Le Coran, la Bible et la théorie de l’évolution? (1)
Le Coran, la Bible et la théorie de l’évolution? (2)
Ce fut « une première en France et à notre connaissance également une première pour la communauté musulmane où ce genre de débat n’a pas encore pris place », indiquent les organisateurs, l’Université interdisciplinaire de Paris (UIP) et le site oumma.com.
Avec cette démarche, l’UIP s’efforce de « diffuser la connaissance scientifique » et dénonce « toutes les manipulations de la science, qu’elles soient le fait de lobbies matérialistes ou religieux ».
Le débat contradictoire tourne autour de la théorie de l’évolution biologique et humaine, de sa réalité, de ses mécanismes et de ses arguments pour expliquer l’apparition et l’évolution de la vie. Il aborde aussi la question de sa compatibilité avec le Coran et la Bible.
Selon la théorie de l’évolution, les êtres vivants descendent tous les uns des autres. Pour les antiévolutionnistes, ils ont été créés séparément les uns des autres par un Créateur. De ce fait, selon eux, il n’y a pas d’animaux parmi les ancêtres de l’homme.
« L’Atlas de la création »
La question de l’évolution de la vie et des origines de l’homme a toujours été un point de friction entre science et religion. Un courant créationniste important continue d’exister, notamment dans certaines églises protestantes anglo-saxonnes. En 2007, l’envoi par Harun Yahya du livre « L’Atlas de la création » à de nombreux lycées et personnalités françaises et européennes a donné un coup de projecteur sur la progression des positions antiévolutionnistes dans certains milieux musulmans.
Mais, dit l’astrophysicien Nidhal Guessoum, “affirmer que le Coran nous force à rejeter toute théorie de l’évolution, c’est tout simplement faire preuve de littéralisme et témoigne d’un manque évident d’érudition (islamique et scientifique)”. Même si les populations des pays musulmans, tout en n’étant pas hostiles à la science, rejetteraient globalement cette théorie.
L’évolution est « plus qu’une hypothèse »
De son côté, par la voix du Pape Jean-Paul II, après avoir longtemps rejeté l’évolution, l’Église catholique déclarait en 1996 que l’évolution était « plus qu’une hypothèse » mais qu’il fallait parler des théories de l’évolution, et non pas de la théorie de l’évolution.
Dans ce cadre, les questions suivantes ont été posées : L’évolution biologique est-elle prouvée scientifiquement ? Est-il possible d’en douter ou est-elle définitivement établie ? L’évolution est-elle compatible avec la Bible ou le Coran ?
Ce débat a mis aux prises des musulmans et chrétiens défenseurs de l’évolution (Nidhal Guessoum, astrophysicien, et Jean Staune, philosophe des sciences), et des adversaires de l’évolution (Oktar Babuna, neurochirurgien, et Dominique Tassot, ingénieur des Mines de Paris).
> Il est amusant de constater que, dans ce débat organisé par l’UIP, et donc par Jean Staune, ce dernier soit l’un des plus vifs pourfendeurs des créationnistes et défenseurs de l’évolution : « Il s’agissait de démasquer devant leur public les erreurs de ceux qui prétendent nier l’évolution ». Et ce, alors même qu’il est lui-même souvent présenté par ses adversaires athées comme un « créationniste » ! En fait, il ne conteste pas le fait que les organismes vivants évoluent, mais seulement les mécanismes de l’évolution proposés par Darwin et ses tenants. Pour lui, le hasard et la sélection naturelle ne suffisent pas à expliquer l’évolution des espèces : « Dieu a créé les lois de la nature ; ces lois génèrent en elles-mêmes des choses telles que la table des éléments qui permet de classer les atomes, la structure des cristaux de neige, ou les archétypes des diverses formes d’êtres vivants ; ce sont ces lois et ces archétypes qui guident l’évolution ».
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