suffisamment de critères posés et de panel ) ont conclu à l’inefficacité absolue de l’homéopathie. On n’a pas à rechercher la cause d’un phénomène qui n’existe pas.
Mais il y a pire: la théorie de base, les “Lois” qui, selon les homéopathes eux-même, fondent toute l’homéopathie sont démenties par la science et par l’expérience. En résumé, au delà du classique effet placebo ( qui n’est pas négligeable) , ça ne marche pas et ça ne peut pas marcher.
Alors continuer à se dire: “mais comment ça marche?” relève de la croyance irrationnelle, d’un aveuglement ou d’une hypocrisie sans nom. A moins qu’on y est intérêt, professionnellement, industriellement.
Je comprends votre position mais ne puis la partager. Selon vous, “ce n’est pas par le témoignage qu’on prouve qu’une thérapeutique est efficace, c’est par l’expérimentation rigoureuse, en double-aveugle contre placebo”.
Certes, c’est une façon positive et sécuritaire d’avancer dans la connaissance et la vie, mais ce ne peut être LA SEULE. Comme le dit Feyerabend (vraiment je vous conseille de le lire), “on a toujours cru que seul un point de vue qui a été établi avec certitude peut être considéré comme rendant compte de manière véridique du monde. Cela est erroné.”
Car cela voudrait dire que n’est considéré comme valide et autorisé que ce que nous maîtrisons intellectuellement et qui a été expérimentalement prouvé. Ce rationalisme serait réducteur et abusif si vous ne vous fiiez qu’à lui, car il vous rendrait intolérant et vous couperait, dans le présent, de tout ce que le monde est et que vous ne connaissez pas encore…