Un rassemblement citoyen pour défendre les médecines douces

Les médecines non-conventionnelles (MNC, terme officiel pour désigner les médecines naturelles et traditionnelles) viennent pour la première fois de se constituer en réseau national. L’Alliance pour la santé (APS) a vu le jour ce mardi 24 novembre à l’occasion d’un meeting à la Mutualité (Paris). Avec le soutien d’un mécène politique, Jean-Marc Governatori.

Lors du meeting de lancement de l´Alliance pour la santé.
De g. à d. : Isabelle Robard, J.-M.Governatori et Luc Bodin.

Photo : JL ML.

 L’Alliance pour la santé, qui se présente comme un « rassemblement citoyen apolitique », va se constituer en réseau d’associations et d’individus concernés par la santé (médecins, naturothérapeutes, éducateurs de santé, citoyens).

Elle a pour vocation « d’être l’interlocuteur des pouvoirs publics pour une politique de santé » et non plus seulement de « traitement des maladies ».

L’APS repose sur un comité de pilotage national composé d’une dizaine de personnes (praticiens de santé et responsables de journaux de santé comme Biocontact, Votre Santé, Santé Port-Royal).

Elle s’appuie également sur un comité de rassemblement de plus de cent personnes chargé d’apporter des idées et de rassembler les partisans d’une politique de santé privilégiant la prévention.

L’adhésion à l’APS a été fixée à seulement 5 € pour pouvoir rassembler un maximum de personnes sensibilisées.

L’APS, qui compte avoir au moins deux référents par départements, est présidée par Michèle Richet, responsable de la commission santé de la France en action (FEA), mouvement politique fondé en 2004 par Jean-Marc Governatori. Ce dernier, qui avait vendu ses entreprises pour se consacrer à l’action politique, finance ce tout nouveau “lobby” des médecines douces dont les principaux mots d’ordre sont : prise de conscience par le malade du sens de sa maladie et de ses responsabilités en matière de santé ; alimentation variée, bio, plutôt végétale ; préservation de l’environnement, éducation à la santé ; liberté thérapeutique ; coopération de toutes les pratiques de santé sans exclusive.

Initiative politique ou citoyenne ?

Reste une question qu’il faudra éclaircir dans les mois qui viennent : si ce nouveau réseau se veut « citoyen et apolitique », comment expliquer le soutien que lui apporte J.-M. Governatori, président d’un parti politique ? Est-ce de sa part un soutien passager, le temps que le mouvement acquière son autonomie ? Ou est-ce pour M. Governatori un tremplin pour rebondir en utilisant une vague porteuse après ses échecs électoraux, comme le lui reprochent notamment la Ligue nationale pour la liberté de vaccination (LNLV), le docteur homéopathe Martine Gardénal et l’écrivain Sylvie Simon, qui l’avaient accompagné un moment ?

« Une soirée historique »

Un congrès national, proposant une journée pour les professionnels et une journée pour le public, sera organisé les 16 et 17 octobre 2010 en région parisienne. Pour diffuser la bonne parole, une webTV consacrée aux MNC et à l’écologie, baptisée Ecologisme-TV, se met actuellement en place. Un grand sondage national va être commandé pour « avoir enfin des chiffres sur les modes de consommation » des MNC et pour recueillir les besoins de changement au sein de la société.

Enfin, une journée de soins gratuits sera offerte aux plus démunis par les praticiens de santé le 16 avril 2010 dans le cadre d’une Journée nationale des pratiques de santé.

 « C’est une soirée historique, s’est enthousiasmé Daniel Kieffer, président de la Fédération française de naturopathie et de l’Union européenne de naturopathie, qui animait le meeting. Depuis 35 ans que je suis engagé dans ma démarche, je n’avais jamais vu un tel rassemblement ! Nous devenons cohérents, puissants par le nombre. Nous pouvons désormais peser politiquement et financièrement. C’est un langage que les décideurs comprennent. »

A la tribune se sont succédés notamment le cancérologue Dominique Belpomme ; le docteur Luc Bodin, diplômé en cancérologie clinique, spécialisé en médecines douces ; Françoise Joët, présidente d’honneur de l’Association liberté information santé (Alis) ; l’avocate Isabelle Robard, qui œuvre depuis plus de 15 ans pour la légalisation des MNC ; l’Indien Kiran Vyas, qui a fondé trois écoles ayurvédiques et qui fut l’un des plus proches collaborateurs du Mahatma Gandhi ; Philippe Desbrosses, agriculteur, docteur en sciences de l’environnement, pionnier de l’agriculture biologique…

>> L’Alliance pour la santé.

>> Interview de Jean-Marc Governatori.

Un militant infiltre un abattoir et filme en caméra cachée

Engagé comme commis par les abattoirs Charal, un membre de l’association L214 rapporte des images choquantes de la mise à mort de bovins. L’association porte plainte pour non-respect des dispositions concernant la mise à mort des animaux.

Extrait du reportage en caméra cachée.

Dévoué à la cause animale depuis plus de dix ans, X. a réussi à se faire embaucher par les abattoirs Charal à Metz (57), via une société d´intérim. Il y passe trois semaines en septembre 2008 occupant plusieurs postes dans la salle de découpe. Il s’arrange pour pénétrer dans la salle d´abattage et filmer en caméra cachée. Les images qu´il rapporte montrent des bovins suspendus, agonisants ; certains se réveillent de l´étourdissement avant d´être égorgés.

« Les services vétérinaires, pourtant présents en permanence dans l´abattoir, accuse l’association, ont montré leur incapacité à faire respecter la réglementation de protection des animaux. Ces constatations corroborent celles de l´Office alimentaire et vétérinaire (OAV) de la Commission européenne qui relève des défaillances récurrentes des services vétérinaires français. Au cours de sa dernière mission, l´OAV a notamment pointé explicitement l´insuffisance de formation des agents officiels concernant le bien-être des animaux. »

Dans un courrier-réponse adressé à la Fondation Bardot le 28 septembre 2009, le ministre de l´agriculture Bruno Le Maire se dit « choqué » par ces images. Il a demandé à l´Inspection générale de son ministère de « conduire un audit interne dans les établissements d´abattage d´animaux de boucherie ».

La direction de la société et les services vétérinaires départementaux assurent que la réglementation est respectée.

Une plainte, à laquelle se sont associées la Fondation 30 Millions d´amis, la Fondation BB et la SPA, a été déposée contre Charal auprès du tribunal de grande instance de Metz pour non-respect des articles R214-63 à R214-81 du code rural.

>> Le dossier présenté par L214.

Brigitte Bardot pour une journée européenne végétarienne

 Brigitte Bardot a écrit au président de la Commission européenne pour demander que le 1er octobre, Journée végétarienne mondiale, soit reconnue en Europe. Elle souhaite que sa proposition soit débattue au sommet de Copenhague en décembre, l’élevage ayant « une incidence directe sur le réchauffement climatique (…) L´élevage émet des gaz à effet de serre qui sont plus élevés que ceux produits par les transports (toutes catégories confondues) », souligne l´ancienne actrice, en ajoutant que « depuis 1970, 90% de la déforestation en Amazonie est liée aux besoins de l´industrie de la viande ».

Sa démarche est soutenue par une centaine d’associations de défense de la cause animale et de la promotion du végétarisme du monde entier.

(Source AP)

L’Autriche poursuit des militants pour «appartenance à une organisation criminelle»

Début 2010 s’ouvrira le procès des dix militants autrichiens de la cause animale accusés, grâce à un usage discutable de l’article 278a (la loi anti-mafia et antiterrorisme) du code pénal, d’appartenir à une « organisation criminelle ».

Les Etats, c’est bien connu, n’aiment pas les contestataires. L’Autriche ne déroge pas à la règle. Le 21 mai 2008, plusieurs organisations de protection animale ou de promotion des droits des animaux sont l’objet d’opérations policières musclées : perquisitions dans les bureaux et domiciles privés, saisie des ordinateurs et autres matériels et documents, mise en détention provisoire de dix militants. Aucun délit précis ne leur est reproché : ils sont collectivement présumés membres d’une organisation criminelle.

Le 20 août 2009, les dix militants qui avaient été placés en détention provisoire sont inculpés au titre de l´article 278a du code pénal autrichien. Le procès devrait s’ouvrir en janvier ou février 2010. Ils risquent jusqu’à 5 ans de prison.

« L’article 278a peut ainsi être utilisé pour punir le fait d’avoir certaines opinions, commente l’association autrichienne VGT, ce qui est une arme puissante contre tout travail politique non-parlementaire. Pratiquement tous les mouvements sociaux, les ONG et les campagnes légales sont à la merci d’une répression arbitraire de l’état. »

Un Fonds de solidarité pour les inculpés autrichiens (FSIA) collecte des fonds en faveur des inculpés.

Une opération « auto-dénonciation » a été mise en œuvre. Elle invite chacun à signer un texte qui sera remis aux autorités autrichiennes. Dans ce texte, tout internaute peut déclarer qu´il peut lui aussi être inculpé(e) d’appartenance à une organisation criminelle pour avoir participé à des campagnes de protection animale.

>> Que l´action de certains activistes animaliers soit manifestement illégale et qu´il faille réprimer leurs exactions, c´est une chose. Mais ici, apparemment, aucun fait précis ne leur a été reproché sinon celui de s´être organisés de façon à agir en échappant aux éventuels contrôles policiers..

La Suisse interdit des expérimentations sur des singes

Une décision du tribunal fédéral suisse vient définitivement d’interdire des expériences sur des macaques rhésus menées dans le cadre de recherches en neurosciences.

En 2006, deux chercheurs de l’Institut de neuro-informatique de Zurich déposent une demande de validation d’un protocole d’expérimentation sur des macaques rhésus. L’Office vétérinaire zurichois avait validé leur dossier mais la Commission de protection des animaux rvient de refuser son agrément : ces expériences violeraient la dignité de l’animal.

Une première étape consistait à priver les macaques d’eau durant 12 heures. Le but : les inciter à mieux collaborer avec les humains dans divers tests d’apprentissage qui, s’ils étaient réussis, se soldaient par un jus de fruit. La deuxième expérience impliquait le sacrifice des macaques afin d’étudier leurs microcircuits cérébraux. Des pratiques toutes deux inacceptables, selon la commission.

La Suisse reconnaît aux animaux le droit, inscrit en 2004 dans la Constitution, d’être respectés comme des êtres sensibles. Elle condamne toute offense faite à leur dignité. Mais c’est sur un autre argument que s’est appuyé le Tribunal fédéral pour rejeter définitivement la demande des chercheurs en octobre 2009. Il a jugé que les bénéfices scientifiques potentiels de ces recherches étaient trop faibles pour justifier une telle souffrance.

L’association One Voice, qui commente cette information, espère que cette décision influencera la Commission européenne dans le cadre de la révision de la directive 86.

En Belgique, une action en justice

De son côté, la Coalition anti-vivisection (CAV), organisation belge, a manifesté, le 21 septembre dernier, devant l´Université catholique de Louvain. Elle marquait de cette façon le lancement d’une action en justice contre des chercheurs qui utilisent des primates dans cette université.

CAV soutient que « la souffrance causée aux animaux en raison des conditions de vie dans les laboratoires et des expériences invasives sur le cerveau est totalement disproportionnée en regard de l´utilité éventuelle des données obtenues ». Elle soutient, sur dire d’experts, que « les résultats de ces expériences auraient pu facilement être obtenus par des méthodes d´imagerie sur des volontaires humains ».

Deux militants nigérians récompensés par la Fondation Chirac

Connaissez-vous l’imam Muhammad Ashafa et le pasteur James Wuye ? Il y a fort à parier que non. Pourtant, ces deux Nigérians ont été mis à l’honneur, le 6 novembre dernier, grâce au Prix de la Fondation Chirac, pour leur action en faveur du dialogue entre chrétiens et musulmans au Nigeria.

Le pasteur James Wuye, Jacques Chirac, l´imam Ashafa.

La presse avait bien évoqué l’événement, mais essentiellement pour dire que le président Sarkozy s’était rendu à la cérémonie ! C’est à peine si le nom des récipiendaires a été évoqué. Ouvertures a voulu réparer cette injustice, en détaillant pour vous l’action de ces hommes, action qui a mérité ce « prix pour la prévention des conflits », doté de 100 000 euros.

La diversité religieuse et ethnique au Nigeria (350 ethnies et tribus pour une population de 140 millions de personnes) a pu favoriser de nombreuses crises dans le pays. Ces dernières décennies, le Nord du Nigeria a été particulièrement marqué par des affrontements entre chrétiens et musulmans notamment. Près de 150 000 personnes en ont été victimes ces dix dernières années.

Dans ce contexte, l’imam Muhammad Ashafa et le pasteur James Wuye, chacun à la tête de milices armées ennemies dans les années 1980, défendaient leurs communautés religieuses dans l’état de Kaduna (Nord du Nigeria). Peu à peu, les deux ennemis ont remis en cause l’utilité de la violence et ont avancé vers une réconciliation. Contre l’avis des membres de leur communauté religieuse, ils se sont rencontrés régulièrement et ouvert un dialogue interreligieux.

Ensemble, ils ont fondé l’Interfaith Mediation Centre di Kaduna, dont ils sont les co-directeurs, et ont contribué à l’apaisement des tensions régionales.

Aujourd’hui l’Imam Muhammad Ashafa et le Pasteur James Wuye travaillent dans d’autres pays d’Afrique et d’autres continents pour transmettre leur méthode de réconciliation et véhiculer un message de paix.

 « Il n’y a pas de petite querelle »

 « Je crois à la primauté du droit sur la force, a expliqué Jacques Chirac lors de la remise du prix. Je crois à la vertu du dialogue. Je crois en l’Homme. La guerre n’est jamais la solution. C’est pourquoi, il faut donner priorité et soutien à tout ce qui peut en extirper les racines du cœur de nos sociétés. Il faut discerner les braises de la haine où qu’elles puissent couver, et aider tous ceux qui peuvent les éteindre, ceux qui dissipent les malentendus, ceux qui suscitent à temps les réconciliations. (…) La guerre n’est pas un phénomène appartenant au passé. Si l’Europe a su, après quelle barbarie, vivre en paix ces soixante dernières années, n’oublions pas que la guerre frappait à sa porte il y a peu : il y a dix ans à peine, les Balkans étaient en feu.C’est l’un des risques d’un univers mondialisé que de transformer tout conflit local en une menace universelle. Le monde se fait un pour le meilleur et pour le pire. Dans un tel contexte, “il n’y a pas”, selon le mot d’Amadou Hampaté Bâ, “de petite querelle”. »

Le Prix spécial du Jury, quant à lui, a été décerné à Park Jae-Kyu, président de l’Université Kyungnam et ancien ministre de l’Unification en Corée du Sud, pour son action en faveur d’un rapprochement entre la Corée du Sud et la Corée du Nord.

 >> La Fondation Chirac.

Sur une idée de Paule Pérez.

Le groupe de presse suisse BNJ FM certifié Isas BC 9001

Le groupe de radios locales BNJ FM, basé dans le canton du Jura, en Suisse, est la première entreprise de médias francophone à obtenir la certification Isas BC 9001. Un label qui récompense ses efforts en termes de gestion de la qualité.

 Le groupe comprend trois radios : RFJ (Radio Fréquence Jura), RTN (Radio Neuchâtel) et RJB (Radio Jura Bernois). Pour répondre à l’exigence en matière de qualité posée par l’Office fédéral suisse des télécommunications (Ofcom), le groupe a décidé en octobre 2008 de se lancer dans la mise en place d’un système de management de la qualité basé sur la norme internationale Isas BC 9001.

Il a passé avec succès l’examen de certification en juillet 2009. Le groupe devient ainsi le 4e organisme certifié dans le monde, le premier média francophone et la première société suisse à être officiellement reconnue conforme aux prescriptions de cette norme.

En France, LCP, la chaîne parlementaire, est en train de mettre en place un tel système de management.

Par ailleurs, le Comité international de standardisation pour le management de la qualité dans les médias a décidé à l’unanimité la fusion des normes Isas BC (broadcast : télévision, radio, Internet) 9001 et ISAS P (Press : journaux et magazines) 9001 en une seule et unique norme valable pour tous les médias. La norme unique s’appellera Isas BCP 9001.

Elaborés par des journalistes, des professionnels des médias et des experts venant du monde entier, les deux standards sont constitués de 23 exigences nécessaires afin de garantir la qualité et l´efficience de la gestion de la qualité au sein d´une entreprise médiatique. Ces exigences couvrent quasiment tous les aspects du management d´une entreprise de média : création, production, études d´audience, communication, relations humaines, Contrôle de la qualité, administration et autres activités de support.

Ces standards ne garantissent pas en eux-mêmes la qualité des contenus, mais certifient que le management a mis en place les procédures propres à assurer cette qualité, ainsi que les outils de traitement de la non-qualité.

>> Certimedia

Vaccination : les propos déroutants d´un parlementaire

Le journalisme est un métier très difficile, beaucoup plus qu’on ne le croit généralement. Nous, journalistes, avons en effet vite fait de nous tromper sur les propos d’autrui, de les interpréter, soit selon notre grille personnelle, soit en raison de la déformation apportée par des intermédiaires. Dans le cas présent, nous avons décortiqué une information qui laissait entendre que Jean-Michel Dubernard, alors député, émettait des doutes sur l’utilité de la vaccination en général. Notre article avait ému certains de nos lecteurs et nous avons voulu en savoir plus. Voici le déroulé de notre enquête. Vous pourrez mieux ainsi vous construire vous-même votre propre jugement.


Le chirurgien et ex-député Jean-Michel Dubernard.

Dans notre enquête sur l’obligation vaccinale, nous avions pointé les contradictions et insuffisances de la politique vaccinale en France, démontrant que la suspicion croissante des Français vis-à-vis de cette pratique était due essentiellement à une attitude autoritaire des pouvoirs publics, au manque de transparence sur les effets secondaires, à l´insuffisance de l´épidémiologie, à une connaissance encore faible de l’immunologie et à la diabolisation d’une partie de la population (les associations pour la liberté vaccinale et les sectes), etc.

Nous avions alors conclu, non à l’inutilité des vaccins, mais à la nécessité d’approfondir l’étude scientifique sur les vaccinations ainsi qu’à la nécessité d’ouvrir un débat citoyen.

Lors d’une table ronde sur le thème « Les vaccins en France : quels enjeux pour l’industrie pharmaceutique et la recherche ? », réunie le mercredi 6 juin 2007, sous la présidence de Jean-Michel Dubernard, organisé par l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé (Opeps), il a été dit, selon le compte rendu mis en ligne, que « l’utilité des vaccins n’est pas prouvée scientifiquement ».

Voici le dialogue dans lequel s’insérait cette affirmation :

« M. Nicolas About, sénateur, vice-président, s’est étonné de la couverture vaccinale moyenne de la France, alors qu’il s’agit de l’un des pays les plus contraignants en matière d’obligation vaccinale.

M. Claude Le Pen, membre du comité d’experts, a estimé que ce résultat est plutôt le fait d’un lobby anti-vaccinal plus fort que dans les autres pays.

M. Alain Sabouraud, pharmacien responsable de Sanofi Pasteur, a ajouté qu’il n’existe pas en France de promotion de la politique vaccinale, à la différence de celle menée au niveau mondial par l’OMS ou aux Etats-Unis par le Center for Disease Control. Il a estimé que, face au lobby anti-vaccinal, les laboratoires sont mal placés pour faire la promotion du vaccin. Ce rôle pourrait en revanche être confié au comité technique des vaccins (CTV).

M. Eric Guez, de Novartis Vaccines, a considéré que la défiance à l’égard du vaccin relève, en France, d’un manque de confiance dans les résultats.

Le président Jean-Michel Dubernard, député, en a convenu, rappelant qu’il n’existe pas de preuve scientifique sur l’utilité des vaccins. »

La langue de Jean-Michel Dubernard (alors député), président de la table ronde et premier vice-président de l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé, n’a apparemment pas fourché. En effet, il réitère un peu plus loin sa pensée en disant qu’il « manque des données scientifiques permettant d’apprécier l’utilité des vaccins » !

Nous avions ajouté un article à notre enquête pour donner cette information. Ces propos dans la bouche d’un tel responsable politique avaient étonné nos lecteurs. D’autant plus que le parlementaire n’avait pas été démenti par ses interlocuteurs présents lors de cette réunion qui rassemblait les plus grands experts dans ce domaine.

Cela ne pouvait qu’ajouter à la perplexité et au doute concernant la vaccination. Pourquoi alors affirmait-on constamment et fortement le contraire au public ? Que les vaccins sont sans risque, que leur utilité est scientifiquement établie, etc. ?

C’est pourquoi nous nous étions interrogés : soit ce député a dit n’importe quoi – et il faut se demander ce qu’il faisait à la tête de cette table ronde. Soit il dit vrai – apportant ainsi la preuve, au détour de cette discussion au parlement, que le discours officiel trompe sciemment le public en affirmant que la vaccination repose sur des bases scientifiques irréfutables.

 La retranscription précise des propos de M. Dubernard

 Nous avons donc voulu en savoir plus. Contacté par téléphone, Jean-Michel Dubernard nous a affirmé qu’il n’avait pas pu prononcer ces paroles, qu’elles avaient certainement été mal retranscrites par les services administratifs parlementaires. Nous avons donc vérifié auprès de ces services, à l’Assemblée nationale comme au Sénat. Or ceux-ci, après avoir réécouté l’enregistrement de la table ronde, nous ont confirmé que la teneur des propos du député avait été bien respectée dans le compte rendu.

Qui croire ?

Pour tenter d’y voir plus clair, nous avons nous-mêmes écouté l’enregistrement. Voilà ce qui a été effectivement dit :

– J-M Dubernard : « Là encore, on manque de données scientifiques pour apprécier les résultats de la vaccination de façon définitive. De plus en plus de types disent… Je participais à un colloque l’an dernier ici-même ; il y avait des médecins. [« Avec le vaccin contre] la grippe, [disaient-ils], peut-être qu’on a moins de fièvre, mais on est quand même embêtés. C’est ce qui m’arrive à moi aussi, même si je suis vacciné, toutes les fois. Le grand public et les médecins non spécialistes ont besoin d’informations précises et scientifiques sur la signification de cette affaire. Quand on me dit : « Tel [nouveau] vaccin fabriqué par tel labo est fantastique, la preuve, c’est quand je me le fais, je tousse ! et tous les types dans la salle, c’est pareil ! Même si on atténue, c’est pas le virus qui est atténué, ce sont les symptômes chez le receveur. Là, il y a des problèmes qui se posent. On l’avait déjà noté en introduction. »

C’est tout ce passage qui a été résumé par les fonctionnaires par : « Il manque des données scientifiques permettant d’apprécier l’utilité des vaccins ». 

L’autre séquence fait suite à un interlocuteur (Éric Guez, de Novartis Vaccines) qui expliquait ceci : « On parle du lobby anti-vaccination ; oui, mais il y a aussi une défiance presque non-dite. Vous-même l’avez dit par rapport à la grippe. Il y a ce sentiment général que, même si on se vaccine, on va quand même faire la grippe… »

– J-M Dubernard : « Oui mais il faut nous prouver scientifiquement que ça sert à quelque chose ! Or moi, je n’ai pas de preuve ! J’ai regardé : zéro ! Pas de publication. »

Ce passage a été résumé par les fonctionnaires par : « Il n’existe pas de preuve scientifique sur l’utilité des vaccins ».

 Les commentaires  de M. Dubernard aujourd’hui

 Nous avons demandé à J-M Dubernard de commenter ses propos. Voici sa réponse :

« Je traduisais les propos lors d’un débat médical tenu précédemment au Sénat. Ce que je dis a rapport au vaccin contre la grippe. Les participants se plaignaient de l’absence de données scientifiques sur le suivi des personnes vaccinées par rapport aux personnes non-vaccinées, sur le rapport entre les effets du vaccin avec virus atténué et ceux du vaccin avec virus véritable, et sur les complications. En fait, nous ne connaissons pas scientifiquement l’état des personnes selon qu’elles ont été vaccinées ou non.

« Par ailleurs, concernant le vaccin contre la grippe, en raison de mon expérience personnelle, j’émets quelques doutes. Je considère que les laboratoires devraient fournir des études les plus complètes possibles sur l’efficacité de ces vaccins, sur les différences observées entre vaccinés et non-vaccinés, sur ce qui se passe quand le virus connaît une légère mutation par rapport au virus original, etc[1].

« Je précise enfin que je ne suis pas du tout opposé à la vaccination, qu’ayant failli mourir de la tuberculose et ayant fait l’hépatite B, je suis totalement vacciné, mes enfants et mes petits-enfants le sont aussi. De plus, lors de la campagne pour les législatives, je me suis battu contre une jeune femme dont la candidature était centrée sur la lutte contre la vaccination. »

 Notre conclusion, c’est que M. Dubernard n´est pas opposé aux vaccinations, mais qu’il y a bien en France, comme nous l’avons mis en lumière lors de notre grande enquête participative, et ainsi que le reconnaissent les plus hautes sommités de la santé, un grave problème de connaissance des effets réels des vaccins (en tout cas pour celui de la grippe), tant en terme d’efficacité qu’en terme d’effets secondaires.

Et ce doute est d´autant plus dommageable que l´on base l´efficacité actuelle des vaccins contre la grippe A sur celle (seulement supposée, donc) des vaccins contre les grippes saisonnières…

 Verbatim

Lors de cette table ronde, d’autres propos – intéressants pour ceux qui s’interrogent sur les conditions d’élaboration de la politique vaccinale – ont été tenus par différents intervenants :

– Deux fois la question : « Existe-t-il des banques de données sur les complications vaccinales » a été posée sans obtenir de réponse.

– « Dans l’enseignement médical, il n’y a pas de cours sur la vaccination, ni en théorie ni en pratique. (…) Il faudrait apprendre aux médecins à vacciner. »

– Il ne faut pas exagérer sur la « saintitude » des laboratoires pharmaceutiques (deux fois).

– « L’absence d’outils épidémiologiques (pour connaître les effets réels des vaccins) est particulièrement dommageable en France. »

– « Les autorités sanitaires sont incapables de dire combien de scléroses en plaques touchent la population normale [ce qui permettrait de faire une comparaison avec la population vaccinée] ; c’est de la folie ! Il faut mettre en place une veille sur les maladies auto-immunes. On pourra alors balayer le syndrome anti-vaccin contre l’hépatite B. »

 
>> Jean-Michel Dubernard est membre du collège de la Haute autorité de santé (HAS) depuis 2008. Il est également membre titulaire de l’Académie de chirurgie, président du Collège européen de transplantation et de l’International Hand and Composite Tissue Allograft Society, et chirurgien attaché en urologie et chirurgie de la transplantation dans le service d’urologie et de chirurgie de la transplantation de l’Hôpital Edouard Herriot à Lyon. Le professeur Dubernard a mené une carrière politique qui l’a fait siéger à l’Assemblée nationale en tant que député UMP de la XIIe législature (2002-2007) dans la troisième circonscription du Rhône. Il a maintenant arrêté la politique pour se consacrer à la recherche et à l´hôpital.


[1] Lors de la table ronde, un représentant des laboratoires a exprimé que ceux-ci étaient mal placés pour faire ce travail qui incombait plutôt aux autorités.

Une charge contre les sectes, brillante mais fallacieuse

« Ils ne m’ont pas sauvé la vie », tel est le titre du livre écrit par Antoine Guélaud, directeur adjoint de la rédaction de TF1, pour raconter le parcours tragique d’Evelyne Marsaleix, jeune femme atteinte d’un cancer du sein et décédée – selon le journaliste – suite à l’emprise d’un médecin « chef de secte ». Le problème est que cette thèse, qui fut celle de l’accusation devant la justice, a été invalidée lors du jugement, définitif, d´appel. Ainsi, bien que totalement et officiellement blanchi, le médecin en question, qui ne peut se défendre parce qu’aujourd’hui décédé, est toujours présenté comme un dangereux gourou par l’auteur du livre.

 

Le docteur Gérard Guéniot était innocent : ni l’homicide involontaire, ni la non-assistance à personne en danger n’ont été retenus contre lui. La cour d’appel de Douai, dans son jugement du 17 février 2009, a longuement (sur 81 pages) et précisément motivé sa décision qui blanchit complètement le docteur.

Ayant personnellement enquêté sur ce dossier, ayant été le seul média à donner la parole au médecin homéopathe après son procès et juste avant sa mort, nous déplorons la calomnie qui continue à le poursuivre.

Cette haine médiatique est d’autant plus dommageable qu’Antoine Guélaud avait déjà stigmatisé le docteur au cours de deux « Droit de savoir », émission d’enquête sur TF1 (le 21 mai 1996 et le 22 décembre 2007, aller à 34:40 pour l’affaire Guéniot).

Sachant également que les éditions du Toucan, qui publient son ouvrage, appartiennent au même groupe de média, l’un des plus puissants du monde, la famille et les amis du docteur désespèrent de pouvoir jamais réhabiliter la mémoire du médecin : même après une décision de justice on ne peut plus nette, la désinformation continue comme si de rien n’était.

Et avec une charge émotionnelle très forte : la photo et le titre du livre ont été extrêment bien choisis pour annihiler tout recours à la raison.

La famille du Dr Guéniot ne peut malheureusement pas compter sur la Miviludes pour faire respecter le droit. En effet, loin de faire amende honorable et bien que présidé par un magistrat, cet organisme officiel chargé de la répression “antisecte” persévère dans son dénigrement, en donnant une interprétation très orientée de la décision de justice. Ainsi, « on constate combien il est utile de replacer cet arrêt de relaxe dans son contexte », écrit la Miviludes à la fin de son commentaire, sous-entendant que le comportement fautif du docteur Saint-Omer, médecin traitant de la malade, était directement lié aux idées de Gérard Guéniot.

Or la cour a clairement infirmé cette thèse. C’est d’ailleurs pourquoi elle n’a condamné que le médecin traitant (pour non-assistance à personne en danger), individualisant la peine en relation avec la responsabilité effective du praticien.

L’Adfi, association également “antisecte”, s’était portée partie civile aux deux procès contre le docteur Guéniot. Et elle fut chaque fois déboutée. Les magistrats n’ont pas vu trace de « dérive sectaire » dans le comportement de Gérard Guéniot.

L´hebdomadaire Marianne condamné pour diffamation

Par jugement en date du 21 octobre 2009, le tribunal de grande instance de Paris a condamné le directeur de la publication du magazine Marianne pour avoir publié un article intitulé « le procès d’un  gourou » contenant des diffamations à l’encontre de Gérard Guéniot qui avait été relaxé définitivement par la cour d’appel de Douai en février 2009.

Un roman

Son appartenance, à l´époque, au Mouvement du Graal, répertorié dans le fameux rapport parlementaire de 1995, avait suffi pour déclencher le lynchage médiatique. Elle n´a pas suffi, aux yeux des juges, pour condamner le médecin qui en outre n’avait vu la malade qu’une seule fois dans son cabinet.

Mais il faut aussi parler de la forme sous laquelle ce livre est écrit. La malade, victime d´une désinformation qui lui fit haïr un homme pourtant étranger à son traitement, avait fait promettre au journaliste de « continuer à parler de ces gens-là », de poursuivre son enquête, en son nom et « pour tous ceux qui pourraient tomber là-dedans ».

Pour ce faire, Antoine Guélaud est entré dans le personnage qu’il a voulu défendre, au point d’écrire toute l’histoire, les faits comme les dialogues entre les différents protagonistes du drame, en faisant parler Evelyne à la première personne.

Le procédé rend le livre poignant mais renforce une thèse qui a été invalidée par la justice au terme d´une enquête objective. C´est le livre d’un homme qui, désireux d´honorer la mémoire d´une réelle victime, nuit en fait à un innocent, à tout son entourage et à la vérité. De cette façon, il pourrait desservir la cause et la personne qu’il croit défendre.

>> Ils ne m´ont pas sauvé la vie, Antoine Guélaud, Editions du Toucan/TF1 Entreprises, 2009.

mais renforce la malhonnêteté d´une thèse qui a été invalidée par la justice au terme d´une enquête objective.

Livres : notre sélection du 4e trimestre 2009

Journalisme et vérité
L’éthique de l’information au défi du changement médiatique

Daniel Cornu
Labor et Fides

Rares sont les ouvrages de journalisme s’inquiétant d’épistémologie, c’est-à-dire se préoccupant des conditions à la fois psychologiques, philosophiques et sociologiques qui président à la production de l’information. Aussi faut-il remarquer l’ouvrage de Daniel Cornu qui nous livre ici une somme magistrale sur l’éthique de l’information (première version parue en 1994).

A lire absolument quand on prend l’information journalistique au sérieux, quand on croit que la qualité de l’information est une condition majeure de la qualité des relations entre les citoyens.

Dans ce livre, l’auteur est particulièrement critique d’un certain journalisme à la française qui, sous prétexte que la vérité absolue n’est pas accessible à la finitude humaine, n’exige plus de lui-même la rigueur pourtant indispensable à la production d’une information fiable et juste. Ancien rédacteur en chef de la Tribune de Genève, Daniel Cornu est aujourd’hui médiateur des publications suisses du groupe Edipresse.

Ma Vie en Israël
À la lumière des pins parasol

Martine Zohar
Éditions Persée

Enfin un livre « humain », c’est-à-dire sensible et sans parti pris, sur le Moyen-Orient et le conflit israélo-palestinien ! C’est un parfum de paix qui accompagne le lecteur tout au long des pages, même si l’auteure ne lui épargne pas la crudité des événements.

Lors de brefs séjours effectués dès 1972, la parisienne Martine Zohar s’est lentement familiarisée avec Israël et la langue avant d’y rejoindre son époux en 1987.

Elle témoigne de sa découverte et analyse son vécu en tant que nouvelle immigrante. Elle dresse une série de portraits où s’entrecroisent différents arrivants, religieux et laïques, Juifs et Arabes, athées ou anarchistes. Cette vie fut ponctuée d’épisodes de violences mais aussi d’éclats de rire, avec des artistes engagés qui poursuivent leur rêve – au moyen du théâtre et de l’art – d’une meilleure coexistence entre Israël et Palestine.

 Martine Zohar a exercé le métier d’assistante sociale à Paris. Directrice de centres de la médecine du travail, elle y anima des équipes de médecins. Également spécialiste de l’interprétation des rêves depuis sa jeunesse, elle a poursuivi des études approfondies en psychologie. Son mari Ouriel est directeur du Théâtre du Technion à Haïfa (Israël).

Heureusement, le contenu de l’ouvrage est plus touchant et plus riche que son titre…

L´Enigme du retour
Dany Laferrière
Grasset

A la suite de l´annonce du décès de son père, le narrateur décide de revenir en Haïti, son pays natal. Il en avait été exilé, comme son père des années avant lui, par le dictateur du moment. Et le voilà qui revient du Québec sur les traces de son passé, de ses origines. Un périple doux et grave, rêveur et plein de charme. Prix Médicis 2009. Extraits :

J’ai reçu il y a deux ans après le passage d’un violent cyclone en Haïti cette lettre d’un jeune étudiant qui m’enjoignait de faire savoir aux gens de bonne volonté qui pensent envoyer de la nourriture aux sinistrés qu’il serait souhaitable que chaque sac de riz soit accompagné d’une caisse de livres car, écrit-il, « nous ne mangeons pas pour vivre mais pour pouvoir lire ».

 Je suis à Repentigny, une petite ville de banlieue assez cossue. Des jeunes gens rêvent d’exposer un jour leur peinture dans une galerie d’art de Montréal. Je leur conseille alors de commencer par exposer dans leur salon. Ils sont étonnés de ne pas y avoir pensé avant. J’arrive d’un pays où on est habitué à faire avec ce qu’on a.

 Le jeune homme qui balaie
avec autant d’énergie la cour de l’hôtel
si différent du vieux d’hier matin
semble avoir la tête ailleurs.
Balayer, parce qu’elle permet de rêver,
est une activité subversive.

Ici on vit d’injustice et d’eau fraîche.

 Interdire le klaxon à Port-au-Prince serait de la censure.

 Ce n’est pas si facile que cela d’être au même endroit que son corps.

Médias : la faillite d’un contre-pouvoir
Philippe Merlant et Luc Chatel
Fayard

Les auteurs, deux journalistes, apportent leur contribution au débat sur la longue crise que connaissent médias. Ils montrent que leurs confrères n’ont pas encore fait leur révolution copernicienne : ils continuent, naïvement pourrait-on dire, de privilégier la retranscription des événements en négligeant l’analyse des processus qui les sous-tendent. Ce faisant, ils cèdent nécessairement à leur subjectivité, à leur propre vision du monde, au détriment d’une construction plus juste des faits (même si l’objectivité absolue est hors d’atteinte) qui laisserait le lecteur plus à même de se faire sa propre idée des choses.

Les auteurs nous offrent également une grille de lecture du fonctionnement des médias. Ceux-ci seraient en quelque sorte des entreprises normatives qui élimineraient de leur sein tous les surnuméraires et minorités pouvant constituer une menace pour le confort majoritaire. Les médias sont ainsi traversés de « frontières intérieures » excluantes. Par exemple, l’activité journalistique sépare les producteurs de l’information et le public, une frontière rendue  heureusement moins hermétique grâce à Internet. Autre fossé, celui entre les journalistes permanents et les occasionnels, ces derniers devenant peu à peu des experts mais extérieurs aux rédactions, qui dès lors s’appauvrissent ; fossé également entre les classes moyennes et les milieux populaires, les plus nombreux, qui ne se retrouvent plus dans les représentations véhiculées par les médias, etc.

Le livre conclut en proposant trois ingrédients pour une information plus « citoyenne » : « cultiver l’esprit critique, inciter à l’action et construire le débat public ». Un programme qu’Ouvertures a d’ores et déjà fait sien.

Le Grand Ménage
Raffa
Soliflor

 « Mes recettes pour une maison propre naturellement », tel est le sous-titre de cet opuscule joliment illustré. Il propose à chacun de composer, facilement, ses propres produits d’entretien, que ce soit pour la cuisine, la vaisselle, la lessive, la salle de bains ou les toilettes.

Raffa, jeune biologiste française installée à Bruxelles, présente et commente les ingrédients indispensables à cette élaboration (vinaigre d’alcool, bicarbonate et cristaux de soude, huiles essentielles). On peut ainsi acquérir des connaissances basiques permettant de se passer des composés chimiques diffusés avec force tapage publicitaire.

C’est une bonne idée, tant pour la planète que pour notre portefeuille.

Le site de l´auteure.

Médecines et alimentation du futur
Nathalie Calmé, Collectif, Philippe Desbrosses
Le courrier du Livre – Ecologie

 Dominique Belpomme, Patrice van Eersel, Martine Grimaldi, Thierry Janssen, Lylian Le Goff, Jean- Marie Pelt, Gilles-Eric Séralini, Coline Serreau, David Servan-Schreiber, Sylvie Simon et quelques autres sont les auteurs de ce livre-programme. Programme pour la mise en oeuvre du triptyque alimentation/santé/environnement, qui devrait être le grand paradigme du siècle qui commence.

Animées par Philippe Desbrosses, les Rencontres de Millançay se consacrent à promouvoir l’écologie. L’édition 2008 de ces rencontres a porté sur l’importance du lien médecine/environnement. Du scandale de l’amiante à celui des OGM, de la maladie de la vache folle au cancer, c’est toute la santé publique qui est malmenée par la crise écologique.

Ce livre fait le point et offrir des solutions. Si la première partie aborde les causes des maladies et les solutions de retour à la santé, la seconde, elle, met l’accent sur la dimension civilisationnelle des crises sanitaires et écologiques. Les auteurs ouvrent des pistes de réflexions et d’actions. Ainsi, sont présentés le jeûne, l’alimentation biologique, l’hygiène personnelle, les pratiques médicales « alternatives », les multiples dépollutions…

La Stévia
Le sucre vertueux

Ayméric Lazarin et François Couplan
Sang de la Terre

 Il existe plus de 150 espèces de Stevia dont certaines sont réputées pour leur pouvoir édulcorant. L’origine de la plante se trouve en Amérique du Sud où les Indiens Guarani l’utilisaient pour adoucir leurs infusions. Les extraits de la feuille ayant un pouvoir sucrant très supérieur à notre sucre, cette plante a attiré l’attention des chercheurs. Elle peut être un substitut compatible avec les régimes pour diabétiques et les régimes hypoglycémiques. Cependant, des controverses politiques et médicales ont limité sa disponibilité dans de nombreux pays, l’Union européenne reste réticente quant à l’utilisation de la stévia comme édulcorant. Il semblerait que cette réaction des pays “riches” soit liée au puissant lobby des industries sucrières et des producteurs d´aspartame ou de saccharine.

 

 

777 – La Chute du Vatican et de Wall Street selon saint Jean
Pierre Jovanovic
Le Jardin des Livres

 De l’imagination, une bonne connaissance des textes bibliques et de la religion, et la passion des chiffres, voilà le cocktail qui anime ce spécialiste des « anges gardiens ». Il tente de démontrer que le texte de saint Jean (l´Apocalypse) annonce en réalité la chute du Vatican ainsi qu´une période de confusion totale due à une… banqueroute universelle.

Tout commence le 29 septembre 2008, jour où l´index du Dow Jones s´effondre de 777,7 points déclenchant aussitôt une crise économique mondiale. Pierre Jovanovic rapproche le 777 de Wall Street du 777 donné par l´Ange dans l’évangile de l’apôtre. Il en profite pour éclairer au passage le fameux 666 d’un jour nouveau. L´ensemble recoupe la Liste des papes de saint Malachie ainsi que les prophéties de la Vierge de la Salette.

L’hypothèse surfe sur le goût actuel pour l´ésotérisme et la numérologie. Mais on n´est pas obligé de donner crédit à sa jonglerie de chiffres : quiconque prédit aujourd’hui des turbulences à l’échelle du globe a bien des chances d’être dans le vrai, quelle que soit sa grille de lecture…

Quand l’information nuit à votre santé !

L’information “différente” dans le domaine de la santé est considérée par les autorités comme « contraire à l’ordre public ». Elle ne mérite donc pas l’aide à la presse que reçoivent les journaux. Une forme de soft censure (soft parce qu’indirecte) pratiquée en France au détriment du pluralisme démocratique.

Le numéro qui a provoqué le retrait de n° de commission paritaire.

Stupeur à la rédaction du magazine Grandir Autrement : la Cppap (commission paritaire de presse) vient de lui supprimer son agrément pour “non conformité aux préconisations thérapeutiques en vigueur”, telles que définies par la Direction générale de la santé ! Cette décision constitue une forme de censure. En effet, supprimer l’agrément Cppap revient à faire disparaître un journal de taille modeste car il ne peut plus bénéficier des mêmes aides publiques[1] que celles reçues par ses concurrents.

Après Nexus, Info traitements et Pratiques de santé, c’est encore un magazine indépendant des lobbies financiers et pharmaceutiques qui est ainsi visé.

Quel est le danger de Grandir Autrement ?

Ce bimestriel (7 000 exemplaires) s’adresse aux parents. Il se dit « porteur d´un message de parentage proche des rythmes et besoins du tout petit, ainsi que d´éducation respectueuse et sans violence des enfants. Grandir Autrement est conscient de l’importance de sauvegarder notre environnement pour l´avenir de nos enfants et des générations futures. Il cherche avant tout à apporter des informations objectives étayées dans la mesure du possible par des données scientifiques. Les annonceurs qui participent à la vie du magazine sont rigoureusement sélectionnés, afin de conserver une véritable liberté d’expression et un regard critique ».

Ce magazine se dit par ailleurs destiné aux « parents qui recherchent des alternatives à ce qui est présenté dans la presse traditionnelle ».

Voilà qui semble bien sympathique. Que lui reproche alors la Cppap ? : « En ce qui concerne Grandir Autrement, au vu des pièces versées au dossier, notamment le numéro 13 de septembre 2008, la commission s’appuyant par ailleurs sur les conclusions de la direction générale de la santé qu’elle a préalablement saisie pour avis, a constaté que cette publication contenait certaines informations et prétentions médicales qui ne paraissent pas conformes aux préconisations thérapeutiques en vigueur et aux règles de déontologie médicale. Sur la base de ce constat, la Commission a considéré que la publication était dépourvue du caractère d’intérêt général quant à la diffusion de la pensée exigé par les textes. »

Les motivations de la Cppap

Nous avons demandé à la Cppap ce qui avait motivé précisément sa décision. Voici la réponse que nous a présentée Fabrice de Battista, son secrétaire général : « L´élément déterminant, qui est concordant avec l´avis de la Direction générale de la santé, est l´article intitulé “Autres méthodes naturelles de régulation des naissances” qui figure à la page 37 du numéro 13 de septembre-octobre 2008. Les méthodes présentées dans cet article apparaissent en effet n´avoir fait l´objet d´aucune validation scientifique démontrant leur innocuité et leur efficacité éventuelle. Elles ne correspondent pas, en tout état de cause, à des prescriptions susceptibles d´être faites dans le cadre médical selon les règles de déontologie en vigueur.
La Commission a relevé par ailleurs, au sein de ce même article, la mention d´un lien vers une page Internet présentant des recettes abortives manifestement non conformes aux dispositions du Code de la santé publique relatives à l´interruption volontaire de grossesse.
La Commission a considéré que ces seuls éléments suffisaient à disqualifier la publication dans son ensemble et à la priver du caractère d´intérêt général exigé pour l´accès aux aides publiques réservées à la presse écrite ».

Vérité sanitaire

Ce constat pose une question capitale. Une commission composée uniquement de représentants des pouvoirs politique et économique (patrons de presse) est-elle justifiée, en démocratie, à dire ce qui est ou non de l’intérêt général en matière de santé ? Si oui, comme c’est le cas en France, toute information sur les thérapies alternatives ou complémentaires peut subir son couperet. Il y a une vérité sanitaire à respecter. C´est le triomphe du dogme. Le reste est hérésie, danger pour les citoyens et ne mérite pas de participer au débat public. Et seuls les scientifiques et les pouvoirs publics peuvent dire le vrai dans le domaine de la santé.

La Cppap est une instance paritaire. Elle est composée de représentants de l’ordre public et des administrations concernées par les aides, d’une part, et des patrons de presse, d’autre part. Cela veut dire que les éditeurs participent officiellement à la définition de ce qui est licite ou non en termes d’infirmation sanitaire. Ils sont juges et parties. Souvent financés par l’industrie pharmaceutique par le biais des annonces publicitaires, ces éditeurs peuvent condamner à la mort des publications indépendantes qui « présentent des alternatives » à leurs propres informations, comme Grandir Autrement.

En outre, la Cppap a toujours refusé de s’ouvrir à d’autres partenaires, par exemple les journalistes ou des représentants du public. Le bon usage de la liberté de la presse ne peut être laissé à une instance composée uniquement à des représentants des pouvoirs (politique et économique).

À l’heure où les liens entre santé et intérêts financiers ont montré les risques d’une confiance aveugle envers les autorités, il est regrettable que la presse dans son ensemble se désintéresse de cet abus de pouvoir.

 >> Cppap : le site ; sur wikipedia.


[1] Tarifs postaux préférentiels et une TVA réduite à 2,1% sur les recettes de vente au numéro et des abonnements.