Depuis son lancement il y a quatre ans, le site du Huffington Post ajoute un lien “Envoyer une correction” à la fin de chacun de ses articles. Une démarche plus avancée que la simple possibilité de poster un commentaire.
Nous avons interviewé son rédacteur en chef, Alexandre Phalippou.
Ouvertures.- Quelles sont les raisons qui ont poussé le Huffington Post à offrir une telle fonctionnalité ?
Alexandre Phalippou.- C’est une fonctionnalité déjà présente sur le Huffington Post américain qui a été simplement reproduite pour l’édition française.
– Depuis quand cette possibilité est offerte sur votre site ?
– Dès notre lancement en France, le 23 janvier 2012.
– Qui la gère ? Chaque rédacteur ? Un service dédié ?
– La suggestion de correction est reçue par l’ensemble de la rédaction. C’est généralement la personne qui a écrit l’article qui s’en occupe. Ou n’importe qui d’autre en son absence.
– Quels sont les règles de prise en compte des propositions envoyées par les internautes ?
– Les remarques d’orthographe et factuelles sont systématiquement corrigées après vérification. Celui qui la corrige répond systématiquement au lecteur pour le remercier de nous avoir signalé l’erreur.
Pour des remarques plus sur le fond, c’est le journaliste qui choisit ou non d’intégrer la correction. Dans les deux cas, il répond au lecteur pour le remercier et, le cas échéant, pour justifier le fait qu’il ne modifiera pas son article.
En cas de simples avis ou remarques (et non de corrections à apporter), nous invitons le lecteur à mettre son opinion dans les commentaires sous l’article.
Lorsque nous changeons en profondeur un sujet à la suite de plusieurs remarques, nous intégrons à l’intérieur de l’article un bloc pour décrire la modification, en précisant qu’elle fait suite à plusieurs remarques de lecteurs. Et ce dans un but de transparence.
– Cette possibilité est-elle souvent utilisée ? Avez-vous des statistiques ?
Oui, mais pas de statistiques précises. Nous recevons environ une vingtaine de corrections par jour.
Nous avons testé
Nous avons testé la fonction correction le 16 janvier 2017 jour même de la parution de cet article :
Météo: pendant la vague de froid, quelques conseils pour limiter votre consommation énergétiqueIl contenait en effet deux erreurs manifestes dans la phrase en gras :
« L’éclairage étant une grande source de consommation, plusieurs techniques sont à adopter pour réduire le gaspillage. A commencer par éteindre la lumière quand vous sortez d’une pièce. Mais aussi, par exemple, à dépoussiérer les lampes ou à opter par des lampes à incandescence ou basse consommation. »1. Dépoussiérer les lampes ne fait pas baisser la consommation d’électricité, ça donne juste un peu plus de lumière
2. « Opter pour des lampes à incandescence » est exactement le contraire de ce qu’il faut faire, à savoir les remplacer par des lampes basse consommation.Sans réponse ni correction de l’article, nous avons averti le rédacteur en chef par email le 23 janvier, avec cette fois un effet immédiat.
Voici une copie d’écran de l’article modifié :Nous ne généraliserons pas à partir d’un seul cas, mais encourageons nos confrères à traiter les demandes sans délai, en particulier pour les articles d’actualité qui retombent rapidement dans l’oubli.
Eric Lombard
> Dans le même ordre d’idée, mais en allant encore un peu plus loin, rappelons qu’Ouvertures offre un droit de réponse aux internautes, à la fin de chaque article, comme on peut le voir (en vert souligné) sous l’image ci-dessous (ou tout en bas de cet article). Ce droit se distingue à la fois de la possibilité de commenter et du droit de réponse applicable légalement aux services de communication au public en ligne. Il est beaucoup plus favorable au lecteur/demandeur.
Inviter les internautes à participer à l’amélioration de la qualité des contenus, c’est une idée originale et intéressante. Une pratique à suggérer pour les agences de rédaction de contenu web.