La composition musicale comme un jeu en réseau

Inspirés par le jeu “Cadavre exquis” des surréalistes [1], deux musiciens l´ont transposé à leur domaine en s´appuyant sur la puissance collaborative du web. Résultat, des créations uniques, entre musique écrite et improvisée.


Christophe Ladret et Daniel Talma à la table de mixage.

Christophe est batteur et percussionniste. Il fait du jazz, de la World et de la pop alternative. Daniel est guitariste et ingénieur du son. Il aime les musiques singulières. L´un est français, l´autre hollandais, mais ils vivent et jouent à Malte. Un jour leur est venue l´envie d´élargir leur cercle musical. Mais comment faire quand on habite une petite île ? Et bien, on lance une bouteille à la mer.

Une expérience unique 
 
Leur première bouteille contenait 7 morceaux de base composés uniquement de deux instruments, batterie et Chapman stick et une invitation aux musiciens de tous horizons à les enrichir de leur propre partition. Très concrètement, ils ont créé le site bemixed.net, fait un peu de buzz sur talenthouse.com et attendu. Lancée en novembre 2011, l´idée commence à porter ses fruits. Une douzaine de musiciens ont envoyé leurs contributions des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, etc. Certains se sont pris au jeu et en ont envoyé plusieurs. Chant, effets vocaux, trompette, saxo, piano, clavier. Christophe raconte : « Chaque fois qu´on recevait un nouveau morceau, on était très excités à l´idée de découvrir comment nos thèmes de base avaient pu évoluer, jusqu´où “ils” avaient pu amener notre morceau ». 
 
Quand les deux compères ont estimé avoir suffisamment de billes, ils ont  commencé à mixer. Un des morceaux de base, Be sad, a ainsi donné naissance à Shine on, et Be chilled a donné lieu à deux versions très différentes l´une de l´autre. Un troisième est en préparation ; il est fermé aux nouvelles contributions. Le résultat est d´autant plus étonnant que la partie s´est jouée en aveugle. Aucun joueur n´a eu connaissance du travail des autres. On voyage entre les harmonies et mélodies de la pop, du folk, du blues, avec la liberté de l’improvisation jazz.
 

 
Les deux créateurs sont plus que satisfaits de leurs premiers résultats. Ils devraient prochainement remettre en ligne 4 nouveaux morceaux et espèrent à terme pouvoir faire un CD. Ils envisagent également la création d´un clip pour être présents sur Youtube. En attendant, on peut écouter ou télécharger les premiers titres sur bandcamp.com.
 
[1] : Le Dictionnaire abrégé du surréalisme donne du cadavre exquis la définition suivante : « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu´aucune d´elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. » (Source Wikipedia).

Une nouvelle approche de la notion de terrain : l’endobiogénie, médecine du futur ?

Le Dr Jean-Claude Lapraz est un médecin généraliste convaincu de l´efficacité des plantes et de la nécéssité de soigner les patients dans leur globalité, pas seulement les symptômes. Il personnalise ses traitements en s´appuyant sur la notion deux fois millénaire de terrain qu´il a actualisée sur des bases scientifiques. La journaliste Marie-Laure de Clermont-Tonnerre a mené l’enquête jusque dans dans son cabinet médical. Un livre à deux voix chez Odile Jacob.

Jean-Claude Lapraz Marie-Laure de Clermont-Tonnerre
Le Dr Jean-Claude Lapraz et Marie-Laure de Clermont-Tonnerre
La médecine personnalisée. Retouver et garder la santé.
Odile Jacob, 2012, 341 p., 21,90 €

Si les médecines alternatives sont souvent appelées parallèles, c’est qu’elles ne se croisent jamais avec la médecine enseignée dans les facultés. Le mérite du Dr Lapraz est d’avoir cherché à faire converger les parallèles ! Depuis ses débuts de médecin généraliste formé à l’hôpital, il n’a eu de cesse de réconcilier différentes approches, ne retenant que le meilleur de chacune d’elles. De la médecine hospitalière, il reconnait le succès dans les situations d’urgence. Mais il en a vite découvert les limites dans sa pratique de la « médecine à 10 minutes », une médecine des symptômes : échecs, récidives, effets secondaires des médicaments.

Rééquilibrer le terrain par les plantes

La médecine personnalisée, Jean-Claude Lapraz

Si la notion de terrain est fondamentale dans l’endobiogénie, c’est paradoxalement par la  phytothérapie que le Dr Lapraz a entamé son parcours novateur. Ce n’est que par la suite qu’il reconnaîtra l’importance de la notion de terrain et en renouvellera l’approche.

Sa rencontre avec le Dr Jean Valnet fut déterminante. Cet ancien chirurgien militaire avait constaté en Indochine que certains blessés ne présentaient aucune infection et que c’était ceux sur qui les paysans vietnamiens avaient appliqué des plantes médicinales. Il avait par la suite décidé de se consacrer à l’usage des plantes en médecine privée. Convaincu par Valnet de l’efficacité des plantes, Lapraz perçoit assez vite les limites et les faiblesses d’une phytothérapie trop « simpliste », basée elle aussi sur les symptômes. Il cherche alors avec le Dr Christian Duraffourd à intégrer l’usage des plantes « dans une approche globale et complète de l’homme et de sa physiologie » et crée avec lui le concept de phytothérapie clinique quand ils étaient tous deux assistants du Pr Reynier à l´hopital Boucicaut de Paris.

Cette approche globale de l’homme, Jean-Claude Lapraz la construira sur la notion de terrain. Mais il cherchera à dépasser l’approche traditionnelle en recherchant les causes profondes des différents terrains. C´est dans les déséquilibres du système hormonal qu´il trouvera une explication à des réactions différentes selon les individus face à la maladie. L’endobiogénie (endo pour endocrinien) « est fondée sur la reconnaissance du rôle primordial et incontournable du système hormonal à tous les niveaux du corps humain ». « Omniprésent et interdépendant, connecté à chacun de tous les autres systèmes, il est le seul qui soit capable, en l’état actuel des connaissances, d’assurer la régulation de la vie au niveau de chaque élément du corps humain, et dans le même temps de se gérer lui-même ».

Ecouter longuement, examiner attentivement

Comme le géologue avec son petit marteau, le médecin de terrain n’a pas besoin d’outils sophistiqués pour identifier celui de son patient : écoute attentive et examen clinique selon une méthodologie précise suffisent en général à révéler la réalité sous-jacente. Puis, tel un détective, le médecin va pouvoir faire confirmer ses indices par le labo. Mais là encore, point besoin d’analyses particulières. Bien souvent, les bilans sanguins classiques fournissent les données nécessaires au calcul d’index simples que le Dr Lapraz a codifiés avec le Dr Duraffourd  sous le nom de « biologie des fonctions ». Ces indicateurs sont à même « de révéler une vérité bien plus fine et plus complexe que celle contenue dans les résultats de base », car ils reflètent le fonctionnement du système endocrinien. Ainsi le rapport globules rouges / globules blancs – l’index de rapport génital – reflète le rapport de force entre androgènes et oestrogènes (hormones de la masculinité et de la fémininité).

Quel avenir pour l’endobiogénie ?

Bien que basée sur une démarche scientifique, cette médecine qui se veut réellement intégrative n’est pas perçue en France comme une réponse aux dysfonctionnements du système de santé. Elle n’est pas enseignée dans les facultés. Outre le fait qu’elle heurte les intérêts des grands laboratoires pharmaceutiques, elle a du mal à se développer dans le système conventionnel de l’assurance maladie qui ne reconnait pas la valeur du temps. Passer de la médecine à 10 minutes à la médecine à une heure nécessite un changement de paradigme !

Toutefois, depuis 20 ans, de nombreux médecins français et étrangers ont été formés à l’endobiogénie qui a essaimé en Angleterre, aux Etats-Unis, en Tunisie et au Mexique. Dans ce pays, elle est encouragée par les autorités sanitaires qui souhaitent valoriser le capital que constitue l’herboristerie mexicaine. Ainsi le service de santé du district fédéral de Mexico a inauguré en 2011 le premier Centre spécialisé en médecine intégrative (CEMI).

Dans une interview à Automates Intelligents, le Dr Lapraz précise que son livre est destiné aux patients et aux médecins, mais qu’il souhaite aussi amener les pouvoirs publics à reconsidérer la façon dont la santé est abordée et traitée en France.

> Pour trouver un médecin pratiquant l’endobiogénie, on peut s’adresser à l’association Phyto 2000.

Energie : Faut-il croire aux miracles ?

L’Apic (Association pour la promotion de l’information citoyenne), éditrice d’Ouvertures, relance hyperdebat.net, un site de débat méthodique créé en 2002. Premier thème de débat : Une énergie miracle peut-elle sauver la planète ?

« La question énergétique est majeure », affirmait Nicole Bricq, l’éphémère ministre de l´écologie, du développement durable et de l´énergie, au lendemain de sa nomination au gouvernement Ayrault I (C’est d’ailleurs un dossier énergie qui l’aura fait chuter). « Si [la] transition [énergétique] n´est pas anticipée, elle sera subie de manière chaotique et provoquera des conséquences économiques désastreuses, à l´image de la crise des subprimes », avertissent des experts.

L’énergie est le nerf de l’économie

Comme aime à  le démontrer l´ingénieur conseil et militant de la lutte contre le réchauffement qu´est Jean-Marc Jancovici, chaque français dispose d’une énergie équivalente au travail d’une centaine “d’esclaves”. Que l’énergie vienne à manquer ou à poser de gros problèmes, c’est tout notre mode de vie qui est remis en cause et l’économie qui le sous-tend. Nous commençons à réaliser que nous sommes coincés : le pétrole devient rare – donc cher – et émet du CO2 ; le charbon et le gaz pourraient prendre la relève mais émettent aussi du CO2 ; les risques du nucléaire, sous estimés, sont devenus réalité ; les énergies renouvelables sont encore chères, intermittentes et non dénuées d’inconvénients.

Face à ce constat, plusieurs attitudes sont possibles :

Cette dernière voie est assez tentante et, malgré les avertissements des Cassandre, largement partagée parce qu’elle permet de continuer comme avant. Nous avons encore le temps, disent ses partisans : les réserves fossiles sont loin d’être épuisées, le réchauffement du climat n’est pas pour demain… Fuite en avant ou saine confiance ?

Energie miracle, un bien ou un mal ?

Parier sur une énergie miracle repose toutefois sur un postulat jamais mis en cause, à savoir qu’une énergie abondante, sans risques, non polluante et bon marché serait forcément un bien. Une telle énergie serait évidemment bénéfique car elle permettrait de remplacer les énergies actuelles qui ont toutes des inconvénients. Mais d’un autre côté, plus l´homme disposera d´énergie, plus il pourra abîmer son environnement… Et quelques-uns mettent en garde : tabler sur d’hypothétiques progrès scientifiques ou techniques nous empêche d’agir maintenant, alors que nous en avons les moyens et que la planète ne peut plus attendre.

Hyperdebat a commencé à rassembler les arguments allant dans un sens ou dans l’autre et invite les lecteurs d’Ouvertures à les discuter ou les compléter. Sur hyperdebat, il est facile de rejoindre un débat en cours et d’apporter sa contribution, avec l’assurance qu’elle sera retenue si elle apporte un élément nouveau.

Hyperdebat, débattre avec méthode

Hyperdebat.net : Energie miracle, un bien ou un mal ?

Un débat nécessaire

Ce débat est loin d’être inutile, car beaucoup d’argent et d’espoir sont investis dans la recherche de nouvelles énergies.

Beaucoup d’argent par exemple dans la fusion nucléaire. Iter, le réacteur expérimental de type tokamak en construction à Cadarache, devrait coûter 16 milliards d’euros et son coût ne cesse d’augmenter. Sans compter les dizaines de milliards de dollars investis dans d’autres prototypes de tokamaks et d’autres procédés de fusion à travers le monde, pour des résultats lointains et incertains.

Beaucoup moins d’argent mais beaucoup d’espoir dans les LENR (Low energy nuclear reaction, réactions nucléaires de faible énergie), improprement appelées « fusion froide ». Initiées par les expériences de Pons et Fleishman en 1989, longtemps et souvent encore regardées avec méfiance par la science officielle, ces recherches misent sur l’exploitation de réactions nucléaires à basse température au sein de métaux. La Nasa, et plus récemment le Cern (Centre d´études et de recherches nucléaires, Genève), s’y intéressent.

Il y a bien sûr aussi toutes les recherches pour améliorer le solaire ou l´éolien, et celles qui visent à développer l´énergie de la mer ou la chaleur du sous-sol. Sans oublier le rêve de certains de pouvoir exploiter un jour l´énergie libre de l´univers (ou énergie du vide, voir Pure Energy Systems, en anglais).

Elections présidentielles : faut-il changer de méthode de vote ?

Personne n’a contesté l’élection de François Hollande à la présidence de la République, pas même François Bayrou. Il avait pourtant de bonnes raisons de le faire, car les sondages le donnaient vainqueur de tous ses adversaires au second tour s’il passait le barrage du premier. N’aurait-il pas gagné avec un mode de scrutin différent ?

Quel président devait sortir des urnes ? F. Hollande ou F. Bayrou ?
Crédits photo : idf-photos et pierremeunie

Des citoyens et des chercheurs ont mis à profit les élections présidentielles françaises d’avril-mai 2012 pour tester d’autres méthodes de vote. Ils ont fait appel à des volontaires qui se sont exprimés par Internet peu avant les élections. Deux expériences indépendantes ont rencontré un franc succès, avec chacune 11500 électeurs dans leur bureau de vote virtuel.

Le vote de valeur : rassembler au lieu de diviser

Bulletin de vote de valeur

Bulletin de vote de valeur

Insatisfaite du système actuel, l’association Citoyens pour le vote de valeur promeut une méthode qui permet à l’électeur d’exprimer de manière nuancée son opinion sur tous les candidats, au lieu d’être contraint de n’en choisir qu’un. Dans le vote de valeur, l’électeur est invité à noter tous les candidats sur une échelle de -2  (très hostile) à +2 (très favorable). Au dépouillement, le candidat qui obtient le plus de points est élu en un seul tour.

Parmi les 7 avantages du vote de valeur identifiés par l’association, on trouve le fait qu’il favorise la cohésion nationale : les rejets comptent autant que les soutiens, un candidat de clivage est battu par un candidat soutenu moins fortement mais par plus d´électeurs. A noter également, la disparition du vote utile (je préfère A, mais je vote B par peur que C soit élu), frustrant pour l’électeur.

Une fois le test terminé, ses organisateurs ont recalé les résultats avec les « vraies élections » pour éliminer le biais de l’échantillon [1]. Et surprise, ce n’est pas François Hollande qui sort vainqueur de cette élection parallèle, mais François Bayrou, avec une note moyenne de 0,25, contre 0,05 – juste la moyenne – à l’autre François. On trouve ensuite, dans un mouchoir de poche, Mélenchon, Sarkozy et Joly, avec des notes de – 0,3 à – 0,4. Quant à Poutou, Arthaud, Le Pen et Cheminade, ils sont franchement rejetés avec des notes autour de -1.

Si Hollande perd cette élection virtuelle, c’est en raison d´un nombre trois fois supérieur de francs rejets (-2) par rapport à Bayrou, malgré près du double de francs soutiens (+2).

Moyenne des notes attribuées par les électeurs à chaque candidat dans ce vote de valeur à un seul tour. C´est François Bayrou qui est élu.

Dans son bilan de l´expérimentation, l’association constate avec satisfaction que l´écrasante majorité des électeurs s´exprime de manière nuancée, en utilisant des notes intermédiaires ou en soutenant plusieurs candidats à la fois. Elle regrette toutefois d’avoir employé le terme “indifférent” (associé à la valeur zéro), trop ambigu, qui pouvait être interprété comme un vote blanc.

Quelle méthode choisir ?

Un autre collectif rassemblant des chercheurs Français et Québécois a testé deux autres méthodes de vote. L’une, au dépouillement particulièrement compliqué, le vote alternatif, consiste à classer les candidats par ordre de préférence. L’autre, le vote par approbation, consiste pour l’électeur à cocher le (ou les) candidats qu’il approuve. Contrairement au vote de valeur, ces deux méthodes n’auraient pas changé la donne et auraient désigné François Hollande. Il aurait gagné devant Nicolas Sarkozy dans l´une, devant François Bayrou dans l´autre (résultats détaillés).

>> Ces expériences sont intéressantes à plus d’un titre. D’abord, elles montrent à quel point le mode de scrutin peut influer sur le résultat des élections. Ensuite, elles font connaître des alternatives au scrutin uninominal à deux tours dont les déficiences ne sont plus à démontrer. Enfin, elles testent la manière dont les électeurs perçoivent et utilisent ces nouveaux modes d´expression électorale.

Il ne faut toutefois pas perdre de vue qu’elles gardent un caractère artificiel dans la mesure où une élection, c’est tout un écosystème – les candidatures, les primaires, les alliances, les programmes… – qui s’organise en fonction de la méthode retenue. D’autre part, ces élections virtuelles n’ont pas été accompagnées de sondages comme dans les vraies, tout au moins de sondages effectués selon les modes de scrutin testés.

[1] Les organisateurs avaient pris soin de faire également voter les volontaires selon le mode de scrutin en vigueur, afin de pouvoir redresser l´échantillon par rapport à l´ensemble des votes réellement exprimés le 22 avril.

Gitta Mallasz reconnue « Juste parmi les Nations »

20 ans après sa mort, Yad Vashem vient de reconnaître à Gitta Mallasz la qualité de « Juste parmi les Nations » [1]. Son charisme pour faire connaître l’enseignement spirituel des Dialogues avec l’ange avait un peu occulté le fait qu’elle ait sauvé la vie d’une centaine de juives hongroises.

Gitta mallasz en 1983
Gitta Mallasz en 1983. Photo R. Hinshaw

Budapest 1943. Alors que les Allemands n’ont pas encore envahi la Hongrie, mais que l’antisémitisme est de plus en plus prégnant, quatre amis, 3 juifs et une catholique, se retrouvent régulièrement pour partager leur inquiétude et chercher un sens à leur existence dans cette époque de mensonge et de violence. Un jour, l’une d’elles, Hanna Dallos, artiste d’une exceptionnelle sensibilité, se met à parler, avec la sensation que ses mots proviennent d’au-delà d’elle-même : « Attention, ce n’est plus moi qui parle », prévient-elle.

Commence alors le premier de 88 entretiens hebdomadaires qui vont progressivement constituer l’ébauche d’un enseignement spirituel original et universel. Les notes prises pendant 18 mois par Lili Strausz et Gitta Mallasz seront traduites en français et publiées par cette dernière 30 ans plus tard sous le titre Dialogues avec l´ange.

Une centaine de juives protégées par des uniformes allemands

Hanna Dallos par Gitta Mallasz
Hanna Dallos, par Gitta Mallasz
(avec l´aimable autorisation du Dr Vera Dallos-Pinter)

En juin 1944, trois mois après l’invasion des troupes nazies, les déportations prennent de l’ampleur et commencent à toucher les juifs de la capitale. Gitta Mallasz, fille d’un général catholique, se voit alors proposer le commandement d’un atelier de confection d’uniformes militaires pour assurer la protection d’une centaine de femmes juives. Celle-ci accepte à condition que ses amies, Hanna et Lili, puissent en faire partie (Joseph Kreutzer, quatrième du groupe et mari d’Hanna, vient d’être arrêté). L’imagination et le sang-froid de Gitta permettront à la fabrique de la Katalin de tenir 6 mois, jusqu’au 1er décembre 1944. Ce jour là, alors que l’Armée rouge approche, un groupe de nazis hongrois, les Croix fléchées, vient pour mettre fin à la mystification. Gitta Mallasz fait alors appel aux SS qui occupent une villa mitoyenne et qu’elle avait auparavant amadoués et convaincus de ménager un passage dans la clôture. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ceux-ci vont favoriser l’évasion d’une centaine d’ouvrières au nez et à la barbe des Croix fléchées qui ne repartiront toutefois pas totalement bredouilles : Hanna et Lili ont librement décidé de rester et seront embarquées dès le lendemain dans le dernier convoi à quitter Budapest pour Ravensbrück, avec quelques autres femmes qui ne pouvaient pas ou n’osaient pas s’enfuir.

Un exploit au goût amer

Le dernier convoi - Eva Langley-Danos

N’ayant pas réussi à sauver ses amies, Gitta Mallasz ressentira toujours cet exploit comme un échec et refusera de connaître les détails de leur mort en déportation. Elle réservera même plus tard un accueil plus que froid à une de leurs compagnes de la Katalin, Eva Danos, arrêtée avec elles, mais revenue des camps. Elle révélera qu’Hanna et Lili ne sont pas mortes en camp, mais au cours d’un interminable transfert en wagons à bestiaux à travers l’Allemagne : 16 jours dans le froid du mois de février 1945, de Ravensbrück à Burgau, entassées avec 75 femmes affamées, les pieds dans les excréments. Après la libération de son camp par les Américains, Eva Danos se retrouvera en convalescence dans un ex-hôpital militaire allemand où un bénédictin lui recommandera d’écrire ce qu’elle avait vécu. Ce récit, initialement écrit en hongrois, vient seulement d’être traduit en français et publié par Albin Michel sous le titre Le Dernier convoi.

> Une présentation du livre Le Dernier convoi aura lieu le jeudi 2 février 2012 à 19h au Forum 104 (104 rue de Vaugirard, 75006 Paris), avec la participation de Françoise Maupin, traductrice du livre et amie de Gitta Mallasz, Marguerite Kardos, présidente d’Adda,  Robert Hinshaw, éditeur des versions anglaises et allemandes et auteur d’une postface inédite sur la vie d’Eva Danos et Patrice Van Eersel, auteur le La Source blanche, l’étonnante histoire des Dialogues avec l’ange.

[1] Yad Vashem a reconnu Gitta Mallasz en juin 2011, mais la cérémonie officielle n´a eu lieu que le 13 mai 2012.

Biodiversité : haro sur les aides publiques pernicieuses

Qui sait qu’en France la TVA sur les pesticides et les engrais est au taux réduit de 5,5 % ? C’est ce que révèle, entre autres, le rapport du Centre d’analyse stratégique (CAS) sur les aides publiques dommageables à la biodiversité.


Crédit photo : jekrub

Avant d’encourager les comportements vertueux, les Etats doivent s’assurer qu’ils ne favorisent pas par ailleurs des pratiques dommageables à l’environnement. C’est en tous cas ce que l’UE (Union européenne) et l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) préconisent de manière de plus en plus pressante. C’est ainsi qu’en France le Centre d’analyse stratégique (CAS) a été chargé d’une étude sur les aides publiques dommageables à la biodiversité.

Le groupe d’études a identifié cinq « grandes pressions » à l’origine de l’érosion de la biodiversité :

  • la destruction et la dégradation qualitative des habitats par la fragmentation, le changement d’usage des terres, l’artificialisation, la simplification et l’intensification des pratiques agricoles ;
  • la surexploitation des ressources naturelles renouvelables (ressources halieutiques, en eau, sols, forêts) ;
  • les pollutions (nitrates, pesticides, thermiques, résidus de médicaments) ;
  • le changement climatique qui agit sur l’ensemble des équilibres ;
  • les espèces exotiques envahissantes.

La réflexion a non seulement porté sur les subventions directes ou indirectes, mais également sur l’« absence d’internalisation de certains effets externes », autrement dit sur les exonérations de redevances liées à des pollutions.

La liste est longue des aides publiques qui nuisent à la biodiversité. C’est un véritable catalogue à la Prévert qui en dit long sur le fonctionnement de l´Etat : aide à la pêche professionnelle par exonération de la TIC (taxe intérieure de consommation) sur les carburants pétroliers, sous-tarification de l’usage des réseaux de transport, incitations à la « simplification des paysages », aides à la construction de logements neufs, tarification de l’eau n’incitant pas à la modération, sous-tarification de la pollution des eaux (nitrates), etc.

Face à ce constat d’éparpillement, le rapport met en avant une sélection de recommandations privilégiant « les plus faciles à mettre en œuvre et les plus conceptuellement innovantes ». N’en retenons ici qu’une, emblématique des questions soulevées par ce rapport, dans le domaine de l’agriculture.

L’utilisation d’engrais et de pesticides continue à être encouragée

Alors que le Grenelle de l’environnement a établi un plan ambitieux de réduction de l’utilisation des pesticides, la France maintient un taux de TVA réduit de 5,5% sur les engrais et les produits phytosanitaires.  Cette aide de 43 millions d’euros par an va également à l’encontre de la politique de développement de l´agriculture biologique issue du même Grenelle, qui a notamment institué un doublement du crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique (art. 31).

Fort logiquement, le rapport du CAS préconise l’application du taux normal de TVA, comme dans la plupart des pays européens.

Réchauffement climatique

Dans le même registre des aides publiques néfastes à l’environnement, l’OCDE a publié le 4 octobre 2011, conjointement avec l’AIE (Agence internationale de l’énergie), un rapport sur les subventions publiques aux énergies fossiles. Leur montant est estimé à 409 milliards de dollars en 2010 pour l’ensemble des pays.  Pour ces deux institutions, les subventions aux énergies fossiles engendrent une utilisation irrationnelle de l´énergie et une compétitivité moindre des énergies renouvelables.

Organisation de coopération et de développement économiques

La meilleure énergie est celle qu’on évite de produire: diminuer la facture électrique

L’association négaWatt vient de présenter son scénario 2011 pour se passer à terme des énergies fossiles et du nucléaire. Il met la priorité sur les économies d’énergie (sobriété et efficacité), afin de limiter les besoins en énergies renouvelables. Après les carburants, Ouvertures poursuit son tour des principaux gisements d’économies. Aujourd’hui, l’électricité.

En France, la production d’électricité pèse relativement peu sur le bilan carbone. Revers de la médaille, la prééminence du nucléaire nous expose à des risques que les accidents de Tchernobyl et de Fukushima sont venus dramatiquement rappeler.


Si tout le monde s’y mettait, on pourrait éviter 6 réacteurs nucléaires !                     Crédit photo : klairmak

Economiser, c´est éviter des réacteurs nucléaires

Il y a en France 58 réacteurs nucléaires en activité, d’une puissance nette moyenne de 1100 MW. Un calcul élémentaire prenant en compte le taux de disponibilité moyen des réacteurs (78%), les consommations de la filière nucléaire et les pertes en ligne montre qu’un réacteur peut fournir 6,7 milliards de kWh par an, soit 260 kWh par ménage. Donc, si tous les ménages économisaient 260 kWh par an, on pourrait fermer un réacteur (ou éviter d’en construire un). 260 kWh par an, c’est peu. C’est moins de 10% de la consommation moyenne d’un foyer (qui est de l’ordre de 3000 kWh, hors chauffage électrique et eau chaude sanitaire). Selon le cabinet Enertech, le potentiel d’économie des ménages est énorme, bien supérieur à 10%. Réduire sa consommation d’électricité de 50% serait à la portée de tous. Si tout le monde s’y mettait, on pourrait donc éviter 6 réacteurs nucléaires, auxquels il faudrait ajouter les économies dans le domaine du chauffage, de la climatisation et de l’eau chaude sanitaire (que ne sont pas abordées dans cet article).

Commencer par mesurer

La première chose à faire, avant de se lancer dans la chasse au gaspi, c´est de connaître sa consommation annuelle. Pour cela, pas d’autre solution que de se plonger dans ses factures des 2 ou 3 dernières années. Ensuite, une fois la consommation initiale connue, il faut suivre son évolution. On peut le faire avec les factures, mais pour voir plus rapidement les résultats, il est conseillé de procéder à un auto-relevé mensuel. Et, pour soutenir la motivation, afficher un petit graphique montrant les progrès réalisés.

Témoignage : la motivation avant la technologie

« Chez moi, j’ai voulu baisser les émissions de C02. J’ai commencé par la technologie, lampes basses consommation, poêle à bois à haut rendement. Mais j’ai buté sur le fait que je ne suis pas seul chez moi (beaucoup d’enfants) et que si on n’éteint pas les ordinateurs, qu’on n’allume pas le poêle mais le radiateur d’appoint… on gagne peu (dans mon cas, – 25%).
Alors je leur ai dit : ce qu’on économise en électricité cette année, on le partage entre vous. Et tout le monde s’y est mis : – 60% !!!
A la famille, ça ne coûte pas plus cher, juste que l’argent reste ici au lieu d’aller chez EDF. En une année, cela aura donné des bonnes habitudes et il suffira des les entretenir.
Et si dans les entreprises, les écoles, on inventait des systèmes qui vont dans ce sens ? Pour une école, ce pourrait être, l’argent économisé est reversé à 50% au bureau des élèves pour acheter des jeux, de la musique. Ceci inciterait le dernier qui quitte une salle à fermer la fenêtre si c’est l’hiver, à éteindre la lumière.
Dans une entreprise, un autre système, machines à café moins cher, ..
Car le gaspillage vient souvent de l’irresponsabilité, le fait de sentir qu’on y peut rien, que notre action ne changera rien.
Ce n’est qu’une idée en l’air, mais peut fédérer les bonnes volontés, et entrainer les autres. Le seul fait de mesurer, de s’y intéresser améliore souvent les choses ».
franck-nat, contibution au débat ADEME, Faisons vite, ça chauffe ! (12 mars 2007)

Comment s’y prendre ?

Par où commencer ? Les plus méthodiques feront un recensement de leurs appareils électriques et s’attaqueront d’abord aux plus voraces. Les autres feront selon leur intuition. Mais le principal est d’engranger des résultats. Si on manque d’idées pour agir, on peut se référer au guide technique Enertech, très complet, plutôt qu’aux sites pas toujours pertinents qui se sont multipliés sur le web.

Selon les sources de consommation, les économies passeront par un changement de comportement, l’entretien de l’équipement ou son adaptation, et éventuellement par son renouvellement si la technologie a progressé et que le marché propose des équipements plus sobres (avant d’acheter, consulter le guide Topten).

Les kWh au jour le jour

La consommation se mesure en  kWh (kilowatt heure) : 1 kWh = 1000 Wh.
Pour évaluer celle d´un appareil, il suffit de connaître sa puissance (en Watts) et la durée d’utilisation (en heures), et de les multiplier.
Exemple : une box internet de 20 W (boîtier ADSL seul), restant allumée toute l’année consomme : 20 (W) x 24 (heures) x 365 (jours) = 175 200 Wh = 175 kWh.Si on ne connait pas la puissance, ou si l’appareil ne fonctionne pas en continu (frigo), il faut procéder à une mesure. Deux solutions :wattmètre
1. Acheter un wattmètre. Installé sur la prise de l’appareil, il indiquera la puissance en Watts ou la consommation en kWh pendant une durée donnée. On en trouve pour 10 à 20 €. Mais attention, leur indication peut être sensiblement différente de celle du compteur de l’habitation, qui seul fait foi.
2. Utiliser le compteur, en débranchant tous les autres appareils. Si le compteur est électronique, il peut afficher la consommation pendant un temps donné en Wh. S’il est mécanique, il faut compter les tours de roue (un tour de roue = 2,5 ou 4 Wh selon les modèles) ou attendre suffisamment longtemps pour que les chiffres défilent.
A noter que si le compteur continue à tourner alors que tous les appareils ont été débranchés, il y a quelque part un appareil oublié…

Les appareils qui pèsent le plus sur la consommation sont ceux de faible puissance qui fonctionnent 24h sur 24 et ceux de forte puissance.

Un exemple : le frigo

Le frigo est un des plus gros postes de consommation de la maison, surtout s’il est ancien. Dans ce cas, on a tout intérêt à le changer, comme le montrent des études rapportées par énergie-environnement (Suisse). L’auteur de ces lignes a économisé 500 kWh par an en remplaçant son frigo de 1991 par un modèle de classe A+, avec à la clef une économie de 55 € par an (à 0.11 € le kWh). Mais on peut aussi vivre sans frigo

>> Plusieurs pays ont mis en place une prime à la casse pour les vieux frigos : Québec, Etats-Unis… Pourquoi pas la France ?

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Un dégivrage régulier améliore la
performance des frigos
Crédit photo : Etolane

Mais que le frigo soit récent ou ancien, il y a quelques règles à connaître pour limiter sa consommation :

– Ne pas l’installer à côté d’une source de chaleur et ne pas trop chauffer la pièce (conso + 38 % dans une pièce à 23°C par rapport à une pièce à 18°C).
– Laisser de la place tout autour pour une bonne circulation de l’air.
– Régler le thermostat pour obtenir une température de 5°C (plus chaud, les aliments sont mal conservés, plus froid, il consomme 7 % de plus par degré).
– Arrêter le ventilateur (pour les frigos ventilés). Le ventilateur n’est vraiment utile que lorsque le frigo est plein ou qu’il fait chaud (> 25°C). Gain : 50 kWh/an.
– Dépoussiérer l’évaporateur (sur la face arrière) et surtout dégivrer régulièrement.
– Ne pas mettre de plats encore chauds.
– Ne pas mettre d’aliments qui n’ont pas besoin d’être conservés au froid (oeufs, boîtes de conserve, briques de lait non ouvertes…)
– Ne pas laisser la porte ouverte longtemps, regrouper les entrées-sorties.
– Vérifier le bon état du joint de porte et que la porte ferme bien.

Bon à savoir

Avant de refermer ce dossier, voici quelques points peu connus extraits du guide Enertech. Ils sont tous importants, car les appareils concernés figurent au top des consommations domestiques :

  • TV : le progrès technique s’est accompagné d’une dégradation de la performance énergétique. En moyenne, un écran cathodique consomme 71 kWh/an, un écran plat à cristaux liquides 183 kWh/an et un écran plasma 492 kWh/an. Les projecteurs vidéo consomment à peu près autant que la technologie plasma.
  • TV, ordinateurs : la consommation d’un écran plat est proportionnelle au carré de sa diagonale (un écran de 42´ (107 cm), consomme en théorie 2,6 fois plus qu´un écran 26´ (66 cm). En pratique, pour les téléviseurs testés par Que Choisir, le rapport n´est que de 2).
  • Sèche-linge : il faut essayer de s’en passer. Mais faire sécher le linge à l’intérieur n’a pas de sens (pendant la saison de chauffage), car le séchage du linge augmente la facture de chauffage. Une bonne solution est d’avoir un essorage performant.
  • Les circulateurs de chauffage central ont une puissance de l’ordre de 80 W. On peut en général les asservir au brûleur pour qu´ils ne tournent pas en permanence et économiser jusqu’à 300 kWh/an.

Et pour clore, ne pas oublier l’eau chaude sanitaire (ECS) dont l’usage s’envole, sans correspondre à de réels besoins. Elle est souvent produite à l’électricité. Voir notre article Réduisez facilement votre facture d’eau : 3. Comment utiliser moins d’eau chaude

> Lire notre dossier Faire des économies
> Consulter le guide pratique de l’Ademe Réduire sa facture d’électricité

Pacitel, un nouveau patch antipub

>> Mise à jour 18/12/2015 : Pacitel a fermé. Un nouvel organisme a été désigné début 2016 pour gérer une nouvelle liste d’opposition au démarchage téléphonique : Bloctel.

Cibles de campagnes publicitaires ou de démarchages commerciaux, les consommateurs sont très exposés à des attaques plus ou moins intrusives. Mais c’est à eux que revient la tâche de se protéger. Quelle sera l’efficacité de la nouvelle arme contre le démarchage téléphonique ? Pourquoi les professionnels nous l’offrent-ils ?

Call center
Call center. (Crédit photo MIgraciónTOtal)

L’ouverture au public le 20 septembre 2011 du site pacitel.fr est le résultat des travaux d´un groupe de travail mis en place en 2010 par Hervé Novelli, alors ministre chargé de la consommation. Il est composé des principales fédérations professionnelles du secteur de la prospection et de la vente par téléphone : l´Association française de la relation client (AFRC), la Fédération de la vente directe (FVD), la Fédération de la vente à distance et du e-commerce (FEVAD) et la Fédération française des télécommunications (FFT).

« Opt-out » contre « opt-in »

Le principe est simple : en inscrivant son ou ses numéros de téléphone sur pacitel.fr, chacun d’entre nous peut espérer échapper aux 80% d’entreprises adhérentes au dispositif. La protection ne sera opérationnelle que le 1er décembre 2011, le temps pour les professionnels de mettre en place les moyens d’expurger leurs listes de prospection. En présentant le nouveau dispositif, Frédéric Lefebvre, secrétaire d’Etat chargé de la consommation, a annoncé que la consultation de cette liste d’opposition par l’ensemble des entreprises françaises sera rendue obligatoire. Un amendement en ce sens (CE 435) a été adopté par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale lors de l’examen du projet de loi renforçant les droits, la protection et l’information des consommateurs qui devrait être examiné fin septembre 2011.

Pacitel au Parlement (Mise à jour du 10 janvier 2012)Les députés ont adopté mardi 4 octobre 2011 une disposition (Article 8 ter), rendant obligatoire l´adhésion à Pacitel pour les entreprises faisant du démarchage téléphonique. Ils ont également instauré une amende administrative maximale de 15 000 € pour une personne physique et de 25 000 € pour une personne morale à chaque démarchage téléphonique illicite.

Le sénat a rejeté le texte de l´Assemblée nationale le 22 décembre 2011 et institué que « lors de la conclusion d’un contrat de fourniture de service téléphonique au public, l’opérateur de communications électroniques [recueille] le consentement exprès de l’abonné, personne physique, pour l’utilisation par voie téléphonique, par un tiers au contrat, de ses données à caractère personnel à des fins de prospection directe, sauf en cas de relations commerciales préexistantes ». Il a d´autre part relevé à 45 000 € le montant de l´amende en cas d´infraction.

Frédéric Lefebvre, Secrétaire d’État chargé de la Consommation, « déplore la remise en cause par la majorité sénatoriale du dispositif PACITEL » qui compte déjà 900 000 numéros inscrits et souhaite « revenir sur cette remise en cause regrettable pour les consommateurs et dangereuse pour notre économie et pour l’emploi, en cette période de crise » (directgestion.com).

La constitution d’une telle liste répond au principe dit de l´« opt-out » [*], puisque ce sont les abonnés qui doivent effectuer une démarche pour protéger leurs données personnelles. Il existe déjà aux Etats-Unis sous le nom de do not call registry.

Mais, confrontés à l’exaspération croissante de leurs mandants, plusieurs élus souhaitent aller plus loin et introduire dans la loi le principe de l´« opt-in ». Dans ce schéma, ce sont les opérateurs qui devraient recueillir l’assentiment des abonnés à être contactés par des sociétés de télémarketing.  Ainsi, par défaut, tous les consommateurs seraient protégés, et seuls ceux ayant coché une case à la signature de leur contrat (ou plus tard) seraient susceptibles d’être appelés. Deux propositions de loi ont été déposées en ce sens : l’une le 11 mars 2011 par le sénateur RDSE Jacques Mézard, l’autre le 22 juin 2011 par le député UMP Marc Le Fur.

Ceci pourrait expliquer l’empressement des professionnels à faire preuve de bonne volonté face à la menace que les Français disent massivement non au démarchage téléphonique.

Par leur intégration au dispositif Pacitel, les entreprises s’engagent également à suivre des recommandations déontologiques (Recommandations_Pacitel.doc), telles que le respect de certaines heures convenables pour passer les appels (du lundi au vendredi de 8h à 20h30 et le samedi de 9h à 19h), la courtoisie et clarté de présentation, la garantie d’un environnement socialement responsable.

Pacitel en pratique

L’inscription est gratuite, mais n’est valable que 3 ans. On peut inscrire jusqu’à 6 numéros, fixes et portables, en certifiant sur l´honneur être le titulaire des lignes. Le nom de l’abonné n’est pas demandé, il suffit de fournir un email pour que l’inscription puisse être confirmée.

Le site permet également de signaler des « appels non désirés ». A noter que l’inscription à Pacitel n’empêche pas les appels émanant d’entreprises « que vous avez sollicitées ou dont vous êtes déjà client ». Pacitel ne protège pas non plus des spams SMS. Il est plus efficace que la « liste orange », qui ne fait qu’interdire aux opérateurs de téléphone de vendre les coordonnées de ceux qui s’y inscrivent.

[*] “to opt out” signifie “décider de ne pas participer”, “to opt in”, “décider de participer”

>> En attendant que pacitel offre une protection totale contre le démarchage, il est assez facile de repérer les appels de centres d´appels : ils sont masqués et sont le plus souvent affectés d´un délai de plusieurs secondes entre le moment où l´on décroche et les premières paroles de l´appelant. On peut donc tranquillement raccrocher après le deuxième Allo sans réponse.

Pour compléter la panoplie antipub :

Courrier – Etiquette Stop-Pub sur la boîte aux lettres. Ouvertures vous offre un modèle d’étiquette de dimension normalisée intégrant à la fois votre nom et le logo « Stop Pub (sauf l’information des collectivités) » : Etiquette_antipub.docEtiquette Stop pub

– Liste Robinson :  www.ufmd.org

SMS Numéro pour signaler le spam SMS et vocal :  33700
Web Plugins à ajouter au navigateur, comme Adblock (voir Logiciels antipub sur Wikipedia)
Mail Anti-spam. A noter que les plus efficaces sont ceux des plus grosses messageries comme hotmail, gmail, yahoo mail), qui recueillent en temps réel les signalements des internautes.
TV – Regarder les TV sans pub, où aux plages horaires sans pub
– Enregistrer les émissions, regarder en différé (télévision de rattrapage)
Affichage Adhérer à une association antipub (Agir pour les paysages, Casseurs de pub, Déboulonneurs, Paysages de France…). Voir aussi Antipub dans Wikipedia.

·         Etiquette Stop-Pub sur sa boîte aux lettres : Ouvertures vous offre un modèle d’étiquette de dimension normalisée intégrant à la fois votre nom et le logo « Stop Pub (sauf l’information des collectivités) »

Liste Robinson :  www.ufmd.org

Lehel Ràcz : «Les Trobriandais ont 2000 ans d’avance sur nous!»

« Vous voulez nous faire revenir à la bougie ! Pas question ! » Voilà ce qu’on s’entend souvent répondre quand on parle de vie simple, écologique, frugale, économe en ressources. A l’heure où les finances mondiales vacillent, sachons écouter d’autres voix, comme celle de Lehel Ràcz, un Hongrois fasciné par l’expérience des îliens de Trobriand, en Papouasie Nouvelle-Guinée. Pour lui, le système d’échanges des autochtones a 2000 ans d’avance sur le nôtre…


Lehel Ràcz interviewé par Ouvertures en Hongrie. Tournage : Fabien Le Boulluec.

Lehel Ràcz a vécu en France de 1956 à 1987. Quarante ans après avoir visionné un film sur l’île de Trobriand dans le cadre des projections de « Connaissance du monde », quarante ans après avoir ardemment rêvé aux modalités d’existence de ce peuple, il part y faire un séjour qui le marque pour toujours.

Les Trobriandais vivent en bonne intelligence avec les « esprits » (ces « mondes parallèles »). « On est à côté d’une réalité dont on s’exclut nous-mêmes, dit-il en conclusion de l’interview. Il faudrait d’ailleurs qu’on y revienne parce qu’on perd ainsi l’essentiel, peut-être la plus belle partie de la vie ».

Les Îliens de cette région du nord-est de l’Australie ne travaillent que deux heures par jour (avis aux syndicats !). Leur production est essentiellement donnée et, comme tout le monde donne, tout le monde vit dans l´abondance.

Aujourd’hui, M. Ràcz vit près du lac Balaton en Hongrie, son pays d’origine, où il construit des maisons écologiques et commercialise un produit à base de blé germé, le Manna-Rax, qui contient des vitamines, des oligoéléments et plus de quatre-vingts enzymes : un vrai produit de survie.

L´île dont il parle est Kiriwina de l´archipel Trobriand, en Papouasie Nouvelle Guinée.

Cette île a été étudiée par l´ethnologue anglais d´origine polonaise Bronislaw Malinowski, qui s´est en particulier intéressé au système d´échange Kula.

> Selon l´ethnologue Jacques Villeminot, les Trobriandais sont “les hommes les plus heureux de la Terre”. Un documentaire de l´INA.

Confirmation scientifique : les bons profs font les bons élèves

En tant qu´élève ou parent, nous savons que la motivation et les résultats scolaires dépendent beaucoup de la qualité des enseignants. Mais cela restait à prouver scientifiquement. C’est maintenant chose faite. Reste à trouver la recette pour avoir de bons profs qui soit du goût du corps enseignant !

Natha1308Crédit photo : Natha1308

Dans un rapport du 12 juillet 2011, le CAS (Centre d’analyse stratégique, rattaché au Premier ministre), fait le point sur « l’effet enseignant ». Pour améliorer le niveau scolaire, de nombreuses pistes ont été invoquées ou essayées : aménagement du temps scolaire, révision des programmes, réduction de la taille des classes… Mais la clé de voûte de tout enseignement n’est-elle pas l’enseignant lui-même ?

De l’intérêt de miser sur les profs

Avoir un bon prof peut faire la différence. C’est ce que montrent plusieurs études récentes aux résultats concordants et jugés robustes :

  • l’efficacité de l’enseignant explique de 10 à 20% des différences de progression constatées chez les élèves,
  • l’effet enseignant est plus marqué en maths qu’en français ou en lecture,
  • l’effet enseignant est très supérieur à l’effet établissement, qui, lui, ne dépasse pas 5%,
  • améliorer l’efficacité des enseignants est le premier levier d’amélioration de la réussite scolaire, devant la réduction de la taille des classes.

Toutefois, toutes les études relèvent une dilution de « l’effet enseignant » dans le temps, c´est-à-dire que si un élève passe d’un bon prof à de moins bons, l’effet bénéfique s’estompe dans le temps.

Ce qui ne sert pas à grand chose :

Selon les études citées, la faculté d’un enseignant à faire progresser ses élèves ne dépendrait que très peu de son niveau de formation initiale ou de son ancienneté. Ce n’est donc pas sur la formation des enseignants que devraient porter prioritairement les efforts.

De même, il a été démontré que l’idée de doper la motivation des profs en augmentant leurs salaires ou en instituant des systèmes de rémunération au mérite n’améliore pas le niveau des élèves.

Aide aux nouveaux enseignants:  des classes filmées et analysées

Destinée principalement aux nouveaux enseignants, la plateforme NéoPass@ction propose des situations de classe filmées, qui sont commentées ou analysées par des enseignants débutants, expérimentés et des chercheurs.

Elle peut être utilisée en situation de formation par un tuteur ou un formateur, mais aussi, à titre personnel, par toute personne disposant d´une adresse Internet académique.

Les vidéos mises en ligne illustrent des situations professionnelles problématiques partagées par un grand nombre d’enseignants, quelle que soit la matière enseignée, ainsi que les stratégies adoptées face à ces difficultés.

Pour des raisons de qualité des séquences vidéo enregistrées en classe mais aussi de droits à l´image, certaines scènes, réellement observées en classe, ont été rejouées avec des enseignants débutants et des élèves volontaires.

Ce qu’il faudrait faire :

La première piste repose sur le constat de la Brookings Institution, cité dans le rapport du CAS, qu’il ne faut pas plus de deux ans de métier aux enseignants pour faire leurs preuves. L’institution américaine propose alors fort logiquement de n’attribuer le diplôme d’enseignant qu’au bout de deux ans de pratique, tout en concédant que le coût politique d’une telle révolution pourrait être élevé et qu’il faudrait de nombreuses années avant qu’elle ne fasse sentir ses effets.

Les autres propositions reposent sur l’amélioration du « feedback » donné aux enseignants. Elles essaient de pallier les effets pervers des antiques inspections pédagogiques. A noter en particulier l’idée de faire évaluer les profs par leurs élèves. Cette pratique, courante en formation professionnelle, est en effet encore très rare dans les écoles. La raison, selon l’auteur du rapport du CAS : « On prétend souvent que les élèves ne sont pas capables de juger de la qualité d’un enseignant. Cela est inexact ». Comme l’a démontré aux Etats Unis le projet MET, les élèves ont un jugement fiable et pertinent… et ils sont plus avisés qu’on ne le croit. Ils mettent ainsi en avant deux critères déterminants pour les enseignants : la capacité à « tenir » leur classe, et le fait d’avoir un niveau élevé d’exigence.