Tableau de la pandémie à ce jour. Alors que l´Organisation mondiale de la santé fait timidement amende honorable sur la façon dont elle a géré la pandémie, le Conseil de l´Europe dénonce un grave manque de transparence tant de la part de l´OMS que de la plupart des institutions nationales.
Début juillet 2010, selon l’OMS, la pandémie de grippe A (H1N1) avait touché 214 pays depuis sa déclaration l’an dernier (cas confirmés en laboratoires) et a fait plus de 18 300 morts au total (contre de 250 000 à 500 000 décès annuels pour la grippe saisonnière).
Répartition de cas déclarés par régions (avec chiffres des décès) :
– Afrique : 168
– Amériques : 8516
– Méditerranée orientale : 1019
– Europe : 4879
– Asie du sud-est : 1883
– Pacifique occidental : 1846
– Total : 18311
(Source : OMS)
Concernant les accusations de manquer de transparence sur le travail des experts et les relations de ces derniers avec l’industrie pharmaceutique, l’Organisation mondiale de la santé a fait quelques concessions :
« La publication de récapitulatifs des intérêts [des experts] en cause suite aux réunions est irrégulière et devrait être systématique. L’OMS reconnaît en outre que les garde-fous encadrant un engagement avec l’industrie doivent être renforcés et s’y applique. »
– « Les noms des membres du Comité d’urgence [experts fournissant des recommandations à l’OMS] et un résumé des déclarations d’intérêts pertinentes seront rendus publics lorsque le Comité notifiera la fin de la pandémie. Les modalités selon lesquelles on révélera les noms des membres des futurs comités d’urgence sont à l’examen. »
– « L’OMS a organisé une consultation d’experts pour élaborer des recommandations sur l’utilisation de vaccins et d’antiviraux lors des pandémies de grippe. Tous les experts ayant participé à cette réunion ont dû soumettre un formulaire de déclaration d’intérêts. Néanmoins, l’OMS n’a pas rendu public un récapitulatif des intérêts en cause en même temps que la publication et regrette cette omission. Depuis lors, un certain nombre de modifications administratives et juridiques ont été introduites pour renforcer les procédures visant les conflits d’intérêts potentiels. L’Organisation est résolue à renforcer encore ces procédures et à veiller à une application plus systématique de celles-ci. »
Ce début d’amendement de la part de l’institution mondiale reste bien timide. Elle a par exemple refusé de répondre à la sollicitation des parlementaires français dans le cadre de leur enquête : « Nous regrettons de ne pouvoir accepter cette invitation. En effet, en tant qu’organisation intergouvernementale, l’OMS ne participe normalement pas aux auditions tenues par des instances parlementaires ni ne prend part aux commissions d’enquête établies par ces instances ».
« Un grave manque de transparence »
La commission des questions sociales, de la santé et de la famille du Conseil de l’Europe a rédigé un projet de résolution intitulé La gestion de la pandémie H1N1 : nécessité de plus de transparence. Dans ce document, l’Assemblée parlementaire se dit « alarmée par la façon dont la grippe pandémique H1N1 a été gérée non seulement par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mais aussi par les autorités de santé compétentes tant au niveau de l’Union européenne qu’au niveau national. Elle s’inquiète notamment de certaines répercussions de décisions et d’avis ayant entraîné une confusion des priorités au sein des services de santé publique de toute l’Europe, du gaspillage de fonds publics importants et de l’existence de peurs injustifiées relatives aux risques de santé encourus par la population européenne.
L’Assemblée [parlementaire du Conseil] fait état d’un grave manque de transparence dans les prises de décisions liées à la pandémie, qui soulève des préoccupations concernant l’influence que l’industrie pharmaceutique a pu exercer sur certaines décisions parmi les plus importantes. »
>> Télécharger le document du Conseil de l´Europe : La gestion de la pandémie H1N1 : nécessité de plus de transparence