A-t-on trouvé l’énergie qui sauvera la planète?

Il faut rester prudent. Mais il semble que la fusion froide soit sur le point de déboucher sur des applications industrielles de nature à bouleverser la donne énergétique et environnementale mondiale. La nouvelle énergie aurait tout pour elle : bon marché, non polluante et non radioactive, matières premières abondantes. Le problème, c’est que personne ne comprend comment ça peut marcher !

Andrea Rossi E-Cat

Andrea Rossi présentant son générateur de vapeur de 10 kW
lors d´une conférence de presse en Italie le 14 janvier 2011.
Photo Daniele Passerini

 

Andrea Rossi et Sergio Focardi, deux chercheurs italiens, pensent avoir trouvé le Saint-Graal : une énergie bon marché et non polluante. Quand il est parcouru par un courant d’hydrogène sous pression, l´E-Cat, leur réacteur contenant de la poudre de nickel et un catalyseur, est capable de produire au moins 10 fois plus d’énergie qu’il n’en consomme, tout cela sur une table ! Ils l’ont démontré publiquement à plusieurs reprises depuis janvier 2011, y compris devant des chercheurs suédois sceptiques. Trop simple pour être vrai ?

Un signe prometteur, c’est que le business est sur le coup. Des investisseurs américains proches du DOE (Department of Energy, ministère de l´énergie des Etats-Unis) ont misé sur cette technologie, si bien qu’une centrale de 1 MW est en cours de montage pour alimenter en énergie une usine de fabrication de modules d´E-Cat, planifiée pour octobre 2011 en Grèce.

D’autre part, même si la Nasa ergote sur les fondements théoriques du procédé, elle admet, par la voix d’un de ses principaux chercheurs, Denis Bushnell, que la technologie est démontrée.

Nous avons traduit l’interview que celui-ci a donnée le 23 avril 2011 à New Energy Times.

Interview de Denis Bushnell, NasaJ. William Moore.– Quelles sont les énergies alternatives qui vous semblent les plus prometteuses ?

Denis Bushnell.- Le plus intéressant et le plus prometteur à long terme, mais ce n’est peut-être pas si éloigné que ça, ce sont les réactions nucléaires à basse énergie (LENR = Low Energy Nuclear Reactions). Cela fait 22 ans que des gens produisent de l’énergie sans savoir de quoi il s´agit – mais nous pensons avoir une théorie. Cela produit des émissions béta et de la chaleur, sans radiations. Ce domaine est très prometteur, et à lui seul, si ça débouche, on pourrait littéralement résoudre d’un seul coup les problèmes de l’énergie et du climat.JW M.- Je trouve cela tout à fait excitant qu’il puisse se passer quelque chose. Que se passe-t-il donc au niveau atomique ?

D B.- Laissez moi faire un peu d’histoire. Il y a à peu près 22 ans, Pons et Fleishmann ont réalisé une expérience, qu’ils ont appelée « fusion froide »,  mais qu’il a été difficile de reproduire à l’époque. Et puis tous les théoriciens de la fusion ont été unanimes pour dire qu’il ne s’agissait pas de fusion. Ils avaient raison bien sûr, ce n’est pas de la fusion.

Depuis 20 ans, dans presque tous les pays, la recherche a été intense, et a permis de reproduire cet effet. Mais l’énergie produite par ces expériences de fusion froide ne suffisait pas à faire bouillir de l’eau pour le thé. De ce fait, l’intérêt a faibli et personne ne savait ce qui se passait.

En 2005-2006, Allen Widom et Lewis Larsen ont sorti une théorie qui disait : non ce n’est pas de la fusion froide, ce sont des interactions faibles. Ils s’appuyaient sur le modèle de la mécanique quantique, mais seulement sur les interactions faibles [1]. Selon eux, pour fabriquer un module, on n’a pas besoin d’utiliser de deutérium [2], l’hydrogène marche bien ; ni de palladium, le nickel marche bien.

Si vous faites ça, vous produisez un électron – la connexion de protons produit des neutrons ultra-faibles, et si vous avez les cibles adéquates, vous générez des émissions béta [3] qui produisent de la chaleur.

C’est à ce stade, en 2006-2007, que nous nous y sommes intéressés et que nous avons monté une série d’expériences que nous sommes sur le point de démarrer. Nous voulons valider expérimentalement la théorie de Widom-Larsen pour savoir si elle peut expliquer ce qui se passe. Nous avons utilisé la théorie quantique pour optimiser la morphologie de surface des particules utilisées.

En janvier 2011, Andrea Rossi, assisté de Sergio Focardi, qui travaillait là-dessus depuis plusieurs années, et était de fait un des meilleurs au niveau mondial, a dévoilé ses résultats et fait une démonstration, qu’ils ont refaite en février, puis en mars. Là, ils avaient un de ces modules, un petit, qui a marché plusieurs jours en fournissant une puissance de 10 à 15 kW, ce qui est largement suffisant pour faire bouillir de l’eau pour le thé ! Et ils ont dit que c’était de l’interaction faible, pas de la fusion.

Je pense que nous avons dépassé le stade du « Nous ne comprenons rien ». Je pense aussi que nous avons pratiquement dépassé celui du « cela ne produit rien d’intéressant ». Et je crois que ça peut aller assez  vite maintenant. Et si c’est le cas, ça a le potentiel de bouleverser complètement la géo économie, la géopolitique et de résoudre bon nombre de problèmes dans le domaine de l’énergie.

JW M.- Je crois que c’était la semaine dernière, ou celle d’avant, j’ai fait un sujet là-dessus. J’ai creusé la question : ils utilisaient de l’hydrogène et du nickel, je crois, l’hydrogène gazeux alimentant le module. En regardant la video et les photos, il semble qu’il ait la taille du poing et qu’il a tourné de 10.45 le matin jusqu’à ce qu’ils l’arrêtent vers 16.30, en générant , j’ai oublié le chiffre exact, mais ça faisait une bonne quantité d’énergie sous forme de vapeur.

D. B.- Ça produit de la chaleur, et ça a duré plusieurs jours, et c’était de l’ordre de 12 à 14 kW. Avec un grand nombre de ces modules, ils vont pouvoir faire une centrale thermique de 1 MW.

JW M.- C’est très excitant. Cette théorie qui a été développée, est-ce que ce sont les chercheurs de la Nasa qui ont travaillé dessus ?

D. B.- Non, la théorie a été développée par Widom et Larsen. Widom est un universitaire qui enseigne à l’université Northeastern, et Larsen possède une entreprise à Chicago.

JW M.- Ça semble prometteur. On peut générer de la vapeur comme avec un réacteur nucléaire ou une centrale thermique à charbon. Ils sont sur le point de produire de la vapeur et de faire tourner une turbine pour produire de l’électricité.

D. B. – Si vous avez de la vapeur, vous pouvez tout faire. Nous avons envisagé d’utiliser les LENR pour propulser une fusée spatiale, et avons trouvé que les performances sont meilleures que les fusées conventionnelles, au moins sur le papier.

JW M.- Ouah ! Fantastique.

Copyleft 2011 New Energy Times. Traduit de l´anglais par Ouvertures.


[1] (NdT) La physique moderne est basée sur quatre types de forces fondamentales : la gravitation, la force électromagnétique, l’interaction faible et l’interaction forte. Les réactions nucléaires conventionnelles, fission et fusion, libèrent  l’énergie de l’interaction forte. Selon Widom et Larsen, les LENR mettraient en jeu l’interaction faible.[2] (NdT) Le deutérium est un isotope de l´hydrogène, c´est de l´« hydrogène lourd ».

[3] (NdT) Les rayons bétas ne sont rien d’autre que des électrons.

Des doutes à lever

– Hanno Essén et Sven Kullander, deux chercheurs suédois qui ont assisté à une démonstration de l’E-Cat, ont réalisé des analyses isotopiques du cuivre produit, selon Andrea Rossi, par les réactions nucléaires à faible énergie à la base du procédé. Résultat inattendu, ils ont trouvé les deux isotopes du cuivre, le 63Cu et le 65Cu, dans exactement les mêmes proportions que dans le minerai de cuivre. Si réactions nucléaires il y a bien, les chances pour que leurs proportions soient exactement les mêmes que dans la nature sont en effet très faibles. Cela les amène à suspecter que le cuivre serait présent dès le départ dans le catalyseur, dont les inventeurs ne souhaitent pas divulguer la formule.

– Steven B. Krivit, un journaliste scientifique américain, fondateur du New Energy Institute, a été reçu les 14 et 15 juin 2011 par les inventeurs dans les locaux de leur entreprise à Bologne. Dans son rapport préliminaire, il émet des doutes sur la manière dont a été réalisé le bilan thermique du procédé, essentiel pour établir la réalité de l’invention. Son rapport suscite une polémique toujours en cours.

> Merci à John Skelton de nous avoir signalé cette information.

> Pour en savoir plus :
– Wikipedia : Catalyseur d´énergie de Rossi et Focardi
– La page (en anglais) consacrée au procédé E-Cat d´Andrea Rossi sur le wiki Pure Energy Systems
– Le blog scientifique d´Andrea Rossi (en anglais) : Journal of Nuclear Physics

>> Qu´attendent les grands médias pour en parler ? En France, à notre connaissance, seul Agoravox a publié un papier sur ce sujet, s’attirant d´ailleurs des commentaires franchement sceptiques.

Peut-on encore manger de la viande ?

La consommation régulière de viande fait tellement partie de nos habitudes d’habitants de pays développés que sa remise en cause par les militants écologistes et les défenseurs de la cause animale n’a pas encore eu d’impact fort. Et pourtant, au vu des arguments des uns et des autres, il y aurait urgence à faire notre révolution alimentaire. La Veggie pride du 11 juin 2011 à Paris nous y invite.

« Nous avons pris l’habitude d’organiser nos repas autour d’un morceau de viande ou de poisson, accompagné d’une modeste garniture végétale : légumes, pommes de terre, riz, pâtes. Une habitude dont la généralisation est récente, puisqu’elle date de la seconde moitié du XXe siècle. Jadis, la viande n’était présente au mieux qu’au repas principal de la journée et, dans la plupart des familles, seulement le dimanche et à des occasions particulières », rappelle viande.info.

Le mot d’ordre d’Henri IV, « La poule au pot tous les dimanches » a façonné notre inconscient collectif en flattant  jusqu’à l’excès notre aspiration au bien être et à la richesse. La viande a en effet longtemps été un signe extérieur de richesse – et elle le reste dans beaucoup de pays. Mais il va falloir y renoncer, car selon tous les spécialistes, la planète n’est pas en mesure de fournir à tous ses habitants la quantité de viande consommée aujourd’hui en moyenne par les Français, soit l’équivalent de plus d’un steak par jour.

L’industrialisation de l’élevage a pu faire croire un temps que le rêve pouvait prendre corps, mais le rêve est devenu cauchemar.

Combien les Français mangent-ils de viande ?

46 g par jour selon une étude citée par le Centre d’information des viandes, 263 g par jour selon une autre étude citée par le site viande.info de l’association L214. Chacun utilise le chiffre qui l’arrange, sans toujours préciser de quoi il parle.
Les professionnels de la viande mettent en avant la viande de boucherie, en comptant à part les volailles, la charcuterie et la viande des plats préparés. Quand on les rajoute aux 46 g de viande de boucherie, on arrive à 117 g/jour.
Les chiffres cités par les militants, de leur côté, sont exprimés en équivalent carcasse, y compris graisses de découpe…

Beaucoup de maux…

Détournement des ressources nécessaires à l’alimentation humaine, souffrance animale, déforestation, pollutions diverses, réchauffement climatique… La liste est longue  des conséquences néfastes de l’expansion sans frein de l’élevage industriel. Viande.info en a fait le recensement dans six domaines :

Manger de la viande tue des animaux et impose à la plupart d’entre eux une vie concentrationnaire misérable. « Pourquoi vouons-nous impunément des milliards d’animaux aux exactions barbares de l’élevage industriel et de l’abattage ? » se demande Marcela Iacub dans « Confessions d’une mangeuse de viande » (Fayard, 2011), alors qu’un tribunal a condamné un homme qui avait pour habitude de sodomiser son poney, sans qu´il y ait preuve de souffrances infligées à l’animal. Deux poids, deux mesures ?

Une forte consommation de produits animaux tue aussi des humains, ou les maintient dans l’extrême misère. René Dumont, premier candidat écologiste à une élection présidentielle, qualifiait déjà en son temps l’Occidental, avec sa surconsommation de viande, de « cannibale indirect ». Il faut en effet, pour produire 1 kg de bœuf, environ 10 kg de céréales – et donc d’autant plus de terres cultivables, d’eau, d’engrais, de pesticides, d’énergie – qui auraient permis de nourrir 10 fois plus de gens (pour les volailles, le rapport n´est que de 1 à 3).

L’élevage serait responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, soit plus que les transports, selon la FAO dont l’étude est contestée par le World Watch Institute qui estime que sa contribution serait encore plus importante, au moins 51%.

… pour peu de bien

Du point de vue nutritionnel, la viande a certes le grand avantage de fournir des protéines « complètes », c´est-à-dire composées d’acides aminés essentiels dans des proportions correspondant aux besoins humains. Mais ceux-ci peuvent être satisfaits à moindre pression sur la planète par le lait, les œufs, les céréales et les légumineuses (voir le guide de la complémentation protéinique).

En France, les professionnels de la viande, qui voient tout de même la consommation de viande s’éroder d’1% par an, tentent de défendre leur beefsteak. Ainsi, Interbev a réagi dans la presse quotidienne à l’appel au végétarisme lancé par Paul Mc Cartney à l’occasion du sommet de Copenhague en 2009 : « Less meat = less heat (moins de viande = moins de chaleur) ».

Que mettre dans son assiette ?

Le végétarisme est une posture radicale adoptée par ceux qui réalisent que les animaux ne sont pas des biens à la disposition des humains et qui refusent le spécisme, discrimination d´une espèce envers une autre, comme le racisme est une discrimination relative à la race.

Mais, pour ceux qui souhaitent avant tout réduire leur empreinte écologique, il existe des pistes moins exigeantes que le végétarisme, applicables chez eux ou dans les collectivités dont ils font partie :

  • Réduire le gaspillage de nourriture, de viande en particulier. Une étude détaillée du contenu des poubelles en Grande-Bretagne, parue en novembre 2009, estime que 25 % des aliments achetés par les ménages sont jetés.
  • Manger moins de viande – par exemple en instituant une ou plusieurs journées végétariennes par semaine – en la remplaçant par des protéines végétales et par oeufs et produits laitier.
  • Manger de la volaille et du porc, plutôt que du bœuf ou du mouton, car ces élevages consomment moins de ressources et émettent moins de gaz à effet de serre.
  • Privilégier les élevages traditionnels en pâturage aux élevages industriels hors sol.

A noter que les deux derniers objectifs sont difficiles à concilier, car les élevages de volailles et de porcs sont plus industrialisés que ceux de bœufs ou de moutons.

> Cet article, consacré à la viande, n´aborde volontairement pas la question du poisson, qui mériterait un article à part entière …

Le Pacte civique : un appel à réinventer la démocratie

Au cours d´un colloque les 14 et 15 mai 2011, un collectif d’associations a proposé un Pacte civique pour tenter de répondre aux crises économique, sociale, écologique, politique et morale qui secouent notre société. Des personnalités, des militants et des représentants des principaux courants politiques ont dit pourquoi ils s’associaient à cette démarche et ce qu’ils en attendaient.

« On ne peut être consommateur de la République », affirme avec conviction Jean-Paul Delevoye, ex-Médiateur de la République, dès l’ouverture du colloque. « Nous voulons une meilleure qualité démocratique. C’est indispensable pour sauver la démocratie », disent en écho les porte-parole du Pacte civique.

Le Pacte civique – Jean-Paul Delevoye Président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), from Le Pacte civique on Vimeo.

« La société se mutile en excluant les plus pauvres », réaffirme une nouvelle fois le mouvement ATD Quart-Monde, partie prenante du Pacte civique, qui réunit également le Collectif appel à la fraternité et une quinzaine d´associations. Marcel Grignard, permanent de la CFDT, souligne les difficultés pour le syndicalisme de ne pas se couper de la société : « Il faut passer des intérêts particulier à l’intérêt général. Mais l’intérêt commun, ça se construit ! »

Faisant référence à un des premiers films de Woody Allen, Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne, constate que « les milieux financiers aujourd’hui, c’est “Prends l’oseille et tire-toi !” ». Maria Nowak, fondatrice de l’Adie et pionnière du microcrédit en France, souhaite que le Pacte civique approfondisse sa position par rapport à l’économie. Pour sa part, elle appelle à une « perestroïka du capitalisme ».

Le Pacte civique invite chacun à agir à 3 niveaux

Comme l’a souligné Patrick Braouezec, député de Seine-Saint-Denis, la force du message du Pacte civique tient à la mobilisation de trois leviers, l’individuel, le collectif et le politique :

  1. Adopter des comportements porteurs de sens, comme « participer de manière constructive au débat public et prendre part aux votes » (Engagement N°2)  ou « lutter contre les gaspillages et adopter des modes de vie plus équilibrés qui préservent la planète » (Engagement N°7).
  2. Promouvoir la qualité de la démocratie et du vivre ensemble dans les organisations où s’exercent nos activités. Par exemple, « dans les entreprises, donner au respect des personnes une importance au moins égale au souci de rentabilité, réduire l’échelle des revenus, et renforcer la responsabilité sociale et environnementale dans le cadre d’une gouvernance élargie » (Engagement N°10).
  3. Soutenir des réformes visant à mettre la politique et l’économie au service de la personne et à promouvoir notre ouverture sur l’Europe et le monde.  Entre autres, « en faisant de l’emploi de qualité pour tous, à temps choisi, une priorité nationale partagée » (Engagement N°24).

Mais pour que le civisme soit une valeur partagée, il faut que l’exemple vienne d’en haut, ont insisté plusieurs intervenants. Ainsi, pour Philippe Meirieu (Europe écologie – Les Verts), les réformes resteront sans effet tant que le pouvoir continuera à passer un message de superficialité et de « ruquiérisation » de la France.

Le Pacte civique, avec Jean-Baptiste de Foucauld, Claude Alphandéry, Marie-Aleth Grard, Patrick Viveret, Jacqueline Louiche, Jean-Claude Devèze, from Le Pacte civique on Vimeo.

Comment mobiliser les jeunes ?

Largement majoritaires dans la salle, les cheveux gris étaient également très bien représentés à la tribune, et cela n’a échappé à personne. « Nos formulations, forgées par une époque et une culture, ne parlent plus aux jeunes », reconnait Philippe Meirieu. Pour ce spécialiste de l’éducation, la démarche éducative doit déborder le cadre étroit du système scolaire et investir la télévision, les médias, les loisirs … en particulier le football, deuxième levier éducatif en France avec 1,5 millions de jeunes licenciés, ainsi que le rappelle Patrick Braouezec, également président de la Fondation du football.

Jacques Delors met en garde de son côté contre une attitude trop moralisatrice et la tentation de rester sur la berge. « Il faut ramer avec les autres ». « Les jeunes insistent pour que la devise républicaine s’applique à tous les citoyens », renchérit Dounia Bouzar, anthropologue spécialiste de l´Islam, en affirmant que « les systèmes de pensée n’avancent pas par les grandes théories, mais par la transpiration humaine ».

Ce colloque marquait le lancement du Pacte civique qui va se prolonger par une campagne d´adhésion et l´interpellation des candidats aux élections présidentielles de 2012 (Calendrier). On peut adhérer au Pacte civique à titre personnel ou au titre d´une organisation sur www.pacte-civique.org

>> L’auteur de cet article est membre d’une des associations du collectif à l´origine du Pacte civique.

La meilleure énergie est celle qu’on évite de produire: les carburants

Les risques que font peser sur l’humanité les énergies fossiles et le nucléaire obligent les gouvernements à remettre en cause les grandes options énergétiques. Et si, avant de couvrir la France d’éoliennes, de champs de colza ou de panneaux solaires, nous nous remettions sérieusement à la chasse au gaspi ? C´est le propos d´une série d´articles que nous entamons avec les économies d´énergie liées à la voiture.

Economies de carburant

Crépuscule du pétrole : comment réduire notre dépendance ? Crédit photo : Johny Worthington

« Je travaille dans une raffinerie de pétrole depuis 31 ans. Voici quelques trucs pour avoir plus de carburant pour votre argent… ». Ces conseils reçus dans la boîte mail d´Ouvertures émanent d’un américain travaillant à la Kinder Morgan Pipeline qui souhaite nous faire bénéficier de son expérience. Faut-il suivre les préconisations de cet expert anonyme et autoproclamé pour remplir son réservoir d’essence ?

Info ou hoax ?

Le message n’est répertorié ni par hoaxbuster, ni par hoaxkiller. Après analyse par Ouvertures, il apparait qu’aucun conseil n’est réellement pertinent. Le message contient un fond de vérité, mais un fond seulement ; il contient surtout beaucoup d’erreurs. Ensuite et surtout, les économies résultantes ne sont pas chiffrées. Et pour cause, elles sont imaginaires ! D’ailleurs, en concluant sa fiche par « j’espère que vous en aurez pour votre argent avec ces quelques trucs », l’auteur laisse planer comme un doute sur ses propres conseils…

Sur la question des précautions à prendre en station service, le seul conseil valable, c’est de ne pas essayer de remplir son réservoir à fond pour ne pas risquer le débordement : dans la station au moment du remplissage ou ensuite dans les premiers virages. D’autre part, en été le carburant stocké sous terre étant froid, il se réchauffe et se dilate dans le réservoir et peut donc déborder ensuite.

Vraies et fausses économies

Ce type de message peut continuer à se propager sur internet, car il répond à de réelles préoccupations : faire des économies et réduire la pollution ; et que les conseils prodigués ne nécessitent aucun investissement, seulement quelques contraintes. Le problème avec ce genre d’astuces, c’est qu’elles donnent bonne conscience en procurant l’illusion de faire quelque chose. Il vaut donc mieux se tourner vers des sources reconnues comme l’Ademe qui proposent des fiches très complètes et fiables.

Le bon sens dicte de commencer par les économies les plus importantes et les plus faciles à mettre en oeuvre, mais on peut aussi s’inspirer de la démarche négaWatt. Cette association de professionnels de l’énergie (voir encadré), préconise de commencer par la sobriété : ne pas avoir de voiture, ou l’utiliser moins : pratiquer le covoiturage, la marche à pied ou le vélo, prendre les transports en commun. Les mesures d’efficacité, bien qu’également importantes, ne doivent venir qu’en second. Selon la philosophie Négawatt, rien ne sert en effet d’économiser 5% d’essence sur un trajet si on aurait pu au final éviter de prendre sa voiture !

négaWattnégaWatt

Les négaWatts représentent l’énergie non consommée grâce à un usage plus sobre et plus efficace de l’énergie. Les membres de négaWatt travaillent depuis 2003 à l’élaboration d’un scénario de sortie du nucléaire pour la France, tout en s’alignant sur l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’un facteur 4. La catastrophe de Fukushima a poussé l’association à mettre les bouchées doubles pour sortir avant la fin de 2011 une nouvelle version du scénario tenant compte des progrès technologiques et méthodologiques enregistrés depuis 2003.Contrairement à ce que le mot Watt pourrait laisser penser, le scénario ne s’applique pas seulement à l’électricité, mais à toutes les formes et à tous les usages de l’énergie. Il repose sur 3 piliers : sobriété, efficacité et énergies renouvelables. L’objectif visé est un « scénario 100% négaWatt », privilégiant la sobriété et l’efficacité, « si souvent évoquées dans les discours mais oubliées dans les actes ».

Voici quelques exemples d’économies liées à l´amélioration de l’efficacité :

Réduisez votre vitesse : 10 km/h en moins sur l´autoroute, c´est jusqu´à 1 litre au 100 km de carburant économisés.

Organisez vos déplacements en étudiant au mieux les itinéraires et le trafic. Pensez également à regrouper dans la mesure du possible vos déplacements.

Coupez votre moteur dès que vous vous arrêtez plus de 10 secondes.

Ne chargez pas trop votre voiture. 100 kg de plus c’est 5 % de plus de consommation. Quand les sièges arrière sont démontables, évitez de les transporter inutilement.

> Les autres conseils de l´Ademe.

> Retour au dossier Faire des économies

L’oligarchie peut-elle surmonter la crise écologique ?

Hervé Kempf est journaliste au Monde. Pour lui, il n’est pas d’autre défi à l’aube du troisième millénaire que la crise écologique. Depuis plusieurs années, il tente de convaincre que « les riches détruisent la planète ». Son dernier ouvrage (“L´oligarchie, ça suffit, vive la démocratie”, Seuil, 2011) est un plaidoyer pour une « démocratie sans croissance fondée sur la modération ».

Hervé Kempf

En ces temps de prise de conscience de l’ampleur de la crise écologique, la réflexion commence à s’ouvrir à nos modes de gouvernance qui apparaissent impuissants face à la montée des dangers. « Protéger la biosphère implique de repenser la démocratie elle-même », nous disent Dominique Bourg et Kerry Whiteside (Seuil, 2010) en exquissant des solutions pour la libérer de la dictature du court terme. Mais sommes-nous réellement en démocratie ? Hervé Kempf en doute : « Il est de l’intérêt des puissants de faire croire au peuple qu’il est en démocratie. Mais (…) nous sommes en oligarchie, ou sur la voie de l’oligarchie » (p. 9).

Le terme désigne à la fois une réalité sociologique – l’oligarchie regroupe les oligarques – et un système politique – l’oligarchie par opposition à la démocratie ou à la dictature. Le mot oligarchie, du grec oligos – peu nombreux – signifie « gouvernement par un petit nombre de gens ».

Que les riches et les puissants cherchent à exercer leur influence ne date pas d’aujourd’hui, mais ce que montre l’auteur, c’est qu’ils ont pris en main les principaux leviers du pouvoir. Ils ont rendu poreuses les frontières entre les ministères, les institutions financières et les grandes entreprises, ils contrôlent les médias, et leurs lobbies sont extrêmement actifs. La démocratie est de plus en plus vidée de sa substance.

La démocratie fait partie de la solution

Si l’oligarchie était vertueuse, si elle ne cherchait pas avant tout à défendre ses propres intérêts et à accroître sa richesse, elle pourrait rendre le système oligarchique acceptable, et ce système de gouvernement pourrait même répondre à l’inquiétude de certains écologistes. Ils sont en effet de plus en plus à se demander si la démocratie est apte à faire face aux menaces qui se multiplient et selon l´auteur, certains seraient prêts à succomber à la tentation d’un gouvernement par une élite éclairée.

Mais force est de constater que l’oligarchie qui nous gouverne nie la crise écologique. Ayant érigé la croissance en religion, elle nous entraîne dans une fuite en avant qui risque de nous conduire au chaos. A moins qu’une partie de celle-ci, consciente des dangers, impose à l’autre un changement radical… ou que le peuple reprenne le pouvoir.

Ce dernier scénario, Hervé Kempf l’estime moins probable que les autres (pour en comprendre les raisons, lire les chapitres : L’art de la propagande et Pourquoi ne se rebelle-t-on pas ?), mais il l’appelle de ses vœux. « Ce n’est pas la démocratie qui est inapte aux choix difficiles, c’est le régime  oligarchique. (…) La question climatique exige l’adhésion de chacun d’entre nous pour faire évoluer ses comportements. Les changements sont d’une telle ampleur qu’ils ne peuvent être réalisés sans une nouvelle culture » (p. 133). «  Au lieu de prendre la démocratie comme acquise, il faut la revivifier, en résistant à l’oligarchie et en développant la culture et les pratiques démocratiques » (p. 156).

L´humanité peut-elle s´en sortir ?

Hervé Kempf ne fait-il pas preuve de trop d’optimisme en pariant que le peuple sera plus sage que l’oligarchie ? Qu’il saura se défaire de ses conditionnements à la consommation et au divertissement, soigneusement entretenus par les médias dominants. Il s’en défend, mais écoutons la voix apparemment discordante de Bertrand Méheust, sociologue, auteur de La politique de l’oxymore (2009). Sa réflexion épistémologique sur les tabous de la connaissance, à partir de l’histoire de la parapsychologie, l’a amené à s’intéresser à la crise écologique : « La pénible vérité est qu’une société n’accepte que très difficilement une réalité qui la dérange, aussi massive soit-elle, si elle n’est pas prête à la recevoir ». Il résume son argumentation dans un exposé fait en 2009 à l’Université d’automne du WWF :

  1. « Aucune société ne renonce d’elle-même à elle-même, il faut qu’elle y soit contrainte par une force ou une menace écrasante.
  2. Plus une société dispose de moyens pour persévérer dans son être, et plus elle tend à s’en servir ; or la société globalisée dirigée par le Marché dispose des moyens les plus considérables jamais mobilisés par une société humaine. N’ayant plus de dominateur externe, elle ne pourra se contraindre à temps et fera jouer tous les moyens dont elle dispose pour se perpétuer. Dans le domaine de l’erreur, elle peut aller plus loin que les autres, elle a les moyens d’emmener l’humanité aux abîmes.
  3. Il en découle donc qu’elle ira jusqu’au bout d’elle-même, qu’elle emploiera ses immenses ressources à différer sa saturation encore et toujours, jusqu’au seuil fatal. »

Derrière le pessimisme affiché de Bertrand Méheust, on voit toutefois poindre le même appel à la résistance que celui lancé par Hervé Kempf, laissant entrevoir qu’il n’a pas tout à fait renoncé à l’idée que l´humanité pourrait se sauver d’elle-même.

L´essentiel en bref

La thèse d´Hervé Kempf :

  1. L’oligarchie est plus qu’une classe sociale. L’oligarchie est en train de devenir un système politique qui garde les apparences de la démocratie.
  2. L’oligarchie est incapable de résoudre la crise écologique, car elle n’est mue que par la défense de ses propres intérêts
  3. Les écologistes qui mettent en cause l’aptitude de la démocratie à relever le défi écologique se trompent. Nous ne sommes plus vraiment en démocratie.
  4. Nous ne pourrons faire l’économie de la démocratie, car la sortie de crise suppose l’adhésion et la participation de chacun. Il faut au contraire la revivifier et résister à l’oligarchie.

Mais, nous prévient Bertrand Méheust, il ne faut pas mésestimer la faculté d’une société à persévérer dans l’erreur, même quand la vérité est aveuglante.

>> Le site animé par Hervé Kempf : Reporterre

Le New Yorker déploie les grands moyens pour vérifier une allégation de faux concernant la Scientologie

A l’occasion de la publication le 14 février 2011 par le New Yorker d’un long article suscité par le départ de Paul Haggis de l’Eglise de scientologie, son auteur s’est confié à Fresh Air, une radio américaine du réseau public NPR. Ce qu’il dit est intéressant à plus d’un titre : par ce qu’il a découvert et par la solidité des faits rapportés.

New Yorker The Apostate
« L´apostat » Paul Haggis, dans l´article du
New Yorker.

Bien que moins connu que Tom Cruise ou John Travolta, le canadien Paul Haggis est une personnalité d’Hollywood. A son actif, la réalisation du film Crash (Collision) et le scénario de Million dollar baby de Clint Eastwood. Haggis a quitté la Scientologie en 2009 après 35 ans au cours desquels il avoue ne s’être jamais  trop posé de questions.

 Les rares journaux français qui ont couvert l’enquête du New Yorker se sont focalisés sur les accusations de « l’apostat » contre la Scientologie [1], classée  comme une « secte » en France [2], mais reconnue comme religion aux Etats Unis.

Mais l’enquête du New Yorker, orchestrée par Lawrence Wright, a également permis de confirmer que le charismatique fondateur de l’Eglise, Ron Hubbard, aurait menti sur sa propre histoire et l’origine de la Dianétique [3].

Des faits soigneusement établis par une équipe de « fact checking »

Lawrence Wright a expliqué à Fresh Air que le New Yorker avait appointé cinq « fact checkers », mot à mot des vérificateurs de faits, qui ont envoyé 971 questions à l’Eglise de scientologie avant la publication de l’article. Autant par  déontologie que pour se protéger d’éventuels procès. Et en septembre 2010, l’auteur de l’enquête, une partie de l’équipe de « fact checkers » et le rédacteur en chef du New Yorker, ont rencontré le porte-parole de la Scientologie, Tommy Davis, accompagné de sa femme et chargé de 47 classeurs de documents. La réunion a duré 8 heures, en présence des avocats des deux camps. Selon Wright, la partie la plus intéressante s’est jouée autour du dossier médical de l’ancien officier de marine.

 Ron Hubbard auto-guéri de blessures de guerre inconnues des archives militaires

Lors de la Seconde guerre mondiale, Ron Hubbard a servi dans la marine américaine et écrit plus tard qu’il avait été sérieusement blessé dans une bataille : « Rendu aveugle par une atteinte des nerfs optiques, et handicapé par des blessures physiques à la hanche et dans le dos à la fin de 2e guerre mondiale, mon avenir était très compromis. Considéré comme un impotent  incurable, j’ai été abandonné par ma famille et mes amis » (“Ma philosophie“).  Il ajoute qu’il s’est guéri lui-même, alors qu’il végétait dans un hôpital militaire, en utilisant des méthodes qui deviendront le fondement de la Scientologie.

Ces allégations d’Hubbard sont depuis longtemps contestées : il n’aurait pas été blessé pendant la guerre. Wright rapporte que Davis aurait dit au début de la discussion, avec beaucoup d’émotion dans la voix : « Naturellement, c’est un fait que si M. Hubbard n’a jamais été blessé pendant la guerre, alors il ne s’est jamais guéri lui-même avec les principes de la Dianétique, alors la Dianétique est basée sur un mensonge et alors la Scientologie est basée sur un mensonge. La vérité est que M. Hubbard était un héros de guerre ».

Les explications embarrassées de la Scientologie

Notice of separation Ron Hubbard
Le document officiel des archives militaires concernant
Ron Hubbard.

Sans rentrer dans les détails, Davis reconnait que certaines pièces du dossier médical de Hubbard ne semblent pas confirmer ce qu’il disait de son vivant et que cela les avait perturbés. Ils avaient alors fait appel à un certain Fletcher Prouty qui avait conclu que Hubbard avait appartenu aux services secrets et que son dossier avait été manipulé, qu’il y avait deux jeux de documents.

Après la réunion, Davis a fait parvenir à Wright un document supposé confirmer l’héroïsme de Hubbard, une « notification de séparation » de la marine (une sorte de décharge administrative).

Ce document spécifie les médailles attribuées à Hubbard, parmi lesquelles un « Purple Heart » (médaille accordée aux blessés ou morts à la guerre) avec une palme, signifiant qu’il aurait été blessé par deux fois sur le champ de bataille.

Mais Wright s’est fait confirmer par l’Ordre du « Purple Heart » que la marine n’utilise pas de palmes, mais des étoiles pour indiquer des blessures multiples. Davis avait également joint une photo des médailles que Hubbard prétendait avoir reçues. Mais l’enquête a montré que deux de ces médailles n’ont été créées qu’après la fin de son service.

Une « notification de séparation » différente de celle des Archives nationales

Le New Yorker a alors demandé aux Archives nationales de Saint-Louis (Missouri) l’intégralité du dossier militaire de Hubbard : plus de 900 pages. Nulle part il n’y est fait mention de blessure de guerre, ni que Hubbard ait appartenu aux services secrets (NDLR : Si cela avait été le cas, cela aurait été porté au dossier, car aux Etats-Unis, les informations secrètes sont normalement déclassifiées au bout de 25 ans).

Wright y a trouvé une notification de séparation, mais notablement  différente de celle fournie par Davis. Entre autres différences (qui peuvent être visualisées sur une infographie en annexe de l’article du New Yorker), le document officiel  parle de 4 médailles, mais sans distinction ni bravoure particulière. Enfin, le signataire du premier document, un certain Howard Thomson, est totalement inconnu au bataillon. Tout cela fait dire à Eric Voelz, un archiviste ayant travaillé 30 ans à Saint-Louis, qu’il s’agit d’un faux.

L’Eglise de Scientologie, informée de ces trouvailles, a répondu au New Yorker que « rien dans le document fourni ne permettait de mettre en question sa validité ».  Et le communiqué publié par la Scientologie après la parution de l’article ne revient pas sur ce différend.

[1] Voir par exemple l’article du Figaro : La Scientologie soupçonnée de mauvais traitements 

[2] La commission parlementaire n°2468 a publié en 1995 une liste de 173 mouvements jugés sectaires sur laquelle figure la Scientologie. Cette liste très controversée, a été officiellement abandonnée par la circulaire du 27 mai 2005 relative à la lutte contre les dérives sectaires.

[3] La « Dianétique » est une méthode d´éveil spirituel ou de développement personnel. Elle vise à l´identification et la réduction systématique d´images mentales négatives inconscientes nommées engrammes (Wikipedia).

Eoliennes : avancées et reculs

eoliennesUn parc éolien près de Martigues (France). Crédit photo : Ghusse.

Abandon du projet de parc éolien en mer de Vendée

« Je vous informe que le gouvernement a décidé de ne pas retenir la zone au large de l´île de Noirmoutier. » C´est en ces termes que le président de la République, Nicolas Sarkozy, a annoncé le 12 novembre 2010 l´abandon du projet à Philippe de Villiers, président du MPF (Mouvement pour la France), qui en était un adversaire résolu. Le projet était pourtant bien engagé et soutenu par les élus locaux, les pêcheurs et les associations de protection de l´environnement. M. Auxiette (PS), président du conseil régional des Pays de Loire s´est étonné que le président de la République « sacrifie ainsi l´intérêt général (…) pour consoler Philippe de Villiers après son départ du conseil général et sa non nomination au gouvernement » (AFP).

Dans son blog, Arnaud Gossement, avocat en droit de l´environnement, rappelle « qu´aucune éolienne ne tourne encore dans notre domaine maritime alors que notre pays dispose d´un potentiel formidable dans ce domaine ». Il rappelle également qu´à la suite du Grenelle de l´environnement, le gouvernement a fixé un objectif de puissance installée en énergies marines de 6000 MW d´ici à 2020.

Alors, le projet est-il définitivement coulé ?

Selon Ouest-France, Bruno Retailleau, nouveau président du conseil général de Vendée, n´écarte pas l´hypothèse « d´un réexamen approfondi du dossier pour savoir s´il est bon pour le département et le pays, pas seulement pour une entreprise ou un seul territoire ».

L´Espagne se bat avec ses moulins à vent

Luis Atienza, président de Red Electrica de Espana (REE), gestionnaire du réseau électrique espagnol a indiqué récemment à RTE (Réseau de transport d´électricité) que la part d´électricité d´origine éolienne a atteint un pic de 54% en valeur instantanée en 2010. Il souligne par contre que la très grande variabilité du vent sur la péninsule ibérique impose une gestion très pointue de la production électrique et du réseau. Comme les interconnexions avec la France sont encore très réduites, l´Espagne est parfois obligée d´arrêter une partie de ses éoliennes.

Inversement, quand le vent faiblit, elle ne peut bénéficier de vents plus favorables ailleurs en Europe et doit mettre en route des centrales thermiques. Au point bas, la production éolienne ne représente en effet plus que 0,3 % de la production totale ! Mais la situation devrait s´améliorer quand l´interconnexion entre les deux pays sera renforcée par une nouvelle ligne souterraine qui va longer le tracé de la LGV (ligne à grande vitesse) à l´Est des Pyrénées.

En moyenne, la part de l´éolien a été de 16% sur les 9 premiers mois de 2010, pour un parc installé de 20 000 MW, fournissant selon l´intensité du vent, de 150 à 13 000 MW. A titre de comparaison, une tranche nucléaire a une puissance de 1 200 MW.

Un impératif pour les îles : stocker le vent

Juste avant de quitter le ministère de l´écologie, du développement durable, des transports et du logement, Jean-Louis Borloo a annoncé le 12 novembre 2010 le lancement d´un appel d´offres portant sur la construction d´ici 2013, d´éoliennes terrestres dans les régions de Guadeloupe, Guyane, Martinique, La Réunion, dans les collectivités de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, et en Corse.

Les installations devront être équipées de dispositifs de stockage de l´électricité et de prévision de production. Grâce à cette exigence particulièrement novatrice, l´appel d´offres vise à faire émerger des projets qui ouvriront la voie à l´intégration accrue des énergies renouvelables dans les réseaux électriques des territoires concernés, sans remettre en cause la stabilité de ces réseaux.

Après la désignation des lauréats, il est également prévu de lancer fin 2011 un second appel d´offres portant sur le même type d´installations, enrichi des enseignements tirés des premières propositions.

Il  existe de nombreuses manières de stocker l´électricité : batteries, pompage d´eau, air comprimé, hydrogène… Mais peu offrent un bon rendement pour un coût raisonnable et sans impact sur l´environnement. L´intérêt de cet appel d´offres est de faire sortir des laboratoires et d´expérimenter en vraie grandeur des technologies innovantes.

Andrew Cohen : « Dépasser l’ego pour se sentir responsable de l’évolution »

Andrew Cohen, le promoteur américain de « l’éveil évolutif », invite l’homme à dépasser son ego et à prendre conscience du processus évolutif à l’œuvre dans l’univers. C’est ce qu’il a rappelé lors de l’inauguration du nouveau centre d’EnlightenNext France le 24 octobre 2010 à Paris.

enlightennext éveil évolution

Andrew Cohen et Eric Allodi lors de l´inauguration du
nouveau centre d´EnlightenNext à Paris.

Ouvrir un centre en France est un challenge pour Andrew Cohen, car, dit-il, « votre pays n’a pas encore dépassé le stade du modernisme matérialiste et montre un fort attachement aux valeurs traditionnelles ». De son côté, Eric Allodi, directeur d’EnlightenNext France, pointe la suspicion engendrée dans notre pays par les mouvements spirituels minoritaires, qui ne lui rend pas la vie facile. Le sien n’a pu apparaître publiquement que lors d’évènements organisés par des mouvements relativement marginaux, comme l’université intégrale du Club de Budapest ou les forums de Terre du Ciel en France ou Tetra en Belgique. Mais Andrew Cohen reste optimiste car « les Français aiment les idées et sont très ouverts à l’idée d’évolution » (contrairement à nombre de ses compatriotes qui soutiennent les thèses créationnistes !).

L’homme est responsable de l’évolution

Andrew Cohen cherche à développer une spiritualité post-traditionnelle qui s’attacherait à transformer aussi la culture, alors que la spiritualité traditionnelle ne s’occupe que de la transformation de l’individu par son éveil spirituel (enlightenment). Selon lui, nous devons prendre conscience que nous sommes des enfants du cosmos et des citoyens du monde : l’évolution cosmique a créé les conditions de l’évolution biologique qui à son tour a créé les conditions de l’émergence de la conscience. Le fait que notre conscience humaine soit le fruit de l’évolution cosmique doit nous conduire à prendre en mains la prochaine étape de l’évolution (the « Next » step). Et de terminer en affirmant : « It’s big ! ».

Une approche très américaine

Pour concrétiser cette grande mission, EnlightenNext propose des soirées et des séminaires alliant méditation et conférences, ainsi que des cours pour ceux qui veulent devenir des « practitioners » (pratiquants). Le cycle dure plusieurs années et coûte de 50 à 100 € par mois selon le niveau. Même si Andrew Cohen affirme que la pratique spirituelle ne suffit pas, la méditation tient une grande place dans son approche, à l’exemple du « marathon de la méditation » prévu le 12 décembre (programme).

EnlightenNext publie également un magazine éponyme, dont la version française parait irrégulièrement sous le titre d’Eveil & Evolution. Le dernier numéro date de décembre 2008 et a pour titre « L’homme nouveau en construction ».

Les accusations visant Andrew Cohen dans son pays d’origine n’ont pas été évoquées lors de cette soirée. Elles sont l’oeuvre d’anciens adeptes, au nombre desquels sa propre mère. Le  blog : What enlightment ??! (Quel éveil ??!) leur donne la parole, mais on pourra trouver des points de vue contradictoires sur Guru Talk (La parole du gourou).

Mediapart : arnaque en ligne ?

1 € pour 15 jours d’essai, c’est tentant. Mais quand les 15 jours viennent à échéance, Mediapart ne vous demande pas si vous souhaitez continuer. Il prélève.

abonnement mediapart

Si je n’avais pris la précaution d’utiliser mon e-carte bleue [1] pour souscrire à l’abonnement d’essai, mon compte aurait été débité de 9 € par mois et je serais maintenant abonné « en dur » à ce média qui a trouvé là un étrange moyen de se rendre incontournable.

Mon stratagème a heureusement enrayé la mécanique. Les 15 jours d’essai écoulés, j’ai reçu un courriel de “Caroline de Mediapart” me signalant un petit problème :

Vous bénéficiez d´un accès à Mediapart.fr ; nous vous remercions de votre fidélité et votre soutien.
Attention : le dernier prélèvement sur votre carte bancaire n´a pu être effectué. Cela peut être lié à un problème de date d´expiration, de perte, de changement de banque…

Depuis, aucune réponse ni à mes appels téléphoniques, ni à mon courriel…

Que Mediapart ait recours à ce piège ne manque pas de m’étonner. A-t-on besoin de cela quand on bâtit sa réputation sur des enquêtes exclusives reprises par l’ensemble de la presse ?

[1] L’e-carte génère un numéro utilisable qu’une seule fois.


A noter que depuis la publication de notre article, Mediapart a sensiblement amélioré sa communication commerciale :

mediapart

Capture d´écran de mediapart.fr le 16 février 2011


Mise à jour du 27 février 2017 : comme les messages d’abonnés s’estimant floués par la communication commerciale de Médiapart continuaient d’arriver, nous avons interpellé le service abonnement de notre confrère. Copie des échanges :

Pointes électriques : en été aussi

Bison futé nous a sensibilisés aux pointes de trafic. Nous n’hésitons plus à retarder nos départs en vacances pour éviter les jours rouges ou noirs. Les pointes électriques, elles, bien que tout à fait prévisibles, restent assez peu régulées. On en parle en hiver quand le réseau menace de s’écrouler, mais qu’en est-il en été quand la clim et les ventilateurs tournent à fond ?

cosommation électrique France

En été, c’est vers 13h que notre consommation électrique en France est la plus importante de la journée :

  • Elle monte rapidement en puissance à partir de 4 heures du matin, quand l’activité économique redémarre. La journée de chacun se met progressivement en place. Du chauffage électrique au toaster et à la machine à café… Le maximum de consommation est atteint vers 13h.
  • L’après-midi, notre consommation électrique décroît lentement. De même, pendant la nuit jusque 3-4h du matin. A cette heure précise, notre consommation électrique est au plus bas, l’activité du pays et des foyers aussi.
  • Il y a encore un ressaut de consommation vers 22h-23h quand certains profitent de tarifs heures creuses pour faire fonctionner leurs machines à laver ou remplir leur ballon d’eau chaude !

En hiver, la pointe de 13h existe bien, mais celle de 19h lui vole la vedette. C’est en effet en début de soirée que l’éclairage, le chauffage électrique, les appareils de cuisson, la télévision sont au maximum de leur puissance. En été, à 19h il fait encore jour, les climatiseurs ralentissent, les cuisinières ont cèdé la place aux barbecues, et surtout, les chauffages sont arrêtés.

RTE (Réseau de transport d’électricité) peine parfois à équilibrer demande et production et recommande quelques gestes simples :

  • éteignez la climatisation dans les pièces inoccupées,
  • augmentez un peu la température de consigne de votre climatiseur, surtout vers 13h,
  • aérez votre intérieur le soir tombé.

L’usage des ventilateurs et des climatiseurs tend en effet à augmenter, avec un impact  significatif : 1 degré de plus, c’est 450 MW de consommation en plus (un peu plus d’un tiers de tranche nucléaire). Rien à voir avec l’impact du chauffage l’hiver (2100 MW par degré en moins), mais c’est loin d’être négligeable.

>> On peut suivre la consommation française d’électricité en temps réel sur le site de RTE et consulter les prévisions pour les heures ou les jours qui suivent.