Michèle Rivasi : « Il faudrait une directive sur le métier d’herboriste »

Telle est l’une des propositions qui ont été formulées à la fin d’un bel exercice de démocratie et de transparence européennes : le forum de questions-réponses autour de la directive sur les remèdes traditionnels à base de plantes.


La députée européenne Michèle Rivasi, lors du forum.

Le Parlement européen a accueilli à Bruxelles, le 21 juin 2011, un forum original avec la participation de la Direction générale santé/consommateurs (DG Sanco) de l’ Union européenne, de l’Agence européenne du médicament (Ema), de l´Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), d’experts nationaux et d’ONG. Députés, représentants de la Commission, experts juridiques et nationaux, herboristes et représentants d’ONG ont échangé, se sont écoutés et ont fait émerger des propositions pour améliorer la directive 2004/24/EC sur les remèdes traditionnels à base de plantes (THMPD).

A la fin de la rencontre, la députée Michèle Rivasi a insisté sur la nécessité de « sauvegarder la diversité » des plantes. Beaucoup de pétitions, dont certaines ont dépassé le million de signatures, ont montré que « cette connaissance ancestrale est inscrite dans nos gènes. Les gens ont le sentiment que les plantes peuvent leur apporter un plus. Plantes aliments et plantes médicaments, les deux sont liées : il ne faut pas limiter leur utilisation tout en garantissant la sécurité des consommateurs. Il faudra enrichir, étendre cette directive, peut-être concevoir un nouveau texte. Sur le plan de la connaissance, il faut multiplier les experts, mais aussi les utilisateurs et les gens qui travaillent sur les plantes ; ne pas réduire seulement au monde scientifique, être le plus holistique possible. Peut-être avons-nous été un peu trop rigoristes sur ce plan. Enfin, il faudrait faire une directive sur le métier d’herboriste, qui malheureusement, n’existe plus en France. C’est un vrai savoir, qui ne doit pas être monopolisé par une catégorie de personnes et qui, avec formations à la clé, peut être source de conseils aux populations et favoriser la biodiversité ».


L´avocate Isabelle Robard.

La directive THMPD a fait l’objet de plusieurs campagnes menées contre elle. « Aux côtés d’arguments erronés parfois mis en avant, explique Michèle Rivasi, certaines préoccupations sont légitimes et justifiées. Ainsi, fin février 2011, la liste communautaire des substances, préparations et remèdes traditionnels à base de plantes déjà enregistrés ne comptait que 215 produits. Et seules 79 monographies communautaires de plantes médicinales ont été finalisées à ce jour ».

Adopté en 2004, le texte introduit une procédure allégée, plus simple et moins coûteuse, d’enregistrement des remèdes traditionnels à base de plantes, tout en garantissant la qualité, l’innocuité et l’efficacité du produit.

Les remèdes traditionnels à base de plantes déjà sur le marché ont bénéficié d’une période de transition exceptionnellement longue de 7 ans à la date d’entrée en vigueur de la Directive. Cette période transitoire de 7 ans s’est terminée le 30 avril 2011. Les produits et remèdes traditionnels à base de plantes qui n’ont pas été enregistrés à cette date ne peuvent plus de facto être sur le marché en tant que « médicaments ».

La directive THMPD ne s’applique pas aux médecines complémentaires et n’interdit aucune substance spécifique, praticiens de santé, livres ou plantes.

Après des introductions à la directive et ses enjeux par la directrice générale de la DG Sanco et d’Isabelle Robard, avocate, spécialiste du droit de la santé, trois sessions de questions réponses ont été menées : l’une sur la mise en œuvre de THMPD, une seconde sur les risques et problèmes posés par cette directive, et la dernière sur les éventuelles révisions à envisager sur ce texte.

>> Voir la conférence sur les remèdes traditionnels à base de plantes du 21 juin 2011.

La castration volontaire : une solution radicale pour maîtriser ses pulsions

A l´heure où les frasques sexuelles d’hommes politiques font la une des journaux dans le monde entier, Ouvertures s’est intéressé à cet acte extrême qui consiste, pour un mâle, à supprimer la cause physique de ses ennuis : la castration volontaire.

La pulsion sexuelle peut être vécue comme une souffrance ou une soumission insupportable à l’impératif naturel par certains hommes. D’où leur désir de recourir à la castration chimique (réversible) ou physique (définitive).

La question de la castration est rarement évoquée publiquement, sauf quand il s’agit de l’imposer ou de la proposer à des pédophiles ou des violeurs. L’acte volontaire, lui, est rare.

De récentes études éclairent un peu un phénomène que l’on comprend généralement mal. Il existe une grande variété de profils d’hommes qui choisissent cette solution. D’âges très différents, ils commencent généralement à envisager la possibilité aux alentours de 20 ans et passent à l’acte en moyenne vers 40 ans.

Les conséquences de la castration

Les conséquences les plus connues de la castration, physique ou chimique, sont une chute de la libido (mais pas sa disparition totale), un rétrécissement génital, un certain gain de poids et une diminution de la pilosité. Le fait est que ce sont précisément ces manifestations qui sont recherchées.

Dans un article paru dans Quasimodo, Philippe Liotard raconte la difficulté d’accès aux informations sur ce sujet : « Le caractère secret de la démarche comme la volonté de conserver une identité sociale honorable ne pousse pas à la confidence. Cependant, avec l’avènement d’Internet, des communautés virtuelles se sont constituées qui permettent des échanges mondiaux sur la question ».

Selon de nombreux interlocuteurs, le fondement de la décision doit reposer sur la certitude qu’a la personne que la castration entraînera bien une amélioration de sa vie.

J. est un des rares Français assidus sur les différents forums (anglophones) de discussion consacrés aux eunuques. Dans des propos recueillis par Philippe Liotard, il explique que, pour lui, « l’idéal ce serait de ne plus être rien. Ni homme, ni femme ».

« Les effets principalement espérés de la castration ne se réduisent pas à des questions d’anatomie, note P. Liotard. Bien au contraire. Les témoignages des eunuques (témoignages qui alimentent les désirs de ceux qui aspirent à le devenir) privilégient un état de bien-être, un calme qu’ils ressentent peu de temps après l’opération. »

Au centre du désir de devenir eunuque se situe la volonté d’accéder à une nouvelle sexualité, mieux maîtrisée, moins “animâle”, la volonté aussi d’échapper aux comportements attendus des hommes en matière de sexualité.

La pression des normes morales

Mais, pour J., la question principale reste de trouver quelqu’un qui puisse réaliser l’opération. En effet, l’acte castrateur, en raison notamment de son irréversibilité, fait peur.

Les médecins sont réticents (voir encadré), à tel point que sont apparus des « cutters », autrement dit des « coupeurs ». Il s’agit de non médecins qui réalisent ce type d’intervention, le plus souvent en dehors de toute structure hospitalière. Avec tous les risques que cela comporte, comme les faiseuses d’ange dans les pays où l’avortement est interdit. Une extrémité à laquelle J. ne se résout pas : « Avec un cutter : moi je le ferai pas. Je regrette de ne pas trouver en France un médecin qui accepte de m’opérer. Ce serait une manière d’avoir le choix. Là, on ne me laisse pas le choix ».

Les médecins sont réticents
Voici ce qu´écrit un internaute sur le forum du site sante-medecine-commentcamarche :« Je n´ai pas l´âme paisible et le self-contrôle d´un moine capable de balayer ses pulsions sexuelles. Je n´ai pas la chance d´être naturellement asexuel. Je regarde du porno pour combler mon manque ce qui ne fait probablement que l´augmenter et me fait terriblement honte (j´ai 100 fois essayé en vain d´arrêter, c´est une vraie addiction).
Les rencontres d´un soir ne m´intéressent pas, et je n´envisage pas non plus de recourir à une “professionnelle”, l´idée même me dégoute.
Je sais qu´il existe des traitements des traitements dits de “castration chimique” qui éliminent les pulsions sexuelles de façon hormonale. Si ils sont utilisés pour les pervers et autres pédophiles, je ne vois par pourquoi ça ne marcherait pas sur un homme “normal”. Un tel traitement me permettrait de me débarrasser de toute frustration et probablement d´être heureux. »
La réponse du site :« La notion de “castration chimique” ne peut se concevoir que dans 2 cas: certaines formes de délinquance, comme signalé plus haut, et dans le cadre du traitement du cancer de la prostate.
L´envisager dans la problématique de [l´internaute] ne me parait pas possible. L´éthique médicale française interdit d´attenter à l´intégrité physique ou physiologique d´un individu sain de corps et d´esprit, même sur sa demande. De plus, libéraliser cette pratique serait la porte ouverte à bon nombre d´abus condamnables.
En bref, il ne faut pas “jouer” avec la normalité physiologique, ce n´est pas très sain et peut engendrer des regrets trop tardifs.
Bien sûr, il existe des médecins moins “regardants” ou avec une morale plus élastique. Mais dans ce domaine là, ils ne doivent pas être très nombreux. »
La réaction de l´internaute un peu plus tard :« Je retombe un peu par hasard sur mon message près d´un an après. Merci à ceux qui m´ont répondu, certains messages m´ont bcp éclairé.  Avec le temps, j´ai compris que si le désir était physique et hormonal, la frustration, elle, est cognitive, et aucun produit chimique ne m´en débarrassera. »

“Cognitive” et… “affective ou émotionnelle”, comme le dit bien une intervenante dans la discussion.

À sa connaissance, il n’y a pas d’eunuque volontaire en France. La quasi totalité des eunuques “réalisés” vivrait en Amérique du Nord. Sans doute en raison de la forte pression des normes morales qui y sont à l’œuvre. « Le tiraillement est tellement douloureux entre les pulsions sexuelles ressenties et l’exigence de maîtrise que la castration apparaît un moyen radical d’entrer dans le droit chemin », écrit le rédacteur de l’article.

Pour en savoir plus

Pour faire face à des pulsions sexuelles incontrôlées, différentes voies sont possibles :
– opération chirurgicale. Irréversible, elle est à déconseiller la plupart du temps.
– traitement par médicament (castration chimique). Attention, la voie chimique seule risque de n’être pas suffisante. Il sera intéressant également de se faire accompagner sur le plan psychologique ;
– traitement psychologique, psychanalytique, psychothérapique. Pour ces trois voies (opération, médicament ou psychologie) : renseignements dans les services d’andrologie ou d’urologie de votre région ;
– voie spirituelle : méditation, prières, changement de nourriture, naturopathie, etc.
Tâchez de trouver une personne de confiance et impartiale pour vous accompagner dans vos démarches.

Face au refus des chirurgiens de les opérer, des hommes trouvent des praticiens qui acceptent de le faire dans la clandestinité, comme l’avortement auparavant, c’est-à-dire avec des risques non maîtrisés. Ces opérateurs sont accessibles par internet.
D’autres peuvent tenter leur chance dans des pays où la pratique existe à certaines conditions, comme en Suisse, au Canada ou en République Tchèque.

On peut aussi se renseigner :

– auprès des différents CRIAS (Centres de Ressources pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles) existant en France :
http://www.criavs.org/
– Association L’Ange Bleu (Association Nationale de Prévention et d’Information Concernant la Pédophilie) : elle écoute aussi bien les victimes des pédophiles que les pédophiles qui cherchent des conseils pour s’en sortir :
http://www.ange-bleu.com/
Les principaux moyens chimiques d’agir sont : Androcur (comprimé) et Salvacyl (injection).

>> Lire aussi : En France, des castrations volontaires se font dans la clandestinité

>> La castration chimique, un forum de Doctissimo.

>> Un site consacré à la question des eunuques [en].

La Commission européenne a enregistré la pétition en faveur des initiatives issues de l´anthroposophie

Grande première citoyenne : parce que les anthroposophes sont parvenus à réunir plus d´un million de signatures dans les pays européens, la Commission européenne doit maintenant concevoir un cadre juridique visant à « préserver la liberté de choix et l’opportunité de choisir des produits et des services anthroposophiques ».


Le commissaire John Dalli et Thomas Goeing représentant de la pétition citoyenne Eliant.
© European Union, 2011 | Brussels – Berlaymont.

Commissaire européen à la santé et la politique des consommateurs, John Dalli a reçu le 13 mai 2011 des représentants de l´Alliance européenne des initiatives en faveur de l´anthroposophie (Eliant) qui lui ont remis une pétition signée par plus d´un million de citoyens européens. Le texte invite la Commission européenne à prendre des mesures à l´appui de certaines applications issues de l’anthroposophie, comme l´agriculture biodynamique et les aliments, la médecine anthroposophique et les disciplines thérapeutiques holistiques.

« Plus d´un million de citoyens européens l’ayant signée, a expliqué le Commissaire Dalli dans un communiqué, je me suis engagé à étudier sérieusement la demande formulée dans cette pétition sur les mesures qui pourraient appuyer divers aspects de “l´anthroposophie appliquée”. La requête d’Eliant est clairement inspirée de l´article 11 du Traité de Lisbonne et du règlement récemment adopté sur les initiatives citoyennes. J´ai indiqué aux représentants de l´alliance que la Commission a déjà pris des mesures sur certains aspects de la pétition. J´ai également souligné que la réglementation du Conseil et du Parlement européen sur les initiatives citoyennes (n° 211/2011) n´est pas encore en vigueur et qu´elle s’appliquera à partir du 1er avril 2012 ».

Antony Gravili, porte-parole du commissaire à l´administration et aux relations interinstitutionnelles de l´Union européenne, précise qu´avant cette date « toute pétition est donc une pétition et non une initiative citoyenne ». Frédéric Vincent, porte-parole “santé & politique des consommateurs”, ajoute : « Les commissaires concernés par les pétitions en question reçoivent les porteurs de texte. Il n´est pas possible à ce stade de s´engager sur les suites qui pourraient être données aux textes en question. Ceux-ci sont examinés par les services de la Commission ».

La pétition a recueilli 1 001 671 signatures des 27 Etats membres de l´Union européenne et 118 630 signatures de 137 autres pays. Seul le premier chiffre a été pris en compte par la Commission.

La direction santé et consommateurs (DG Sanco) de la Commission note que l’”anthroposophie” est une philosophie portant sur des questions spirituelles essentielles pour l´humanité et sur la nécessité de se relier au monde grâce à une approche scientifique de l´esprit, en toute liberté et sur la base de décisions purement individuelles. L’”anthroposophie appliquée” concerne les implications pratiques de l´anthroposophie.

> Le memorandum de l´Alliance Eliant.

Thierry Lepercq, Solaire Direct : « Le photovoltaïque compétitif à grande échelle, on y est ! »

Après le tollé provoqué par le coup de frein gouvernemental sur le solaire photovoltaïque, les acteurs de la filière française ont parlé avec les sénateurs. Nous avons choisi une des interventions de la table ronde du 9 mars 2011 au Sénat, celle de Thierry Lepercq, fondateur de la société Solaire Direct qui est devenue en quelques années un acteur important du développement du solaire photovoltaïque en France.

Le 9 décembre 2010, le gouvernement avait décidé de suspendre pour une durée de trois mois la conclusion de nouveaux contrats avec obligation d´achat de l´électricité produite par des installations photovoltaïques, hors petites toitures résidentielles. Cette décision avait provoqué une vive inquiétude chez de nombreux porteurs de projets et entrepreneurs locaux.

L´ensemble des acteurs de la filière ont alors participé à une concertation pour faire un bilan des conditions de développement de cette filière en France. Deux arrêtés publiés au Journal officiel du 5 mars 2011 ont alors fixé un nouveau cadre réglementaire.

Le 9 mars 2011, la commission de l´économie, du développement durable et de l´aménagement du territoire et le groupe de l´énergie du Sénat ont organisé une table ronde sur l´avenir de la filière photovoltaïque française. Objectif : permettre aux acteurs de la filière (entrepreneurs, organisations professionnelles, organismes de recherche) et à l´administration (direction de l´énergie) d´échanger avec les sénateurs au sujet de l´avenir de la filière photovoltaïque.

Voici l´intervention de Thierry Lepercq :


Thierry Lepercq lors de son intervention devant la commission sénatoriale. Cliquer sur l´image pour accéder à la vidéo.

« Solaire Direct, qui produit de l´électricité solaire, s´apprête à lancer une activité à très grande échelle en France, au Chili, en Inde, au Maroc et en Afrique du Sud, sans subvention. Notre entreprise faisait 1 M€ de chiffre d´affaires en 2007, 160 M€ en 2010. Nous sommes un opérateur qui travaille avec la Caisse des dépôts et emploie quelque 300 personnes, dont le tiers dans l´industrie.

« Nous avons aujourd´hui une opportunité. Oui, le développement est possible et, oui, la filière va se structurer. Ce que fait le gouvernement est salutaire : l´intérêt général commande la vigilance sur l´emploi des fonds publics. Nous étions sur une trajectoire absurde. Si elle nous a servis, on voit qu´elle a conduit l´Italie, avec 8 GW, à une facture tragique de 50 milliards d´euros : d´où les sortira-t-elle ? Quoique sévère, voire brutale, la décision intervenue a préservé, jusqu´à un certain point, l´avenir du photovoltaïque. Il était indispensable de mettre le cap sur la compétitivité et nous allons prouver en 2011 que c´est possible : nous signons en France des contrats de vente d´électricité à des compagnies d´électricité, sur des dizaines de mégawatts, et nous allons à l´appui de cela développer un outil industriel intégré, du lingot au module [1]. Nous produirons une électricité compétitive, dans notre pays, et raccordée au réseau fin 2012 ou en 2013.

« Le bâtiment photvoltaïque intelligent, intégré, requiert une démarche spécifique. Le photovoltaïque à grande échelle compétitif, on y est. J´invite avec solennité tous les décideurs publics à prendre la mesure de l´événement colossal que constitue cette transformation. Samsung a décidé d´investir 3 milliards dans le photovoltaïque. Les Asiatiques avec lesquels nous discutons vont très vite parce qu´ils sont convaincus de sa compétitivité ; de même, l´Afrique du Sud, dont je reviens, veut quadrupler sa production. C´est dire que l´opportunité est considérable.

« Que faire ? Les dispositifs sont là. Leur manque aussi. Nous devons vivre avec, de manière frugale et déterminée. Pour développer des infrastructures, on a besoin d´une vision à long terme et de confiance. Le défaut de parole de l´État sur le crédit d´impôt [2] a entraîné un vote de défiance, le marché est mort et les entreprises sont en difficulté. Recréer la confiance est absolument indispensable. L´État a pour cela un rôle fondamental à jouer. Il s´agit de donner une vision et de mettre en place des outils de garantie afin de baisser les coûts.

« Le low cost n´est pas un gros mot, dès lors que l´on garantit la sécurité et la fiabilité, partant la bancabilité – nous n´aurions pas levé 400 millions sans cela. S´agissant du coût du capital, il y avait des rentes de situation absurdes, même si nous en avons profité. Il est temps de canaliser l´épargne. J´ai demandé à la Macif, à quelle condition elle investirait une partie de ses 19 milliards d´euros d´assurance-vie dans mon projet. “Quand il y aura des véhicules qui inspirent confiance”, m´a-t-elle répondu.

« Nous avons la possibilité d´avancer. L´État et les territoires peuvent prendre part à la renaissance du photovoltaïque. Quelle opportunité pour le pays ! Je suis pour ma part très confiant dans l´avenir. »

> Pour en savoir plus sur le développement du photovoltaïque en France, lire le rapport du Sénat du 13 avril 2011  Quel avenir pour la filière photovoltaïque française ?

> Voir aussi Le Journal du Photovoltaïque, N° 5, hors-série du Journal des Énergies Renouvelables, avril 2011 : “241 industriels français réagissent aux nouvelles règles du jeu.”


[1] Le lingot est un barreau de silicium, matière première des cellules photovoltaïques. Le module est le produit fini installé sur les toits.

[2] La loi de finances pour 2011 a fixé à 22 %, contre 50 % précédemment, le taux du crédit d´impôt sur le revenu relatif aux panneaux photovoltaïques acquis à compter du 29 septembre 2010.

Prostitution en France : portrait en chiffres et en lettres

Les chiffres, les informations et les extraits publiés dans cet article sont tirés du rapport d´information présenté par le député Guy Geoffroy, en conclusion des travaux d’une mission d’information sur la prostitution en France (13 avril 2011).


Affiche des Red Lions du Val-de-Marne
(RL 94), groupe autonome membre de
l’Action antifasciste.

D’après l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (Ocrteh), il y aurait entre 18 000 et 20 000 personnes prostituées en France aujourd’hui. Ce chiffre est issu, selon le ministre de l’Intérieur, du croisement de diverses données : le nombre de personnes mises en cause pour racolage par la police nationale, le nombre de victimes de traite des êtres humains ou de proxénétisme identifiées dans des procédures judiciaires et les évaluations issues du monde associatif.

Cette estimation a été contestée par le Syndicat du travail sexuel (Strass). D’une part, elle prendrait essentiellement en compte la prostitution de rue, qui, dans des pays comme le Royaume-Uni ou la Suisse, ne représenterait que de 13 à 15 % de la prostitution totale. D’autre part, le chiffre de la prostitution en France semble très inférieur à celui des autres pays européens, notamment l’Allemagne, où l’on compterait 400 000 personnes prostituées.

837 prostituées recensées en une journée à Paris

Selon un recensement ponctuel organisé le 1er octobre 2010 par la préfecture de police, il y aurait eu, ce jour précis, 837 personnes prostituées dans les rues de Paris. Toutefois, la prostitution étant par nature une activité masquée, ce chiffre est nécessairement inférieur à la réalité. En effet, ce recensement ne saurait tenir compte des personnes prostituées qui évitent sciemment la police, de celles qui n’exercent pas ce jour-là ou bien encore de celles qui ne se trouvent pas dans l’espace public au moment du dénombrement.

Par ailleurs, en ce qui concerne la région parisienne, il faut de tenir compte de la périphérie de Paris, qui abrite, depuis la création de l’incrimination du racolage en 2003, des personnes prostituées qui exerçaient auparavant à Paris intra muros. En effet, la loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure a repoussé la prostitution parisienne en périphérie de la capitale.

Comparaison des chiffres de la prostitution de rue en France

Ville

Chiffres de l’Ocrteh

Chiffres des associations

Lyon

802

650

Bordeaux

252

600

Nice et Cannes

413

700 (Nice seulement)

Toulouse

127

500 à 600

Marseille

301

600

Sources : Rapports de l’Ocreth pour 2009 et 2010 ; auditions des associations.

De 4 000 à 10 000 mineurs prostitués

Selon l’association Hors la rue, il y aurait 4 000 à 8 000 mineurs en situation de prostitution en France aujourd’hui. De façon générale, la prostitution des mineurs serait en forte progression, ce que confirme l’Amicale du Nid. De même, l’Association contre la prostitution des enfants fait part de chiffres pour le moins inquiétants : près de 10 000 mineurs.

611 établissements à activités prostitutionnelles

Il y aurait, d’après le rapport de l’Ocrteh de 2009, 611 établissements présentant un risque de prostitution en France. Ces établissements peuvent être des bars à hôtesse, où les serveurs et serveuses doivent jouer de leurs charmes pour pousser le client à consommer plus d’alcool. Cependant, dans de nombreux cas, ces bars, aussi appelés « bars américains » dans le sud de la France et en Corse, abritent bel et bien des activités prostitutionnelles

De même, les salons de massage et les clubs à vocation sexuelle (strip-tease, échangisme…) sont susceptibles d’abriter des activités prostitutionnelles.

10 000 annonces d’escorting indépendant

D’après M. Laurent Mélito, sociologue, qui réalise actuellement des recherches sur l’escorting, il existerait près de 10 000 annonces distinctes sur Internet, à destination de la France, qui apparaissent sur cinq à six sites dédiés. Parmi ces annonces, seules 4 000 seraient le fait de personnes prostituées indépendantes, n’exerçant pas par le biais d’”agences”.

Les acteurs de la vie étudiante que la mission a auditionnés sont unanimes : la prostitution étudiante existe, dans des proportions toutefois non déterminées.

Prostitution masculine :  entre 10 et 20%

D’après le rapport annuel de l’Ocrteh, les personnes prostituées de sexe masculin ne représentent que 13 % des personnes mises en cause pour racolage en 2010. Ces chiffres ne portent toutefois que sur la prostitution de rue et celle exercée dans certains établissements. La prostitution masculine représenterait entre 10 % et 20 % de la prostitution de rue.

Des sites Internet sont dédiés à la prostitution masculine et près de 2 500 annonces d’escort boys en France sont recensées sur l’un d’eux.

La prostitution masculine de rue : majoritairement transgenre

Au sein de la prostitution masculine, il faut faire une place spécifique à la prostitution des personnes transgenres. Ce terme recouvre une réalité variée, allant des travestis  aux personnes transsexuelles. Dans l’univers prostitutionnel, les travestis et transsexuels sont, presque dans la totalité des cas, des individus de sexe masculin. La prostitution masculine de rue semble majoritairement transgenre.

Extrait (texte intégral)

La prostitution de personnes âgées : une vulnérabilité financière et sociale

« Peut-on imaginer sa grand-mère dans de telles conditions ? Est-ce humain ? Est-ce normal dans un pays comme la France ? », s’est indignée Mme Gabrielle Partenza, présidente de l’association Avec Nos Aînées, lors de son audition.

De fait, la prostitution des personnes âgées, au sujet de laquelle nous ne disposons que de peu d’éléments, semble signer l’échec des politiques sociales à l’égard de cette catégorie de la population. Il a en effet été rapporté à la mission d’information que certaines personnes prostituées seraient âgées de plus de 80 ans. Mme Gabrielle Partenza en a d’ores et déjà dénombré environ deux cents, âgées de 65 ans à 80 ans, au cours d’une étude menée sur le sujet, mais elle estime qu’elles sont bien plus nombreuses encore.

La majorité d’entre elles ne sont pas entrées dans la prostitution à cet âge. Cependant, certains facteurs peuvent les pousser à s’y maintenir ou à y revenir après une période d’interruption.

La cause principale de l’entrée dans la prostitution de femmes d’un certain âge ou de continuation et de reprise de cette activité, est à rechercher dans la faiblesse des pensions de retraite dont elles bénéficient. Mme Gabrielle Partenza a ainsi indiqué que beaucoup d’entre elles touchaient une retraite d’un peu plus de 60 euros par mois. Mal informées de leurs droits à la retraite, ces femmes cumulent en réalité plusieurs handicaps. Abandonnées par leurs proches et leurs conjoints, elles recourent à la prostitution de rue pour survivre.

Parmi ces femmes, certaines sont entrées dans la prostitution à un âge mûr ; pour d’autres, elles ont été contraintes de reprendre cette activité après un échec financier. Certaines personnes prostituées avaient en effet cessé cette activité pour monter une petite entreprise commerciale. Mais un redressement fiscal ou social les a conduites à retourner dans la rue. Dans d’autres cas, le conjoint, parfois tout juste sorti de prison, leur a volé leurs économies. Les situations d’endettement sont également nombreuses parmi les personnes prostituées âgées et le marché de l’emploi, fermé aux seniors, ne leur permet pas d’y faire face.

Enfin, certaines personnes prostituées, n’étant pas parvenues à réaliser des économies substantielles au cours de leur activité, ne parviennent pas à financer leur retraite et doivent donc continuer leur activité. Comme le dit cette femme âgée de 68 ans, « tu sais, à un moment, faut savoir arrêter. Mais ce n’est pas facile, il faut pouvoir le faire. Il faut avoir des sous de côté sinon comment tu veux faire, on a droit à rien alors qu’on a bossé toute notre vie, qu’on a payé des impôts, et des amendes par centaines… Regarde-moi, j’ai 68 ans et je suis toujours là. »

L’âge de ces femmes n’est pas sans conséquence sur leur santé et sur la façon dont elles exercent leur activité prostitutionnelle. Ayant déjà « un pied dans la tombe », comme le dit l’une d’entre elles, elles acceptent sans peine des rapports non protégés. De fait, Mme Gabrielle Partenza souligne qu’il est difficile de leur faire utiliser des préservatifs. Les personnes prostituées de plus de 60 ans sont aussi plus sensibles aux rudes conditions d’exercice de la prostitution de rue : trois cas de tuberculose ont été détectés en 2010. Comme le relève le compte rendu d’une recherche-action récemment conduite par l’association des Amis du bus des femmes : « Certaines d’entre elles se voient contraintes de maintenir leur activité malgré un état de santé défavorable. Les problèmes de santé dus au vieillissement du corps (douleurs articulaires, problèmes cardiovasculaires, tension…) mais également à des conditions difficiles d’exercice d’une activité pendant plusieurs années (froid, position debout, travail de nuit, stress…) se font ressentir sur leurs corps. »

La prostitution “traditionnelle” cède la place aux réseaux d’exploitation sexuelle

Un des faits marquants des dernières décennies tient à la place prise par les réseaux de traite étrangers dans le domaine prostitutionnel. La prostitution « traditionnelle » semble avoir progressivement cédé la place aux réseaux d’exploitation sexuelle. En parallèle, l’activité des personnes prostituées de nationalité française a décliné par rapport à celle des personnes de nationalité étrangère.

Plus de 90% des prostituées sont étrangères

En 2010, la part des personnes étrangères est estimée par l’Ocrteh à 91 %.

Les hommes étrangers qui se livrent à la prostitution sur la voie publique viennent essentiellement d’Amérique latine. Parmi les hommes étrangers mis en cause pour racolage par la police nationale en 2010 (81), 72 % étaient originaires d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, et 12,5 % du Maghreb.

La prolifération des réseaux de traite et d’exploitation sexuelle

Les bouleversements géopolitiques des années 1990 – effondrement de l’Union soviétique, conflits balkaniques, crises politiques en Afrique – ont engendré la prolifération des réseaux de traite et d’exploitation sexuelle. C’est par exemple le cas de l’Albanie.

De plus, l’ouverture des frontières qui a résulté de la chute du mur de Berlin et de la création de l’espace Schengen, en 1995, a facilité les mouvements migratoires et partant, l’activité des réseaux et l’arrivée de personnes prostituées étrangères en France. De même, l’existence d’un marché unique européen, assurant la libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux facilite l’entreprise des réseaux criminels.

Les personnes prostituées étrangères sont, en grande majorité, soumises à des réseaux de prostitution, qui gèrent toute la filière prostitutionnelle, du recrutement au rapatriement des produits de la prostitution.

Ces réseaux se distinguent du simple proxénétisme par leur structure organisée et le nombre de leurs membres. Loin d’être un proxénète isol&e
cute;, la tête de réseau
est entourée de “lieutenants”, parfois de sexe féminin, qui assument pour lui toutes les étapes de la traite des êtres humains : recrutement ou embrigadement des personnes prostituées, hébergement, transfert vers la France, mise en état de prostitution et collecte des fonds.

En France, les principaux pays d’origine de la traite sont la Bulgarie et la Roumanie pour l’Europe de l’Est, le Nigeria et le Cameroun pour l’Afrique, et la Chine pour l’Asie.

D’après le rapport de l’Ocrteh, 39 réseaux internationaux de prostitution ont été démantelés en 2010.

Extrait (texte intégral)

Une stigmatisation particulièrement forte des personnes prostituées

Mépris, agressivité, manque de respect, insultes, humiliations sont le lot quotidien des personnes prostituées de rue, dont l’activité est la plus visible. C’est ce qui ressort du journal des répressions et des violences tenu par l’association de santé communautaire Cabiria, qui énumère les actes de violence subis par les personnes prostituées lyonnaises : « Une femme bulgare travaillant dans le quartier de Perrache nous fait part des insultes, jets de cannette, crachats qu’elle subit quotidiennement de la part des passants » ou encore « deux femmes travaillant en camionnette dans le quartier de la Halle Tony Garnier se font filmer, contre leur volonté, par des jeunes venus voir un concert ».

On peut également y lire que « d’autres femmes nous signalent qu’elles sont également la cible de projectiles, parfois lancés par des femmes, depuis leur fenêtre ou leur balcon. Parmi les projectiles, il arrive fréquemment qu’il y ait des sandwichs ». Le jet de détritus sur les personnes prostituées est particulièrement révélateur de la position sociale que les passants et riverains leur assignent.

L’enquête Droits et Violences de la mission de Médecins du Monde auprès des personnes se prostituant à Nantes, réalisée en 2009 et 2010, montre également que les personnes prostituées sont parfois agressées physiquement par les passants. Si ces manifestations d’hostilité sont vécues douloureusement par les personnes prostituées, la commisération dont certains font preuve à leur égard, en leur donnant quelques billets pour qu’elles cessent leur activité, l’est tout autant.

Les personnes prostituées feraient également l’objet d’humiliations de la part des forces de l’ordre. L’enquête Droits et violence de Médecins du Monde souligne que plusieurs des personnes interrogées rapportent des moqueries, des insultes voire du voyeurisme de la part de certains policiers. C’est également le sens du témoignage d’Alicia, « masseuse » qui a été escroquée par un client : « Pour mon histoire d’escroc, je suis allée à la police. J’ai dit que je faisais des massages. Ils m’ont humiliée, ils n’ont fait aucune différence avec une prostituée. Pour la chambre de commerce, on est masseuse indépendante et pour la police on est une pute. J’ai horreur de ce mot, pute. C’est terrible, ce qu’il est lourd à porter… »

C’est aussi ce que semble indiquer le journal des répressions et des violences de l’association Cabiria. La fréquence des enlèvements de camionnettes et des contrôles policiers est comprise comme une forme de harcèlement par les personnes prostituées : « Une femme travaillant à pied dans le quartier de Perrache est contrôlée par la police sept fois dans la même journée ». Ce journal montre également les abus de pouvoir dont certains policiers peu scrupuleux se rendraient coupables : « au matin, une femme est interpellée par la police en quittant sa place de travail. Elle est conduite en garde à vue, fouillée, interrogée. Un défaut de clignotant et un délit de fuite lui sont reprochés. Elle sort de garde à vue vers 14 heures, sans amende, sans poursuite et sans aucun document établissant les raisons de son interpellation ». Le journal fait également état des fausses alertes d’enlèvement de véhicule envoyées par la police aux personnes prostituées : « La police prévient les femmes du quartier de Gerland que la fourrière arrive. Quelques femmes choisissent de rester et constatent que la fourrière n’arrive pas. Selon elles, ce genre d’alertes policières est fréquent ».

La stigmatisation sociale qui pèse sur les personnes prostituées est ainsi à l’origine d’une grande souffrance morale. Mme Muriel Salmona, psychiatre traumatologue, décrit ainsi leur état psychologique : « Elles crèvent, littéralement, d’être enfermées dans un no man’s land, de devoir se taire à cause de la honte et de la culpabilité ».

Racolage passif : une mesure d’une efficacité relative

Le bilan de l’incrimination du racolage passif (loi n° 2003-239 du 18 mars 2003) est aujourd’hui plutôt mitigé au regard des deux objectifs initialement poursuivis, « mettre un terme au trouble causé à l’ordre public par la prostitution visible et priver le proxénétisme de sa source de profit pour faire ainsi échec à la traite des êtres humains ».

Concernant la répression des troubles à l’ordre public, des effets positifs ont été enregistrés pendant les deux premières années d’application du nouveau dispositif pénal. Comme le note Mme Véronique Degermann, chef de section du parquet pour la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Paris en charge du proxénétisme, les résultats ont été, les premières années, spectaculaires : une très forte diminution de la prostitution de voie publique a pu être constatée. Cela était lié à la définition d’une politique pénale claire et progressive : les personnes interpellées pour racolage recevaient d’abord un rappel à la loi, avant d’être convoquées devant un juge, puis déférées et condamnées en cas de nouvelle récidive.

Mais, comme il a été indiqué par des policiers à la mission, cette politique s’est ensuite grippée. Le taux de défèrement, satisfaisant au début, a continuellement baissé, pour devenir finalement quasi-nul.

Taux de défèrement au parquet des personnes interpellées pour racolage à Paris

Année

Taux de défèrement

2005

38 %

2006

14 %

2007

8 %

2008

0 %

2009

0 %

Source : Préfecture de police de Paris.

D’après l’analyse de policiers entendus par la mission, c’est à la fois par idéologie et par manque de moyens que les parquets ont peu à peu rechigné à déférer les personnes mises en cause pour racolage. Cela a provoqué le découragement des services de police officiant sur le terrain, et donc la diminution des interpellations sur ce fondement. La prostitution de voie publique a dès lors repris sa place dans le paysage urbain de nombreuses agglomérations.

Mais le découragement policier tient aussi au fait que cette infraction, aux contours flous, est difficile à établir.

Tant la diminution des mises en cause que celle du taux de défèrement expliquent la réduction du nombre de condamnations en matière de racolage. En effet, si plus de 1 000 condamnations ont été prononcées sur ce fondement en 2005, soit 4 à 5 fois plus que les années antérieures, ce chiffre a régulièrement décru par la suite, (un peu plus de 200 seulement en 2009).

Estimation du pourcentage d’hommes ayant déjà eu recours à la prostitution dans certains pays d´Europe

Italie

16,7 à 45 %

Espagne

27 à 39 %

Pays-Bas

13,5 à 21,6 %

Suisse

19 %

France

12,6 à 16 %

Finlande

10 à 13 %

Norvège

12,9 %

Suède

7,9 %

Royaume-Uni

7 à 8,8 %

Sources : enquête du Mouvement du Nid, déplacements en Suède et en Espagne.

Perturbateurs endocriniens : les députés prennent enfin conscience du danger

L’Assemblée nationale vient d’adopter en 1ère lecture la proposition de loi du député Yvan Lachaud, visant à interdire l’utilisation des phtalates, des parabènes et des alkylphénols. Enfin, les dangers des perturbateurs endocriniens, ces produits chimiques qui interfèrent avec le système hormonal, commencent à être pris en compte.


Structure moléculaire du bisphénol A,
perturbateur endocrinien très présent
dans l´environnement et
dans le corps humain.

Sur proposition du député Nouveau Centre Yvan Lachaud, les députés ont adopté mardi 3 mai 2011, en première lecture, une proposition de loi visant à interdire la fabrication, l´importation, la vente ou l´offre de produits contenant des phtalates, des parabènes ou des al­kylphénols. Ces substances sont classées “cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction”.

Les parabènes sont principalement utilisés par l´industrie agro-alimentaire et cosmétique. Les alkylphénols sont présents dans les détergents et désinfectants. Les phtalates sont utilisés quant à eux par l´industrie du plastique.

« En ce jour où les ONG pressent la Commission et les Etats-membres de l´Union européenne à enfin agir sur les perturbateurs endocriniens, le vote lucide et courageux des députés français ne pouvait pas leur faire meilleur écho », se réjouit André Cicolella, porte-parole du Réseau Environnement Santé. Il invite les sénateurs à suivre le vote « historique » des députés.

Ligne de rupture

« Avec ce vote, les parlementaires entrent dans la modernité des enjeux de santé publique qu’incarne la question des perturbateurs endocriniens. Nous attendons du gouvernement et des autorités sanitaires qu’ils osent à leur tour franchir cette ligne de rupture », conclut André Cicolella.


Colloque organisé le 28 avril dernier sur l´impact sur la biodiversité des perturbateurs endocriniens.

Le jour même de ce vote, une coalition d´ONG européennes menée par Chemsec a publié une liste de 22 perturbateurs endocriniens à réglementer d´urgence. Parmi eux, des phtalates et des parabènes.

La filière industrielle du plastique regrette l´adoption de cette proposition de loi, qui empiéterait sur le règlement européen Reach qui a précisément pour objectif de faire le ménage sur les « substances extrêmement préoccupantes ». Et elle s´alarme d´une interdiction générale et inadaptée.

Les perturbateurs endocriniens, produits chimiques qui interfèrent avec le système hormonal, sont de plus en plus associés à tout un ensemble d’impacts sanitaires dont certains cancers, le diabète, les troubles comportementaux ou du déficit de l’attention, ainsi que les atteintes à la fertilité.

Le consommateur est mal protégé

En France, rappelle le Réseau Environnement Santé, « la question de l’impact des perturbateurs endocriniens sur la santé fait régulièrement parler d’elle mais sans que des mesures appropriées ne viennent réduire l’exposition de l’ensemble de la population. Le consommateur reste mal informé et surtout mal protégé. Car malgré l’identification de plusieurs substances prioritaires par les organismes de recherche et de veille sanitaire, les évaluations se poursuivent sans déboucher sur une action pourtant bien nécessaire. Aujourd’hui, l’initiative n’émane ni du gouvernement, ni des agences de sécurité sanitaire mais de parlementaires comme les députés Olivier Jardé, Gérard Bapt ou Yvan Lachaud ».

Avec, comme souvent dans le domaine de la sécurité environnementale et sanitaire, la pression mise par les associations et leurs coalitions…

Mais le processus est lent. Cela fait maintenant 20 ans que l’alerte a été donnée sur la perturbation hormonale.

A ce jour, seulement 46 substances ont été identifiées comme « substances extrêmement préoccupantes » et versées à la « liste candidate » de Reach. Et aucune d’entre elles sur la base des seules propriétés de perturbation endocrinienne…

Guyane : le forage en mer « excite » les pétroliers, mais pas tous les Guyanais

Il n’y a pas que le gaz de schiste qui inquiète en France. L’autorisation par le préfet d’un forage pétrolier au large des côtes guyanaises provoque lui aussi une (pour l’instant vaine) levée de boucliers.


Affiche réalisé par Guyane Nature Environnement
pour une réunion d´information.

« Le forage attendu sur le permis de Guyane Maritime, sur le « plus excitant » des prospects identifiés lors de la campagne de sismique 3D, qui est dénommé Zaedyus, peut désormais commencer. Le préfet de la région a signé le 3 mars dernier l’arrêté autorisant ce démarrage. » Ainsi que le rapporte le Bulletin de l’industrie pétrolière n° 11796 du 7 mars 2011, « le forage en Guyane française : c’est parti ! »

Il sera mis en œuvre par la compagnie britannique Tullow Oil (27,5 %), avec Shell France (45 %), Total (25 %) et un autre britannique, Northern Petroleum.

« Beaucoup d’espoirs résident dans la zone où la géologie serait similaire à celle qui a permis à Tullow de découvrir le gisement de Jubilee, au Ghana, faisant de ce pays un Etat pétrolier. Le pétrolier britannique estime qu’entre 40 millions et 1 milliard de barils pourraient sortir de sous la mer guyanaise. Le forage est réalisé par la plate-forme ENSCO 8503 par 1 000 mètres de profondeur d’eau, à 150 km au large de Cayenne. L’opération doit durer deux à trois mois ».

Les associations environnementales protestent en vain

Les pressions environnementales et le souvenir de l’accident de la plate-forme Deepwater Horizon en Louisiane avaient un moment menacé ce projet. Guyane Nature Environnement avait protesté : « Information tardive et toujours pas de concertation, des moyens de lutte contre la pollution insuffisants ou inadaptés et une précipitation de l’entreprise Tullow Oil et de l’Etat ».

Avec Greenpeace, Surfrider et le WWF, GNE a dénoncé « l´absence totale d´information des populations sur les enjeux écologiques et l´absence flagrante de retombées économiques profitables au département ».

« Depuis le début, nous n´avons pas senti d´écoute de leur part [TullowOil], se plaint de son côté le Comité régional des pêches maritimes et élevages marins de Guyane. Alors que nous sommes aussi des chefs d´entreprise, que nous avons tous besoin des produits de la mer. Nous aurions pu travailler en bonne intelligence. Notre filière est la troisième force économique de la Guyane, elle représente un millier d´emplois. Pendant la phase de concertation, nous aurions pu nous faire soutenir par des politiques… Mais non. On s´est senti bien seul ».

Dans une lettre au préfet datée du 10 février, les associations environnementales lui reprochent également de « passer outre les recommandations du 12 octobre 2010 de la Commission européenne, qui préconise : “Si la décision de suspendre des opérations de forage offshore est laissée à la discrétion des États membres, la Commission n´en réitère pas moins sa demande aux États membres de mettre en œuvre avec rigueur une démarche fondée sur la précaution lors de l´octroi de nouvelles autorisations pour des opérations d´exploration gazière et pétrolière complexes et d´examiner l´opportunité de suspendre de telles autorisations jusqu´à ce que les dispositifs européens régissant la sécurité de l´offshore aient été examinés à la lumière de l´accident de Deep water Horizon”. »

« Un simple forage de reconnaissance »

Le préfet de Guyane a tenté de désamorcer les inquiétudes, indiquant notamment qu’il s’agit d’un « forage de simple reconnaissance qui n’a pas vocation à être transformé en puits de production. Il sera d’ailleurs rebouché avant l’été prochain. » Il assure que « toutes les compétences du ministère chargé de l’écologie ont été mobilisées pour analyser le projet ».

Des voix se sont élevées cependant pour déplorer, de la part de la compagnie britannique, « une étude d’impact un peu bâclée et l’ardent désir de forer vite, avant le 1er juin 2011, date à laquelle son permis exclusif de recherche sur une vaste zone de 32 000 km² tombera. A partir de cette date, la Commission européenne risque d’encadrer avec plus de sévérité les activités d’exploration pétrolière ».

>> A lire également : “Forage en Guyane : bientôt des tortues luth mazoutées ?” sur terra-economica.

Le Gabon et l’Illinois renoncent à la peine capitale

Dans le monde, 96 pays ont aboli la peine de mort. Tout récemment, le gouverneur de l’Illinois (États-Unis) et le président du Gabon ont voulu mettre fin à la peine capitale dans leur État.

L’annonce est officielle, le Gabon a définitivement aboli la peine de mort. Une loi, votée en février 2011, a été approuvée dans ce sens par le Parlement gabonais avec les signatures du président de la République, Ali Bongo Ondimba, du premier ministre Paul Biyogha Mba et de la ministre de la justice. Curieusement, les autorités ont attendu un an avant de le faire savoir.

L’action résulte de l’effort conjugué des organisations Communauté de Sant’Egidio et Ne touchez pas à Caïn, membres de la Coalition mondiale contre la peine de mort, en coopération avec le président et le gouvernement gabonais.

La peine de mort est désormais remplacée par la réclusion à perpétuité avec possibilité de grâce ou d’amnistie, ou de liberté conditionnelle, seulement après avoir purgé trente années de peine. La loi abolit également le travail forcé.

De fait, la peine de mort au Gabon n’était plus appliquée depuis plus de vingt ans. Le pays devient ainsi officiellement le 16ème pays d’Afrique à abolir la peine de mort, le quatrième pays africain à l’avoir fait ces trois dernières années, après le Rwanda, le Burundi et le Togo et le 96e pays dans le monde.

L’Illinois ne condamnera plus à mort

Aux États-Unis, qui ont exécuté 52 personnes et condamné à mort 106 autres en 2009, le gouverneur de l´Illinois Pat Quinn a aboli la peine de mort dans son État et commué toutes les condamnations à mort en emprisonnement à vie.
L´Illinois est ainsi le seizième État des États-Unis à avoir aboli la peine de mort. La loi a été promulguée le 9 mars 2011. Suite à une étude de 2001 qui avait montré des erreurs importantes, des préjugés et des inégalités dans le système, le précédent gouverneur George Ryan avait imposé un moratoire sur la peine de mort dans cet État, un moratoire qui allait expirer peu avant le vote de l’abolition. Le Maryland, le Montana, le Connecticut, le Kansas et la Floride ont récemment indiqué qu’ils considéraient sérieusement l’idée de l’abolition.

De son côté, le président béninois Thomas Yayi Boni a demandé à son parlement d’inscrire l’abolition de la peine de mort dans la Constitution. Le texte devrait être examiné lors d´une prochaine session parlementaire.

En République démocratique du Congo (RDC), l´Assemblée nationale a rejeté fin 2011 une proposition de loi sur l´abolition de la peine de mort. La proposition a été jugée « inappropriée dans le contexte actuel » de la RDC. Maître Ngondji, président de l’association Culture pour la paix et la justice note tout de même qu’un pas très important vient d’être franchi dans le combat abolitionniste, l’examen d’un projet de loi d’abolition de la peine de mort étant une grande première en RDC.

En Tunisie, le Conseil des ministres du gouvernement de transition a annoncé, le 1er février 2011, que le pays allait ratifier le statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale, la convention internationale contre les disparitions forcées ainsi que les deux protocoles facultatifs additionnels au pacte international sur les droits civils et politiques. Le deuxième protocole concerne l’abolition de la peine de mort. La Tunisie est déjà abolitionniste de fait : la dernière exécution datant d’octobre 1991 avec l’exécution par pendaison de cinq personnes. L’ex-président Ben Ali, s’il n´a jamais permis à son pays de franchir le pas de l´abolition légale, a toujours signifié sa réprobation de l’emploi de la peine capitale en commuant régulièrement les condamnations à mort en réclusion à perpétuité.

>> La peine de mort dans le monde.

Une initiative médico-citoyenne et régionale : la web TV Dijon-Santé

Des « militants de la santé » prennent en main l’information sur la santé à l’échelle de la région Bourgogne. Le fondateur de Dijon-Santé.fr combat avec eux « pour que cesse la régression actuelle de la qualité des soins » et pour défendre « les droits des patients et en particulier le droit à l’égalité des soins ».

Le lundi 14 février 2011, les membres de Dijon-Sante.fr et son fondateur, François-André Allaert [médecin, conseiller municipal, 17ème vice-président du Grand Dijon] ont présenté leur nouveau site web enrichi en informations pratiques pour les Bourguignons et les Franc-Comtois. Dijon-Sante.fr offre aussi désormais une version mobile entièrement dédiée à l’information locale sur la santé.

Ses promoteurs sont fiers : pour la première fois en France, un site web, lancé il y a deux ans, est entièrement dédié à l’information médicale régionale : « Ce site compte devenir la référence en Bourgogne/Franche-Comté de l’information Santé ».  Sa rédaction, assurent-ils, « est indépendante de toute structure institutionnelle, politique ou commerciale. La web TV Dijon-Santé est l’émanation d’associations de patients, coordonnées par l’association « Santé et Droits des Patients ».

Les objectifs mis en avant sont : « Délivrer une information régionalisée sur le système de santé, ses acteurs, ses progrès et ses déficiences. Elle aborde les sujets sous forme de numéros thématiques mensuels associant des reportages et des témoignages librement décidés par la rédaction. Ces reportages et témoignages visent à informer de manière générale sur l’organisation de la santé en Bourgogne et non pas à délivrer un contenu médical qui viserait à compléter ou à se substituer à la relation médecin/patient ».

François-André Allaert, fondateur de Dijon-Santé :

« Je n’aime pas que l’on touche à la santé : régression des soins, désertification médicale, déremboursement des médicaments, etc. En effet, comme fils d’ouvrier et homme aisé aujourd’hui (j’ai un profil socio-culturel d’homme de droite !), je suis reconnaissant à la République qui m’a permis de bénéficier du système de soins et de celui de l’éducation sans lesquels je ne serai pas où je suis aujourd’hui : dirigeant de CEN Nutriment, titulaire de la chaire d’évaluation médico-marketing des allégations de santé, directeur d’un mastère marketing alimentation-santé. Dijon-Santé est œcuménique, droite et gauche réunis autour de ce besoin de mettre le patient au cœur du dispositif de santé et de faciliter ses relations avec les professionnels de la santé ».

L’idée est aussi de « représenter les usagers du système de soins de concert avec le Collectif Interassociatif Sur la Santé de Bourgogne qui regroupe la très grande majorité des associations de patients de la région ».

Une douzaine de bénévoles sont engagés dans ce projet avec des moyens modestes et un budget annuel de quelques milliers d’euros. La politique éditoriale est conduite par Yann Lecomte, économiste de la santé chez CEN Nutriment, dont M. Allaert est le directeur, et Christian Guillermet, professeur de communication à l´IUT de Dijon. Sept journalistes non professionnels ont produit jusqu’à ce jour 240 reportages, dont un dossier, c’est assez rare pour le signaler, sur les médecines douces.

M. Allaert assure que la web-TV, qui reçoit entre 4 et 5000 visites mensuelles, « ne touche pas d’argent de l’industrie pharmaceutique ». Des partenariats peuvent être ponctuellement organisés avec les professionnels de la santé, mais toujours avec ces deux axes que sont l’utilité pour les patients et le caractère régional de l’information.

Avec Martin Vidberg, les patates ont la pêche!

A bientôt 31 ans, ce professeur des écoles exilé dans un village de 200 habitants dans le Doubs, a désormais sa page dans wikipedia et collabore au Monde.fr par un blog de dessins d’actualités.

Ses personnages en forme de patates se sont immiscés tout doucement dans le paysage médiatique. Martin Vidberg, professeur des écoles désormais en disponibilité, anime depuis 2008 le blog “L’actu en patates” sur lemonde.fr (20 à 50 000 vistes/jour).

Auteur d’albums remarqués (“Le journal d’un remplaçant” chez Delcourt et “Les Passeurs” chez Carabas avec Mickaël Roux), il vit maintenant totalement de sa plume à l’humour doux. En effet, pas de sarcasme ni d’agressivité dans ses croquis, mais un désir simple de divertir par l’absurde ou la dérision.

Lemonde.fr, qui lui prodigue l’essentiel de ses revenus, lui accorde le statut de bloggeur invité et lui verse trimestriellement des droits d’auteur indexés sur le nombre des visiteurs.

Ses personnages en patates lui sont venus tout naturellement : « Ils fonctionnent bien. Je voulais faire des caricatures amusantes. On voit tout de suite que c’est léger, que l’engagement politique n’est pas l’essentiel, même si j’apprécie cet engagement chez des confrères. En fait, ce qui m’intéresse surtout, c’est le regard que les médias portent sur les hommes politiques. La caricature qu’ils font d’eux. Moi, je caricature leurs caricatures… ».

Marié, père de deux enfants, Martin ne sait pas s’il sera demain dessinateur ou professeur.

Travaillant au jour le jour (il n’est sous contrat avec aucun de ses différents partenaires), il se paie le « luxe de pouvoir décider de sa vie au dernier moment. Je dessine et je vis au jour le jour, au fil de l’inspiration. Pour le moment, j’essaie seulement de produire au moins quatre dessins par semaine ».


Le groupe bancaire français BNP Paribas a annoncé, jeudi 17 février, un bénéfice net
de 7,8 milliards d’euros en 2010. Mercredi, c’est la Société Générale qui annonçait
avoir sextuplé son bénéfice en 2010. Si “la crise” est toujours bien présente
dans les esprits et les discours (politiques), le secteur bancaire français semble
sortir la tête de l’eau.