«La mission de l’école, c’est aussi de transmettre un savoir-être»
La violence à l’école, un phénomène qui préoccupe beaucoup de monde et contre lequel les remèdes ne sont pas évidents.
Jacques Salomé, psychosociologue et auteur à succès qu’on ne présente plus, explique pour Ouvertures que la violence des enfants est à la fois « un appel et une réponse. Un appel contre la non-vie et l’absurdité d’un avenir inconsistant. Une réponse aux violences invisibles, endémiques et diffuses qui pèsent sur les enfants ».
Dans une approche profondément humaine, Jacques Salomé invite tous les acteurs à développer ce qu’il appelle la communication relationnelle : « Dans le monde de l’école, tous les protagonistes (enseignants, conseillers éducatifs, accompagnants) font avec beaucoup de bonne volonté, "de la communication", surtout quand il y a un problème. Mais ils entretiennent en même temps une confusion grave, qui consiste à croire qu'il y a une équivalence entre la circulation de l'information et le fait de communiquer. Communiquer veut dire "mettre en commun"! »
Extraits de l’interview :
– J’invite les enseignants à s'engager vers une transmission des savoir être, savoir créer, savoir devenir.
– La focalisation sur les programmes me semble un leurre. Bien sûr qu'ils sont à réajuster, mais ce qui me paraît plus essentiel, c'est d'introduire l'équivalent d'une matière à part entière, un enseignement de la communication relationnelle.
– Il sera aussi important de tenter de mieux cerner quels sont les besoins prioritaires des enseignants.
– L'intégration au monde des adultes est difficile par manque d'identification. Les adultes sont souvent perçus comme des non-modèles (quel adolescent aujourd'hui veut ressembler à ses parents ? Lequel veut vivre comme eux ?)
– Le système relationnel dominant, à base d'injonctions, de dévalorisations, de menaces, de chantages, de comparaisons ou de culpabilisations, fondé sur des relations dominantes-dominés, est à la base de la violence-réponse, qui prévaut aujourd'hui dans beaucoup de secteurs de vie.
– Pour ces enfants, ces adolescents, toute rencontre avec la réalité qui ne satisfait pas immédiatement les désirs, est vécue par eux comme agressante et suscite de leur part, quasi automatiquement, un comportement réponse de contre-agression.
– Introduire une matière nouvelle : un enseignement de la communication relationnelle non violente, à partir de règles d'hygiène relationnelle reconnaissables, transmissibles, apprises en commun.
– Il ne suffit plus de s'adapter, de rénover mais d’inventer, de modifier profondément le système relationnel qui régit actuellement les relations enfants / adultes.
– L’école peut devenir un lieu central d'apprentissage relationnel à la communication non violente.