L’Afssaps s’en prend à l’herboristerie Cailleau

Le 25 janvier 2011, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps, l’agence française du médicament), a décidé la suspension de la distribution en gros de plantes médicinales commercialisées par la société L. Cailleau, située à Chemillé (Maine-et-Loire).

Quelques jours avant de donner sa démission à la suite du scandale du Mediator, Jean Marimbert, le directeur général de l’Afssaps (dont le rapport Debré/Even conclut qu’elle devrait disparaître) a signé une décision à forte portée symbolique : l’herboristerie Cailleau, qui officie depuis au moins 1868, n’est plus autorisée à distribuer en gros ses plantes médicinales « jusqu’à l’ouverture d’un établissement pharmaceutique dûment autorisé par l’Afssaps conformément à l’article L. 5124-3 du Code de la santé publique ».

Autrement dit, l’Afssaps lui interdit de commercialiser les «  plantes médicinales relevant du monopole des pharmaciens » tant qu’elle n’a pas abandonné son statut d’herboristerie pour devenir « établissement pharmaceutique ».

Autre raison, la société Cailleau « distribue notamment des plantes médicinales à des personnes physiques ou morales non habilitées à les dispenser (herboristeries, magasins de produits diététiques, radiesthésiste…) ».

Enfin, l´agence reproche à l´entreprise Cailleau de distribuer des « plantes toxiques, telles que :
– aconit, asaret, grande berce, bryone, buglosse, buis, clématite, colombo, cuscute, fougère mâle, garou (daphné), germandrée petit-chêne, gui, if, iris, kawa, liseron, mercuriale, muguet, orcanette, phytolaque, pied d’alouette, pulmonaire, sabine, sassafras, séneçon, tanaisie, qui sont inscrites sur la liste B de la Pharmacopée car leurs effets indésirables potentiels sont supérieurs au bénéfice thérapeutique attendu pour un usage traditionnel ;
– grande absinthe, belladone, grande consoude, douce-amère, épine-vinette, ficaire, grenadier, jaborandi, jusquiame noire, lobélie enflée, pyrèthre, rauwolfia, rue officinale, scille, thuya, tussilage, qui sont signalées sur la liste A de la Pharmacopée comme étant toxiques ».

C’est un nouvel épisode de la guerre de la technocratie sanitaire contre les produits naturels et leurs acteurs qui vient de se jouer, sous le prétexte louable d’assurer la sécurité des patients, mais qui masque mal la volonté de préserver surtout la médecine industrielle.

Pour la petite société familiale, qui emploie une trentaine de personnes, c’est un coup dur.

L. Cailleau, qui ne vend pas ses produits directement aux particuliers, va engager une action de référé-suspension devant le tribunal administratif de Nantes, en raison notamment de l’urgence du préjudice économique que cette décision provoque : « Depuis deux mois, nous perdons des clients à grande vitesse ». Puis il intentera un recours en excès de pouvoir de l’administration.

>> “L’Herboristerie de la place Clichy va-t-elle devoir fermer ?Une nouvelle législation européenne menacerait la vente des préparations médicinales à base de plantes. Jean-Pierre Raveneau, qui dirige la célèbre herboristerie de la place Clichy à Paris, craint de devoir fermer boutique. Interview par Eric Lecluyse sur le site bienbeau.fr.

Koweïtgate : une bien étrange affaire

L’affaire des puits de pétrole incendiés en 1991 lors de la guerre du Golfe est à la fois extravagante et inquiétante. Entre les récriminations « abracadabrantesques » de deux de ses protagonistes, MM. Basano et Ferrayé, traités de « pieds nickelés » par certains observateurs, et la suspicion de corruption internationale à plusieurs  milliards de dollars qui se dégage de leurs aventures, il est bien difficile de se faire une idée claire sur la question.


Joseph Ferrayé,
l´inventeur.

Christian Basano,
l´expert comptable.

Deux hommes, principalement, maintiennent l’affaire dans l’actualité : Christian Basano, expert comptable, et Joseph Ferrayé, inventeur d’un procédé breveté d’extinction de puits de pétrole en feu.

Tous les deux, associés à l’époque des faits, prétendent avoir été spoliés de plusieurs milliards de dollars qui auraient dû leur revenir en raison de l’utilisation par les pompiers du désert de leur procédé d’extinction « révolutionnaire ».

Des sommes faramineuses semblent avoir été effectivement versées, mais pas à ces deux personnes qui s’efforcent en vain depuis 20 ans de faire reconnaître leurs droits.

Christian Basano, après de multiples plaintes restées sans suite, vient d’assigner l’État pour « faute lourde et déni de justice » devant le Tribunal de grande instance de Paris. Par ailleurs, il est intervenu sur de nombreux sites internet, dont le sien propre, pour y déverser tous les éléments de son dossier. Y figurent des pages et des pages de descriptions, de documents (copies de lettres et d’écrans informatiques), de vidéos et d’accusations.

L’une d’elles met même en cause Dominique Strauss Kahn, alors ministre de l’industrie, qu’il suspecte d’avoir pris la direction d’une opération de corruption en couvrant l’usurpation de son identité à lui, Basano.

« Je remets tout entre les mains de Dieu ! »

De son côté, Jospeh Ferrayé, lassé des non-lieux prononcés dans les actions qu’il avait engagées devant les justices suisse et française, se contente désormais de laisser les choses venir. Après avoir été censuré par la justice suisse, le site qu’il avait créé est reparu sous une autre forme mais avec moins de pièces disponibles et de nombreuses pages inaccessibles.

A ces impasses, s’ajoute la mésentente entre l’inventeur et son principal associé qu’il accuse de mentir sur toute la ligne. Croyant avoir été écarté, au départ, pour que celui-ci puisse profiter pour son seul compte d’un juteux contrat, il lui en veut toujours malgré les protestations de bonne foi de l’associé.

Mais, aujourd’hui, il refuse de s’expliquer : « Je ne veux plus parler de cette affaire. Moi et ma famille en avons trop souffert. Je remets tout cela entre les mains de Dieu. Et, de toute façon, cette histoire n’est rien à côté d’une autre dont on reparlera plus tard ».

Cela fait bien des mystères…

Et nous n’avons pas pu obtenir de lui les preuves de son allégation concernant une exploitation frauduleuse de ses procédés.

Il y a plus d’éléments concrets, en revanche, sur l’usurpation d’identité dont a été victime Christian Basano. C’est, à nos yeux, le cœur solide de ce scandale. Car, malgré les aspects rocambolesques, à la limite du délire, de ce dossier, le scandale est réel. Des milliards de dollars dont il n’a jamais pu bénéficier ont transité  derrière le dos de Christian Basano et sous son nom par le biais de comptes bancaires occultes.

Des morts suspectes

En outre, certains acteurs de l’affaire, qui devaient en connaître de trop près les dessous, ont trouvé la mort dans des conditions pour le moins suspectes. Pour débrouiller tous les fils de cette pelote, il faudrait une armée de journalistes ou de détectives privés. Ouvertures ne dispose pas des moyens de tous les tirer. Nous nous contenterons de faire des recoupements et des vérifications, et de poser quelques questions à des protagonistes censés pouvoir nous éclairer.

En attendant que nous revenions éventuellement vers vous avec les éléments que nous aurons pu recueillir, les curieux peuvent d’ores et déjà visiter les sites de MM. Ferrayé et Basano. Ce dernier a d’ailleurs écrit un livre qui se lit comme un roman d’espionnage.

Sauf que le héros n’est pas un spécialiste du renseignement mais un simple expert comptable niçois emporté malgré lui dans les turbulences de la finance et des arrangements politiques internationaux sur fond d’or noir.

On peut croire ces deux hommes fous – c’est d’ailleurs ce que très officiellement on a tenté de faire croire – il n’empêche qu’il semble bien y avoir du vrai dans ce qu’ils affirment. Reste à en démêler la part dans le fatras des accusations parfois polluées par la théorie du complot et la paranoïa…

Médicaments traditionnels à base de plantes : l´UE répond aux inquiétudes

Les médicaments traditionnels à base de plantes (MTBP) vont-ils bientôt être interdits dans l’Union européenne ? Des informations alarmantes circulent dans ce sens sur internet, comme le montre cette pétition émise par un Collectif pour la défense de la médecine naturelle. La Commission européenne a publié une FAQ en anglais (traduction Ouvertures) pour tenter d’apaiser les inquiétudes.

 – Quels sont les médicaments traditionnels à base de plantes (MTBP) ?

– Certaines plantes contiennent des substances qui peuvent être utilisées pour traiter les maladies. Les médicaments fabriqués à partir de ces substances sont dénommés “médicaments à base de plantes”. Même s’ils sont naturels, un certain nombre de ces produits peuvent être dangereux pour les patients. C´est pourquoi ils sont couverts par la législation pharmaceutique, qui vise à protéger la santé publique en assurant la sécurité, l´efficacité et la qualité des médicaments.

Parmi ces produits phytothérapeutiques, certains ont une longue tradition d´usage. La législation européenne qualifie de médicaments traditionnels à base de plantes les produits qui sont utilisés depuis au moins 30 ans, dont au moins 15 ans au sein de l´UE, qui sont destinés à être utilisés sans le conseil d´un médecin et ne sont pas administrés par injection.

Quelques exemples de plantes utilisées dans les MTBP : Calendula officinalis L, Echinacea purpurea L., Moench; Eleutherococcus senticosus (Rupr. et Maxim.) Maxi; Foeniculum vulgare Miller subsp. vulgare var. var vulgare. vulgare; Foeniculum vulgare Miller subsp. vulgare; Foeniculum vulgare Miller subsp. vulgare var. var vulgare. dulce (Miller) Thellung; Hamamelis virginiana L; Mentha x piperita L. and Pimpinella anisum L.

Pourquoi l´UE a-t-elle décidé d´adopter une législation spécifique sur les médicaments traditionnels à base de plantes ?

– Tous les médicaments, y compris les produits de phytothérapie, doivent bénéficier d´une autorisation de commercialisation avant d’être mis sur le marché de l´UE. Or les médicaments traditionnels à base de plantes présentent des caractéristiques particulières, notamment celle de leur longue tradition d´utilisation. Pour tenir compte de ce fait, l´UE a introduit à leur intention une procédure d´enregistrement plus légère, plus simple et moins coûteuse, tout en offrant les garanties nécessaires de qualité, de sécurité et d´efficacité.

La directive sur les MTBP (directive 2004/24/CE) a été adoptée pour faciliter la mise de ces produits sur le marché de l´UE.

La procédure simplifiée permet l´enregistrement des MTBP sans exiger les tests de sécurité et les essais cliniques que le demandeur est tenu de fournir dans le cadre de la procédure d´autorisation de commercialisation complète.

La longue tradition du médicament permet de réduire la nécessité de ces tests et essais qui peuvent être remplacés par une documentation indiquant que le produit n´est pas nocif dans les conditions d´emploi spécifiées et que son efficacité est plausible sur la base d´une longue ancienneté d´usage et d´expérience.

Cependant, une longue tradition d´usage du produit n´exclut pas des préoccupations de sécurité. C´est pourquoi les autorités compétentes des États membres sont en droit de demander des données supplémentaires, si elles le jugent nécessaire, pour évaluer l´innocuité du médicament.

En résumé, la directive introduit une procédure simplifiée par rapport aux exigences requises pour une autorisation de mise sur le marché complète.

Que représente la date limite du 30 avril 2011 pour les fabricants de médicaments traditionnels à base de plantes ?

– La directive sur les MTBP a été adoptée par le Parlement et le Conseil le 31 mars 2004. Elle a laissé une période exceptionnellement longue de transition (7 ans) pour enregistrer les médicaments phytothérapeutiques déjà présents sur le marché à la date d´entrée en vigueur de la directive. Cette période de sept années de transition se termine le 30 avril 2011.

Les MTBP légalement présents sur le marché avant le 30 avril 2004 ont été autorisés à y rester jusqu´à la fin de la période transitoire. Cela a donné 7 ans aux candidats pour les faire enregistrer. Il leur appartient de présenter leur demande aux autorités compétentes dans les États membres où ils veulent commercialiser leurs produits de manière à ce que leur enregistrement soit effectif avant la fin de la période transitoire.

La directive sur les MTBP impose-t-elle de nouvelles exigences pour la mise sur le marché des médicaments traditionnels ? Ces exigences ne sont-elles pas trop lourdes pour les petites et moyennes entreprises et ne risquent-elles pas de réduire l´accès aux produits chinois et ayurvédiques?

– Avant 2004, les médicaments à base de plantes étaient couverts par les mêmes exigences que les autres médicaments. La directive modifie ces exigences et prévoit une procédure d´enregistrement simplifiée visant à faciliter la mise sur le marché des MTBP pour toutes les entreprises, y compris les petites et moyennes entreprises (PME).

La procédure simplifiée permet l´enregistrement des médicaments traditionnels, y compris des produits à base de plantes médicinales chinois ou ayurvédiques, ou des médicaments à base de plantes de toute autre tradition, sans nécessiter les tests et les essais sur la sécurité et l´efficacité que le demandeur est normalement tenu de fournir. En lieu et place de l’enregistrement des médicaments traditionnels, le demandeur doit seulement fournir une preuve suffisante de l´utilisation médicinale du produit pendant une période d´au moins 30 ans, dont au moins 15 ans dans l´Union européenne.

Cette procédure est moins lourde que l´autorisation de commercialisation complète et facilite ainsi l´accès de ces produits au marché de l´UE. En conséquence, il ne réduit pas l´accès aux produits chinois ou ayurvédiques indiens, ou aux produits des entreprises à faibles moyens financiers.

– Quel est le rôle de l´Agence européenne des médicaments pour l´enregistrement des MTBP après le 30 avril 2011 ?

– L´Agence européenne des médicaments (EMA) n´a pas de rôle dans l´enregistrement des MTBP. La procédure simplifiée est de compétence nationale. Cela signifie que les demandes d´enregistrement doivent être déposées dans chaque État membre où le produit sera commercialisé. Ces demandes sont traitées par l´autorité compétente dans chaque État membre.

Toutefois, un Comité des médicaments à base de plantes (HMPC) a été créé à l´Agence européenne des médicaments en septembre 2004 en vue de la création, par la Commission européenne, d´une liste européenne de préparations ou de substances à base de plantes. Cela signifie que les États membres doivent reconnaitre l´enregistrement des MTBP par un autre État membre dès lors que cet enregistrement figure sur la liste de l´UE.

Les tâches du Comité HMPC ne sont pas liées à la période transitoire. Les demandes d’enregistrement des MTBP peuvent être faites, même si la substance ou préparation n´est pas incluse dans la liste de l´UE.

– Les produits à base de plantes peuvent-ils rester sur le marché comme aliments ou compléments alimentaires après le 30 avril 2011 ?

– Les substances à base de plantes peuvent être utilisées pour la fabrication de médicaments ou de nourriture. Un produit à base de plantes sera considéré comme un médicament s’il est présenté comme possédant des propriétés curatives ou préventives de maladies humaines ou s’il a une action pharmacologique, immunologique ou métabolique. Décider, au cas par cas, si un produit à base de plantes répond à la définition du médicament, est du ressort et de la responsabilité des autorités nationales.

Si un produit à base de plantes médicinales n’est pas enregistré ou autorisé au 1er mai 2011, il ne peut être commercialisé dans l´UE.

En revanche, les produits à base de plantes peuvent être classés et mis sur le marché comme denrées alimentaires à condition qu´ils ne remplissent pas les caractéristiques des médicaments et qu´ils soient conformes à la législation alimentaire en vigueur. En particulier, les produits à base de plantes commercialisés sous forme de compléments alimentaires doivent être conformes à la directive 2002/46/CE concernant les compléments alimentaires et le règlement (CE) n° 1924/2006 concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires.

– Toutes les thérapies alternatives, les plantes et les livres sur les plantes seront-ils interdits après le 30 avril 2011 dans l´Union européenne ?

– Non. La directive réglemente les MTBP en permettant une procédure d´enregistrement simple et légère. Elle ne s´applique pas aux thérapies alternatives et n’interdit aucune substance spécifique, praticien, livre ou plante en tant que tels.

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>> Le point de vue de Thierry Thevenin, président du Syndicat des Simples (qui regroupe 80 producteurs-cueilleurs de plantes médicinales aromatiques, alimentaires, cosmétiques et tinctoriales). Il participe à un groupe de travail réunissant producteurs-herboristes, pharmaciens, enseignants, médecins, universitaires et élus politiques qui élabore un programme de formation professionnelle. Par ailleurs, il suit les auditions menées par le groupe de travail au Sénat, présidé par Jean-Luc Fichet, sénateur du Finistère, visant à soumettre prochainement une proposition de loi pour la réhabilitation du métier d’herboriste en France.

>>Europe : mon plaidoyer pour les plantes médicinales“. Dans ce texte, Michèle Rivasi, députée européenne (Europe Ecologie Les Verts), expose les enjeux de la démarche européenne. Dans les commentaires qui suivent son article, elle ajoute : « Il y a bien un enjeu culturel. En opposant preuve scientifiques et usage traditionnel, le système introduit une discrimination envers des cultures minoritaires ou orales. Ces savoirs traditionnels spécifiques, ethniques ou régionaux, devraient-ils être rejetés du circuit légal alors que les preuves académiques ou universitaires de leur efficacité existent ? Des critères scientistes doivent-ils supplanter les savoirs empiriques transmis au fil des générations d´herboristes ? Un pan de la diversité culturelle européenne est mis en péril. »

>> En fait, la procédure simplifiée d´enregistrement des médicaments traditionnels phytothérapeutiques dépendra de chaque pays. La France ayant souvent montré une grande intolérance envers les démarches et produits “naturels” (voir la guerre du purin d´ortie, par exemple), ainsi qu´une sorte de “préférence nationale” pour la chimie, il est à craindre que notre pays soit toujours le théâtre d´absurdes interdictions et de répression… Beaucoup dépendra de son influence au sein du Comité des médicaments à base de plantes (HMPC) qui établira la liste des produits phytothérapeutiques reconnus.

>> “L’Herboristerie de la place Clichy va-t-elle devoir fermer ?Jean-Pierre Raveneau, qui dirige la célèbre herboristerie de la place Clichy à Paris, craint de devoir fermer boutique. Interview par Eric Lecluyse sur le site bienbeau.fr.

Europe : mon plaidoyer pour les plantes médicinales

Pourquoi Maître Kounkou veut-il entendre M. Strauss-Kahn devant la justice ?

L´avocat Dominique Kounkou explique pourquoi, en septembre 2010, il a assigné l´Etat français et son ministre de l´économie de l´époque (1991), Dominique Strauss-Kahn,  devant la justice.

Il agit en fait pour le compte du chargé de mission et associé (M. Basano) de l´inventeur (M. Ferrayé) du procédé génial et breveté qui aurait permis d´éteindre très rapidement les puits de pétrole incendiés lors de la Guerre du Golfe en 1991.

Or, non seulement les deux hommes n´ont rien reçu des 23 milliards de dollars versés par le Koweït pour avoir permis d´éviter une catastrophe à la fois économie et écologique, mais en outre l´identité de M. Basano a été usurpée dans cette affaire, en lien, selon le plaignant, avec les services de l´Etat français (INPI, ambassade).

Le ministre de l´économie de l´époque, Dominique Strauss-Kahn, actuellement directeur du Fonds monétaire international, est cité dans l´assignation parce qu´il avait recommandé aux Koweïtiens l´entreprise qui, ayant finalement remporté un des marchés, aurait, selon l´inventeur, utilisé le procédé sans en avoir les droits. Il semble important à l´avocat que M. Strauss-Kahn puisse s´exprimer sur ce point.

Mais pourquoi l´affaire sort-elle seulement maintenant et à un moment pour le moins délicat pour M. Strauss-Kahn ? Maître Dominique Kounkou explique que cette décision appartient à son client qui a voulu saisir l´opportunité de se faire enfin entendre et reconnaître dans ses droits, après avoir utilisé en vain toutes les voies habituelles de recours.

Enfin, M. Kounkou adresse un message aux protagonistes : la voie de la transaction peut toujours être étudiée…

>> Fait curieux, aucun de nos confrères, que ce soit en presse écrite ou audiovisuelle, n´a informé ses lecteurs de cette assignation…

> Pour en savoir plus sur cette affaire, lire : “Justice : l’affaire des puits de pétrole du Koweit incendiés en 1991 rallumée”. 

> « Le «Kuwait Gate» gêne DSK » : un article du quotidien suisse La Liberté du 1er mars 2011.

L’affaire des puits de pétrole du Koweit incendiés en 1991 rallumée

Le 20 septembre 2010, un Français a fait assigner l’État en justice dans une affaire supposée d’« escroquerie internationale » pour « faute lourde et déni de justice ». A la clé, une malversation pesant 23 milliards de dollars et des politiques français mis en cause.


Système d´extinction Ferrayé en application
au Koweït – Photo: Dr. Jack Heller,
USACHPPM, mai 1991

Guerre du Golfe, 1991, Koweit : près d’un millier de puits de pétrole en feu sont éteints plus rapidement que prévu grâce à un procédé génial. Mais depuis, un inventeur, Joseph Ferrayé, s´échine – en vain – à faire reconnaître que c´est son procédé, protégé par plusieurs brevets, qui a été utilisé.

Or, il n’a pas reçu un centime des 23 milliards de dollars (près de 17 milliards d´euros) déboursés par le Koweit suite à l´extinction des incendies.

Lui et l´un de ses associés, Christian Basano, se battent en vain depuis cette date : ni la justice française, ni la justice suisse, ne semble pressées d’y voir clair.

Des noms d’hommes politiques, notamment celui de Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l’industrie, ayant été évoqués, TF1 déprogramme la diffusion de l’émission “Sans aucun doute” du 12 mai 2000 sur cette affaire (cliquer ici pour voir l´émission supprimée).

En outre, une partie des 23 milliards de dollars a bien transité par plusieurs comptes bancaires au nom de M. Basano et de ses associés (voir la liste), mais sans que celui-là puisse y avoir accès. Son identité aurait été usurpée pour ouvrir et utiliser ces comptes grâce aux mécanismes “à tiroirs” de Clearstream. Les milliards sont allés dans d´autres poches.

Dans l´assignation, l´Etat français est soupçonné d´être intervenu pour favoriser l´entreprise Horwell (filiale de l´Institut français du pétrole), qui aurait utilisé son procédé sans en acquitter la licence, au détriment de l´inventeur et de ses associés qui avaient également proposé leurs services au Koweit.


Dans “Omerta 2002“, le journaliste
Bernard Nicolas cite l´émission annulée
de “Sans aucun doute” sur TF1
du 12 mai 2000 comme un exemple
vécu de censure.

Il se trouve donc assigné en justice en septembre 2010 par Christian Basano, représenté par l’avocat Dominique Kounkou, pour « déni de justice » et « faute lourde » devant le Tribunal de grande instance de Paris.

Prochaine étape le 16 mars 2011, date à laquelle l’agent judiciaire du Trésor (AJT), représentant l’État, doit rendre ses conclusions.

L’avocat compte préalablement soulever la “question prioritaire de constitutionnalité“. En effet, dans la mesure où le plaignant attaque l’État, celui-ci, déjà représenté par un avocat, peut-il être en plus représenté par le procureur (qui dépend de l’État) ?

Le parti Politique de vie, à la demande du plaignant (l’associé de l’inventeur, qui craint pour sa vie), décide de rendre public le texte de l’assignation qui enflamme le Net.

>> Voir l´interview de Maître Kounkou.

>> Télécharger le texte de l´assignation.

>> Koweïtgate : une bien étrange affaire.

Les médecins homéopathes sont-ils des charlatans ?

Oui, si l´on en croit l’Ordre médical français, après la condamnation – confirmée au niveau européen – de Martine Gardénal, présidente de la Société des médecins homéopathes. Motifs : recourt à des pratiques « non conformes aux données acquises de la science » (l´homéopathie) et refuse de dénoncer des patients qui se détournent librement de la médecine allopathique.


Cliquer sur l´image pour voir l´interview de Martine Gardénal.

La Cour européenne des droits de l’homme vient de débouter, en date du 9 décembre 2010, le Dr Martine Gardénal, médecin non conventionné, en déclarant définitivement « irrecevable » sa requête, sans motiver sa décision. Le Dr Gardénal avait effectivement demandé à cette instance de se déclarer sur sa condamnation pour « charlatanisme » par le Conseil de l’Ordre français des médecins (COM) à la suite d’une plainte de la Sécurité sociale. Condamnation qui avait été confirmée en Conseil d’Etat.

C’est une affaire étonnante, puisque jamais les patients de Martine Gardénal ne se sont plaints de quelconque manière. Et l’accusation ne fait pas suite à des erreurs ni à des malversations qui auraient provoqué des préjudices à quiconque, encore moins des morts, comme dans l’affaire du Médiator.

Non, l’attaque est venue en 2007 de la Caisse primaire d’assurances maladie (CPAM) des Yvelines qui a fait prononcer à son encontre, par le COM, une interdiction temporaire du droit de donner des soins aux assurés sociaux pendant une période de six mois (dont trois avec sursis). Cette mesure a pris effet du 1er juin au 31 août 2007. Aujourd´hui, Mme Gardénal a retrouvé sa liberté d´exercer, mais elle a fermé son cabinet.

Faire un exemple en s’attaquant à un symbole

Pourquoi cette offensive ? On ne voit pas d’autre raison que le fait d’avoir voulu faire un exemple en s’attaquant à un symbole.

En effet, ce médecin respecté, et suivi depuis 37 ans par une nombreuse patientèle, préside la Société des médecins spécialistes homéopathes. Les motifs soulevés pour la condamner entrent dans la panoplie des arguments mis en ce moment en avant pour dénigrer les médecines complémentaires : « charlatanisme », « manque d’autorité vis-à-vis d´une patiente » et « recommandation d’une cure non adaptée à la pathologie ».

En juin 2003, le Dr Elizabeth Launay, médecin-conseil de la CPAM de Poissy (78), convoque et interroge une quarantaine de patients suivis par Martine Gardénal (« Fait-elle des prières ? Impose-t-elle les mains ? Se sert-elle du pendule ? »).

« Fait-elle des prières ? Se sert-elle du pendule ? »

Trois cas sont finalement retenus par la section disciplinaire du conseil régional de l’Ordre des médecins, trois personnes atteintes de cancers à l’égard desquelles le Dr. Gardénal est accusée de charlatanisme :

1 – pour avoir procédé à « un suivi médical et des prescriptions non adaptées aux affections des malades et non conformes aux données acquises de la science » pour une première patiente ;

2 – pour avoir « manqué d´autorité » vis-à-vis d´une autre patiente qui ne voulait plus entendre parler des traitements allopathiques trop lourds et avait décidé de son propre chef de les arrêter, au moins temporairement ;

3 – pour avoir fait une demande de prise en charge d´une troisième patiente dans une clinique anthroposophique allemande spécialisée dans le traitement du cancer. L´expert français écrit : « Il ne m´est pas possible d´apprécier les soins proposés à la clinique Porta Wesfalica dans la mesure où les documents fournis sont en allemand ». Cela ne l’empêche pas de conclure : « La cure allemande n´est pas adaptée à la pathologie ».

Dans les trois cas, le Dr Gardénal, tout en informant et conseillant ses patientes sur les traitements allopathiques à suivre, avait traité leurs pathologies annexes et leur avait laissé une liberté de choix. Aucune n’a porté plainte tant auprès du COM que de la Sécurité sociale.

Toutes déterminées et libres dans leurs choix, elles l´ont formellement attesté, de même qu’elles ont témoigné en faveur du Dr Gardénal. Cela ne l´a pas empêchée d´être assignée devant le COM.

C’est le principe qui est visé, non les actes

C’est donc bien le principe du traitement par voies « différentes » qui est visé, et non les actes réels de la praticienne.

C’est ce qu’explique Martine Gardénal dans cette interview pour Ouvertures : « Pour ne pas avoir “jeté” hors de mon cabinet et ne pas avoir dénoncé ces femmes en détresse, et les avoir accompagnées dans leurs pathologies annexes, je me suis vue trainée dans la boue et accusée de charlatanisme ».

Acceptant de parler de son histoire malgré la condamnation, elle veut aider « nombre de consœurs et confrères qui sont dans le même cas, injustement  diffamés » et sans pouvoir se défendre.

Cela pose le problème d’une justice médicale à part, contre les avis de laquelle les possibilités de recours sont inexistantes, le Conseil de l’Ordre étant juge et partie. Et la justice civile se reposant les yeux fermés sur cette instance censée décréter infailliblement le bien médical et la vérité scientifique.

Redéfinir le libre choix thérapeutique

A l’issue de sa condamnation définitive, Martine Gardénal pousse un cri d’alarme :

« Il est temps de revenir aux principes fondamentaux :

– Cesser de harceler les médecins qui ont une pratique honnête, sans effets secondaires  et efficace dans bien des domaines. Sous prétexte que ces médecins ne sont pas dans le cadre exclusif de l´allopathie, ils sont accusés de charlatanisme et condamnés à ne plus pouvoir exercer.

– Cesser de se référer en permanence aux  “prescriptions non conformes aux données acquises de la science”. Quand on voit les nombreux scandales issus de la médecine, les donneurs de leçons feraient bien de reconsidérer la situation, être plus humbles, reconnaitre leurs erreurs et  s´excuser auprès de ceux qui ont subi injustement leurs foudres. Ils devraient même réparer le tort causé.

– Redéfinir le libre choix thérapeutique (qui n´est pas respecté par l´Ordre), en cessant d´exclure les thérapeutiques non  allopathiques.

– Que l´hôpital accueille dans tous ses services toutes les médecines dites alternatives, que personnellement je préfère appeler “médecines de vie” et que les assurances les prennent en charge au même titre que l´allopathie.

– Que cesse cette parodie de justice ordinale.

La santé et la formation du corps médical doivent être indépendantes des laboratoires et le corps médical ne doit pas être « aux ordres ».

>> Voilà quelques propositions qui mériteraient d´être entendues alors que l´année 2011 a été déclarée “Année des patients et de leurs droits” par le gouvernement. Un des axes de cette initiative est : “la dynamisation de la démocratie sanitaire”… Mais nous tenons les paris que les propositions du docteur Gardénal ne figureront pas dans cette jolie opération de communication. Démocratiser la santé, soit, mais quand même pas jusqu´à autoriser le citoyen à choisir son mode de traitement !

Les mathématiques peuvent-elles avoir une dimension mystique ?

La science la plus abstraite de toutes a parfois des connexions très concrètes avec la sensibilité des hommes  de chair qui l’édifient. Dans “Au Nom de l’INFINI”, les auteurs (MM. Kantor et Graham, Belin, 2010) racontent l’étonnante histoire vraie du mysticisme religieux et de la création mathématique au début du siècle dernier.


Les Philosophes, portraits de
S. Bulgakov et P. Florensky,
par M. V. Nesterov (1917).

Les débuts de la fameuse école mathématique de Moscou, dans les premières années du XXe siècle, mettent en scène, tout particulièrement, des savants russes et français, à la fois stimulés et opposés par leurs approches respectives.

Tout commence avec la théorie des ensembles développée en 1873 par le mathématicien allemand Georg Cantor. Son approche engendrait tellement de contradictions et de paradoxes (p. ex., il existe des infinis « plus grands que d’autres ») qu’elle figea durablement les esprits.

D’un côté, les Français, dubitatifs, restaient fidèles à leur rationalisme et à leurs préjugés cartésiens. De l´autre côté, les Russes étaient stimulés par une approche plus intuitive. Or, en 1913, des moines du Mont-Athos (Grèce), adeptes de « l´hérésie » orthodoxe de l’Adoration du Nom, étaient arrêtés et exilés dans les campagnes russes. Ils adoraient le Nom de Dieu, atteignant l’extase mystique en répétant sans cesse : « Le Nom de Dieu est Dieu ! ».

Les mathématiciens russes de l’École de Moscou, aux prises avec les infinis de la théorie des ensembles, trouvèrent dans l’Adoration du Nom un encouragement à croire à l’existence de ces nouveaux infinis mathématiques.

Parmi eux, Pavel Florensky, Dmitri Egorov et Nikolaï Luzin prolongèrent ainsi les travaux de leurs confrères français, Émile Borel, René Baire et Henri Lebesgue qui « avaient défriché le sujet, mais l’avaient abandonné, minés par le doute, les paradoxes de la théorie des ensembles, un trop grand scepticisme et des querelles personnelles ».

“Nommer” est un acte créatif

Le livre explore comment une hérésie a puissamment contribué à enfanter un nouveau domaine des mathématiques, en relatant une véritable saga de la pensée au travers des miasmes de la répression communiste et des querelles de chapelle, à la fois scientifiques et philosophiques.

Pour les Russes, contrairement aux Français, science, philosophie, religion et idéologie : tout est lié. Le savoir est un tout unique, aux parties imbriquées et reliées entre elles : « L’idée que « nommer » est un acte créatif a une longue histoire dans la pensée religieuse et mythologique. (…) Une connivence linguistique existait entre les dissidents religieux russes qui soulignaient l’importance de nommer Jésus et Dieu et les mathématiciens moscovites qui baptisaient de nouveaux ensembles. (…) Florensky pensait que la religion et les mathématiques allaient dans la même direction. »

Gödel, un génie entre logique et « folie »

Le lien entre science et foi est souvent combattu avec force par les rationalistes. Or cette tension entre ces deux extrêmes de la pensée est très fréquente dans l’histoire des mathématiques où l’on trouve « beaucoup plus d’anecdotes sur la folie que dans celle d’aucune autre discipline », écrit Pierre Cassou-Noguès dans son livre « Les Démons de Gödel ; logique et folie », Le Seuil, 2007.

Gödel en est une merveilleuse illustration. Le « découvreur de la vérité mathématique la plus significative du siècle » passé fut l’une des figures les plus marquantes de l’histoire de la logique. Son fameux théorème d’incomplétude a définitivement marqué autant l’histoire de la logique mathématique que celle de la philosophie. C’est « peut-être [même] la première proposition rigoureusement prouvée d’un concept philosophique », avait-il affirmé. 

Et pourtant, Gödel est mort « fou ». Fou entre guillemets car sa folie avait, pour certaines de ses expressions, une base tout à fait rationnelle. Elle découlait même, d’une certaine façon, de ses découvertes. Et c’est tout l’honneur du livre de que de nous inviter à suivre l’extraordinaire aventure intellectuelle de ce savant né en 1906 en Tchéquie, et mort aux Etats-Unis à l’âge de 73 ans. Il avait alors cessé peu à peu de s’alimenter, craignant d’être empoisonné, et ne pesait que 31 kg.

 Chercheur passionné de vérité, Gödel voulait obtenir une vue de l’univers absolument rationnelle. Rationnelle et pas seulement logique, car, pour lui, « le rationalisme ne doit pas faire seulement intervenir des concepts logiques ». D’où la nécessité de faire appel à une autre dimension qui échappe à la logique mais est indispensable pour la justifier. Une autre dimension que le mathématicien nommait « Dieu », « démons », « fantômes » ou « anges »…

Luzin et ses condisciples avaient créé la théorie descriptive des ensembles, domaine de recherche très actif, encore aujourd’hui. Ils avaient aussi créé l’école mathématique de Moscou, dont les représentants (souvent athées) ont brillamment illuminé les mathématiques du XXe siècle.

Au delà de la question de savoir s´il y a ou non effectivement un lien entre philosophie et mathématiques, entre rationalisme et subjectivisme, question toujours controversée, les auteurs concluent : « Cette comparaison des attitudes française et russe quant à la théorie des ensembles illustre une intéressante facette de la création scientifique : quand la science devient trop rigoriste, trop rationnelle, les élans de l’imagination en sont freinés ».

>> Si l´histoire racontée dans ce livre est passionnante, sa rédaction aurait mérité un peu plus de rigueur et, notamment, moins de digressions sans rapport avec le sujet. De même, le béotien que je suis est facilement largué quand sont abordés les enjeux des controverses mathématiques. J´aurais apprécié un effort plus grand de pédagogie…

La Web TV Dijon-Santé : l’essor de l’info-com

Les professions de santé prennent position sur le terrain de « l’information », comme ici en Bourgogne, avec le concours de la presse locale et d’associations de patients.  Mais les vieux démons de la « communication » ont flairé le filon, sans trop d’ailleurs se cacher…

 

« Le lundi 14 février [2010] à la Maison des associations, les membres de Dijon-Sante.fr et son fondateur, François-André Allaert [médecin, conseiller municipal, 17ème vice-président du Grand Dijon] ont présenté le nouveau site web enrichi en informations pratiques pour les Bourguignons et les Franc-Comtois. Première en France, Dijon-Sante.fr présente aussi sa version mobile entièrement dédiée à l’information locale sur la santé. »

 

Ses promoteurs sont fiers : pour la première fois en France, un site web est entièrement dédié à l’information médicale régionale : « Ce site compte devenir la référence en Bourgogne/Franche-Comté de l’information Santé ».

 

Cerise sur le gâteau, « sa rédaction est indépendante de toute structure institutionnelle, politique ou commerciale ». Pour rassurer l’internaute, il est dit que « la Web TV Dijon-Santé est l’émanation d’un groupe d’associations de patients, coordonnées par l’association “Santé et Droits des patients” ».

 

Bref, une magnifique initiative citoyenne !

 

Les objectifs mis en avant sont : « Informer les patients sur les grands progrès accomplis dans le domaine médical mais surtout sur les droits des patients en matière d’assurance maladie et de sécurité sociale ; représenter les usagers du système de soins que nous assurons de concert avec le Collectif Interassociatif Sur la Santé de Bourgogne qui regroupe la très grande majorité des associations de patients de la région. Le CISS est d’ailleurs partenaire de la création de cette téléweb et dispose d’une rubrique pour s’y exprimer ».

 

Mais cet alibi « citoyen » masque l’autre versant de l’affaire. Car ce beau programme est vite contrebalancé par une étude un tant soit peu attentive du site. En effet, il s’agit bien en fait, essentiellement, d’un outil de communication, c’est-à-dire de publicité, pour les acteurs du système sanitaire.

La Web TV bourguignonne « aborde les sujets sous forme de numéros thématiques mensuels associant des reportages et des témoignages librement décidés par la rédaction » (voir un exemple éloquent avec la capture d’écran ci-dessus).

 

Le financement du site est assuré par « les dons de ses adhérents » et (sans doute surtout) par « des structures visant à soutenir l’action des associations de patients au titre du mécénat ». Parmi les partenaires : le CHU de Dijon et pharmaciens-cotedor (web de la Chambre Syndicale des Pharmaciens de Côte d´Or) et le quotidien Le Bien Public.

 

Le projet peut aussi « bénéficier d’achat d’espaces publicitaires dans la mesure où ils (…) seraient clairement identifiés par la mention “publicité” ou “publi-rédactionnel” ». Un engagement qui n’est manifestement pas tenu (voir capture d’écran ci-dessous : article du Bulletin n° 23 de Dijon-Santé, au titre inspiré !).

 

De plus, contrairement à ce que la loi exige, les médecins qui interviennent sur le site ne déclarent pas leurs liens d’intérêts.

 

Tout cela est très préjudiciable pour la qualité et l’indépendance de la démarche, par ailleurs originale et prometteuse.

 

En effet, la présence des associations de patients, la mobilisation de moyens techniques importants (notamment audiovisuels) et la diversité des thèmes abordés (par exemple ce numéro consacré aux médecines alternatives) permettraient d’envisager un nouveau genre de média vraiment citoyen, et dédié à la santé sur le territoire d’une région, qui pourrait faire des émules.

 

Dommage que la communication ait pris bien trop le pas sur l’information…

Une 3e pétition internationale dépasse le million de signatures

Après celles contre les OGM et pour la sauvegarde des produits anthroposophiques, la pétition contre l´utilisation des pesticides néonicotinoïdes et pour protéger les abeilles a dépassé ce mois de janvier 2011 le million de signatures dans différents pays. Un seuil crucial qui obligera les autorités, notamment européennes, à prendre en compte le souhait de ces citoyens.


Une action des militants d´Avaaz, ce mois de janvier 2011, en Floride.

Les abeilles sont en train de disparaître et toute notre chaîne alimentaire est menacée. Certaines espèces d´abeilles ont déjà disparu. D’autres, aux Etats-Unis, ne totalisent plus que 4% de leur population d´origine.


Benjamin des Gachons,
représentant français d´Avaaz.

Selon le mouvement Avaaz, à l’origine de la pétition, « les scientifiques avancent plusieurs explications. Certaines études indiquent que le déclin est dû à une combinaison de facteurs incluant maladie, perte de l´habitat, et produits chimiques toxiques. Mais des recherches indépendantes à la pointe du sujet ont mise en avant de fortes preuves mettant en cause les pesticides du groupe des néonicotinoïdes. L´Italie, la Slovénie et même l´Allemagne, où est basé le principal fabriquant Bayer, ont interdit certains de ces produits. Mais Bayer, Syngenta et d´autres continuent d´exporter ce poison dans le monde ».

Selon Benjamin des Gachons, représentant français salarié du mouvement, « une fuite révèle que l´Agence de protection de l´environnement (Epa) des Etats-Unis avait connaissance des dangers de ces pesticides mais les a ignoré. Le document indique que le produit “hautement toxique” de Bayer représente “une préoccupation de risque majeur pour les insectes non ciblés” [les abeilles] ».

Avaaz reproche à la France, qui fut pendant un temps « fer de lance des interdictions », d’avoir renouvelé pour un an l´autorisation commerciale d´un produit phare contenant cette substance toxique, le Cruiser 350, un insecticide systémique utilisé en enrobage de semences de maïs.

Une protestation qui se fait l’écho de celle de l’Unaf, Union nationale de l’apiculture française, qui explique : « Un plan de surveillance, mis en place par le ministère de l’agriculture, a fait apparaître des cas avérés d’intoxication des abeilles au thiametoxam (substance active du Cruiser). Pourtant l’Afssa [transformée aujourd’hui en Anses] comme d’habitude, réfute ce lien de causalité et invoque des causes multifactorielles. Pour la quatrième fois (2008, 2009, 2010 et 2011), cet insecticide bénéficie d’une AMM [autorisation de mise sur le marché] privilégiée d’un an, alors que les AMM doivent être accordées pour 10 ans et retirées dès que l’innocuité du produit n’est plus certaine. Ce procédé est un artifice juridique scandaleux destiné à contraindre les acteurs de l’environnement à engager chaque année un nouveau contentieux pour contester l’AMM ! L’Unaf a déjà du saisir 3 fois le Conseil d’Etat. Il s’agit d’une grossière fraude à la loi d’autant plus intolérable et insultante pour les citoyens qu’elle est commise par le ministère de l’agriculture ! Son but est d’épuiser ceux qui se battent pour le respect de la législation limitant les pesticides, en les obligeant à multiplier les contentieux ».

La pétition contre le CruiserLe texte de la pétition (1 141 448 signatures en France et dans le monde au 2 février 2011) : « Nous vous appelons à interdire immédiatement l´utilisation des pesticides néonicotinoïdes jusqu´à ce que et seulement si de nouvelles études scientifiques indépendantes prouvent leur innocuité. Le déclin catastrophique des populations d´abeilles pourrait mettre toute notre chaîne alimentaire en danger. Si vous agissez dès maintenant et avec précaution, nous pourrons éviter l´extinction des abeilles ».

>> Pour signer la pétition contre les pesticides.

>> Avis de l’Anses sur le Cruiser.

>> Le ministère de l’agriculture autorise la mise sur le marché du Cruiser.

>> Voir sur le site de Sciences et Démocratie le débat “Abeilles et pesticides” préparé par des élèves de Sciences Po Paris dans le cadre de leur cours de Cartographie des controverses scientifiques créé par Bruno Latour.

Un rapport plaide pour un statut du journaliste professionnel

Le texte, présenté par un groupe de travail mandaté par la ministre québécoise de la culture, propose un nouveau contrat entre la presse et l’État, entre le journaliste et le citoyen, entre la démocratie et l’information. Avec, notamment, le renforcement du rôle du Conseil de presse.


Cliquer sur l´image pour télécharger
le rapport Payette.

Devrait-on envisager de protéger le journalisme professionnel ? Cette question n´est pas nouvelle dans le milieu de l´information québécois. Chaque fois que la question s´est posée, les premiers intéressés — les journalistes — ont refusé d´envisager cette hypothèse. La méfiance contre toute intervention de l´État dans le domaine du journalisme et de l´information a toujours prévalu et clos le débat.

Aujourd’hui, la presse connaît de tels bouleversements que les esprits commencent à s’ouvrir. C’est en tout cas ce qui ressort de la lecture du rapport commandé par la ministre de la culture, des communications et de la condition féminine, Christine St-Pierre, à la professeure Dominique Payette. Celle-ci a remis son rapport le 26 janvier 2011.

S´engager à respecter un code de déontologie

Avec ses 51 recommandations, le rapport du groupe de travail sur le journalisme et l’avenir de l’information propose de créer un statut de journaliste professionnel qui permettrait d´obtenir certains avantages, comme la protection du secret des sources, un traitement privilégié des demandes d´accès à l´information et la possibilité de négocier des conditions de travail dans le cas des journalistes indépendants.

Ces journalistes professionnels devraient s´engager à respecter un code de déontologie.

Le grou­pe de travail recommande également, pour revigorer le Conseil de presse, ce tribunal d´honneur qui reçoit les plaintes du public, de mettre en place une série d´avantages pour inciter les entreprises de presse à en faire partie. L´aide de l´État et les publicités gouvernementales seraient réservées uniquement aux entreprises qui adhèrent à cet organisme, affaibli récemment avec le retrait du réseau TVA, du Journal de Québec et du Journal de Montréal, propriétés de Quebecor.

Les auteurs du rapport pensent qu’un statut est « nécessaire et utile. Nécessaire pour cibler les mesures d’aide publique à la presse et pour identifier les avantages liés au titre de journaliste professionnel, comme la protection des sources. Utile pour permettre au public de bien départager les journalistes professionnels des communicateurs professionnels ou amateurs et de protéger les conditions de pratiques du journalisme, surtout celles des journalistes indépendants et des journalistes non-syndiqués. L’adoption d’une loi sur le statut des journalistes professionnels du Québec permettra également aux journalistes indépendants de négocier un contrat type et des conditions minimales de travail ».

En clair, un statut permettrait de relégitimiser le rôle du journaliste en le distinguant des autres “communicateurs” par un plus grand respect des normes déontologiques et de meilleures normes sociales, celles-ci pouvant avoir un impact direct sur la qualité de son travail.

Crédits d’impôt pour l’embauche de journalistes

Parmi les autres mesures proposées, le rapport suggère que le gouvernement mette en place des « crédits d’impôt pour l’embauche de journalistes professionnels dans les médias régionaux et les médias indépendants. Parallèlement, toutes les entreprises de presse seront incitées à participer au Conseil de presse du Québec pour bénéficier d’avantages, notamment ceux liés à l’embauche de journalistes professionnels ». 

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), l´Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) et le Conseil de presse du Québec (CPQ), ainsi que la ministre destinataire, ont accueilli favorablement le rapport Payette.