Le CSA rappelle à l’ordre France 2 sur sa déontologie

Capture d'écran de l'émission.

Capture d’écran de l’émission.

Le reportage d’Envoyé spécial avait provoqué une vive polémique à l’époque de sa diffusion, en pleine campagne présidentielle. Il soulevait principalement deux problèmes majeurs : l’insuffisance des contrôles vétérinaires dans les abattoirs et l’extension abusive de l’abattage rituel sans étourdissement au-delà des seuls motifs cultuels et pour des raisons strictement économiques (continuité de la chaîne d’abattage, respect des cadences…).

L’organisme de régulation a publié, le mercredi 25 juillet, à la suite de son assemblée plénière du 26 juin, cet avis en forme de rappel à l’ordre sur la déontologie de l’information et des programmes de France 2 : « Dans la mesure où ce sujet pouvait prêter à controverse, il aurait été souhaitable que des efforts supplémentaires aient été mis en œuvre par la chaîne afin de mieux assurer l’expression de la diversité des points de vue, conformément à l’article 35 du cahier des charges de France Télévisions ».

C’est un fait notoire qu’il est quasi impossible d’obtenir un droit de réponse à la télévision quand on est un citoyen ou une entreprise lambda et qu’on estime que les propos des journalistes n’ont pas été équilibrés. Reste la possibilité de saisir le CSA pour manquement à la déontologie, mais celui-ci déboute la plupart du temps les demandeurs, arguant de la nécessité de respecter la liberté d’expression. Sauf, comme dans le cas présent, si on « pèse » un certain poids politique ou économique.

Le CSA, en effet, avait été saisi par Interbev, l’Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes. Ce secteur est le premier secteur agro-alimentaire en France, avec un chiffre d’affaires de 16 milliards d’euros. C’est le 2e employeur du secteur avec 55 000 collaborateurs…

« Le CSA donne raison à la filière »

La Fédération des industriels et des commerçants de la viande (FNICGV), dans son Bulletin hebdomadaire d’informations du 10 août dernier, se réjouit que « le CSA donne raison à la filière ». L’organisation commente ainsi la décision de l’organisme de régulation : « Diffusé en pleine campagne électorale et peu de temps avant la tenue du salon de l’agriculture, on se souvient que ce reportage avait créé une vive polémique autour de l’abattage rituel. La filière avait alors décidé d’anticiper dès le 22 février [2012] la disposition du décret du 28 décembre 2011 qui encadre, depuis le 1er juillet [2012], de manière stricte l’adéquation entre l’abattage rituel des animaux et les commandes commerciales le justifiant. La filière valorisait ainsi l’effort de concertation et de transparence initié plus d’un an auparavant – et ayant abouti au décret – entre la filière viande, les cultes, les associations de protection animale, le ministère de l’agriculture et le ministère de l’intérieur, sous l’autorité du premier ministre. La filière avait regretté le traitement partiel de l’information par le reportage d’Envoyé Spécial. Le CSA le lui a confirmé… mais le mal est fait ».

Cahier des charges de France 2.

> Oui, le mal est fait, mais le rappel à l’ordre a quand même été fait au bénéfice de la filière viande, mesure exceptionnelle qu’elle peut se vanter d’avoir décrochée. Il serait souhaitable que soit instituée enfin en France une régulation journalistique digne de ce nom, plus favorable à l’ensemble des citoyens, en toute équité.

Une étape cruciale pour Ouvertures !

Jean-Luc Martin-Lagardette

Jean-Luc Martin-Lagardette

Chères amies, chers amis, à la fin de cette année 2012, j’aurai quitté la vie professionnelle.

Journaliste depuis 1974, je prendrai ma retraite et confierai la rédaction en chef d’Ouvertures à Pryska Ducœurjoly. Cette jeune et talentueuse journaliste a non seulement parfaitement assimilé la ligne éditoriale et les exigences d’Ouvertures mais a su d’ores et déjà apporter au journal une pugnacité et un dynamisme qui, je le souhaite, lui permettront de prendre un véritable essor, avec votre aide.

Bien évidemment, je continuerai à m’intéresser au titre que j’ai créé en 2008 avec l’aide généreuse de la Fondation M, présidée par Pierre Moorkens, d’Éric Lombard, créateur du site Hyperdébat et de notre webmaster François Bellens. Qu’ils soient tous les trois remerciés, et en particulier Éric qui va continuer l’aventure avec nous.

Un mot également pour Bernado Houenoussi, jeune journaliste béninois, qui a contribué à l’internationalisation de notre magazine.

Merci également à vous toutes et à vous tous, lectrices et lecteurs, qui nous avez accompagnés tout au long de notre parcours, soit en vous abonnant, soit en commentant nos articles, soit en nous communiquant des informations ou en nous proposant des tribunes, soit encore en publiant un droit de réponse, originalité de notre site. Vous êtes désormais près de 70 000 à nous rendre visite chaque mois.

Un nouveau modèle économique

La nouvelle formule que vous découvrez aujourd’hui marque une étape importante de la vie d’Ouvertures puisqu’elle ne peut se développer qu’avec votre aide concrète. En effet, pour assurer le salaire de Pryska et de la future rédaction, la subvention de la Fondation s’arrêtant avec mon départ, c’est vous, citoyennes et citoyens, entreprises responsables, associations engagées dans la transformation de notre monde, qui pouvez prendre le relais. Je vous invite donc à consulter le kit média pour en savoir plus sur notre nouveau modèle économique, essentiellement basé sur la société civile.

Ouvertures a fait la preuve de son indépendance d’esprit, osant aborder des thèmes et trouver des angles peu conformistes, répercutant une parole qu’une pensée trop souvent unique confisque ou mutile. Nous avons besoin de vous pour pérenniser cette liberté de ton et d’investigation et cette capacité d’écoute, que nous comptons bien continuer à garantir en collaborant avec vous de façon plus étroite encore.

Merci d’avance pour l’effort que vous consentirez pour la continuité et la progression de ce journal qui tente de faire entendre, sur l’Agora, à côté des grosses voix des lobbies et des égoïsmes avides, la voix de la sensibilité, de la complexité et de la confiance dans les ressources de l’esprit et du cœur humain.

Indépendance Algérie : création mondiale de deux poèmes symphoniques à Paris

Le 11 septembre prochain, dans un concert intitulé « Algérie-France : Une symphonie pour 2012 », l´orchestre symphonique Divertimento, dirigé par Zahia Ziouani, interprétera en création mondiale les nouvelles compositions « Tableaux d’une vie arabe », de Salim Dada (Algérie), et « Prélude au Livre des haltes », d’Olivier Penard (France). Les deux jeunes compositeurs, l’un français, l’autre algérien, ont été choisis par le fonds d’action Sacem et Divertimento pour le concert d´ouverture de la saison musicale de la Cité de la Musique à Paris, en « symbole de dialogue et d’amitié entre la France et l´Algérie ».

Dans ce diptyque musical aux inspirations croisées, Olivier Penard a choisi comme argument pour son poème symphonique une poésie mystique de l’Émir Abd el-Kader. Quant à Salim Dada, il s’est inspiré des toiles orientalistes d’Étienne Dinet.

Au programme également, des œuvres symphoniques de Saint-Saëns et Aubert, des orchestrations de musiques traditionnelles d’Algérie et de transcriptions de Salvador Daniel.

Salim Dada : un musicien en quête d’une identité renouvelée et ouverte
Salim Dada.
Photo : Gonzalo H. Baptista.

Salim Dada.

Salim Dada.
Photo : Gonzalo H. Baptista.

Né en 1975 à Laghouat, en plein désert du Sahara algérien, Salim est compositeur en résidence en France de 2011 à 2014. Ayant débuté sa carrière par l’exercice de la médecine, dont il possède le titre de docteur, il a toujours voulu exprimer parallèlement sa sensibilité. Pastelliste et calligraphe, il peignait des portraits pour payer ses études. Puis il a senti le besoin d’un art plus complet qui lui permettrait d’aller « au delà du modèle réel » pour saisir l’énergie, l’émotion du vivant. Il apprit alors la guitare et l’enseigna, jouant dans toutes sortes de style : classique, flamenco, bossa nova, jazz, etc. Il revint ensuite vers sa culture originelle qu’il put aborder de manière créatrice. Devenu compositeur à part entière en 2005, Salim a œuvré pour l’Orchestre national algérien et différents ensembles, dont un italien, avant d’être appelé par Divertimento à Stains (Seine-Saint-Denis). Aujourd’hui musicologue de la Sorbonne, il y prépare son doctorat. « Pour maîtriser mon art, j’avais suivi un cycle d’écriture musicale, non pour reproduire la musique traditionnelle, ni faire du métissage, mais à la recherche d´une évolution qui corresponde à mes racines, à mes envies, autant qu’aux goûts contemporains. Ni nationalisme, ni élitisme, mais une accessibilité immédiate pour le public ».

> Ecouter Salim Dada : Miniatures Algériennes n. 1 et 2 (pour archets).

Quand on lui demande comment il pourrait définir son style, il rit : « Le dadaïsme (son patronyme est Dada) ! Ça n’existait pas encore en musique… En fait, je suis inclassable : j’aime la liberté, hors de toute école ou de tout dogme. Mon souci est que les gens puissent s’approprier ma musique, qu’ils me comprennent comme s’ils comprenaient une langue qu’ils n’ont jamais apprise ».

Olivier Penard : un langage coloré teinté d’une forte densité dramaturgique

Olivier Penard

Olivier Penard.
Photo : Pascal Brunet.

Né à Paris en 1974, Olivier Penard découvre sa vocation de musicien à l’âge de dix huit ans. Désireux d’écrire une musique expressive et lyrique, il se réclame de compositeurs tels qu’Honegger, Stravinsky, Ravel, Brahms ou encore Dutilleux. Sans pour autant renoncer aux influences du jazz ou de la musique de films.

Auteur de nombreuses œuvres vocales, il a composé également plusieurs pièces d’orchestre et de musique de chambre. Il collabore avec des interprètes tels que le quatuor Debussy, Jonas Vitaud, Alice Ader, Geneviève Laurenceau, Fabrice Bihan ou Patrick Langot et s’associe à des chanteurs tels que Dame Felicity Lott, Ariane Douguet, Christophe Crapez et Matthieu Lecroart (France), Stacie Dunlop (Canada) et Stephan Van Dyck (Belgique). Ayant déjà travaillé pour le théâtre, la danse et la télévision, il est également amené à diriger différentes formations musicales, comme l’ensemble instrumental Opus ou l’ensemble vocal féminin Zéphyre avec lequel il aborde la musique baroque française ainsi que le music-hall.

Les deux poèmes symphoniques seront également présents aux programmes de concerts de l´orchestre Divertimento :
– Dimanche 9 septembre à 16h à l’Odéon de Tremblay-en France (avant-première) ;
– Samedi 15 septembre à 14h à la Grande scène de la Fête de l’Humanité à La Courneuve ;
– Samedi 13 octobre à 20h30 à l’Auditorium Xenakis à Stains ;
– Vendredi 19 octobre à 20h30 à la Cathédrale d’Évry.

Homéopathie : la reconnaissance par la Suisse fait des vagues

En Suisse, le rapport d’un service gouvernemental qualifie les traitements homéopathiques d’efficaces et économiquement intéressants, provoquant la réaction outrée d’un spécialiste de l’éthique médicale opposé à l´homéopathie. La récente traduction en français du texte du Dr Shaw par un bloggeur a mis la controverse sur la place publique.

La cause de l’homéopathie en Suisse a fait un pas de plus, après sa réinclusion dans l’assurance maladie depuis le 1er janvier 2012, avec la publication au printemps dernier, à la suite d´un référendum (voir notre article), du rapport intitutlé « Homéopathie dans la santé : efficacité, pertinence, sécurité, coût », dirigé par le docteur Gudrun Bornhöft et le professeur Peter F. Matthiessen.

Il s´agit de la plus vaste étude jamais réalisée par une entité officielle sur l’homéopathie. Elle conclut non seulement que l’homéopathie fonctionne, mais également qu’elle est plus économique que la médecine conventionnelle. Ses auteurs recommandent donc son remboursement par la Sécurité sociale suisse.

La réalisation de l’étude avait été confiée au Swiss Network for Technology Health Assessment, un service créé en 1999 par le gouvernement fédéral suisse pour évaluer l’efficacité des investissements dans le domaine de la santé.

« Preuves cliniques »

L’organisme suisse a revu en détail toutes les études majeures réalisées sur l’homéopathie à l’échelle internationale :
– les recherches précliniques les plus importantes sur des lignées de cellules humaines, des plantes et des animaux, ainsi que les études biochimiques ;
– les essais sur l’homme, selon la règle du « double-aveugle randomisé et contrôlé par placebo » ;
– les méta-analyses, les études épidémiologiques et enfin les « systematic reviews » (résumés de toutes les données scientifiques valides).
Les investigations ont montré, selon l’étude, que les remèdes homéopathiques à haute dilution provoquent « des modifications spécifiques et régulatives dans les cellules ou les organismes vivants ».
Le rapport  soutient que l’efficacité de l’homéopathie « peut être confirmée par des preuves cliniques » et « considérée comme sûre ». Pratiquée correctement, « l’homéopathie classique a peu d’effets secondaires et l’utilisation de hautes dilutions n’a aucun effet toxique ».

Moins d’effets secondaires

Bornhöft et Matthiessen concluent qu´il y avait « assez de preuves en faveur de l’efficacité clinique de l’homéopathie, de son absence de nocivité et de son caractère économique par rapport aux traitements conventionnels ».
Parallèlement, le gouvernement suisse a aussi étudié si l’homéopathie était une source d´économies ou au contraire de dépenses supplémentaires, en étudiant les données des assureurs suisses et tous les coûts des consultations, des médicaments, des physiothérapies et des analyses de laboratoire.
Il est apparu que les médecins spécialisés en homéopathie coûtent au minimum 15 % en moins que les médecins conventionnels, que l’homéopathie conduit à moins de dépendance vis-à-vis des médicaments, qu’elle réduit aussi le coût des hospitalisations et que les personnes qui se soignent à l’homéopathie ont moins d’effets secondaires et une meilleure relation avec leur médecin.

Un rapport « scientifiquement, logiquement et moralement erroné »

Un tel bilan a fait bondir David Martin Shaw, chercheur à l´Institut de bioéthique et d´éthique médicale de l´Université de Bâle, qui a violemment critiqué l’étude en question dans la revue Swiss Medical Weekly. Selon lui, le rapport est « scientifiquement, logiquement et moralement erroné : il ne contient pas de nouveaux faits et interprète de manière erronée des études précédemment dénoncées comme étant faibles, il crée un nouveau standard de preuve conçu pour faire apparaître l’homéopathie comme efficace, et il tente de discréditer les essais contrôlés randomisés comme étalon-or de la preuve. Plus important encore, presque tous les auteurs ont des conflits d´intérêts, en dépit de leurs affirmations selon lesquels il n´en existe pas. Entre autres, ce rapport prouve que les homéopathes sont prêts à fausser les preuves afin de soutenir leurs croyances, et ses auteurs semblent avoir violé les principes des Académies suisses des sciences régissant l’intégrité scientifique ».
David Shaw regrette, dans une déclaration au journal Der Sonntag, que, depuis sa publication au printemps, l’étude soit utilisée à l’étranger comme une preuve « neutre » de l’efficacité de l’homéopathie. Les liens entre l’étude et les autorités suisses font croire que le document provient du gouvernement, soutient-il. Or, elle fait seulement partie d’un programme de recherche national. En conséquence, il demande aux autorités de prendre leurs distances avec ce rapport.

Un protocole homéopathique indien contre le cancer encouragé par un institut officiel américain


Les docteurs Banerji père et fils.

Les résultats obtenus contre des cancers par plusieurs cliniques homéopathiques de Calcutta, en Inde, ont fait l’objet en 2008 d’un rapport de la Prasanta Banerji Homeopathic Research Foundation (source : article du spécialiste Bryan Hubbard, publiée en version originale dans la revue anglaise WDDTY en mai 2012 et reproduite sur santenatureinnovation). Selon ce rapport, l’homéopathie serait capable à elle seule de guérir ou, du moins, de stabiliser 40 % de tous les cancers, un taux de réussite qui équivaut aux meilleurs résultats obtenus avec des traitements conventionnels, et ce sans subir les effets invalidants de la chimiothérapie et de la radiothérapie !
Des laboratoires indépendants ont étudié la thérapie homéopathique de cette Banerji Foundation. Deux des remèdes utilisés, Carcinosin (ou Carcinosinum) et Phytolaccadecandra, se sont avérés aussi efficaces contre le cancer du sein que le TaxolA prescrit en chimiothérapie (source : International Journal of Oncology, 2010).
Le travail de la fondation indienne a attiré l’attention des Occidentaux en 1995 quand le docteur Prasanta Banerji et son fils, le docteur Pratip Banerji, ont présenté une étude de seize cas de tumeur du cerveau ayant régressé en utilisant uniquement des traitements homéopathiques lors de la 5e Conférence internationale de recherche contre le cancer. Une collaboration s’est alors engagée avec le docteur Sen Pathak, professeur en biologie cellulaire et en génétique au centre contre le cancer MD Anderson de l’université du Texas à Houston.
En 1999, l´Institut national contre le cancer (NCI) américain a évalué les effets du protocole Banerji sur dix patients atteints de différents types de cancers. Il a conclu qu’il existait une preuve suffisante d’efficacité pour poursuivre les recherches sur ce protocole. C’était la première fois qu’aux États-Unis un organisme de santé officiel travaillait sur une thérapie alternative pour traiter le cancer (source : Oncology Reports, 2008).

Europe : plusieurs coutumes religieuses rattrapées par le droit

Trois affaires récentes en Europe illustrent le conflit persistant entre les principes républicains et les traditions religieuses : la circoncision religieuse des enfants interdite par le tribunal de Cologne (Allemagne) ; le  droit syndical dans l’Eglise roumaine validé malgré le refus de cette dernière ; une loi en projet pour interdire l’abattage rituel (Parlement néerlandais).

En Europe, les guerres entre les religions, plus douces que par le passé, sont cependant aujourd’hui doublées d’une confrontation continue entre les lois républicaines et les libertés religieuses (financement de l´école libre, voile islamique, etc.).

1.- L´Allemagne, suivie par la Suisse, envisage l´interdiction de la circoncision religieuse


En Allemagne, de grands rassembelemnts festifs réunissent régulièrement de jeunes musulmans
à l´occasion de circoncisions à la chaîne dans des conditions parfois discutables, selon
France 2.

Rien ne va plus en Allemagne ! La décision du 26 juin 2012 du tribunal de grande instance de Cologne (Allemagne). Elle dit que « le corps d’un enfant [est] modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision ». Cette modification est « contraire à l´intérêt de l’enfant qui doit décider plus tard par lui-même de son appartenance religieuse », note ce jugement qui n’interdit pas cet acte à des fins médicales. « Le droit d’un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents », estime le tribunal.

Cette décision a ouvert un vaste débat dans ce pays qui compte quelque 4 millions de musulmans et une communauté juive de plus de 200 000 personnes.

« Un laïcisme excessif »

Elle est considérée par beaucoup d’intéressés comme un « empiètement du pouvoir civil sur le religieux ». Dans une interview au Monde des religionsle rabbin Yann Boissière, appartenant au Mouvement juif libéral de France, explique qu’elle « témoigne d’un laïcisme excessif, qui devient lui-même une forme de religion. (…) Les parents prennent certes pour [l’enfant] la décision de le circoncire. Mais rien ne l’obligera pour autant, quand il sera en capacité de choisir, à aller à la synagogue ou aux cours d’éducation religieuse. (…) Pour le peuple juif, le sens de [ce rituel] est non seulement religieux, médical, mais aussi identitaire. C’est un signe d’alliance et d’accomplissement : l’homme ne naît pas parfait et le devient à travers ce rituel. Ça ne veut pas dire que la non circoncision marquerait la persistance d’une imperfection. Simplement, il faut savoir reconnaître des peuples différents, tributaires de missions différentes. Celle des Juifs est de reconnaître Dieu et de faire alliance avec lui. La circoncision est la marque de cette alliance ».

Même le gouvernement allemand s’en est ému. Par le biais du porte-parole de la chancelière, il s’est dit  « préoccupé » par ce jugement, affirmant qu’il voulait protéger cette pratique au nom de la « liberté des activités religieuses ». Le Bundestag (Parlement) a adopté il y a quelques jours une résolution demandant au gouvernement de déposer un projet de loi pour autoriser cette pratique « pour motif religieux ».

Moratoires en Suisse et en Autriche

Mais les associations de protection des droits de l’enfant montent elles aussi au créneau. Elles  réclament un délai de deux ans avant l’adoption d’une nouvelle loi sur la circoncision. Le temps nécessaire, selon elles, pour un débat approfondi entre experts.

La population, elle, est très partagée. Un sondage réalisé pour l’agence de presse DPA révèle que 45% des Allemands sont en faveur d’une interdiction de la circoncision, alors que 42% sont contre (13% ne se prononcent pas).

Et la décision allemande fait tache d’huile. L’hôpital pédiatrique de Zurich (Suisse) a décidé de suspendre les circoncisions d’ordre religieux dans le cadre d’un moratoire, « afin d’évaluer l’aspect juridique et éthique de cette pratique ». En Autriche, une clinique de Graz a décidé de ne plus pratiquer de circoncision et le gouverneur d’une province a demandé aux hôpitaux publics de sa région de suspendre cette pratique, même pour raisons religieuses. La communauté juive, la communauté islamique d’Autriche et les évêques catholiques et luthériens ont lancé un appel œcuménique au gouvernement de Vienne pour qu´il publie « un engagement clair sur la liberté religieuse et la légalité de la circoncision ».

2.- En Roumanie, l´Eglise doit accepter la syndicalisation de ses “salariés”


Photo : Patriarhia Romana.

Autre affaire d’importance : la Cour européenne des droits de l’homme a déclaré contraire à la liberté syndicale le refus par l’Église orthodoxe roumaine d’enregistrer un syndicat formé dans son clergé : « [Ce refus] viole en effet l’article 11 (liberté de réunion et d’association) de la Convention européenne des droits de l’homme » (arrêt du 31 janvier 2012/affaire Sindicatul Pastorul cel Bun c. Roumanie/requête n° 2330/09).

L’affaire concernait un syndicat (Pastorul cel Bun) fondé le 4 avril 2008 par des membres du clergé roumain et du personnel laïc de l’Église orthodoxe et son enregistrement sur le registre des syndicats. Le but du syndicat, figurant dans son statut, est la défense des droits et des intérêts professionnels, économiques, sociaux et culturels des clercs et des laïcs membres du syndicat dans leurs rapports avec la hiérarchie de l’Église et le ministère de la culture et des cultes.

En Roumanie, précision importante, le financement de la rémunération des membres du clergé est assuré majoritairement par l’État et ils bénéficient du régime général des assurances sociales.

Le représentant de l’Archevêché s’opposa à la demande d’inscription sur le registre des syndicats. Selon lui, le statut interne de l’Église orthodoxe interdit la création de toute forme d’association sans l’accord préalable de l’archevêque. Le ministère public répondit que la création du syndicat était conforme à la loi et que le statut interne de l’Église ne  pouvait pas l’interdire, les prêtres et les laïcs concernés étant tous employés par l’Église et ayant, à ce titre, le droit de s’associer pour défendre leurs droits.

En mai 2008, le tribunal ordonna l’inscription de Pastorul cel Bun au registre des syndicats, lui conférant du même coup la personnalité morale. Pour lui, les membres du syndicat étaient employés en vertu d’un contrat de travail et, dès lors, leur droit à se syndiquer ne pouvait pas être subordonné à l’obtention préalable de l’accord de leur employeur.

Religion versus liberté d´association

L’Archevêché forma un pourvoi contre ce jugement, soutenant que la liberté de religion et l’autonomie des communautés religieuses garanties par la Constitution ne pouvaient s’effacer devant la liberté d’association syndicale. Juillet 2008, le tribunal départemental annula le jugement rendu en première instance, arguant que la notion de syndicat n’était pas prévue dans le statut de l’Église orthodoxe, en vertu duquel la création et la gestion des associations religieuses étaient « subordonnées à la bénédiction du synode de l’Église ».

Il estima que si un syndicat venait à être créé, la hiérarchie de l’Église serait obligée de collaborer avec un nouvel organisme étranger à la tradition et aux règles canoniques de prise des décisions.

Quelle autonomie pour l’Église ?

Invoquant l’article 11, le syndicat en question allégua que le rejet de sa demande avait porté atteinte au droit de ses membres de fonder des syndicats. Il introduisit une requête devant la Cour européenne des droits de l’homme le 30 décembre 2008, qui a rendu sa décision en janvier 2012.

« La place particulière, dont est consciente la Cour, qu’occupe la religion orthodoxe en Roumanie, explique la CEDH dans un communiqué, ne saurait à elle seule justifier le refus d’enregistrement, d’autant que le droit des employés de l’Église orthodoxe de se syndiquer a déjà été reconnu par les juridictions roumai
es. Si cette reconnaissance est ant&e
cute;rieure à l’entrée en vigueur du statut de l’Église orthodoxe, il n’en reste pas moins que deux syndicats ont pu être créés au sein du clergé orthodoxe sans que cela ne soit jugé illégal ou incompatible avec le régime démocratique. »

Cette affaire a beaucoup ému les Eglises, à tel point qu’un séminaire d’étude a été organisé le 7 juin 2012 à Strasbourg autour de cette question : « L’autonomie de l’Église dans la jurisprudence récente de la Cour européenne des droits de l’homme ».

3.- Aux Pays-Bas, bientôt une nouvelle loi sur l´abattage rituel


Sur Euronews, la communauté juive se dit “très choquée” par la nouvelle loi contre l´abattage rituel.

Enfin, aux Pays-Bas, la question est désormais officiellement posée : « Quelles sont les limites adéquates de la liberté religieuse ? » Pour Marianne Thieme, dirigeante du Parti pour les Animaux, la réponse est simple : « La liberté de culte s’arrête là où commence la souffrance humaine ou animale ».

Le Parti pour les Animaux, le seul parti militant pour le droit animal représenté au sein d’un parlement national, a proposé en 2011 une loi exigeant que tous les animaux soient assommés avant l’abattage. Pour les dirigeants musulmans et juifs, c’est une menace pour leur liberté de culte, dans la mesure où leur doctrine religieuse interdit de consommer la viande de bêtes qui n’auraient pas été conscientes au moment de leur mise à mort.

Liberté de culte contre souffrance animale

Le parlement néerlandais a laissé un an à ces dirigeants pour prouver que les méthodes d’abattage prescrites par leur religion ne causent pas davantage de souffrance qu’une mise à mort précédée d’un assommage. S’ils n’y parviennent pas, l’exigence d’assommage avant l’abattage entrera en vigueur.

« Notre communauté juive est très choquée, a réagit Raphael Evers, rabbin de Rotterdam. On est implanté ici aux Pays-Bas depuis 400 ans et on considère cette nouvelle loi contre l’abattage rituel comme une atteinte à nos droits religieux constitutionnels. »

Même réaction chez les musulmans : « Si la loi passe, tout ce qui nous reste c’est manifester, dit Abdulfatteh Ali-Salah, de la société Halal Correct. Et c’est ce que nous ferons. Les musulmans et les juifs protesteront en masse contre cette loi ».

Pour Peter Singer, professeur de bio-éthique à Princeton, « l’interdiction de l’abattage rituel d’animaux n’empêche ni les juifs ni les musulmans de pratiquer leur culte. Au cours du débat sur la proposition du Parti pour les Animaux, le rabbin Binyomin Jacobs, grand rabbin des Pays-Bas, a déclaré devant le parlement : “Si plus personne ne peut procéder à un abattage rituel aux Pays-Bas, nous cesserons de consommer de la viande”.  Et c’est bien évidemment ce que devrait faire quiconque adhère à une religion qui préconise un abattage moins humain que les procédés offerts par la technique moderne »…

> De nombreux rites religieux sont basés sur une interprétation littérale des textes : conditions d´abattage des animaux, permanence de la circoncision. Parallèlement aux traditions, de nature figée, les droits de l´homme ont beaucoup progressé dans les consciences et dans les textes législatifs. Il en résulte un choc des valeurs, où la liberté de culte vient contredire le nécessaire respect de l´intégrité physique des enfants, ou encore le bien-être animal (de la même manière cependant que l´élevage intensif, contre lequel s´indignent aussi les associations…). Ces intrusions du droit républicain dans la pratique religieuse donnent l´occasion aux pratiquants de réfléchir sur la portée éthique de leur rites. Liberté de culte ne signifie pas zone de non droit.

> Voir aussi [Ouvertures] Douleur des animaux d´élevage : comment l´identifier et la mesurer ? 

Le Conseil de l’ordre attaque l’anthroposophie en radiant deux médecins

Radiés par le Conseil de l’ordre des médecins de Paris pour “charlatanisme”, deux médecins anthroposophes ont fait appel. L´audience d´appel devant le Conseil national de l’ordre aura lieu le 6 septembre 2012 à 10h45 au 180 bd Haussmann à Paris (audience publique).

En appel : le Dr Ruhlmann n’est pas radié

Dans sa séance du 6 septembre (décision rendue publique le 10 octobre 2012), la Chambre disciplinaire nationale de l’ordre des médecins a « réformé » la décision de radiation prononcée en première instance du conseil départemental de l’ordre. Motif : « Il n’est fait état au dossier d’aucune plainte à l’encontre du Dr Ruhlmann qui produit, pour sa part, 170 attestations de patients exprimant leur satisfaction quant aux soins qu’il a assurés ; (…) dans les circonstances de l’affaire, la peine de la radiation apparaît excessive et (…) il sera fait une plus juste appréciation du comportement fautif du Dr Ruhlmann en lui infligeant la peine de d’interdiction d’exercer la médecine durant un an dont trois mois d’interdiction ferme. »

Cette dernière mesure aura effet « du 1er janvier 2013 au 31 mars 2013 à minuit ».

Extrait d´une des deux lettres de “signalement” adressées par un particulier au Conseil de l´ordre des médecins de Paris.

La campagne de lutte contre les médecines complémentaires, menée par l’Ordre sanitaire avec l’appui de la Miviludes, a fait deux nouvelles victimes, les docteurs Louis Ruhlmann et Angel Sanz, tous deux pratiquant aussi la médecine anthroposophique.

Tout a commencé avec deux mails, expédiés en mars 2010 au Conseil de l’ordre des médecins de Paris, par Damien Allemand, qui se présente comme le mari de Mme Leung Pin qui a consulté les deux docteurs avec son enfant.

L’homme en question produit en pièces jointes trois de leurs ordonnances. Sur deux d’entre elles, il y aurait des prescriptions de produits interdits à la vente. Certains produits avaient été préalablement testés avec « une baguette de sourcier » branchée à une électrode. Il dit faire cette démarche à l’insu de sa femme qui est, selon lui,  « complètement sous la fascination de ces médecins. Essayer de lui faire comprendre qu’elle se fait manipuler risquerait de l’enfoncer davantage dans ses convictions. Un avis (ou une sanction de votre part) m’aiderait à la sortir de ses convictions ».

Dans le premier courriel, M. Allemand avait expliqué que sa femme « s’intéresse beaucoup aux médecines parallèles et, depuis peu, elle se rend chez des médecins pratiquant la médecine “anthroposophique”. (…) J’ai beaucoup de mal à lui faire comprendre qu’elle est vraisemblablement en train de se faire arnaquer. (…) Pourriez-vous prendre les mesures appropriées pour que ces personnes cessent leurs activités ? »

Antenne de Lecher


Le docteur Louis Ruhlmann, l´un des deux médecins radiés et qui ont fait appel.

Selon M. Ruhlmann, le Conseil de l´ordre parisien l´a convoqué sans lui indiquer l’origine de la doléance ni son contenu. Il l´a entendu puis a déposé plainte, à l’été 2010, auprès de la chambre disciplinaire de première instance de la région Ile-de-France. En voici le contenu :

« Médecin de 71 ans, sûr de ses connaissances, faisant sa formation continue en lisant le Quotidien du médecin et en allant à un congrès en Suisse sur la “lumière” et en dispensant son enseignement sur la médecine anthroposophique. 
Il n’a aucun diplôme d’ostéopathie et n’a pas fait de demande à la DASS, en conséquence nous lui demandons d’enlever son titre sur son ordonnance.
Pour faire sa thérapeutique de manière précise, il utilise l’antenne de “Lecher” [la baguette de sourcier] qui compare les champs électromagnétiques de l’individu et du médicament. Lorsque l’antenne bouge, cela permet de savoir quel médicament prescrire.
Le Dr Ruhlmann fait venir des médicaments de Suisse car on ne trouve pas les bonnes dilutions en France. En ce qui concerne les vaccinations, il tient un langage un peu flou et parle de conflit immunologique, d’allergie, de contre indications ponctuelles et de conclure qu’il pratique l’injection du tétanos. »

Un prétexte pour combattre les médecines non conventionnelles ?

Pour le docteur Ruhlmann, il s’agit bien d’une attaque en règle contre l’anthroposophie, telle qu’elle est conduite depuis quelques années en France par le conseil de l’ordre et la Miviludes, deux institutions qui se retrouvent souvent en binôme dans les instances chargées de veiller « aux dérives sectaires ». Et qui, pour lui, sont souvent le prétexte avancé pour combattre les médecines non conventionnelles comme l’homéopathie ou la médecine anthroposophique.

« Je fais avant tout de la médecine classique, comme tout médecin, explique le praticien radié. Ma consultation dure une heure. J´utilise tous les examens de laboratoire, tous les moyens modernes mis à ma disposition, du plus simple au plus sophistiqué, radio, IRM, scanner, etc. Je n´hésite pas, le cas échéant, à faire appel à mes confrères spécialistes. J’utilise tous les remèdes allopathiques, homéopathiques, anthroposophiques, phytothérapiques. Pour choisir entre plusieurs remèdes, par exemple plusieurs types de magnésium, j’utilise le pouls chinois ou un appareil qui me permet de choisir le remède qui entre en résonnance magnétique informative avec la personne, l’échelle de Lecher. Depuis 25 ans, cela m’a permis d’éviter les intolérances médicamenteuses et de choisir le remède le plus efficace, ce qui s’est révélé régulièrement exact. J’ai également 80% d’effets secondaires en moins avec les remèdes allopathiques. Ainsi, je n’ai jamais prescrit de Médiator, ni d’autres médicaments actuellement dangereux et encore en circulation, pour tel ou tel patient. Testé à l’antenne sur quarante de mes patients, le Médiator s’est révélé régulièrement dangereux ! En fait, que ce soit la médecine anthroposophique ou l´antenne de Lecher, ce ne sont que des compléments. Il faut retenir la notion de médecine intégrative et non pas de médecine alternative. Ces autres approches de la médecine sont une aide mais ne peuvent en aucun cas évincer la médecine classique. »

La médecine anthroposophique pratiquée dans 60 pays

Il serait trop long de détailler la réponse du docteur à toutes les accusations du Conseil. Mais tout se passe comme si ce tribunal corporatiste avait saisi l’occasion de ces deux mails pour porter un grand coup contre la démarche anthroposophique, stigmatisée par les pouvoirs français, mais admise, voire reconnue, dans bien d’autres pays.

En effet, la médecine anthroposophique, en 2011, est :
– pratiquée dans plus de 60 pays dans le monde et par environ 30 000 médecins répartis dans l’espace européen
– constitutionnelle en Suisse, comme d’autres médecines complémentaires, depuis le référendum du 17 mai 2009
– exercée dans 28 hôpitaux dans huit pays : Allemagne, Suisse, Suède, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Italie, USA, Brésil
– appliquée au sein d’instituts médico-pédagogiques dans la plupart des pays d’Europe (dont neuf centres en France)
– enseignée à l’Université : en Allemagne, en Suisse, au Royaume Uni, aux États-Unis
– objet d´études dans plusieurs instituts de recherche à Berlin (Allemagne), Bâle (Suisse), Dribergen (Pays-Bas).
La médecine anthroposophique publie ses travaux dans une revue mensuelle. L’ouvrage de synthèse “Anthroposophic Medicine, Effectiveness, Utility, Costs, Safety” donne une vue d’ensemble des résultats de la médecine anthroposophique, de son extension ainsi qu’une revue bibliographique complète des publications récentes.

« Je n’ai jamais eu aucune plainte de patients »

« Tout cela, déplore M. Ruhlmann, n’empêche pas les autorités françaises de radier continuellement des médecins pour “charlatanisme” en les accusant d’utiliser des méthodes “irrationnelles” alors même qu’aucune plainte de patients n’est déposée contre eux et que, n’utilisant que peu de médicaments des laboratoires pharmaceutiques classiques, ils n’induisent pas ou très peu d’effets pervers. Et cela, uniquement parce qu’ils sont homéopathes ou anthroposophes, c’est-à-dire pratiquant une médecine “non basée sur les preuves”… J´ai derrière moi 43 ans de médecine pendant lesquelles j’ai soigné et aidé 154 800 patients ! Je n’ai jamais eu aucune plainte de patients. Tout au contraire, tous ont été améliorés et pour la plupart guéris ».

Le procès en appel devant le Conseil de l’ordre national confirmera vraisemblablement la sentence ordinale. En effet, le docteur Irène Kahn-Bensaude, qui préside le Conseil départemental de Paris qui a fait radier Louis Ruhlmann et qui est par ailleurs présidente de la section Santé publique de la Miviludes, est aussi vice-présidente du Conseil national de l’ordre des médecins qui va rejuger les deux médecins anthroposophes en appel…

Environnement, social, énergie : des ONG veulent défendre l´aspect « santé » dans les conférences gouvernementales

Le Rassemblement pour la planète, né de la coopération de cinq ONG, Écologie sans frontières, Générations futures, Réseau environnement santé (RES), Respire et Robin des toits, a bien l’intention de s’inviter aux conférences sociale, environnementale et énergétique, annoncées par le gouvernement. Objectif : y défendre partout le lien santé/environnement.


Nadine Lauverjat, de Générations furures, préside le Rassemblement pour la planète. Photo : JLML. 

Mi-juillet, la conférence sociale ; septembre, la conférence environnementale puis, sans date connue, la conférence énergétique. Ces grands rendez-vous annoncés par le gouvernement doivent rassembler les principaux acteurs institutionnels, économiques et syndicaux pour bâtir des stratégies dans chacun de ces domaines.

Des associations citoyennes, associées dans le Rassemblement pour la planète présidé par Nadine Lauverjat (Générations futures), veulent dire leur mot et faire entendre leur expertise dans ces débats pour éviter qu’ils ne reconduisent le « modèle de prédation des ressources de la planète qui a été le modèle de développement des deux siècles passés ». La crise écologique qui en résulte est d’une « extrême gravité ».

Et, aujourd’hui, au réchauffement climatique, à l’épuisement des ressources naturelles et à la chute de la biodiversité, il faut, selon ces associations, ajouter la crise sanitaire. Cancer, maladies cardiovasculaires, diabète et obésité, maladies respiratoires et maladies mentales : ces maladies chroniques sont devenues le « principal challenge auquel doit faire face l’humanité », selon l’OMS. Et, représentant 83 % des dépenses de santé en France, elles menacent notre système de protection sociale.

Pour une “sortie de crise par le haut”

Or « ces maladies trouvent majoritairement leur cause dans l’environnement moderne : alimentation déséquilibrée, pollutions, sédentarité, précarité sociale ». Conséquence, l’espérance de vie en bonne santé stagne en France et même diminue dans certains pays européens. Au moment où  tous les pays européens décident de reculer l’âge de la retraite, ce « fait majeur, curieusement, n´a pas été mis dans le débat public ».

Le Rassemblement pour la planète réunit :

– Écologie sans frontières (pollution de l´air et gouvernance environnementale),
– Générations futures (pesticides, etc.),
– RES (santé environnement),
– Robin des toits (champs électromagnétiques des technologies sans-fil),
– Respire (pollution de l´air),
– Sea Sheperd (biodiversité, océans),
– Green Cross France et Territoires (eau, alimentation, énergies, éducation).

D’autres ONG, spécialisées notamment dans les déchets et les énergies renouvelables,  devraient rejoindre le réseau.

Porte-parole national : Etienne Cendrier. Tél. : 01 40 18 02 81.

Le Rassemblement pour la planète voit dans le changement politique en France « une formidable opportunité ». Les conférences annoncées pourraient être l’occasion d’amorcer « une sortie de crise par le haut », en n’ignorant plus le lien entre environnement, social et énergie, dont la santé est le dénominateur commun : « On veut des Français en bonne santé plutôt que mieux remboursés ! »

Il faudra également, préoccupation chère à André Cicollela, du Réseau environnement santé, « revoir la place de la science pour la mettre au service des citoyens et non à celui d’un modèle de développement prédateur et mortifère ». Un objectif à défendre dans une future conférence sur la recherche et l’enseignement.

> Lors d’une conférence de presse tenue le 3 juillet 2012 à Paris, l’association a présenté son Manifeste qui fixe sa philosophie, ainsi que ses premières propositions : une loi, 4 axes et 25 idées pour réformer la sécurité sanitaire.

>> Déçues par les maigres suites du Grenelle de l’environnement ainsi que par le flop de Rio+20, les ONG ne baissent pas les bras. Elles tenteront de se faire accepter par les débatteurs « officiels », ministères, institutions, organismes représentatifs et entreprises, qui goûtent très modérément les débats publics contradictoires. Les responsables du “changement” promis sauront-il les accueillir plus largement ?

En effet, le gouvernement précédent avait singulièrement réduit les possibilités, pour les associations écologistes, de participer à la politique de l’environnement en fixant par décret (du 12 juillet 2011) une procédure d’agrément beaucoup plus sévère. Ce qui a eu pour résultat d’exclure un grand nombre d’associations d’experts qui avaient pourtant joué un rôle essentiel de lanceur d´alerte environnementale : Cniid, inf’OGM, Criirem, Criigen, Générations futures, Réseau environnement santé, etc. Plusieurs d’entre elles ont même déposé un recours contentieux devant le Conseil d’État pour demander l´annulation de ce texte.

L’autre difficulté qu’aura à surmonter le Rassemblement pour la planète est la résistance que ne manqueront pas de lui opposer les associations patronales (souvent en conflit avec ces associations sur le terrain), les syndicats (qui voient d’un mauvais œil une concurrence contestataire) et surtout le lobby médical (qui fait tout pour que la moindre question concernant la santé lui soit exclusivement réservée).

L´homme et l´animal, la vie après la mort et le magnétisme

Les livres qu´Ouvertures a lus pour vous ce mois-ci.

A l’Ecoute du monde sauvage
Pour réinventer notre avenir
Karine Lou Matignon
Albin Michel

Auteure de plusieurs ouvrages sur la relation homme/animal, Karine Lou Matignon va à la rencontre de scientifiques et d’écologistes, mais aussi de philosophes, d´aventuriers et d’artistes, hommes et femmes pour qui l’animal et la nature sont devenus « les supports d’expériences humaines transformatrices. Tous sont convaincus que mieux comprendre les bêtes et la nature n´est pas incompatible avec le progrès, bien au contraire, que l´évolution même de l´humanité doit en passer par là ».
Les chapitres sont effectivement passionnants, exposant avec beaucoup de sensibilité et de force comment l’attention que nous choisissons de porter aux animaux peut nous relier à la terre et, finalement, à cette part de nous-mêmes que la froide objectivité nous fait trop souvent ignorer. Pour notre malheur.
Mais les choses évoluent. De partout s’élèvent des voix clamant que « l’humilité, le questionnement et le sentiment d’appartenance à la Terre pourraient être une voie d’accès au bon sens ».
Une réserve pour notre part : on peut souscrire à cette nouvelle vision des relations homme/nature/animal sans pour autant adhérer à cette affirmation de l’auteure : « Le propre de l’homme n’a plus lieu d’être ».

Le magnétisme, le magnétiseur et le magnétisé
Notes d´expériences et chroniques magnétiques
Monique-Gabrielle Balthazard
Trajectoire (Piktos)

« Tous les êtres vivants possèdent leur magnétisme personnel. Chacun de nous pourra donc découvrir, grâce à cet ouvrage, sa propre sensibilité magnétique. » Telle est l’ambition de cet ouvrage dont l’intérêt principal nous semble être le recensement des actes et moyens pratiques du magnétisme pour aider à affronter les épreuves de l´existence.
L’auteure, Monique-Gabrielle Balthazard, a fréquenté le cabinet d´un médecin généraliste qui l´a formée aux magnétisations et aux soins réflexologiques. En parallèle, elle a suivi des stages de psychologie, de réflexologie, de magnétisme et d´hypnose. Elle a également séjourné chez les Touaregs, les Dogons et les Pygmées qui l´ont initiée aux médecines traditionnelles.
Sans doute eut-il été préférable, pour elle, de s’en tenir à la description de son expérience et de ses propres convictions. Le problème est que son ouvrage est présenté comme « l´une des études les plus approfondies jamais réalisées sur le magnétisme, expliquant de manière rationnelle ses différentes manifestations et ses utilisations en s´appuyant sur des données scientifiques ». Le lecteur exigeant ne sera pas convaincu par un survol décousu et trop souvent sans référence de domaines très disparates : histoire, morphologie, théorie des couleurs, effet Kirlian, biorythmes, etc.
La prétention à la rationalité et à la scientificité manque ainsi son but. Et risque de produire l´effet inverse. A trop vouloir prouver…

Mort ou pas ?
Les dernières découvertes médicales sur les EMI
Pim Van Lommel
Collection Nouvelles évidences, InterEditions

Le cœur s´arrête, la circulation sanguine et la respiration ont cessé. Le patient est cliniquement mort et inconscient. Et pourtant plus de 20 % des survivants à un arrêt cardiaque évoquent à leur réveil, au contraire, une conscience accrue et décrivent des expériences qui ont beaucoup de points communs : sortie hors du corps, rencontre avec des parents décédés, vision de la vie passée comme dans un film.
Après 20 ans de recherche sur des EMI (Expériences de mort imminente), le cardiologue Van Lommel fait dans cet ouvrage la synthèse de ses travaux. Et démontre qu´il faut dépasser le postulat traditionnel matérialiste de la relation entre cerveau et conscience : « En me fondant sur les études prospectives des EMI, sur des résultats récents de recherches en neurophysiologie et sur les concepts de la physique quantique, je suis arrivé à l’intime conviction que la conscience ne peut pas être située dans un lieu ou un temps particulier. Elle est non localisée ».
La connaissance de l’EMI, note l’auteur, invite à une « nouvelle conception de la mort ». Envisager la possibilité d’une continuité de la conscience après la mort physique « aura des conséquences sur la manière dont les personnels de santé traitent les patients dans le coma, les patients ranimés, gravement malades ou mourants, et ceux qui racontent avoir été en contact avec la conscience de parents défunts ».
Quant à savoir sous quelle forme, individualisée ou non, cette conscience pourrait survivre, c´est une autre histoire…

Le comportement des managers n´est pas la première cause du stress au travail

Jean-Louis Prata, directeur de recherche et développement à l’Institut de médecine environnementale (IME) et à l’Institute of NeuroCognitivism (INC), commente les résultats de l’Estime, une étude multinationale sur le stress au travail et le moral des salariés.

– Quels sont les éléments les plus significatifs que vous avez tirés de l’enquête ?

– Contrairement à une idée reçue, les managers opérationnels et leurs comportements ne sont pas la première cause des risques psychosociaux ni même la plus importante. C’est plutôt rassurant. Les causes sont comme on le sait aujourd’hui organisationnelles, mais aussi individuelles. Arrêtons donc de « tirer » sur les managers qui font ce qu’ils peuvent, hors exception, pour que les gens travaillent dans de bonnes conditions.

Autre surprise, l’hyperinvestissement émotionnel au travail ressort comme un facteur important de stress. Plus de 30% des sondés ont cette posture de surinvestissement, ils ont une tendance “work addicts”, jamais assez satisfaits en termes de reconnaissance et de réussite. C’est le terreau désigné pour le “burnout” [syndrome d’épuisement professionnel].

Enfin, l’incohérence organisationnelle apparaît comme un facteur important de risques psychosociaux, de stress au travail. Important mais pas unique. Pour faire de la bonne prévention, il faut donc agir sur les trois niveaux : individuel, managérial et organisationnel.

– Cette analyse ne dédouane-t-elle pas le manager de sa responsabilité dans ce domaine ?

– Les entreprises ont le devoir de gérer leurs ressources humaines en tenant compte de leurs forces et de leurs faiblesses. Il faut d’abord chercher à connaître les gens avec leurs capacités et leurs limites. Idem pour les aspects psychologiques : il faut comprendre leurs attitudes. L’entreprise n’est pas responsable du fait qu’une personne soit en risque de surinvestissement, mais elle est responsable de la façon dont elle va l’employer. Le DRH et le manager doivent savoir décoder cette situation et agir en conséquence. Le manager revient en force comme levier de prévention.

L’Estime (Etude sur le Stress au Travail – IME) est une étude internationale menée par l’Institut de médecine environnementale (IME) en partenariat avec l’Institute of NeuroCognitivism (INC) & TNS Sofres, auprès de 7 025 répondants (ensemble des actifs, hors chômeurs) dans 5 pays et régions : France, Belgique francophone et néerlandophone, Suisse romande et Québec. L’Estime est issue de 25 années de recherche et d’un modèle scientifique interdisciplinaire, allant des neurosciences aux sciences de l’organisation. Son questionnaire analyse le moral et le stress au travail selon les 3 dimensions de l’individu, du management et de l’organisation.

– Mais si l’employé est en décalage moral avec les missions qui lui sont confiées ? On parle aujourd’hui de « souffrance éthique »…

– Plusieurs cas de figure peuvent se présenter. On peut d’abord être confronté à ses propres intolérances en fonction de ses propres valeurs. Quelqu’un qui vibre fortement aux valeurs de solidarité ne va pas aisément vendre du crédit à la consommation aux plus démunis… Si ce qui est demandé est non seulement non éthique mais illégal, on peut (et doit) refuser de jouer le jeu.

Généralement, les cas rencontrés de souffrance éthique sont plus soft, entre éthique et peu éthique mais raremant illégaux. Pour sortir de l’incohérence, on peut chercher une activité plus conforme à ses valeurs. Ou, quand ce n’est pas possible, se battre pour faire évoluer le système. Mais cela prend du temps. A court ou moyen terme, on peut s’efforcer de reconsidérer ses propres valeurs. Si une personne qui valorise l’harmonie  déteste les conflits et travaille pour un service contentieux, soit elle change de travail, soit elle assouplit son aversion au conflit. Ne rien faire peut conduire à la souffrance au travail, même si cette personne dispose d’excellentes conditions de travail, de latitude décisionnelle importante et de soutien managérial.

– Ne serait-ce pas se trahir ?

– Pas forcément. Nos valeurs nous conduisent souvent à porter des jugements moraux tranchés et sans nuance, qui sont par essence erronés. On peut trouver d’autres motivations, en interrogeant d’abord ses passions, ses centres d’intérêt pour trouver à nouveau du sens. Exemple : un soignant à l’hôpital dont la motivation première est le soin au patient, son accompagnement psychologique. Il peut souffrir du mouvement récent de recherche d’économies budgétaires, d’une volonté d’optimisation des services qui tend à multiplier les actes et à diminuer le temps accordé aux patients. Ce décalage entre sa conception du métier et la réalité des pratiques quotidiennes peut être pour lui source de souffrance. Il peut alors chercher à retrouver du sens en pensant que ces évolutions permettent en fait de conserver un système social développé, de continuer à financer un système de santé gratuit et solidaire. A court et moyen terme, on peut ainsi maintenir sa motivation et son bien-être dans un système ultralibéral qui s’emballe avec tous les dégâts économiques, sociaux et écologiques que l’on sait.

– L’enquête révèle que la France ne se trouve pas en très bonne position sur le plan du stress en entreprise…

– Elle est globalement le plus mauvais élève ! Chez les Suisses et les Québécois, qui sont les meilleurs élèves, la préoccupation du bien-être et de la qualité de la vie au travail est une réalité. Dans les pays de culture plutôt anglo-saxonne, comme chez les Flamands en Belgique, ce qui sauve, c’est le moindre lien affectif avec l’entreprise : « Je suis payé, je fais ce qu’il faut, mais surtout j’ai une vie riche à côté ». Si on n’est pas content, on quitte facilement l’entreprise.

En France, on a plutôt tendance à rester, mais on critique et on râle. C’est parfois la « guerre de tranchées ». L’emploi étant plus protégé, on prend moins facilement des risques. Du coup, au lieu de “divorcer”, en se donnant les moyens de trouver un autre job, on s’enferme dans une situation qui provoque de la souffrance. C’est d’ailleurs une autre surprise de l’enquête : c’est chez les fonctionnaires que l’on note le plus de stress. On pourrait croire l’inverse en raison de la sécurité de l’emploi dont ils bénéficient. Eh bien non, cette sécurité n’est pas un facteur de bien-être face aux problèmes de fonctionnement organisationnel ou de management.

– Qu’avez-vous appris d’autre sur la situation en France ?

– Que c´est en France que l´on a la plus mauvaise façon de gérer l’erreur, le défaut chez les employés. Le management a généralement une attitude morale, sanctionnante, culpabilisante envers celui qui a fait une erreur. Du coup, par exemple lors d’un contrôle effectué dans le cadre d’une démarche qualité, on cherche à masquer ses erreurs ou ses faiblesses. Ceci au détriment de tout le monde, y compris au détriment de la rentabilité de l’entreprise. Il faut au contraire reconnaître un véritable droit à l’erreur. Aucun être humain n’est capable d’être individuellement parfait ! Vouloir le zéro défaut pour l’entreprise, collectivement, est un objectif sain. En revanche, le vouloir individuellement pour les salariés est une aberration ! Face à un défaut constaté, on devrait avoir une attitude plus mature et dire : « Super ! On a trouvé le moyen d’améliorer la situation ! » On ne juge pas la personne, on l’évalue, on émet envers elle une critique bienveillante. S’ils étaient effectués dans cet état d’esprit, les contrôles seraient beaucoup mieux acceptés et seraient plus productifs !

Dirigé par le Dr Jacques Fradin, l’IME est un institut de recherche interdisciplinaire (Laboratoire de psychologie & neurosciences) et d’expertise auprès des entreprises et institutions (management durable des hommes et des organisations). Partenaire privilégié de l’IME, l’INC a été cofondé en 2008 par Jacques Fradin, Jean-Louis Prata, Chantal Vander Vorst et Pierre Moorkens. Ce dernier préside également la Fondation M qui finance l’Association pour la promotion de l’information citoyenne (Apic), éditeur d’Ouvertures.

Georges Fenech, président de la Miviludes, condamné pour diffamation publique

Maître Gérard Ducrey commente la condamnation de Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), pour diffamation publique envers l’association Tradition, Famille et Propriété (TFP).


Georges Fenech,
président
de la Miviludes.

Les faits remontent à la publication en 2009 du rapport de la Miviludes pour l’année 2008, qui mettait en cause l’association de laïcs catholiques, la société française de défense de la Tradition, Famille et Propriété (TFP).

L’actuel président de la Miviludes, Georges Fenech, a été condamné pour ce texte jugé diffamatoire envers l’association. 

La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a en effet condamné la Miviludes pour ses allégations non fondées concernant la TFP, « observation faite que la plus grande rigueur peut être attendue quant aux vérifications mises en œuvre et à la prudence dans l’expression lorsque le texte émane d’un organisme étatique auprès du premier ministre qui ne saurait se livrer à des approximations ».

Citée dans plusieurs rapports parlementaires

« TFP qui existe en France depuis 1975, n’a jamais été condamnée, ni par une juridiction française, ni par une juridiction catholique, explique Gérard Ducrey, avocat de TFP et spécialisé dans la défense des libertés publiques et individuelles et dans le droit des médias. La Société Française pour la défense de la Tradition Famille et Propriété a le soutien de nombreuses personnalités ecclésiastiques. Elle est conforme au droit canon. »


     Le site de Tradition, Famille et Propriété. 

« Malgré l’absence de condamnation, parce qu’elle porte des convictions de défense de la civilisation chrétienne, elle a été citée dans deux rapports parlementaires sur les “sectes”. Les protestations de cardinaux n’ont pas suffi à ce que les attaques cessent. Elle a subi trois contrôles fiscaux qui ont tous tourné à son avantage. Un autre passage dans le rapport 2006 de la Miviludes avait déjà été déclaré diffamatoire par la justice, du temps du président Roulet [Miviludes]. Il avait échappé à la condamnation par l’excuse de bonne foi. Cette affaire est actuellement pendante devant la Cour européenne des droits de l’homme. M. Fenech continue à propager des rumeurs sur TFP malgré sa parfaite orthodoxie, tant sur les plans judiciaire, qu’administratif et religieux ».

« Un dévoiement de la République »


L´avocat Gérard Ducrey, défenseur de TFP.
Photo : VD/Paris-Tribune. 

Pour Me Ducrey, « cette dernière décision de justice du 1er juin 2012 sur le rapport 2008 de la Miviludes constitue un précédent important en matière de jurisprudence : c’est la première fois en France que l’auteur d’un rapport destiné au premier ministre est condamné pour diffamation publique. M. Fenech a été jugé en tant que personne physique. Pour moi, sa faute est personnelle et détachable du service : il ne pouvait se méprendre sur le caractère diffamatoire de ses propos. Or, le rôle d’une instance comme la Miviludes n’est pas de diffamer, ni d’accuser en évitant toute procédure contradictoire. TFP se situant clairement dans la mouvance catholique, la Miviludes a-t-elle pour objet de discréditer cette grande religion ? C’est un dévoiement de la République ».


Le passage incriminé du rapport 2008 de la Miviludes qui a entraîné la condamnation
de son président. 
Les jugements qu´il évoque, favorables à TFP, avaient déjà été rendus
et M. Fenech ne pouvait l´ignorer, selon la justice.

Le 29 février 2012, Philippe Vuilque, un député ami de Georges Fenech, avait réussi à faire adopter par l´Assemblée nationale un amendement accordant l´immunité aux membres de la Miviludes. Cet amendement avait ensuite été censuré par le Conseil constitutionnel. Pour maître Ducrey, « cette démarche législative visait précisément à empêcher les poursuites judiciaires engagées à son encontre par TFP ».

La réaction de Georges Fenech

Interrogé par le Progrès, le candidat UMP aux élections législatives de 2012 dans la 11e circonscription du Rhône « s´est montré serein. “Dans le cadre de ce rapport annuel, en note de bas de page, nous faisons état d´un fait : TFP fait l´objet d´une instruction pénale. Ni plus, ni moins. Nous sommes très surpris de la décision du Tribunal. Il n´y a eu aucun propos désobligeant”, s´est-il étonné avant d´ajouter : “Nous assumons cette condamnation et allons faire appel. Ce n´est pas cette instrumentalisation judiciaire qui nous impressionne. Être condamné à l´initiative d´une secte, cela prouve que je dérange, que le travail entrepris depuis vingt ans dans cette lutte paie”. »

FTP fait aussi appel de cette décision afin de « remettre toute la procédure dans son état initial ».

Contactée par nos soins, la Miviludes n´a pas répondu.