Les Indignés du Paf : « Nous allons surveiller de près les médias avant les élections »

Lancé par le nantais Philippe Guihéneuf*, le mouvement Les Indignés du Paf (Paf : paysage audiovisuel français) organise en mars 2012 des tables rondes dans tous le pays et un appel citoyen aux candidats aux élections présidentielles. Objectif : face à la dégradation de la qualité de l’information, faire émerger des propositions pour réconcilier le public et les médias.

Ouvertures.- Comment est né le mouvement ?


Photo : JL ML.

Philippe Guihéneuf.– Le fait déclencheur a été la révélation en décembre 2011, par le Petit Journal de Canal+, de faux reportages sur la délinquance urbaine dans l’émission « Appels d’urgence » sur TF1, avec des images récupérées ailleurs et insérées sans avertir le téléspectateur. Avant les grandes échéances électorales de 2012, la qualité de l’information est une préoccupation majeure. C’est important pour le citoyen, avant d’aller voter, de disposer d’informations fiables et honnêtement élaborées. C’est pourquoi nous avons voulu réagir vite.

Quand les médias, par mégarde ou par intention, donnent de fausses informations, cela peut avoir des conséquences dramatiques sur les personnes. En réaction, cela peut susciter des actes de protestations ou même de violence. Ainsi, la publication d’un article mal légendé en début du mois par Ouest-France a provoqué l’enfarinade de la devanture des locaux du siège à Nantes. D’où l’importance pour les médias de respecter la déontologie quant aux faits qu’ils rapportent.

– Revenons à l´émission de TF1. Qui est ce « nous » qui a voulu réagir ?

– J’ai immédiatement partagé mon indignation à plusieurs amis partout en France. Ils ont tout de suite été sensibles à cette supercherie. Nous avons cherché les moyens pour la dénoncer, notamment avec l’aide d’un avocat. Le premier cercle de personnes que j’ai contactées sont plutôt, comme moi, du monde du spectacle. Nous sommes très consommateurs de médias. Nous voulons être sûrs de l’honnêteté de l’information concernant notre travail. Et il faut que la qualité de l’information soit assurée sur l’information en général.

Le réseau en cours de constitution s’appuie sur toute personne sensible à la problématique de la qualité de l’information, quelle qu’elle soit et où qu’elle soit. Il est fédéré pour l´instant par deux associations : “les Contestataires propositifs” et “les Pieds dans le PAF“.

– La qualité de l’information, c’est vaste ! Quels sont vos axes de travail ?

– Nous explorons essentiellement trois voies :

  • Préciser la définition de l’information journalistique, du travail journalistique et de l’entreprise média ;
  • En voir les conséquences sur le fonctionnement des structures : capital, organisation, hiérarchie, convention collective, etc.
  • Trouver et développer la place des citoyens usagers dans le monde des médias.

– En quoi consiste votre action ?

– La semaine du 20 mars, nous allons organiser une série de débats publics dans plusieurs villes en France. Nous recueillerons des idées, des remarques, des propositions des citoyens et des professionnels pour améliorer le processus de fabrication des nouvelles, pour trouver des garde-fous  et protéger durablement le travail des journalistes.

Le résultat des tables rondes et la synthèse du 30 mars à Paris seront disponibles sur le site lesindignesdupaf. Nous sommes en train de prendre des rendez-vous avec les futurs signataires potentiels de l’appel.

Durant tout le mois d’avril, nous invitons les citoyens à surveiller les informations avec un œil critique. Notre site publiera les dérives qui seront signalées, après vérification de notre part. Nous voulons ainsi faire pression pour que les conditions du débat préélectoral soient le plus démocratique possible.

* Philippe Guihéneuf, 44 ans, responsable de structure de spectacle vivant, a fait du cinéma pendant 8 ans avant de se tourner vers la régie de théâtre, notamment avec Patrice Chéreau. En 2005, touché par les révoltes des banlieues, il monte un spectacle destiné à encourager les projets de jeunes, avec le théâtre associatif TNT de Nantes.

Conseil de l´ordre des médecins : « Tout article doit indiquer les liens d’intérêts du praticien »

André Deseur, conseiller national, président de la section exercice professionnel du Conseil national de l’ordre des médecins, répond aux questions d´Ouvertures.

Ouvertures.- Un journal accueille un article d’un médecin qui parle de la vaccination sans avoir déclaré ses liens d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique. Est-ce normal ?

André Deseur.– Non. Tout article, même dans un journal à visée grand public, doit indiquer soit directement les liens d’intérêt du praticien qui s’y exprime, soit le lieu où ces liens peuvent être consultés. C’est vrai que les médias ne demandent jamais de leur indiquer ces liens quand ils nous interrogent. Ou du moins, pas encore…

– Comment cela se passe quand un manquement à l’obligation de déclarer ses liens d’intérêt est constaté ?

– Quand un conseil départemental ou le Conseil national de l’ordre reçoit une information mettant en cause un praticien, celui-ci peut être poursuivi devant les chambres disciplinaires. S’il est estimé fautif, il peut être sanctionné.

– Avez-vous mis en place un système de veille de ces manquements ?

– Non, c’est difficile, nos moyens ne nous le permettent pas…

– Qui peut déclencher une action alors ?

– Toute personne qui a un intérêt à agir. Par exemple, pour l’article que vous citez, une mère de famille qui jugerait l’article partial et incomplet et pouvant de ce fait mettre en danger la vie de sa fille qu’elle comptait faire vacciner.

Quiconque jugerait l’acte ou le comportement d’un praticien non conforme à la déontologie médicale ou à la loi, par exemple à la loi du 4 mars 2002 sur le droit des malades, qui oblige les médecins à déclarer leurs liens d´intérêt, peut saisir le conseil de l’ordre départemental et déposer une plainte. Celle-ci sera transmise à la chambre disciplinaire compétente qui instruira le dossier.

– Combien de plaintes recevez-vous par an ?

– Nous n’avons reçu aucun signalement de cette nature depuis la publication de loi. Nous avions seulement pris bonne note d’une remarque du collectif Formindep. Mais, les praticiens ayant fait amende honorable, il n’y a pas eu de suite.

Mais cela ne manquera certainement pas de se produire avec le dispositif qui est en train de se mettre place, dans la ligne de la nouvelle loi sur le médicament. Sur notre site, la rubrique “annuaire” accueillera une page consacrée aux déclarations qui seront centralisées. En cliquant sur le nom de chaque médecin, tout internaute pourra prendre connaissance de ses liens, de leur nature, voire des sommes perçues au travers des contrats qu’il aura passés avec l’industrie pharmaceutique et biomédicale.

– Quand le dispositif sera-t-il accessible au public ?

– Nous attendons les décrets qui à la fois nous obligeront et nous autoriseront à le faire. L’avis préalable de la Cnil sera requis.

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> Le Figaro oublie d´indiquer les liens d´intérêts d´un médecin, auteur d´un article”

Audiovisuel : l´intérêt du public insuffisamment pris en compte par les médias

Bien que l’intérêt du public, caractérisé notamment par le pluralisme des idées, soit au cœur de la loi sur la liberté de communication, il est bien loin d’être effectivement pris en compte par les médias. Une carence démocratique qui tient entre autres à une législation encore incomplète.

L’intérêt du public est le fondement légal de la communication audiovisuelle. La loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication prescrit que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) accorde aux chaînes les autorisations d’émettre d’abord sur des critères objectifs (contenu des programmes, capacité financière). Mais également « en appréciant l’intérêt de chaque projet pour le public ».


Copie d´écran du site du CSA.

Ce point-là fait débat. D’abord parce qu’il y a facilement confusion entre « l’intérêt du public » et les dénominations voisines telles que « l’intérêt public », « l’intérêt général » et le « droit du public ». On peut cependant penser, estime Karine Favro, maître de conférences des facultés de droit à l’université de Haute-Alsace et auteure d´une communication sur ce thème (voir encadré), que « l’intérêt du public » constitue une « contraction » de toutes les autres. Ajoutons également la nuance que l´on pourrait établir entre « l’intérêt du public », qui est la notion centrale de l´étude de l´universitaire, et « l’intérêt pour le public », qui est la formulation du texte de loi.

Comment cet intérêt est-il garanti par la loi de 1986 ? Le texte dit que le droit du public est garanti par le respect de la liberté d’expression, le jeu de la concurrence, le pluralisme et l’honnêteté de l’information, l’intervention publique, le respect de la réglementation et la régulation des acteurs (c’est de ce dernier point que le CSA tire sa légitimité).

L’exigence d’un débat public

« La liberté d’expression, parce qu’elle suppose le pluralisme des opinions (nous soulignons), l’existence d’un débat public à même de refléter ces opinions plurielles et la reconnaissance d’un droit public à être informé sur des questions d’intérêt général, permet aux citoyens d’exercer leur droit de participation, mais aussi de contestation, caractéristiques d’un régime démocratique, écrit Karine Favro. Mais si l’on reconnaît le caractère essentiel de la liberté d’expression s’agissant de l’exercice effectif des libertés de la pensée et son rôle primordial dans le fonctionnement de la démocratie, encore faut-il que son respect et son effectivité soient eux-mêmes garantis. »

La Régulation des médias et ses « standards » juridiques

Les éléments de cet article ont été puisés dans “L´intérêt du public, standard de la régulation de la communication audiovisuelle”, communication de Karine Favro, l´une des auteurs de ce livre.

Celui-ci constitue les Actes du colloque organisé le 13 mai 2011, à l’Assemblée nationale, par l’Association française du droit des médias et de la culture (AFDMC), présidée par Pascal Mbongo, professeur des facultés de droit à l´Université de Poitiers.

Mare et Martin, coll. Libertés, Auteurs et Médias, 2011.

Et, précise la jurisprudence européenne, « la liberté d’expression vaut non seulement pour les “informations” ou “idées” accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de l’opinion ».

Or on peut observer que « les médias imprégnés de la conception traditionnelle de la démocratie représentative sont loin de représenter toutes les opinions, et même si le pluralisme a progressé, les médias demeurent essentiellement le reflet des opinions dominantes ou majoritaires. (…) Il serait faux de prétendre que l’accès aux médias classiques est ouvert ».

Une appréciation “qualitative” des contenus

Au-delà de la pluralité des organes d’information, le « pluralisme des courants d’expression socioculturels » implique une « appréciation qualitative ayant trait au contenu (nous soulignons) de l’information diffusée, à sa diversité ».

Chaque moyen de communication devrait donc s’ouvrir aux différents courants de pensée et d’opinion. Mais « cette dimension du pluralisme n’a jamais trouvé de traduction législative » jusqu’à aujourd’hui. L’abondance quantitative des programmes ne satisfait pas l’exigence de pluralisme sur le plan qualitatif, dont les indicateurs restent donc encore à définir.

A cela, il faut ajouter que, si les textes de loi reconnaissent un certain « droit à l’information », le Conseil constitutionnel n’a toujours pas expressément acté le caractère fondamental de ce droit. Il reconnaît seulement ce droit comme un objectif à réaliser pour « rendre effective la liberté de choix des destinataires de l’information ». Il reste à inscrire dans nos lois que cette liberté n’est possible que si « l’honnêteté de l’information » et le « pluralisme des courants d’expression » sont assurées.

Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

L’auteure de la communication conclut que, si « l’intérêt public » n’a pas été défini avec précision, « c’est qu’il n’appartient pas encore au public de défendre ses propres intérêts ».

> Les citoyens attendront-ils qu’on leur octroie cette possibilité de défendre leurs propres intérêts ou sauront-ils l’exiger voire la conquérir ?

Google+ : les professionnels intéressés mais à la recherche d´usages

Avec 40 millions d’utilisateurs dans le monde en octobre 2011 (3 millions en France) et 3,4 milliards de photos partagées (dont > 50% par mobile), la nouvelle plateforme Google+ s’installe dans le paysage du réseautage social. Une équipe de Google France a évoqué les spécificités et les avantages de cet outil devant les membres du Social Média Club (SMC).


Clément Wolf, communication, et Pauline Butor, développement G+
chez Google France.
Photo : JL ML.

« Nous voulons créer des liens, diffuser l’approche sociale dans tous les produits Google, explique Clément Wolf, responsable relations publiques et communication d’entreprise chez Google France. Nous cherchons à créer des liens entre l’ensemble des fonctions proposées par notre groupe. Google+ a vocation à être la colonne vertébrale de toute notre offre. Il est encore en phase de développement, avec une innovation par jour depuis son lancement fin juin 2011. »

« Google+ est plus qu’une nouvelle plateforme de réseau social, surenchérit Pauline Butor, account manager en charge du développement de Google+ en France. En l’intégrant dans l’écosystème Google, nous marquons notre volonté de rendre tout le web social. Pour ressembler à la vraie vie. C’est vraiment une révolution. »

Les représentants de la célèbre firme californienne ont rencontré des membres du Social Média Club le mardi 10 janvier 2012 à Paris. Le SMC a pour mission de « connecter les professionnels des médias sociaux (communication, presse, entreprises) qui utilisent des logiques communautaires dans la création ou dans la diffusion de leurs contenus ».

Community managers en entreprise ou dans les médias, la plupart de la trentaine des personnes présentes utilisent Google+. Si l’engouement a été certain au moment du lancement, il semble qu’aujourd’hui, ils soient dans une position attentiste, cherchant comment en tirer le meilleur parti.

Stanislas Hannoun, responsable social media au Nouvel Observateur, était assez intéressé par le projet. Il avait même obtenu un partenariat exclusif avec Google. Après un intérêt assez marqué au départ par la rédaction, l´usage de G+ s’est ralenti jusqu’à rester un mois entier sans aucun post. « Google+ est plus ergonomique que Facebook, mais les journalistes ne sont pas encore séduits, explique-t-il. La fonction “vidéo-bulle” (hangout) est très prometteuse mais est encore délicate à manier pour nos usages. »

Clément Wolf fait remarquer que Google+ incitera sans doute les utilisateurs professionnels à dégager de nouvelles ressources en interne pour le gérer, comme cela existe déjà pour les d’autres réseaux sociaux. Il a précisé que la plateforme n’est pas monétisée : « Aucun programme d’intégration de la publicité n’est envisagé ». Et que l’interdiction des pseudonymes sera sans doute levée : les conditions de la diffusion de l’information au cours de la révolution arabe ont fait changer d’avis l’entreprise de Mountain View…

Un représentant de France-Télévisions/France5 dit être très intéressé, bien que, pour l’heure, les pages Google+ soient vides : « La fonction “cercles” nous permettra d’apporter de la proximité autour de nos programmes. Nous avons besoin de travailler l’identité de notre marque. Les émissions sont de bons outils pour cela. Agréger des internautes dans des cercles autour d’elles valorisera la marque dans son ensemble. »

Avaaz : « Nous avons 10 millions de membres actifs dont 1 million en France »

Avaaz se présente comme « le seul réseau citoyen au monde qui soit à la fois massif, high-tech, démocratique, plurithématique et véritablement mondial ». Pour en savoir plus sur ce mouvement inédit, nous avons interrogé Benjamin des Gachons, le représentant français salarié du mouvement.

– Ouvertures.- Qu’est-ce exactement qu’un membre d’Avaaz ?

– Benjamin des Gachons.– Un membre d´Avaaz est quelqu´un qui a participé à une action (signature de pétition, don, envoi de messages, etc.) et reste actif sur notre liste (des liens de désinscription sont disponibles à tout moment et les membres ne répondant pas aux emails sur une longue période sont enlevés de la liste).

Nous avons à ce jour 10 millions de membres actifs dont 1 million en France.

– Quel est le statut d’Avaaz ?

– Avaaz n´est enregistrée que dans l´État du Delaware aux États-Unis, sous le régime de Fondation 501 (c) 4. Avaaz n´a pas d´autre statut juridique dans d´autres pays, le but étant d´alléger la structure administrative pour se concentrer sur l´action.

Il n´y a donc pas de réunions des membres, mais ceux-ci sont régulièrement consultés par sondages annuels (le dernier en date ici) et hebdomadaires. Les membres sont aussi sollicités pour la participation aux remises de pétition (toutes les remises ici) ou pour des dîners de rencontre avec l´équipe d´Avaaz dans les villes où elle est présente.

Par ailleurs, chaque campagne publiée sur le site et envoyée à nos 10 millions de membres est d´abord envoyée par sondage à un échantillon de 10 000 membres pris au hasard et, en fonction du taux de réponse et des commentaires, la campagne est lancée ou non.

– « Dans quelles villes l’équipe opérationnelle d´Avaaz est-elle répartie ?

– Paris, Londres, Bristol, Berlin, Bruxelles, Amsterdam, Dar es Salam, Washington, New York, Chigaco, Delhi, Sidney, Madrid, Rome, Mexico, Sao Paulo et Tokyo.

Les succès des campagnes d´Avaaz Avaaz a mené des centaines de campagneset joué un rôle clé dans des dizaines de victoires. Voici celles qu’elle revendique :- Avaaz a enrayé la marche du magnat des médias Rupert Murdoch vers la domination mondiale

– A brisé le black-out sur les médias en Syrie et soutenu les mouvements démocratiques courageux dans tout le Moyen-Orient

– A constamment affronté Silvio Berlusconi en Italie jusqu´à ce que son régime corrompu chute

– A bloqué la loi instaurant la peine de mort pour les gays en Ouganda

– A stoppé la méga-autoroute qui aurait tranché en deux les terres protégées des peuples indigènes de Bolivie

– A construit un mouvement anti-corruption massif en Inde qui a forcé à plusieurs reprises le gouvernement à reculer

– A construit un mouvement mondial pour l´indépendance de la Palestine

– A sauvé le Protocole de Kyoto et les négociations de l´ONU sur le climat, face aux puissants pollueurs déterminés à les faire échouer.

« Tout le travail de notre mouvement était rendu possible par la contribution de seulement 10 000 personnes dont les petits dons hebdomadaires de 3 ou 5 euros – soit le prix d´une ou deux tasses de café – couvrent tous les frais de fonctionnement d´Avaaz. Mais pour relever le défi de notre temps et gagner, il nous faut passer à la vitesse supérieure en doublant le nombre de donateurs réguliers pour atteindre 20 000, et ainsi doubler notre capacité d´action. Cliquez ici pour que nous réussissions ! »

– Combien de membres cette équipe regroupe-t-elle ? Pouvez-vous indiquer leur niveau de rémunération ?

– Cent salariés dans le monde. Le niveau de rémunération est comparable à celui pratiqué dans les grandes ONG internationales. Nos comptes sont certifiés. Vous trouverez plus d´infos, notamment les lettres d´audit et la répartition par postes, dans la page concernant les finances d´Avaaz.

L´équipe opérationnelle (une trentaine de directeurs de campagnes et de chargés de campagnes) se réunit deux fois par semaine par téléconférence pour planifier le travail de la semaine et du mois. Elle est appuyée par une équipe technique, des traducteurs et des chargés de projets thématiques.

– Vous dites gérer des « maisons sécurisées ». En quoi consistent-elles ?

– Par définition, pour des questions de sécurité nous ne sommes pas en mesure de donner plus d´informations. Ces maisons permettent à des activistes persécutés par les régimes dictatoriaux (en particulier syrien) de trouver un refuge et de s´organiser en réseau. Et il serait très risqué de communiquer les noms des activistes clandestins qui utilisent le matériel envoyé par Avaaz pour filmer la répression en Syrie.

– Et les formations de journalisme citoyen que vous donnez ?

– Il est encore une fois impossible de donner des informations sur ces formations qui se font sur place. Notre chargé de campagnes pour le monde arabe, Wissam Tarif, impliqué dans de nombreux réseaux et organisations de défense des droits humains, a assuré en partie ces formations.

– Nous vous avions interrogé à propos des pétitions européennes OGM et abeilles : où en est-on de ces dossiers ?

– Sur ces dossiers, les chargés de campagnes ayant travaillé sur ces campagnes sont en contact régulier avec les organisations et/ou les parlementaires européens avec qui ils étaient en contact, afin de pouvoir réagir en cas d´évolution notable (nouveaux projets de directive ou régulation, renouvellement d´autorisation, etc.)

– Avez-vous été l’objet d´obstructions ou de pressions ?

Les menaces subies par Wissam Tarif sont un exemple. Nous pouvons aussi faire l´objet d´obstructions, comme cela avait été le cas lors d´une campagne au Canada.

– Etes-vous approchés par d´autres ONG ? des partis politiques ?

– Nous sommes en contact permanent avec d´autres ONG et partis politiques, que ce soit pour échanger ou collaborer sur des campagnes, nous faire connaître, remettre nos campagnes, ou être sollicités pour en lancer. Nous sommes ouverts à tout échange permettant d´aboutir à des changements concrets, notre ligne étant qu´Avaaz est politique, mais non partisan.

Droit de réponse

Obrecht Cyril (27/01/12)
J´ai personnelemnt opter pour fairedes dons ainsi que remplir les pétitions d´avaaz mais ne suis pas convaincu que ce soit vraiment démocratique de fonctionner comme avaaz.

J´ai plusieurs grief contre eux.

Premièrement j´ai proposer en mai ou juin 2011 qu´il propulse sur tout lesmails la monté du mouvement indingé dans le monde pour permettre une emergence de force vive, réponse on a d´autres priorité de combat ! Qu´est ce qui peut être plsu important que de soulever les peulples du monde contre l´establishment Mondiale etpermettre de renversé les aquis des 1% les plus riches ? Drole de logique.

Deuziemement J´ai fait plusieurs dons de France, et ce n´est pas défiscalisé et le prélèvement continu sans mon accor ! Pas de réponse de leur part quand a l´arret de mes prélèvement que je trouve frauduleux de leur part. Je vais devoir faire opposition sur ma carte et recommander une carte bleu visa. Incroyable !

troisiemement j´ai poser plusieurs questions concernant le dirigeant d´avaaz Ricken Patel, sur ses liens avvec les fondations ROCKEFELLER (grand affameur des richesse mondiales) et fondation Gates (monopoliste de la programmation informatique mondiale), a cejour je n´ai eu aucune réponse a mes deux ou trois message.

Alors, je commence a soupconner Avaaz de faire le jeu des puissances mondiales fiancière et politique pour continuer a nous endormir et nous garder bien au chaud derrière l´ordinateur pour controller notre révolte. Ou sont les diverse photos et video des soit disantes action de Avaaz ? Beaucoup de phrases sur le site mais pas beaucoup de témoignage de personnes ayant participé. Une arnaque ? Je me pause la question de plus en plus !

Pour souscrire au documentaire « La Pandémie du Nouveau Monde »

Il reste 9 jours avant la clôture de la souscription de “La Pandémie du Nouveau Monde”, un documentaire original et passionnant sur l´éveil d´une conscience citoyenne, à partir de la campagne antigrippe H1N1 mais qui débouche bien plus loin sur le besoin de donner un sens à sa vie.


Clliquer sur l´image pour accéder au site sur lequel vous pouvez apporter votre participation.

« Un beau matin, je me suis réveillée en prenant conscience que ma santé est importante, et que si ne je l´ai plus, je ne peux plus travailler, faire mon sport préféré, voir mes amis ou sortir, avoir la joie de vivre.

La question que je me pose alors : tout cela vient-il de moi ou est-ce un fait de société?

De questions en remises en questions, ma vie va être bouleversée par quelque chose de minuscule, invisible à l´oeil nu, bouleversée de devoir un jour me soigner comme les institutions pourraient l´exiger.

Mon inquiétude s´exprime dans vingt-et-un courriers que j´adresse à mon maire, à mon député, au gouvernement et aux grands médias. Mais leurs non-réponses suscitent en moi un doute, remettant en cause ma confiance dans les institutions.

Je me retrouve donc seule, avec deux possibilités: me faire vacciner ou attendre le virus.

Je décide alors de n´attendre ni l´un ni l´autre. Je cherche à comprendre, à savoir ce qui se passe ici et maintenant, je m´informe sur Internet, lis des journaux et des livres, je téléphone à des médecins. A ce moment, une belle perspective m´apparaît : sortir de chez moi, ne plus rester seule face à un monde virtuel. Je vais aller à la rencontre des individus pour avoir des réponses à toutes mes questions, au départ très simples.

Mais ces rencontres me font découvrir qu´il y a d´autres enjeux plus importants, comme l´aspect financier ou législatif, qui m´étaient étrangers.

Plus largement, je m´aperçois que si on comprend le processus qui a été mis en oeuvre pour ce petit virus, ce modèle est duplicable dans beaucoup d´autres domaines.

Surtout, comme le disent les intervenants, les solutions existent pour reprendre sa santé et sa vie en mains : elles viennent des citoyens qui agissent, au niveau individuel d´abord, puis collectif. Il faut se regrouper, s´engager, se mettre en liens les uns avec les autres.

Augustin Legrand, fondateur des « Enfants de Don Quichotte », me dira très justement qu’ « on a tous cette inventivité là, de pouvoir fabriquer chacun à notre façon quelque chose et apporter du sens, et une pierre à l’édifice. Faut juste faire résonner ça. »

Pour moi, ce documentaire avec tous ces intervenants, est bien plus qu´un documentaire. C´est un révélateur, à savoir : quel est le sens que je veux donner à ma vie ? »

Nazzaréna, réalisatrice.

Dr Agrapart : « Je constate un intérêt croissant pour la thérapie par les couleurs »

A l’occasion de la sortie d’une nouvelle édition de son livre “Guide thérapeutique des couleurs”, Christian Agrapart, médecin, neuropsychiatre et acupuncteur, inventeur de la chromatothérapie, président fondateur du Centre européen de recherche sur l’énergétique et la couleur (Cerec), explique cet intérêt du public par les résultats obtenus avec sa méthode innovante, notamment dans des domaines où la médecine conventionnelle est limitée.

Ouvertures.- En quoi consiste votre démarche de soin par la couleur ?

Christian Agrapart.- J’ai découvert, il y a une trentaine d’années, que certaines longueurs d’onde de la lumière visible, les rayonnements électromagnétiques que sont les « couleurs », suscitent des réponses spécifiques des organismes vivants, qu’ils soient homme, animal ou plante. Par exemple, on appose de la glace pour agir sur un hématome. Si, en lieu et place de la glace, on projette une longueur d’onde équivalente au rouge de la chromatothérapie, on obtient la même réponse et de qualité supérieure. La lumière rouge est décodée comme froide par l’organisme qui répond par une production de chaleur, une accélération de la circulation sanguine et du métabolisme, une multiplication cellulaire. On peut également “arrêter” une brûlure en quelques minutes par une irradiation d’orange que le corps décode comme chaleur et à laquelle il répond par une production d’énergie froide.

Il s’agit d’une médecine de l’information. On envoie une information à laquelle l’organisme réagit. Ainsi, on peut aussi irradier de l’eau avec une couleur déterminée afin de provoquer une réponse spécifique de l’organisme de celui qui va la boire…

J’ai déposé le terme de chromatothérapie pour protéger une démarche scientifique, et ainsi éviter la dénaturation de certains principes thérapeutiques.

– En quoi la chromatothérapie diffère-t-elle des autres approches du soin par la lumière ou par les couleurs ?

– Les autres méthodes sont généralement empiriques, souvent symboliques, parfois farfelues, mais beaucoup ne sont que de très médiocres plagiats de nos recherches. La mienne se base à la fois sur des expérimentations scientifiques, faites en université avec la collaboration de professeurs et suivies de publications et aussi sur les connaissances de la tradition chinoise. Ces dernières prennent notamment en compte la relation entre l’organisme vivant et son milieu, et surtout la notion d’équilibre énergétique (positif/négatif ; froid/chaleur ; humidité/sécheresse). Différentes pathologies sont dues à l’excès ou un manque d’une ou plusieurs de ces énergies.

Le traitement par les « couleurs » peut être très efficace, aussi bien sur l’homme que sur la plante. On agit soit directement sur des pathologie dues à l’environnement (traumatisme, brûlure, etc.), soit indirectement pour fortifier le « terrain », les défenses naturelles, en agissant sur les points d’acupuncture. En chromatothérapie, ce n’est pas à l’intensité lumineuse mais à la longueur de l’onde émise que répond l’organisme. Ainsi, on peut même utiliser le rayonnement d’une lampe de poche passant par un filtre…

Étant efficace, le traitement peut aussi, mal employé, être dangereux. C’est pourquoi une formation ad hoc est nécessaire.

– Justement, existe-t-il des formations à la chromatothérapie ?

–  Le Centre européen de recherche sur l’énergétique et la couleur (Cerec), qui vient de fêter son 35e anniversaire, permet de répondre à cette demande.

Sont essentiellement formés des professionnels de la santé. Ils apprennent à découvrir la réalité de l’action thérapeutique de la couleur et la façon de l’utiliser. Il y a aujourd’hui plus de mille médecins ainsi formés dans le monde et presque un par département en France. La formation court sur deux ans, avec un examen à la fin de chaque année. Cet enseignement peut être complété par des séminaires de perfectionnement.

– Quelles preuves possédez-vous de l’efficacité de cette approche ?

– D’abord, les résultats positifs que j’obtiens avec mes patients et qui me permettent, conséquence non négligeable, de réduire considérablement la prescription de médicaments. Il existe aussi une littérature scientifique sur la question dont je donne quelques références dans mon livre. Et de plus en plus de médecins, de kinésithérapeutes, de naturopathes, d’infirmières utilisent la méthode. Elle est même employée en anesthésie ou par des vétérinaires.

– Comment êtes-vous reçu par les autorités sanitaires ?

– D’abord il y a trente ans par une grande réticence, puis au fil des années les choses ont évolué. Ces nouveaux concepts médicaux suscitent l’intérêt puisque l’année dernière j’ai donné une conférence à l’ONU sur la chromatothérapie et le mois dernier à Lyon devant 1000 personnes enthousiastes devant les résultats obtenus, présentés et objectivés par des diapositives.

Le champ d’action de cette méthode est très vaste. Mais elle agit surtout là où la médecine conventionnelle est impuissante. Par exemple, nous arrivons à redonner une meilleure vue à des patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), leur évitant ainsi des injections très coûteuses. On peut aider à accélérer la consolidation osseuse après une fracture, ou obtenir des soulagements durables en cas de polyarthrites rhumatoïdes.

Dans ce dernier cas, ce qui est important à considérer, c’est que l’organisme n’est pas passif. S’il répond à une agression par une inflammation, celle-ci a une signification. La médecine classique prescrit un anti-inflammatoire. Nous, nous renforçons l’inflammation, qui est une réponse naturelle de l’organisme, avec une couleur appropriée.

Avec les couleurs, l’individu est plus traité dans sa globalité que pour sa maladie.

Koweïtgate : après l’Etat français, M. Basano attaque le Koweït en justice

Le 7 décembre 2011, l’avocat Emmanuel Ludot a assigné l’État du Koweït pour le compte de Christian Basano devant le Tribunal de grande instance de Paris. Il veut obtenir réparation d’un préjudice subi par son client dans une affaire supposée d’« escroquerie internationale » suite aux opérations d’extinction des puits de pétrole en 1991.


Christian Basano.

A la clé de cette rocambolesque et ténébreuse affaire (voir références en fin d´article), une malversation présumée pesant 23 milliards de dollars de l’époque. Rappelons-en très brièvement les éléments : Christian Basano, expert-comptable niçois, est chargé de mission et associé de Joseph Ferrayé inventeur d’un procédé breveté grâce auquel, selon eux, les puits de pétrole incendiés au Koweït par les Irakiens lors de la Guerre du Golfe en 1991 ont pu être éteints très rapidement.

Or, non seulement les deux hommes n´ont rien vu des 23 milliards de dollars versés par le Koweït pour avoir permis d´éviter une catastrophe à la fois économique et écologique, mais en outre l´identité de M. Basano a été usurpée dans cette affaire, en lien, affirme-t-il, avec des services de l´État français (INPI, ambassade).

Le Koweït « invité » à fournir des pièces à la justice française

Déjà, le 6 mars 2001, la justice française, saisie par l’inventeur Ferrayé, avait « invité » l’État du Koweït à lui communiquer « l’ensemble des contrats et toutes autres conventions ayant trait à l’extinction des puits de pétrole » après la guerre. Le Koweït fit appel, mais la Cour d’appel de Paris, dans un « arrêt définitif » en date du 1er février 2002, confirma sa décision.

« Un fond de vérité gravissime »

Le Koweïtgate est évoqué par Yves Bertrand, ancien directeur des Renseignements généraux, dans son livre “Je ne sais rien mais je dirai (presque) tout“, paru en 2007 : « Nous sommes confrontés typiquement à un fond de vérité gravissime qui, faute d’avoir été examiné sérieusement en temps voulu, risque bien d’être enseveli ». Et il ajoute : « [Cette] affaire (…) semble porter malheur à ses protagonistes puisque, parmi eux, trois décès suspects sont à déplorer : un ancien agent de la DST, un financier suisse de la société BSC Finances et le président de la société Oil SA… »

De même, dans son livre “La Boîte noire” qui expose les mécanismes de corruption du scandale Clearstream, le journaliste Denis Robert note : « L’affaire Basano a commencé quand ce dernier s’est rendu compte qu’on s’était servi de son identité et de ses papiers pour transférer, via une banque hollandaise, des fonds provenant du Koweït. Ces fonds seront investis en titres grâce à un compte non publié de Clearstream ».

M. Basano prend cette fois-ci le relais de M. Ferrayé contre le Koweït et réclame 100 millions d’euros pour réparer le « préjudice subi » (« vingt années sacrifiées à la recherche de la vérité »). Un montant élevé mais justifié par l’énormité des « enjeux financiers » (23 milliards de dollars).

Juge et partie ?

Le comptable est déjà en lice contre l’État français dans cette affaire. A l’automne 2010, il l´avait assigné par l’intermédiaire de son avocat Dominique Kounkou. Or, le cabinet de ce dernier a été mis en liquidation judiciaire. La mesure a été ordonnée le 24 mars 2011 par le TGI de Paris. La chambre qui a prononcé la liquidation du cabinet Kounkou était présidée par Sylvie Leroy : « Le principe de l´impartialité objective a été violé, estime maître Kounkou, parce que Mme Leroy était aussi juge de la mise en état dans l´affaire de M. Basano contre l´agent judiciaire du Trésor [l’État français]. Elle aurait dû se déporter dans l´affaire de la liquidation de mon cabinet. Elle ne l´a pas fait ».

Il explique : « J’avais accumulé 18 000 € de retard de paiement de mon loyer. La liquidation est une réponse disproportionnée à cette situation, d’autant plus que j’avais déjà réglé la moitié de cette somme. J’avais des difficultés personnelles à l’époque. On aurait pu bien plutôt concevoir un échéancement… Procéder ainsi pour m’écarter, ce n’est pas une bonne façon d’administrer la justice ».

La Cour d’Appel a rejeté la requête en récusation de Mme Leroy. La prochaine audience a été fixée au 25 janvier 2012. Mais, d’un autre côté, elle vient d´infirmer la décision de liquidation du cabinet Kounkou.

L’imbroglio judiciaire autour du Koweïtgate se complique à l’infini. Dans le silence total de la “grande presse”…

> Sur Ouvertures :
– L’affaire des puits de pétrole du Koweit incendiés en 1991 rallumée
– Koweïtgate : une bien étrange affaire
– Pourquoi Maître Kounkou veut-il entendre M. Strauss-Kahn devant la justice ?

Québec : des acteurs de poids réclament une meilleure régulation des médias

Un grand débat public, “Pour l´information au service de l´intérêt public“, a été lancé en novembre 2011 par la ministre des communications, de la culture et de la condition féminine, Christine Saint-Pierre. L’occasion pour certains de réclamer un renforcement de la régulation des médias.


John Gomery, président du Conseil de presse du Québec.Photo : PC.

John Gomery, le président du Conseil de presse du Québec (CPQ), demande au gouvernement d´adopter une loi pour contraindre les médias à adhérer à ce tribunal d´honneur de la profession.

Le Conseil de presse reçoit les plaintes du public. C’est un système d´autorégulation auquel l´adhésion est volontaire. Actuellement, nombre de médias sont membres du Conseil de presse mais Quebecor, qui représente 40 % de la diffusion de l’information, s´en est retiré à l´été 2010, en reprochant au Conseil le caractère « arbitraire » de ses décisions.

« Or, argumente John Gomery dans La Presse, qui fut juge dans une vie précédente, les résultats préliminaires d´une étude approfondie de notre jurisprudence, que nous avons récemment entreprise, démontrent plutôt la cohérence générale de nos décisions. Si on peut effectivement trouver ci et là, dans les décisions du comité des plaintes du CPQ, quelques raisonnements contestables, on doit reconnaître en revanche que la même chose est vraie des décisions rendues par n´importe quel tribunal. Leur légitimité n´en est pas pour autant amoindrie. »

Le président du CPQ se veut très clair sur le pourquoi de son interpellation du gouvernement : « Jamais n´a-t-il été question d´inviter l´État québécois à s´immiscer dans la régulation des médias. Nous croyons toujours, au Conseil, que la régulation du milieu journalistique doit être autonome, autrement dit, que l´on doive poursuivre sur la voie de l´autorégulation. Mais l´efficacité de celle-ci dépend nécessairement de la participation de tous les joueurs importants.

« L´information est un bien public, et ceux qui la produisent doivent être redevables devant ceux à qui elle est destinée. Cet impératif nous place devant une alternative de deux choses l´une: ou les joueurs acceptent volontairement de se réguler eux-mêmes, ou ils doivent être forcés de le faire.

« Et si aujourd´hui nous en sommes rendus, comme plusieurs autres, à demander une intervention du législateur, ce n´est pas faute d´avoir essayé de faire fonctionner la première option. Celle que nous avons suggérée cette semaine n´a jamais été autre chose qu´un plan B ».

« Il faut une loi-cadre ! »


Louis Roy, président de la CSN. Photo : André Tremblay/La Presse.

De son côté, Louis Roy, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), est monté au créneau dans une tribune parue dans La Voix de l’Est. Il demande aux pouvoirs publics de renforcer le rôle de régulateur des médias qu’est le Conseil de presse. Il leur demande également d’intervenir « afin de veiller à ce que l´offre d´information et les conditions de pratique du journalisme professionnel ne se détériorent davantage. À notre avis, il est clair que la concentration, la convergence, la commercialisation de l´information, les changements technologiques et la confusion des genres ont considérablement transformé la manière de faire de l´information ».

Pour le syndicaliste, « les médias ne sont pas une industrie comme les autres. Ils jouent un rôle déterminant dans le maintien et la construction de la démocratie. Ils participent à la définition du bien commun dans une société. À ce titre, ils sont des acteurs non sans défauts, mais essentiels à la formation de l´opinion, à son expression et à l´engagement social. Encore faut-il pour cela que nous puissions être en mesure de préserver la liberté de la presse, sa qualité et sa diversité ».

C’est pourquoi la CSN réclame « une loi-cadre de l´information [pour] garantir le pluralisme et la diversité des voix, le droit du public à une information indépendante et de qualité, en conformité avec l´intérêt public ». La CSN est la deuxième plus grande centrale syndicale du Québec par le nombre de ses membres.

Louis Roy déplore que la consultation menée par la ministre Christine Saint-Pierre soit « très peu répercutée dans les médias ». Pourtant, celle-ci « comporte des enjeux majeurs et constitue une occasion privilégiée de réfléchir sur les moyens concrets que nous avons à notre disposition pour assurer à la population du Québec la disponibilité d´une information d´intérêt public, de qualité et diversifiée, et ce, dans toutes les régions ».

 Une décision récente du Conseil de presse 

« Atteinte à la vie privée et utilisation de procédés inéquitables et sensationnalisme » : c’est ce qu’a conclu, le 6 décembre 2011, le comité des plaintes du Conseil de presse du Québec à propos du comportement d’un journaliste du Groupe TVA qui a conduit à un blâme.

« Le 30 mars 2011, suite à la mise en accusation d´un jeune homme pour conduite avec faculté affaiblie ayant causé la mort, le journaliste Patrick Bégin se présente à la maison familiale de l´accusé afin d´obtenir, à chaud, les réactions de sa mère devant une vidéo qui circule sur le net, montrant son fils buvant une bière au volant.

Le comité des plaintes a jugé qu´en se présentant au domicile du jeune homme, sans s´annoncer et sans avertir la mère du jeune homme qu´elle était enregistrée et filmée, le journaliste s´est adonné à ce qu´on appelle du journalisme d´embuscade, où “l´objectif apparaît davantage de piéger les personnes ou les instances mises en cause dans l´enquête que de servir l´intérêt public” (Droits et responsabilités de la presse, p. 27). Cette pratique relevait selon le comité d´un abus de pouvoir, jugé inéquitable pour la mère, d´autant plus que les médias et les journalistes sont invités à faire preuve de circonspection pour les victimes de drames. Le reportage ne laisse d´ailleurs aucun doute quant à la fragilité évidente de celle-ci, visiblement perturbée par les événements survenus quelques jours plus tôt.

Dans les circonstances, la décision de diffuser l´entrevue est d´autant plus condamnable que celle-ci n´était pas réalisée en direct, laissant amplement de temps aux responsables pour juger qu´elle n´était d´aucun intérêt public et ne faisait qu´exploiter le désarroi d´une personne touchée par un drame. »

>> Rappelons qu´en France, éditeurs de presse écrite comme journalistes refusent toujours d´organiser une régulation des médias au niveau national et de rendre des comptes de leur mission d´intérêt général devant le public. Pour l´audiovisuel existe le Conseil surpérieur de l´audiovisuel (CSA), mais il n´est pas réellement indépendant et n´intervient que sur certains points limités de déontologie journalistique.

Un Comité indépendant d’information sur l’eau en préparation

Un groupe de scientifiques et de militants œuvre à la création d’un Comité de recherche et d’information indépendantes sur l’eau (Criieau) sur le modèle de la Criirad. Objectif : proposer une méthode globale et biologique d’analyse de la qualité de l’eau distribuée.


Panneau de signalisation
“eau potable”.

Comment savoir si une eau de boisson est de bonne qualité ? L’eau du robinet et l’eau en bouteille, les eaux « destinées à la consommation humaine » en termes juridiques, doivent respecter un certain nombre de normes pour être qualifiées de potables.

Ces normes (une soixantaine de paramètres avec des valeurs de seuil) concernent les caractéristiques physiques, chimiques et bactériologiques de l’eau. Leur respect assure un très faible niveau de risque sanitaire, un niveau jugé acceptable, étant donné qu’on ne peut pas éviter la présence de traces de pollutions dans l’eau traitée.

Cette approche nous garantit que l’eau du robinet, notamment, puisée dans des rivières, des lacs et des nappes phréatiques puis traitée, ne rend personne malade (sauf très rares exceptions).

Mais cette eau est-elle redevenue pure pour autant ? Non, bien sûr. Et, en raison du chlore qu’on y injecte pour la protéger dans les réseaux de distribution, elle a parfois un goût gênant. De même, en fonction de sa plus ou moins grande minéralisation, elle est plus ou moins agréable à boire. C’est pourquoi beaucoup de personnes ont cédé à la mode des carafes filtrantes et autres osmoseurs, censés lui rendre sa pureté originelle. Malheureusement, ces appareils sont très rarement utiles ; leur réputation est surfaite.

Approche globale et biologique

Certains spécialistes plaident pour une nouvelle manière d’évaluer la qualité de l’eau potable : « A l’approche classique analytique et quantitative, explique Yann Olivaux, biophysicien de formation, auteur et conférencier, il faudrait substituer des mesures globales et de nature biologique. En effet, l’approche actuelle analyse les substances indésirables une par une, séparément et ne prend pas en compte l’effet cocktail, c’est-à-dire leur effet synergique. Elle néglige également l’effet des faibles doses, effet pourtant aujourd’hui bien établi, notamment sur les fonctions endocriniennes. Enfin, seules 40 molécules sont surveillées sur les 10 000 en circulation dans les eaux ».


Yann Olivaux.

Yann Olivaux est à l’origine du projet de Comité de recherche et d’information indépendantes sur l’eau (Criieau) avec Claude Danglot, docteur en médecine et ingénieur hydrologue, un profil rare.

Ce groupe pluridisciplinaire de scientifiques, de juristes et de personnes qualifiées est en train de mettre sur pied une association pour proposer de nouvelles méthodes d’évaluation de la qualité de l’eau et pour diffuser une information indépendante des grands groupes. Cette association sera bâtie sur le modèle de la Criirad, du Criirem et du Criigen.


Le Dr Claude Danglot.

« La méthode existe, révèle Yann Olivaux. Le docteur Danglot et son équipe avaient mis au point des tests biologique très fins et fiables qui, en étudiant l’inhibition de la synthèse des ARN, permettent d’évaluer avec précision les effets de l’eau et des substances qu’elle contient éventuellement sur les cellules humaines. En fonction des résultats, on peut alors procéder aux analyses physicochimiques classiques. »

La proposition de ce futur comité s’appuie sur une « recommandation » de la commission environnement du Conseil de l’Europe (“Environnement et santé : mieux prévenir les risques sanitaires liés à l’environnement“) qui, en 2009, avait lancé « un signal d’alarme à tous les gouvernements et à tous les organismes et acteurs responsables afin de sauvegarder ou de rétablir un environnement sain, et de préserver de cette façon l’avenir de nos enfants et des générations futures ».

« L’Assemblée regrette que, malgré l’invocation du principe de précaution et malgré toutes les recommandations, déclarations et certaines avancées réglementaires ou législatives, il y ait encore un manque de réaction face aux risques environnementaux et sanitaires connus ou émergents, et un retard quasi systématique dans l’adoption et la concrétisation de mesures préventives efficaces. Cela a abouti à peu d’amélioration quant à la situation de l’exposition multiple et chronique à des polluants multiformes, et les pathologies environnementales restent préoccupantes.

« L’Assemblée souligne l’importance de toutes les formes de prévention et de dépistage précoce en matière de politique de la santé environnementale, et estime qu’il faut avant tout encourager la prévention primaire des risques environnementaux. »

C’est bien dans cette perspective-là que le Criireau souhaite s’investir.

> Voir aussi : C. Danglot : « Il faut mesurer la toxicité d’eau, pas seulement son respect des normes ».

> Et Peut-on boire l´eau du robinet ?, Biocontact, nov. 2011, n° 218.