Un député UMP veut une meilleure régulation des médias

Jean-François Mancel, député UMP de l’Oise, vient de déposer à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à créer un conseil national de déontologie journalistique, ainsi qu’un code de déontologie journalistique. La profession qui, en France, a toujours refusé de s’organiser pour assurer une régulation nationale, ne devrait pas apprécier un tel projet.

« [La proposition] institue le conseil national de déontologie journalistique auquel adhèrent obligatoirement tous les journalistes professionnels et assimilés ainsi que les éditeurs de presse et fixe ses différentes missions. »

Dans son article 1er, le texte enregistré à la présidence de l’Assemblée nationale le 13 juillet 2011 rend obligatoire l’adhésion des éditeurs et des journalistes à un organe de régulation des médias basé sur le modèle, très répandu en Europe, des conseils de presse.

Le conseil sera financé par une « contribution des éditeurs de presse et des journalistes, sous la forme d’une cotisation annuelle ».

Dans son article 2, il établit un « comité exécutif tripartite (journalistes, éditeurs, société civile) » chargé de l’administration de ce conseil. Sa composition sera « fixée par décret ». Ce comité aura notamment pour tâche de « rédiger un code de déontologie journalistique » dont il sera le garant.

« Le législateur doit intervenir »


Le député Jean-François
Mancel.

« Aujourd’hui, il apparaît nécessaire que le législateur intervienne afin d’instituer un organisme d’autorégulation des médias adossé à un code de déontologie reconnu par toute la profession. »

Le député justifie ainsi cette nécessité : « Les exemples ne manquent pas pour illustrer les excès auxquels certains journalistes peuvent succomber. Les atteintes au secret de l’instruction, au secret-défense, à la dignité et à la vie privée de la personne sont autant d’abus qui ont connu une certaine recrudescence ces dernières années. Plus qu’aux journalistes eux-mêmes qui, pour une large majorité, accomplissent leur travail avec professionnalisme, ces excès sont surtout imputables à la surenchère médiatique, course effrénée à l’audimat et aux tirages, qui conduit parfois à occulter les droits les plus essentiels de la personne et les exigences qualitatives de la profession ».

Notant que la convention collective nationale de travail des journalistes « ne contient aucun protocole annexé traitant des questions d’éthique ou de déontologie », J-F Mancel souhaite donc instituer par la loi un code de déontologie sur lequel s’appuiera le conseil.

Trois exigences

Plus généralement, il précise que la création d’un tel organisme en France doit répondre à « trois exigences » :

– « Tout d’abord, il doit demeurer indépendant du pouvoir politique et permettre à la profession d’organiser son autorégulation. Cette autorégulation, permettant aux membres de la profession d’être jugés par leurs pairs, contribuera à renforcer la crédibilité des médias auprès du public et les aidera à répondre plus facilement aux plaintes. 

– « Ensuite, cet organisme ne doit pas s’apparenter à une nouvelle juridiction. Son rôle doit être de corriger plus que de punir et les sanctions qu’il délivre doivent être de nature morale.

– « Enfin, cet organisme doit compter des membres de la société civile en son sein. [Cette] autorégulation des médias vise avant tout à mieux servir le public à travers une plus grande fiabilité de l’information ».

La composition du conseil de déontologie

Dans la proposition du député, le comité exécutif comprend vingt et un membres, à savoir :

– Sept membres élus au sein des journalistes professionnels et assimilés.

– Sept membres élus au sein des éditeurs de presse.

– Sept membres représentant la société civile, extérieurs aux métiers du journalisme et de l’édition, ayant répondu à un appel à candidature et sélectionnés par un comité dont la composition sera fixée par décret.

La crainte d’un conseil de l’ordre

La démarche du député de l’Oise rejoint celle portée depuis quelques années déjà par l’Association de préfiguration d’un conseil de presse (APCP). Elle prend en quelque sorte le relais des Etats généraux de la presse écrite lancés en 2008, au cours desquels un comité de sages présidé par Bruno Frappat avait rédigé un projet de code de déontologie des journalistes. Projet resté sans suite.

Une première réaction professionnelle est venue d’Olivier Da Lage, journaliste à RFI, syndicaliste SNJ, vice-président de la FIJ (Fédération internationale des journalistes) et ancien président de la Commission de la carte d´identité des journalistes professionnels (CCIJP).

Olivier Da Lage est défavorable à l’idée d’un conseil de presse en France. Sur son blog, il explique que le conseil de britannique n’avait pas empêché le scandale des écoutes téléphoniques dans la presse : « On a vu ici comment, avec le bras droit de Rupert Murdoch à la tête du comité d’éthique et l’un de ses hommes clés siégeant en son sein, la Press Complaints Commission avait lamentablement échoué à enrayer les dérives déontologiques des tabloïds, qu’ils appartiennent à Murdoch ou non ».

Analysant le projet du député français, il y voit « une volonté de mise sous tutelle » : « L’État nomme un tiers des membres du Conseil national de déontologie, mais de plus, il rajoute à la liste un haut fonctionnaire [du ministère de la culture et de la communication] qui prend part aux votes. Si ce n’est pas le retour au ministère de l’Information, cela y ressemble diantrement ». L’initiative de J-F Mancel est ainsi interprétée comme une intention d’instituer un conseil de l’ordre des journalistes.

> La crainte formulée par Olivier Da Lage nous paraît injustifiée, en tout cas en ce qui concerne le projet de l’APCP dans lequel le pouvoir n´est sollicité que pour officialiser la création d´une instance de régulation (et non de contrôle) des médias. Le projet du député de droite concrétise sans doute l´énervement de nombre de membres de la majorité qui enragent d´être malmenés par les journaux. En ce sens, et en prévision des élections présidentielles, il est certainement opportuniste.

Cela dit, le projet nous semble nécessaire, quelle que soit l´origine politique de celui ou de celle qui pourrait le mener à bien, en raison des dérives continues et non sanctionnées observées dans la presse.

La résistance d´Olivier Da Lage cache en fait, selon nous, le refus persistant de la profession de rendre des comptes au public, de lui donner des garanties sur l’exigence de qualité et d’équité qui est attendue d’elle.

>> L´auteur de cet article est membre co-fondateur de l´APCP.

Reconnues ou non, toutes les thérapies sont sujettes aux dérapages

Baudouin Labrique, psychothérapeute belge, décrit pour la première fois dans un livre les dérapages dont sont responsables des thérapeutes à la fois dans les médecines conventionnelles (psychologie, psychanalyse, psychiatrie) et non conventionnelles (biologie totale, psychogénéalogie, kinésiologie, etc.) Mais il ne dit rien sur l’éventuelle utilité de ces dernières.

Courageuse, la démarche de Baudouin Labrique. Mais incomplète et risquée.

Courageuse, car c’est la première fois qu’un psychothérapeute, ayant pratiqué des approches non reconnues officiellement et controversées, parle des manquements de certains de leurs praticiens et montre qu´elles ne peuvent pas, en tout cas pour l´heure et pour celles qu´il a analysées, revendiquer le caractère de scientificité reconnu aux approches académiques.

Mais démarche incomplète parce qu´elle passe sous silence l´éventuel intérêt de ces approches différentes pour les patients, pourtant de plus en plus nombreux à les demander.

Et démarche risquée parce qu’elle peut offrir à ceux qui les combattent dogmatiquement (en France, les pouvoirs publics, les autorités médicales et les grands médias) une caution à leur comportement répressif et à la diabolisation.

Jean-Luc Martin-Lagardette.- Votre livre insiste sur les dérapages des deux groupes de médecines, la conventionnelle et la non conventionnelle. Mais c’est au détriment de celle-ci, dont personne n’a encore fait l’étude des éventuels apports positifs.

Baudouin Labrique.- Je n’ai pas voulu faire un panorama de toutes les thérapies pour dire ce qui fonctionne ou non chez chacune d’elles. D’abord par manque de place mais aussi par choix. J’ai d’abord pensé aux patients. Je veux les aider à identifier les dérives et manquements que l’on peut constater dans les comportements des thérapeutes.

La biologie totale, par exemple, fait de la psychosomatique, bien qu’elle n’utilise pas le mot. Elle prétend avoir fait une découverte majeure. Or les psychothérapeutes font de la psychosomatique depuis très longtemps. La B.T. prétend également que son approche est prouvée scientifiquement. C’est faux. Ne respectant pas les canons et les exigences de la science conventionnelle, elle ne peut s’en prévaloir. Ou alors, il faudrait réformer entièrement celle-ci…

Quant aux apports positifs, je prépare un second livre, qui pourrait s’intituler Guérir enfin, comment faire pour trouver son chemin dans la forêt des propositions.

– Pourtant vous-même avez été formé par des thérapeutes disciples du Dr Sabbah (B.T.)

– Oui, mais il y a vingt ans, je ne savais pas. Je n’étais pas informé sur les réalités de cette pratique. Depuis, j’ai constaté des attitudes inadmissibles, notamment par la bouche de mes patients. Pour moi, aujourd’hui, si les méthodes Hamer et Sabbah disparaissaient, ce serait un bien. Leurs praticiens donnent d’autorité tel sens à telle maladie, c’est de la caricature. Cela peut tomber juste de temps à autre, mais, éthiquement, ça ne tient pas. Que l’on aide le patient à trouver lui-même un sens à son mal, oui. Mais ce n’est pas au thérapeute à le décréter. Dire à un patient par exemple que son cancer de l’estomac provient d’un conflit avec son grand-père, cela pourrait être condamné car s’apparentant à un diagnostic médical et à du charlatanisme.

– Vous évoquez également les constellations familiales, la PNL, la psychogénéalogie, la kinésiologie…

– Dans mon livre, je ne juge pas les méthodes mais la manière dont les thérapeutes se comportent. Ont-ils ou non une éthique pointue ? Ont-ils suivi une thérapie approfondie et des formations correctes avant d’exercer ?

Beaucoup de ces « médecines » sont en fait des outils, et non des méthodes de santé. Elles se basent généralement sur des principes parfois magiques, souvent dogmatiques, qui sont prononcés par des maîtres à penser. Mais on trouve cela aussi dans les approches conventionnelles. Ainsi, Freud lui-même est aujourd’hui contesté. Son complexe d’Œdipe n’est plus universellement reconnu.

– Vous n’êtes pas tendre avec la médecine conventionnelle…

– Je montre, en deux chapitres, comment les autorités médicales et gouvernementales font elles-mêmes le lit des thérapies différentes, en niant l’existence de la psychosomatique, du lien qu’il peut y avoir entre le stress, par exemple, et les maladies.

Edward Weiss et O. Spurgeon English, professeurs à l’Université de Philadelphie, ont dit : « Toute maladie relève à la fois de l´esprit et du corps et toute thérapeutique est, de ce fait, de la médecine psychosomatique. Lorsqu´on en sera dûment persuadé, le terme psychosomatique pourra disparaître, les données qu´il traduit étant désormais impliquées dans le terme médecine »*. 

On en est encore loin. La Miviludes, le ministère de la santé et les associations antisectes comme l’Unadfi ignorent cette réalité. Ajoutez à cela la course au profit de nombreux médecins conventionnels, pantins du système pharmaceutique, qui n’ont que dix minutes à accorder à chaque patient, et vous comprendrez pourquoi les gens vont vers les autres médecines.
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* Edward Weiss  et O. Spurgeon English, Médecine Psychosomatique. L´Application de La Psychopathologie aux Problèmes Cliniques de Médecine Générale, Delachaux et Niestlé, 1952.

Quelle évaluation pour les médecines non conventionnelles ?

En France, le problème est mal posé. Les autorités (politiques, médicales et antisectes) partent du postulat que seules ont droit de cité les approches respectant les acquis de la science, et donc, tout particulièrement, les approches prouvées par la méthode expérimentale. C’est ce que Baudouin Labrique nomme le « préjugé organiciste » qui active « le dogmatisme matérialiste et rationaliste du “tout au physiologique” ».

En d’autres termes, seule est admise une pratique basée sur la reproductibilité de l’expérience et sur la lutte contre le symptôme. Or c’est oublier « les paramètres immatériels, notamment psychiques » qui ne sont pas pris en compte car non mesurables.

Les disciplines « différentes », qui elles font la part belle à cet aspect sensible mais invisible des processus pathologiques, font actuellement l’objet, en France, d’une étude du Groupe d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (GATPNCVT). C´est une bonne chose que les pouvoirs publics aient décidé de faire un peu de ménage dans l´offre anarchique des thérapies autodéclarées.

Le problème, c´est qu´il est très difficile de vouloir réguler les interventions dans le domaine du psychisme. Et que ce GAT, composé uniquement de représentants d’organismes publics impliqués dans la sécurité sanitaire et le maintien de l´ordre, n´est pas forcément le mieux indiqué pour mener à bien cette opération délicate. Tous ses membres sont des partisans du dogme organiciste. Il y a donc fort à craindre que son travail soit au final essentiellement répressif avec, espérons-le tout de même, quelques ouvertures pour les approches les plus douces.

Et comme les médecines différentes n’ont pas su se grouper pour constituer un véritable lobby, qu’elles n’ont pratiquement pas d’avocat sur le plan politique, à l’exception notable de Jean-Marc Governatori, président de la France en action, qui finance l’Alliance pour la santé, le dogme mécaniciste de la santé risque de continuer à s´imposer comme vérité officielle avec ses nombreux effets pervers. Mais, comme ses dérives sont le fait d´une médecine “validée scientifiquement”, elles seront toujours tolérées, elles, avec une grande largesse d´esprit…

JL ML

Le décodage biologique et d’autres médecines non conventionnelles bientôt interdits en France

La méthode du « décodage biologique », aussi appelée nouvelle médecine germanique, du Dr Ryke Geerd Hamer, mais aussi beaucoup d’autres « pratiques de soins non conventionnelles »,  seront sans doute bientôt interdites en France. C’est en tout cas la ferme volonté de la Miviludes et du ministère de la santé.

Georges Fenech, président de la Miviludes, et Agnès Buzyn, présidente de l’Institut national du cancer (Inca), lors de l´émission “Ça vous regarde” du 16 juin sur LCP/AN.

Ces disciplines « différentes » seraient au nombre d´au moins 400 en France, selon la mission interministérielle. Elles font actuellement l’objet d’une étude du Groupe d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (GATPNCVT) composé de représentants d’organismes publics impliqués dans la sécurité sanitaire.

Cette instance est chargée de recenser, identifier et évaluer les différentes pratiques alternatives et complémentaires, pour ensuite informer le public. Elle  rédigera des fiches par discipline qui seront mises en ligne dans le courant de l´année 2011.

Un faux débat télévisé

Pour savoir dans quel état d’esprit est conduite cette démarche, il suffit de regarder la composition (essentiellement institutionnelle et répressive) de ce « groupe technique » et d’écouter l’émission « Ça vous regarde » du 16 juin 2011 consacrée à ce sujet par La Chaîne parlementaire/Assemblée nationale.


Antoine Guélaud, directeur de la rédaction de TF1, le partisan le plus acharné d´une répression sévère contre les “sectes”. Derrière lui, sur l´écran d´une web-tv, Alexandre, une fausse “sentinelle citoyenne”, en réalité un employé de l´Inca.

Sur le plateau de cette émission, des militants virulents de l’anti-sectarisme (Miviludes et Unadfi) ; aucune information critique ou contradictoire malgré la présence de deux journalistes censés défendre la diversité des opinions ; aucun représentant ni aucun avocat des médecines douces en général ni de celles qui sont citées dans l´émission ; aucun scientifique indépendant ; une « sentinelle citoyenne », nommée Alexandre, présentée comme un internaute réagissant aux propos émis et qui est en fait un employé d’un des participants (Inca, Institut national du cancer) ; deux journalistes sortant de leur rôle et, endossant celui d´inquisiteurs (en contradiction totale avec la Charte professionnelle), appelant à une plus vive répression, etc.

Bref, un faux débat, modèle de propagande et de désinformation sur une chaîne financée par fonds publics.

Pour protéger la médecine académique, l’État français agite le chiffon rouge de la « menace sectaire » et de la « manipulation mentale » au sujet des tenants d´approches différentes, malgré l’extrême rareté des dérives constatées dans ce domaine.

Catherine Picard, présidente de
l´Undafi, veut une action contre
“l´emprise sectaire” et
l´établissement d´une nouvelle

liste noire des “sectes”.

Tout est bon, y compris la calomnie et le mensonge (voir en particulier le lien en fin d´article), pour faire croire à de terribles dangers, dans le but de protéger un système qui fait chaque jour la preuve de ses limites et de ses propres dérives, bien plus lourdes de conséquence (en termes d’effets secondaires mortels) que les soi-disant dérives sectaires.

« Dans quelque temps, le plus vite possible, explique Georges Fenech, le prédisent de la Miviludes, un certain nombre de ces pratiques, les plus dangereuses, seront interdites légalement. Ceux qui s’amuseraient ensuite à proposer par exemple le décodage biologique [qui sera notre priorité], commettraient une infraction susceptible de les mettre en prison, n’ayons pas peur des mots ! »

Une liste des méthodes et groupes visés

Pour connaître les méthodes et les organisations visées, il suffit de lire le dernier rapport de la Miviludes qui publie déjà une première liste de noms (non exhaustive), en rapport avec le traitement du cancer :
– Produits Johanna Budwig, Rudolf Breuss, Alain Scohy ;
– Urinothérapie ;
– Méthodes Simoncini, Jean Lefoll ;
– Traitement par plantes diverses ;
– Traitements par psychothérapie : psychobiologie, psychogénéalogie, psychobio-généalogie (également appelée mémoire cellulaire ou décodage biologique), médecine nouvelle germanique ;
– Médecine énergétique et biomagnétisme (ex. : appareil « Zapper » de Hulda Clark) ;
– Traitement à distance (énergie harmonieuse) ;
– Naturopathie.

Dans le débat télévisé, il a aussi été question de la kinésiologie, de l´iridologie, etc.


Le présentateur Arnaud Ardoin
n´a donné la parole qu´à l´accusation*.

La Miviludes énumère également les infractions qui pourraient caractériser l’exercice d’une « pseudo-thérapie » : exercice illégal d’une profession réglementée, et notamment de la médecine, de la pharmacie, de la profession de masseur-kinésithérapeute ou encore de la profession de sage-femme.

« Outre ces infractions particulières, des qualifications pénales de droit commun pourraient également recouvrir certaines pratiques : ainsi de l’escroquerie ou de l’abus de l’état d’ignorance ou de faiblesse. De la même manière pourraient se voir constituer les infractions de mise en danger de la personne d’autrui, de blessures et d’homicides involontaires, d’omission de porter secours ou d’usurpation de titre. »

Enfin, note le rapport, « des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique pourraient donner lieu à la commission d’autres infractions telles que le délit d’omission de porter secours et l’usurpation de titre ».

>> En choisissant de réprimer les médecines non conventionnelles, plutôt que d´engager avec elles un dialogue ferme mais constructif pour pouvoir également mieux les encadrer, le gouvernement ne prend-il pas le choix de l´impuissance ? En effet, ces pratiques bénéficient d´un engouement croissant des Français, malgré le dénigrement toujours plus affirmé des instances officielles. Ainsi, plus ces instances, avec la complicité des médias, diabolisent ces groupes, plus ces groupes se multiplient, jusqu´à intéresser des professionnels patentés et même des hôpitaux… Employer globalement la manière forte contre les thérapies douces n´est certainement pas la meilleure façon d´aider la médecine conventionnelle à récupérer un crédit déjà bien écorné par toute une série de scandales sanitaires…

>> Voir aussi : “Comment un journaliste de TF1 (A. Guélaud) romance une affaire pour faire passer sa thèse“.

* Légende modifiée suite à la remarque d´un internaute.

«La conscience réflexive est redevenue un objet de recherche scientifique légitime»

Jean-François Dortier, fondateur et directeur du magazine Sciences humaines, a dirigé l´ouvrage collectif  “Le Cerveau et la pensée ; le nouvel âge des sciences cognitives” (Editions Sciences humaines). Pour Ouvertures, il fait le point sur les dernières connaissances dans ce domaine et sur les enseignements que l´on peut en tirer.

Jean-Luc Martin-Lagardette.- Dans ce panorama synthétique des dernières découvertes en sciences du cerveau que ce livre propose, je suis frappé par la dissipation des frontières entre les dualités telles que biologie/culture, déterminisme/liberté, centré/modulaire, etc. On est vraiment entré dans l´ère de la complexité chère à Edgar Morin. Mais n’y aurait-il pas une idée qui ressorte et qui offrirait un fil conducteur ?


Jean-François Dortier.

Jean-François Dortier.- Depuis une dizaine d’années, un concept central émerge, c’est celui de la plasticité cérébrale. Avant, on voyait le cerveau comme un organe dont la structure, le câblage interne, étaient prédéterminés dans l’embryon par l’évolution biologique. En fait, il se reconfigure sans cesse, se réorganise au fur et à mesure de l’apprentissage. Un peu comme une plante : au départ, la graine contient un programme génétique, un câblage biologique déterminé et elle pousse en lien avec l’eau, le soleil et les sels minéraux qu’elle reçoit. Il en va de même pour le cerveau qui mue en fonction de l’alimentation culturelle qu’il accueille en provenance des yeux, des oreilles et des différents sens. Comme la plante, il co-évolue en lien avec son environnement.

Le développement des neurosciences nous pousse à nous ouvrir à d’autres disciplines que la physique, la biologie ou la psychologie. On ne peut plus ignorer le réseau social qui fait le pont entre biologie et culture. Le cerveau d’un être humain privé d’affection, de relation humaine, d’émotion sensorielle, ne se développera jamais complètement…

JL ML.- Peut-on imaginer que ces nouvelles connaissances nous aident à mieux gérer nos pensées ?

JF D.- Oui et non. Le cerveau humain fonctionne avec des stéréotypes : il catégorise le monde pour tenter d’en dompter l’étrangeté, la complexité. C’est ce que j’appelle le cerveau idéologique. L’infinie diversité de l’univers est réduite à des schémas souvent figés. Pour cette raison, je suis plutôt pessimiste à l’idée d’un progrès collectif de la pensée grâce aux découvertes des sciences cognitives.

En revanche, comprendre comment marche notre cerveau peut nous aider dans de nombreux domaines. Par exemple, à mieux apprendre grâce à une meilleure compréhension du fonctionnement de la mémoire. On sait désormais que l’apprentissage « distribué », c’est-à-dire diffusé par séances successives, est plus efficace que l’apprentissage « massé », où l’on tente de tout engranger en une seule séance.

Autre application concrète, la prothèse cognitive. En connaissant le circuit cérébral de la vision, on peut élaborer une prothèse visuelle et redonner une vue à des aveugles. C’est ce qu’il y a vingt ans nous nommions la bionique.

JL ML.- Un concept est mis à mal par les neurosciences, celui de l’inconscient à la mode freudienne…

JF D.- Freud lui-même avait pris du recul par rapport à ce terme. Il l’avait même abandonné en 1923, le remplaçant par le mot « Ça » et réservant l’adjectif « inconscient » à tout ce qui échappe à la conscience.

Aujourd’hui, pour les neurosciences, l’inconscient recouvre tous les actes intelligents du cerveau qui échappent à la conscience. Cela va des perceptions subliminales aux actes « automatiques » effectués en même temps que d’autres: comme lorsque je conduis une voiture, passe les vitesse, tourne le volant, tout en pensant à autre chose. Une autre exemple est celui de la soudaine « illumination », bien connu de certains scientifiques lorsqu’ils découvrent d’un seul coup, de façon impromptue, la solution d’un problème qui les préoccupait depuis un certain temps. Cela signifie que le cerveau a continué de travailler sans que le sujet n’en soit conscient.

JL ML.- A-t-on avancé sur le fameux problème du lien entre le corps et l’esprit ?

JF D.- Cette question philosophique par excellence a été fortement réactivée par les neurosciences, mais sur des plans très concrets. On sait mieux comment le cerveau agit sur le reste du corps, comment, par exemple, le système immunitaire dépend de l’état moral de la personne. Les liens entrant dans la psychosomatique sont mis en lumière.

On voit naître de nouvelles disciplines, comme la neurothéologie, c’est-à-dire l’étude cérébrale de la croyance en Dieu. On sait maintenant que chez des bouddhistes en transe, en état de « mindfullness », de sentiment océanique, comme dirait Romain Rolland, un centre cérébral particulier, le cingulaire inférieur, qui est programmé pour faire la différence entre le moi et le non-moi, est désactivé. Alors que chez les mystiques catholiques, par exemple, qui peuvent percevoir des images de Jésus ou de la Vierge, ce sont plutôt les centres visuels du cerveau qui s’agitent alors…

JL ML.- Pouvez-vous identifier d’autres avancées significatives ?

JF D.- L’homme partage bien des capacités cognitives avec les autres mammifères mais lui seul développe une pensée dans le sens de pouvoir se projeter dans l’avenir comme dans le passé. Il fait des hypothèses, s’extrait de son environnement, accède à l’au-delà du présent, de l’ici et maintenant. Le lieu de création de ces images est le lobe frontal, siège des fonctions exécutives et des capacités intellectuelles les plus élaborées. Cette région du cerveau est liée aux autres : occipitale pour la vision, pariétale pour la motricité et limbique pour l’émotionnel. C’est elle qui rassemble et contrôle toutes les données pour orienter la pensée.

JL ML.- Le neurologue A. Damasio a montré l’importance du rôle de l’émotion dans l’élaboration des décisions humaines. Qu’est-ce que veut dire « être rationnel » aujourd’hui ?

JF D.- On ne peut plus opposer simplement raison et passion, comme le faisaient les philosophes dans le passé. Les neurosciences ont effectivement réhabilité l’émotion comme guide intelligent pour la survie d’abord, mais aussi pour nombre de démarches cognitives, comme l’évaluation des risques (sécuritaire, financier, etc.). Le système émotionnel a un rôle adaptatif important mais il doit être régulé par le lobe frontal. C’est un jeu d’autocontrôle réciproque entre l’émotion et la raison, qui est propre à l’espèce humaine.

JL ML.- Un peu comme avec la physique quantique, qui a signé la fin d’une conception absolue de l’objectivité et la nécessité de prendre en compte l’observateur lors de l’expérience, les neurosciences ne signent-elles pas le grand retour de la subjectivité ?

JF D.- Une grande partie de la psychologie du XXème siècle – psychanalyse ou psychologie scientifique – ont effectivement expulsé la conscience de leur recherche. La psychanalyse ne s’intéressait qu’à l’inconscient ; la psychologie scientifique s’intéressait aux comportement, négligeant ce qui pouvait se passer dans la tête des gens et se méfiait de l’introspection, de la subjectivité. Aujourd’hui l’étude de la conscience réflexive, le fait de s’observer soi-même, est redevenue un objet de recherche scientifique légitime.

Il y a une catégorie de personnes qui a bien investi ce domaine depuis longtemps : celle des écrivains. Ils sont allés très loin dans la description des états mentaux. Ils ont réussi à mettre en œuvre ce procédé magique qui dit : « Bienvenue dans mon cerveau ! ». En s’immisçant au cœur des consciences, ils ont pu mettre en lumière les calculs, les désirs, les peurs, les fantasmes, etc., toutes choses qui échappent à la psychologie, aux protocoles expérimentaux et aux IRM, mais qui font pleinement partie de la connaissance.

Selon moi, la science de la pensée, qui a beaucoup investi dans la physique, la chimie et la biologie, doit maintenant intégrer l’approche littéraire…

Denis Robert versus Clearstream : un arrêt historique pour le droit à l’information

L’intérêt général du sujet traité et le sérieux de l’enquête menée par Denis Robert sur Clearstream sauvent le journaliste qui avait été précédemment condamné pour diffamation. La jurisprudence consacre ainsi l´investigation journalistique honnêtement conduite.


Denis Robert interviewé par Guillaume Gandelot.
Cliquer sur l´image pour accéder à la vidéo.

En concluant, le 3 février 2011, que « l’intérêt général du sujet traité et le sérieux constaté de l’enquête, conduite par un journaliste d’investigation [Denis Robert dans son livre Révélation$], autorisaient les propos et les imputations litigieux », les magistrats de la Cour de cassation ont écrit une page cruciale de l’histoire du droit à l’information et de la liberté d’expression.

Enfin, les avocats peuvent désormais s’appuyer sur cette jurisprudence favorable dans des dossiers opposant journalistes et puissances financières. Et nous, journalistes, pouvons espérer être soutenus dans nos enquêtes si celles-ci sont réalisées avec « sérieux » et si nous poursuivons un but d’intérêt général.

Dans le cas présent, la Cour statuait sur le pourvoi formé par Denis Robert contre l’arrêt rendu le 16 octobre 2008 par la cour d’appel de Paris. Celle-ci avait bien reconnu que le journaliste « avait poursuivi un but légitime en recherchant si la société Clearstream banking, chambre de compensation internationale, offrait les garanties de transparence nécessaire et ne favorisait pas des transferts financiers frauduleux ou des opérations de blanchiment, et qu’aucune animosité personnelle à l’égard de cette société n’était démontrée ».

« Comptes occultes »

Mais elle ajoutait que « l’enquête réalisée ne conforte pas les imputations litigieuses et que l’auteur s’est livré à des interprétations hasardeuses en assimilant les comptes non publiés à des comptes occultes servant à enregistrer des transactions frauduleuses et en présentant la société Clearstream comme abritant une structure de dissimulation, tirant ses bénéfices de sa complicité avec des entreprises criminelles et mafieuses ». Et elle avait condamné Denis Robert pour diffamation.

Ce faisant, assène la Cour de cassation, la cour d’appel de Paris avait violé l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (liberté d´expression) et l’article 29 de la loi du 29 juillet 1881 (diffamation). Sa décision est donc cassée.

Dans un appel international devant paraître dans 8 quotidiens européens, Denis Robert explique : « Mon enquête a montré que tous les clients de Clearstream n’étaient pas des banques comme l’annonçait la firme, mais qu’elle avait aussi accepté de contracter avec des sociétés offshore et des multinationales. Clearstream, outil sain et ingénieux à l’origine, avait été dévoyé et pouvait offrir d’importantes possibilités de dissimulation et de fraude pour ses clients. L’informatique laissant des traces, mes investigations ont également révélé que des affaires importantes d’évasion de capitaux, de blanchiment ou de faillite frauduleuse pouvaient trouver des résolutions dans les archives de Clearstream ».

Pour une commission d’enquête européenne

Le journaliste s’adresse ensuite à ses confrères et aux hommes politiques pour qu’ils « s’emparent de ces sujets, enquêtent, vérifient, acceptent de prendre le relais ».

A l’occasion du rapprochement récent entre DBC (Deutsche Börse Clearing) et NYSE (New York Stock Exchange) et la création d’une société devenant leader du back office financier, Denis Robert note que Clearstream est le « principal joyau de cette nouvelle entité ». En même temps, des députés américains ont mis en cause la firme basée à Luxembourg pour ses liens financiers avec des banques iraniennes (deux milliards d’euros sont placés sous séquestre par la justice américaine).

La décision de la Cour française de cassation et la suspicion des parlementaires américains justifieraient, aux yeux du journaliste français, « la constitution d’une commission d’enquête parlementaire européenne ».

>> L´enquête de Denis Robert, qui avait été retirée de la vente, va reparaître sous le titre “Tout sur Clearstream”. L´éditeur Laurent Beccaria (Les Arènes), qui a rédigé la préface de la nouvelle édition, y règle leur compte à de nombreux journalistes qui, au lieu de soutenir leur confrère, l´avaient dénigré et parfois violemment attaqué. Il en veut particulièrement à Edwy Plénel, alors directeur du Monde, dont l´hostilité avait été pour beaucoup, selon lui, dans la marginalisation de Denis Robert.

Droits de l’homme sans frontières s’émeut de l´antisectarisme des parlementaires français

L’association Droits de l’homme sans frontières (Human Rights Without Frontiers – HRWF) s’inquiète de voir les parlementaires français désireux de s’engager dans une nième commission d’enquête sur les pratiques “sectaires”.

Depuis 1995, il y a eu une trentaine de commissions d’enquête parlementaires. Trois, dont une concernant les risques encourus par les enfants, ont concerné les minorités spirituelles et religieuses amalgamées sous le vocable péjoratif de « secte » ! Aucune n’a abordé les dangers réels qui assaillent la jeunesse : les drogues et leurs conséquences sur les enfants et adolescents, la pédophilie, l’accès des enfants à la pornographie, le suicide des adolescents, la violence en milieu scolaire…

Or, le 3 mai 2011, la présidence de l´Assemblée nationale a enregistré une proposition de résolution visant la création d´une nouvelle « commission d´enquête parlementaire sur les pratiques intégristes, fondamentalistes et sectaires » dans les écoles privées, sur le prétexte qu´elles seraient « au-dessus des lois de la République ». Le projet de résolution cible des « déviations fondamentalistes dans les écoles privées », qu´elles soient catholiques, protestantes, juives ou musulmanes.

L´épouvantail de la “dérive sectaire” est agité pour, cette fois-ci, mettre le nez de la République dans les affaires de l´enseignement privé lié aux religions établies. Au mépris, d´ailleurs, de l’esprit de notre République puisqu’il s’agit de jeter l’opprobre sur certaines catégories de citoyens et, en violation de la loi, de mobiliser à leur encontre les moyens d’investigation réservés normalement à des faits.

En effet, l’objet de l’ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires dit clairement : « Les commissions d´enquête sont formées pour recueillir des éléments d´information soit sur des faits déterminés, soit sur la gestion des services publics ou des entreprises nationales, en vue de soumettre leurs conclusions à l´assemblée qui les a créées ».

Or l´exposé des motifs reprend comme une antienne : « Ces faits sont ils exacts ? S’ils le sont, que font les pouvoirs publics et, en particulier, l’éducation nationale ? ». Et certains faits allégués paraissent dérisoires : quel danger pour la République représente « l’interdiction des pantalons pour les filles, des bas obligatoires même l’été » ?

« Au-dessus des lois de la République »

Les députés se justifient ainsi : « Si la laïcité garantit le libre exercice des cultes, elle combat les pratiques qui troublent ou menacent l’ordre public. Cela concerne notamment les pratiques religieuses intégristes, fondamentalistes, sectaires, qui placent leurs règles au-dessus des lois de la République et n’acceptent pas la primauté de celles-ci.

« Ces pratiques sont minoritaires et autant politiques que religieuses. Elles doivent être combattues avec la plus grande fermeté car en se plaçant « au-dessus » des lois de la République, elles portent atteinte aux libertés fondamentales, aux droits de l’homme et, plus particulièrement, aux droits des femmes.

« Pour les combattre, il faut les repérer, les connaître, les mesurer. En commençant par celles qui concernent nos enfants dans le cadre de la mission première de la République : l’éducation.

« Cela nous amène naturellement à vouloir regarder de plus près ces pratiques intégristes, fondamentalistes et sectaires dans les établissements d’enseignement et, plus particulièrement, dans les établissements privés qu’ils soient “sous contrat” ou “hors contrat” ».

« La porte ouverte à des dénonciations dans l’impunité la plus totale »


Willy Fautré, directeur de HRWF.

Willy Fautré, directeur de Droits de l’homme sans frontières (Human Rights Without Frontiers – HRWF), a vivement réagi dans un communiqué daté du 13 mai 2011.

Il demande notamment aux autorités françaises et aux médias d’arrêter « d’attiser les soupçons, l´intolérance et l´hostilité sociale envers certains groupes religieux et leurs membres ; d’éviter de stigmatiser les membres des groupes religieux ou communautés qui conduit à certaines formes de discrimination, en particulier vis-à-vis des enfants ; de garder à l´esprit que nul ne peut être jugé pour ses actes autrement que par les voies judiciaires appropriées ».

Il stigmatise en particulier la politique française en matière de “sectes” : « En l´absence de crime commis par des soi-disantes sectes ou groupes sectaires et de cas concrets de dérives sectaires, la notion de “risque des dérives sectaires” est très pratique pour la Miviludes et les organisations antisectes. Ce concept est la porte ouverte à des soupçons sans fondement, des rumeurs et des dénonciations dans l´impunité totale. La persistante dérive sémantique de la terminologie antisecte devient une source de grave préoccupation d´un point de vue des droits de l´homme. Quand et où s’arrêtera l´intrusion de la Miviludes dans la vie privée des citoyens français ? À l´époque de l´Union soviétique, des centaines de croyants ont été arrêtés et envoyés en prison pour détention “illégale” des réunions religieuses dans des maisons privées ou détenues, dans les hôpitaux psychiatriques en raison de leur “croyances délirantes”. La Chine poursuit toujours la mise en œuvre d´une telle politique à l´égard de maisons-églises non officielles dont les membres se rassemblent dans des demeures privées. Où va la France avec sa politique de “chasse aux sectes” mise en œuvre par la Miviludes et les organismes privés antisecte presque entièrement financés par des fonds publics ? »

>> L’obsession “sectuelle” française viendra-t-elle au secours de cette proposition, d´origine socialiste, qui touche cette fois-ci les religions établies ? La droite, traditionnellement portée à défendre la liberté religieuse, acceptera-t-elle cette volonté d´inquisition sur ses terres d´élection ? Le peur de se voir accuser de vouloir couvrir des “dérives sectaires” la fera-t-elle se résigner ? Il est encore trop tôt pour le dire, les réactions à cette proposition, de la part des autorités concernées, étant pour l´instant rarissimes.
Quoiqu´il en soit, d’autres modes d’enquête plus doux
seraient souhaitables sur cette question, sous des formes moins spectaculaires, non dramatiques, non accusatoires. Que la représentation nationale dévoie ainsi l’appareil de l’Etat et gaspille l’argent des contribuables pour assouvir une laïcité extrémiste, sinon sectaire, c’est une spécificité nationale que bien des démocraties autour de nous regardent avec effarement.
J.-L. M.-L.

LCP-An, première chaîne européenne certifiée ISAS BCP 9001

C’est un événement significatif mais il n’a pas fait le buzz : la chaîne française de télévision LCP-Assemblée nationale vient de recevoir la certification ISAS BCP 9001, standard international de gestion de la qualité dédié aux médias. Elle est la première chaîne de télévision européenne à obtenir cette certification.

Ni les éditeurs de presse ni les journalistes français n’aiment les normes… quand elles prétendent s´appliquer à leur travail. Ils aiment encore moins qu’on mette le nez dans leurs affaires. Aussi sont-ils très rares à apprécier la démarche de certains de leurs confrères qui s’engagent dans des processus de qualité, validés par des organismes extérieurs.

La chaîne parlementaire française a pourtant fait le pas, sans doute portée par l’esprit de service public qui imprègne la plupart des thèmes des émissions qu’elle réalise. Pour ses 10 ans, LCP-An a en effet choisi de s’engager dans une démarche de certification de la qualité de son fonctionnement. Le certificat de conformité ISAS BCP 9001 lui a été délivré pour une durée de trois ans, renouvelable, avec une vérification programmée annuellement.

L´audit de certification a été réalisé par l´organisme indépendant Ethics SA et validé par le Comité de la Fondation Médias et Société. Reprenant et complétant la norme ISO 9001, ISAS BCP-9001 est adaptée au paysage médiatique multisupports.

Cette « décision stratégique », explique la chaîne dans un communiqué daté du 9 mai 2011, a mobilisé « l’ensemble des métiers de l’entreprise depuis l’automne 2009 en encourageant la mise en place de règles et principes de pilotage, de transversalité ou encore de mécanismes de vérification, de reporting et d’actions correctives suivies et évaluées. Cette mise en conformité avec la norme a également engagé la gestion de l’entreprise dans la standardisation et la mutualisation des procédures, la définition d’objectifs et de critères d’évaluation, et aussi une meilleure traçabilité des actions ».

« Ce label de qualité répond à de nombreuses exigences qui garantissent à toutes les parties prenantes de LCP-An une fiabilité éditoriale, économique et managériale. Désormais au coeur du fonctionnement de l’entreprise, la culture de l’amélioration continue est un gage d’efficacité accrue et conforte la position de LCP-An comme le média politique de référence », précise Eric Moniot, secrétaire général de LCP-An.

Liste officielle des entreprises certifiées
– Le Temps (Suisse)
– TRANS TV (Indonésie)
– Canal 11 (Mexique)
– AIBD (Malaisie)          
– BNJ FM SA (Suisse)
– LCP-AN TV (France)
(Latvijas Radio (Lettonie), dont les critères ne correspondaient plus au référentiel, a vu sa certification retirée)
Dossiers à l’étude :
– Radio Fribourg (Suisse)
– Radio Chablais (Suisse)
– Radio Romania (Roumanie)
– Romanian Television Society (TVR) (Roumanie)

>  La Fondation Médias et Société est basée à Genève. Initiative bénévole de professionnels des médias du monde entier, FMS vise l’amélioration de la qualité des médias par l’implantation généralisée de la norme ISAS BCP 9001.

> La norme ISAS BCP 9001:2010.

L’hommage des Indiens au guru Sai Baba récemment disparu

Le guru indien Sri Sathya Sai Baba, considéré par ses millions de sympathisants comme un dieu vivant, est mort le 24 avril 2011 à l’âge de 85 ans.

Le corps de l’ancien guru arrive au temple et reçoit les hommages de fidèles et de sympathisants.


Sri Sathya Sai Baba.

Le guru est mort à l’hôpital de Puttaparthi (Etat d´Andhra Pradesh, sud) après plus de trois semaines de grave maladie.

Sai Baba, rapporte l’AFP, est considéré par ses fidèles comme étant doté de pouvoirs surnaturels, tels que celui de faire apparaître des objets, de guérir des maladies en phase terminale et de se souvenir de ses vies antérieures. Pouvoirs qui ont fait l´objet de vives contestations auxquelles se sont ajoutées des allégations d´abus sexuels.

Il compte parmi ses fidèles d´anciens Premiers ministres et présidents indiens, de puissants hommes d´affaires ainsi que la star indienne du cricket Sachin Tendulkar ou l´actrice américaine Goldie Hawn.

Le nombre de ses sympathisants est évalué à 10 millions, présents dans plus de 100 pays. Sai Baba affirme être la réincarnation de Sai Baba de Shirdi, un saint hindou mort en 1918.

Son organisation finance des projets de santé et d´éducation en Inde, notamment des hôpitaux qui disent pouvoir soigner les maladies bénignes en ayant recours à des méthodes non utilisées par la médecine traditionnelle.

Parti de Puttaparthi, l´empire de Sai Baba s´est étendu dans le monde entier.

>> Le site officiel de l´organisation de Sai Baba.

>> Sai Baba : comment la rumeur peut tuer sur fond d´antisectarisme.

La faillite du système français du médicament

L’affaire du Mediator permet de révéler une succession de dérives graves à l’intérieur du système sanitaire français. On apprend par exemple que « 80% des médicaments sur le marché ne servent à rien » et que les médecins sont très peu formés à la prescription des médicaments. C´est tout le système français du médicament qui a failli, entraînant les morts dus au Mediator et aux autres médicaments suspects.

Non seulement la plupart des médicaments sont inutiles mais, en plus, les médecins ne savent pas vraiment ce qui se passe quand ils les prescrivent ! C’est la conclusion qu’on est tenté d’apporter à l’écoute des informations qui émergent en conséquence du scandale du Mediator.

D’après le professeur Philippe Even, président de l’Institut Necker et co-auteur d´un rapport sur le système de contrôle des médicaments, « 80% des médicaments mis sur le marché ne servent à rien ! ». Il précise même : « Tous les médicaments des labos français vendus uniquement en France et dans les anciennes colonies ne servent à rien ». De plus, tous les laboratoires pharmaceutiques multiplient les copies et créent de nouvelles maladies pour maintenir leurs profits. Philippe Even estime que les industriels français sont particulièrement doués pour commercialiser des « poudres de perlimpinpin » (voir la vidéo ci-dessus).

Nous n’avons pas entendu de démenti de la part des autorités face à cette affirmation littéralement stupéfiante. A croire qu’elles ne prennent pas la mesure de ce qui est dit. En outre, on apprend que, depuis des années, bien des professionnels ont alerté les décideurs sur le fait que les médecins français connaissent peu de choses en matière de médicament alors qu’ils sont des champions pour les prescrire. Des rapports et des réformes ont vu le jour sans que la question ne soit réglée. Au contraire, même.

« En France, les médecins sont très mal formés au médicament »

Au Sénat, la mission d´information du « Mediator : évaluation et contrôle des médicaments » auditionne actuellement plusieurs personnalités du monde médical. Objectif : mieux comprendre comment ce médicament a pu être maintenu aussi longtemps sur le marché. Le 14 avril 2011, les sénateurs ont auditionné Bernard Bégaud, professeur de pharmacologie à l´université de Bordeaux, qui fut le patron de la pharmacovigilance à l´époque, dans les années 90.

Rappelant qu’en 1998, on estimait déjà à 18 000 le nombre de morts dus chaque année en France à l’iatrogénie médicamenteuse (morts par les médicaments), Bernard Bégaud a pointé un autre aspect scandaleux de la situation (voir à la fin de la vidéo) : « Les médecins français sont beaucoup moins bien formés à la prescription des médicaments que leurs collègues européens : il y a une différence de 1 à 10 en nombre d’heures ! Cela induit un grave préjudice : on  n’apprend pas au médecin français le rationnel de la prescription, par exemple quand ça ne vaut pas le coup de prescrire. Je n’ai jamais compris pourquoi. Tout le monde est d’accord [sur ce point] mais les réformes successives ne sont jamais suivies d’effet. On va même jusqu’à diminuer la part de l’enseignement à la prescription. Or c’est ce que les médecins font justement le plus fréquemment ! »

Au vu de cette passivité quasi structurelle, on peut s´interroger sur les chances de succès des Assises du médicament, mises en œuvre par Xavier Bertrand, le ministre du travail, de l’emploi et de la santé. A quand une réforme drastique qui privilégierait enfin l´intérêt du patient sur tous les autres ?

Expériences de mort imminente : la conscience peut vivre indépendamment du corps

C’est ce qu’affirme dans un documentaire la réalisatrice Sonia Barkallah, après avoir enquêté auprès de divers chercheurs scientifiques. Les expériences troublantes de mort imminente vécues par de nombreux patients ne sont pas des hallucinations. L’hypothèse d’une possible délocalisation de la conscience doit aujourd’hui être prise enfin au sérieux.

C’est un film que les télévisions boudent et que la communauté scientifique fait mine d’ignorer. Pourtant, « Faux Départ » est le film documentaire le plus complet jamais réalisé sur les expériences de mort imminente (EMI ou NDE pour Near Death Experiences).

Il fait le point des connaissances sur cet étrange état qu’ont vécu des centaines de milliers de patients de par le monde, alors qu’ils avaient été déclarés morts : la sensation de se détacher de son corps, et de flotter au-dessus de lui, d’assister à sa propre réanimation, d’entendre des chirurgiens parler entre eux, y compris dans des pièces extérieures à la salle d’opération, de traverser un long tunnel débouchant sur une lumière empreinte d’amour.

Les personnes qui ont connu ce type d’expérience en reviennent bouleversées. La plupart sont confrontées à un bilan moral de leur vie et à leurs carences d’amour. Une fois réanimées, elles retrouvent l’existence avec une confiance nouvelle et la certitude que leur vie a un sens, qu’elles doivent désormais être plus ouvertes, plus attentionnées aux autres, qu’elles doivent apprendre à aimer vraiment.

C’en est trop pour bien des Français, notamment dans la communauté scientifique et dans les médias, qui se ferment à l´évocation de ces notions « sensibles » : trop fleur bleue, naïf, ridicule !

Un nouveau protocole de recherche

Il n’empêche. Que la conscience ne soit pas une simple production du cerveau mais un phénomène spirituel à part entière, qu’elle puisse se délocaliser et persister de façon indépendante du corps, est une hypothèse qui tient la route : certains des témoignages rapportés dans le film sont formels. Une personne déclarée morte ne peut avoir connaissance de ce qui se passe sous la table où elle a été opérée ou dans la pièce d’à côté ! Cela a pu être testé par des réanimateurs, des infirmiers, des médecins.


Le Pr Postel.

Pour avancer sur ce terrain ont été lancés en France un centre de recherche sur la conscience (Cneric), présidé par le docteur Jean-Pierre Postel, anesthésiste réanimateur, chef de service à l´Hôpital Jean Leclaire de Sarlat (Dordogne), et un nouveau protocole de recherche, en cours d’élaboration, par le Eric Dudoit, psychologue clinicien au CHU de la Timone à Marseille.

« Cela apportera un jour nouveau sur la conception de la pensée, sur ce qu’est l’être humain par rapport à l’univers. Quelle est sa place ? Existe-t-il autre chose ? Je crois que la physique quantique nous a ouvert pas mal de voies, et il est permis de penser que la vie humaine n’est qu’une étape », estime Jean-Pierre Postel.


Sonia Barkallah.

Pour Sonia Barkallah, « la science actuelle n’apporte pas de réponse satisfaisante sur ces phénomènes. La mort est encore un sujet tabou. Si l’hypothèse selon laquelle la conscience fonctionnerait indépendamment de notre cerveau était validée, cela aurait des conséquences incalculables. Toutes nos références s’effondreraient, comme celle que la conscience est une production du cerveau. Il s´ensuivrait une révolution plus importante que l´héliocentrisme. Cela aurait des implications dans tous les domaines. Nous savons également qu´à la suite de cette expérience certaines personnes ont eu des rémissions spectaculaires de maladies graves. Ou ont développé des facultés extrasensorielles ».

Le combat d´une vie


Raymond Moody, lors du colloque
de Martigues en 2006.

C’est LE combat de sa vie : Sonia Barkallah, productrice (S17), réalisatrice, a tout misé sur son projet, encourager et promouvoir la recherche sur les EMI et la conscience.

Après avoir lu à l’âge de 11 ans le  livre référence sur la question, « La Vie après la vie », de Raymond Moody, elle connaît à 14 ans une expérience de sortie hors du corps. Mais cet événement la déroute dans son rapport avec le monde, par rapport auquel elle se sent inadaptée. A la suite du visionnage d’un film documentaire sur les EMI en 1999, elle retrouve espoir et se lance elle aussi dans la réalisation d’un film consacré à ce sujet. En 2002, elle entame une investigation qui durera quatre ans et débouche sur « Faux départ ».

A la suite du colloque de Martigues qu´elle a organisé en 2006, avec le soutien d´IANDS-France (rubrique Appel de Martigues), association de médecins et chercheurs, elle convainc les docteurs Dudoit et Postel de se lancer dans la recherche. Peu après naît l’idée de la création d’un centre de recherche dédié à la question de la conscience : elle fonde avec Jean-Pierre Postel le Cneric (Centre national d’études, de recherches et d’information sur la conscience) en avril 2009.

La place de l´homme dans l´Univers

Sonia interviendra lors de la deuxième édition de “Spiritualité en Pyrénées” qui a lieu du 6 au 10 juillet 2011 à Font-Romeu (Pyrénées orientales). Au cœur des débats : la question de la place de l’Homme dans l’Univers. Et, pour aller plus loin : Qu’en est-il de la réalité au regard de l’observateur et de son état de conscience ? Comment expliquer les EMI ou les sorties hors du corps ? Quelle est la place de la spiritualité en soins palliatifs ? Comment sciences et spiritualité peuvent-elle s’articuler pour oser étudier de nouveaux phénomènes ? Ces questions seront abordées par des physicien, médecin, philosophe, anthropologue, psychologue.

>> Voir également un site de témoignages sur les expériences de mort imminente.

>> “Ce que c´est que la mort” de Victor Hugo.