Notre sélection hiver 2010

La consultation philosophique
L’art d’éclairer l’existence
Eugénie Vegleris
Eyrolles

Psy, développement personnel, coaching, enseignement… il est difficile de s’y retrouver dans l´offre de conseil en entreprise ou individuelle, tant elle est pléthorique. Depuis quelques années émerge une nouvelle approche : la consultation philosophique. Créée en 1981 par Gerd Achenbach, elle utilise la méthode et la culture philosophiques  pour éclairer l´existence. En présentant l´exercice d´une nouvelle pratique rémunérée de la philosophie, l´auteure de cet essai met en relief les leviers de sa stratégie : conceptualisation, définition, confrontation, improvisation cadrée…
Sont abordées également les questions propres au métier de consultant philosophe : la posture, la rémunération, la relation au client, ainsi que les spécificités par rapport aux autres approches citées ci-dessus.
L’éclairement qu’apporte la démarche ne vise pas le mieux-être, mais la liberté, avec sa part inéluctable de risque qu’il faut savoir assumer grâce à notre capacité à donner du sens aux choses et événements.

temps guillemant

La route du temps
Théorie de la double causalité
Philippe Guillemant
Le temps présent, 333 p, 22€

Il se passe des choses bien curieuses sur la route du temps. En s’y engageant avec l’intention de vérifier ses hypothèses sur les synchronicités et de valider son idée d’en faire un livre, Philippe Guillemant ne s’imaginait pas à quel point l’expérience allait dépasser ses attentes. Car cette route caillouteuse de Haute Provence n´était a priori pas l´endroit idéal pour faire naître des occasions. Et pourtant ce chercheur en vision artificielle qui n’a rien d’un illuminé y fait la rencontre tout à fait inattendue de Sainte Thérèse et de Gitta Mallasz !
Dans cette promenade métaphysique, l´auteur nous ballade littéralement entre passé et futur, mécanique quantique et spiritualité, au risque parfois de nous égarer. Mais on ressort enchanté du voyage et on en redemande. On se surprend même à chercher des traces du futur dans sa propre vie…

Oui, chacun de nous peut se transformer
Arnaud Desjardins
Dialogue avec Jean-Louis Cianni
Albin Michel

Extraits :

« La conscience inscrit l’homme dans la sphère indissociable du deux. Je ne fais jamais un avec moi-même. C’est le célèbre « Je est un autre » de Rimbaud. Il y aura toujours un moi et un je, une relation.  Il y a aussi toujours de l’autre dans l’unité que je constitue et qui me constitue. Autrui est présent en  moi comme une structure intériorisée au fil d’une éducation, faite mienne au plus profond de mon moi. Alors, le plus important n’est pas de jeter le bébé avec l’eau du bain, d’accélérer l’évacuation du moi divisé. L’essentiel est au contraire de reconnaître et d’accepter cette différence au sein de mon unité, d’explorer mes divisions internes. Tenter de vivre en paix avec soi-même, ce n’est pas un objectif d’une grande hauteur spirituelle. C’est la tâche humaine par excellence. (…)
Le dialogue avec soi-même, loin de se comprendre comme une activité égotiste, une pratique égoïste, précisément parce qu’il redonne à penser, vient rompre le cercle silencieux de Narcisse. Se parler, s’entendre, c’est déjà donc se traiter comme un autre. Le débat intérieur permet ainsi de retrouver au plus profond de notre singularité ce que Nietzsche appelait “les hiéroglyphes de la vie universelle” ».

démocratie écologique

Vers une démocratie écologique
Le citoyen, le savant et le politique
Dominique Bourg, Kerry Whiteside

Seuil – La République des idées, 104 p, 11,50€

« Protéger la biosphère implique de repenser la démocratie elle-même ». Ce petit livre s’attache à montrer pourquoi la démocratie représentative est impuissante à prévenir les catastrophes environnementales. Pourquoi en effet des représentants élus localement pour de courts mandats s’attaqueraient-ils aux grands enjeux écologiques qui portent sur le long terme et relèvent d’un traitement au niveau de la planète ? Il montre également comment la liberté individuelle, au fondement de nos démocraties, entre en conflit avec la finitude des ressources.
Si nos deux auteurs posent les bonnes questions, les solutions qu’ils proposent ne semblent pas à la hauteur des enjeux. Peut-on en effet se contenter d’adapter les institutions nationales, alors que l’échec de Copenhague démontre qu’on ne pourra agir efficacement contre le réchauffement climatique sans améliorer la gouvernance mondiale ?

Guérir la Terre
Sous la direction de Philippe Desbrosses
Albin Michel

Philippe Desbrosses, pionnier de l’agriculture biologique en France, invite à un élan et un engagement collectif pour relever le défi écologique. Il a réuni dans cet ouvrage plusieurs personnalités : l’agro-écologiste Pierre Rabhi, le médecin David Servan-Schreiber, le botaniste Jean-Marie Pelt, la cinéaste Coline Serreau, la navigatrice et présidente de WWF France Isabelle Autissier, le photographe Yann Arthus-Bertrand, et enfin le philosophe Edgar Morin. Ensemble, sous la forme d´entretiens, ils sollicitent l’humanité jusque dans sa dimension la plus spirituelle.

 

La santé des enfants non vaccinés
Au-delà de la polémique !
Françoise Berthoud
François Choffat (préfacier), Michel Georget (postfacier)
Jouvence

Voici le premier livre à mettre l´accent sur les bienfaits de l´abstention vaccinale. Selon Françoise Berthoud, médecin pédiatre homéopathe, diplômée de l’Université de Genève, la bonne santé des enfants non vaccinés est confirmée par des études et observations dans divers pays. Mais, indique-t-elle, choisir de ne pas vacciner implique un mode de vie privilégiant un allaitement prolongé, une démarche de santé holistique favorisant la prévention, le recours aux médecines douces, un environnement calme et une alimentation saine. La pédiatre propose soit l´abstention vaccinale totale, soit de repousser l´âge des premiers vaccins. S´inquiétant de la disparition des maladies infantiles qui participaient au développement de l´immunité de l´adulte, elle remet en cause le bien-fondé des vaccinations de masse contre ces maladies, qui ne font que repousser l´âge de leur manifestation vers l´adolescence ou l´âge adulte, périodes de la vie où elles sont beaucoup plus graves.

>> Dans le même ordre d’idée (en plus polémique), le docteur suisse Christian Tal Schaller, pionnier de la médecine holistique, publie Vaccins, un génocide planétaire (Testez Editions/Marco Pietteur).

Et aussi :

Quand l´aluminium nous empoisonne, Virginie Belle, éd. Max Milo. Présent dans les crèmes solaires, dans les cuisines ou dans les vaccins, l´aluminium a longtemps été considéré comme inoffensif. L´Académie de médecine, tout comme l´Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et l´Association française de l´aluminium (Afa) contestent la dangerosité de ce produit dans ses conditions habituelles d´utilisation.
>> L´auteure a résumé pour nos lecteurs quelques points essentiels de son ouvrage.
>> Après la parution de ce livre, le gratuit 20 Minutes fait le point sur la controverse.

La Réforme du vrai, enquête sur les sources de la modernité, Nissim Amzallag, ECLM/GIET. Le motif de l’ouvrage : montrer comment la science, qui s’affirme athée et même sans idéologie, a en fait internalisé ses origines mystiques, les rendant à la fois omniprésentes et quasi invisibles.

Plantes urbaines, François Couplan, Sang de la Terre. Ce livre vous emmène à la découverte d’une centaine de plantes urbaines sauvages afin de pouvoir les identifier et d’en connaître les utilisations.
>> Voir également : Rencontre avec l´ethnobotaniste François Couplan.

« Sectes » : Comment la presse se laisse manipuler par le pouvoir

Thierry Bécourt, président de Cap Liberté de conscience, explique comment en 2006, cédant au chantage du président de la Miviludes (Mission de lutte contre les dérives sectaires) et de la présidente de l´Unadfi, la rédaction du “Téléphone sonne” sur “France Inter” l´avait finalement censuré. Alors même que c´était elle, la rédaction, qui avait souhaité l´entendre…


50 000 enfants en danger dans les sectes, selon la Miviludes ? Non, tout juste 9 cas en cours d´instruction liés à une problématique sectaire en 2 ans, selon l´administration française. Qui a raison ? Les premiers… parce qu´ils ont seuls le droit à la parole médiatique. En effet, afin d´éviter un débat contradictoire sur la réalité du danger sectaire, le gouvernement, les associations antisectes et les médias conjuguent leurs efforts pour évincer toute information qui pourrait contredire la propagande officielle.

Le mardi 19 décembre 2006, l’émission « Le Téléphone sonne » sur France Inter était consacrée au rapport intitulé « L´enfance volée : les mineurs victimes des sectes ». Le document était réalisé par la Commission parlementaire d´enquête présidée Georges Fenech, aujourd’hui président de la Miviludes, qui était présent à l’antenne avec Catherine Picard, présidente de l´Union nationale des Associations de défense des familles et de l´individu contre les sectes (Unadfi). Les questions posées par la rédaction : « Où en est la protection des mineurs contre les sectes ? Quelle est l´influence réelle des mouvements sectaires ? ».

Comme la déontologie y invite en cas de controverse, la rédaction en chef de l´émission avait proposé à Thierry Bécourt, président de CAP LC, d’apporter un autre point de vue sur cette question. Celui-ci s´est réjoui de cette « ouverture de la démocratie française ». Il attendit durant toute l’émission qu’on le rappelle pour participer. En vain.

Quelques minutes après la fin de l’émission, la rédaction l’appelle, se dit « déçue » et présente ses excuses : « Désolé, nous n’avons pas pu vous appeler. Si nous l’avions fait, M. Fenech nous a dit qu’il sortait du plateau »…

« On m’a purement évincé pour éviter le contradictoire, déplore M. Bécourt, car si je donnais quelques infos en public, toute leur thèse tombait à l’eau. Il suffisait de dire : “50 000 enfants ? Non, seulement 9 cas sur 2 ans, tous ministères confondus “, et c’était terminé ! Il n’y avait plus rien. Au revoir et on circulait ! Ils n’avaient pas d’outils pour répondre à ça. »

>> Voir vers 4’.

>> Présentations et analyses de la commission parlementaire de 2006 “Sectes et enfants” par le Cicns et par Cap LC.

>> Contacté par la rédaction, France Inter n´a pas, à ce jour, donné de réponse.

Suisse : Un activiste en grève de la faim pourra être alimenté de force

Bernard Rappaz, activiste pour la dépénalisation du cannabis, écologiste, journaliste militant, entrepreneur chanvrier et agriculteur suisse, totalise 170 jours non consécutifs sans alimentation. Il fait la grève de la faim pour protester contre une peine de 5 ans et 8 mois pour « violation grave de la loi sur les stupéfiants et d´autres faits ». Le Tribunal fédéral suisse vient de conclure que les médecins peuvent être contraints à alimenter un patient de force.


Bernard Rappaz.
Photo : bazonline

Les Hôpitaux universitaires genevois, qui suivent le chanvrier, ont indiqué vouloir respecter sa volonté. En effet, nourrir de force Bernard Rappaz, transféré le 21 octobre au quartier carcéral de l´hôpital de Genève en état d’hypoglycémie, serait « contraire à la déontologie médicale », selon Hans Wolff, médecin-chef de l´Unité de médecine pénitentiaire de Genève et vice-président de la Conférence des médecins pénitentiaires suisses.

Le 26 août dernier, le Tribunal fédéral avait invité l’autorité d´exécution des peines à « ordonner une alimentation forcée quand il s´agit du seul moyen d´éviter des lésions irréversibles ou la mort d´un détenu en grève de la faim ». La Fédération des médecins suisses (FMH) et d´autres groupements de médecins avaient réagi en relevant dans un communiqué qu´une telle décision contredit un principe clé de l´éthique médicale, à savoir le respect absolu de la volonté d´un patient capable de discernement. Un principe qui s´applique aussi aux personnes en détention, avait souligné la FMH.

Mais le Tribunal fédéral a fait la sourde oreille : « En cas de divergence entre une règle de droit et l´éthique médicale, telle qu´elle est conçue par les directives de l´Académie suisse des sciences médicales (ASSM), les médecins ne peuvent se prévaloir de celles-ci pour se soustraire à leur obligation juridique »…

Pionnier des objecteurs de conscience pour raisons idéologiques et non religieuses, Bernard Rappaz a commencé à cultiver du chanvre dans le canton suisse du Valais, en 1971 à titre privé, et depuis 1993 à titre commercial (tout d´abord avec l’aide de subventions de la Confédération suisse) pour en faire de la tisane. Il a fondé avec quelques associés la sarl Valchanvre active dans la promotion des dérivés du chanvre, ainsi que la Coordination suisse du chanvre et l’Association suisse des chanvriers.

>> Sources : TSR, wikipédia, le site de B. Rappaz.

Me Robard : « La faillite du système économique favorisera les médecines non conventionnelles »

Selon l’avocate Isabelle Robard, spécialiste du droit de la santé, le recours aux médecines non conventionnelles (MNC, dites douces, traditionnelles, complémentaires ou alternatives) sera facilité, « non pas pour satisfaire la liberté thérapeutique des patients, mais par nécessité économique ».

Interrogée dans le cadre du congrès national de l’Alliance pour la santé, qui s’est tenu à Montreuil (93) à la mi-octobre 2010, maître Isabelle Robard répond aux questions d’Ouvertures sur la situation des MNC en France. « Il faudra bien qu’on arrive un jour à mettre sur la table toutes les offres possibles pour voir ce qui est le mieux pour chaque individu », revendique-t-elle. « Il y a un décalage entre les textes qui affirment la liberté de prescription et la réalité : hors des sentiers battus, les médecins subissent plaintes et poursuites, même s’ils ont l’accord éclairé de leurs patients, même s’ils ont des résultats ! »

Soulignant également que beaucoup de professionnels non médecins pratiquant ces démarches parallèles sont légalisés chez nombre de nos voisins européens, elle rappelle que le système français qui régit l’exercice illégal de la médecine date de… 1803 !

Quelques avancées ont cependant vu le jour ces derniers temps, comme la légalisation de la fonction d’ostéopathe et de celle de chiropracticien. Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.

Vraisemblablement, le recours aux MNC sera facilité, « non pas pour satisfaire la liberté thérapeutique des patients, mais par nécessité économique », en raison de la faillite du système de santé tel qu’il fonctionne aujourd’hui.

Isabelle Robard plaide pour la réunion d’une commission ad hoc, pas nécessairement formalisée, entre les différents acteurs de la médecine (conventionnelle et non conventionnelle), à l’instar de ce qui avait été fait en 1993 autour du député européen Paul Lannoye et qui avait abouti au vote d’un important texte européen sur les MNC.

>> A l´occasion de son congrès, Alliance pour la santé a annoncé avoir dépassé le chiffre de 3 000 adhérents.

Les grands fleuves européens perturbés

Sous l’effet déjà sensible du changement climatique en montagne (diminution de l’enneigement et fonte des glaciers), les débits de tous les grands fleuves européens sont en train de se modifier.


À la source du Rhin (Grisons).
Photo: aqueduc.info

En moyenne, on observerait d’ici 2100 une augmentation de + 20% des débits des grands fleuves européens en hiver, et une réduction de 17% au printemps et jusqu’à 55% des débits en été. En outre, la fréquence et l’intensité des inondations en automne, hiver et printemps, ainsi que des sécheresses estivales vont singulièrement augmenter.

La Commission européenne a déjà identifié 33 bassins qui sont affectés par des pénuries d’eau. Ils couvrent une superficie de 460 000 km², soit 10% de celle de l’Union européenne et 83 millions d’habitants y résident soit 16,5% de la population de l’UE.

Tous les grands fleuves européens, Ebre, Rhône, Pô, Rhin, Danube, Vistule…et leurs principaux affluents prennent leur source en montagne et ont un régime principalement nivo-glaciaire. Les montagnes apportent aujourd’hui une contribution essentielle aux débits de tous ces grands fleuves, de 34% du débit annuel total du Rhin, 41% de celui du Rhône jusqu’à 53% du débit du Pô.

Si seulement 11 % du bassin du Rhin se trouve dans les Alpes, celles–ci assurent 34 % du débit annuel, mais surtout plus de 50 % du débit en été, lorsque l’eau est particulièrement demandée, notamment par les agriculteurs irrigants, et que les précipitations sont faibles.

Glaciers alpins : – 30% de leur volume en 30 ans

La température moyenne des Alpes a augmenté en un siècle de plus du double du réchauffement terrestre global, soit de + 1,5°C à 2,0°C alors que celle de la Terre s’est élevée en moyenne de +0,74 à + 0, 81 °C et celle de l’Europe de +1,2°C.

Les modèles projettent une augmentation de température dans les Alpes d’ici à 2100 comprise entre + 2,6 et + 3,9°C. Le réchauffement pourrait être significativement plus élevé en haute montagne pour atteindre + 4,2°C au dessus de 1 500 mètres.

Aujourd’hui, il y a encore 5 150 glaciers dans les Alpes, couvrant quelque 2 909 km².

Or, les glaciers alpins, qui ont déjà perdu entre 20 et 30% de leur volume depuis 1980, pourraient encore régresser de 30 à 70% de leur volume d’ici à 2050. Quasiment tous les plus petits d’entre eux auraient alors disparu.

Les glaciers des Pyrénées ont perdu 80% de leur surface depuis 1850 et ceux des Alpes 40% en moyenne. Les langues glaciaires remontent en altitude de 60 à 140 mètres pour seulement une augmentation de + 1°C de température.

Les chutes de neige : de 4,20 m à 3,30 m en 20 ans

On observerait dans l’avenir une diminution du nombre de jour de couverture de neige de 40% au Nord–Ouest des Alpes et de 70% au Sud–Est. Les chutes de neiges se réduiraient de 36% en moyenne et de 20% au dessus de 1 500 mètres. La fonte des neiges pourrait se produire 2 mois plus tôt. Il n’y aurait quasiment plus de chutes de neige en dessous de 500 à 600 mètres d’altitude….

La hauteur annuelle moyenne des chutes de neige est passée en 20 ans de 4,20 mètres à 3,30 mètres à Saint-Martin-de-Belleville en Savoie, la température moyenne augmentant dans le même temps de + 2°C dans le Massif de Belledonne voisin.

Dans toutes les Alpes, 599 stations de ski sur un total de 666 sont encore naturellement skiables. Avec un réchauffement de +1°C, il n’y en aurait plus que 500 et seulement 404 pour un réchauffement de +2°C…

Il y a 143 domaines skiables dont l’enneigement est fiable dans les Alpes françaises : il n’y en aurait plus que 123 avec un réchauffement d’un degré, 96 avec +2°C et seulement 55 pour un réchauffement de +4°C.

 >> Euro-Riob 2010 : 8ème Conférence internationale sur l´application de la directive cadre européenne, 22-24 septembre à Megève (France). Télécharger la note détaillée sur les problèmes climat-montagne.

>> Changement climatique régional et adaptation : les Alpes face au changement des ressources en eau (rapport de l´Agence européenne de l´Environnement).

>> L´eau et la gestion des ressources en eau : l’état des Alpes (rapport de la Convention Alpine).

À la source du Rhin (Grisons)

Livres : notre sélection rentrée 2010

Les Humains ; Mode d´emploi
Jean-François Dortier
Editions Sciences humaines

Une réflexion originale sur la nature humaine et le sens de la vie. Depuis vingt ans, des recherches inédites en sciences humaines sont venues bouleverser notre représentation des humains. Quelques grands paradigmes qui avaient structuré notre pensée ont vacillé. On a découvert que les animaux ont des cultures et les humains, une nature. La psychologie réhabilite la conscience : on lui accorde désormais un rôle central dans le pilotage de nos vies. Les neurosciences découvrent les ressorts et les limites de la plasticité cérébrale. Les sociologues façonnent un nouveau visage de l’individu, ni totalement ballotté par les forces sociales ni totalement maître de lui-même, aux prises avec les épreuves de la vie qu’il tente de maîtriser au mieux.
Toutes ces recherches débouchent sur une vision de l’homme mouvante, multiple, diversifiée. On peut regretter ce relativisme généralisé qui empêche de prendre des positions tranchées. Mais cet inconfort préserve de ce fait une plus grande liberté d’être homme puisque sa nature n’est plus déterminée une fois pour toute…

Concertation citoyenne en urbanisme
La méthode du Community planning
Éléonore Hauptmann et Nick Wates
Adels/Yves Michel

Comment améliorer sa ville ou son quartier ? Comment pouvons-nous les  rendre plus pratiques, plus agréables, plus en harmonie avec le développement durable ? Ce guide est la version française d’un ouvrage anglais consacré à une méthode de concertation citoyenne en urbanisme appelée Community planning.  Cette méthode rend les citoyens actifs dans l’élaboration du projet urbain et leur laisse  exprimer leur créativité au contact des professionnels. Elle repose sur un principe simple : chacun peut s’impliquer dans le processus, afin de mettre en commun ses idées et ses expériences et de participer collectivement à la conception du projet.
Ce guide pratique intéressera tous ceux qui s’investissent pour développer une pratique originale des démarches participatives.

>> Télécharger le Manifeste de l´Adels, publié à l´occasion de son cinquantenaire.  L´Adels est un lieu d´échange et de propositions pour le développement de la démocratie locale.

>> Voir aussi : Gérer ensemble des territoires ; vers une démocratie participative. Jean-Eude Beuret et Anne Cadoret. ECLM.

Harcèlement et brimades entre élèves
La face cachée de la violence scolaire
Jean-Pierre Bellon & Bertrand Gardette
Collection «Penser le monde de l’enfant»
Editions Fabert

Surnoms déplaisants, moqueries, insultes, menaces, rumeurs, manœuvres d’isolement… Chacun de ces faits considéré isolément peut paraître anodin aux yeux des adultes mais, lorsqu’ils qu’ils sont répétés de façon très régulière, ils peuvent rendre la vie quotidienne d’un élève parfaitement insupportable.
Dans leur ouvrage, Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette rendent compte de cette face cachée de la violence scolaire. Ils ont réalisé une grande enquête auprès d’un échantillon de 3000 élèves de collège. Résultat : 10% des élèves de collège reconnaissent subir régulièrement ce type de brimades. Ce sont les plus jeunes, les plus faibles et les plus isolés qui en sont les principales victimes.
Les auteurs se sont aussi intéressés aux moyens de prévention que certains établissements ont mis en place pour lutter contre cette forme de violence.

>> Les auteurs ont créé le site Internet harcelement-entre-eleves.com et fondé en 2007 l´Association pour la Prévention des Phénomènes de Harcèlement entre Élèves (Aphee).

Douleur animale, douleur humaine
Données scientifiques, perspectives anthropologiques, questions éthiques

Coordination éditoriale de Jean-Luc Guichet
Editions Quae

L´animal souffre-t-il ? Ou ne peut-on parler que de douleur à son égard ? Quelle différence, s´il y en a réellement une, entre souffrance et douleur ? Cet ouvrage, associant des chercheurs de disciplines et de préoccupations très diverses, a trois objectifs : faire le point sur la question de la douleur et des états associés chez l´animal, interroger l’une par l’autre douleur animale et douleur humaine, clarifier les bases éthiques du débat. Si l’animal, faute de langage comparable au nôtre, ne peut nous déclarer sa douleur, son comportement est cependant loin d’être silencieux. Cette question peut ainsi être ressaisie sous un plus large horizon que celui strictement humain, permettant une compréhension renouvelée. En retour, la reconnaissance de la douleur animale pose à l’homme des problèmes éthiques qu’il ne peut indéfiniment différer.

>> Une version PDF est également disponible sur le site de l´éditeur.

Absolument dé-bor-dée
ou Le paradoxe du fonctionnaire
Zoé Shepard
Albin Michel

Embauchée après huit ans d’études supérieures dans une mairie de province, Zoé Shepard a vite déchanté. Plongée dans un univers où incompétence rime avec flagornerie, ses journées sont rythmées par des réunions où aucune décision n’est jamais prise, de rapports qu’elle doit rédiger en dix jours (quand deux heures suffisent), de pots de bienvenue, de départ, d’anniversaire.

Chargée de mission dans un service fourre-tout, truqueuse patentée de notes administratives, G.O. pour délégations étrangères et hocheuse de tête en réunions, Zoé Shepard raconte avec un humour mordant ses tribulations de fonctionnaire désespérée dans un univers bien pire que tout ce que vous pouviez imaginer.

>> Voir aussi notre article.

Et aussi

Photojournalistes : constat et propositions
Marie Bertin, Michel Balluteau
Inspection générale des affaires culturelle, ministère de la culture et de la communication
La Documentation française

Rédigé à la demande du ministre de la culture et de la communication, ce rapport de l´Inspection générale des affaires culturelles (IGAC) fait le point sur la situation économique, juridique et sociale de la profession de photojournaliste qui regroupe environ 2000 personnes. Le rapport préconise notamment la création d´un Observatoire du journalisme chargé, d´une part, de collecter les éléments statistiques et qualitatifs et, d´autre part, de devenir un lieu de concertation entre tous les professionnels concernés.

Petit Traité de désobéissance civile
Chloé Di Cintio
Respublica éditeur

Faucheurs, bloqueurs, déboulonneurs et autres activistes.

 

 

 

L’État soutient fortement les médias et la presse

Avec un montant de 1,8 milliard d’euros pour 2010, l’aide aux médias et à la presse décidée par le gouvernement atteint un niveau important. Elle mériterait plus de transparence sur ses bénéficiaires. Un récent rapport propose de la conditionner.


Photo: Cuej-Strasbourg.

Chaque année, le projet de loi de finances détaille le montant des crédits alloués aux différents secteurs d’activité du pays. Dans l’annexe concernant la mission « Médias » du ministère de la culture, figurent les chiffres de ces aides accordées aux médias, dont la presse écrite (papier et internet) : 1813,5 M€ au total pour 2010.

– Programme « Presse » en 2010 : les crédits enregistrent une hausse de près de 51% par rapport aux crédits inscrits en loi de finances pour 2009, soit 419,3 M€ (416,3 M€ après le vote effectif de la loi) en 2010 contre 277,7 M€ en 2009. Ce chiffre se décompose en 113,4 M€ pour les abonnements de l’État à l’Agence France Presse (AFP) et 305,9 M€ d’aides à la presse (voir encadré).

À ce montant, il faut ajouter environ 200 M€ d’aides indirectes (dépenses fiscales sur impôts d’État) : taux de TVA de 2,10 % applicable aux publications de presse ; réduction d’impôt pour souscription au capital des sociétés de presse ; déduction spéciale prévue en faveur des entreprises de presse. La presse des collectivités locales bénéficie également de ce dispositif à hauteur de 1 M€.

Il faut aussi ajouter le déficit supporté par La Poste, 399 M€ en 2008, pour le transport de la presse d´information générale.

Enfin, aux journalistes est accordée une « allocation forfaitaire pour frais d’emploi » d’un montant de 7650 € à déduire de leurs revenus imposables. Soit au minimum 20 M€ de manque à gagner pour l’Etat.

Au total, donc, l´argent public se monte à 1055,9 M€ pour la seule presse écrite.

– « Contribution au financement de l’audiovisuel » : 497,9 M€.

– « Action audiovisuelle extérieure » (Radio France Internationale (RFI), France 24 et TV5 Monde) : 199,1 M€.

– « Soutien à l’expression radiophonique locale » : 29 M€ contre 26,5 M€ pour 2009, pour soutenir essentiellement les besoins nouveaux liés au lancement de la radio numérique.

Enfin, pour être complet, il faut rajouter les 15,6 M€ de dotation pour Public Sénat et les 16 M€ pour la Chaîne parlementaire-Assemblée nationale.

Le détail des aides à la presse par l’État

 Aides à la diffusion

– Aide au transport postal de la presse d’information politique et générale : afin de « compenser les surcoûts de la mission de service public de transport postal de la presse, l’État s’engage à apporter à La Poste une contribution annuelle de 242 M€ en 2009, 2010 et 2011 ». Au total, après perception de cette contribution versée par l’Etat, le déficit supporté par La Poste en 2008 s’est élevé à 399 M€.

– Réduction du tarif SNCF pour le transport de presse : 5,8 M€.

– Distribution et promotion de la presse française à l’étranger qui contribue au « rayonnement de la pensée et de la culture françaises » : 1,9 M€. Les bénéficiaires de cette aide sont des éditeurs particuliers (une trentaine), des organismes collectifs de promotion des ventes ou des sociétés de messageries.

– Portage de la presse : la dotation de l’aide est passée en 2009 de 8, 2 M€ à 70 M€ à l’issue des États généraux de la presse. Le nombre de bénéficiaires est ainsi passé de 63 en 2008 à 126 en 2009, nombre qui devrait encore augmenter en 2010.

– Exonération des charges patronales pour les vendeurs-colporteurs et porteurs de presse : compensation à la sécurité sociale estimé à 12 M€.

Aides au pluralisme

– Quotidiens nationaux d’information politique et générale à faibles ressources publicitaires : 9,2 M€.

– Quotidiens régionaux, départementaux et locaux d’information politique et générale à faibles ressources de petites annonces : 1,4 M€.

– Presse hebdomadaire régionale : 1,4 M€.

Aides à la modernisation

– Modernisation sociale de la presse quotidienne d’information politique et générale : 22,7 M€. Le nombre d’allocataires prévus en 2010 s’élève à 350 pour la presse quotidienne nationale et à 1100 pour la presse quotidienne en régions.

– Distribution de la presse quotidienne nationale : 12 M€.

– Modernisation des diffuseurs de presse : 13,3 M€.

– Développement des services de presse en ligne : 20,2 M€.

– Modernisation de la presse quotidienne et assimilée d’information politique et générale : en 2008, 64 projets ont été aidés par le fonds. Le montant moyen des aides s’est élevé à 340 090 €. Total pour 2010 : 25 M€.

> Si l’on additionne ces montants, on obtient 436,9 M€ et non les 419,3 M€ indiqués plus haut. La différence s’explique par le fait qu’une partie de l’aide au transport postal de la presse est prise en charge par un ministère (les finances) autre que celui de la culture.

Comme le souligne Etienne Chantrel, chargé de mission à la direction générale du Trésor et de la politique économique du ministère de l’économie, dans un document de travail intitulé Quelques éléments de réforme du secteur de la presse en France, « l’évaluation des aides publiques à la presse est difficile.  Si les aides directes sont répertoriées de manière précise dans la loi de finances, les aides indirectes (notamment les dépenses fiscales) ne sont disponibles que sous forme d’évaluations issues de diverses sources (rapports parlementaires, analyses économiques…) ».

Il retient pour sa part, et pour la seule presse d´information, le chiffre de 1,244 milliard d´euros, soit 190 millions d´euros de plus que notre estimation.

Un sujet sensible

Les éditeurs ont toujours refusé de publier le montant des subventions qu’ils reçoivent. Le ministère de la culture dit « respecter » ce désir de discrétion, bien qu’il soit plutôt favorable à la transparence de ces chiffres. En effet, selon lui, cette opacité n’est « pas forcément justifiée » et ne pourra pas durer éternellement.

En effet, de nouveaux venus sur le terrain médiatique n’ont pas les mêmes réticences et pourraient faire évoluer les choses. Un certain nombre de pure players sur internet ont souhaité, par exemple, que les aides accordées aux nouveaux services en ligne soient rendues publiques, nominalement. Après discussion entre éditeurs avec le ministère de la culture, la publication de ces chiffres a été actée mais seulement par famille de presse ou nature de projets. Chaque titre est laissé libre de publier ou non ce qu´il reçoit lui-même.

Les fonds distribués étant de l’argent public, le secret ne peut juridiquement pas être opposé aux demandes d’information. C’est ainsi qu’après avoir saisi la commission d’accès aux documents administratifs (Cada), le site du journalisme digital OWNI s’est procuré des documents inédits. Sur plusieurs pages sont révélées les récipiendaires, la nature des projets financés depuis 2003, ainsi que les comptes rendus des réunions de la commission chargée de distribuer ces fameuses aides à la presse. Le site a ouvert sur ce thème une enquête crowdsourcée (contributive) en faisant appel aux internautes. Vous pouvez retrouver la totalité des documents en leur possession.

>> Aldo Cardoso, PDG par interim d´Andersen, propose de conditionner les subventions de l´Etat. Commandé à l´issue des Etats généraux de la presse en 2009, son rapport a été remis le mercredi 8 septembre aux ministres du budget et de la communication, François Baroin et Frédéric Mitterrand. Il propose de conditionner les subventions de l´Etat. L´objectif est de sortir le secteur du “système d´assistance respiratoire permanente”.

>> Voir également le commentaire de JL ML sur ce rapport (sur son blog).

1 – J’ai rencontré l’homme qui dit ne plus manger depuis près de huit ans

> Article récent (avril 2018) : Henri Monfort, qui dit ne plus manger depuis 2002, quitte la vie publique.

Henri Monfort est-il un mutant ? Préfigure-t-il un saut évolutif de l’espèce humaine ? Cet homme aurait cessé d’ingérer toute nourriture solide depuis le 23 novembre 2002. Depuis cette date, il ne s’alimenterait que d’eau et de « prana » (souffle vital). Intrigué et perplexe, Ouvertures est allé le voir. Et s’est fait son opinion : cet homme semble sincère. A vous de juger.

Impossible ! C’est ce que tout un chacun se dit à l’énoncé d’une telle affirmation : un homme vit en France depuis près de huit ans en ne s’alimentant que de boissons et de nourriture pranique. Bien sûr, il est impossible de vérifier ses dires. Difficile de surveiller ses faits et gestes 24 h sur 24 et 7 jours sur 7 !


J´ai rencontré l´homme qui dit ne plus manger – 1


J´ai rencontré l´homme qui dit ne plus manger – 2


J´ai rencontré l´homme qui dit ne plus manger – 3

Henri Monfort, âgé de 57 ans, vit à Nantes depuis des années dans un studio de 12m2 en plein centre ville. Beaucoup le connaissent : il a un site internet, fait des conférences dans tout le pays, a écrit un livre (La Nourriture pranique), accompagne à leur demande des personnes intéressées par la possibilité de se nourrir seulement de « lumière » et effectue des « harmonisations énergétiques » pour ceux qui en ont besoin.

Titulaire d´une formation d´assistant de vie, il a passé dix-huit ans comme chargé de clientèle à la Caisse d’épargne avant de se reconvertir radicalement. Il se dit « chamane druidique », spécialité « non reconnue sur le plan socio-professionnel ». Deux fois marié, en instance de divorce pour la deuxième fois (« Ce n’est pas facile de vivre avec un chamane… »), père de quatre enfants (trois grands, un petit), il sait que sa démarche paraît incroyable. Il sait qu’il dérange. Mais il ne cherche ni à faire des adeptes, ni à prouver quoi que ce soit. C’est une affaire personnelle, « le plus haut niveau qu’un chamane puisse viser ».

Mais il pense aussi que cette aptitude à vivre sans nourriture solide est en train de croître dans l’humanité, comme si l’évolution avait trouvé là un moyen de faire avancer l’homme, prisonnier qu’il est d’un matérialisme sclérosant et mortel à terme pour son espèce…

Plusieurs fois contacté par des journalistes, il n’avait jamais été interviewé directement avant qu’Ouvertures n’aille le rencontrer sur son lieu de vie, après un premier article paru en mai 2010.

Nous vous laissons maintenant découvrir cette étonnante personnalité au travers de trois séquences vidéo sans commentaire.

>> Coup d´oeil dans le réfrigérateur du chamane :

 

>> Voir notre dossier Prana : ils disent vivre sans manger ni boire.

>> Le témoignage d´Isabelle Hercelin, nantaise comme H. Monfort et, comme lui, thérapeute en énergétique.

2 – Jasmuheen, star mondiale du pranisme

La respirienne (qui a cessé toute nourriture physique) Jasmuheen est à l’origine d’un engouement pour la nourriture pranique (« souffle de vie ») à travers toute la planète. Elle était à Paris ce début juillet 2010.


Jasmuheen et sa traductrice lors de l´atelier de cet été à Paris.
Photo : Ouvertures.

« Dans notre existence, on a besoin de connaître la vérité à chaque instant. Or, on est entré dans une époque de grande désinformation, de rumeurs, etc. La seule voix qui puisse vraiment nous guider est la voix divine à l’intérieur de nous. Pas celle, extérieure, d’un gourou, d’une église ou d’une secte. Par la méditation et la prière, apprenez à rencontrer votre maître intérieur et à vous accorder à lui, à son rythme. Vous en recueillerez de la douceur, de la bonté ainsi que des informations intéressantes. »

C’est avec ce message que l´Australienne Ellen Greve, 53 ans, alias « Jasmuheen », a accueilli les participants à un mini atelier, le 2 juillet 2010 à Paris. Directrice de l’Ambassade de la paix, mouvement qu’elle a créé pour mettre en œuvre des « programmes d’harmonisation » dans différents pays, Jasmuheen affirme avoir cessé de manger et ne plus vivre que de « lumière » depuis 1993 (« la force universelle du prana »).

Personnalité charismatique, à la fois adorée et détestée, elle est qualifiée de « gourou » par ses détracteurs ou d´initiatrice par ses admirateurs. Elle écrit des livres, donne des conférences et anime des ateliers. Elle sillonne la planète pour « élever la conscience collective [de l’humanité] et préparer sa transformation ».

Le 17 septembre verra la sortie de « In the beginning there was the light » (Au commencement était la lumière), film du réalisateur allemand Peter Straubinger. Déjà présenté à Cannes en mai 2010, le documentaire présente notamment Jasmuheen et Michael Werner, un scientifique qui dirige un institut de recherche pharmaceutique et qui affirme vivre depuis 2001 sans manger.

A notre demande d’interview, Jasmuheen nous a fait répondre : « Je n’accorde plus d’entretien avec les médias grand public depuis bientôt dix ans ».

 

> Interview de Jasmuheen par Caroline Lachowski, en juin 2003, pour l´émission Spiritualités (aujourd´hui disparue) sur Radio France Internationale (RFI).

>> Le Français Henri Monfort prétend ne plus manger depuis 7 ans et demi. Il raconte que c´est la lecture d´un livre de Jasmuheen qui a suscité son désir de se nourrir uniquement de prana.

Un bilan peu critique de la gestion de la pandémie

En France, un rapport parlementaire tire les leçons de la gestion de la crise en évitant soigneusement les questions qui fâchent et en continuant de diaboliser les contestataires. Les conditions pour rétablir la confiance des Français dans la politique vaccinale ne sont donc toujours pas réunies aujourd’hui.

Dans son rapport sur la gestion de la campagne de vaccination contre la grippe A rendu public cette semaine, la commission d´enquête parlementaire présidée par Jean-Christophe Lagarde révèle que la couverture vaccinale s’est élevée à 5,36 millions de personnes au 1er juin 2010, soit moins de 8,5 % de la population totale. Par ailleurs, la campagne de vaccination « a occasionné une perte de plus de trois millions de doses de vaccins, une quantité qui représente plus de la moitié du nombre de personnes vaccinées ».

Globalement, le rapport fait le bilan de l’organisation de la campagne de vaccination, en la qualifiant de « trop rigide » et en regrettant qu’elle ait reposé « essentiellement sur des centres de vaccination dont le principe même était contesté ».

Pour le reste, « l’appareil d’État s’est globalement remarquablement mobilisé » et les pouvoirs publics ont fait « une application responsable du principe de précaution qui les a conduits à décider d’une vaccination massive de la population et à négocier des contrats de commande de vaccins dans des conditions délicates ».

Bref, un satisfecit sans vergogne qui permet de prédire bien des difficultés aux pouvoirs publics pour rétablir la confiance des Français dans leur gestion de la prochaine pandémie.

Un seul bémol à ces compliments, la communication institutionnelle a été trop classique, inadaptée aux mentalités d’aujourd’hui. Trop confiante, elle n´a pas su prendre la mesure des réactions du public, et tout particulièrement des expressions sur Internet : « Les folles rumeurs sur internet, les attaques violentes du lobby anti-vaccin ou encore les annonces spectaculaires de pseudo-experts en quête de gloire médiatique auront sans doute laissé des traces. Le sensationnalisme a prévalu sur les faits documentés ; la parole officielle a été décrédibilisée par des acteurs sur les motivations desquels on s’interroge encore ».

Lobbys anti-vaccinaux

Le web est une nouvelle fois présenté comme un vilain petit canard, un repaire pour de dangereux contestataires : « La question se pose de la motivation des divers intervenants sur internet. Certains avaient pour objet de contester le recours à une campagne de vaccination collective – ce qui était légitime car il s’agissait de discuter d’orientations stratégiques ; en revanche, d’autres se sont appuyés sur ce nouvel outil de communication, très efficace, pour faire valoir des opinions tout à fait contestables. On doit ainsi citer les lobbys anti-vaccinaux qui contestent le principe même du recours à la vaccination et qui ont pris une certaine ampleur depuis la campagne de vaccination contre l’hépatite B. Leur stratégie consiste généralement à nier l’efficacité et la sûreté des vaccins dont les risques d’effets secondaires seraient sous-évalués. Ils se fondent en général non sur de la documentation scientifique mais sur des témoignages, ce qui frappe bien évidemment les esprits ; ou bien ils procèdent par extrapolations hasardeuses, raccourcis et citations tronquées de travaux et d’études pour parer leurs arguments d’une aura scientifique. Ils ont, avant même la disponibilité des vaccins, puis lors de la campagne de vaccination, fait amplement valoir leurs positions qui constituent une régression scientifique et médicale non seulement scandaleuse mais dangereuse. »

Or, en parlant de “lobby anti-vaccinal”, le rapport déforme les faits. La plupart des associations visées ne sont pas forcément CONTRE les vaccins mais POUR la liberté vaccinale. Elles sont amplement constituées de membres de la profession médicale. Leurs arguments sont étayés par de nombreuses références scientifiques incontestées, etc. Certes, ces associations choisissent sans doute de mettre en avant les données qui vont dans le sens de leur vision. Mais ni plus ni moins que ne le fait la communication/propagande officielle…

En présentant tous les contestataires comme de mauvaise foi, en les amalgamant avec les partisans de la théorie du complot, en refusant un débat public avec eux, les rapporteurs perdent donc de la crédibilité aux yeux des citoyens.

Vers des états-généraux de la vaccination ?

A ce « brouillard médiatique » qu´ils dénoncent, les parlementaires auraient préféré un « débat d’experts dans une instance exclusivement composée de scientifiques – par exemple autour de l’Académie nationale de médecine, référence « parlante » pour beaucoup de Français –, au cours d’une grande conférence médiatisée qui aurait permis de délivrer un message traduisant le consensus scientifique sur les incertitudes, le risque lié à la pandémie et la vaccination ».

Or, aujourd’hui, réserver le débat sur les questions sanitaires aux seuls scientifiques serait le meilleur moyen de démobiliser les populations et d’augmenter encore leur méfiance envers les politiques institutionnelles.

Mais peut-être arriverons-nous un jour à de meilleures constructions collectives ? Les rapporteurs écrivent qu’il serait « sans doute opportun d’organiser, comme cela a été le cas pour la bioéthique, des états généraux sur les enjeux de la vaccination en général qui permettraient à un panel de citoyens représentatifs de la population, préalablement formés à la question, de mener un débat éclairé par les scientifiques sur la politique vaccinale en France. »

Le rôle des firmes pharmaceutiques

Autre faiblesse de ce rapport, toute la lumière n’a pas été faite sur la campagne de vaccination : « On ne trouvera pas dans le présent rapport, préviennent les députés, d’analyses approfondies sur le rôle de l’Organisation mondiale de la santé et notamment de ses experts, la façon d’être ou de trouver plus expert que les experts, la question des liens d’intérêts susceptibles d’exister entre experts et laboratoires, les plans de continuité d’activité, l’efficacité et les modalités d’utilisation des antiviraux ou la pertinence des procédures d’autorisation de mise sur le marché retenues pour les vaccins pandémiques. Ces questions sont importantes mais il n’appartenait pas à votre rapporteur de les traiter, le seul sujet de l’organisation de la campagne de vaccination étant au demeurant suffisamment complexe pour éviter toute dispersion ».

Peut-être en saura-t-on quand même un peu plus avec les conclusions que la commission d’enquête du Sénat sur le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le gouvernement de la grippe A devrait rendre le 28 juillet ?