De plus en plus de banques affichent des engagements en matière de développement durable (DD). Efforts réels ou greenwashing (blanchiment écologique) ? Cet affichage d’un engagement vert (qui vient bien tardivement) démontre en tout cas qu’elles ne peuvent plus décemment s’exonérer de leur responsabilité. Exemples.
Crédit Coopératif – Le Crédit Coopératif investit dans l´économie et la finance solidaires. Il a été désigné leader en 2007 par le 5ème baromètre des finances solidaires (Finansol-La Croix-Ipsos). En 2007, il est entré dans une démarche d´achats écologiques, de compensation carbone de ses réunions et assemblées générales régionales. Il met en œuvre progressivement de nouvelles exigences durables dans la rénovation de son patrimoine immobilier.
Barclays – Le cabinet Corporate Citizenship note des progrès réalisés par Barclays en matière d’évaluation sociale et environnementale des choix d´investissements. La banque britannique s´était engagée en 2003 en cofondant les Principes de l´Équateur, qui imposent une modification dans le processus d´octroi des financements sur la base de critères de développement durable, pour tout projet supérieur à 10 millions de dollars. En 2007, l´ensemble des activités européennes du groupe étaient neutres en carbone, avec pour objectif de généraliser cette démarche à l´ensemble des activités d´ici à 2009. Depuis avril 2007, 50% de la consommation d´électricité de Barclays en Grande-Bretagne provenaient de sources d´énergie renouvelables et 173 000 tonnes de CO2 ont été compensées.
Crédit Mutuel – Le troisième rapport sur la responsabilité sociale et environnementale (RSE) du groupe rend compte de l’approche pédagogique mise en œuvre en 2007 : des films régionaux et un film national, 40 000 synthèses du rapport RSE distribuées lors des 2 000 assemblées générales de caisses locales, un rapport RSE national et des rapports RSE régionaux. De nouveaux partenariats avec des associations ont été signés pour favoriser l´inclusion bancaire. Certaines Fédérations ont souhaité mesurer les impacts liés à leurs activités en réalisant notamment un bilan carbone ou un bilan sociétal. Au total, le Crédit Mutuel est associé à 140 plateformes d´initiative locale (Pfil) de France Initiative. Des lignes de crédit ont été ouvertes à l´Adie (Association pour le droit à l´initiative économique) pour près de 3,8 millions d´euros, et plus de 1 200 prêts effectués par l´Adie ont été cofinancés. Globalement, 16,5 M€ ont été versés à des associations et plus de 600 M€ ont été consacrés au microcrédit professionnel en 2007.
BNP Paribas – Dans une optique de développement durable, BNP Paribas a fait appel à Green Cove Ingénierie pour mettre en œuvre un service de covoiturage dédié pour des salariés. En se connectant sur ecovoiturage.pro, ceux-ci peuvent proposer des places disponibles dans leur véhicule et prendre contact pour covoiturer. Le site permet également d’évaluer la distance et les frais engagés par le trajet ainsi que les émissions de CO2 générées par les déplacements.
Une première étape, concluante, avait démarré fin 2007 avec BNP Paribas Assurance. BNP Paribas a décidé d’étendre ce service à l’ensemble de ses collaborateurs en France. Créée en 2003, la société Green Cove Ingénierie exploite également le premier site de covoiturage en France : 123envoiture.com.
Dexia – « Acteur de long terme au service de l´intérêt général », Dexia a été récompensée en 2007 pour ses efforts réalisés dans le domaine de l´investissement socialement responsable (ISR) et des énergies renouvelables : avec près de 9 % de parts de marché, l´entreprise franco-belge se positionne aujourd´hui comme l´un des premiers financeurs de projets dans ce secteur, en particulier dans l´éolien. En 2007, Dexia a participé au financement de 26 projets éoliens dans 11 pays. A la fin de l’année, Dexia Asset Management gérait 110 milliards d´actifs, dont 17,6 milliards d´euros d´encours en fonds et mandats ISR (qui représente 16 % de la totalité de ses actifs sous gestion. Dexia a mis en place une stratégie carbone complète (échanges de quotas de CO2) pour ses clients. Elle propose le premier crédit au monde permettant à une collectivité locale d´annuler ses émissions directes de CO2.
En Turquie : un geste éthique
Première historique : les agences de crédit à l’exportation allemande, autrichienne et suisse se retirent officiellement du projet de barrage d’Ilisu en Turquie. Motif : la Turquie ne respecte pas les conditions sociales, culturelles et environnementales auxquelles elle s’était engagée. L’ouvrage géant, planifié sur le Tigre, menace de conduire au déplacement de dizaines de milliers de personnes (principalement des Kurdes) et de noyer un patrimoine culturel unique au monde. « C’est maintenant au tour de la Société Générale d’en tirer les conséquences et de se retirer immédiatement de ce projet inacceptable », déclarent les Amis de la Terre.
« Environnement : Comment choisir ma banque ? »
Les Amis de la Terre publient la version 2008-2009 de leur guide éco-citoyen «Comment choisir ma banque ?», en partenariat avec la CLCV, l´une des plus importantes associations françaises de consommateurs et d´usagers. L’association a analysé les impacts environnementaux et sociaux des différentes activités des grandes banques françaises afin d’informer les citoyens de l’utilisation qui est faite de l’argent qu’ils confient à leur banque, et les pousser à modifier leurs pratiques. Le guide révèle dans son classement trois groupes de banques distincts : la Nef et le Crédit Coopératif aux impacts positifs, la Banque Postale, la Banque Populaire, la Caisse d’Epargne et le Crédit Mutuel-CIC aux risques faibles à modérés, et le Crédit Agricole, la Société Générale et BNP Paribas, qui s’avèrent les plus risquées et pour lesquelles les Amis de la Terre formulent des recommandations précises.