Des sociétés voient le jour pour aider les femmes chinoises enceintes à venir accoucher aux États-Unis. Ce système, né il y a vingt ans à Taiwan, est maintenant devenu populaire sur le Continent chinois. Mais il pose des questions sensibles liées à l’immigration.
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Jia Zijun, une Américaine d´origine chinoise, est revenue sur le Continent il y a trois ans pour lancer US Yuezi Center, un service de consultation destiné à aider les femmes enceintes chinoises à voyager vers la Californie pour y accoucher. Selon elle, l´enthousiasme des Chinois pour avoir un bébé aux États-Unis dans l´espoir qu´il aura la nationalité américaine est « dingue » : « Nous avons reçu plus de cent appels par jour lors du troisième trimestre de cette année de la part de personnes nous posant des questions sur l´accouchement aux États-Unis ». L´agence de Mme Jia a aidé plus de cent femmes originaires du Continent chinois à accoucher aux États-Unis depuis qu´elle a été créée en 2007 en Californie.
Bien que cela ne soit pas contraire à la loi, il n´est en général pas facile pour une femme visiblement enceinte d´obtenir un visa américain. Résultat, la plupart d’entre elles déposent leur demande quand leur état n´est pas visible.
Remettre en cause le 4e amendement ?
Mais récemment, plusieurs initiatives ont eu lieu aux États-Unis pour remettre en cause le 14e amendement à la Constitution, qui dispose que toute personne née sur le sol américain a le droit d´obtenir la citoyenneté américaine.
La plupart des couples qui décident de donner le jour à leur enfant aux États-Unis le font parce qu´ils veulent offrir à leur enfant de meilleures ressources en matière d´éducation, en particulier au niveau des études supérieures. Mais du fait de la nationalité chinoise des parents et du fait aussi que ceux-ci ont leur travail en Chine, ils devront en général retourner au pays pour élever l´enfant. Or, selon la loi chinoise, les jeunes de nationalité étrangère ne peuvent bénéficier de l´éducation gratuite de neuf ans fournie en Chine : ils devront choisir des écoles privées, qui demandent des frais d´éducation élevés.
Contourner la loi de l’enfant unique
En outre, les parents chinois devront faire en sorte que leur enfant retourne aux États-Unis tous les cinq ans afin de pouvoir garantir la validité de leur citoyenneté américaine.
Pour Dannie Lee, une employée du tertiaire âgée de trente ans et qui travaille en Chine, si elle veut avoir un second enfant aux États-Unis, c´est à cause de la politique de l´enfant unique en vigueur en Chine. Elle pense qu´accoucher aux États-Unis est une bonne façon de contourner la loi chinoise.
Le Quotidien du Peuple, organe officiel du PC chinois, qui rapporte cette information, exprime un certain fatalisme : « Avec les échanges commerciaux et éducatifs de plus en plus nombreux entre la Chine et les Etats-Unis, de plus en plus de Chinois iront aussi aux États-Unis pour leur propre compte. Ils pourront aussi, alors, s´ils le veulent vraiment, trouver le temps nécessaire et la façon de donner naissance à un enfant aux États-Unis ».
>> En donnant de la visibilité à la filière sans la stigmatiser, les autorités chinoises chercheraient-elles à favoriser un assouplissement indirect de leur politique de l´enfant unique, très difficile à faire respecter ?