Les premiers pas du Conseil de déontologie journalistique francophone

Un premier bilan du Conseil de déontologie journalistique (CDJ) de Belgique francophone et germanophone, qui existe depuis près de deux ans.


André Linard, secrétaire général du CDJ.

Né le 30 avril 2009 à la suite d’un décret voté par le Parlement de la Communauté française, le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) est un organe d’autorégulation des médias francophones et germanophones de Belgique. Composé de représentants des éditeurs, des journalistes, des rédacteurs en chef et de la société civile, il exerce trois fonctions : information, médiation et régulation.

En 2010, CDJ a reçu 42 plaintes dont 12 ont été suivies d’un avis. 9 de ces plaintes ont été déclarées non fondées et 3 fondées.

7 plaintes ont été sans suite, les plaignants n’ayant pas répondu aux demandes et questions que le CDJ leur avait soumises. « Beaucoup de plaintes sont déposées après des émissions audiovisuelles : ce sont des réactions souvent très impulsives », commente André Linard, secrétaire général du CDJ.

9 plaintes ont été déclarées irrecevables, 4 parce que hors compétence de l’instance de régulation et 5 pour des questions de forme (les plaignants ne souhaitant pas, par exemple, donner leur identité).

6 plaintes ont été éteintes suite à une médiation entre les parties. Enfin, 8 plaintes étaient toujours en cours de traitement au 31 décembre.

Le personnel du CDJ est constitué d’un secrétaire général et d’une secrétaire à mi-temps. Il est présidé par Marc Chamut, par ailleurs président de l’Association des journalistes professionnels (AJP).

Son budget est de 161 000 €, honoré à moitié par les éditeurs, à moitié par les associations de journalistes (qui reçoivent à ce titre une subvention de la Communauté française).

Un avis récent du CDJ : liens privés et impartialité

Le 15 décembre 2010, le Conseil de déontologie a déclaré non fondée une plainte introduite par M. Boniface, plus connu sous le nom de Père Samuel (prêtre traditionnaliste en désaccord avec la hiérarchie catholique), contre le reportage le concernant diffusé sur la RTBF le 24 novembre dernier dans l’émission Devoir d’enquête.

Cette plainte portait sur les méthodes de recherche d’information considérées comme inacceptables par le plaignant. L’objectivité de la journaliste était mise en cause en raison de faits relevant de sa vie privée : son mari, par exemple, est en procès avec le plaignant, lequel en déduisait l’impossibilité pour elle de réaliser un reportage sans parti-pris. Un banal conflit d´intérêt.

La plainte, introduite avant la diffusion du reportage, était-elle recevable ? Oui, aux yeux du Conseil, qui a toutefois précisé qu’il ne pouvait intervenir sur le contenu d’une émission ou d’un article non encore diffusé, et uniquement au sujet de faits survenus dans la recherche d’information et antérieurs à la plainte.

Sur le fond, le CDJ reconnaît que certains éléments de la vie privée d’un(e) journaliste risquent de mettre à mal son objectivité ou son impartialité, mais que la faute ne réside pas dans le risque. Le CDJ explique que, « si les arguments d’ordre privé ne constituent pas les meilleures conditions pour témoigner d’impartialité, d’objectivité et d’absence de parti-pris (…), des journalistes peuvent se révéler, même dans ces conditions, capables de rencontrer les exigences déontologiques en faisant prévaloir leurs compétences professionnelles ». Ces exigences étant à apprécier a posteriori et in concreto.

Voir l´avis du CD.

>> Le CDJ introduit ici une réflexion intéressante dans le cas des conflits d´intérêt, en distinguant la phase de recueil de l´information (où le journaliste peut être crédité de présomption d´impartialité) et le résultat diffusé au public.

La HAS va élaborer des critères de qualité pour la presse médicale

La Haute autorité de santé (HAS) a entrepris une réflexion pour définir des critères de qualité des revues et journaux de la presse médicale. S’ajoutant à ceux du HONcode (pour les sites internet), ces critères permettront-ils d’accroître réellement la qualité de l’information diffusée dans ces médias ?

Selon la note de cadrage rédigée par la HAS à ce sujet, l’objectif est double : élaborer des critères de qualité de la presse médicale (portant par exemple sur les déclarations d’intérêt, l’identification claire de la publicité, le fonctionnement des comités de lecture et les procédures de relecture) ; voir comment le respect de ces critères peut être reconnu par les pouvoirs publics dans un objectif d’amélioration de la qualité.

La HAS a pour mission générale d´informer les professionnels de santé et le grand public et de définir des démarches qualité pour des moyens d’information, qu’il s’agisse des  logiciels d’aide à la prescription, de sites internet ou de la visite médicale.

Pour construire ces nouveaux critères de qualité, l’administration s’appuiera sur les expériences acquises, sur une recherche bibliographique internationale, sur la possibilité d’en mesurer le respect.

La réflexion sur les critères envisagera les axes thématiques suivants : les caractéristiques de la diffusion, la place de la publicité, l’information sur les sources de financement, l’information sur les annonceurs, la publicité rédactionnelle, les comités de lecture et les procédures de relecture, les déclarations des liens d’intérêt des comités de rédaction/scientifique/de lecture, la bibliographie, les signatures et la déclaration des liens d’intérêts des auteurs d’articles…

Un groupe projet fera un travail préparatoire qui associera les acteurs concernés : éditeurs, responsables de rédaction, lecteurs.

Les limites du HONcode


Dominique Dupagne
ne croit plus au HONcode.

Absolument indispensable, il est à craindre néanmoins que cette démarche s’avère encore insuffisante, si l’on en juge par l’expérience du HONcode (Health on the Net) existant.

Le HONcode est une certification accordée par une organisation non gouvernementale (ONG) suisse à laquelle de nombreux sites médicaux recourent d’ores et déjà.

Cet organisme est accrédité par la HAS dans le cadre de son obligation « d´établir une procédure de certification des sites informatiques dédiés à la santé et des logiciels d´aide à la prescription médicale ayant respecté un ensemble de règles de bonne pratique ».

Le problème est que cette certification n’oblige qu’au respect de certains principes déontologiques fondamentaux. Elle ne dit absolument rien de la qualité réelle de l’information diffusée sur les sites.

A tel point, par exemple, que le docteur Dominique Dupagne, qui y avait adhéré pour son site Atoute, vient de supprimer le sceau de ses pages.

Il explique : « Le sceau HONcode, attribué après audit est arboré sur le site certifié, gage d’une qualité présumée. Qualité présumée car le HONcode, comme vous pouvez le constater, ne dit pas un mot de la qualité intrinsèque des informations présentées sur le site certifié. Cette qualité est censée découler des principes généraux et déontologiques exprimés en huit points. C’était un pari audacieux. Pari à mon sens perdu. Le seul crédit (significatif) à apporter à la certification HONcode est d’avoir poussé de nombreux sites à aller vers plus de transparence ».

Le docteur ajoute : « La majorité des sites financés par l’industrie pharmaceutique arborent fièrement le HONcode. Pire, cette dépendance financière est le plus souvent masquée. En effet, la formule retenue est désormais “Le site machin est entièrement financé par l’association truc”. Le lecteur ne saura pas que l’association truc est elle-même financée à 80% par l’industrie pharmaceutique. Le HONcode ne permet plus de savoir qui paye l’information délivrée. (…) Pire, des sites de qualité se voient contester leur HONcode sans raison valable, alors qu’ils sont critiques vis-à-vis d’une certaine pensée unique médicale ou de certains médicaments.

Enfin, il est question dans les médias que Doctissimo obtienne le HONcode, ce qui serait le pompon. Malgré tout le respect que j’ai pour la réussite financière de ce site, la publicité est tellement bien intégrée au contenu qu’elle en devient parfois indiscernable.

Cette dérive était prévisible : face à des intérêts commerciaux majeurs, le HONcode était trop “naïf” et son contournement était inévitable. Le petit apport en terme de transparence est annulé par un crédit injustifié accordé à des sites ou associations qui dissimulent leurs financements ».

Les Anthroposophes obtiennent le million de signatures de citoyens

Grâce au capital de sympathie dont elle bénéficie dans l’opinion, l’anthroposophie a gagné une première grande bataille : plus de 1,1 million de personnes en Europe ont signé leur pétition pour demander à la Commission européenne la création d’un cadre juridique visant à « préserver la liberté de choix et l’opportunité de choisir des produits et des services anthroposophiques ».


Fabrication de médicament anthroposophique.

Au 5 janvier 2011, 1.121.014 signatures, en provenance des pays de l’Union européenne, ont été enregistrées par Eliant. Cette Alliance européenne d’initiatives issues de l’anthroposophie regroupe les organisations internationales de ce mouvement philosophico-spirituel.

C’est la deuxième fois qu’une pétition de citoyens, organisée à l’échelle de l’Europe, va contraindre la Commission à étudier leurs revendications (cf. Pétition Avaaz sur les OGM).

Les réalisations de l’anthroposophie sont bien connues du public sensibilisé aux questions d’écologie ou de santé naturelle : l’agriculture biodynamique (label Demeter), la pédagogie Steiner (Écoles Steiner-Waldorf) et la médecine (médicaments Weleda).

Selon les initiateurs de la pétition, « les méthodes utilisées par l’agriculture biodynamique et la pharmacie anthroposophique sont menacées et risquent de se voir dans l’impossibilité de continuer leur activité, faute de trouver une place dans le cadre des directives européennes actuelles ».

Or il existe, pour les citoyens européens, une possibilité d’intervenir directement dans les décisions de l’UE : c’est de montrer qu’ils sont assez nombreux (au moins un million) et représentatifs pour exiger que leurs propositions soient prises en considération par la Commission.

Utilisant cette nouvelle procédure, Eliant a donc lancé une campagne européenne de signatures qui vient d’aboutir, grâce à la mobilisation de plus d’un million de citoyens européens. Loin d’être tous des anthroposophes, les signataires se sont reconnus plus largement dans un « mouvement dynamique de civilisation et de culture qui redonne la priorité à l’être humain et au respect de la nature, dans une démarche de conscience, de responsabilité et de liberté ».

Les menaces contre les produits et services anthroposophiques sont issues du désir, certes légitime, de la Commission d’assurer leur sécurité sanitaire auprès des consommateurs. Le problème est que cette sécurité est parfois excessive, maladroite ou intéressée (au profit des grands lobbies). Et elle n´est pas forcément une garantie de protection des consommateurs, comme le montre l´affaire du Mediator, médicament qui aurait fait pourtant de 1000 à 2000 décès, alors que le purin d’ortie, lui, a été interdit…

La bagarre politique s´annonce rude

Exemples de difficultés rencontrées par les pratiques anthroposophiques :

– Une directive européenne interdit la commercialisation de petits pots pour bébés sans ajout de vitamines artificielles. Les produits Demeter, riches de vitamines naturelles, se trouvent ainsi exclus du marché !

– Les médicaments anthroposophiques qui relèvent des catégories reconnues par les directives (homéopathie et phytothérapie) sont autorisés. Par contre, les médicaments spécifiquement anthroposophiques qui ne disposent pas encore d’un cadre législatif risquent de disparaître.

Parallèlement, les art-thérapies ou la pédagogie Waldorf/Steiner, l’éducation spécialisée pour enfants et adultes handicapés, rencontrent des difficultés identiques.

Les promoteurs de la démarche souhaitent que soit créé un cadre juridique particulier permettant à l´anthroposophie de se développer comme en Suisse et en Hollande.

Si de nombreux non-anthroposophes soutiennent cette revendication, c’est qu’ils souhaitent que la porte soit laissée ouverte à toute une gamme de produits naturels et de démarches non-classiques ni académiques. Produits et démarches menacés alors que beaucoup d´entre eux ont fait leur preuve.

La bagarre politique s’annonce rude. D’autant plus que certaines autorités, comme la Miviludes en France, présentent l’anthroposophie comme une démarche « à caractère sectaire ». L´expression populaire venue de cette initiative citoyenne risque  fort d’embarrasser les autorités, les institutions et les groupes de pression, bien représentés à Bruxelles…

L’Express fait preuve de courage rédactionnel

Fait assez rare pour mériter d’être mis en avant : l’hebdomadaire l’Express publie la liste de dix médicaments qui devraient être selon lui retirés du marché. Un acte courageux quand on sait que Roularta Media Group, propriétaire du titre, possède plusieurs magazines médicaux vivant notamment de la publicité des laboratoires pharmaceutiques.


Di-Antalvic : l´Agence européenne du médicament (EMEA) a déjà décidé le retrait du marché de ce
produit.

Actos (indication : traitement du diabète de type 2, dit “gras”), Adartrel (syndrome des jambes sans repos), Di-Antalvic (antidouleur), Hexaquine (crampes musculaires), Intrinsa (baisse du désir chez les femmes après ablation des ovaires et de l´utérus), Ketek (infections respiratoires), Nexen (arthrose et règles douloureuses), Vastarel (vertiges, acouphènes, angines de poitrine, troubles du champ visuel), Zyprexa (schizophrénie et troubles bipolaires), Zyban (sevrage tabagique) : selon l’Express, ces dix médicaments, contestables, ne devraient pas être sur le marché. De même que leurs versions génériques.  

Contestables car leur « rapport bénéfices-risques est clairement défavorable. Autrement dit, les avantages apportés ne sont pas suffisants comparés aux dangers auxquels ils exposent ».

Le journal a établi sa liste à partir des travaux de la revue médicale indépendante Prescrire dont les journalistes analysent, pour chaque molécule, l´ensemble des études cliniques, des articles scientifiques et des informations disponibles. C´est en lisant ce mensuel que le Dr Irène Frachon, à l´origine des révélations sur les décès occasionnés par le Médiator1, s´est inquiétée pour la première fois de ses effets indésirables.

La liste élaborée par l’Express a été soumise à l´avis d’un pharmacologue, membre de l´Académie nationale de médecine et siégeant aux commissions d´autorisation de mise sur le marché (AMM) et de pharmacovigilance.

Dans un autre article, intitulé « Faut-il avoir peur des médicaments », l’hebdomadaire français suggère que bien d’autres scandales sanitaires sont à craindre car « les médicaments provoquent toujours, à eux seuls, plus de 130 000 hospitalisations par an. Et tuent en silence 18 000 malades qui s´ignorent ».

La rédaction a passé outre la crainte de représailles toujours possibles des laboratoires pharmaceutiques. En effet, ceux-ci financent en partie, par leurs investissements publicitaires, d’autres magazines du Roularta Media Group, dont le Groupe Express Roularta (qui publie le magazine l’Express) est une filiale : le Dentiste, le Généraliste, le Pharmacien, les Spécialistes, roulartamedica.be.

Mais sans doute ces industriels n´ont-ils pas encore dit leur dernier mot…

>> “Ces médicaments qui nous tuent”, émission de C dans l´air (France 5) du 28 décembre 2010, consacrée à l´affaire du Médiator et au rôle des autorités sanitaires.

1 D´abord destiné aux diabétiques, le médicament a aussi été prescrit comme coupe-faim à des patients souhaitant maigrir. 5 millions de personnes en auraient consommé. Le Mediator pourrait avoir tué entre 1000 et 2000 personnes.

Film « Lumière » : Peut-on vivre uniquement de « prana » ?

Non, répondent le sens commun et la science moderne. Oui, affirment certains « respirianistes » qui prétendent avoir remplacé l’alimentation solide et liquide par le seul « prana » (souffle vital). La Miviludes condamne cette pratique, mise en scène par le film « Lumière » qui sort sur nos écrans. Ouvertures continue à s’interroger sur un phénomène dont l’histoire a donné de nombreux exemples.

Le film « Lumière » sort en ce moment dans les salles. Il s’agit en fait d’un documentaire sur le respirianisme réalisé par l’Autrichien Peter Arthur Straubinger.  Les respirianistes sont convaincus que l’homme peut survivre sans boire ou manger, en ne se nourrissant que de lumière ou de “prana”.

Le yogi Prahlad Jani, un Indien de 84 ans qui prétend ne plus se nourrir qu’ainsi depuis 74 ans, a fait parler de lui cette année sur toute le planète en se soumettant à une observation scientifique.

Intrigués par cette information, et après quelques recherches, nous avons appris qu’il existait bien d´autres personnes prétendant vivre de cette façon. C’est pourquoi nous avons rencontré deux d’entre elles : l’Australienne Jasmuheen (lors d´une présentation publique de sa démarche) et Henri Monfort qui propose des accompagnements au pranisme et a publié un livre sur son expérience.


Henri Monfort.
Photo : JL ML.

Nous avons réalisé une interview vidéo, en trois volets, de Henri Monfort. Dans l’impossibilité de vérifier ses affirmations, nous avons seulement recueilli son témoignage en lui posant toutes les questions qui ne peuvent manquer de jaillir en tout esprit rationnel.

Ses réponses nous ont semblé sincères, sans préjuger de la réalité de la démarche qui reste à authentifier.

Le magazine Sciences et Avenir dénigre cette pratique en assénant au passage des propos péremptoires mais néanmoins très contestables : « Contrairement à de nombreuses croyances, le jeûne ne présente aucune vertu, en particulier purificatrice ». Il conclut son article en disant : « Promouvoir la nourriture pranique est non seulement absurde, mais criminel ».

Propos tout à fait en phase avec celui de la Miviludes qui parle, dans un communiqué publié par l’AFP le 18 décembre 2010, de « pratiques charlatanesques à forte connotation sectaire ».

>> Fiche de présentation et extraits du film.

>> Voir l´interview du réalisateur du documentaire par Maxisciences, qui, par ailleurs, se défend de toute promotion du respirianisme.

>> Comme à pratiquement chaque fois qu’un phénomène incompréhensible dérange les certitudes établies, pour la sphère institutionnelle et la presse qui la soutient, c’est la réaction de rejet à priori, sans même étudier concrètement les choses ni tenir compte du fait que ce phénomène de l’inédie heurte les esprits depuis des lustres (voir l’article d’Alain Maillard). Répondre en qualifiant simplement cette démarche de « sectaire », c’est à coup sûr taper à côté de la plaque et demeurer impuissant à en prévenir les dérives…

D. Applefield, Financial Times Afrique : pourquoi « il est important aujourd’hui d’être africain » ?

Pour David Applefield, représentant du Financial Times en Afrique, il est temps de changer notre regard sur ce Continent : “Avant, il fallait être américain ; aujourd´hui, au vu des opportunités et des richesses économiques et culturelles qu´offre le Continent, il est important d´être africain !”

Né à Boston, David Applefield se dit aujourd’hui « africain ». Représentant le Financial Times sur le Continent africain depuis treize ans, il a pu y observer des évolutions significatives dans beaucoup de domaines : éducation, rôle des femmes, gouvernance, confiance en soi, etc.

Il invite les médias à changer leur regard sur ce qui s’y passe. En effet, au-delà des conflits et de la misère dont ces derniers font leurs choux gras, l’Afrique offre d’immenses opportunités économiques et culturelles : « Tous les éléments sont en place ; c’est très excitant ! »

Prenant l’exemple du Nigéria, qui a « mauvais réputation » dans le monde, David Applefield se dit impressionné par les développements en cours dans les domaines des télécommunications, de l’agriculture, des boissons, des services, de l’énergie…

Il présente à notre caméra la première ampoule solaire, baptisée Nokero parce qu’elle ne consomme pas de kérosène. D’une autonomie de huit heures, cette lampe est développée par un entrepreneur social américain en lien avec des Africains. Elle permettra à l’étudiant de travailler partout, à la femme de se sentir en sécurité sur ses trajets, etc. « J’aime beaucoup l’idée que chacun est porteur de sa propre énergie », se réjouit D. Applefield.

Pour lui, il existe peu d’espaces sur la Planète où autant de possibilités qu´en Afrique sont offertes à la créativité.

>> David Applefield intervenait dans le cadre du 2e Colloque Harubuntu organisée par Echos Communication, la Fondation M (qui assure notamment le financement de notre magazine), la Coopération belge du développement et Cités et gouvernements locaux unis d´Afrique (CGLUA).

La médecine traditionnelle va être classifiée par l’OMS

Pour la première fois de l´histoire, l´Organisation mondiale de la santé (OMS) va développer une classification mondiale de la médecine traditionnelle. La voie est ainsi ouverte pour une évaluation des bénéfices de cette médecine, principale source de soins pour de nombreuses communautés de par le monde.


Une étudiante française s´essaie au massage traditionnel chinois à Shenyang (province du Liaoning), le 4 août dernier. Dix étudiants français
ont étudié pendant deux semaines la médecine chinoise traditionnelle, dont l´acupuncture et le massage.

 Le projet, baptisé « Classification internationale de la médecine traditionnelle » doit déboucher « sur la mise en place d´une base de données internationale permettant d´organiser les pratiques de cette médecine, en répertoriant les terminologies et en proposant une classification des diagnostics et des méthodes d´interventions », indique l’OMS dans un communiqué rendu public le 7 décembre 2010.

Pour l’OMS, la médecine traditionnelle est « la somme des connaissances, des compétences et des pratiques basées sur les théories, les croyances et les expériences propres aux différentes cultures, et qui sont utilisées pour prévenir, diagnostiquer, soulager ou soigner des souffrances physique et mentales ».

Dans son communiqué, l´organisation souligne que « dans certains pays asiatiques et africains, 80% de la population dépend de la médecine traditionnelle pour les soins de santé primaires ». Elle rappelle aussi que la médecine traditionnelle, dont les traitements à base de plantes sont les plus populaires, est utilisée depuis des milliers d´années dans certaines communautés.

« Pour beaucoup de gens – en particulier dans le Pacifique occidental, en Asie du Sud-est, en Afrique et en Amérique latine – la médecine traditionnelle est la principale source de soins de santé », a expliqué la directrice générale adjointe du département de l´innovation et de l´information de l´OMS, Marie-Paule Kieny.

« Partout dans le monde, l´utilisation de plantes médicinales, de l´acupuncture, et d´autres pratiques de médecine traditionnelle est en augmentation, mais un classement mondial des terminologies, des pratiques, des outils fait pourtant toujours défaut », a-t-elle poursuivi.

Les professionnels de la médecine traditionnelle chinoise dans le monde doivent suivre une formation uniformisée par les Chinois

Le 12 octobre 2009, le World Standard of Chinese Medicine Undergraduate Education avait été émis par la Fédération mondiale des sociétés de la médecine chinoise, basée à Pékin. La norme s´applique désormais à toutes les institutions d´enseignement supérieur de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) dans le monde entier. Actuellement, plus de 300 000 étudiants étrangers étudient la MTC dans des centaines d´établissements à travers le monde, selon les statistiques de l´administration d´État de la MTC.
> Source : lequotidiendupeupleneligne.

Selon l´OMS, si « plusieurs pays ont créé leurs standards nationaux pour la classification de la médecine traditionnelle, il n´existe pas de plateforme internationale permettant l´harmonisation des données pour les usages cliniques, épidémiologiques ou statistiques ».

La classification mondiale se concentrera initialement sur les pratiques en vigueur en Chine, au Japon et en République de Corée qui disposent déjà de leur système de classification.

L´OMS créera ensuite une plateforme interactive sur Internet, accessible à tous, et présentant les termes, les concepts et les pratiques utilisés dans la médecine traditionnelle.

Pub et info : « La Recherche » mélange les genres

« Le Savoir du corps ; réflexions croisées sur le soin », tel est le titre de ce supplément du magazine La Recherche paru en ce début décembre 2010 (n° 447). Présenté comme un « cahier spécial », il s´agit en fait d´une publicité déguisée. Un exemple typique – et courant – de ce mélange des genres entre information et publicité savamment orchestré par les médias.

Nulle part il n’est indiqué dans ce cahier spécial qu’il s’agit d’une commande publicitaire. Bien sûr, la rédaction ou l’éditeur tenteront de se dédouaner en faisant remarquer que leurs lecteurs sont intelligents, qu’ils l’auront compris d’eux-mêmes : le logo du commanditaire (laboratoire Servier) est affiché en pied de une et le bas de chaque page comporte la formule « Servier/La Recherche ».

Il n’empêche. C’est une règle sacrée : information et publicité doivent être clairement distinguées. Règle vitale pour la crédibilité de la profession mais règle tellement bafouée aujourd’hui que les médias ne prennent même plus le minimum de précautions nécessaires. L’indécence s’affiche dans la certitude de son impunité.

Ici, le fascicule est ainsi présenté : « Les sujets évoqués dans ce numéro spécial proposent un tour d’horizon des problématiques de soin, entre le possible, l’idéal et les promesses d’avenir. Autant de visions sans cesse confrontées aux attentes changeantes de la société, analysées ici du point de vue médical, sociologique, éthique, psychologique et culturel ».

L’intention est bien d’offrir au lecteur une véritable « analyse » journalistique, réalisée sous des angles différents, y compris sous celui de l’« éthique » [sic]. Le projet est clairement mené sous l’égide de la directrice de la rédaction du magazine, Aline Richard.

Dans l’ours du supplément, on mentionne que ce « cahier spécial » a été élaboré avec « la collaboration du Groupe de Recherche Servier ».

Et si l’éditorial est signé du philosophe Luc Ferry, les deux pages centrales offrent au lecteur un long entretien avec le docteur Jacques Servier qui s’exprime « avec beaucoup d’humanisme »…

>> A l’heure où l´influence des laboratoires pharmaceutiques est de plus en plus critiquée par la population, et où un médicament du laboratoire Servier, le Mediator, est mis au pilori pour avoir provoqué 500 morts en 30 ans, on s’interroge sur les fondements de la politique éditoriale du magazine. Certes, la décision de publier ce supplément a dû intervenir avant que les méfaits du Mediator ne soient officiellement reconnus. Mais on peut s´étonner qu´elle ait été maintenue alors que le contexte avait évolué : cela ne peut en effet qu´accentuer le sentiment de défiance du public envers les laboratoires et la presse.

Santé, environnement : « Il faut protéger les lanceurs d’alerte »

A travers le cas du chercheur Gilles-Éric Séralini, attaqué pour ses travaux tendant à démontrer la non innocuité des OGM, c’est toute la question du rapport entre sciences et démocratie qui est posée de façon urgente et vitale. La Fondation Sciences Citoyennes (FSC) lance une pétition « Pour le respect de la controverse scientifique et de l’expertise contradictoire» et propose la création d’une Haute Autorité de l’expertise et de l’alerte.

Gilles-Eric Séralini.
Photo : cap21normandie.hautetfort.com

Gilles-Eric Séralini est professeur de biologie moléculaire à l´Université de Caen, spécialisé dans la recherche sur les effets des pesticides, de différents polluants et des OGM sur la santé. En 1997, il demande avec un groupe de scientifiques un moratoire pour plus de recherches sur la toxicité des OGM. Depuis 1998, il a été expert pour les ministères de l’environnement et de l’agriculture au sein de deux commissions gouvernementales françaises chargées d’évaluer les OGM avant et après leur commercialisation : la Commission du génie biomoléculaire (CGB) et le Comité de biovigilance.

G.-E. Séralini et ses collègues ont mené des contre-expertises de données fournies par Monsanto pour justifier de la commercialisation de 3 de ses maïs OGM (MON 863, MON 810, NK 603). Leurs travaux remettent en question la capacité pour ces données à démontrer formellement l’innocuité des trois maïs (suivi des rats trop court, puissance de l’analyse statistique insuffisante). Contrairement aux analyses réalisées par la firme, les travaux de G.-E. Séralini et de ses collègues ont été soumis au processus d’évaluation critique par les pairs avant d’être publiés en 2007 et en 2009.

Attaques et pressions morales

Ces résultats fragilisent le bien fondé des autorisations octroyées par la Commission européenne sur avis de l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) pour la consommation animale et humaine de ces trois maïs. D’où les vives réactions de Monsanto, de l’EFSA ou encore de l’Office de contrôle des aliments d’Australie et de Nouvelle Zélande.

Mais depuis quelques semaines, G.-E. Séralini est la cible d’attaques et de pressions morales émanant d’une partie de la communauté scientifique et qui vont jusqu’à remettre en question les conditions mêmes de ses travaux de recherche (position académique, financements).

En réaction à ces attaques, une pétition a été lancée pour le maintien des « conditions d’une controverse scientifique respectueuse et d’une expertise pluraliste sur des questions aussi sensibles que celle des effets de la culture de plantes génétiquement modifiées. Nous condamnons, écrivent ses auteurs, la démarche de nos collègues qui utilisent les armes de la décrédibilisation mensongère plutôt que le terrain de la démonstration encadrée par les procédures en vigueur au sein de la communauté scientifique, à savoir des expériences transparentes, indépendantes et reproductibles, soumises à une évaluation par des pairs ».

De son côté, l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV) réagit à une attaque en justice portée contre elle par Gilles-Eric Séralini. « Cette attaque fait suite à une lettre adressée en janvier 2010 par l’AFBV à France 5 et au Conseil supérieur de l’audiovisuel pour protester contre le fait qu’une émission Santé Magazine diffusée sur France 5 en janvier 2010, consacrée aux organismes génétiquement modifiés, avait donné la parole de manière unilatérale aux thèses de M. Séralini, opposées à cette technologie. M. Séralini a considéré cette démarche comme diffamatoire à son égard, alors que l’AFBV revendiquait seulement une présentation équilibrée des thèses en présence, condition d’une bonne information du public. »

Protéger les lanceurs d’alerte

Beaucoup de questions environnementales ou de santé publique n’ont été récemment prises en compte que grâce à l’action de lanceurs d’alerte, pas seulement chercheurs mais aussi citoyens. Or, la France ne possède actuellement pas dans son arsenal juridique de dispositif de protection des lanceurs d’alerte, à l’instar de pays comme les États-Unis et leur « Whistleblower Protection Act », ou comme la Grande-Bretagne (« Public Interest Disclosure Act »). Et ce, malgré le retentissement médiatique de certaines « affaires ».

Il s’agit donc de définir, selon la Fondation Sciences Citoyennes (FSC), un cadre de protection du lanceur d’alerte environnementale et sanitaire à travers une législation réformant le droit du travail d’une part et le droit d’expression d’autre part et lui conférant le même statut que le salarié protégé (le syndicaliste, par exemple).

L’absence de procédures contradictoires dans le système actuel

Dans le système actuel, les études sont souvent portées par des groupes d’experts mandatés et financés en partie par les entrepreneurs eux-mêmes, y compris au sein des institutions de recherche. On peut donc se poser la question de l’indépendance de l’expertise et déplorer l’absence de procédures contradictoires. Des exemples récents comme l’expertise de l’AFSSET sur les champs électromagnétiques, de l’INSERM sur les éthers de glycol ou encore le rapport commun des Académies de médecine et des sciences niant tout lien entre cancer et environnement ont montré la nécessité d’établir une déontologie de l’expertise.

Les discussions au sein des groupes de travail du Grenelle ont révélé un intérêt certain, y compris de la part des syndicats, pour une loi de protection de l’alerte et de l’expertise, avec la création d’une Haute Autorité, qui soit une sorte de CNIL de l’alerte et de l’expertise.

Seul le MEDEF a élevé des objections, au motif qu’il serait difficile de distinguer les alertes réelles des fausses alertes, et que la protection des lanceurs d’alerte serait une entrave au principe de subordination. Inscrite dans les conclusions du Grenelle de l’environnement, la proposition d’une loi instituant la protection des lanceurs d’alerte a été reprise dans le rapport d’étape des travaux de la Commission Lepage sur la gouvernance. Mais dans les lois qui ont suivi, tout a disparu.

Une Haute Autorité de l’expertise scientifique et de l’alerte

Les mécanismes d’alerte constituent un corollaire des principes de prévention et de précaution sur lesquels sont fondés les droits de l’environnement et de la santé publique. Parce qu’ils visent à éviter ou limiter des dommages en cours de réalisation, ils ont conduit à la mise en place de multiples mécanismes d’alerte institutionnalisés (loi n°98-535 du 1er juillet 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire des produits destinés à l´homme ; loi n°2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique, etc.…). Tous poursuivent un même objectif : réduire le temps qui s’écoule entre l’apparition d’un risque de dommage et la prise de conscience de ses effets en réagissant aux signaux de risque de manière aussi rapide et efficace que possible.

La FSC souhaite que ces mécanismes soient complétés. Elle suggère la création d’une institution, la Haute Autorité de l’expertise scientifique et de l’alerte (HAEA) en matière de santé et d’environnement. Elle aurait pour premier rôle d´établir les « principes directeurs de l’expertise » et de contrôler leur application. En particulier, la HAEA devrait instruire certaines alertes qui tendent aujourd’hui à échapper aux mécanismes « institutionnels » en place.

Pour une loi pour l’expertise scientifique et de l’alerte

Article 1 : Objet de la loi
La présente loi a pour objet de créer une Haute Autorité de l’expertise et de l’alerte (HAEA) chargée d’établir les principes directeurs de l’expertise scientifique et technique en matière de santé publique et d’environnement et de compléter les dispositifs d’alerte institutionnelle existant dans ces domaines. Elle assure l’instruction des alertes informelles et protège les personnes de bonne foi qui les lancent contre toute forme de sanction, mesure de rétorsion ou discrimination.

Article 2 : Définition de l’alerte informelle  
Une alerte informelle est une alerte lancée par une personne qui, soit n’est pas désignée par la loi comme devant alerter quand elle détient une information pertinente, soit n’emprunte pas l’une des procédures mises en place par la loi.

> Texte proposé par la Fondation Sciences Citoyennes.

Les mécanismes institutionnels existants seraient donc complétés par des procédures permettant à des alertes, que l’on peut appeler « informelles », de voir le jour et d’être instruites, à des conditions et selon des modalités précises.

D’autre part, pour assurer qu’un maximum d’alertes « informelles » soit ainsi instruit, il convient de protéger ceux qui les portent et qu’il est convenu d’appeler lanceurs d’alerte. Tout en fixant les conditions nécessaires pour canaliser les alertes informelles et éviter toute dérive vers la calomnie ou vers une société de l’alarme permanente, elle vise à assurer aux lanceurs d’alerte le droit de diffuser des informations sans subir de mesures de rétorsion discriminatoires ou d’atteintes disproportionnées à leur liberté d’expression.

G.-E. Séralini : portrait

Président du conseil scientifique du Criigen (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique), expert pendant 9 ans pour le gouvernement français dans l’évaluation des risques des OGM, pour l’Union Européenne et différents pays, il a publié en 2007 l’étude la plus détaillée sur les signes de toxicité d’un OGM commercialisé (MON863) et en 2009 sur 3 OGM. Il travaille sur les effets du Roundup, herbicide majeur dans le monde utilisé aussi avec les OGM.
Il a été membre de la Commission Borloo-Lepage pour concrétiser un certain nombre de décisions prises au Grenelle de l’Environnement et réévaluer les biotechnologies au sein de l’Union Européenne (2007-2008). Il a expertisé l’aubergine OGM en Inde (2009-2010) jouant un rôle sur la décision de moratoire de ce pays. Co-directeur du pôle Risques de l’université de Caen (MRSH-CNRS), il s’intéresse en particulier aux mécanismes de synthèse des hormones de la reproduction des mammifères et aux perturbations hormonales provoquées par les pesticides, notamment ceux qui sont associés aux OGM, aux effets des polluants sur la santé et leur rôle dans l´apparition des cancers.

>> La question de l´expertise scientifique et de son indépendance a été abordée lors du colloque Politis du 20 novembre 2010, La science face à la démocratie.

L’enseignement du naturopathe Gérard Guéniot synthétisé en un livre

A l´occasion de la sortie de ce livre, Rosetta Raso, fondatrice et actionnaire du laboratoire Seroyal International et Seroyal USA (Canada), évoque la mémoire du Dr Gérard Guéniot, décédé en 2009, dont les enseignements sont actuellement dispensés dans plusieurs écoles de naturopathie sur le continent nord-américain.


Rosetta Raso, interrogée à l´occasion d´un colloque
sur l´oeuvre du Dr Guéniot, le 23 octobre 2010
à Paris.
Photo : JL ML.

 Seroyal, une industrie pharmaceutique spécialisée dans les produits naturels (compléments alimentaires, homéopathie, phytothérapie, probiotiques) a été lancée en 1984 au Canada. C’est l’une des plus importantes du pays, avec un chiffre d’affaires d’environ 35 millions de dollars (25 M€). Ses produits sont distribués également aux USA, en Italie, en Grèce et bientôt en Belgique et en France.

 La société, qui propose également des formations, avait introduit le docteur Gérard Guéniot sur le continent nord-américain, où ses enseignements sont actuellement dispensés dans plusieurs écoles de naturopathie (5 aux USA, 2 au Canada). Questions à sa fondatrice.

– Quel était le rayonnement du Dr Guéniot aux USA ?

– Tous les praticiens holistiques le connaissent. Beaucoup d’entre eux utilisent son enseignement. C’était, et c’est toujours, une véritable autorité en la matière, très recherchée par les étudiants, notamment, qui venaient chercher conseil auprès de lui avec leurs patients.

– Que pensez-vous des ennuis judiciaires et ordinaux que le docteur avait dû surmonter de son vivant ?

 – C’est fou et criminel de l’avoir traité ainsi. Les étudiants l’aimaient beaucoup parce qu’il parlait avec force et sans détour de sa vision de la médecine : « Je vous dis MA vérité et c’est 50% de LA vérité ». Il répétait qu’il n’y a pas qu’une seule voie dans ce domaine, qu’il faut respecter les individus et leur terrain.

 – Comment analysez-vous le développement de votre marché ?

 – Le marché professionnel s’accroît lentement mais régulièrement. Celui de la vente directe aux particuliers explose littéralement.

 – Quel est le statut des médicaments « naturels » en Amérique ?

– Ces dernières années, Santé Canada a développé un ministère spécifique, la Direction des produits de santé naturels, pour superviser tous ces produits qui, auparavant, étaient sous la direction des médicaments. C’était très difficile. Une loi récente a facilité leur diffusion. On peut désormais utiliser les études parues à leur sujet, dans lesquelles sont indiqués, par exemple, les niveaux acceptés de tolérance de bactéries dans les plantes. Tant qu’on reste dans une certaine fourchette, il n’y a pas de danger. Comme pour les aliments, on ne peut exiger de ces produits une pureté totale… Les États-Unis travaillent actuellement sur une nouvelle réglementation.

De la médecine naturelle à la médecine de l´individu
D´après l´enseignement du Dr. Gérard Guéniot
Editions Amyris

Ce livre, sorti en octobre 2010, rassemble les textes de divers auteurs dans le but d’offrir une synthèse des enseignements du docteur disparu. D’après l’éditeur, « l’idée est de synthétiser toutes les notions existantes en médecine naturelle et de fédérer ainsi toutes les pratiques de santé naturelles en leur donnant une base commune. Ce livre s’adresse à tous les thérapeutes qui ont la conscience des limites des choix actuels et de l’urgence de changer. Et aussi à tout lecteur soucieux de gérer au mieux sa santé et qui a conscience que le corps est un noble don qui doit être protégé et maintenu en équilibre ».