54 voix pour, 5 contre et 6 absentions. Tel est le verdict qui a sanctionné la ratification le 18 août dernier par l’Assemblée nationale du Bénin du deuxième protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. En clair, la peine capitale est abolie.
Le pneu à côté du cadavre indique la méthode utilisée par les lyncheurs pour brûler vif le supposé malfaiteur. |
« Aucune personne relevant de la juridiction d’un Etat partie au présent protocole ne sera exécutée », c’est l’alinéa 1 du premier article du deuxième protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Ce protocole entrera en vigueur à la mi-novembre, soit trois mois après sa ratification par l’Assemblée nationale. Alors que la dernière exécution au Bénin remonte au 23 septembre 1987 selon le site spécialisé Peine de mort (Pdm), beaucoup de députés ont soulevé des objections lors de ce vote. L’un d’eux, Jonas Gbénamèto, s’est ainsi demandé « comment la loi peut protéger les assassins aux dépens des assassinés ». Mais il n´est pas isolé, la peine de mort a encore la faveur d’une frange non négligeable de Béninois.
Vindicte populaire : une peine de mort qui ne dit pas son nom
Certains ont surnommé la vindicte populaire, une pratique très en vogue au Bénin, de « glaive de la justice 125 » : 100 F d’essence et une boite d’allumettes à 25 F suffisent pour brûler vifs de prétendus voleurs qui subissent la furie des populations qui les ont arrêtés. Par un après-midi du mois de septembre, le délégué [élu d’un quartier] de Tonato, l’un des quartiers de la ville de Cotonou, est brusquement réveillé de sa sieste. Les habitants viennent d’arrêter trois hommes qui sont accusés d’avoir tenté de voler la moto d’une dame. Depuis plus de trois ans qu’il est le délégué de ce quartier, c’est le nième cas de vol sur lequel il doit statuer. Après un interrogatoire mené en présence d’une foule nombreuse, dont certaines personnes ont roué de coups les présumés voleurs, le délégué décide de renvoyer l’affaire au commissariat de l’arrondissement. Ces trois hommes ont eu la vie sauve, mais plusieurs autres personnes n’ont pas eu la même veine.
Une justice jugée inefficace
Quand les clameurs de « Au voleur ! » s’élèvent dans les agglomérations du pays, elles sont souvent suivies pas la manifestation d’une sauvagerie sans borne de certains habitants, qui ne se préoccupent guère du fait de savoir si les personnes mises en cause sont coupables ou non. Tout y passe : bâtons, gourdins, barres de fer avec comme supplice final l’aspersion d’essence du soi-disant voleur. En fin de compte, ces faits illustrent à quel point les Béninois n’ont pas confiance en la justice de leurs pays, qu’ils jugent trop laxiste et molle dans la répression des crimes et autres délits. « Si on le laisse maintenant, dans quelques mois il sera de nouveau libre et il pourra à nouveau voler et tuer ». C’est cette réponse que donnent à chaque fois ceux qui participent directement ou non à la vindicte populaire. A la fin, ils sont fiers d’avoir fait œuvre de “salubrité publique”.
Les télévisions du pays diffusent régulièrement les images des corps de personnes suspectées de vols et de crimes, après qu’elles ont été abattues par les « forces de défense et de sécurité » lors d’une opération ou d’une course poursuite. Dans ce climat, c’est la vengeance à tout prix qui compte. L’état d’esprit des citoyens est donc en contradiction flagrante avec les principes relatifs à la présomption d’innocence et aux respects des droits de l’homme. Les associations de défense des droits de l´homme dénoncent régulièrement ces faits. Et, bien que le pays ait aboli la peine de mort, l’Etat peine encore à trouver une solution efficace pour enrayer la vindicte populaire dont le nombre de cas est difficile à estimer.
La vindicte est une mauvaise chose pour deux raisons:
1- il est complètement idiot de brûler un homme qui vous vole un mouton pour manger et dans le même temps d’acclamer (ou de continuer à élire) des hommes politiques qui vous volent des millions nécessaires à la construction des hopitaux, routes, écoles, etc. Entre les deux il y bien un qui vous fait infiniment plus de mal et pas seulement qu’à vous mais aussi à vos enfants.2- On peut utiliser la vindicte populaire pour des règlements de comptes. Vous savez bien qu’il est difficile de calmer une foule en colère alors ca se trouve celui qu’on accuse est innocent.Je pense que la solution est dans la main du citoyen. C’est très facile d’élire des politiciens corrompus et de se plaindre après que la justice ne fonctionne pas. Gnéralement, ceux qui sont honnêtes ne sont jamais élus puisqu’ils ne distribuent pas de billets de banques lors des élections