Tant pour des raisons économiques qu’écologiques, la toilette sèche offre une solution fiable pour l’assainissement non collectif.
Toilette de la famille Krins |
La toilette sèche se différencie de la toilette à chasse d´eau par le simple fait qu´elle n´utilise pas d´eau. A la place, on recouvre les déjections d´une litière sèche composée de matières contenant du carbone. Tout ce qui est disponible localement convient : sciure de bois, copeaux, paille ou foin séché et broyé. C’est propre et sans odeur. Versée en quantité adaptée, la litière carbonée bloque les fermentations anaérobies (sans oxygène) et permet le démarrage du compostage. La sciure de bois peut souvent être obtenue gratuitement auprès d´une scierie
Nos déjections sont surtout constituées d´azote, de phosphore et de carbone. Ces éléments ont des cycles terrestres, c’est à dire que leur recyclage doit être réalisé par compostage afin d’être rendus à la terre pour l´enrichir. Pour Empreinte, mêler les déjections (humaines ou animales) avec l’eau est « une erreur et un non-sens écologique ».
Elle rappelle que c’est de l’eau potable qui est utilisée à raison d’une moyenne de 40 litres/habitant/jour pour chasser nos déjections : « Cette mauvaise gestion de la matière organique est à la source de bien des problèmes : épuration lourde et peu efficace (60% de la charge des eaux à épurer provient des toilettes) ; dégradations des écosystèmes aquatiques et des eaux souterraines; manque à gagner en humus pour les sols ».
La toilette sèche n’utilise pas d’eau et après compostage de la litière, rend au sol la richesse qu’il nous donne.
Depuis le début de l´année 2005, l´association Empreinte réalise, en partenariat avec différentes associations, comme Eau Vivante et Heol, une enquête auprès des utilisateurs de toilettes sèches 1001 réponses).
Au mois d’avril dernier, elle a présenté les résultats de son travail :
• 41 % des foyers ayant répondu n´ont pas de toilettes à eau;
• 16 % en ont mais ne les utilisent pas;
• 35,5 % utilisent toilettes sèches et toilettes à eau;
• 7,5% n´ont pas répondu.
Au moins 1000 foyers qui n´utilisent pas de toilettes à eau, soit plus de 3000 utilisateurs quotidiens ne tirant pas la chasse (30 l/jour/personne). Cela représente près de 33 millions de litres d´eau potable économisée (33 000 m3), sans compter le gain en pollution (les 30 litres quotidiens souillent l´ensemble des eaux à assainir) ni la richesse rendue à la terre par le compostage.
A plus de 90 %, ces toilettes sont autoconstruites.
33,5 % des foyers ont un assainissement par phytoépuration (épuration par les plantes) en service ou en projet.
22 % des foyers utilisent le compost issu des toilettes sèches sur les arbres et les fleurs.
Pour 16 %, le compost va enrichir le potager. Pour 48%, il n’y a pas encore d’affection précise. Les autres (14%) n´ont pas répondu.
Selon Empreinte, le territoire français compte plus de 350 installations publiques : sites isolés ou difficilement raccordable, sites naturels et protégés, équipements communaux locaux.
>> Créée en septembre 2004, Empreinte est une association sans but lucratif qui cherche à promouvoir l´habitat sain, passif et à faible impact écologique. L’ouverture de son centre de ressources et d´informations sur l´habitat écologique aura lieu, grâce au soutien du conseil régional de Bretagne, début 2009.
Les solutions disponibles
Toilette de la famille Monier |
Extrait d’un article rédigé par Emmanuel Adler, expert judiciaire près de la cour d´appel de Lyon (cabinet Aconsult), à la suite d’un voyage d’études en Allemagne organisé au mois de mai dernier par l’association Toilettes du monde. Article paru dans Environnement & Techniques, sept. 2008:
« La palette des solutions disponibles sur le marché des toilettes sans eau est large, depuis les systèmes rustiques et mobiles du type Gandousiers, jusqu’aux dispositifs haut de gamme, avec tapis roulant (à pédale) pour l’évacuation des matières fécales, développés par le précurseur Pierre Colombot, et notamment mises à la disposition des gens du voyage et des raveurs du Tecknival à Rennes.
Mais des toilettes sèches peuvent également s’intégrer à la maison, comme en Allemagne et en Suède. A l’instar du lotissement écologique de Hambourg-Allermoehe, l’assainissement décentralisé met en œuvre des toilettes à compost de type Clivus multrum au sein même des habitations (fosse intérieure de 3,5 m3 recevant déjections et biodéchets domestiques, temps de séjour de 4 ans avec soutirage annuel de 40 l de compost), tandis que les eaux grises de cuisine et de salle de bain sont collectées par un réseau et traitées sur place par filtres plantés de roseaux avant rejet au milieu naturel. »
Pour en savoir plus :
- Empreinte.
- Joseph Orszagh, chercheur wallon.
- Toilettes à compost.
- Eau vivante.
- Toilettes du monde.