Vaccinations : Une pétition pour une clause de conscience

L’Association liberté information santé (Alis) lance une pétition pour l’introduction, dans le Code de santé publique, d’une clause de conscience permettant de refuser toute vaccination.

Jean-Paul Pellet, l´auteur de la carte-pétition d´Alis.
Photo : JL ML.

Après les déboires de la campagne officielle de vaccination contre la grippe A, l’association Alis mène la sienne pour l’instauration d’une clause de conscience permettant à tout citoyen qui le désire de refuser toute vaccination.

Pour cela, elle a édité une carte-pétition à remplir avant d’être adressée à la ministre de la santé ainsi qu’un argumentaire complet.

L’association réclame une évolution de la législation dans les termes retenus par l’ex-députée Christine Boutin dans sa proposition de loi enregistrée le 18 octobre 2000 ainsi que celle enregistrée le 30 janvier 2003, toutes deux à la présidence de l’Assemblée Nationale, à savoir :

« Toute personne qui, pour des motifs personnels et après avoir pris l’avis de son médecin, refuse d’être vaccinée ne pourra y être contrainte. Les parents et les tuteurs d’enfants mineurs peuvent choisir pour leur enfant dont ils ont la charge de ne pas le faire vacciner. La personne doit alors signer une décharge indiquant qu’elle assume, pour elle-même ou pour son enfant, la pleine responsabilité de cette déclaration dont les conséquences, quant aux risques courus, ont été préalablement exposées par son médecin.

Cette décision ne devra entraîner aucune pénalisation dans l’exercice de la profession ou d’entrave à l’inscription dans un établissement scolaire ou d’éducation ».

 « Chantage à l’admission à la crèche »

 Alis demande également que, « à terme, les lois d’obligation vaccinale soient abolies à l’instar des autres pays d’Europe qui ont compris que l’obligation dans ce domaine était un principe incompatible avec l’exercice de la démocratie ».

L’auteur du projet de carte-pétition, Jean-Paul Pellet, fonctionnaire territorial, est délégué d’Alis pour les questions juridiques. Pour lui, mieux vaut demander cette clause de conscience que la suppression des obligations légales. En effet, la liberté qui en résulterait  peut facilement être court-circuitée par « un système de contrainte élaboré à l’échelon ministériel, basé sur le chantage à l’admission en crèche, à l’école maternelle, à l’école primaire, etc. C’est exactement ce qui se passe en Espagne, par exemple. Officiellement, c’est la liberté. Dans les faits, c’est la contrainte. Un document médical dit à peu près ceci : il faut que tout le monde y passe… Une clause de conscience serait une réelle garantie pour les non-vaccinants. En outre, elle est plus facile à plaider : la clause peut être présentée comme un assouplissement de l’obligation ; on ne pourra pas taxer les responsables politiques d’irresponsabilité ; elle éviterait autant de procès suite à des accidents vaccinaux ».

>> Si cette mesure était adoptée, le gouvernement, qui contribue à répandre l´idée que les réfractaires vaccinaux viennent des sectes, verra son oeuvre de fichage grandement facilitée. C´est un risque à bien mesurer…

Un prix pour des travaux qui bousculent nos conceptions du monde

Les travaux du physicien Alain Aspect ont confirmé les étranges prédictions de la mécanique quantique. Ils sont récompensés par un prix prestigieux.


Alain Aspect.
CNRS Photothèque/ Jerôme Chatin.

Le prix Wolf 2010 vient de récompenser, début février, le physicien français Alain Aspect pour ses travaux en physique quantique, et particulièrement ses expériences sur le phénomène troublant de « l’intrication ». Einstein lui-même s’était cassé les dents sur cette question qui remet sérieusement en cause nos schémas habituels de pensée.

Le physicien français Alain Aspect a reçu cette distinction conjointement avec ses homologues autrichien Anton Zeilinger et américain John Clauser. Le prix Wolf, « considéré comme l´un des plus prestigieux dans la communauté scientifique », leur a été attribué pour leurs travaux en physique quantique, précise le Centre national de la recherche scientifique (Cnrs).

« Parmi ses nombreuses contributions aux domaines de l´optique quantique et de l´optique atomique, explique le Cnrs, ce sont les expériences fondamentales réalisées par son équipe en 1982 à l´Institut d´optique qui sont récompensées par le prix Wolf. Elles ont confirmé le caractère révolutionnaire de l´intrication quantique, dont Einstein avait eu l´intuition, et dont la mise en évidence expérimentale a été rendue possible par les travaux théoriques de John Bell. »

Derrière ce jargon ésotérique, se pose une question majeure qu’Ouvertures se devait d’explorer. Le Cnrs ne fait que la survoler quand il note dans son communiqué à la presse : « Alain Aspect s´est intéressé tout au long de sa carrière à des situations dans lesquelles les prédictions de la mécanique quantique sont très éloignées de l´intuition ».

Wikipédia n’est guère plus clair quand il détaille : « L´expérience d´Aspect est, historiquement, la première expérience qui a réfuté de manière satisfaisante les inégalités de Bell dans le cadre de la physique quantique, validant ainsi le phénomène d´intrication quantique, et apportant une réponse expérimentale au paradoxe EPR, proposé une cinquantaine d´années plus tôt par Albert Einstein, Boris Podolsky et Nathan Rosen.

Une dualité d´états

« Les expériences d´Aspect ont confirmé sans ambiguïté la violation des inégalités de Bell comme le prévoyait l´interprétation de Copenhague de la mécanique quantique, infirmant par là même la vision réaliste locale d´Einstein de la mécanique quantique et les scénarios à variables cachées locales. Non seulement la violation était confirmée mais de plus, elle était confirmée exactement de la manière prédite par la mécanique quantique. […] On doit donc admettre la non-localité de la physique quantique et la réalité de l´état d´intrication. ».

L’expérience d’Alain Aspect valide tout simplement une affirmation étonnante de la mécanique quantique. Cette théorie physique, élaborée au début du siècle passé, a bousculé les conceptions classiques. Elle dit par exemple qu’il n’y a pas d’un côté les particules, corpuscules de matière, et de l’autre côté les ondes, comme la lumière. Un électron est à la fois les deux ! Nous n’avons toujours pas, encore aujourd’hui, d’image claire pour nous représenter cette dualité d’états.

Einstein lui-même avait pointé un autre paradoxe de cette conception révolutionnaire du monde physique. Si cette théorie est vraie, disait-il, dans certaines situations, deux atomes qui ont été en relation et qui se trouvent désormais éloignés l’un de l’autre, quelle que soit la distance qui les sépare, restent corrélés l’un à l’autre : ils se comportent comme un tout indissociable. Avec des conséquence tout aussi difficiles à admettre l´une que l´autre : soit la remise en cause de la notion de séparation des objets, soit la reconnaissance d´une communication instantanée à distance en contradiction avec la théorie de la relativité qui définit une vitesse maximum indépassable (égale à la vitesse de la lumière).

Des paramètres cachés ?

Pour sauver sa vision « classique » du monde, Einstein (avec ses collaborateurs Podolsky et Rosen, d’où le nom de « paradoxe EPR ») pensait que des « paramètres cachés » pouvaient seuls expliquer cette étrangeté. Pour lui, la mécanique quantique était insuffisante.

L´inégalité formulée par Bell en 1964 devait permettre de trancher entre les deux théories. Que cette inégalité soit violée dans certaines conditions expérimentales et cela remettait en cause la physique classique, selon laquelle elle doit toujours être vérifiée.

Alain Aspect ayant montré que l´inégalité de Bell était violée dans son montage expérimental, il faut donc se résigner : deux photons « intriqués » constituent bel et bien un tout inséparable. Ce qui implique que, sous un certain angle, la nature n’est pas objective ou, ce qui revient pratiquement au même, qu’une interaction instantanée peut s´effectuer entre eux deux, même s´ils sont très éloignés.

Deux conceptions du monde

En fait, ce qui est en jeu derrière ces formulations, c’est ni plus ni moins qu’une lutte homérique entre deux interprétations du monde :

– L’une croit dans le déterminisme et l’objectivité du monde : le monde existe en soi et indépendamment de nous qui l’observons. En l’analysant de façon suffisamment fine, on peut en déduire des lois qui nous permettent de prédire avec certitude les événements futurs (grâce notamment au principe de cause à effet). C’est en gros ce que prônent à la fois la démarche scientifique d’origine occidentale et le sens commun.

– L’autre pense que la réalité est aléatoire, qu’elle nous échappera au fond toujours, que notre observation perturbe forcément l’objet observé et ne peut donc pas être neutre, que tout est lié. Dans ce système de pensée, les notions de cause à effet ou de temps et d’espace valsent allègrement.

Cette démarche, qui découle du formalisme rigoureux de la mécanique quantique, n’est pas évidente et heurte le sens commun. Elle a pourtant supplanté l´autre vision du monde. Il lui reste à proposer des représentations compréhensibles et, surtout, à conquérir le grand public. Ce qui est loin d´être acquis…

>> Vidéo de la conférence « Les tests et effets de la physique quantique » donnée par Alain Aspect en 2000 dans le cadre de l’Université de tous les savoirs. Le texte de ses propos est téléchargeable sur le site.

J-M Governatori défend les médecines douces

Jean-Marc Governatori, président de la France en action et membre co-fondateur de l´Alliance écologiste indépendante, explique pourquoi il a aidé au lancement de l´Alliance pour la santé, un réseau national de praticiens des médecines non-conventionnelles.

Prônant la  complémentarité de ces approches avec la médecine académique, J-M Governatori plaide pour qu´un véritable statut leur soit accordé. Selon lui, des milliers de morts pourraient être évitées si l´on voulait bien passer d´une insuffisante gestion de la maladie à une authentique politique de la santé et de la prévention.

Oeuvrant à la mise en place de cent comités départementaux en France, un par département, l´Alliance pour la santé veut constituer un “groupe citoyen puissant” face aux pouvoirs publics, à l´image, par exemple, du réseau Sortir du nucléaire.

Dans cet interview réalisée par Ouvertures, Jean-Marc Governatori se livre également pour éclairer les motivations et les valeurs qui le conduisent à engager sa fortune personnelle dans ses initiatives politiques et citoyennes.

Dialogue tronqué : la condamnation de Delarue et France2 peut faire jurisprudence

Le jugement du 21 septembre 2009 (TGI Paris, 17e Chambre) qui a condamné le producteur/animateur Jean-Luc Delarue et France 2 après la plainte du psychothérapeute belge  Labrique constitue une avancée juridique importante (voir article précédent). Il permet à un plaignant qui a participé à une émission de télévision de faire condamner un animateur qui, au montage, a dénaturé ses propos. Et ce, sans passer par la loi sur la presse mais en alléguant une faute civile. Ouvertures s’est procuré le jugement et l’a analysé.

Baudouin Labrique lors de l´émission de Jean-Luc Delarue.

M. Labrique a emporté une importante victoire concernant le nécessaire respect par les animateurs de télévision, lors du montage final, des propos tenus par les participants à leurs émissions. C’est une avancée qui peut favoriser à l’avenir une meilleure application de la déontologie journalistique.

Le tribunal a condamné la société France Télévisions, d´une part, et Jean-Luc Delarue et la société Réservoir Prod, d´autre part, à payer chacun un euro à Baudouin Labrique, « à titre de dommages et intérêts en réparation des conséquences dommageables de la faute résultant de la suppression au montage » d’une phrase importante pour une bonne compréhension du débat.

Il a également rejeté la demande, engagée par la défense, de « requalification en diffamation [donc sur le fondement de la loi sur la liberté de la presse] de l´action indemnitaire ». Ce point est crucial car il valide la plainte déposée par M. Labrique, ce qui n’aurait pas été le cas si elle avait été déposée « en application des dispositions de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ». Dans ce cas, en effet, elle aurait pu être annulée tout simplement en raison du délai de prescription de trois mois qui couvre les délits en matière de presse.

Une faute « sans rapport avec une infraction de presse »

En principe, « la liberté d´expression étant un droit constitutionnellement et  conventionnellement garanti, les abus de la dite liberté visant les personnes ne peuvent être réparés que sur le fondement des lois expressément prises pour les réprimer, et spécialement de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ». Si donc une action en justice relève de cette loi, elle ne peut être engagée « sur le fondement de la responsabilité délictuelle (…) de droit commun ». Sauf si on peut se référer à l’article 1382 du code civil[1] en raison d’une faute « sans rapport avec une infraction de presse ».

En l’occurrence, les juges ont estimé qu’on ne pouvait pas exclure une action fondée sur cet article fameux « notamment au cas où il serait procédé, lors de la retranscription écrite de paroles publiquement prononcées par une personne ou à l´occasion du montage de l´enregistrement qui en a été réalisé, à la dénaturation patente du sens de ces propos, voire en cas d´atteinte publique et manifeste à la dignité d´une personne s´exprimant dans le cadre d´une émission télévisée ou radiodiffusée ».

Bandeau du Forum de l´émission aujourd´hui supprimée.

En quoi donc consistait la phrase tronquée ? Pour comprendre les enjeux, il faut savoir que M. Labrique pensait pouvoir expliquer aux téléspectateurs, en accord avec la collaboratrice de M. Delarue avec qui il avait préparé son intervention à l’émission, en quoi sa « guérison spectaculaire de plusieurs maladies réputées incurables » l’avait conduit à se « former en psychothérapie, pour ensuite exercer ce métier ».

Une « dénaturation fautive » des propos de M. Labrique

Il a pu prouver devant le tribunal, grâce à un petit dictaphone digital ouvert en cours d´émission, « la réalité d´une coupure effectuée au montage d´une partie d´un échange entre lui-même et Jean-Luc Delarue sur la guérison d´une malade atteinte de la maladie de Parkinson ». Juste avant, sur le plateau, « venait d’être évoqué le fait que Baudoin Labrique, qui n´est pas médecin, aurait réussi à guérir des patients d´affections somatiques à la suite d´échanges verbaux à caractère psychothérapeutique permettant “l´expression des ressentis” des malades “par rapport à un événement à partir duquel” ils ont contracté leur maladie ».

Le dialogue litigieux était le suivant, la partie soulignée n´ayant pas été conservée au montage :

« JLD : C’est-à-dire par exemple que cette dame qui avait Parkinson, elle a été guérie ?

BL : Elle s’est guérie…

JLD : Elle s’est …

BL : Certificat médical à l’appui.

JLD : De la maladie de Parkinson ?

BL : Puisque dans le dernier certificat le médecin a mis : “l’hypothétique Parkinson”…

JLD : Ah, peut-être qu’elle l’avait pas Parkinson, alors-là, c’est encore une autre histoire.

BL : Ah non, non, mais justement le problème…

JLD : Je vais demander à Sylvie quel est son avis. Catherine, excusez-moi.

BL : …c’est qu’elle a eu un certificat médical au départ qui stipulait bien qu’elle était parkinsonienne. »

Les juges ont reconnu que « la suppression au montage de cette dernière phrase (…) était susceptible de modifier la compréhension du téléspectateur : cette « dénaturation fautive du sens général de l´échange litigieux, [est] de nature à causer un préjudice au demandeur qui a pu, de ce fait, être perçu par les téléspectateurs comme une personne exagérant ses propres mérites ».

D’où la condamnation de Jean-Luc Delarue, de sa société de production et de la chaîne qui a diffusé ce « dialogue tronqué » à un euro de dommages et intérêts.

En revanche, ils n’ont pas retenu « l´interdiction globale de rediffusion de l´ensemble de l´émission (…) [qui] constituerait une atteinte disproportionnée à la liberté d´expression de l´ensemble des personnes s´étant exprimées dans ce cadre, qui serait dénuée de toute nécessité dans une société démocratique ».

Pas de « manœuvres dolosives » de la part de M. Delarue

De même, ils n’ont pas suivi M. Labrique qui demandait « l’annulation de l´autorisation de tournage et de diffusion » qu’il avait accordée avant l’émission. Le psychothérapeute reprochait à M. Delarue de l’avoir trompé en employant des « manœuvres dolosives », en l’occurrence, en lui promettant le direct pour l’émission alors que celle-ci fut le résultat d’un montage et diffusée en différé. Ce changement, selon les juges, pouvait être « lié à d´autres raisons qu´une volonté de tromper les personnes invitées ».

C’est à tort également que M. Labrique soutenait « qu´il aurait été trompé sur le thème de l´émission ». Il est vrai qu’au départ, le thème annoncé était « les nouvelles communautés religieuses ». Au final, il s’est transformé en “Nouvelles sectes, nouveaux gourous : Sommes-nous tous manipulables ?” Mais les juges, au vu des mails échangés par Réservoir Prod et M. Labrique, ont conclu que ce dernier « avait été exactement informé à ce sujet ».

Enfin, M. Labrique a été débouté de sa demande en réparation d’une seconde « dénaturation de ses propos ». Au cours de l´émission, Jean-Luc Delarue demande à M. Labrique s´il a suivi les formations dispensées par un certain docteur Sabbah.

Baudouin Labrique répond :

“J´ai suivi ses formations pas directement mais de la part de deux de ses élèves euh… il y a une quinzaine d´années à Paris”,

À la suite d´une coupure partielle effectuée au montage, il n´avait été diffusé que cette partie de la réponse :

“J´ai suivi ses formations  euh… il y a une quinzaine d’années à Paris.”  

« Chacun comprend, ont estimé les magistrats, que ce sont bien les enseignements du maître dont il a bénéficié, peu important qu´il les ait reçus directement de sa bouche, ou répétés par deux de ses élèves ». Donc, pas de dénaturation fautive des propos du psychothérapeute belge qui craignait, en conséquence de la présentation qui a été faite de ses paroles, la production d’un « effet d’amalgame » entre lui et ce médecin controversé.

La satisfaction partielle du plaignant

Ce qui nous semble intéressant de retenir, tant pour les journalistes que les avocats et le public, c’est que, en formulant ses griefs, M. Labrique a fait référence à l´article 43-11 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication ainsi qu’au cahier des missions et charges de la société France 2 et à la charte de l´antenne de la société France Télévisions.

En reprochant à l’animateur « des propos censurés ou déformés, une atteinte à sa dignité, une violation des principes d´honnêteté et d´objectivité de l´information, une désinformation des téléspectateurs, bref, en se plaignant d´un dommage causé par une faute civile, il n’a caractérisé, « contrairement à ce qui est soutenu en défense, aucune infraction de presse » (loi de 1881). C’est ce qui a permis à sa plainte d’aboutir, même s’il n’a obtenu que partiellement satisfaction, sur la dénaturation avérée et dommageable d’une partie de ses propos.


[1] Tout fait quelconque de l´homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer.

Afrique : ils et elles créent des richesses en ouvrant les esprits (II)

Harubuntu vient du Kirundi et signifie « A cet endroit, il y a de la valeur ». Décerné par l’ONG belge Echos Communication*, ce prix fait connaître au public des personnes résidant sur le Continent noir qui y prennent des initiatives pour le développement local. L´ONG est partenaire de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLUA), qui a organisé le sommet «Africités 5» en décembre 2009 à Marrakech au Maroc. Les prix ont été remis aux différents lauréats du concours lors de ce sommet. Portraits croisés.

Porteurs d’espoir et créateurs de richesses africains, ils témoignent du potentiel de l’Afrique. En osant exprimer ce qu’ils ont d’unique, ils contribuent à faire évoluer le regard de tous, et particulièrement celui des Occidentaux, sur “l’excellence” africaine.

 « Travailler sur les croyances et les blocages humains »

• Prix Autorité locale. Mostafa Maataoui (Maroc). Grâce à Mostafa Maataoui, maire de Sidi Bouhmedi, ce territoire communal de 4 600 habitants est devenu un laboratoire de recherche scientifique expérimentale. Face aux aléas climatiques, des alternative durables sont mises en place pour permettre aux habitants de s’adapter aux défis socio-économiques de notre temps.

« Derrière tout projet, explique Mostafa, il y a un individu, une psychologie. On a beau faire des plans de développement, si on ne travaille pas sur les croyances, sur les blocages humains, cela ne fonctionne pas. » Pour mettre sa réflexion en pratique, le maire de Sidi Boumehdi, réélu pour la troisième fois en juin dernier, a signé une convention avec Echos Communication pour mener une expérience originale de coaching territorial auprès des acteurs locaux. Objectifs : mobiliser les habitants pour qu’ils prennent en main leur propre développement.

Pour lui, l’avenir est du côté de l’élevage ovin, la culture de plantes aromatiques, la production d’huile de figues de Barbarie, les productions vivrières, l’arboriculture ou encore le tourisme vert. « Nous devons privilégier une orientation écologique, respectueuse de la diversité, et remettre au goût du jour d’anciens savoirs traditionnels ».

Mostafa Maataoui est à l’origine des premiers partenariats pour un projet de développement intégré avec le Centre de recherche agronomique de Settat. De nouvelles semences plus résistantes sont introduites. Parallèlement, des cours d’alphabétisation sont proposés. La dynamique est lancée, axée sur la coopération internationale et la décentralisation.

En 17 ans, les choses ont bien changé. Le village est presque totalement électrifié. L’eau potable arrive petit à petit dans les maisons. Des routes ont été construites. Le budget du village a été multiplié par quatre pour atteindre 2 millions de dirhams (environ 175 000 €).

Un  riche fermier qui aide sa communauté

• Prix Entreprenariat. Serge Vyisinubusa (Burundi). Depuis février 2009, le village de Manyoni, au sud du Burundi, bénéficie d’une centrale hydroélectrique qui fournit gratuitement de l’électricité à tous les villageois. Un ouvrage simple et original, construit avec des pierres et des madriers. Un système de captage dévie un ruisseau et le prolonge par un canal long de 219 m fait de vieux fûts. Au point de chute, un tuyau jette l’eau sur une turbine qui active un alternateur qui à son tour produit un courant de 10 kW acheminé jusqu’au village par une ligne électrique d’1 km.

Lauréat d’une école de commerce et de gestion des coopératives en 1979, Serge Vyisinubusa est aujourd’hui à la tête d’une entreprise agropastorale qui compte 161 employés. Modeste, courtois, franc et d’un abord simple, l’homme se dit au service de sa communauté.

Sa notoriété lui a permis de créer l’association pour le développement intégré (ADI), une sorte de banque rurale qui gère et distribue sans intérêt des crédits semences. « En s’inscrivant, chacun précise la quantité dont il a besoin. Par exemple, un paysan qui emprunte 5 kg de haricots remboursera autant en nature, après la récolte. Nous ne faisons pas de bénéfice, car il s’agit d’un fond destiné à aider ceux qui ne disposent pas de ressources» explique t-il.

Dans le même esprit, il a initié en 2002 un autre système de crédit destinés aux agriculteurs, dont le crédit fumier qui consiste à prêter un à quatre bœufs à ceux qui le désirent, selon leur capacité à accéder au pâturage. Dans le secteur de l’éducation, Serge Vyisinubusa s’est porté volontaire pour garantir un crédit en faveur des élèves dont les familles sont pauvres. Il offre également, pendant les vacances, des jobs à la ferme aux élèves du secondaire. Payés 1 $ par jour pour un mois de travail, ces élèves ont contribué l’été dernier à la réhabilitation de la route Matana-Manyoni, longue de 20 km.

 U. G., 14 ans : « Je n’ai plus peur de dire non à mes parents quand ils sont contre la morale ! »

 • Prix Société civile. –  Jacqueline Uwimana (Rwanda). « Aujourd’hui je n’ai plus peur de dire non à mes parents quand ils veulent m’inculquer des idéologies négatives ou lorsqu’ils me donnent des ordres contraires à la morale. Voilà pourquoi j’ai refusé d’empoisonner un ami, comme le voulait ma mère, sous prétexte que son oncle serait responsable de la mort de membres de notre famille lors du génocide de 1994 », témoigne U.G., 14 ans, de Muhanga, au sud du Rwanda, qui estime que l’histoire de ses parents n’est pas la sienne.

Ce changement d’attitude est le résultat du “sentier de la paix”. Un projet dont l’objectif est d’aider les jeunes à défendre leurs idées et convictions et qui est mis en place par Umuseke, une association sans but lucratif. Créée en janvier 2000, celle-ci apporte aux jeunes une nouvelle façon de penser et de faire face aux sources de conflits. Elle leur permet de prendre leurs responsabilités et de s’engager à contribuer au bien vivre ensemble.

Pour Jacqueline Uwimana, la fondatrice et coordinatrice d’Umuseke, « l’adulte, l’autorité administrative, les parents, l’enseignant, les religieux… n’ont pas le monopole de la vérité et n’ont pas toujours raison ».

Dès sa création, Umuseke a mis à la disposition des écoles et des centres de jeunes du matériel pédagogique sur trois thèmes : paix, droits et citoyenneté. Des expositions itinérantes se tiennent dans les écoles de Kigali ainsi que dans les différentes provinces. Enseignants, encadreurs du sentier de la paix et élèves se retrouvent au cours d’activités parascolaires, pour échanger sur le guide pédagogique réalisé par Umuseke.

En juin 2009, près de 40 000 élèves de 10 à 20 ans et 1150 enseignants du Rwanda et de l’est de la RD Congo ont ainsi été formés et sont devenus à leur tour des acteurs de changement au sein de leurs communautés. De plus, des clubs d’échanges entre jeunes de la région des Grands Lacs se sont constitués et ceux-ci deviennent des leaders d’opinion dans leurs villages.

S’affranchir de la médiocrité pour devenir responsables

• Coup de cœur.Mireille Rolande Critié (Côte d’Ivoire). « Il faut d’abord que les Africains arrivent à s’affranchir de certaines réalités néfastes telles les guerres, les contestations d’élections, la médiocrité des systèmes scolaires pour devenir des hommes responsables, soucieux du devenir de l’Afrique, capables d’assumer leur histoire passée et prêts à relever le défi de l’avenir », affirme Mireille Rolande Critié-Thobouet, responsable du Presci (Projet d’éducation scolaire à la citoyenneté et à la paix) au Centre de recherche et d’action pour la paix (Cerap). « Lorsqu’on aura franchi cette étape du développement humain et social, nous entamerons avec aisance le développement économique », ajoute-t-elle.

Arrivée au Cerap en 2007, cette jeune dame, diplômée en droits de l’homme et en gestion des conflits, prend la responsabilité du Presci qui avait vu le jour à un moment où le pays traversait une crise sociale et militaro-politique. Après l’échec de l’ECM (Éducation civique et morale), ce projet ambitionne le changement de mentalité des élèves par une éducation à la responsabilité citoyenne, à la culture de la paix et aux valeurs morales.

Pour atteindre les objectifs du Presci, financé par le Secours catholique/Caritas France, des villages dits de la paix ont été créés dans 37 écoles de 8 villes. Ils sont animés par les élèves, sous la supervision de professeurs ou d’éducateurs ayant bénéficié de  divers modules de formation.

Le projet de Mireille s’exporte déjà, grâce aux formations que dispense le Cerap aux enseignants du Celaf, Centre lasallien africain, à Abidjan. Un guide pédagogique pratique devrait bientôt paraître.

L’engagement d’un groupe d’animateurs communautaires

• Coup de cœur.Assane Awe (Sénégal). Depuis 2002, le centre Arafat Excellence s’est lancé dans une initiative de développement communautaire, avec l’accompagnement des populations défavorisées de Grand Yoff, en périphérie de Dakar, la capitale. Scolarisation, alphabétisation, assainissement, santé et micro-crédit sont autant d’activités menées et réussies dans ce quartier, grâce à l’engagement d’un groupe d’animateurs communautaires.

Le centre Arafat Excellence est né des cendres du Projet de nutrition communautaire (PNC), lancé en 1994 par le gouvernement du Sénégal, avec l’appui des partenaires au développement, pour répondre aux besoins nutritionnels des populations de cette zone périurbaine. Dès le départ, l’actuel centre a été sélectionné comme prestataire de services. Au cœur des activités, des séances d’entretien individuel pour identifier les besoins, pesées pour les nourrissons malnutris, distribution de suppléments nutritionnels.

À la suite de l’arrêt du PNC, en 2002, le centre Arafat a poursuivi l’activité en mettant en place un programme de renforcement de la nutrition (PRN), en faveur des femmes enceintes et des enfants de zéro à trois ans. Il a prolongé ses activités dans l’éducation, avec la mise en place d’un programme d’enseignement maternel et le lancement d’un volet enseignement moyen secondaire. Pour encourager la scolarisation des enfants, le centre applique des prix très bas, en rapport avec le niveau de vie des populations du quartier et la saturation des écoles publiques.

Parallèlement à ces actions, le centre a également développé des activités pour faciliter l’accès au crédit, pour la gestion de l’environnement et la santé communautaire (lutte contre le sida et paludisme).

Faciliter le contact entre élus et populations

• Coup de cœur.Emmanuel Kabengele (RDCongo). Dans le Kasaï oriental, au centre de la RD Congo, Emmanuel Kabengele Kalonji et son ONG œuvrent pour la promotion des droits de l’homme. Entre autres activités, l’organisation réalise des études, des rencontres entre politiques et société civile, sensibilise la population. Différents projets pour un même credo : la conscientisation mène à la démocratie.

Juriste de formation, Emmanuel Kabengele Kalonji es
devenu une référence en matière de défense des droits de l’homme dans le Kasaï oriental, en RD Congo. Plus jeune, il fut président des étudiants. Ensuite il se maria avec un
juriste avocate qui est agent à la Monuc dans la section Droits de l’homme. La justice est donc un thème qui lui tient à cœur. L’homme mène d’ailleurs son combat sur plusieurs fronts : vice-président de la société civile de sa province, il est aussi directeur du Centre d’études et de formation populaires pour les droits de l’homme (Cefop/Dh).

Le Cefop, créé en 1994, a son siège à Mbuji Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï oriental au centre de la RDC. L’ONG travaille sur deux volets : droits de l’homme et éducation civique.

« Le premier volet se réalise au travers d’un monitoring quotidien de la situation des droits de l’homme, notamment via des enquêtes, des plaidoyers, une assistance juridique », explique Emmanuel. Différents rapports sont ainsi publiés sur des thèmes variés.

En 2008, l’ONG a mis en place un programme de concertation entre les organisations de la société civile et les élus nationaux et provinciaux. Ce projet d’éducation à la citoyenneté est innovant par le fait qu’il rapproche les élus de la population. En créant un cadre de dialogue entre les deux parties, il permet aux citoyens de faire passer des messages à leurs élus et à ces derniers de mieux comprendre les besoins de leur électorat.

Dans le volet « droits de l’homme », deux projets ont eu lieu en 2008. L’un concernait le déblocage de cas en justice. L’autre visait à lutter contre l’impunité des auteurs de violation de droits de l’homme.

Le jour même où il recevait son prix à Marrakech, Emmanuel apprit que sa maison avait été incendiée

> Dakar, la capitale sénégalaise, accueillera en 2012 le sixième Forum panafricain des collectivités et gouvernements locaux d’Afrique (Africités). Thème : la gouvernance locale en Afrique.

* Echos Communication est désormais présidée par Pierre Moorkens, également président de la Fondation M qui finance Ouvertures.

Un psy belge fait condamner Jean-Luc Delarue, Réservoir Prod et France 2

Le psychothérapeute belge Baudouin Labrique avait été appelé par Jean-Luc Delarue comme expert en psychothérapie à l’émission “Ça se discute” diffusée le 19 septembre 2007 sur France 2.  Le thème : “Nouvelles sectes, nouveaux gourous”. S´estimant maltraité par l’animateur, M. Labrique a porté l´affaire en justice devant le tribunal de grande instance de Paris. Jean-Luc Delarue, sa société Réservoir Prod et France 2 ont été condamnés fin 2009 et n´ont pas interjeté appel. Le jugement est une avancée jurisprudentielle car elle permet d’imputer aux médias la responsabilité de leurs dérives en matière d’abus de la liberté d’expression lorsque la faute est « sans rapport avec une infraction de presse ».

 En matière de presse, les « blessés de l’information » ne pouvaient s’appuyer jusqu’à maintenant sur l’article 1382 du Code civil (« Tout fait quelconque de l´homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ») pour réclamer justice. Or, ce jugement du TGI de Paris (daté du 21 septembre 2009 – 17e chambre) admet que l’application de cet article est possible en matière d’abus de la liberté d’expression « lorsque la faute est sans rapport avec une infraction de presse ». La requalification de l’action sur le fondement de la loi de 1881 sur la liberté de la presse a été en effet été refusée par le tribunal.

Baudouin Labrique, qui était d’abord réticent pour participer à l’émission de Jean-Luc Delarue, avait fini par se laisser convaincre, l’assistante de l’animateur lui ayant affirmé « qu’il s’agissait d’un débat sain et équilibré ». Mais, comme il le redoutait, le psychothérapeute s’est senti manipulé au cours de l’émission. Traité avec agressivité et ironie, plusieurs fois interrompu, désespérant de se faire entendre, il finit par sortir du plateau.

Dans le cours de l’émission, Jean-Luc Delarue avait prétendu que Baudouin Labrique parlait depuis 20 minutes : le décompte exact de son temps de parole n’est que de 1 minute et 30 secondes, ce qui équivaut à 1 % de l’émission diffusée (2 heures et 20 minutes au total).

Baudouin Labrique a adressé en vain un droit de réponse à la société de production de Jean-Luc Delarue. Il a alors assigné en justice l’animateur, sa société Réservoir Prod et France 2, se prévalant de « manquements à la loi du 30 septembre 1986 sur la communication audiovisuelle ainsi qu’aux principes d’honnêteté de l’information, d’équité du débat télévisé et de respect de la dignité ». Le tribunal a relevé le retrait d’une phrase entière prononcée par Baudouin Labrique, de toute première importance pour l´information objective des téléspectateurs et qui changeait le sens du dialogue.

La charte de l’antenne de France Télévisions stipule en effet que « lorsqu’une interview ou une émission fait l’objet d’un montage, celui-ci ne doit pas avoir pour conséquence de dénaturer les propos tenus, leur sens et leur portée ».

M . Labrique avait pris la précaution de procéder lui-même à un enregistrement de l’émission, ce qui a permis d’élucider la dérive. Baudouin Labrique s’estime « satisfait d’avoir pu faire avancer la jurisprudence » et « espère que les animateurs de télévision, entre autres, auront à cœur de respecter davantage les droits de leurs intervenants ».

>> Une émission de décryptage du discours médiatique par le Cicns évoquant notamment l´émission de J-L Delarue.

2 heures et 20 minutes)

Pour (bien) sortir de prison (et ne plus y retourner)

Pour tenter de briser le cercle vicieux liant pauvreté et prison, Emmaüs lance une démarche sociale originale : des citoyens accompagnent des détenus pauvres avant et après la sortie de prison. Le premier bénéficiaire devrait sortir de la maison d’arrêt de Bayonne d’ici la fin février.


Tout n´est pas fini après l´ouverture des portes…

L´expérimentation menée par Emmaüs a pour nom : Sortir et s’en sortir. Il s’agit, pour les plus pauvres, de leur faciliter  l’accès à la liberté conditionnelle et à la semi-liberté grâce à un accompagnement adapté au « libérable » avant et après sa sortie.

En partenariat avec l’Association nationale des juges d’application des peines (Anjap), l´association lance sur deux ans, dans trois départements (L’Indre-et-Loire, les Landes, les Pyrénées-Atlantiques), des plateformes d’offres d’insertion pour sortir dans de bonnes conditions.

« Nous allons favoriser l’accès à ce qui existe déjà à l’extérieur mais en coordonnant mieux les acteurs aujourd’hui éclatés. Tout en allant vers les personnes détenues qui n’expriment pas ou plus le désir de bâtir un projet de vie », explique Gabriel Mouesca, chargé de mission prisons pour Emmaüs France, cité dans le bulletin de l’association. Les services pénitentiaires d’insertion et de probation repèrent les détenus libérables. Les conseillers d’insertion et de probation (CIP) réunissent les conditions nécessaires pour obtenir un aménagement de peine : un logement ou un hébergement, un parcours de soins et un emploi.

Les ratés de la loi pénitentiaire

« La loi pénitentiaire votée par le Parlement est calamiteuse pour les prisonniers pauvres, s’indigne Christophe Deltombe, président d’Emmaüs France. C’est un principe de la charité qui s’est imposé et non une démarche visant à redonner au condamné sa dignité. Une fois de plus, la réinsertion a été en partie oubliée au profit de la sanction. Une telle situation est à la fois indigne d’un pays comme le nôtre et la marque d’une grande bêtise. A-t-on besoin de fabriquer des récidivistes et des exclus qui, les uns comme les autres, pour des raisons différentes, sont des charges lourdes pour la collectivité ? De même qu’une société a intérêt à former sa jeunesse, elle a aussi tout à gagner à aider à la réinsertion des prisonniers. Certes cela a un coût. Mais ce coût est beaucoup plus lourd si la réinsertion a échoué ».

La loi pénitentiaire, votée le 22 septembre 2009, n’a pas retenu les propositions de l’association : le respect du principe de  l’encellulement individuel des personnes détenues, l’obtention de l’allocation d’insertion (RSA) pour les personnes détenues, une véritable politique d’insertion au travers du recours aux aménagements de peine et la fin de mesures de sécurité portant atteinte à la dignité des personnes détenues.

Au nom des valeurs républicaines, humanistes et sociales

 Originalité : ces CIP ne sont plus seuls : des accompagnants complètent leur action. Issus d’associations locales, de la Croix-Rouge, de l’Association nationale des visiteurs de prison, de la Cimade ou du Secours Catholique, ils bénéficient d’une formation pour cette mission et interviennent avant et après la sortie de prison.

« Ces citoyens vont soutenir les détenus au nom de valeurs républicaines, humanistes ou sociales, poursuit Gabriel Mouesca. Ce sont des acteurs neutres, sans lien avec l’administration pénitentiaire contrairement aux CIP. » Ce chaînon manquant, entre l’avant et l’après la sortie de l´incarcération, aidera le prisonnier à anticiper la sortie. Il sera son lien avec l’extérieur, afin que celui-ci reste acteur de son projet d’insertion. Et restera aussi à ses côtés, une fois dehors. « Pendant trois mois renouvelables, car c’est la période de tous les dangers pour ceux qui n’ont pas de soutien », souligne Gabriel Mouesca.

Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) évaluera ce nouveau dispositif.

Découvrez la vie des oasis !

Une exposition itinérante gratuite est désormais à la disposition de décideurs, d’animateurs et de collégiens désireux de sensibiliser le public à la problématique des oasis du pourtour méditerranéen.

Sous forme de 13 panneaux, l’exposition présente la répartition et la typologie des oasis du monde et de la Méditerranée. Elle éclaire la problématique oasienne et ses enjeux, notamment les crises hydrique et agricole. Enfin, elle présente les acteurs de la dynamique oasienne et fournit des exemples d´actions qui ont été entreprises pour la sauvegarde des oasis.

Sommaire:
Les panneaux traitent dans l’ordre de présentation de :
– Des exemples d´oasis et leur répartition
– Les 3 grands types d´oasis du pourtour méditerranéen
– L´écosystème de l´oasis
– Le palmier
– Techniques de collecte et de gestion de l´eau
– L´association de l´agriculture et de l´élevage couplée à une gestion économe du milieu
– L´oasis, un patrimoine unique
– Un équilibre séculaire bouleversé. Quelles menaces pour le milieu ?
– Agriculture traditionnelle basée sur la gestion raisonnable des ressources naturelles ou agriculture moderne de production marchande ?
– La société civile s´organise
– Une prise en compte locale et nationale
– Collectivités et scientifiques s´engagent
– La civilisation oasienne, ses modes de vie et ses écosystèmes si particuliers font partie du patrimoine commun de l’humanité

Cet outil pédagogique, réalisé par le programme Solidarité-Eau (pS-Eau), le Centre d´actions et de réalisations internationales (Cari) et l´Agence régionale de l´environnement et des nouvelles énergies d´Ile-de-France (Arene IDF), s´adresse aux décideurs et animateurs engagés dans la coopération décentralisée, ainsi qu´aux milieux scolaires à partir du collège. L’exposition est prêtée gracieusement aux collectivités territoriales, aux structures d´éducation à l´environnement, aux associations, etc.

  • Disponible en format pdf sur le site du pS-Eau
  • En Ile-de-France : Arene Ile-de-France
  • Dans le reste de la France : cariassociation@yahoo.fr ou 04 67 55 61 18.

« Les ordinateurs seront restitués dans les jours qui viennent »

Christophe Rode, procureur de la République à Chalon-sur-Saône, est à l´origine de la perquisition qui a eu lieu le 7 janvier dernier sur le domaine de Chardenoux à Bruailles en Saône-et-Loire, dans l´entreprise Terre du Ciel. Nous lui avons demandé d´expliquer les raisons de son enquête.

Christophe Rode.
Photo: montceau-news.com

Ouvertures.- Pourquoi avez-vous ordonné la perquisition qui a eu lieu le 7 janvier dans l’entreprise Terre du Ciel ?

 Christophe Rode.- L’enquête a été ouverte et initiée à la suite d’un signalement de situation potentiellement anormale, signalement communiqué par l’Urssaf et l’Inspection du travail. Nous voulions vérifier s’il y a eu ou non infraction au droit du travail. La suspicion porte sur d’éventuelles non-déclarations d’employés et dissimulation de travail.

 – La forme de cette perquisition a surpris : déploiement policier, réquisition de tous les ordinateurs et carnets de chèque, etc.

 – La forme de ce contrôle n’avait rien d’extraordinaire ni de particulier. C’est une enquête classique comme il s’en entreprend régulièrement en France. Quand les forces de l’ordre interviennent dans un lieu public, cela impressionne toujours les gens qui sont l’objet du contrôle ou qui y assistent.

 – Quand même, tout ce déploiement militaire…

 – Ce n’est pas moi, ce sont les gendarmes qui décident eux-mêmes du nombre de leurs intervenants sur les lieux en raison de leur appréciation de la situation.

 – Et le fait que tous les ordinateurs ont été saisis, mettant en péril la vie même de l’entreprise ?

 – Les ordinateurs ont été saisis pour permettre la vérification de leurs contenus. Les disques durs seront dupliqués. Cela prend du temps car il faut trouver la capacité matérielle de faire ces opérations, qui sont effectuées par des prestataires extérieurs. Nous avons pris en compte la demande de l’avocat de voir ces outils restitués rapidement. Nous le ferons dans les meilleurs délais, dans les jours qui viennent. Notre objectif n’est nullement d’empêcher cette entreprise de fonctionner. Mais, pour les gens concernés, c’est bien sûr toujours trop long…

 – Plusieurs commentateurs, et notamment les personnes qui ont été l’objet de la perquisition, craignent que cette opération, au vu des questions posées par les gendarmes, ait été motivées par des considérations antisectaires.

– Le risque sectaire n’est pas une infraction en droit français. On ne peut déclencher une enquête pour ce seul motif. En revanche, savoir si l’on s’intéressera à l’éventuel caractère sectaire de l’entreprise, oui, nécessairement, en lien avec la situation des salariés dans le cadre du droit du travail : comment l’entreprise est-elle financée ? Pour qui exactement les gens travaillent-ils ? Quelle est la nature de leur travail, etc.

>> Un communiqué de Terre du Ciel, daté du 1er février, annonce que l´entreprise allait pouvoir récupérer ses ordinateurs et son fichier ce mercredi 3 février après-midi.

>> Video Alain Chevillat.

« Il faudra clarifier les présupposés sectaires »

 Dans un communiqué du 1er février, Alain Chevillat, PDG de Terre du Ciel, répond aux inquiétudes manifestées dans son réseau : « Beaucoup de personnes nous demandent ce qu’elles peuvent faire pour nous aider. Car l’affaire n’est pas terminée. L’ADFI [Association de défense des familles et des individus] se dit – dans l’article paru cette semaine dans la Vie – ravie que la police s’intéresse à nous car elle a sur Terre du Ciel “un dossier conséquent”. La Miviludes [Mission interministérielle de veille et de lutte contre les dérives sectaires] aussi nous reproche différentes choses, notamment de faire du chamanisme. La Miviludes et l’ADFI seraient-elles les nouveaux Maîtres à penser des Français? Il est évident que la forme qu’a prise cette affaire tient à des présupposés sectaires, et il faut clarifier cela. »

Douleur des animaux d´élevage : comment l´identifier et la mesurer ?

Les experts de l´Institut national de recherche agronomique (Inra) viennent de publier un rapport pour tenter d’identifier et de limiter la douleur chez les animaux d’élevage. Attention à ne pas se donner un peu facilement bonne conscience ! clame l’association Europe Animal Protection.

 « Les animaux d’élevage sont devenus, en théorie sinon dans les faits, des “machines animales” à haut rendement, comme en témoigne la substitution du terme “élevage” par la notion de “productions animales”. L’organisation du travail a ainsi progressivement été rationalisée (alimentation des animaux, logement, hygiène, reproduction…) ». Ces mots extraits de l’ouvrage Douleurs animales : les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage, une expertise scientifique collective conduite par l´Institut national de recherche agronomique (Inra), ces mots nous font réfléchir.

En effet, l’animal étant devenu un produit industriel, la question de sa conscience éventuelle et de ce qu’il ressent se pose aujourd’hui d’une façon d’autant plus forte. La sensibilité écologique et le goût de nombreuses personnes pour la compagnie animale accentuent la nécessité de voir plus clair sur ces questions.

A la demande des ministres de l´agriculture et de la recherche, l´Inra a ainsi mené une expertise scientifique collective sur la douleur des animaux d’élevage. Cette expertise présente un état des connaissances scientifiques sur la notion de douleur et sur son existence chez les différents animaux d’élevage, ainsi que sur les mécanismes physiologiques qui la gouverne. Ce travail a mobilisé des experts en sciences de la vie et sciences humaines et sociales, qui ont recensé et analysé près de 1 400 articles de la littérature scientifique internationale.

Pour tenter d’évaluer ce que peut être la douleur d’un animal d’une espèce donnée, la recherche a utilisé des critères portant sur les structures nerveuses (présence ou non d´un cortex télencéphalique frontal, limbique, cingulaire…) et sur les capacités comportementales émotionnelles et cognitives.

« L´anatomie comparée des structures du système nerveux central et des capacités comportementales des espèces font admettre que les mammifères ressentent la douleur. La question de l’existence de la douleur est posée pour les oiseaux, les poissons et pour les mollusques céphalopodes marins (d’où les points d’interrogation dans le tableau ci-dessous, NDLR). »

Voici un tableau permettant d’éclairer « l’hypothèse de l’existence d’une douleur “pleinement caractérisée” par rapport à la nociception, définie comme plus restreinte, c´est-à-dire avec une moindre participation de la composante émotionnelle et de la conscience ». Les notions utilisées sont définies à la suite.

« Le terme nociception (du latin nocere, nuire) a été introduit au début du 20e siècle pour caractériser la capacité de détecter spécifiquement des stimuli nociceptifs ayant en commun de menacer l’intégrité des tissus ou du corps et d´activer un ensemble d´organes sensoriels, les nocicepteurs. La nociception est considérée comme un système d´alarme qui protège l´organisme en déclenchant des réponses réflexes et comportementales dont la finalité est d´en supprimer la cause afin d’en limiter les conséquences négatives ». 

« Dans la conception cognitiviste, les émotions sont définies comme des réactions affectives complexes qui engagent à la fois le corps et le fonctionnement cérébral. Ces réactions incluent un état mental subjectif (colère, peur, anxiété, dépression, compassion, amour…), une impulsion à agir (fuir ou attaquer), que cela soit exprimé ouvertement ou non, ainsi que des modifications corporelles (augmentation du rythme cardiaque, de la pression sanguine, modification du tonus musculaire…). Certains de ces changements préparent à des actions d’adaptations durables ; d’autres changements (postures, gestes, expressions faciales…) transmettent des signaux montrant à ceux qui nous entourent ce que nous ressentons, ou ce que nous voulons qu’ils croient que nous ressentons. »

Dans le cadre précis du travail de l’Inra, les auteurs du rapport ont « limité l’acception du terme conscience au niveau de vigilance correspondant neurophysiologiquement à l’état d’éveil, celui qui permet la perception du monde extérieur, avec les stimulations qui en proviennent, et assure également la possibilité de percevoir les sensations issues de l’organisme lui-même. Cette forme neurologique d’éveil, qui permet aux stimulations d’être analysées en termes de sensorialité, permet aux stimuli nociceptifs d’être perçus en termes de douleur. Cette forme de conscience est toujours associée à, ou déclenchée par, un événement dans le domaine sensoriel ; elle recouvre ce qui peut être qualifié de conscience primaire. La conscience réflexive ou conscience de soi ne concerne pas le champ de la présente approche[1] ».

« (Chez l’animal,) la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle aversive représentée par la “conscience” que l’animal a de la rupture ou de la menace de rupture de l’intégrité de ses tissus. Pour mieux caractériser cette définition, il est précisé que chez les animaux vertébrés l’expérience sensorielle douloureuse déclenche :

– des réactions motrices de protection (retrait d’un membre),

– des réponses neuro-végétatives (accélération du rythme cardiaque, augmentation de pression artérielle, vasoconstriction périphérique, modification transitoire du rythme respiratoire…),

– des réponses d’évitement apprises (aversion durable vis-à-vis d’un congénère, évitement d’un prédateur ou d’un lieu associé à l’expérience aversive, typologie comportementale modifiée : animal craintif, diminution de l’exploration d’un lieu nouveau…). »

Les douleurs en raison des mutilations « techniques »

« Quelle que soit l’espèce considérée (volailles, porcs, bovins), note le rapport de l’Inra, une des principales sources de douleur en élevage trouve son origine dans la pratique de mutilations, justifiées par différents motifs, et ce d’autant plus qu´elles sont mal pratiquées. »

Voici un tableau résumant les sources de douleur potentielles.

Les douleurs à l’abattage

En France, il existe environ 64 abattoirs industriels de volaille et 340 abattoirs d’animaux de boucherie dont certains sont spécialisés (porcs : 29 ; gros bovins : 9 ; veaux : 2). Ce nombre a diminué au cours des dernières années. Environ un tiers des abattoirs est autorisé à pratiquer des abattages rituels Hallal (musulman) et Shechita (juif).

L’étourdissement des animaux est obligatoire avant l’abattage, à l’exception, notamment, de l’abattage rituel. Celui-ci « doit forcément avoir lieu dans un abattoir, après immobilisation mécanique obligatoire pour les ovins, caprins et bovins, avant et pendant la saignée. Elle sera forcément exécutée par un sacrificateur habilité par les organismes religieux agréés. (…)

« L’objectif de l’étourdissement est de limiter la douleur liée à la mise à mort. Il induit rapidement l’état d’inconscience qui doit durer suffisamment longtemps pour que l’animal ne reprenne pas conscience pendant la saignée. La technique elle-même ne doit pas provoquer de douleur. La méthode choisie dépend en général de l’espèce, mais elle est presque toujours associée à un inconfort physique et psychologique de l’animal. Les principales techniques employées sont : l’électronarcose (étourdissement électrique), la tige captive et l’étourdissement par gaz. (…)

« En France, on emploie l’électronarcose essentiellement pour les porcs, les ovins et les volailles. L’électronarcose a l’avantage d’avoir un effet instantané et de pouvoir être utilisée pour toutes les espèces. Un des inconvénients majeurs de la technique d’électronarcose, surtout quand elle est automatisée, est lié aux mauvaises manipulations, aux difficultés de positionnement des électrodes et à leur paramétrage. Incorrectement employées elles peuvent stimuler des récepteurs nociceptifs et de la douleur sans induire l’inconscience. En fonction de l’abattoir, de la qualité de l’équipement, de la taille et de la forme des animaux, le passage du courant peut être insuffisant et douloureux. (…)

« La deuxième technique d’étourdissement est la tige captive. La tige peut être perforante (technique la plus utilisée et provoquant des lésions mécaniques) ou non perforante. Dans les deux cas, la technique provoque une percussion, c’est-à-dire une secousse du cerveau dans le crâne. La tige captive induit en plus des lésions importantes aux niveaux du crâne et du cerveau. Elle peut être une manière très efficace et fiable d’induire une perte de conscience instantanée et durable. Cependant, en pratique, et selon le type d’animal, on observe des taux d’échec allant de 6 à 16% chez les bovins dans les abattoirs commerciaux, et donc un risque de douleur.

« Enfin, la troisième technique employée est l’étourdissement par gaz. Elle consiste à immerger l’animal dans un mélange gazeux, contenant souvent une concentration élevée en CO2, en général de 40% pour la volaille et au moins de 70% pour le porc. D’autres systèmes reposent sur l’utilisation d’argon et de l’azote. Par analogie avec l’homme, on fait l’hypothèse que la perception de ce gaz est désagréable, voire parfois douloureuse lorsqu’elle provoque des réactions prononcées chez les animaux. Chez les volailles, l’ajout d’O2 réduit les réactions. Le temps d’induction de la perte de conscience est variable selon les concentrations, mais se situe autour de 17 secondes pour le porc (perte de posture) et de 32 à 34 secondes pour les volailles (fermeture des yeux). La technique est très employée dans certains pays d’Europe du Nord. En France, plusieurs abattoirs de porcs se sont récemment équipés avec le système. »

« Ces pratiques barbares de routine sont très douloureuses pour l’animal »

L’association Europe Animal Protection a réagi au rapport de l’Inra : « A quoi bon engloutir de tels moyens pour mesurer l’intensité des cris du porc lors de la castration, quand la simple observation et un élémentaire bon sens nous informent que ces pratiques BARBARES de routine, effectuées par les éleveurs sans analgésiques sont donc très douloureuses, pour l´être sensible qu´est l´animal ?
« Il existe 40 fois plus d´études sur la douleur chez l´homme que chez l´animal concède le rapport, oubliant d´insister sur le fait que si la douleur humaine est essentiellement causée par des accidents ou maladies, celle de l´animal d´élevage est entièrement provoquée par un élevage industriel qui arrache l´animal aux lois biologiques de son espèce. Un être vivant et sensible désormais réduit à l´état de marchandise découpée en menus morceaux par l´homme, pour son plaisir de bouche et son profit commercial.
« Que dire de toute cette démonstration visant à nous convaincre de séparer résolument stress, douleur physique et souffrance psychique, afin de mieux nous convaincre qu´il s´agit plus chez les bêtes de réactions neuro-physio quelque chose, que de réel état de conscience ou de souffrance ?
« Attention à ne pas brandir un arsenal scientifique visant à donner des gages de bonne volonté aux citoyens et consommateurs, pour mieux permettre à nos éleveurs industriels de proroger sans gêne leurs vilaines pratiques soumises avant tout au rendement et au profit.
« Le point d´orgue terminologique étant atteint à travers ce providentiel substantif de “NOCICEPTION”, une trouvaille qui s´interpose comme une sorte d´&eac
te;dulcorant des notions de douleur ou de stress des animaux ! De capteurs en stimuli et modulations des seuils n
ciceptifs, à quoi bon vous inquiéter puisqu´on vous dit que nos petites bêtes sont munies d´un super système d´alarme anti-douleur, assorti d´émissions de signaux de détresse et ainsi de suite…? »

Les douleurs à l’abattage rituel

« Dans le cas particulier de l’abattage rituel, l’animal n’est pas étourdi lors de la saignée. Le cou est coupé en un seul geste avec un couteau long très affûté. Le sacrificateur coupe la peau, les différents muscles, la trachée, les carotides communes, les jugulaires et le nerf vague, mais épargne la moelle épinière, les artères et les veines vertébrales qui restent donc intactes. La transsection des artères cause une perte de pression artérielle qui ralentit les échanges, entre le sang et les organes, y compris le cerveau, notamment de nutriments et d’oxygène provoquant dans des délais variables une perte de conscience, puis la mort. L’efficacité de l’abattage rituel en termes d’induction d’inconscience est variable selon les espèces, mais aussi selon des aspects techniques liés au sacrificateur, à son équipement et enfin en fonction de l’animal lui-même. Chez le mouton, l’inconscience s’installe rapidement, après 14 secondes en moyenne. Chez les veaux et les bovins adultes, on observe une grande variabilité dans la perte de conscience des animaux, avec des extrêmes de 8 secondes à 14 minutes, qui s’explique par la formation de faux anévrismes[2] dans les durées les plus longues. En l’absence de tels “anévrismes”, un EEG isoélectrique[3] est obtenu entre 36 et 54 secondes. Des études, limitées en nombre, sur le terrain montrent que les faux anévrismes concerneraient 17 à 18% des animaux lors d’abattages musulman et juif. De plus, chez les volailles, comme chez les bovins, selon l’abattoir et l’efficacité de l’opérateur, la saignée manuelle donne des résultats très variables en termes de délais de perte de conscience. »

« Des réglementations et des recommandations existent pour éviter ou limiter les pratiques douloureuses, mais on constate parfois leur non respect lors de la mise en œuvre. De plus, il existe un vide juridique concernant les abattages hors abattoir par les éleveurs eux-mêmes (euthanasie), entre autres dans l’espèce porcine. »

L’Inra conclut sa synthèse en évoquant différentes pistes pour éliminer ou diminuer la douleur chez les animaux d’élevage.

 >> Pour en savoir plus :
 – télécharger les principaux résultats de l’expertise (8 pages)
 – télécharger la synthèse de l´expertise (98 pages)
 – télécharger le rapport d’expertise avec les références bibliographiques


[1] Ce qui évite aux auteurs de l’étude de comparer souffrance animale et souffrance humaine, celle-ci étant essentiellement liée à la conscience réflexive (NDLR).

[2] Faux anévrisme : suite à la transsection de l´artère, du sang s´infiltre entre la partie extérieure de la paroi de l´artère et la gaine de tissu conjonctif qui l´entoure. La paroi de l´artère enfle ce qui limite le flux de sang qui quitte l´artère coupée. Pour que cela se passe, l´artère doit se rétracter dans la gaine après la coupe.

[3] Électroencéphalogramme plat.