L’affaire des puits de pétrole incendiés en 1991 lors de la guerre du Golfe est à la fois extravagante et inquiétante. Entre les récriminations « abracadabrantesques » de deux de ses protagonistes, MM. Basano et Ferrayé, traités de « pieds nickelés » par certains observateurs, et la suspicion de corruption internationale à plusieurs milliards de dollars qui se dégage de leurs aventures, il est bien difficile de se faire une idée claire sur la question.
Joseph Ferrayé, l´inventeur. |
Christian Basano, l´expert comptable. |
Deux hommes, principalement, maintiennent l’affaire dans l’actualité : Christian Basano, expert comptable, et Joseph Ferrayé, inventeur d’un procédé breveté d’extinction de puits de pétrole en feu.
Tous les deux, associés à l’époque des faits, prétendent avoir été spoliés de plusieurs milliards de dollars qui auraient dû leur revenir en raison de l’utilisation par les pompiers du désert de leur procédé d’extinction « révolutionnaire ».
Des sommes faramineuses semblent avoir été effectivement versées, mais pas à ces deux personnes qui s’efforcent en vain depuis 20 ans de faire reconnaître leurs droits.
Christian Basano, après de multiples plaintes restées sans suite, vient d’assigner l’État pour « faute lourde et déni de justice » devant le Tribunal de grande instance de Paris. Par ailleurs, il est intervenu sur de nombreux sites internet, dont le sien propre, pour y déverser tous les éléments de son dossier. Y figurent des pages et des pages de descriptions, de documents (copies de lettres et d’écrans informatiques), de vidéos et d’accusations.
L’une d’elles met même en cause Dominique Strauss Kahn, alors ministre de l’industrie, qu’il suspecte d’avoir pris la direction d’une opération de corruption en couvrant l’usurpation de son identité à lui, Basano.
« Je remets tout entre les mains de Dieu ! »
De son côté, Jospeh Ferrayé, lassé des non-lieux prononcés dans les actions qu’il avait engagées devant les justices suisse et française, se contente désormais de laisser les choses venir. Après avoir été censuré par la justice suisse, le site qu’il avait créé est reparu sous une autre forme mais avec moins de pièces disponibles et de nombreuses pages inaccessibles.
A ces impasses, s’ajoute la mésentente entre l’inventeur et son principal associé qu’il accuse de mentir sur toute la ligne. Croyant avoir été écarté, au départ, pour que celui-ci puisse profiter pour son seul compte d’un juteux contrat, il lui en veut toujours malgré les protestations de bonne foi de l’associé.
Mais, aujourd’hui, il refuse de s’expliquer : « Je ne veux plus parler de cette affaire. Moi et ma famille en avons trop souffert. Je remets tout cela entre les mains de Dieu. Et, de toute façon, cette histoire n’est rien à côté d’une autre dont on reparlera plus tard ».
Cela fait bien des mystères…
Et nous n’avons pas pu obtenir de lui les preuves de son allégation concernant une exploitation frauduleuse de ses procédés.
Il y a plus d’éléments concrets, en revanche, sur l’usurpation d’identité dont a été victime Christian Basano. C’est, à nos yeux, le cœur solide de ce scandale. Car, malgré les aspects rocambolesques, à la limite du délire, de ce dossier, le scandale est réel. Des milliards de dollars dont il n’a jamais pu bénéficier ont transité derrière le dos de Christian Basano et sous son nom par le biais de comptes bancaires occultes.
Des morts suspectes
En outre, certains acteurs de l’affaire, qui devaient en connaître de trop près les dessous, ont trouvé la mort dans des conditions pour le moins suspectes. Pour débrouiller tous les fils de cette pelote, il faudrait une armée de journalistes ou de détectives privés. Ouvertures ne dispose pas des moyens de tous les tirer. Nous nous contenterons de faire des recoupements et des vérifications, et de poser quelques questions à des protagonistes censés pouvoir nous éclairer.
En attendant que nous revenions éventuellement vers vous avec les éléments que nous aurons pu recueillir, les curieux peuvent d’ores et déjà visiter les sites de MM. Ferrayé et Basano. Ce dernier a d’ailleurs écrit un livre qui se lit comme un roman d’espionnage.
Sauf que le héros n’est pas un spécialiste du renseignement mais un simple expert comptable niçois emporté malgré lui dans les turbulences de la finance et des arrangements politiques internationaux sur fond d’or noir.
On peut croire ces deux hommes fous – c’est d’ailleurs ce que très officiellement on a tenté de faire croire – il n’empêche qu’il semble bien y avoir du vrai dans ce qu’ils affirment. Reste à en démêler la part dans le fatras des accusations parfois polluées par la théorie du complot et la paranoïa…