Le docteur Gérard Guéniot est mort

Gérard Guéniot, fondateur et directeur d´enseignement de plusieurs écoles d’homéopathie, d´acupuncture et de médecine naturelle en Europe et au Canada, est mort en son domicile de Mourcourt (Belgique), le 13 juillet dernier, à l´âge de 63 ans.

Harcelé par les autorités judiciaires, médicales et antisectes pendant des années en raison de ses pratiques « naturelles », le docteur Gérard Guéniot venait d’être totalement réhabilité par la cour d’appel de Douai (voir l´article).

Ouvertures a été le seul journal à lui donner la parole à l’issue de son procès (voir l’interview ci-dessus). Il présente ses sincères condoléances à sa famille, à ses amis, aux confrères qui poursuivent son enseignement au Québec, en Belgique et en France, et à ses nombreux patients.

Courte biographie.

>> Malgré le jugement, la calomnie continue. Un exemple flagrant avec Nord-Eclair.

« Changer : c’est le moment ! »

Ceux qui parlent de croissance à retrouver sans vouloir changer les comportements d’avidité ni réduire l’opacité des fonctionnements économiques et financiers, trompent leur monde et l’entraînent toutes voiles dehors vers l’abîme. Dans le rapport qu’ils viennent de publier, les prospectivistes du Comté 21 analysent les raisons de la crise et en appellent à un « nouvel humanisme ».

Bettina Laville.
Photo : JL ML

« Ce n’est pas simplement le capitalisme qu’il faut refonder, mais le fonctionnement entier de nos sociétés et de nos comportements. Nous n’en sommes plus à l’aménagement d’un développement viable mais à la construction de notre survie, en rupture avec les comportements de tous les acteurs, économiques privés, publics, société civile, etc. Ce travail doit s´appuyer sur la sociologie et les sciences politiques, voire les propositions philosophiques puisque c’est à un nouvel humanisme qu’il est fait appel. »

Telle est la teneur du discours tenu par Bettina Laville, présidente du Comité de prospective du Comité 21 lors de sa présentation du premier rapport publié par cette instance : Temps de crise financière, économique, écologique, sociale : enjeux, contradictions et opportunités.

Composé d’experts, d’économistes et de philosophes, le comité rappelle que la crise financière n´est pas la première dérive du système capitaliste ou de l´histoire de l´humanité. La liste des crises économiques est longue : 1847, 1919, 1929,1978, 1988, 1993, 2001.

À celle d’aujourd’hui s’ajoutent des crises financière, écologique, sociale et morale : « Ces crises sont la conséquence d´un système qui n´évalue pas les risques que son fonctionnement génère, qui ne tient pas compte du fait qu´il peut aboutir à une destruction supérieure au bénéfice immédiat qu´il procure. De ce point de vue, les crises ont la même origine et appellent des réponses communes : moins de “court-termisme”, plus d´horizon durable, moins de produits virtuels, plus d´investissements pour satisfaire nos vrais besoins ».

Le fanatisme du marché

Face aux nuisances du « fanatisme du marché », on ne peut plus se contenter de stimuler l’économie, quitte à lui imposer quelques régulations supplémentaires, à amender notre mode de développement. Il s’agit maintenant de faire un « nouveau choix global d´organisation humaine, sociale : l’économie de l´après-crise devrait être différente de celle de la période antérieure à la crise ».

Concrètement, cela signifie la promotion des vertus élémentaires (qui présidèrent d’ailleurs à l’expansion du capitalisme protestant) que sont « la loyauté, l´honnêteté, la bienveillance ou la générosité ». La dimension éthique devient une condition sine qua non du bon fonctionnement de l’économie.

En outre, celle-ci doit cesser de considérer la planète comme un vivier à piller. Même plus, elle doit se penser comme « une filiale à 100 % de l’écosystème » – et non l’inverse.

La solution ne réside pas dans l’établissement de nouvelles règles : « Le secteur de la finance est parmi les plus réglementés. La crise fait ainsi réapparaître les limites d´une approche rule-based consistant à préserver les équilibres économiques, sociaux et environnementaux par une multiplication des règles. Pourtant, face à la crise, le premier réflexe des autorités est d´ajouter précipitamment une nouvelle couche au mille-feuille de la réglementation. Les crises nous rappellent que cette conception est évidement caduque ».

Ce qu’il faut, c’est accroître l’autorité du régulateur qui, « quand il existe, n´a souvent pas plus de pouvoirs qu´un gardien de square… À ce titre, la commission créée par le Medef et l´Afep (Association française des entreprises privées) à la demande du premier ministre pour veiller à la modération des salaires de patrons de sociétés en difficulté, dénuée de pouvoir d´auto-saisine ou de sanction, semble vouée à avoir peu de portée ».

Renforcer l’indépendance et la légitimité du régulateur

Il est également nécessaire de mieux garantir l’indépendance du régulateur tout en lui accordant une plus grande légitimité démocratique : « Pour le moment, autant la création d´autorités de régulation indépendante est, en règle générale, fondée sur un débat démocratique, autant leur fonctionnement et leur processus d´édiction de normes voient souvent s´éroder cette part dialogique sans laquelle les principes de transparence, d´évaluation et de participation, inhérents au développement durable, ne nous semblent pas garantis ».

La grande majorité des études sur les raisons de la crise analysées par le Comité de prospective pointent l’excès et la cupidité. On ne peut atténuer les effets, notamment écologiques, de cette démesure par le seul recours aux technologies propres. Mais on ne peut non plus se contenter d’aspirations éthiques sans les lier à une « proposition économique assortie d´un appareil théorique et instrumental à l´échelle internationale. Il est urgent de refonder une doctrine économique qui associe la richesse sur les valeurs de production des réseaux tant immatériels que solidaires ».

C’est à cette tâche que compte s’atteler le Comité de prospective qui se propose de créer un réseau nommé Observatoire des crises pour mesurer, au fil des crises, l´évolution de leurs manifestations et la manière dont elles sont traitées ensemble ou toujours séparément. Cela concerne évidemment l´impact des plans de relance dans leur aspect “vert”, la place de la régulation environnementale dans les discussions des multiples réunions internationales, l´adoption effective d´indicateurs, etc.

La publicité renforce ses exigences

Verdir ses messages publicitaires pour se faire bien voir du consommateur, c’est faire du greenwashing. Depuis 2008, les publicitaires doivent consulter l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) pour tout message contenant des arguments écologiques. Les pratiques n’ayant pas suffisamment évolué, le Conseil paritaire de la publicité (CPP), qui comprend en son sein des consommateurs et des défenseurs de l’environnement, a demandé à l’ARPP de durcir ses règles.

Jean-Pierre Teyssier,   président de l´ARPP

Le 18 juin dernier,  le conseil d´Administration de l´ARPP a publié sa nouvelle Recommandation développement durable. Celle-ci apporte des réponses concrètes sur des sujets particulièrement sensibles :

– La prise en compte des cycles de vie. Le texte définit ce qu´est un cycle de vie, ses différentes composantes et de la façon dont il doit être abordé en publicité pour respecter les objectifs de véracité et d´objectivité.

Par exemple, si un produit est présenté comme plus écologique parce qu’il intègre des pièces recyclables, le message devra être explicite, de façon à ne pas laisser penser au public que le produit présente des plus-values écologiques également au niveau de sa phase de consommation.

– Les auto-déclarations environnementales. Si un annonceur crée un logo, il faudra qu’il indique clairement dans sa publicité qu’il en est à l´origine (pas d´ambiguïté par rapport à un label officiel) et qu’il précise sa signification s’il y a un risque de confusion.

 Exemple de greenwashing



La publicité entre en contradiction avec l´article 2-7 (et avec l´article 1-1) des recommandations écologiques du BVP (devenu ARPP) : « L´annonceur devra indiquer en quoi le produit présente les qualités qu´on lui attribue et éventuellement dans quel contexte ».
En effet, on ne voit pas bien en quoi un parc pour bébé placé au milieu d´un champ de fleurs va rendre l´air de notre maison plus sain…

De plus, cette publicité contrevient à l´article 2-1 des recommandations écologiques du BVP car l’utilisation de la formule « Vous voulez une maison où l´air est plus sain, nous aussi » laisse entendre que les produits en vente dans ce magasin (par exemple les peintures) sont toutes conçues pour rendre l´air des maisons plus sain. Or, l´offre de produits réellement écologiques chez Leroy-Merlin est quasi-inexistante.

Exemple sélectionné et commenté par l´Alliance pour la planète.

Autres avancées significatives de la nouvelle recommandation :

– La présentation de dispositifs complexes. Ce n´est pas parce qu´un constructeur automobile compense les émissions émises pendant deux ans par un véhicule qu´il peut afficher un slogan de type “tel modèle = zéro CO2”.

– La visualisation. Il ne sera plus acceptable d´identifier un avion à un oiseau ou une voiture à un arbre.

– Du corporate au produit. Ainsi, un annonceur ayant développé une fondation en faveur de la protection des fonds marins ne pourra pas en tirer argument pour dire que ses produits issus de la mer procèdent d´une pêche durable.

– La portée éco-citoyenne des messages renforcée. Déjà, l´ancienne recommandation développement durable proscrivait la représentation dans la publicité de comportements contraires à la protection de l´environnement. Le nouveau texte ajoute que la publicité ne devra plus « dévaloriser » la gravité des enjeux liés au développement durable. Par exemple, les publicités qui relativiseraient la gravité de la problématique du réchauffement climatique seront exclues.

 >> Deux remarques :
– La présence de représentants de la société civile (consommateurs défenseurs de l´environnement…) dans ce type d´instance de régulation montre tout son intérêt. On ne peut pas compter sur les seuls pouvoirs publics ni sur les seuls professionnels pour faire dominer l´intérêt général dans leurs pratiques…

– Alors que le secteur de la publicité, parfois considéré comme peu soucieux de vérité et d’intérêt général, se donne des moyens structurels de veiller à la déontologie de ses acteurs, la presse écrite n’est toujours pas organisée, collectivement, pour faire un travail similaire. Dommage pour sa crédibilité…

Suisse: les médecines douces obtiennent valeur constitutionnelle

Alors qu’en France les autorités politiques et sanitaires leur font plutôt la guerre, les médecines non-conventionnelles viennent d’être largement plébiscitées en Suisse qui les a inscrites dans sa Constitution suite à une « votation ».


Affiche en faveur du oui.

Le 17 mai dernier, les Suisses ont voté cet extraordinaire article, désormais inscrit dans la Constitution du pays :

Art. 118a (nouveau) Médecines complémentaires

« La Confédération et les cantons pourvoient, dans les limites de leurs compétences respectives, à la prise en compte des médecines complémentaires. »

Une très large majorité des votants (1 283 838 de oui, soit 67%) a accepté l´article constitutionnel. Un véritable plébiscite !

Ainsi, par la grâce de cette « votation », le pays reconnaît les médecines complémentaires comme légitimes et indispensables au système de santé du pays. Déjà approuvé à plus de 78% des voix par le Parlement, cet amendement permettra notamment d’assurer la prise en charge par l’assurance maladie de cinq méthodes de médecine complémentaire : la médecine anthroposophique, l´homéopathie, la thérapie neurale (qui prend en compte l´idée d´une transmission d´énergie manuelle à la frontière entre médecine et foi), la phytothérapie et la médecine chinoise traditionnelle.

Afin de pouvoir satisfaire le plus rapidement et le plus efficacement possible les revendications du projet, un groupe parlementaire Médecines complémentaires a même été fondé. Il est présidé par la conseillère nationale Edith Graf-Litscher (PS TG) et par le conseiller aux États Rolf Büttiker (PRL SO), qui est à l´origine de l´article constitutionnel. Il se compose actuellement de 23 membres du Conseil national et de 7 membres du Conseil des Etats. Tous les grands partis (PdT, Verts, PS, PEV, PDC, PBD, PLR, UDC) et toutes les régions linguistiques de la Suisse sont représentés dans ce groupe.

Des diplômes de thérapeutes non-médecins

Le Parlement national et les parlements cantonaux devront maintenant satisfaire un noyau de revendications essentielles (outre la réintégration de 5 méthodes de médecine complémentaire dans l´assurance de base) : création de diplômes nationaux pour les thérapeutes non-médecins, et d´un régime d´autorisations cantonales ; intégration dans l´enseignement et la recherche de la médecine complémentaire pratiquée par les médecins ; préservation de la pharmacopée.

Les cinq sociétés médicales professionnelles, correspondant à ces pratiques complémentaires, feront bientôt une nouvelle demande d´intégration dans l´assurance de base au cours des cinq prochains mois. Si les demandes sont une nouvelle fois refusées « pour des raisons idéologiques », note le Comité national à l’origine de l’initiative populaire, une modification de la LAMal (loi fédéral sur l’assurance maladie) sera proposée. Il faudra alors spécifier que « la preuve que ces méthodes répondent aux critères d´efficacité, d’adéquation et d’économicité doit être apportée selon des méthodes scientifiques, mais non selon les méthodes de la médecine classique ».

L´élaboration de diplômes nationaux pour les thérapeutes non-médecins, qui avait été interrompue par le Conseil fédéral, devrait être reprise. Le groupe parlementaire Médecine complémentaire et les associations professionnelles concernées vont travailler dans ce sens avec l´Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie, compétent en la matière, et avec la Conférence des directeurs de la santé, pour que tous les cantons instituent un régime d´autorisations de pratiquer.

En France, une approche plutôt répressive

Dans tous les cantons universitaires, des interventions auront lieu pour demander la création de postes de « professeurs ordinaires de médecine complémentaire ». Objectif : que tout médecin classique reçoive au cours de ses études des connaissances de base sur les thérapies de médecine complémentaire, pour pouvoir informer objectivement ses patients sur ces méthodes qui sont souhaitées par une grande majorité de la population. La recherche scientifique doit par ailleurs pouvoir s´intensifier.

Edith Graf- Litscher (PS TG) n’a pas caché sa joie: « La collaboration entre la médecine classique et la médecine complémentaire, souhaitée depuis longtemps par les patients, devient enfin possible ».

En France,  le ministère de la santé et des sports a publié le 3 février dernier un arrêté créant un « groupe d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique ». Placé auprès du directeur général de la santé, ce GAT doit l’aider à concevoir, mettre en œuvre et suivre « la politique de lutte contre les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique dangereuses, et de repérage des pratiques prometteuses ».

On pourrait se réjouir qu’enfin les autorités se penchent sérieusement sur la question. Mais on peut craindre aussi que l’approche soit essentiellement répressive et “sécuritaire”. Dans notre pays, diverses institutions et associations ont l´habitude de réprimer globalement les médecines non-conventionnelles : Conseil de l’ordre des médecins, Académie de médecine, Miviludes, Unadfi, etc. Elles seules sont représentées au sein de ce GAT…

La différence d´approche entre les deux pays est flagrante.

>> Liste des membres du Comité national pour la prise en compte des médecines complémentaires (sur le site du comité).

« Il faut évaluer au niveau européen le service rendu par ces thérapies »

Le temps est venu que Bruxelles reconnaisse et harmonise les médecines complémentaires et alternatives (les CAM ; autrement dit, les médecines non conventionnelles). Le docteur Robert Kempenich, président de l’Ecpm (European Council of doctors for Plurality in Medicine) et président de l’Arema (Association pour la recherche et l’enseignement en médecine anthroposophique), fait le point sur ce dossier pour notre magazine.

Robert Kempenich.
Photo : JL ML

– Où en est la reconnaissance des médecines non-conventionnelles ?

– Elle progresse, lentement. Il n’est plus possible, pour les autorités, d’ignorer que 40 à 70 % des citoyens européens selon les pays font appel régulièrement aux médecines complémentaires et alternatives (CAM). Nous sommes 150 000 médecins en Europe, acupuncteurs, homéopathes, anthroposophes et phytothérapeutes, à les pratiquer. C’est un état de fait. Pourtant, il n’existe pas encore de législation spécifique concernant les CAM. Or, la Commission européenne a le devoir de protéger la santé du citoyen, à la fois par rapport aux médicaments et aux pratiques médicinales.

Certes, elle a commencé à prendre les CAM en compte. Ainsi, les médecines non conventionnelles sont mentionnées dès 1992 dans une première directive (1). Mais ce texte, qui constitue en quelque sorte une reconnaissance juridique des médicaments homéopathiques, exclut la majorité des préparations anthroposophiques, toute la phytothérapie, ainsi que les médicaments d’origine traditionnelle chinoise ou indienne (ayurveda).

Malgré les recommandations d’une résolution du Parlement (2), tant la nouvelle directive (2001/83/EC) que sa mouture finale (2004/27/CE) ont laissé hors réglementation des classes entières de médicaments dont l´usage est confirmé par une tradition forte de plus de 80 ans.

– Qu’en est-il alors pour la phytothérapie et les médecines traditionnelles ?

– L’Union européenne a demandé il y a deux ans à l’Agence européenne du médicament d’ouvrir un comité d’experts sur ce sujet, ce qu’elle a fait. À noter que ce comité est bipartite : il comprend des représentants de la pharmacopée universitaire et scientifique mais aussi deux représentants des CAM (un phytothérapeute et un anthroposophe).

Quant aux médecines traditionnelles, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) propose de reconnaître celles qui ont cours depuis plus de deux générations. Elle en assure une large promotion, notamment en démontrant  leur intérêt pour les pays en développement, en leur proposant un programme de recherches et d’intégration dans les systèmes médicaux officiels.

L’OMS a également publié de nombreux travaux sur les CAM : homéopathie, phytothérapie, médecine chinoise. Elle prépare actuellement une publication concernant la recherche en homéopathie et compte prochainement s’atteler à la médecine anthroposophique.

Les quatre fédérations de médecines non-conventionnelles

– European Committee for Homeopathy (Ech)
– European Council of Doctors for Plurality in Medicine (Ecpm)
– International Council of Medical Acupuncture and Related Techniques (Icmart)
– International Federation of Anthroposophic Medical Associations (Ivaa)

– Vous avez donc un peu d’espoir ?

– Les choses avancent. En mai 1997, le Parlement européen a adopté une résolution parlementaire concernant le statut des médecines non conventionnelles (le rapport Lannoye) demandant à la Commission de réfléchir à un statut pour les CAM européens, notamment la chiropraxie, l´homéopathie, la médecine anthroposophique, la médecine traditionnelle chinoise (dont l´acupuncture), le shiatsu, la naturopathie, l´ostéopathie et la phytothérapie. Bien qu’édulcoré par rapport au texte initial, le rapport adopté marque un pas décisif dans l´évolution d´une médecine plus ouverte : il préconise la mise en œuvre et la réglementation de l´ensemble des méthodes et techniques de soins non conventionnelles.

Ensuite, en novembre 1999, le Conseil de l´Europe a adopté une résolution invitant les États membres à « donner un cadre légal aux médecines non-conventionnelles, à promouvoir la reconnaissance officielle de ces médecines dans les facultés de médecine et à encourager leur pratique dans les hôpitaux ».

Notre idée est que le malade doit pouvoir consulter le médecin de son choix en ayant des garanties de qualité identiques concernant les médicaments et les pratiques, quelle que soit la médecine choisie. D’où la nécessité, au préalable, d’évaluer le service rendu par les CAM à l’échelle de l’Europe.

La Commission y est-elle disposée ?

– Le Programme Santé européen 2008 – 2013 a inclus la reconnaissance « de l´approche holistique de la santé publique » et en citant l’intérêt des CAM. En 2007, le Conseil des ministres a lui aussi adopté une position commune sur le FP7 (septième programme-cadre de recherche) intégrant les CAM mais uniquement celles « dont les bienfaits ont été prouvés scientifiquement », ce qui réduit sa portée.

Dans le cadre d’un regroupement des principales fédérations de CAM en Europe, nous apportons notre connaissance du terrain à la Commission pour qu’elle puisse disposer d’un état des lieux par pays. Nous avons déjà élaboré un Guide des bonnes pratiques des CAM, rédigé une réponse au Green Paper « EU Workforce for Health » lancé par la Commission Européenne concernant l’évaluation du personnel soignant européen, édité un document « Complementary Medicine » destiné à informer les pouvoirs publics. Nous sommes en train de préparer des lignes directrices concernant l’enseignement des CAM et les formations continues destinées aux médecins.

– En conclusion ?

– Même si leur reconnaissance tarde à se mettre en place, les médecines non-conventionnelles ont beaucoup d’atout. Elles coûtent moins cher que les autres et n’ont pas d’effets secondaires. En plus de leur innocuité, les CAM ont également fait la preuve de leur efficacité : il existe d’ores et déjà une très importante documentation et de nombreuses études cliniques qui en témoignent. Encore faut-il accepter de les lire !

Les CAM considèrent leurs patients dans leur globalité et leur subjectivité – et non comme un simple objet, une machine à réparer. Elles accordent plus de temps pour les écouter, pour accueillir leurs souffrances, discerner un sens à leurs affections. Elles proposent un véritable changement de paradigme : il ne s’agit pas pour les CAM de simplement traiter la maladie, mais de promouvoir la santé des citoyens, de les accompagner dans leur désir de se responsabiliser, de s’investir eux-mêmes pour leur bien-être et la qualité de leur existence.

Le libre choix thérapeutique du patient se doit d’être garanti. Mais pour choisir, il doit être informé le plus clairement possible. C’est l’une des tâches qui revient à la Commission Européenne (DG Sanco) que de transmettre une information transparente concernant les CAM.

(1) Directive 92/73/CEE du Conseil du 22 septembre 1992 élargissant le champ d´application des directives 65/65/CEE et 75/319/CEE concernant le rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives relatives aux médicaments et fixant des dispositions complémentaires pour les médicaments homéopathiques. Ce texte est aujourd’hui intégré dans la Directive 2001/83/CE du Parlement Européen et du Conseil du 6 novembre 2001 instituant un code communautaire relatif aux médicaments à usage humain.

(2) Résolution du 5 novembre 1998 sur le rapport de la Commission au Parlement européen et au Conseil sur l´application des directives 92/73 CEE et 92/74 concernant les médicaments homéopathiques (COM/97 0362 C4 0884/97). Les directives 2004/27/EC (médicaments homéopathiques) et 2004/24/CE (médicaments à base de plantes – médicaments d´usage traditionnel) ne prennent pas suffisamment en compte toutes les catégories de médicaments homéopathiques et anthroposophiques. Ces catégories risquent de disparaître malgré leur importance essentielle en thérapie (ampoules injectables homéopathiques en particulier).

————-

>> Sur ce site, vous pouvez télécharger et signer la pétition européenne “Ecomédecines et Santé Publique” lancée par Paul Lannoye et adressée à la Commission européenne. Il suffit d’un million de signatures pour contraindre la Commission Européenne d’entreprendre une politique active.

Une médecine écologique est-elle possible en France?

Pour tenter de faire passer son message sur la nécessité d’une «médecine écologique», Christian Portal signe, aux éditions Alphée/J-P Bertrand, une œuvre de 420 pages, «fruit d’une longue maturation personnelle». Et égratigne les Verts au passage.


Christian Portal

Venu à l’écologie «de façon fortuite», ce professeur d’éducation physique et sportive s’est également investi dans le domaine de la santé,  jusqu’à devenir conseiller en médecine traditionnelle chinoise : «Je découvris par la suite que les médecines traditionnelles en général pouvaient être également considérées comme des médecines écologiques».

Après avoir «imaginé naïvement» qu’il pourrait «trouver un soutien chez les Verts», il dut rapidement «déchanter» et tracer son propre chemin. Ce qu’il fit en créant avec des partenaires le collectif Acecomed (Act for ecological medecine) et en laçant le Manifeste pour une médecine écologique.

Faisant le rapprochement entre l’agriculture et la médecine, deux domaines investis par «la pensée chimique et les groupes de pression», Christian Portal appelle les consommateurs à «l’autonomie de la pensée» pour se défaire du «clergé thérapeutique».

Cela passe par le «consentement éclairé» du patient pour toute action thérapeutique, seule condition pour que sa responsabilité puisse s’exercer et que les choses puissent changer.

L’ouvrage propose une «vision écologiste de la santé» que fort peu de médecins, thérapeutes ou patients ont aujourd’hui.

« Les Verts n’ont pas une grande culture écologiste »

Dans son combat, Christian Portal s’est heurté à l’écueil de la «spécialisation militante», qui pousse à des «démarches spécifiques, souvent exclusives et par là même séparatiste», et à  «l’obstacle, plus dogmatique, de la santé environnementale». Pensant que les Verts étaient les seuls à pouvoir représenter ses idées, il adhère au groupe politique. Malgré de «fortes résistances à [ses] idées au sein de la commission (santé)», il espère pouvoir apporter sa « contribution en matière d’approche écologique de la santé».

Il est rapidement déçu : «La politique des Verts en matière de santé était totalement verrouillée par un petit groupe soucieux d’une orthodoxie médicale stricte fermée à une pensée de nature écologique. Comment ce parti a pu à ce point s’éloigner de ce qui a fait sa construction historique ? (…) Les Verts n’ont finalement pas une grande culture écologiste».

De plus, selon l’auteur, les médecins sont très actifs, dans ce parti comme dans les autres, pour «protéger le lobby médical dominant».

Christian Portal reproche également à d’autres, comme au professeur Belpomme, d’incriminer les pollutions pour une trop grande part comme origines de nos maladies, en oubliant les nombreux effets iatrogènes des produits toxiques utilisés dans le système médical occidental.

Christian Portal reproche également à d’autres, comme au professeur Belpomme, d’incriminer les pollutions pour une trop grande part comme origines de nos maladies, en oubliant les nombreux effets iatrogènes des produits toxiques utilisés dans le système médical occidental.

Pour sortir du système de «peur» dans lequel nous sommes maintenus, l’auteur invite chacun à «retrouver une confiance dans ses propres jugements. (…) Le militantisme et le partage d’expérience sont deux éléments importants pour initier des changements».

Encouragé par le constat des mutuelles qui désormais remboursent les soins en médecine non-conventionnelles, il plaide pour la reconnaissance progressive des pratiques différentes, avec la mise en place d’un «système de surveillance des pratiques alternatives» (mais selon des protocoles spécifiques) ainsi qu’«un moratoire des poursuites» contre les thérapeutes non médecins exerçant avec conscience ou selon un code déontologie.

En effet, ces derniers travaillent dans une semi-clandestinité et se retrouvent périodiquement devant les tribunaux, comme d’ailleurs certains médecins «alternatifs». La situation de ces thérapeutes est «ubuesque», car ce n’est pratiquement jamais à la suite de plainte de patients qu’ils sont inquiétés, mais d’actions menées par la Sécurité sociale ou des confrères plus ou moins jaloux. Dans le même temps, on passe sous silence les dizaines de milliers de morts causées chaque année par les médicaments et les maladies contractées à l’hôpital…

>> Question à Christian Portal : “Comment définissez-vous la médecine écologique ?” Sa réponse.

Le journaliste français ne rend pas de comptes

Les professionnels des médias étrangers s’interrogent sur les raisons qu’ont leurs homologues français de refuser toute régulation déontologique. Un colloque vient de faire le point sur cette question et sur les chances que la situation évolue.

Flip Voets (Belgique), Dominique von Burg (Suisse) et Marc-François Bernier (Québec) au colloque de l´Apcp.

Photo JL ML

La presse écrite n’est pas tenue de rendre des comptes sur la façon dont elle travaille. Les dérives médiatiques, étant de ce fait rarement sanctionnées, peuvent prospérer sans crainte excessive[1]. Seuls les gros dérapages et les malversations les plus voyantes font parfois l´objet de mesures internes ou sont portés devant la justice.

Hormis ces quelques cas rares, la plupart des erreurs, des manipulations, des amalgames, des mises au pilori et des articles de complaisance (envers les pouvoirs politique ou économique) ou de parti pris ne craignent aucune sanction déontologique. Sinon celle des lecteurs qui finissent par se détourner de leurs journaux.

Dans la plupart des pays démocratiques, la fonction sociale de la presse est jugée capitale. C’est pourquoi ces pays ont mis en place des instances chargées de veiller au respect des grandes règles déontologiques, souvent sous la forme de conseils de presse.

En France, quelques journalistes[2] et citoyens refusent la fatalité et militent pour que soit mis en œuvre une vraie démarche collective de régulation de la qualité des médias. Il en va de la crédibilité de la presse et de sa dignité. L’Association de préfiguration d’un Conseil de presse (APCP) a invité des responsables étrangers à venir exposer leur vision et  leurs contraintes lors d’un colloque organisé le 4 juin dernier à la Maison de Radio France, en partenariat avec France Culture.

(France-Culture : Emission du jeudi 4 juin 2009 : Faut–il créer une instance d’éthique et de médiation du journalisme?)

Flip Voets, secrétaire général du « Raad voor de journalistiek » (RVDJ), conseil de presse flamand, et ancien journaliste ; Dominique von Burg, président du Conseil de presse suisse (Presserat) et Marc-François Bernier, universitaire venu présenter le Conseil de presse québecois, ont expliqué le fonctionnement de leurs instances.

Si tout n’est pas rose sur le plan éthique dans ces pays, si des tensions demeurent entre les diverses parties, au moins un dialogue continu existe entre elles. Au moins les journalistes et les éditeurs savent qu’ils peuvent être interpelés par le public. Que leur fonction sociale et les facilités qui leur sont accordées exigent qu’ils ne confondent pas liberté et arbitraire. Et donc qu´ils s´expliquent sur leurs pratiques.

Le public peut faire connaître en permanence ses récriminations par le biais de procédures et de débats ouverts au sein même de ces instances, dont il est lui-même membre. Les éditeurs et les journalistes sont ainsi confrontés de façon plus proche avec ceux qui les lisent. Ils ont plus l’habitude des critiques qu’en France où notre profession supporte très mal les remises en causes publiques.

« J’espère que ce débat permettra à votre pays d’avancer dans la voie de la régulation, a conclu Dominique von Burg. Chaque pays a son modèle, différent du voisin. Rien n’empêche que l’instance que vous pourriez créer garde des spécificités bien françaises. Mais faites-le ! La plupart des pays européens s’y sont mis, y compris la Bulgarie, l’Estonie, la Lituanie, le Kosovo et, tout récemment, la Belgique wallonne. Le conseil de presse est un élément majeur du retour à la confiance envers la profession journalistique. »

 


[1] Pour l’audiovisuel, la surveillance déontologique, qui fait partie des attributions du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), est très superficielle.

[2] Dont votre serviteur.

Vaches fistulées : une pratique qui choque

Depuis quelques mois circule sur le Net une pétition pour protester contre la «pratique déviante» des vaches à la panse trouée d’un hublot aux fins de recherche scientifique. Selon l’Institut de recherche agronomique (Inra), cette technique (qu´il utilise) existe depuis des décennies et est menée dans des conditions parfaitement respectueuses du bien-être des animaux.

Vaches fistulées (percées d’une sorte de trappe) à des fins scientifiques.

« Une pratique répugnante et peu divulguée consiste à aménager une ouverture sur le flanc de l’animal, comme accès direct au rumen (panse), afin de contrôler le synchronisme énergie-protéine, la digestibilité de différents aliments, notamment pour combattre l’acidose lente qui a des effets défavorables sur la valorisation de la ration. L’objectif est la performance laitière la plus efficace. Aux Pays-Bas, c´est déjà monnaie courante. Dans la foulée méritante du Grenelle, on nous dira peut-être que cela participe à la réduction du méthane éructé et qui contribue au réchauffement de la planète. Cette expérience ignoble et déjà standardisée est conduite en France  par l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) et exploitée sur le site de Theix, près de Clermont-Ferrand. »

L’auteur de ce texte, Michel Tarrier, en appelle «à la constitution d’un comité de veille à l’égard de cette pratique déviante». Contacté par nos soins, l’Inra, par la bouche de la chargée de communication du centre de Clermont-Ferrand, nous a expliqué que l’Institut était conscient des questions éthiques posées par ces méthodes, que la pose de ces canules était effectuée dans des conditions rigoureuses « de bloc opératoire » et de « bien-être » établies par ses comités d’éthique : « Nos animaux opérés sont bichonnés. Les agriculteurs savent qu’une vache perturbée fait peu de lait et vêle moins. Or, toutes nos bêtes se portent bien ».

Dans un document diffusé à l’automne dernier, l’Inra explique, sous la plume de Michel Doreau, que « ces techniques ont permis des progrès rapides et importants dans la connaissance et la quantification des processus digestifs. Des méthodes alternatives peuvent remplacer les techniques de chirurgie digestive, mais seulement en partie. (…) La canulation est la seule méthode disponible pour une connaissance exhaustive du fonctionnement digestif».

Les principales méthodes ne faisant pas appel à la chirurgie sont décrites dans ce document : différentes méthodes in sacco et in vitro (rumen artificiel), mesures chez des animaux abattus, ruminocentèse, analyses des fèces ou de liquides biologiques, et approches par méta-analyse ou modélisation.

Le crabe souffre-t-il ?

Michel Tarrier est présenté par le site notre-planète.info comme un « électron libre de l’entomologie française ». Ses expressions sont, selon nous, excessives. On ne peut pas le suivre et il dessert sa cause quand il écrit : «Le Dr Josef Mengele est-il maintenant vétérinaire à l’Inra ? Pour les animaux, tous les humains sont des nazis. Pour eux, c´est un éternel Treblinka…».

En revanche, les questions qu’il soulève sont d’importance :

  • Jusqu’où pouvons-nous aller dans l’utilisation de l’animal pour les intérêts de notre espèce ?
  • Y a-t-il une différence de degré (comme le prétend Darwin) ou de nature entre l’homme et l’animal ? S’il n’y a qu’une différence de degré, de quel droit pouvons-nous prétendre à la supériorité de notre espèce (quels critères ?)
  • L’animal souffre-t-il ou non ? Si oui, pour quelles espèces devrions-nous éviter toute souffrance ? Seulement les animaux proches comme les chats, les chiens ? Tous les animaux, y compris, par exemple, les crabes, comme le soutiennent des chercheurs irlandais ? Etc.

La justice réhabilite le Dr Guéniot

Gérard Guéniot n´est pas un gourou. La Cour d’appel de Douai, par décision du 17 février dernier, réhabilite le médecin homéopathe qui fut accusé à tort de pratiques sectaires et d’avoir une responsabilité dans la mort d’une de ses patientes. Le jugement est qualifié par son avocat de «monumental», tant par son volume que par sa qualité.

« C’est exceptionnel en matière correctionnelle, explique François Jacquot, l’avocat du médecin homéopathe Gérard Guéniot relaxé par le jugement de 87 pages de la Cour d’appel. Je n’ai jamais vu une décision aussi précisément et exhaustivement motivée. Les juges ont vraiment décortiqué l’affaire point par point, ce qui est assez rare dans ce type de dossier. Ils ont non seulement relaxé mon client mais ils l’ont réhabilité sur tous les chefs d’accusation. »

Nous sommes en 1996. Suite à l’émission de télévision de TF1 « le Droit de savoir », se déclenche une campagne médiatique faisant l’amalgame entre l’histoire d’une jeune femme atteinte d’un cancer du sein (affaire Marsaleix) et deux médecins du Nord, Gérard Guéniot et Michel Saint-Omer.

« Une mère de famille était décédée en 1997 pour avoir suivi les prescriptions médicales illusoires des deux médecins, liés tous deux au Mouvement du Graal, répertorié comme sectaire dans les deux rapports parlementaires de 1995 et de 1999 », explique par exemple le Panorama du médecin, sous le titre : « Les nouveaux charlatans de la santé ». « Le procès d’un gourou en blouse blanche », commente l’Unadfi, qui, deuxième partie civile au procès, a été finalement déboutée par la Cour d’appel.

Dans la longue suite d’attendus du jugement, les juges expliquent que le Dr Guéniot ne pouvait être condamné pour « non-assistance à personne en péril ». En effet, l’unique consultation de mars 1995 (la patiente décédera en janvier 1997) « n’a donné lieu qu’à la délivrance d’une unique ordonnance pour de l’acide ascorbique sur quelques jours, dans l’attente de prescription ultérieure par ses confrères ». Lors de cette consultation, Gérard Guéniot a dit qu’il ne souhaitait pas revoir la patiente déjà suivie par le Dr Saint-Omer. En la référant à ce dernier, « il disposait des éléments lui permettant de savoir que, face au refus persistant d’Evelyne Marsaleix, la prise en charge confraternelle comportait le recours au spécialiste ». C’est lui-même qui avait fourni au Dr Saint-Omer quelques jours plus tôt le nom du cancérologue parisien qu’elle ira finalement consulter en juin.

La décision de la cour détruit ainsi complètement le montage tissé par ses détracteurs et lave le médecin des accusations fausses véhiculées contre lui tant par les associations et les institutions de lutte contre les dérives sectaires que par la presse.
Pour l’Unadfi, la victoire juridique de son adversaire est à mettre sur le compte du « pouvoir de persuasion » du médecin.

Le comportement des journalistes

Pour l’avocat de Gérard Guéniot, le fait que l’Unadfi soit déboutée constitue une remarquable avancée de jurisprudence : « En effet, toute l’affaire avait commencé par la plainte déposée par cette association qui avait dénoncé mon client pour “sujétion psychologique” à caractère sectaire sur la victime. Pour elle, M. Guéniot était un gourou qui a laissé mourir sa patiente. Les magistrats ont complètement détruit cette thèse. C’est la première fois en France que l’Unadfi est ainsi déboutée pour n’avoir pas réuni les conditions de fond pour se constituer partie civile dans ce procès. Elle a échoué à démontrer le caractère sectaire de l’action de mon client. Cela peut conduire à limiter sa capacité à déposer plainte sur la seule affirmation d’une sujétion par une personne ou un mouvement. Désormais, il faudra démontrer cas par cas et victime par victime qu’il y a eu exploitation à caractère sectaire ».

« Le plus incompréhensible pour nous, s’étonne Hugues Leroy, président du Comité de soutien du docteur, c’est – sans même parler du caractère partial de l’émission du Droit de savoir – le comportement des journalistes. Après le jugement, non seulement ils continuent de présenter M. Guéniot sous une mauvaise image (« un ex-adepte de secte »), mais surtout aucun n’a fait amende honorable ni n’a enquêté pour tenter de comprendre comment toute cette cabale a pu être montée. Le docteur a perdu des patients et des amis, même proches, après les calomnies proférées à la télévision et dans la presse. Il a subi cet opprobre pendant 13 ans ! Et personne ne cherche à comprendre pourquoi…»(1)

Dans la presse locale, toutefois, on a pu trouver parfois une attitude plus équilibrée, comme celle-ci du journal Nord-Eclair, écrite avant la décision de la cour d’appel.

Pourquoi toutes ces affaires ?

En 1975, Gérard Guéniot, passionné de médecine naturelle depuis son adolescence, s’installe comme médecin homéopathe et acupuncteur à Roubaix (Nord). Il crée trois écoles, l’une d’homéopathie (active jusqu’en 2000), une autre d’acupuncture (jusqu’en 2005) et la dernière, en 2005, le Nemi, école de médecine énergétique et naturelle.

Aujourd’hui, il exerce en tant que médecin à Tourcoing (Nord) et gère une société de conseil en santé naturelle à Genval et à Tournai (Belgique). Enfin, il prodigue un enseignement en homéopathie au Canada et en Italie.

À partir de 1980, Gérard Guéniot comparaît une dizaine de fois devant le conseil de l’ordre des médecins du Nord. Il gagne toutes ces affaires sauf une, qui lui valut une suspension de son droit d’exercer pendant trois ans.

À ces conflits ordinaux s’ajoutent deux procès devant la justice pénale, tous deux gagnés à ce jour. Dans sa première affaire (affaire Pohl 1988-1992), Gérard Guéniot obtint un non lieu au pénal en 1992 et fut complètement blanchi par le Conseil national de l’Ordre en 1994, après que le conseil départemental du nord eut porté l’affaire en cassation. La deuxième est l’affaire Marsaleix.

Une troisième affaire est encore en cours en Belgique.
Pourquoi tous ces dossiers autour d’un seul homme ? D’autres médecins homéopathes exercent leur art sans problème particulier…

Selon notre analyse, cet « acharnement » dont a été victime Gérard Guéniot tient à deux aspects, l’un personnel, l’autre sociétal.

Pour le premier, son caractère à l’emporte-pièce l’a plus d’une fois desservi. S’exprimant de façon parfois tranchée et excessive, il a ainsi tendu à ses opposants des verges pour se faire battre.

Pour le second aspect, sa foi « différente » (le Graal, voir vidéo) a certainement dérangé les gardiens de la bien-pensance religieuse, sociale et thérapeutique (représentés par l’Unadfi et la Miviludes).

Mais surtout, sa démarche originale et confiante en la nature heurte les tenants d’une médecine mécaniste et chimique. Ceux-ci acceptent mal que des méthodes simples, éprouvées autrement que par les méthodes modernes « basées sur la preuve », puissent simplement accompagner les leurs.

Toute cette affaire pose clairement la question du traitement des dérives médiatiques non sanctionnées et de l’arbitraire, quand il a lieu, des administrations et des associations de lutte contre les sectes.

L’affaire Glineur

En 1996, se greffe une affaire ordinale dans laquelle la fille d’une patiente de Gérard Guéniot qu’il a suivie pendant 5 ans et qui décéda à la suite d’un cancer du sein et métastases pulmonaires, porte plainte pour défauts de soins. On reprocha au médecin d’avoir continué à suivre sa patiente durant une période de 18 mois pendant laquelle elle refusera toutes thérapeutiques officielles.

Après plusieurs années de procédures ordinales, Gérard Guéniot sera finalement suspendu d’exercice durant trois ans  (automne 2003-automne 2006). C’est, à ce jour, sa seule condamnation.
Que lui fut-il reproché ? De n’avoir pas su convaincre sa patiente, en poursuivant son traitement d’accompagnement, d’accepter les traitements classiques.

Alors que faire ? Les médecins homéopathes ont tous dans leur cabinet des patients cancéreux récalcitrants à l´allopathie. Gérard Guéniot avait donc demandé à son ordre professionnel quel comportement avoir face à des patients refusant clairement les traitements classiques. La réponse : les signaler à la Sécurité sociale. Gérard Guéniot refuse de procéder à ce type de dénonciation, ne voulant pas risquer de saper la confiance de ses patients. Mais alors, il prend le risque d’être à nouveau attaqué lorsque le moindre problème surgit. D’autant plus que le recours à l’homéopathie peut facilement être qualifié de charlatanisme s’agissant d’une pratique « non basée sur des preuves avérées »…

» Arrêt CA de Douai

>> Le Docteur Guéniot est mort.

———-

(1) Voir à ce sujet le résumé et l’analyse du Centre d’information et de conseil des nouvelles spiritualités (Cicns).

Gilles Berhault : «Allégeons nos vies !»

Président de l’association ACIDD (Communication et développement durable) et du Forum européen TIC21, Gilles Berhault vient de publier Développement durable 2.0 aux éditions de l’Aube.

– Face à un monde en crise et en perpétuelle mutation, vous nous donnez des raisons de préférer la confiance à l’angoisse. Pourtant, la méfiance envers les élites et les institutions s’accroît.

– Nous basculons d’un monde apparemment logique, maîtrisé, vers un monde incertain, complexe, systémique. Nous avons du mal à comprendre ce mouvement permanent. Les modes de gouvernance actuels nous paraissent dépassés. On ne peut plus attendre six ans entre deux élections pour donner son avis. De même, nous ne voulons plus laisser le médecin intervenir sur nos corps sans exprimer notre sentiment. Nous voulons de plus en plus participer à l’élaboration des décisions qui nous concernent. Et ceci, dans de nombreux domaines.

Cette montée de la liberté individuelle doit s’accompagner d’une augmentation du niveau culturel de chacun. D’où la nécessité d’un renforcement de l’approche collaborative, approche que peuvent faciliter les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Pour moi, la priorité est donc l’éducation, l’apprentissage, et en premier lieu l’apprentissage collaboratif (et non compétitif). Les salles informatiques devraient disparaître dans les écoles après que les ordinateurs auront été introduits dans chaque classe…

– La raréfaction des ressources naturelles et les pollutions assignent des limites à nos modes de vie. Vous dites que les TIC peuvent nous aider à évoluer.

– D’une certaine façon, nous avons de la chance : pour la première fois, tous les hommes ont un ennemi commun, le changement climatique ! Il nous faut réfléchir à une meilleure gestion des ressources, économiser chaque électron d’énergie. Les TIC permettent de reconsidérer notre gestion du territoire, la localisation de nos activités, notre mobilité, la fabrication de nos bâtiments, etc. Nous devrons de plus en plus rompre avec la propriété, par exemple avec la propriété des véhicules. Les TIC ont permis le Vélib’, elles facilitent le covoiturage, l’autopartage. Nos anciens fantasmes deviennent possibles. La propriété, c’est très lourd : beaucoup de frais, de soucis, etc. Allégeons nos vies ! Marx ne disait-il pas que ses idées pourront être mises en œuvre le jour où le capital serait menacé sur ses fondements. N’est-ce pas le cas aujourd’hui ? (rires)

– Dans votre livre, vous employez plusieurs fois le mot « réconciliation » avec la nature, avec les autres, avec nous-mêmes.

– Parlant de protection de l’environnement, nous n’avions pas bien intégré que nous faisions nous-mêmes partie de la biodiversité ! Le développement durable, ça se vit aussi avec son corps. Quand on se sent dans un environnement naturel, on peut mieux le comprendre, l’aimer. Et aimer aussi son corps dans cet environnement. Trop souvent, les gens ne s’aiment pas et n’aiment donc pas l’environnement. Le travail physique, le chant, le rythme, la relation spatiale à l’autre doivent être redécouverts.

Bientôt les TIC produiront des images en relief : on sera dans des espaces en 3 D. Les vidéoconférences en volume induiront une autre relation à l’espace. Mettons-nous en résonnance et nous pourrons faire bouger beaucoup de choses…