Parmi toutes les médecines non conventionnelles, l´homéopathie est celle qui suscite le plus de polémiques. Juste derrière se place l´acupuncture mais cette dernière bénéficie néanmoins d´une très grande ancienneté et de résultats difficiles à nier à la fois sur la durée d´expérimentation et sur le nombre de personnes traitées. Ainsi, la Chine avec son énorme population et son histoire plurimillénaire, offre une crédibilité difficile à balayer d´un revers de main. Pourtant, l´une comme l´autre repose sur des principes qui n´ont trouvé aucune forme de preuves du point de vue scientifique occidental moderne.
Je pense que si l´homéopathie souffre plus que l’acupuncture, c´est que, paradoxalement, l’acupuncture est moins connue et moins pratiquée en Occident et, le plus souvent, son terrain d´action est limité aux problèmes nerveux ou aux douleurs. Cette limitation[1] ne met pas en péril le statut de la médecine conventionnelle. Par contre, l´homéopathie, avec une relative ancienneté qui la place même historiquement avant les débuts de la médecine moderne, pose plus de problèmes aux médecins conventionnels, à la fois en terme de compréhension et surtout dans une acceptation qui rendrait caduque leur propre pratique.
L´agressivité envers l´homéopathie ? Une réaction de défense
Car enfin, si l´homéopathie fonctionne et soigne des maladies avec des remèdes qui ne comportent plus de molécules actives, comment justifier l´empoisonnement des malades et les pollutions de plus en plus abondantes qui en découlent[2] ? Cette agressivité à l´égard de l´homéopathie est en fait une simple réaction de défense qui tente de s´appuyer sur des moyens pseudo-rationalistes. Par parenthèse, si la médecine conventionnelle avait le courage de se pencher sur la rationalité des traitements qu´elle propose, elle serait bien obligée de se rendre compte que, si la partie description et diagnostic des maladies repose sur des bases scientifiques sérieuses, il faut bien admettre les façons approximatives de construire les remèdes et de les mettre en œuvre. D´ailleurs, la médecine et la pharmacie n´ont que des liens très distendus.
« La médecine est un art qui demande des connaissances approfondies (spécifiques à chaque type de médecine), intuition et initiative. La science n´est que servante, elle n´est pas le maître, encore moins une déesse ! Elle doit aider l´art médical mais ne jamais l´entraver. Il n´y a pas de « traitements scientifiques » et de « traitements empiriques », il n´y a que des traitements efficaces ou inefficaces. Seul compte le bien du malade. »Dr en médecine Yvette Parès, ancienne professeure de biologie à Dakar. |
Pourtant, les médecins, qui ne manquent jamais de dire qu’ils sont des scientifiques, ont généralement cet argument extraordinaire : « Moi, l´homéopathie, je n´y crois pas ! » Comment une démarche scientifique peut-elle se placer sur le plan de la croyance ? Même dans le contexte d´une pratique empirique, dont je rappelle qu´elle est une méthode scientifique ; c´est l´expérimentation qui fait la validité de la pratique. C´est ainsi que, souvent, la science progresse. À partir d´une intuition et de tâtonnements en hypothèses, on finit par trouver, a posteriori, des justification théoriques. Il n´y a rien de honteux dans cette méthode. Alors bien sûr, quand les pouvoirs scientifiques conventionnels découvrent des théories qui dérangent trop profondément leurs convictions et la solidité de leur position sociale, ils se dépêchent de trouver des fautes méthodologiques dans les expériences qui ont été menées. Il est tout à fait étonnant de ne trouver ces biais méthodologiques que dans les expériences menées à des fins non conventionnelles. Pourtant, j´ai signalé, dans mon livre Pour une médecine écologique, de nombreux exemples de ce manque de rigueur ne dérangeant pas dès lors qu´il s´agit de conforter une hypothèse communément admise. C´est ce qu´on pourrait qualifier de rigueur à géométrie variable !
Le manque de pugnacité des homéopathes
Néanmoins, on peut se montrer très étonné du manque de pugnacité des homéopathes, qu´ils soient médecins ou pharmaciens[3].
Tout d’abord, il est utile de rappeler que les médecins sortent tous des mêmes universités françaises qui ont, en principe, le même niveau de qualité et, qu’à ce titre, tous les médecins ont le même bagage initial. De plus, les médecins homéopathes, notamment les bons, ont suivi un cursus qui donne lieu à un diplôme universitaire. Quand un médecin critique l’homéopathie en laissant, le plus souvent entendre, qu’il s’agit d’une pratique charlatanesque, implicitement, il dit que le médecin qui l’emploie est, soit un imbécile, soit un escroc. De la même façon, j’ai entendu dans l’émission La tête au carré sur France-Inter, le vice-président de l’Ordre des pharmaciens critiquer l’homéopathie dans les mêmes termes. Je ne comprends pas comment l’ensemble de la profession ne porte pas plainte contre son représentant pour diffamation. Car, là aussi, il laisse soupçonner le pharmacien de vendre de la poudre de perlimpinpin, soit par bêtise, soit par cupidité : deux qualités incompatibles avec l’exercice d’une profession de santé. À tout le moins, une telle position devrait entraîner la démission du personnage. Les médecins homéopathes ont-ils vraiment le courage de cette rupture ?
Par ailleurs, si le contradicteur utilise des arguments qui font tant soit peu appel aux croyances, il est très facile de répondre : lorsque qu´on connait un sujet, on peut en parler et quand on ne le connait pas, on n´a d´autre ressource que de se taire. En tout cas, la croyance n´a rien à faire dans un argumentaire qui se veut scientifique. Quant à la démarche scientifique que la médecine moderne entend imposer à l´homéopathie, elle est tout simplement invalide.
Un obstacle culturel majeur
En effet, la démarche thérapeutique qui détermine le choix des remèdes homéopathiques est tout à fait inconnue des médecins conventionnels qui peuvent utiliser un même médicament sur plusieurs malades différents pourvu qu´ils présentent la même maladie. Or en homéopathie, une même maladie peut être soignée par des traitements différents et inversement, un même traitement peut soigner des maladies différentes. Cette particularité est encore plus vraie en médecine traditionnelle chinoise où les maladies sont classées en fonction de syndromes qui constituent un ensemble de causalités pouvant amener à une maladie.
Ainsi, un même syndrome peut déclencher de nombreuses maladies très différentes par leur localisation et leurs effets, alors qu´un même ensemble nosologique qu´on appelle maladie peut avoir de nombreuses causes distinctes. Par exemple, en médecine chinoise, l´hypertension artérielle relève de 17 syndromes qui donnent lieu à 17 protocoles thérapeutiques radicalement divergents. Ce mode de fonctionnement thérapeutique est totalement étranger à la médecine conventionnelle. Il s´agit là d´un obstacle culturel majeur !
Face à cet écueil culturel, notre médecine est analogue à notre culture, adoptant ainsi une démarche colonialiste. Seules la parole, les convictions ou les pratiques des occidentaux sont bonnes et donc, il est utile et même nécessaire de convertir les autres à notre vision du monde. Et s´il le faut, par la force et la coercition !
Même si la démonstration est restée superficielle, on a pu constater l´originalité de certaines pratiques médicales et ainsi l´incapacité de les juger à la lumière d´une culture qui lui est strictement étrangère. La science n´est pas unique ni universelle ; elle dépend du filtre par lequel une culture – c´est-à-dire, la rencontre entre une population et une époque – choisit de regarder et de comprendre le monde qui l´entoure. Lorsqu´on avait moins la capacité de connaître les cultures qui nous ont précédés ou celles qui nous sont éloignées, on pouvait justifier de ce « culturo-centrisme ». Mais, à notre époque où les moyens de communications sont plus importants, ce repliement sur soi ne peut plus se justifier.
De nouvelles tendances très prometteuses
Nous allons prochainement être totalement bousculés par de nouvelles découvertes qui ne sortiront plus de notre médecine, dont je considère qu´elle est à bout de souffle, mais de nouvelles tendances comme, par exemple, la physique quantique. Les recherches qui viennent de Russie ou des États-Unis sont déjà extrêmement fécondes et, même si le grand public n´en a pas encore entendu parler, il y a déjà des mises en œuvre très prometteuses. Le domaine des « énergies subtiles » déjà exploitées en acuponcture ou avec le magnétisme peut encore livrer de belles surprises. On a déjà trouvé des séquences musicales appelées « protéodies »[4] pour stimuler la synthèse de protéines spécifiques. Les recherches sur les extraordinaires propriétés de l´eau n´en sont encore qu´à leurs débuts[5]. Pour permettre l´émergence de ces découvertes, il faut déboulonner notre science de son piédestal afin de libérer notre imagination or notre science moderne et surtout notre médecine sont totalement inféodées aux diktats de l´argent, ce qui en brime considérablement la survenue.
Pour revenir à l´homéopathie, il suffirait d´accepter de regarder les résultats qui se mesurent facilement avec le taux d´arrêts de travail ou le délai de retour à l´activité. Malheureusement, il est clair que ni les autorités, ni les lobbies médicaux ne veulent en entendre parler, que ce soit pour des motifs bassement économiques ou que ce soit en raison de bouleversements idéologiques. Pourtant, le monde des médecines non conventionnelles[6] reste très médiocre avec un nombre de praticiens très insuffisant et des pratiques très hétérogènes. Par exemple, un médecin peut prescrire de l´homéopathie ou pratiquer l’accupuncture avec un niveau de formation très faible. L’obtention d’un premier rendez-vous chez un bon thérapeute est également suffisamment difficile pour être dissuasive.
Le niveau de formation en homéopathie reste très variable et, même, la formation ne garantit en aucune façon les transformations indispensables dans la démarche thérapeutique et même peut-être dans la conscience du médecin. C´est ainsi que sur 3000 homéopathes exerçant en France, on considère que seuls 300 ont un bon niveau. On peut en effet pratiquer une homéopathie symptomatique destinée à soigner les manifestations des maladies quand elles se présentent ou avoir une exigence plus grande afin de corriger le terrain du malade de façon à ce qu´il soit moins malade.
La maladie doit rester un événement exceptionnel
Pour admettre cette démarche, il ne faut plus considérer la maladie comme un état plus ou moins permanent dont la survenue est par nature inéluctable. Dans notre époque, ce serait déjà une révolution que d´admettre que la maladie doit être un évènement exceptionnel et que l´état de maladie chronique dans lequel l´homme moderne est maintenu n´est pas une fatalité mais le résultat plus ou moins volontaire d´une médecine qui y trouve son compte en termes de pouvoir[7] et d´argent.
Après ce qui vient d´être dit, il ne faut pas s´attendre à ce que les « écailles tombent des yeux » de nos politiques et de nos experts en tout genre, d´autant que les intérêts économiques sont énormes. Comment donc cette situation pourrait-elle évoluer ? Il me semble que le développement d´une conscience collective, d´une demande de plus en plus forte du public pour comprendre les règles qu´on lui impose et une exigence quant à liberté de soin pourraient créer les conditions d´un changement radical. Malheureusement, les résistances sont encore très puissantes et, si les patients ont encore beaucoup de mal à faire respecter leurs droits[8] en matière de choix thérapeutique, que dire des contrainte et des brimades que l´on impose à tous les médecins qui s´écartent tant soit peu de l´orthodoxie médicale. Si la médecine moderne était réellement efficace, cette contrainte pourrait éventuellement se justifier mais si on considère le désastre économique et les médiocres résultats thérapeutiques[9], cette imposition est tout simplement criminelle.
La médecine est actuellement dans la position du communisme dans les années 80. La faillite est totale mais les résistances sont énormes, pourtant à ce moment, personne ne pouvait imaginer la chute du mur de Berlin. Nous savons que plus un système est dur et plus il s´effondrera brutalement. Le problème est que les moments qui suivent cet effondrement sont catastrophiques et qu´il serait préférable d´avoir anticipé et préparé la transition. La question de notre avenir sanitaire est à ce prix.
> Les intertitres sont de la rédaction.
[1] Je ne dis pas que l´accupuncture est limitée dans son champ d´action mais que les médecins occidentaux considèrent que son champ se limite aux domaines où elle excelle, c´est-à-dire les douleurs et les problèmes nerveux.
[2] Pour une médecine écologique, Christian Portal, éditions Alphée, Jean-Paul Bertrand.
[3] Précisons tout de même que l´immense majorité des pharmacies vendent des remèdes homéopathiques. Je n´ai d´ailleurs jamais vu de pharmacie qui n´en vende pas.
[4] Pr Régis Dutheil et Brigitte Dutheil, L´homme superlumineux et La médecine superlumineuse, aux éditions Sand.
[5] Patrick Le Berre, L´eau, matrice de vie, miroir de la conscience, aux éditions l´Harmattan.
[6] Ensemble des pratiques thérapeutiques reconnues par la résolution A4-0075/97 du Parlement européen.
[7] Il faut peut-être rapprocher cette idée du fait qu´une grande part des élus soit constituée de médecins.
[8] Loi du 2 mars 2004, dite loi “droits des malades” ou loi Kouchner.
[9] Cet aspect a été largement développé et démontré dans mon livre cité ci-dessus.