Capture d’écran, sur le site du Sénat : présentation du rapport de la commission d’enquête sur “l’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé”.
Alain Milon, qui présidait la commission d’enquête, est médecin, donc juge et partie dans ce dossier.
La première chose que les journalistes taisent, c’est que le président de la commission, Alain Milon, est médecin, donc en situation de conflit d’intérêt. Peut-il porter un jugement objectif sur les médecines douces ?
Sauf à considérer la médecine conventionnelle comme parfaite et seule vérité définitive car « scientifiquement établie », toute situation et toute pratique doivent être étudiées au cas par cas, avec rigueur, certes, mais avec modestie et ouverture d’esprit : on a encore tant de choses à apprendre sur l’homme et la nature…
Pour la stigmatiser, l’argument le plus fréquemment utilisé par les parlementaires face à une thérapie « concurrente » non reconnue, c’est : « Ce n’est pas une médecine basée sur des preuves scientifiques ».
Un art autant qu’une science
Or, primo, la médecine est au moins autant un art qu’une science. Et quand la science atteint ses limites, elle doit accepter de s’ouvrir à d’autres perspectives et méthodes, mêmes empiriques, et à l’intuition du praticien qui sait s’adapter à la singularité du patient, celui-ci ne pouvant être réduit à un élément de statistique ou de cohorte, ni à un numéro de sécurité sociale.
Secundo, plutôt que de crier au charlatanisme comme le font les sénateurs et toute la presse, on pourrait très bien concevoir une forme de reconnaissance de ces disciplines « différentes », grâce à un accompagnement et un encadrement spécifiques à imaginer. Comme cela se fait dans d’autres pays (Allemagne, Suisse, USA…). Comme le prône d’ailleurs le Centre d’action stratégique (CAS, service placé auprès du premier ministre) dont un récent rapport n’a pas eu l’heur de plaire aux sénateurs…
Les journalistes n’ont pas non plus fait ressortir l’originalité majeure de la démarche sénatoriale : c’est en effet la première fois, en plusieurs décennies de lutte « antisecte », que les élus ont auditionné aussi des minorités spirituelles et des représentants des médecines douces et de la liberté de conscience. C’est d’autant plus remarquable que la principale « bête noire » des militants « antisectes », la scientologie, a été auditionnée 3 fois : directement avec son représentant, indirectement avec le Collectif des médecins et des citoyens contre les traitements dégradants de la psychiatrie et la Commission des citoyens pour les droits de l’homme, qui lui sont liées d’une certaine façon…
Les témoignages du rapport occultés par la presse
Il ne faut cependant pas se réjouir trop vite de ce petit pas effectué vers le « contradictoire » et un peu plus d’équité : le contenu des auditions de ces représentants n’a pas été pris en compte dans le rapport final… Et aucune trace dans la presse.
C’est pourquoi, puisque vous ne trouverez dans aucun autre journal des informations nuancées sur cette question, Ouvertures vous offre (en exclusivité, mais c’est facile puisque nos confrères ne s’y intéressent pas) quelques extraits significatifs des auditions du rapport, puisés dans l’expression de ces approches différentes, censurées ailleurs.
Vous pourrez constater, au vu de ces témoignages formulés sous serment, que la question des « sectes » ou des « dérives sectaires » (toujours attribués à des « mouvements » bien particuliers) est autrement plus complexe et intéressante que ce que les pouvoirs publics et les « grands » médias vous disent.
Le secteur des médecines douces, à la croissance exponentielle, semble avoir de beaux jours devant lui, porté qu’il est par une demande très populaire et par une offre d’une grande diversité qu’une politique seulement répressive, comme celle, maladroite, menée actuellement par les pouvoirs publics, aura bien du mal à endiguer.
Quoiqu’il en soit, ces « morceaux choisis » vous permettront de vous faire votre propre opinion sur la question et les objectifs de ces différents mouvements. Vous trouverez :
– Des thérapies ou techniques de bien-être déjà établies en quête de reconnaissance (reiki, kinésiologie, médecine anthroposophe, naturopathie)
– Des individus qui prônent une méthode originale ou vendent un appareil à l’efficacité non (encore ?) démontrée scientifiquement (Iface, décodage biologique, Etioscan, Athias)
– Des mouvements spirituels qui ont quelque chose à dire dans le domaine de la santé (Scientologie, Témoins de Jéhovah, IVI).
– Des associations qui défendent la liberté de conscience et thérapeutique (CICNS, CAPLC, CCDH).
La liste des auditionnés ciblés par la commission d’enquête
(Cliquer dessus pour accéder directement au témoignage)
– Christian Mortier, président de l’Institut de reiki et de la Fédération française de reiki traditionnel
– Thierry Waymel, président de la Fédération française des kinésiologues spécialisés et Bernard Ophoven, président du Syndicat francophone des kinésiologues spécialisés
– Robert Kempenich, président de l’Association pour la recherche et l’enseignement en médecine anthroposophique
– Jean-Philippe Labrèze, médecin, ancien président de la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH, liée à la scientologie), responsable du Collectif des médecins et des citoyens contre les traitements dégradants de la psychiatrie
– Mylène Escudier, présidente de la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH) et Frédéric Grossmann, président d’honneur
– Jean-Marie Bataille, directeur de l’Institut français d’application pour le corps et l’esprit (Iface, ondobiologie)
– Daniel Kieffer, directeur du Collège européen de naturopathie traditionnelle holistique (Cenatho)
– Daniel Chauvin, président de l’association Invitation à la Vie (IVI), accompagné de Mmes Alberte Gentou, Lorraine Bounine Cabalé et Catherine Cordier de Bartha
– Christian Flèche, formateur en décodage biologique
– Hervé Floirac, de la société Etioscan France
– Gérard Athias, du Collège international Gérard Athias
– Hervé Ramirez, secrétaire général de l’Association des comités de liaisons hospitaliers des Témoins de Jéhovah, M. Guy Canonici, président de la Fédération chrétienne des Témoins de Jéhovah de France
– Éric Roux, porte-parole de l’Église de Scientologie
– Eric Bouzou, du Centre d’information et de conseil des nouvelles spiritualités (CICNS)
– Thierry Bécourt, de la Coordination des associations de particuliers pour la liberté de conscience (CAPLC)
> Les sénateurs et sénatrices interlocuteurs des auditionnés ne sont pas nommément désignés ici. Par commodité, nous avons pensé qu’ils représentaient tous le Sénat, puisque le rapport a été voté à l’unanimité (avec une réserve des Verts : voir sur le blog de la sénatrice Hélène Lipietz).
Christian Mortier, président de l’Institut de reiki et de la Fédération française de reiki traditionnel
« Il s’agit de deux entités juridiques : l’une est un organisme de formation au reiki traditionnel ; la Fédération française de reiki traditionnel fédère quant à elle des personnes qui veulent éventuellement se mettre à leur compte ou se fédérer autour du même projet.
La formation se déroule sur un à trois ans, suivant les capacités des personnes et selon le sens qu’ils souhaitent. C’est une formation dispensée pendant des cours, soit durant la semaine, soit le week-end ou bien les deux. La Fédération rassemble elle-même les personnes souhaitant se mettre à leur compte.
La Fédération est née en 2002 et l’Institut de reiki en janvier 2000.
Nous avons toujours voulu être transparents vis-à-vis des institutions, du public et de nos partenaires, de toutes les personnes qui nous font confiance ; en 2012, nous avons reçu la qualification de l’Intelligence service qualification – Office professionnel de qualification des organismes de formation (ISQ-OPQF), nous permettant ainsi de valider notre formation professionnelle.
Par ailleurs, nous avons, depuis un an, entamé une certification ISO 9001.
(…) Les personnes qui, sur Internet, prétendent pratiquer le reiki ne l’utilisent pas vraiment et donnent de cette technique une très mauvaise image de marque, voire une image déplorable au plan national. C’est pour se démarquer des autres pratiques que nous avons créé notre Fédération et notre Institut.
(…) Il s’agit de dispenser du bien-être et du confort au malade. S’il n’existe pas de pathologie, il s’agit d’une simple relaxation. Si la personne est atteinte d’une pathologie, nous demandons l’établissement d’un diagnostic précis par un praticien médical, avant de nous occuper du bien-être de la personne, qui va se relaxer dans le temps présent et jouir d’un meilleur potentiel intérieur. »
– Travaillez-vous avec des établissements hospitaliers ?
– Oui, nous travaillons depuis bientôt neuf ans en oncologie pédiatrique, dans le service du docteur Delépine, à Garches et, depuis un an environ, à Lariboisière, dans le service du Pr Baranger.
– On voit sur votre site que vos formations ont été prises en charge par des organismes comme Pôle Emploi, ou des entreprises comme Renault, Air France, Sanofi. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
– Oui. Cela représente à peine 10 % de notre chiffre d’affaires. Nous avons un tarif « Pôle Emploi » ou « Fonds de Gestion des Congés Individuels de Formation » (Fongecif) mais consentons également 60 % de réduction aux personnes ayant peu de moyens, afin de leur permettre de pratiquer.
(…) – Vous avez évoqué vos relations avec David Servan-Schreiber. Vous nous l’avez déjà dit, mais pouvez-vous nous confirmer qu’à aucun moment ce que vous proposez ne se substitue à un traitement de médecine traditionnelle ?
– Absolument !
– Découragez-vous les consultants d’abandonner leur traitement allopathique ?
– Je les encourage au contraire à continuer ! Nous sommes sur ce point extrêmement vigilants. On sait très bien que, lorsque les personnes vont un peu mieux, elles désirent arrêter leur traitement. Cela fait partie du contrat que nous passons avec eux : si jamais ils ne prennent plus leurs médicaments, nous ne pouvons continuer à les recevoir.
– Comprenez-vous pourquoi la commission d’enquête a souhaité vous entendre ?
– C’est moi qui l’ai demandé ! Dans le marasme que connaît le reiki, nous n’existons plus alors que ce n’est pas le cas ! Je tenais donc à être auditionné par la commission d’enquête et je vous remercie de m’avoir reçu. »
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Thierry Waymel, président de la Fédération française des kinésiologues spécialisés et Bernard Ophoven, président du Syndicat francophone des kinésiologues spécialisés
Thierry Waymel.- Je représente ici la Fédération française de kinésiologie spécialisée, dont j’occupe le poste de président depuis un an et demi, après quatre années de vice-présidence. Je suis accompagné par Bernard Ophoven, kinésithérapeute, méziériste, ostéopathe et kinésiologue, également président du Syndicat francophone des kinésiologues spécialisés.
La Fédération existe depuis plus de vingt ans. Actuellement, nous comptons environ 550 licenciés et une centaine d’étudiants. Nous possédons un code de déontologie, un code éthique, un règlement intérieur, une charte et un syndicat, déjà évoqué. Ce métier est référencé sous le code Rome – K1103.
Nous estimons que, sur le territoire français, environ 5 000 personnes utilisent le test musculaire ou les méthodes tirées de la kinésiologie. Ces personnes peuvent avoir une formation complète ou incomplète dans le domaine de la kinésiologie.
J’ai personnellement, depuis quatre ans, porté le dossier de professionnalisation au sein de la Fédération, afin de restructurer notre profession et de lui trouver un cadre légal et surtout juridique. J’ai été suivi dans cette démarche par l’ensemble du conseil d’administration de la Fédération.
Depuis, nous nous sommes structurés en région, chacune s’organisant autour d’un bureau et d’un comité d’organisation, afin de créer une homogénéité sur le territoire français. Nous souhaitons que la Fédération devienne l’interlocuteur principal des instances gouvernementales et gère l’ensemble des écoles à travers la régionalisation, respectant ainsi le choix et l’orientation des élèves.
Par ailleurs, nous sommes en relation avec la Commission nationale de la certification professionnelle (CNCP), afin de déposer un dossier de certification comprenant trois niveaux.
Lors de notre prochaine assemblée générale, nous allons faire passer le nombre d’heures de formation à 800 et à 1 500 heures.
(…) Nous avons de ce fait signé un partenariat avec le Regroupement européen pour la formation et la reconnaissance des médecines non conventionnelles (Reformed), sur la base d’une reconnaissance de 600 heures, en présence de sa présidente, Mme Delaporte, afin de bénéficier d’une transversalité de nos cursus.
Nous sommes aussi en contact avec Didier Pachoud, président du Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l’individu (Gempi). M. Ophoven est d’ailleurs correspondant missionné pour y étudier tous les dossiers qui seraient en relation avec la kinésiologie. Quelques kinésiologues sont en outre, à titre personnel, adhérents au Gempi. Nous échangeons d’autre part avec 105 pays étrangers et organisons à Paris, cet été, une rencontre destinée à définir une nouvelle prospective de la kinésiologie en France, en Europe et dans le monde.
Selon notre Fédération, il n’existe pas de dérives sectaires dans la kinésiologie. Cependant, nous veillons que les éventuels écarts soient sanctionnés par notre commission éthique.
Cette année, nous avons ainsi refusé l’adhésion de deux écoles et de deux personnes qui ne répondaient pas à nos codes, associant à la kinésiologie d’autres techniques ne nous convenant absolument pas sur le plan déontologique.
Les atteintes médiatiques que nous subissons, comme les allégations d’organismes chargés de veiller à la protection des individus, nous paraissent réellement injustifiées. Nous n’avons jamais eu de droit de réponse ou de débat contradictoire à ce sujet.
En tant que profession non réglementée, nous souhaiterions être labellisés pour pouvoir être en accord avec l’administration.
Bernard Ophoven. – J’ai soixante et un ans, je suis kinésithérapeute depuis 1976, j’ai découvert l’ostéopathie depuis plus de quinze ans et, sur mon chemin, j’ai découvert aussi la kinésiologie, menant de front ces deux pratiques.
(…) Je représente aujourd’hui le Syndicat de la kinésiologie francophone spécialisée. Comme l’a dit Thierry Waymel, la kinésiologie est victime d’une désinformation relayée par les médias. En l’absence de toute vérification, nous n’avons jamais pu obtenir de droit de réponse !
(…) Je n’étais pas encore dans cette Fédération, mais je voudrais revenir sur le triste fait divers qui a entraîné le décès d’un jeune enfant, suite à un traitement inapproprié, à l’issue duquel les époux Durand ont été condamnés en tant qu’« adeptes de la kinésiologie ». Faut-il condamner une profession parce que deux personnes – que je ne connais pas – n’ont pas respecté la règle, l’éthique ou la déontologie ?
(…) Notre profession cherche à faire en sorte que les gens qui ne suivent pas notre code éthique quittent nos rangs – mais ceci n’est pas simple : notre activité n’est pas réglementée. Nous avons donc besoin d’un cadre et souhaitons en quelque sorte recevoir l’aval du Gouvernement afin de cadrer les choses.
(…) Nous désirons obtenir un droit de réponse et des débats contradictoires, afin de nous faire entendre démocratiquement. Nous voudrions que les représentants des associations – Centre contre les manipulations mentales (CCMM), Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu (Unadfi) ou même Gempi – et la Miviludes, nous rencontrent dans un esprit d’ouverture, afin d’apparaître transparents dans notre pratique. A ma connaissance, il n’y a qu’en France que l’on associe la kinésiologie aux dérives sectaires.
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Robert Kempenich, président de l’Association pour la recherche et l’enseignement en médecine anthroposophique
« Je voudrais tout d’abord faire part de mon étonnement de me retrouver ici : bien que nous ayons nous-mêmes demandé cette audition, nulle part ailleurs dans le monde -et surtout pas en Europe- la médecine anthroposophique n’est considérée comme une secte ! Cela semble une situation spécifiquement française.
Je suis président de l’Association pour la recherche et l’enseignement de la médecine anthroposophique (Arema) mais aussi du Conseil national professionnel (CNP), section médecine anthroposophique, qui regroupe l’ensemble des associations de médecine anthroposophique en France, la société savante, le syndicat, les formations de base et la formation continue.
Nous avons eu la surprise de nous trouver cités parmi les pratiques à risques de dérives dangereuses dans le guide Santé et dérives sectaires de la Miviludes.
Par voie d’avocat, nous avons écrit par deux fois à la Miviludes, pour lui demander de nous transmettre le dossier sur lequel elle s’appuyait. Nous n’avons jamais eu de réponse ! Un Sénateur, Jean-Louis Lorrain, a posé une question écrite à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé, le 27 septembre 2012, pour lui demander sur quels documents s’appuie la Miviludes pour considérer la médecine anthroposophique comme une secte. Il n’a jamais eu de réponse…
(…) La médecine anthroposophique est une médecine qui s’inscrit aujourd’hui dans ce que l’on appelle la « médecine intégrative ».
J’ai moi-même été Président, durant treize ans, de l’European council of doctors for plurality in medicine (ECPM) et ai travaillé dans le cadre de la Camdoc Alliance, qui regroupe les fédérations européennes d’homéopathie, d’acupuncture, de médecine anthroposophique et de naturopathie.
La médecine intégrative est un concept qui ne considère plus les médecines non conventionnelles en dehors du champ de la médecine. Elle s’inscrit dans le champ de la médecine, pratique le même diagnostic que la médecine conventionnelle, emploie les thérapeutiques de la médecine conventionnelle, mais complète celle-ci par un élargissement. C’est en particulier le cas de la médecine anthroposophique, qui élargit ce que propose la médecine dite universitaire en matière de biologie, de physiologie et de thérapeutique.
En matière de biologie et de physiologie, la médecine anthroposophique propose une investigation du psychisme et de l’individualité. C’est en ce sens qu’elle tient compte de ces niveaux complémentaires à ceux de la seule biologie et de la seule physiologie. Elle met donc le patient au centre de sa démarche. On ne traite plus une maladie mais un individu, avec sa biologie, sa physiologie, son psychisme, son individualité particulière, sa biographie individuelle. Cela semble fondamental…
Elle est une médecine tant préventive que curative.
(…) La médecine anthroposophique, en Europe, compte près de 5 000 médecins formés qui ont suivi les formations de médecine anthroposophique, et 30 000 médecins prescripteurs des médicaments spécifiques à la médecine anthroposophique. Il existe vingt-cinq hôpitaux de médecine anthroposophique en Europe et trois structures universitaires – Berlin, Herdecke et Berne.
En Allemagne, par exemple, la médecine anthroposophique bénéficie d’un statut particulier dans le code social. Ses médicaments sont reconnus et bénéficient d’une place particulière dans la loi sur les médicaments. La commission C de l’Agence du médicament allemande s’intéresse spécifiquement aux médicaments anthroposophiques. L’Allemagne compte 3 500 médecins, on en compte 300 en France et entre 1 500 et 2 000 prescripteurs.
En Suisse, la confédération et les cantons ont inscrit dans la Constitution la reconnaissance des médecines complémentaires en proposant un système d’évaluation. La médecine anthroposophique a fait l’objet d’une étude particulière dans le cadre du Programme suisse d’évaluation des médecines complémentaires (PEK), qui étudie son efficacité, son utilité, son innocuité et son coût. Cette étude a été demandée en 2006 et a été publiée. Elle fait état de 188 études cliniques, dont dix-sept randomisées, ce qui est le « gold standard » en médecine.
Une large majorité – 180 études sur 188 – montre des résultats positifs, tant du point de vue de l’efficacité que du coût. Le coût est en effet aujourd’hui un aspect très important à prendre en compte… Ces études soulignent aussi le très faible nombre d’effets secondaires, de l’ordre de 0,05 %. Elles respectent les règles du format « Health technology assessement » (HTA), ce qui démontre un haut niveau scientifique.
– Vous avez regretté que la France soit le seul pays à ne pas reconnaître l’anthroposophie : je suis tenté de vous répondre que la France est le pays de Descartes !
– L’Allemagne est celui de Goethe, dont l’épistémologie est le fondement de l’anthroposophie !
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Jean-Philippe Labrèze, médecin, ancien président de la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH, liée à la scientologie), responsable du Collectif des médecins et des citoyens contre les traitements dégradants de la psychiatrie
« Le Collectif a été créé en 2005, dans un contexte très particulier. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) venait de rendre un rapport sur les troubles de la conduite chez l’enfant et l’adolescent. Ce rapport nous a semblé extrêmement préoccupant. Les chiffres sont variables et il est difficile d’avoir des statistiques précises, mais on peut aujourd’hui considérer que 20 à 25 000 petits Français consomment de la Ritaline.
(…) Il existe selon nous un problème majeur dû au tandem entre psychiatrie biologique et industrie pharmaceutique. Ce tandem rétrécit régulièrement, systématiquement, consciencieusement le champ du normal, pour accoler l’étiquette des troubles mentaux à un nombre de plus en plus grand de nos concitoyens.
Un chiffre est à cet égard édifiant et, à mon sens, profondément inquiétant : en 1952, dans la première version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-I), la bible de la psychiatrie, on recensait 112 troubles mentaux ; dans le DSM-IV, qui date de 1994, on en trouve 374 ! Avec la restriction consciencieuse du champ du normal, de plus en plus de nos concitoyens se trouvent qualifiés de malades mentaux, ce qui entraîne comme corollaire immédiat une prescription de psychotropes censés résoudre leurs problèmes.
C’est à notre sens l’un des dangers majeurs que courent nos concitoyens. »
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Mylène Escudier, présidente de la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH) et Frédéric Grossmann, président d’honneur
Mylène Escudier.- La CCDH a été créée par l’Eglise de Scientologie et le docteur Thomas Szasz, en 1969 aux Etats-Unis et en 1974 en France, dans le but de faire respecter les droits de l’homme en psychiatrie et dénoncer leurs violations. En France, la CCDH est une association relevant du statut prévu par la loi de 1901. Notre combat est la défense des droits de l’homme en psychiatrie. Nous nous appuyons pour ce faire sur la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, sur la Convention européenne des droits de l’homme, sur la Convention internationale des droits de l’enfant ou sur des rapports d’experts et d’organismes officiels pour dénoncer les abus psychiatriques. Nous travaillons avec les victimes de ces abus. Nous avons constaté que le comportement de certains psychiatres pouvait revêtir parfois un caractère sectaire. Ainsi, dans certaines affaires d’abus sexuels et de viols, le psychiatre exerçait une emprise mentale sur ses patients pour abuser d’eux : en Loire-Atlantique, par exemple, un psychiatre a été condamné à huit ans de prison.
En France, selon la Cour des comptes, les prises en charge s’élèvent à un million ; les dépenses consacrées à la psychiatrie représentent 13 milliards d’euros dans le budget de l’assurance maladie ; on compte 13 000 psychiatres en métropole ; les remboursements de la sécurité sociale liés aux psychotropes représentent en un an plus d’un milliard d’euros, plus de 72 000 internements sous contrainte ont été prononcés selon les commissions départementales des soins psychiatriques ; nous sommes très attachés au strict encadrement des soins sous contrainte. La loi du 5 juillet 2011 a modifié la loi de 1990 sur les hospitalisations sous contrainte en prévoyant désormais un contrôle judiciaire dans les quinze jours qui suivent l’internement. Nous sommes très satisfaits de la judiciarisation des internements.
Mais, selon le rapport de MM. Serge Blisko et Guy Lefrand, députés, cette loi n’est pas toujours appliquée. Dans certains départements, les patients ne rencontrent jamais de juge ; nous demandons que les visites de procureurs, préfets et présidents de tribunaux de grande instance (TGI) aient effectivement lieu dans les hôpitaux conformément à la loi. De même, nous souhaitons que les soins sous contrainte en ambulatoire dans ce cadre soient placés sous le contrôle d’un juge car, selon l’avis de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, ils correspondent aussi à une privation de liberté ; les contrôles doivent être plus fréquents en psychiatrie.
(…) Notre association compte de nombreux scientologues ainsi que des adeptes d’autres religions.
(…) – Pourquoi demandez-vous aux hôpitaux psychiatriques la communication des registres d’internement ?
– Nous sommes presque les seuls à demander qu’il y ait plus de contrôle en psychiatrie. Chaque semaine, nous recevons des témoignages d’internements abusifs. Nous souhaitons que les autorités aillent dans les hôpitaux.
(…) – Avez-vous une opinion sur la liberté thérapeutique ?
Frédéric Grossmann.- Notre préoccupation est l’information dont disposent les personnes et le consentement des patients, souvent considérés comme incapables de le donner, alors que les traitements sont lourds, à base de neuroleptiques ou d’enfermement.
(…) – Comment être critiques à l’égard de certains traitements tout en refusant de se prononcer sur leur pertinence ? Les électrochocs ne constituent pas le traitement quotidien en psychiatrie ! Je comprends mal l’objet de votre association.
Mylène Escudier.- On compte plus de 70 000 séances d’électrochocs en France par an. Nous nous appuyons sur des témoignages, à l’image de cette mère de famille, qui avait besoin de connaître ses droits et d’être mise en relation avec un avocat pour éviter de se voir cataloguée comme folle, au risque de perdre définitivement tout espoir de se voir attribuer la garde de ses enfants. Certains tentent également de faire interner leurs parents pour contrôler l’héritage et obtenir une mise sous tutelle…
(…) Dans l’Yonne, le nombre d’hospitalisations à la demande d’un tiers était anormalement élevé par rapport au nombre d’habitants. Après enquête, nous avons découvert que nombre d’entre elles étaient réalisées à la demande de plusieurs maisons de retraite. Quand des personnes âgées étaient envoyées à l’hôpital, elles étaient placées en hospitalisation à la demande d’un tiers. C’était illégal.
– En effet !
– Certes, mais cette pratique n’est pas sanctionnée. Nous l’avons dénoncée. Le Conseil d’Etat a redéfini plus rigoureusement la notion de tiers et en un an, le nombre d’internements a baissé de 25 % à 30 %. Les élus locaux ont souvent du mal à trouver une solution pour des personnes au comportement dangereux, mais la psychiatrie n’est pas une solution.
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Jean-Marie Bataille, directeur de l’Institut français d’application pour le corps et l’esprit (Iface)
« Je vais vous transmettre deux dossiers, l’un sur le rapport d’activité de l’Iface et l’autre sur le syndicat des ondobiologues.
La société Iface a été créée le 24 octobre 1986. C’est une sarl. Je suis donc en activité depuis vingt-sept ans. Je vous remercie de m’avoir convoqué, chose que n’a jamais faite la Miviludes qui a pourtant décrété que nous étions peut-être bien une secte, ce qui a été gravement préjudiciable à notre activité. J’étais loin de me douter qu’il puisse y avoir dans notre République des services aussi nuisibles.
Du fait de la Miviludes, notre société s’est réduite à trois personnes et à trois praticiens installés qui se relaient pour assurer les formations, selon les besoins, en faisant profiter les stagiaires de leur expérience. Notre chiffre d’affaires est en constante régression depuis 2009 : il est passé de 1 560 000 euros à 993 000 euros l’année dernière tandis que notre marge passait de 269 000 euros à 103 000 euros, ce qui m’a conduit à ne pas percevoir mes dividendes à cause de ces problèmes de trésorerie.
(…) A l’heure actuelle, nous dispensons quatre types de formations différentes : formation de base (cinq jours), formation supérieure (sur le même principe, par exemple la semaine suivante, selon la volonté de stagiaires), formation en drainolymphologie, formation en biochirurgie immatérielle. Au total, nous avons fait 1 669 formations : 384 en formation de base, 785 en formation supérieure, 341 en drainolymphologie et 159 en biochirurgie immatérielle.
(…) – Pourquoi faudrait-il, selon vous, former 6 000 ondobiologues ?
– Oui, un pour 10 000 habitants, pour remplacer les magnétiseurs surtout.
– Vous êtes passé de l’ordre des biomagnétiseurs au syndicat des ondobiologues. Qu’est-ce que l’ondobiologie ?
– J’ai passé dix ans de ma vie professionnelle à faire des analyses biochimiques (urée, cholestérol…) dans des laboratoires médicaux et vétérinaires ; j’ai été obligé d’arrêter parce que j’ai eu les cordes vocales atteintes par les réactifs. J’ai voulu faire l’expérience du magnétisme pour comprendre ce phénomène. Je me suis rendu compte que nous fournissions nous-mêmes nos énergies électromagnétiques, mais qu’on ne pouvait les utiliser sur des gens sans les contrôler. Au cours d’une séance, j’ai donné trop d’énergies à une femme et j’ai pris en retour toutes les siennes, si bien que j’ai perdu la vue pendant une heure et que ma tension est montée en flèche. J’ai vraiment failli en mourir. Il me fallait donc être plus prudent et extraire les énergies usées de ces personnes avant d’en introduire de nouvelles.
(…) J’ai donc mené une expérience sur une femme qui avait les jambes lourdes. J’ai extrait les énergies usées d’une de ses jambes et j’ai constaté ensuite qu’elle boitait. Elle ne sentait plus sa jambe mais l’autre était lourde. C’était donc ainsi qu’il fallait procéder : extraire les énergies usées – notamment du dos, de chaque côté de la colonne vertébrale – pour que les organes puissent se régénérer. Pour parfaire cette technique, je me suis un peu inspiré de la médecine chinoise. Effectivement, chaque organe correspond à une cuvette d’évacuation.
Maintenant, je peux vous parler de la drainolymphologie.
(…)- Vous dites aussi que ces soins sont prodigués sans toucher les personnes et que « seule la méthode Bataille peut réaliser cette prouesse technique. » C’est quoi, la méthode Bataille ? Elle a un effet direct sur les ganglions ?
– Je peux le prouver tout de suite. Les drainages lymphatiques sont faits par des kinésithérapeutes qui engagent la responsabilité des médecins qui les prescrivent. Or, les kinés acquièrent leurs connaissances en dehors de la faculté puisque – ce n’est d’ailleurs pas de leur faute – seules sept heures de cours sont dispensées en trois ans sur les problèmes lymphatiques. Or, en enlevant les énergies usées qui les bloquent, les ganglions peuvent à nouveau fonctionner sans problème. Nous, nous enlevons les énergies usées et le ganglion refonctionne. Nous évitons ainsi des opérations, notamment des seins.
– Vous dites que vous pouvez éliminer les nodules.
– Absolument. Pas cancéreux, attention !
– Ne croyez-vous pas que vous utilisez un certain abus de faiblesse ?
– Absolument pas ! Vous n’avez qu’à lire tous les courriers de remerciement que je reçois. Où est l’abus de faiblesse alors que nous parvenons à désengorger des ganglions, ce qui évite à des femmes de se faire opérer de la chaîne de ganglions sous les aisselles ? Attention : les ganglions ne disparaissent pas, ils se dégorgent. Il faut le voir pour le croire.
(…) – Pensez-vous que des gens puissent enlever des kystes sur des ovaires sans connaissances spéciales ? (…) Vous croyez que c’est bien de soutenir de telles thèses ?
– Parfaitement bien. Je serais honteux de ne pas l’avoir écrit.
– Ne s’agit-il pas d’un super abus de faiblesse ?
– Mes portes sont ouvertes à tous les médecins et à tous les kinés. Lorsqu’un médecin vient se former, il n’est pas rare que dès le premier jour ou le deuxième, il se mette à pleurer et qu’il soit en colère parce qu’on lui a caché à la faculté l’existence des énergies. Les kinésithérapeutes, quant à eux, doivent oublier tout ce qu’ils ont appris afin de travailler de façon globale, avec l’« esprit intégral ».
– Qu’est-ce que c’est, l’« esprit intégral » ?
– On a le conscient et le subconscient. Le conscient veut tout mais ne peut rien tandis que le subconscient ne veut rien mais peut tout : il faut faire travailler les deux ensemble pour obtenir ce qu’on veut. On peut faire beaucoup de choses à partir des énergies.
– Est-il raisonnable de faire croire à nos concitoyens que vous pouvez changer leurs vertèbres sans les toucher ?
– Pourquoi « faire croire » ? Mes stagiaires le vivent eux-mêmes ! Je ne peux que vous inviter à venir voir ce qu’il en est. Georges Fenech n’est jamais venu. »
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Daniel Kieffer, directeur du Collège européen de naturopathie traditionnelle holistique (Cenatho)
« Je me réjouis d’avoir l’opportunité historique d’ouvrir un dialogue transparent avec les élus de la Nation, et vous en remercie chaleureusement, Mmes et MM. les sénateurs. La naturopathie est née aux États-Unis, où le mot apparaît pour la première fois en 1896. En 1902 est fondée la première école, dans l’Oregon, et, à la veille de la crise de 1929, la naturopathie compte quelque milliers de professionnels et vingt écoles.
Ce courant hygiéniste se développe en Europe dans les années 1935-1940, où sont fondées les premières écoles, de façon informelle à l’époque et empirique. Il faut attendre 1985 pour voir naître la Fédération française de naturopathie (Fenahman), qui regroupe les principaux chefs d’école. Le niveau de compétence, l’éthique et la déontologie de la profession sont établis. En 1982 était née l’Omnes (Organisation de la médecine naturelle et de l’éducation sanitaire), l’association à vocation syndicale de la profession, qui donne accès à l’assurance professionnelle et qui assure également la formation continue.
Une autre date intéressante : à la suite du rapport Collins-Lannoye, la résolution européenne du 29 mai 1997 invite les Etats membres à considérer avec bienveillance l’intégration des médecines dites non conventionnelles dans les pays membres. En 2000, la naturopathie était intégrée dans dix États membres sur quinze, notamment en Allemagne et dans les pays scandinaves, en Grande-Bretagne, etc.
Elle se définit comme la synthèse des méthodes naturelles de santé, à vocation préventive, éducative et pédagogique. Elle promet également le rétablissement de la santé dans les troubles mineurs, lorsqu’un diagnostic préalable a été posé par le médecin, en améliorant la qualité et l’hygiène de vie. Le naturopathe est un éducateur de santé. Son champ d’action, comme le recommande l’OMS (Organisation mondiale de la santé), est la prévention active primaire, passant par l’hygiène et la qualité de vie, le bien-être au sens global, tel que l’entend la définition de la santé de l’OMS.
La naturopathie se situe davantage du côté des médecines naturelles que des médecines douces (homéopathie, mésothérapie, acupuncture, phytothérapie, aromathérapie…) dont l’exercice relève de la médecine. Ces disciplines ne sont pas enseignées en naturopathie. La naturopathie ne pose pas de diagnostic et ne propose pas de traitement de maladie : elle vise la prévention, la promotion de la santé et de la qualité de vie. Lorsque nous recevons des personnes atteintes de troubles mineurs, nous ne faisons jamais ingérence dans un traitement médical en cours : nous coachons, nous délivrons des conseils portant sur l’alimentation – en insistant sur les bénéfices de l’alimentation bio -, sur l’hygiène corporelle, la gestion du stress, le contact avec les éléments naturels, la qualité du sommeil ou de la respiration – et une conscience écologique, bien évidemment.
– Quel est le sens d’un registre national des naturopathes pour une profession non-réglementée ?
– Nous déplorons justement ce vide juridique. Il s’agit d’un répertoire des professionnels ayant fréquenté les écoles affiliées à la Fenahman (Fédération française de naturopathie). Faute de cadre légal, la profession s’est auto-organisée, avec un cursus de 1 600 heures académiques et 4 400 heures de formation au total.
(…) – Quelles sont les obligations du praticien envers le Cenatho ?
– Je ne peux répondre que pour les 500 affiliés au registre des naturopathes, car il existe environ 1 000 naturopathes travaillant hors cadre : ceux-là attendent que la loi évolue et en attendant, gardent un job à mi-temps, ce qui est prudent dans le contexte de crise actuelle. Nos affiliés assurent des heures de formation, ont obtenu un diplôme de fin d’études devant un jury, suivi un cours de droit et de déontologie donné par Me Isabelle Robard. Nous avons également un examen national, fondé sur un tronc commun aux six écoles affiliées.
(…) – Vous êtes l’auteur d’un ouvrage de 302 pages intitulé « Vaincre la grippe : avec ou sans vaccin ».
– Ce livre, qui prône la prévention et le renforcement des défenses naturelles, a été un échec commercial complet. On a vendu à peine 500 livres. Nulle part vous n’y trouverez d’incitation à ne pas se faire vacciner. C’est un livre qui parle plutôt de « terrain », de prévention pour que chacun résiste mieux.
– Nous ne voulons pas de dérives dans ce domaine par rapport aux politiques de vaccination qui ont une utilité très claire pour la santé de nos concitoyens.
– Il n’y a aucun cours sur la vaccination dans aucune des écoles relevant de la Fenahman. La vaccination est laissée au libre discernement de chacun. »
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Daniel Chauvin, président de l’association Invitation à la Vie (IVI), accompagné de Mmes Alberte Gentou, Lorraine Bounine Cabalé et Catherine Cordier de Bartha
« Fondée le 20 janvier 1983, Invitation à la vie est une association loi de 1901 à but non lucratif, laïque d’inspiration chrétienne, ouverte à tous, qui rassemble et accueille des personnes de tous âges, de tous horizons social et culturel, sans distinction de race, de nationalité, de religion, croyantes ou non. Chacun de ses membres et chacune des personnes qu’elle accueille restent libre de vivre selon les convictions religieuses, politiques, idéologiques et culturelles de leur choix.
L’association compte à ce jour dix-sept centres d’accueil sur le territoire national. Notre but est l’accueil, l’écoute et la consolation, par le biais des permanences téléphoniques de SOS-écoute et dans les centres d’IVI par l’écoute et l’harmonisation.
(…) – Votre association a été fondée par Yvonne Trubert qui avait hérité d’un « don de guérison ». Ce don constituait un élément essentiel de son modèle. Dans ses écrits et selon d’autres documents, elle affirmait guérir la maladie par la prière. Vous avez mentionné un axe religieux, un axe humanitaire et social ; votre association a-t-elle également une vocation médicale ?
Daniel Chauvin.- Mme Trubert, décédée il y a trois ans et demi, était selon moi une sainte femme : elle priait beaucoup et était animée d’une grande foi. Les gens venaient à elle et elle les aidait, les réconfortait en leur donnant de l’espérance. C’est le maître mot de son héritage : avec de l’espérance, il devient plus facile de retrouver de l’énergie pour se soigner ou combattre les maladies.
(…) Catherine Cordier De Bartha.- On peut reformuler sa pensée ainsi : il n’y a que des malades qui ne guérissent pas. Le but de son enseignement n’est pas de guérir les gens mais de les aider à aller mieux, pour les encourager à se soigner par les moyens de leur choix. Comme nous l’indiquons sur de grands panneaux dans nos centres, nous ne nous substituons pas à la médecine. Je suis médecin. L’enseignement de Mme Trubert vise au bien-être des membres de l’association et de ceux qui viennent se faire harmoniser dans nos centres, dont nous ne possédons pas les locaux ; nous les louons. Ses propos sont souvent tronqués. Elle disait souvent : « Si vous aviez la foi aussi grosse qu’un grain de sénevé, vous pourriez guérir. » Mais qui a la foi ? N’oublions pas ce préambule, qu’elle répétait maintes fois. Il éclaire ses propos.
(…) – Qu’est-ce que l’« harmonisation » ?
Daniel Chauvin.- Une personne ne peut être harmonisée qu’avec son consentement. Elle est allongée sur un lit, habillée, recouverte d’un drap, les yeux fermés. Nous nous agenouillons au bord du lit et procédons à une gestuelle sur le corps – pas un massage, plutôt une caresse – sans équivoque – tout en priant intérieurement, en silence, durant tout le protocole qui dure une vingtaine de minutes. Conformément à l’héritage de Mme Trubert, la prière est centrale dans cette action. Nous récitons des prières chrétiennes et faisons des rosaires. Nous prions pour l’humanité, pour la résolution des conflits, pour nos dirigeants, pour les chômeurs, pour ceux qui souffrent… Nous écoutons les gens. Ils en ont besoin. Puis nous harmonisons. Mme Trubert nous a transmis cette technique qu’elle a reçue de Dieu, mais chacun reste libre de le croire…
Nous avons rencontré des difficultés médiatiques : lorsque notre mouvement, d’inspiration chrétienne, s’est constitué, l’Église catholique nous a demandé de nous rattacher à des mouvements charismatiques. L’association a refusé car elle accueille des personnes de toutes croyances, chacun étant libre de pratiquer son culte, même si tous récitent les mêmes prières. Cela a fortement déplu à l’Église et les ennuis ont commencé. Un prêtre a répandu des rumeurs dont les médias se sont emparés, à une époque marquée par la lutte contre les sectes. Nous avons été pris dans cette tourmente. Les propos que Mme Trubert a prononcés lors d’un séminaire, où elle avait accepté la présence de caméras, ne cessent d’être répétés et tronqués. Elle ne s’adressait pas à des malades. Son seul souhait était de rendre aux personnes l’espérance, permettant de surmonter les maladies. De là, un amalgame est né qui nous empêche d’apporter aux autres du réconfort et de la consolation. Il suffit de venir dans nos centres pour vérifier nos pratiques. Rien n’est secret, ils sont ouverts au public. La commission d’enquête de l’Assemblée nationale nous a inclus dans sa liste de sectes. Celle-ci n’étant pas attaquable, nous en subissons les conséquences et de nombreuses personnes ont perdu leur emploi en raison de leur appartenance à l’association.
(…) – L’article du Monde du 18 janvier 2013 fait état de liens supposés entre votre association et le laboratoire Sevene Pharma.
Daniel Chauvin.- Je préside l’association depuis douze ans et suis président du Directoire de Sevene Pharma depuis cinq ans. Je dirige une entreprise de décoration et de peinture à Avignon ; l’association m’a demandé de me porter candidat à la présidence du conseil d’IVI en raison de mes compétences en gestion. J’ai d’abord été actionnaire de Sevene Pharma, comme d’autres membres d’IVI. On m’a demandé d’aider à la gestion. Nous faisons des cultures de plantes médicinales labellisées Ecocert dans les Cévennes. Je suis entré au Directoire à titre provisoire dans une période de difficultés. Puis le provisoire a duré. Je m’occupe de la gestion, mais le laboratoire est dirigé par un pharmacien. Les liens s’arrêtent là. La politique de Sevene Pharma n’est pas dictée par IVI. Nous possédons neuf médicaments bénéficiant d’une autorisation de mise sur le marché. Le laboratoire développe des traitements homéopathiques.
(…) – Dans quels pays êtes-vous présents ?
Nous sommes implantés dans une soixantaine de pays : en Amérique du Nord et du Sud, en Australie et en Nouvelle Zélande, et en Europe, notamment à l’Est. Nous sommes aussi un peu présents en Afrique – au Niger, au Cameroun, à Madagascar et en Éthiopie – mais pas en Asie, sauf aux Philippines.
– Combien d’adhérents avez-vous, pour combien de médecins ?
– Nous avons un millier d’adhérents en France pour sept ou huit médecins.
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Christian Flèche, formateur en décodage biologique
« J’ai créé l’Ecole de décodage biologique d’Aix-en-Provence – j’ai forgé ce terme en 1993. Cette école est à mon nom ; son adresse postale est à mon domicile, les séminaires se tenant dans des salles que je loue à cet effet. Les stagiaires, informés par mon site, mes conférences, mes livres ou par le bouche-à-oreille, sont uniquement des adultes ; leur âge se situe autour de quarante-cinq ans ; ils peuvent être issus du monde médical mais pas seulement. Une journée de formation coûte 100 euros, des tarifs préférentiels existant toutefois pour les personnes rencontrant certaines difficultés. Les stages démarrent en général à 9 heures et finissent à 18 heures, puis les gens retournent chez eux. La formation peut s’étaler sur quatre ans. Une quinzaine de journées, sur différents thèmes, sont proposées chaque année. Dans cette formation « à la carte », chacun peut choisir les modules qui l’intéressent ; il ne s’agit donc pas d’une véritable formation continue comme cela existe par exemple pour les ostéopathes. Je propose également des validations de compétences.
– Quelle est la relation de votre enseignement avec la santé ?
– Quand j’étais infirmier – j’effectuais des services de nuit -, je me suis rendu compte d’un manque dans la relation avec les patients et j’ai réalisé que lorsque je passais plus de temps à les écouter lors de ma visite du soir, ils dormaient mieux. Pour me consacrer davantage à ce travail d’écoute, j’ai ensuite fait partie de l’aumônerie catholique des malades d’Aix-en-Provence où j’ai appris l’écoute rogérienne et des méthodes telles que la programmation neurolinguistique (PNL) et les thérapies brèves. Ecoutant plus intimement les patients, j’ai pu les aider à accepter les expériences agressives liées à la maladie. Mon travail vient donc en complément de celui de la médecine et de la pharmacopée.
(…) – N’est-il pas excessif d’indiquer que votre système s’applique à tous les symptômes ?
– Dans la mesure où j’écoute le malade et non la maladie, il n’y a pas de limite, hormis mon incompétence pour travailler avec des personnes atteintes de maladies psychiatriques.
(…) – J’essaye de comprendre votre rôle auprès des patients. Vous contentez-vous de les écouter ?
– Oui, il s’agit d’une écoute empathique, d’une écoute profonde. Tel que je l’ai pensé, le décodage biologique est un complément à la médecine et à la pharmacie consistant à créer un espace…
– Concrètement, si je viens vous voir, allez-vous seulement m’écouter ?
– Oui, mais d’une manière émotionnelle, et pas seulement mentale ou intellectuelle. Le but est de rechercher ce qui se passe dans votre corps, quels sont vos symptômes et ce que vous vivez. Les gens commencent alors à livrer des secrets émotionnels et s’en trouvent mieux.
(…) – Lorsque vous affirmez dans vos documents que « toute maladie démarre en un instant suite à un bio-choc que l’on appelle un conflit déclenchant, réveillant une histoire conflictuelle passée ou conflit programmant », c’est bien une certitude.
– C’est présenté avec les accents d’une certitude, mais je ne l’impose pas.
– Ne tournons pas autour du pot. Vous savez bien que d’autres disent aussi que toute maladie découle de ce type de conflit – je pense à la méthode Hamer.
– Je n’impose rien à personne.
(…) – Bien sûr, vous êtes particulièrement prudent et faites bien attention d’expliquer sur votre site que le décodage biologique n’a rien à voir avec les méthodes des docteurs Hamer et Sabbagh. Vos raisonnements partent néanmoins des mêmes constatations.
– Il y a des points communs dans le contenu, mais ni sur le fond, ni sur la forme, ni dans l’esprit.
(…) – Comment pouvez-vous enseigner si vous doutez à ce point ?
– En incluant en permanence le doute, parce que là où il y a des certitudes, il n’y a pas d’écoute. C’est la raison pour laquelle je me suis désolidarisé de Hamer qui parle de « lois biologiques » et que je me distingue de Sabbagh qui n’a commencé à enseigner qu’après moi et qui évoque des certitudes. Je répète à mes élèves qu’ils n’ont pas besoin de certitudes, ils ont besoin de relation. »
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Hervé Floirac, de la société Etioscan France
« Je suis kinésithérapeute et ostéopathe depuis 1981. Depuis 1994, j’ai un cabinet à Clapiers. Il y a six ans, j’ai découvert la thérapie de biorésonance, pour laquelle je me suis formé en Russie et en Ukraine. Je continue d’exercer en tant que kinésithérapeute et ostéopathe, et dispose d’une Eurl pour l’activité de biorésonance. Mon site internet a été réalisé par des collaborateurs en Russie.
– D’après annuaire-therapeutes.com, vous êtes à la fois ostéopathe et kinésithérapeute diplômé d’Etat, conseiller en fleurs de Bach et praticien en analyse et réinformation. En quoi la biorésonance consiste-telle ?
– Les neurophysiciens russes qui ont découvert cette méthode avaient constaté que chacune de nos cellules vibrait à une fréquence spécifique et qu’un terrain en dysfonctionnement montrait un dysfonctionnement vibratoire. Avec les appareils, fabriqués en Russie, nous analysons le terrain pour comprendre comment telle ou telle pathologie s’est s’installée. Lorsqu’on trouve un dysfonctionnement, on écoute les tissus et on peut envoyer à la cellule sa fréquence physiologique qui, grâce au phénomène de biorésonance, retrouve sa fréquence physiologique.
– Vous faites cela grâce à l’étioscan ?
– En effet. Ses composants sont fabriqués en Allemagne et il est assemblé en Russie.
– C’est votre EURL qui vend l’appareil ?
– Oui.
– L’utilisez-vous lors de vos consultations d’ostéopathie ?
– Cela m’arrive, de même que pendant mes séances de kinésithérapie. Je n’ai jamais eu un appareil d’électrothérapie aussi efficace et performant. Je l’utilise au même titre que j’utilisais avant les ultrasons et la basse fréquence.
– Concrètement, comment cela se passe-t-il ?
– Nous avons un casque, un émetteur infrarouge, des manettes que l’on tient à la main et qui analysent le stress oxydatif, les réactions des tissus au passage d’un micro-courant électrique d’1,5 volt.
– A quoi les fréquences vibratoires correspondent-elles et comment déterminez-vous ce que vous devez faire avec l’appareil ?
– L’analyse du terrain produit des courbes et des logos de tel ou tel organe, qui renseignent sur l’état de cet organe. Je ne fais pas de diagnostic. Au contraire, je renseigne un logiciel sur le diagnostic posé par le médecin. J’analyse le terrain, puis je fais une réinformation du terrain pour lui redonner ses capacités d’homéostasie.
– Et ça marche ?
– Ca marche très, très bien.
(…) – En dehors de la maladie de Crohn, avez-vous d’autres cas particulier à nous signaler ?
– J’ai soigné une personne atteinte d’une bronchopneumopathie obstructive. (…)
J’obtiens également de bons résultats sur les bronchiolites. J’ai guéri en janvier un bébé de treize mois, sous kiné respiratoire depuis décembre. En ouvrant son carnet de santé, j’ai découvert que peu avant l’infection, l’enfant avait été vacciné par le prevenar ; les symptômes – notamment la fièvre – correspondaient aux effets secondaires du médicament tels qu’on les découvre sur internet. Je lui ai envoyé la fréquence inverse de ce vaccin ; en quarante-huit heures, sa fièvre est tombée, l’enfant a pu se réalimenter.
– C’est quoi la fréquence inverse d’un vaccin ?
– Tous les remèdes, même les fleurs de Bach, ont une fréquence vibratoire, que les Russes ont enregistrée dans une base de données. On peut envoyer la fréquence inverse. Dans le cas de cet enfant, j’ai mis un biberon d’eau dans la chambre de résonance et, comme en aromathérapie, j’y ai envoyé la fréquence inverse du vaccin.
(…)- Je suis perplexe… Comment déterminer la fréquence d’un vaccin et établir la fréquence inverse ?
(..)- L’étioscan est un boîtier qui transforme des informations lumineuses, électriques et auditives en données numériques. Toutes les questions que vous me posez, je les avais posées aux Russes. Ils ne veulent pas communiquer. Détenant l’exclusivité sur ces appareils, ils ne veulent pas dire comment les fréquences sont enregistrées. Nous travaillons de manière empirique, avec des résultats extraordinaires.
– Les Russes meurent quand même !
– Les Français aussi ! »
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Gérard Athias, du Collège international Gérard Athias
« Je considère mon travail comme une psychanalyse biologique après bilan, diagnostic médical et traitements effectués, interprétés et prescrits par le ou les médecins habituels du patient. J’essaie de faire des liens entre les problématiques du consultant et les mémoires généalogiques familiales. Je cherche à mettre en lien les évènements généalogiques avec les émotions du consultant. Je pense que la combinaison entre les traitements dits conventionnels et une compréhension du sens de la maladie est favorable à chacun, que les différentes approches sont complémentaires et qu’elles répondent à des questionnements différents des patients ou de la clientèle.
Dans le cadre de mes séminaires, chaque participant reconnaît avoir lu et accepté les conditions et précisions suivantes qui figurent aussi en avertissements sur mes livres : « Monsieur Athias, dans le cadre de ses séminaires, publications et conférences diverses expose que le fruit de ses analyses est fondé sur le résultat de ses recherches personnelles qui ne peuvent en aucun cas être assimilées à une analyse, une découverte, une pratique ou une méthode médicale. Monsieur Gérard Athias, parce que docteur en médecine, rappelle expressément qu’il est profondément attaché aux diagnostics et traitements médicaux en conformité avec les données actuelles de la science ».
– Êtes-vous toujours inscrit à l’Ordre des médecins ?
– Non Monsieur, je l’ai quitté il y treize ans. Néanmoins, comme d’autres sont docteurs en droit ou en lettres, il se trouve que je suis docteur en médecine. Dois-je m’excuser d’avoir fait ce type d’études ?
– Là n’est pas la question. Vous écrivez que des raisons de santé personnelle vous ont conduit à la biologie totale des êtres vivants…
– Tout à fait !
– … et que, dès votre premier contact avec cette « découverte révolutionnaire », vous vous êtes orienté vers cette nouvelle discipline. « Nourri des enseignements de Claude Sabbagh et d’Alejandro Jodorowsky », vous dites avoir approfondi et enrichi la recherche en bio-psycho-généalogie.
– Puisque vous semblez connaître M. Sabbagh, je vous précise que M. Jodorowski est cinéaste et scénariste de bandes dessinées.
– Et M. Sabbagh ?
– Cela fait deux ans que je ne l’ai pas vu. Mais il est vrai qu’il y a treize ans, je l’avais consulté personnellement pour une pathologie.
– Pouvez-nous décrire ce qu’est la biologie totale des êtres vivants ?
– Non Monsieur, car je ne la pratique pas.
(…)- Vous indiquez avoir pour objectif une vision synthétique et la construction de ponts entre les outils aussi divers que la biologie totale, les mémoires cellulaires, la généalogie, les triades et les vingt-deux étincelles de la vie. Pouvez-vous nous expliquer cela ?
– J’essaie de travailler sur les émotions du consultant avec différents outils. J’utilise ce que j’appelle la biologie et le sens de la maladie, mais non la biologie totale, parce que certains de ses aspects fondamentalement m’agressent et que je ne les accepte pas. Je travaille avec la symbolique et la kabbale pour essayer d’accéder à l’émotionnel de l’individu.
– Dans quel but ?
– Pour qu’il se libère, pour qu’on l’écoute au plan émotionnel.
(…)- Vous parlez de consultants ; dans quel but viennent-ils vous voir ?
– Je suis très étonné d’être convoqué puisque je ne consulte plus. J’écris des livres et je fais des séminaires. Mon site n’est pas à jour mais je ne consulte plus depuis treize ans.
– Vous venez de nous parler de consultants.
– Si vous préférez, parlons de clients, des gens qui assistent à mes séminaires.
– Soit. Quel est l’objet de ces séminaires ?
– J’y explique qu’il existe, à mes yeux, un lien entre des mémoires familiales, des difficultés familiales, des « secrets familiaux » et des douleurs individuelles que l’on peut retrouver sur plusieurs générations.
(…)- Ce qui compte pour nous, c’est de connaître le fondement de votre enseignement. Nous nous inquiétons du fait que des personnes qui l’ont suivi conseillent malheureusement à des malades d’arrêter leurs traitements.
– Je ne peux pas être d’accord avec elles. Ce n’est absolument pas ce que je leur dis en cours.
– Vous avez conscience de cela ?
– En cours, j’insiste sur le fait que la première chose à faire, ce sont des diagnostics, des diagnostics et des diagnostics ! Il y a peut-être des dérives, mais je ne peux pas être derrière tout le monde.
(…)- Ce qui nous gêne le plus, c’est que des gens qui suivent votre séminaire en arrivent à conseiller à des malades d’arrêter tout traitement.
– Donnez-moi des noms !
– Vous les connaissez parfaitement !
– Non Monsieur. Il n’y a que moi qui jure ici ? Dites-moi de qui il s’agit : je n’ai rien à me reprocher ! J’ai écrit des livres et je vous raconte ce que je fais. Je vous demande de me donner des noms et vous ne voulez pas le faire. Dans ce cas, ce sont eux que vous devriez convoquer et pas moi !
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Hervé Ramirez, secrétaire général de l’Association des comités de liaisons hospitaliers des Témoins de Jéhovah, M. Guy Canonici, président de la Fédération chrétienne des Témoins de Jéhovah de France
Hervé Ramirez.- Les Témoins de Jéhovah forment une religion chrétienne présente en France depuis la fin du 19e siècle. Ils sont regroupés dans un millier d’associations locales de nature cultuelle. On compte 270 000 fidèles en France, et plus de 2 millions en Europe.
Les Témoins de Jéhovah font naturellement des demandes de soins : 97 % ont un médecin traitant et 78 % se sont déjà fait hospitaliser. Leur particularité est de refuser la transfusion sanguine, pour des motifs bibliques. Le verset 29 du chapitre XV des Actes des Apôtres précise que le sang est sacré et donc impropre à tout usage. La demande de soins nous conduit donc à privilégier des stratégies d’épargne sanguine.
En tant que bénévole des comités de liaison hospitaliers depuis plus de vingt ans, j’aide les patients et contribue à fournir un appui aux médecins qui en ont besoin. J’ai donc été profondément choqué d’apprendre que, comme l’écrit la Miviludes dans son rapport « Santé et dérives sectaires », nous perturberions la relation entre le médecin et les malades, et ferions courir le risque d’un trouble à l’ordre public. Ce n’est absolument pas le cas ! Nous avons répondu à ces accusations par un courrier adressé au Premier ministre, dans lequel nous déclarons ne fournir que des informations. Nous ne nous immisçons pas dans la relation entre le patient et le médecin. Le chef du bureau central des cultes a depuis admis que le trouble à l’ordre public était en effet inexistant.
Les comités de liaison hospitaliers sont des associations à disposition des patients Témoins de Jéhovah. Ils n’interviennent qu’en cas de demande expresse du patient, dans certains cas du médecin. Ils ne s’autosaisissent jamais. Il m’arrive d’être sollicité la nuit, ou pendant mes vacances, et je crois faire preuve de suffisamment de dévouement pour que les propos de la Miviludes me choquent, très éloignés qu’ils sont de la gratitude et de la reconnaissance que nous témoignent les gens qui font appel à nous. Nous réalisons en outre une veille scientifique des avancées médicales en matière d’épargne sanguine. Nous en mettons les résultats à la disposition des patients.
Il existe des comités de liaison hospitaliers dans presque tous les pays du monde. La littérature médicale a fait de nombreux commentaires élogieux à leur égard, et nous entretenons des relations de confiance avec les autorités sanitaires de nombreux pays. La prestigieuse Association des anesthésistes de Grande-Bretagne – en quelque sorte l’équivalent de notre Société française d’anesthésie et réanimation – incite les médecins à prendre contact avec les comités de liaison hospitaliers. Si nous étions réellement tels que la Miviludes nous dépeint, je doute que ces associations professionnelles formuleraient de telles incitations.
Les stratégies d’épargne sanguine existent depuis les années 1960 et les premières opérations à coeur ouvert sans transfusion sanguine. Elles ont connu leur essor après la crise du sang contaminé dans les années 1990. Depuis, de nombreuses conférences de consensus se sont tenues dans l’objectif de limiter le nombre de transfusions.
Les stratégies d’épargne sanguine ne reposent pas sur un médicament ou produit unique de nature à remplacer le sang, car une telle substance n’existe pas encore. Elles s’appuient en revanche sur un ensemble de mesures qui, combinées, permettent de limiter le recours à la transfusion sanguine. Aucune ne suffit par elle-même. Toutes ont fait l’objet d’études et de commentaires dans la littérature médicale internationale : nous avons recensé plus de 2 500 articles publiés à leur sujet dans des revues à comité de lecture et à comité scientifique. Ces stratégies ont donc été validées, tant dans leurs protocoles que dans leurs résultats en termes de mortalité et de morbidité. Elles ne sont pas conduites au seul bénéfice des Témoins de Jéhovah, mais plus largement de l’ensemble des patients.
Le droit positif encadre ces questions au moyen de l’article L. 1111-4 du code de la santé publique, que vous connaissez bien. J’ajoute que le Conseil d’Etat a rendu le 16 août 2002 une ordonnance de référé dans laquelle il précise que le refus de traitement médical revêt, pour le patient majeur, le caractère d’une liberté fondamentale – dont souhaitent jouir les Témoins de Jéhovah.
Dans 99 % des cas, nous communiquons des informations sur les équipes capables d’apporter les soins nécessaires dans le respect des demandes du patient. Refuser ou non la transfusion sanguine n’est pas de notre ressort. Cette décision est prise par le patient avec son médecin : nous n’en sommes pas informés et ne souhaitons pas l’être.
(…) – Qu’en est-il de la vaccination et des soins palliatifs ?
Guy Canonici.- Les Témoins de Jéhovah se font bien sûr vacciner. J’ajoute que les Témoins de Jéhovah qui le souhaitent peuvent subir une transplantation. J’en connais personnellement. Ils n’ont simplement pas subi de transfusion sanguine.
– Et les prises de sang ?
– J’en fais une dans deux jours.
(…) – Je conçois que l’on ait des convictions et comprends votre approche, mais nous touchons là aux limites de votre propos. Les vaccins, par exemple, présentent un bénéfice infiniment supérieur aux risques qu’ils font encourir. Ne pas s’en servir constitue indiscutablement une perte de chance thérapeutique. Le choix du patient pose déjà problème au patient lui-même et au médecin ; si on le contraint en plus par des considérations religieuses, on met en cause tout le système de santé.
– Je serais plus nuancé sur le problème de santé publique. Les stratégies d’épargne sanguine ont été validées. Le taux de mortalité est similaire à celui observé en cas de transfusion sanguine. Au cas par cas, j’admets que la situation est plus difficile dans certains cas extrême, et que la question est alors davantage éthique.
(…) – Les Témoins de Jéhovah se réunissent beaucoup ; les enfants sont souvent associés à leurs réunions. Outre l’ennui qu’ils peuvent éprouver dans de telles réunions, cela ne risque-t-il pas de causer un trouble à leur santé, par le manque de sommeil ?
Guy Canonici.- J’ai déjà entendu ce discours chez certains de nos détracteurs. Les Témoins de Jéhovah se réunissent deux fois par semaine au maximum. Les parents amènent parfois leurs enfants avec eux. Pour ceux-ci, ces réunions ne sont pas nécessairement ennuyeuses.
– Mais elles peuvent l’être !
– Comme peut l’être la messe. Mais ces réunions, elles, sont pleines de vie et d’intérêt. Cela représente au plus trois heures, trois heures et demie par semaine : les enfants y font plus de progrès, à mon avis, que ceux qui passent ce temps devant la télévision.
– Ce n’est pas exclu.
(…) – La loi française prévoit que chaque famille est libre de donner à ses enfants l’éducation religieuse de son choix. Les Témoins de Jéhovah me semblent toutefois avoir tendance à isoler leurs enfants de ceux des autres, ce qui pourrait presque faire penser à du lavage de cerveau…
– Cette expression me rappelle les débats que j’ai pu avoir dans ma jeunesse sur ce qui se passait en Corée : pouvait-on résister à un lavage de cerveau ? Rien de tel chez nous. Nous éduquons nos enfants, afin qu’ils ne manquent pas de valeurs et de repères comme c’est souvent le cas dans notre société. Mais un enfant est un être humain libre, qui peut, à un certain moment, décider d’accepter ou de ne pas accepter de vivre comme ses parents. Les Témoins de Jéhovah, comme les Israélites, les Catholiques, les Protestants…ou les athées, ont des enfants qui, après l’adolescence, orientent leur vie différemment. C’est bien la preuve qu’il n’y a pas lavage de cerveau !
– Mais ne peut-on parler d’une emprise excessive ?
– Combien de mères castratrices dans la société française ? Combien de mères possessives qui étouffent leurs fils ? Cela n’a pourtant rien à voir avec la religion, et n’est pas traité par la justice.
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Éric Roux, porte-parole de l’Église de Scientologie
« Vous avez compris mon profond désaccord avec le fait que malgré mon insistance pour que les Français puissent partager les échanges qui s’y dérouleront dans la plus grande transparence, vous avez choisi d’imposer l’obscurité en fermant cette audition au public et à la presse.
C’est contraire à la règle depuis la loi n° 91-698 du 20 juillet 1991 et à la coutume qui s’est instaurée de donner « la publicité la plus large possible aux débats ». C’est aussi contraire aux nombreuses auditions qui se sont déjà déroulées devant votre commission auparavant.
(…) J’ai constaté par ailleurs que lorsque vous interrogez un apostat de l’Église, exclu depuis trente ans et connu pour être un détracteur obsessionnel de la Scientologie, son audition est ouverte à la presse et au public. De même, lorsque vous interrogez Serge Blisko, Georges Fenech, le CCMM, l’Unadfi, Catherine Picard, etc., les auditions sont ouvertes à la presse et au public.
Il y a donc, de facto, une différence de traitement entre l’Église de Scientologie et ses détracteurs.
(…) Votre courriel initial de convocation mentionnait la volonté que l’audition d’un « responsable de l’Église de Scientologie » par les sénateurs, porte « essentiellement sur les conceptions de la santé et de la médecine défendues par les Scientologues ». Or, l’Eglise ne défend aucune conception de la santé qui empièterait sur le domaine médical, ni ne prend aucune position concernant ce qui est médical ou de l’ordre de la médecine. L’Église dispense un enseignement et des services religieux et uniquement religieux. Elle aide les personnes qui le souhaitent en créant un espace de liberté spirituelle au sein de ses églises.
Les Scientologues sont, comme l’ensemble des citoyens, libres en ce qui concerne leurs choix thérapeutiques.
(…) Bien entendu, cela n’empêche pas les Scientologues de penser, à l’instar de nombreux autres courants religieux plus anciens, que la foi, la connaissance, la connaissance de soi et la plénitude spirituelle peuvent avoir un impact sur la santé de l’individu. Mais ici nous sommes dans le domaine des croyances, des convictions religieuses. Et si les Scientologues croient cela (j’en profite pour vous rappeler que les catholiques croient que le Christ peut guérir des aveugles par apposition des mains, faire disparaître la fièvre par la parole, voire ressusciter des morts, c’est dans les évangiles), si les Scientologues croient cela, donc, la pratique de la Scientologie a pour objectif la liberté spirituelle, la liberté de l’esprit par la connaissance et non la guérison du corps. La Scientologie est une religion nouvelle, certes, mais elle s’inscrit dans une tradition de courants philosophiques et religieux qui remonte loin dans le temps. On peut y trouver de grands points communs par exemple avec la théologie de Maitre Eckhart, l’un des plus grands mystiques chrétiens, qui considérait que l’âme avait une existence distincte du corps, et que seule la connaissance directe de sa nature spirituelle et divine pouvait apporter le salut à l’individu.
(…) La Scientologie est une religion, au même titre que les autres religions présentes dans notre pays (qu’elles soient catholique, protestante, juive, musulmane, hindouiste, bouddhiste). Elle n’a donc aucun rapport avec les prétendus « mouvements à caractère sectaires » de l’intitulé de la commission d’enquête. Qui plus est, l’Église ne prend aucune position dans le domaine médical. C’est donc à double titre que nous ne sommes pas concernés.
(…) Depuis dix ans maintenant, la France a prétendu sortir de la stigmatisation de certains mouvements particuliers pour se consacrer aux dérives. J’ai déjà évoqué le fait que « sectes » et « mouvements à caractère sectaire », n’ont aucune définition juridique, et étaient des prétextes à l’arbitraire d’une chasse aux sorcières motivée par des intérêts privés. Je dois aussi ajouter qu’il semble que n’avez pas remarqué que nous sommes passés à l’ère de la « dérive sectaire », ère dans laquelle aucun mouvement ne peut être ciblé en particulier, seuls les actes étant importants. La dérive sectaire, par définition (non juridique d’ailleurs), peut être commise par n’importe qui. Par n’importe quel parti politique, par n’importe quelle religion, n’importe quel individu, n’importe quelle institution. Ainsi, en persistant à vouloir vous en prendre aux « mouvements sectaires », vous persistez dans l’attitude qui consiste à établir des listes de ces mouvements, et à les stigmatiser comme mouvements de pensée, au lieu de vous en tenir aux dérives telles qu’elles peuvent se produire dans l’intégralité de la société, civile ou publique.
(…) Je remarque aussi qu’après avoir mené douze auditions de personnes connues pour leur acharnement à l’encontre des minorités spirituelles, vous n’avez mené que trois auditions d’acteurs associatifs susceptibles d’apporter la contradiction.
(…) – Je voudrais faire une petite mise au point. Votre présence ici aujourd’hui est un évènement sans précédent pour les commissions d’enquête qui, depuis 1995-1996, ont porté sur les mouvements et les pratiques sectaires.
Votre présence au Sénat résulte d’abord de la volonté de notre commission de respecter le principe du contradictoire. Elle résulte aussi d’un souci de transparence, puisqu’il a été décidé que toutes les auditions feraient l’objet d’un compte rendu annexé au rapport, tant dans sa version papier que dans sa version en ligne.
Notre réunion d’aujourd’hui est la première occasion donnée à votre organisation d’exposer devant des parlementaires un point de vue qui va figurer dans un rapport parlementaire public.
Je pense donc que les aspects formels de cette audition sont d’un intérêt bien inférieur à l’échange sans précédent que nous devrions avoir actuellement sur le sujet qui nous intéresse : le point de vue de l’Église de la Scientologie sur la santé.
Par ailleurs, je vous remercie d’avoir dit dans la lettre que vous m’avez adressée que vous veniez par respect pour le Sénat.
(…) Pourquoi un tel acharnement de l’Église de Scientologie à l’égard de la psychiatrie ?
– Je pense qu’il n’y a pas d’acharnement de la part de l’Église de Scientologie à l’égard de la psychiatrie. Ce qui intéresse les Scientologues dans ce domaine, ce sont les droits de l’homme. Je vous rappelle que la CCDH regroupe des personnes de toutes confessions : il n’y a pas que des Scientologues à la CCDH. En 1969, quand elle a été fondée, on pratiquait encore des lobotomies ou des électrochocs, autant de violations des droits de l’homme. La Scientologie n’est pas là sur un terrain de médecine, mais sur un terrain de droits de l’homme. Or il y eu des violations des droits de l’homme qui ont été constatés. L’Église de la Scientologie s’est toujours s’est toujours positionnée en faveur d’un combat pour les droits de l’homme. On n’aurait pas cofondé cette commission avec le psychiatre Thomas Szasz s’il y avait eu un acharnement de l’Église de Scientologie à l’égard de la psychiatrie. De plus, des psychiatres travaillent à la CCDH, preuve qu’il n’y a aucun acharnement à l’égard de leur profession.
(…) – Ron Hubbard est le fondateur de la Scientologie. Comment se référer à ses écrits pour poser des questions sur La Dianétique ?
– Ses écrits constituent l’équivalent des grands textes sacrés pour les autres religions.
– Ils ont pourtant été écrits au XXe siècle, dans un style dépourvu de symbolisme, contrairement aux textes fondateurs qui peuvent remonter à quelque 2 000 ans. Que pensez-vous des citations suivantes : « La dianétique guérit et elle guérit à chaque fois », ou encore « C’est de la barbarie pure et simple que de vouloir guérir des maladies psychosomatiques (ça, ce n’est pas un discours d’il y a vingt siècles, c’est un discours du XXe siècle), en recourant à des pratiques aussi brutales que la chirurgie dentaire ou la chirurgie tout court. Il faut absolument s’abstenir de tenter la moindre opération chirurgicale tant qu’il n’existe aucune certitude quant à la nature réelle du mal et tant qu’il n’a pas été établi que le mal se résorberait de lui-même si l’on réduisait le pouvoir du mental réactif ».
Nous sommes au cœur de la problématique de notre commission d’enquête : santé et dérives sectaires. Je me réfère aux écrits du fondateur de l’Église de Scientologie, qui utilise un langage qui fait référence au sujet de la santé et emprunte au langage médical.
(…) – Combien de membres la Scientologie compte-t-elle ?
– Entre 40 000 et 50 000 en France au sens large, 5 000 si on ne retient que les membres qui pratiquent régulièrement.
(…) – Y a-t-il, dans votre purification spirituelle, des contraintes physiques ?
(…) – Dans toutes les religions, il y a parfois des contraintes physiques. Je ne parle pas de contraintes dangereuses, je parle de choix personnels : le jeûne, le ramadan, les restrictions alimentaires de l’hindouisme, le sauna des Indiens d’Amérique… Il s’agit d’un choix religieux fait par des personnes en bonne santé.
(…) Lorsque les juifs pratiquent la circoncision, il y a une contrainte physique. Oui, les personnes peuvent prendre des vitamines ou se rendre au sauna ; elles le font en toute liberté, sans visée thérapeutique. Je puis vous assurer qu’il n’y a jamais eu de problème. Cela fait vingt ans que je suis scientologue. Je n’ai jamais vu un problème, ni une personne se sentir mal après. Au contraire, je pourrais vous présenter de milliers de Scientologues qui viendraient vous dire à quel point cela leur a fait du bien.
(…) [Concernant les « auditions »], vous dites : c’est de l’emprise mentale. Voyez-vous, je pratique la religion de Scientologie depuis vingt ans, je suis moi-même un responsable, vous l’avez dit : je suis porte parole. Je pratique l’audition depuis vingt ans – à la fois comme auditionné et comme auditeur, comme nous tous. Vous avez des milliers de Scientologues en France qui peuvent venir vous parler des bienfaits de l’audition. Vous en avez quelques uns qui se plaignent. J’entends bien : on ne peut pas, dans chaque groupe de personne, contenter tout le monde. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’est la pratique des Scientologues. Prenez la confession. C’est une pratique qui pourrait être proche de certaines auditions dont vous parlez. Pourrait-on dire que c’est de l’emprise mentale ?
– Oui !
(…) – Quel est le principe même de l’électromètre ?
– Il s’agit de localiser des zones de détresse spirituelle qui se sont produites dans d’autres vies, peut-être, ou dans cette vie-ci, et ensuite de travailler avec la personne qui vous aide.
(…) – Vous ne pensez pas qu’on est dans le domaine du soin psychique ?
– Une personne est malade mentale, elle a besoin de soins psychiques. Mais on ne parle pas de ça. C’est exactement comme si vous me disiez qu’un prêtre catholique qui écoute un paroissien dispense un soin psychique. C’est exactement comme si vous me disiez qu’un bouddhiste, en pratiquant la méditation, fait du soin psychique. Je ne crois pas qu’on puisse mélanger les choses. Et c’est de cet ordre là.
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Eric Bouzou, du Centre d’information et de conseil des nouvelles spiritualités (CICNS)
« Notre constat est que la lutte, d’abord « contre les sectes », puis prétendument « contre les dérives sectaires », a rendu ce contexte extrêmement délétère, en contradiction flagrante avec les objectifs fondateurs de la laïcité, empêchant une analyse sereine et équilibrée des situations. Selon nous, il existe une discrimination de fait à l’encontre de ces groupes et pratiques.
Concernant d’éventuels délits commis dans ces groupes, que ce soit dans le domaine thérapeutique ou dans d’autres, notre position est claire. Comme dans tout groupe humain, des personnes peuvent déraper et dériver. Le traitement de ces dérives ne peut se fonder que sur – je cite Claude Guéant, alors ministre de l’intérieur – « des éléments concrets, des faits avérés et pénalement répréhensibles ». Notre position est donc conforme à celle régulièrement énoncée par le ministère de l’intérieur.
Combien d’infractions, délits ou crimes, notamment en comparant ces chiffres aux autres secteurs de la société pour déterminer si ces groupes, ces pratiques, sont des foyers particuliers de délinquance ? Il n’y a aucune réponse à cette question, car aucune étude statistique sérieuse n’a été réalisée sur le sujet, à notre connaissance, en trente années de lutte contre les sectes et justifiant le dispositif antisectes français, qui est impressionnant et unique au monde.
(…) Aujourd’hui nous constatons que les thérapeutes des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (PNCVT) sont de plus en plus nombreux à être poursuivis dans le cadre de la lutte contre les dérives sectaires, très souvent pour des raisons discutables – comme par exemple la plainte d’un conjoint d’un membre du groupe en cas de divorce – et qu’ils ne comprennent pas ce qu’on peut leur reprocher ; ils sont d’une certaine manière sous le choc des accusations portées contre eux à partir de préjugés et d’amalgames et isolés dans leurs questionnements.
(…) En trente années de lutte contre les sectes, nous constatons que toutes les pratiques alternatives spirituelles, éducatives et thérapeutiques ont été entachées par amalgame, par la rumeur, d’être des sectes, par un soupçon de dangerosité, dans les différents documents officiels produits : un soupçon généré hors du cadre préconisé par le ministère de l’intérieur, que nous avons rappelé. La thèse du fléau social, non étayée, que constitueraient ces pratiques repose uniquement sur ce climat de peur.
Des chiffres anxiogènes mais sans réel fondement sont régulièrement médiatisés. L’audition devant vous de M. Fenech en donne un exemple. Depuis la commission d’enquête sur le thème « l’enfance volée », en 2006, circule de façon répétée et dans tous les médias l’information selon laquelle 60 000 enfants sont en danger dans les sectes. Or, qu’a concédé M. Fenech devant votre commission ? Je le cite : « Je suis incapable de vous dire combien précisément il y a d’enfants concernés par le phénomène. Je n’ai pas d’éléments statistiques ».
Le CICNS fait alors trois propositions : « Mettre en place un Observatoire des mouvements alternatifs à vocation spirituelle, éducative ou thérapeutique, compétent et indépendant, financé par l’État et reconnu comme organe de référence sur le sujet. Compétent signifie qu’il y aurait toutes les expertises nécessaires et avis contradictoires à la table de discussion – par exemple, s’agissant des minorités spirituelles, l’organisme Inform au Royaume-Uni. Indépendant signifie qu’il faut sortir d’une vision exclusivement négative du phénomène d’émergence de ces groupes minoritaires, en s’éloignant de la sphère du gouvernement, trop soumise aux pressions événementielles et médiatiques.
A ce titre, le Groupe d’appui technique (GAT) sur les PNCVT au ministère de la santé a-t-il l’indépendance et l’expertise pluridisciplinaire nécessaires ? Réunit-il autour de la table tous les avis contradictoires ? La question reste pour l’instant entière et sans réponse en ce qui nous concerne.
Il faut en second lieu s’écarter de la rhétorique antisectes, qui est devenue injurieuse et blessante pour des centaines de milliers de personnes respectueuses de la loi.
Enfin, il faut s’en tenir aux préconisations du ministère de l’intérieur dans le traitement des dérives – que nous ne qualifions pas de « sectaires », car pour nous, ce terme est biaisé et ne sert qu’à isoler du reste de la population une partie des citoyens – et abroger la loi About-Picard. Le délit de manipulation mentale, rebaptisée « sujétion psychologique », reste non défini. Le Conseil de l’Europe avait d’ailleurs invité la France à revoir cette loi ».
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Thierry Bécourt, de la Coordination des associations de particuliers pour la liberté de conscience (CAPLC)
« La CAPLC, de statut européen depuis plusieurs années, est essentiellement destinée à faire appliquer les articles 9 et 10 de la Charte européenne des droits de l’homme, relatifs à la liberté de conscience dans les domaines des minorités spirituelles et thérapeutiques. Elle est reconnue par le Haut-commissariat des droits de l’homme (HCDH), la Fédération européenne des droits de l’homme (FEDH), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce) – où nous intervenons tous les ans – et le Bureau des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies (ONU), avec lequel nous sommes en relation régulière depuis plus de dix ans. Nous relevons, à ce titre, de la Déclaration des droits des personnes appartenant à des minorités, adoptée par l’assemblée générale de l’ONU dans sa résolution 47-135 du 18 décembre 1992. Je tenais à vous le préciser, habitant près de Genève et travaillant également dans cette commission.
La CAPLC n’a pas pour vocation de défendre les minorités ou leurs idées, mais simplement leur liberté d’expression.
Nous sommes un organisme de terrain depuis la parution de la liste des sectes en 1995, et sommes confrontés depuis cette date à de multiples violations de ces articles, sources de nombreuses discriminations.
Force est de constater qu’aujourd’hui, après plus de 40 ans d’utilisation, l’absence de définition juridique [du mot “secte”] au profit d’un « sens commun de l’opinion publique » entraîne un flou artistique, source d’arbitraire, condamné à plusieurs reprises par l’Union européenne et le Bureau des droits de l’homme de l’ONU, voire par le Congrès américain.
On finance à 97 % les associations antisectes sur fonds publics -soit plus de 600 000 euros pour l’Unadfi alors que la Fondation Abbé Pierre ne perçoit que 2 % de financements publics, et Médecins du Monde 10 % ! Pourquoi financer des associations comme l’Unadfi, le Centre contre les manipulations mentales (CCMM), les groupes d’étude des mouvements de pensée en vue de la prévention de l’individu (Gemppi), alors qu’on cherche encore aujourd’hui où se situe le problème des sectes ? Dérive il y a, oui, mais partout !
Selon Georges Fenech et la commission d’enquête parlementaire sur « l’enfance volée » de 2006, entre 60 et 80 000 enfants seraient en danger dans les sectes. Certaines statistiques évoquent même des chiffres plus élevés ! Or, huit dossiers seulement au total sont en cours d’instruction ! A qui veut-on faire peur ?
(…) Le climat dans lequel j’entends placer cette intervention est celui de l’exaspération : les gens n’en peuvent plus de constater que rien ne change malgré l’accumulation des scandales comme ceux du Vioxx, du vaccin H1N1 -la « grippette »-, de l’hépatite B ou du Mediator. Pire encore : tout semble s’aggraver dans une ambiance révoltante d’impunité. Je parle là au nom des citoyens : il n’est qu’à lire la presse…
Une guerre invisible est menée dans notre pays, dans le silence et avec la complicité des « grands médias », contre les voies spirituelles et thérapeutiques « différentes », à l’encontre des besoins d’une majorité de Français aspirant à une médecine plus attentionnée et plus humaine.
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