Cinq ans après les Flamands, la communauté française de Belgique devrait prochainement annoncer la création de son propre organe de régulation de la presse : le Conseil de déontologie journalistique (CDJ).
Cette fois, il ne s’agirait plus que de quelques mois. Le décret reconnaissant « l’instance d’autorégulation de déontologie journalistique » pourrait être pris cet été et le CDJ devenir opérationnel à partir de septembre 2008.
Martine Simonis (secrétaire générale de l’Association générale des journalistes professionnels de Belgique) a elle-même fait les comptes : « Entre 2004 et juin 2006, nous avons beaucoup travaillé, 11 versions de statuts et 8 de règlements et procédures ont été rédigées ». Rien ne se passe vraiment pendant les mois suivant, jusqu’à « Bye bye Belgium », l’émission diffusée le 13 décembre 2006 par la RTBF (radiotélévision de la Belgique francophone) et qui met spectaculairement en scène la sécession de la Flandre.
Il sera largement reproché à la télévision publique de ne pas avoir assez clairement exprimé l’aspect fictionnel du programme. Le scandale fait rapidement réagir la classe politique belge et relance l’idée enlisée d’une instance de régulation francophone : « Je crois que nous devons soutenir toute initiative favorable à un renforcement de la déontologie journalistique en Communauté française. C’est en ce sens que mon cabinet collabore depuis des mois à la mise en place d’un conseil de déontologie journalistique. Il s’agit de l’initiative du secteur que nous allons soutenir, notamment en terme de financement ». Fadila Laanan, ministre de la culture et de l’audiovisuel s’investit publiquement en décembre 2006.
La délicate question des ressources
Les discussions reprennent, en particulier sur la délicate question des ressources et de la répartition des compétences. Le projet, en cours de finalisation aujourd’hui prévoit une contribution paritaire des médias d’une part et des associations de journalistes de l’autre. Ces dernières ne bénéficiant que de peu de revenus, elles réclament une aide publique conséquente pour s’acquitter de leur quote-part qui s’élèverait à environ 80 000 euros par an.
Les initiateurs du projet d’instance de régulation exigent encore « l’exclusivité » des compétences en matière de déontologie. Jusqu’à présent, le Conseil supérieur de l’audiovisuel s’y frottait ponctuellement, ses attributions lui permettant de s’exprimer sur l’objectivité de l’information, la violence ou les mineurs.
Ces deux points d’achoppement réglés, le Conseil de déontologie journalistique de la communauté française pourra officiellement voir le jour. Soutenu par l’ensemble de la profession, il sera composé de 6 journalistes, 6 éditeurs, 6 membres de la société civile et 2 rédacteurs en chef. Comme son budget, ses missions s’inspirent largement de son équivalent flamand : information générale du public et de toutes les organisations intéressées, médiation et régulation.
Les missions du futur Conseil de presse
Le Conseil de déontologie journalistique, aura pour mission de :
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L’avant-projet a été approuvé en décembre dernier, il semble que le Conseil d’Etat ait quelques hésitations quant au choix du niveau de l’instance : communautaire ou fédéral. Si le Conseil de presse flamand s’est contenté d’un simple « arrêté » et d’une structure associative, les francophones préfèrent un « décret » qui rendrait l’instance régulatrice pérenne.
L’affaire semble cette fois bien lancée et ne devrait pas manquer d’aboutir. Cinq ans de travail auront au moins eu l’avantage « collatéral » d’entretenir et de démontrer la motivation autant des journalistes que des éditeurs de presse francophones.
Nathalie Dollé