Cosmétique capillaire naturelle : qui a peur de Gillette Leuwat?

La camerounaise Gillette Leuwat dirige à Paris l’Institut éponyme, un laboratoire cosmétique fabriquant des produits naturels à base d’aliments. L’administration a fait fermer l’établissement durant deux mois, début 2012, pour des motifs discutables. « Une attaque de la concurrence », selon celle que ses clientes, Noires pour la plupart, surnomment la « fée des cheveux ».


Gillette Leuwat devant son institut, rue de Vaugirard à Paris.
Photo : JL ML.

Gillette Leuwat a dû fermer inopinément son institut, installé depuis 2001 au 199 rue de Vaugirard, 15e arrondissement à Paris, durant deux mois en janvier et février 2012, suite à des descentes musclées de la police avec les agents de l’administration (Dgccrf). Selon les autorités, il y avait « danger extrême pour la population de Paris », en raison d’effets indésirables des produits distribués par l’institut. Effets secondaires dénoncés par une lettre anonyme mais dont la gravité paraît sans rapport avec la brutalité de la mesure administrative.

 Ouvertures présente une copie de la lettre qui a servi de motif à la préfecture de police de Paris pour faire fermer d’urgence l’institut capillaire de Mme Leuwat. Non seulement elle est anonyme, non seulement elle n’était pas accompagnée de certificat médical, mais, en outre, rien dans son contenu ne permettait de considérer que le risque était « grave ».

L’arrêté préfectoral de fermeture comportait pas moins de quatorze chefs d’accusation qui ont été établis après une visite des autorités quelques jours auparavant dans le laboratoire de Mme Leuwat. Accusations qui ont été abandonnées après analyse des produits. Seul un défaut d’autorisation de l’Afssaps a finalement été retenu. Autorisation qui n’était pas nécessaire à l’époque et qui a été obtenue par la suite. Mme Leuwat a porté plainte et tente d’obtenir réparation pour ces deux mois de préjudice et de manque à gagner.

Produits de la chimie contre produits naturels

Par delà l’inélégance, c’est le moins qu’on puisse dire, de l’opération policière, cette affaire met au jour deux enjeux importants : une bataille entre deux visions économiques, l’une basée sur l’utilisation de la chimie et l’autre sur les produits naturels ; un vide juridique.

Pour Gillette Leuwat, c’est clair : « Ce n’était pas un banal contrôle : ils m’ont demandé de leur fournir factures et documents douaniers, tous documents nécessaires à la fabrication des produits, etc. Pour moi, c’est une attaque de la concurrence qui a manipulé les services de l’État en faisant passer nos produits pour dangereux. Les sociétés cosmétiques qui commercialisent des produits chimiques, et incitent la population à s’abîmer les cheveux et la peau, voient d’un mauvais œil l’émergence de la cosmétique alimentaire naturelle ».

« Les jeunes filles ne trouvent plus que des vieux  pour sortir avec elles »

De passage il y a une vingtaine d’années dans son pays d’origine, Gillette observe que les femmes arborent de magnifiques crinières et des peaux de belle qualité. Or, ce n’est pas le cas en France où beaucoup de Noires souffrent d’alopécies (chute de cheveux) parfois très prononcées, de démangeaisons et de multiples affections dermatologiques. Pour masquer les dégâts, nombre d’entre elles doivent en conséquence se tresser des mèches ou carrément porter des perruques. « Vous vous rendez compte, s’indigne Gillette Leuwat, comme cela peut jouer sur la vie sexuelle des jeunes filles qui, ainsi abîmées et complexées, ne trouvent plus que des vieux, moins regardant sur ces aspects, pour sortir avec elles ! »

Alopécies et calvities résultant d´opérations de défrisage.

Menant enquête, Gillette découvre que l’utilisation de cosmétiques de synthèse et le lissage des cheveux dévitalisent et sèchent le cheveu, et abîment le cuir chevelu. Elle propose alors une alternative à ces femmes en modernisant les techniques ancestrales africaines de soins pour les cheveux et pour la peau.

Les produits que son institut prépare et commercialise sont composés uniquement de matières naturelles : 90% alimentaires : jus de fruits et de légumes (citron, carotte, aloès, …), huiles de fruits (coco, palmiste, karité…), miel, œuf, etc. Et 10% autres : argile, plantes (jus, huiles essentielles), bois (en particules ou en huile).

Le défrisage : une contrainte culturelle

Ces produits sont conservés sans pasteurisation ni traitements chimiques, selon une méthode développée à partir des coutumes. Ils sont mis en pot dans le laboratoire au sous-sol de l’institut. Produits plutôt de luxe, ils sont appréciés des près de 3000 clientes qui retrouvent grâce à eux, aux dires de Gillette Leuwat, le tonus de leurs de leurs cheveux et l’éclat de leur peau.

Ancienne trader financière diplômée en sciences de la nature, Mme Leuwat explique que les Noirs ont été culturellement amenés à se défriser les cheveux, ce qu’ils font avec des produits qui non seulement finissent par les détériorer, mais aussi peuvent occasionner des dermatoses, des  mycoses, voire des fibromes et des cancers. Ces faits sont peu connus, même si, aujourd’hui, certains médecins déconseillent le défrisage de leurs cheveux aux futures mamans noires.

Réparer des cheveux devenus incoiffablesLa chevelure crépue de naissance est bouclée, ondulée, légèrement raide. Incorrectement nourrie, elle se dessèche et crêpe. Les écailles en kératine de la cuticule, qui normalement s’emboîtent, se relèvent. Conséquence : les cheveux s’emmêlent et forment des nœuds. Leur démêlage provoque des ruptures. Les cheveux prennent alors un aspect rêche et râpent comme des « gratounettes » : ils deviennent incoiffables.

« Le lifting capillaire que propose notre cosmétique alimentaire naturel rend au cheveu souplesse, élasticité et vitesse de repousse normale ». Selon Mme Leuwat, il suffit d’un kit de deux soins alternés de cette cure pour obtenir une texture bouclée et souple, et de cinq à dix kits de soins pour traiter des cheveux longtemps défrisés ou en cas d’alopécie.

Le deuxième enjeu révélé par le cas de Mme Leuwat est celui du vide juridique existant pour les produits « cosmétiques alimentaires naturels », une catégorie encore inconnue par la répression des fraudes ou le système de sécurité sanitaire. « En 2003, l’agent contrôleur de la direction de la répression des fraudes que j’avais rencontré m’avait indiqué qu’en utilisant des composés naturels, je n’entrais pas dans le cadre de la réglementation en vigueur qui régissait plutôt les composés chimiques ou les produits cosmétiques assimilés à des médicaments. Il a même ajouté qu’un cadre allait être créé expressément pour mon activité qui constituait une nouveauté pour ses services ! Je n’avais donc pas besoin de demander une autorisation de l’Afssaps, autorisation que l’on m’a reproché de ne pas avoir lors du récent contrôle ! »

Une vraie « sister » Afro

Un nouveau cadre juridique, à l’échelle européenne, est nécessaire pour intégrer ces nouvelles pratiques. « Le problème, c’est que, au lieu de combattre ceux qui rendent nos clients malades, les pouvoirs publics voudraient nous empêcher de leur venir en aide sous prétexte que nous utilisons des produits, 100% naturels, inoffensifs, qui ne sont évidement pas conformes aux méthodes de fabrication des produits chimiques, qui eux rendent les gens malades ! »

Des clientes disent que « Gillette donne la fierté à tous les Africains et Afro descendants de laisser nos cheveux “Natural”. C’est une joie d’avoir une vraie “sister” afro, un modèle ! »

> Gillette Leuwat sur Youtube.

Le docteur Didier Moulinier : charlatan ou médecin consciencieux ?

Interdit d’exercer ses soins pendant un an par décision du 7 avril 2011 du Conseil régional de l’ordre des médecins d’Aquitaine, le docteur Didier Moulinier, qui avait interjeté appel, doit comparaître le mardi 12 juin 2012 devant la section des affaires sociales du Conseil national de l’ordre à Paris. Ce tribunal interne à la profession médicale décidera s’il confirme ou non la décision du conseil régional d’Aquitaine.

Que reproche-t-on au Dr Moulinier, qui exerce à Bordeaux et en Espagne ? (Voir plus bas) N’avoir pas suivi à la lettre, dans plusieurs prescriptions, les protocoles définis par la Haute Autorité de santé (HAS), avoir adapté la dose des médicaments à l’état de ses patients et avoir eu recours à l’auto-hémothérapie (transfusion pratiquée avec le propre sang du malade). Bref, avoir traité ses malades en ne respectant pas strictement les « données acquises de la science », sous-entendu les « protocoles élaborés par les autorités sanitaires », ce qui n’est pas tout à fait la même chose…

Pas la moindre plainte de patients

Or, durant vingt-cinq ans d’exercice de son art, Didier Mouliner, n’a jamais affronté la moindre plainte de ses patients : « Cette interdiction est difficile pour moi, nous confie-t-il. Heureusement, je donne aussi des soins en Espagne et j’ai une structure familiale solide qui me permet de tenir bon. Mais je comprends que certains confrères soient tentés par le suicide face à un tel harcèlement administratif. Mais cette situation est surtout dramatique pour mes patients qui ont toujours apprécié mes soins et qui me soutiennent tous. L’administration s’acharne sur moi depuis deux décennies. Les droits de la défense, dans ce tribunal d’exception que constitue la justice ordinale, sont bafoués. Je m’attends plus à une exécution qu’à un jugement ».



Les griefs du Conseil de l´ordre des médecins de´Aquitaine à l´encontre du Dr Moulinier.

Mais l’administration n’est-elle pas dans son rôle en veillant à la bonne application des règles ? « Oui, il peut être dangereux de ne pas appliquer les protocoles définis par la Haute Autorité de santé. Je ne dis pas qu’elle se trompe. Je revendique seulement la possibilité de ne pas appliquer le protocole strictement et de recourir à des méthodes non conventionnelles quand il s’agit, face à un malade en chair et en os, qui souffre et peut mourir, de trouver le meilleur chemin entre efficacité et toxicité. On ne le dit pas assez, mais les médicaments ont des effets secondaires toxiques, physiques mais aussi psychologiques. Quand je m’écarte du protocole ou du dogme, ce n’est pas par fantaisie, c’est pour bâtir le meilleur compromis au service du patient ! »

L´auto-hémothérapie est-elle ou non autorisée ?

C’est ce que n’accepte pas l’administration qui déclenche les poursuites contre lui. Et pour l’auto-hémothérapie ? « Cet acte thérapeutique a existé dans la nomenclature infirmière jusqu’en 1993. Cette vieille technique a été largement utilisée et peut rendre encore des services. J’ai expressément questionné l’Afssaps [Agence du médicament] sur le point de savoir si elle est désormais totalement illégale ou non. Je leur ai envoyé plusieurs courriers en recommandé, leur disant que je considérerai une non réponse comme un aval. C’est ce qui s’est passé. Je me considérais donc comme autorisé à persévérer ».

Le docteur, en désespoir de cause, a diffusé un appel sur Internet pour demander aux citoyens de venir le soutenir lors de son passage devant le Conseil de l’ordre à Paris. L’audience étant ouverte au public, il souhaite que le nombre de protestataires aide les autorités à prendre conscience de l’absurdité de la situation. Et il lance à ses confrères : «  Si vous médecins ne réagissez pas, vous allez devoir obéir au doigt et à l’oeil à une administration qui ne sait pas ce que c’est que d’avoir un patient en face de soi, de l’aider face à la maladie ».

> Le texte du jugement du Conseil de l´ordre des médecins d´Aquitaine contre Didier Moulinier.

> Pétition “Pour le droit à la liberté thérapeutique des malades et le libre choix du thérapeute“.

> Compte rendu de l´audience du 12 juin 2012 devant le Conseil de l´Orde des médecins à Paris, par le Dr Moulinier.

Yves Michel, l´éditeur atypique des créatifs culturels

Précurseur passionné et rigoureux, grande figure du développement personnel, l’éditeur Yves Michel (Le Souffle d’Orfut également l’introducteur en France de la notion de « créatifs culturels ». Nous le rencontrons à l’occasion des 50 ans de la communauté de Findhorn (Ecosse), dont il est le représentant en France.

– Comment votre aventure éditoriale a-t-elle commencé ?

 

– Après dix ans passés dans le monde associatif, dont sept au sein de l’association Nature & Progrès, j’ai voulu partager avec le plus grand nombre les magnifiques expériences que j’avais vécues dans l’agriculture biologique et le développement personnel.

J’ai alors créé l’association Éveil à la conscience planétaire pour faire connaître en France la démarche de la communauté de Findhorn, en Ecosse. C’était pour moi la meilleure synthèse entre spiritualité, écologie et vie quotidienne. Je m’étais installé au château de Chamarande (Essonne) qui mettait en œuvre une université éco-artisanale regroupant diverses associations. Je voulais contribuer à l’évolution de la société en accompagnant les personnes dans leur développement à tous les niveaux.

D’où l’idée de créer une maison d’édition, le Souffle d’Or en 1983. Nous publions à la fois des livres, de la musique et des jeux. Un an plus tard, je m’installe à Eourres (Hautes-Alpes) dont je fus maire de 1995 à 2001, après y avoir été premier adjoint depuis 1988. Mes éditions sont à Gap depuis 2006 pour des raisons logistiques.

– Vous représentez de Findhorn en France. Comment cette expérience a-t-elle été reçue ici ?

– Il y a eu un grand enthousiasme dans les années 80, notamment après la publication des Jardins de Findhorn, que nous avons réédité il y a deux ans. A l’époque, Findhorn a inspiré beaucoup de gens, qui voulaient lier la spiritualité et la nature. On peut nommer cela du néo-chaminisme, même si cette appellation n’était pas revendiquée, parce qu’à Findhorn, les esprits sont mobilisés pour guider les jardiniers.

Eourres a représenté l’exemple le plus abouti d’une expérience librement inspirée de l’initiative écossaise. Je n’en connais pas d’autre exemple en France.

Eileen Caddy , l´une des fondatrices
de la communauté de Findhorn,
auteure de la fameuse “Petite Voix”.

Après une période de dormance entre les années 90 et 2000, l’engouement revient. Le Jeu de la transformation, né là-bas, fait florès : les gens se forment, participent à des groupes, diffusent ce programme ludique qui permet d´avancer sur soi-même.

Aujourd’hui, Findhorn est plus un village écologique, mais qui n’a abandonné ni la spiritualité, ni l’art. Je m’y rends toujours périodiquement avec grand plaisir.

– Vous avez également introduit le concept de « créatifs culturels » en France.

– Il a eu peu d’échos dans notre pays au moment de son lancement avec la traduction de l’enquête américaine parue sous le titre « L´émergence des créatifs culturels ». La seconde enquête, française cette fois-ci, a eu plus d’impact.

Aujourd’hui, beaucoup de gens s’y réfèrent, ceux qui opèrent des reconversions de vie, des consultants, des journalistes, etc. La notion apparaît de plus en plus dans les médias.

En Belgique, beaucoup de personnes sensibles se sont engagées dans cette approche, elles y sont très actives.

– Quel avenir pour votre maison d´édition ?

– L’ économie de nos éditions demeure fragile. Nous avons régulièrement fait des levées de fond. Le potentiel est là. En ce moment, nous préparons le passage au numérique et nous allons embaucher. Nous lançons une campagne de soutien. Les personnes qui veulent nous accompagner peuvent le faire de plusieurs façons. Par exemple, en apportant leur contribution dont un mécène s’est engagé à doubler chaque fois la mise : chaque euro apporté par un citoyen est abondé d’un euro supplémentaire… 

Le Souffle d’Or : carte d’identité

La sarl gère deux marques :
– Le Souffle d’Or, tournée vers l’individu (développement personnel, spiritualité, santé au naturel)
– Les éditions Yves Michel, tournées vers le collectif (écologie, démocratie participative, économie alternative, urbanisme durable, santé)
– Chiffre d’affaires : 1,4 M€
– Catalogue : près de 300 titres
– En 2011 : 45 nouveautés
– Ventes : environ 110 000 volumes/an
– Les jeux, « outils ludiques de développement personnel » : 8% du CA en 2011. C’est le secteur le plus en pointe.
– Six salariés dont un à temps partiel
– 50 associés dont une dizaine d’auteurs
– 50 à 60 k€/an prêtés par des amis : un fond de roulement pour assurer l’indépendance financière vis-à-vis des banques
– Le Souffle d’Or fêtera ses 30 ans d’existence en 2013.

Le gouvernement publie sans débat contradictoire une liste noire de médecines douces

La Miviludes, instance placée auprès du premier ministre, désigne arbitrairement, dans son dernier rapport, une quarantaine d’approches non conventionnelles comme susceptibles de conduire à des « dérives sectaires ». Beaucoup d’entre elles sont pourtant utilisées sans histoire par des milliers de Français.

« 4 Français sur 10 ont recours aux médecines dites alternatives ou complémentaires, dont 60 % parmi les malades du cancer », écrit le président de la Miviludes, Georges Fenech dans le rapport intitulé Guide santé et dérives sectaires. Il explique que « les dangers de ce marché alternatif de la guérison et du bien-être » tiennent essentiellement au fait qu’elles ne sont « ni réglementées ni validées scientifiquement ». Et qu’en outre « certaines de ces pratiques répondent aux critères de la dérive sectaire car elles sont le fait de “gourous thérapeutiques” qui exercent une véritable emprise mentale sur les malades, pour mieux les dépouiller de leurs ressources ».

Ce phénomène, présenté comme « exponentiel » et qualifié de « fléau », serait « préoccupant par le nombre de victimes ». « Dans la majorité des cas », ces pratiques auraient « pour socle le discours d’un personnage emblématique, qui dans bien des cas possède toutes les caractéristiques du gourou, ou bien de méthodes inspirées du courant New Age ».

Notons, au passage que, aux yeux de la Miviludes, le courant New Age constitue en soi une dérive. De même, dans ce rapport comme dans le discours tenu habituellement par la Miviludes et le ministère de la santé, une « thérapie non éprouvée, complémentaire ou alternative » est souvent abusivement assimilée à une « dérive thérapeutique ». Ce qui fausse complètement le débat.…

« Un nouveau mode de pensée = dérive sectaire »

Concrètement, comment distinguer une pratique simplement « alternative » d’une pratique à risque sectaire ? En effet, dit le rapport, « si la maladie est un point d’entrée facile pour les mouvements à caractère sectaire, toute dérive thérapeutique n’est pas forcément sectaire. Un médecin peut croire fortement à une thérapie non éprouvée, complémentaire ou alternative, mais qui ne porte pas de danger en soi ».

La réponse de la Miviludes est à la fois surprenante et logique. Surprenante, car elle stigmatise d’emblée toute pensée « différente », toute recherche d’amélioration ou de nouveauté hors les sentiers de l’Académie et du dogme matérialiste.


Robert Ménard, chroniqueur sur iTELE (à droite), est le seul journaliste  à avoir osé poser cette
question à M. Fenech, président de la Miviludes (le 15 juin 2011).

Logique aussi parce que beaucoup de citoyens savent aujourd’hui, à la suite des nombreux scandales sanitaires qui ont émaillé dernièrement l’actualité, combien le système institutionnel s’est compromis avec le pouvoir de l’argent et les intérêts économiques. Et la Miviludes est le dernier verrou idéologique maintenu par le pouvoir pour préserver le monopole médical face à l’explosion du nombre de démarches thérapeutiques.

La réponse de la Miviludes, la voici : « La dérive thérapeutique devient sectaire lorsqu’elle essaie de faire adhérer le patient à une croyance, à un nouveau mode de pensée. (…) Le gourou thérapeutique propose non seulement de soigner, mais aussi de vivre autrement. (…)  Comment reconnaître un charlatan ou un­ pseudo thérapeute sectaire ? [Il] vous présente une nouvelle vision du monde en utilisant des termes tels que : ondes cosmiques, cycles lunaires, dimension vibratoire, purification, énergies, cosmos, conscience ». Il s’agit là d’un « mécanisme d’emprise mentale destiné à ôter toute capacité de discernement au malade et à l’amener à prendre des décisions qu’il n’aurait pas prises autrement ».

Dispositif de vigilance

Bien sûr, d’autres critères peuvent apparaître (exigences financières exorbitantes, coupure avec la médecine ou avec la famille, etc.), mais cela reste en réalité exceptionnel. Les quelques affaires, très médiatisées, qui peuvent se rencontrer chaque année sont montées en épingle et présentées comme un « fléau ».

Hormis ces rares dossiers judiciaires, la Miviludes avoue en fait sa totale ignorance quant à l’ampleur du phénomène : « Les accidents liés aux pratiques non conventionnelle ne sont jamais répertoriés actuellement ». Elle annonce d’ailleurs qu’un « dispositif de vigilance » spécifique va être mis en place pour combler cette ignorance.

Donc, ce qui dérange la Miviludes et le gouvernement qui la finance, c’est que des thérapeutes non médecins s’occupent de Français qui souffrent, beaucoup d’entre eux d’ailleurs cherchant simplement à échapper à la dureté du système médical, à la mécanisation de leurs corps, à la froideur des soins prodigués, aux effets secondaires mortels du tout chimique, etc.

La  « liste noire » des principales médecines douces visées
Voici la liste des médecines non conventionnelles qui sont dans le collimateur de la Miviludes en raison de leur risque supposé de « dérives sectaires » :

Amaroli (traitement du cancer par ingestion de sa propre urine)
Anthroposophique
Ayurvédique
Biomagnétisme
La constellation systémique et familiale
Décodage biologique
Énergiologie
Ennéagramme
EMDR (eye movment desensitization and repossessing)
Fasciathérapie
Gemmothérapie
Gestalt-thérapie
Hamer (méthode) ou Médecine Nouvelle Germanique
Iridologie
Kinésiologie
Libération des cuirasses (MLC)
Médecine énergétique
Naturopathie
Ozonothérapie
Psychobiologie
Psychogénéalogie
Programmation neurolinguistique
Médecine quantique
Reiki
Résonance
Respirianisme
Simonton
Sophrologie
Tipi
Vittoz
Yunâni

> D´autres approches ou groupes sont également cités : néochamanisme, Kryeon, Tabitah’s Place, association Joie et Loisirs, instinctothérapie, massage ou apposition des ­mains, crème Budwig (en France : Kousmine), Rudolf  Breuss, Jean Lefoll, Scohy, etc.

La Miviludes précise que d’autres méthodes non citées ici (il en existerait environ 400 au total) ne sont pas non plus exemptes de risques.

Ces thérapeutes non conventionnels aident leurs patients – qui vont les voir alors même qu’ils ne sont pas remboursés (ce qui pourrait être considéré comme un indice d’efficacité de ces approches) – à rechercher les causes de leurs affections et les invitent à faire évoluer leurs pratiques ou en adopter de nouvelles. Par exemple arrêter de fumer ou de boire, manger plus naturel, manger moins, faire des exercices de détente (yoga, par exemple), méditer, voire prier, se faire masser, etc.

Rien de criminel ni de dangereux dans ces activités, sauf peut-être pour le monopole médical dans son aspect financier. Et sauf quelques rares cas de réelles dérives, qui sont fortement médiatisés.

La Miviludes aura beau jeu de clamer que ces approches ne sont pas « validées scientifiquement ». En effet, elles font souvent appel à d’autres paradigmes, auxquels est encore fermée la communauté scientifique, en tout cas en France. Car en Suisse, en Allemagne, en Orient, par exemple, les esprits sont plus ouverts. Mais le gouvernement français devra sans doute abandonner un jour sa volonté de régenter les corps et les esprits. De plus en plus, les patients veulent choisir leur mode thérapeutique : ils préféreront certainement guérir “illégalement” que mourir dans les protocoles des dogmes scientifiques et administratifs.

Les rapports de la Miviludes comme éléments de preuve

Mais d’ici là, les praticiens des médecines douces, de même que les particuliers qui auraient recours à ces pratiques, peuvent craindre un jour ou l’autre d’avoir des comptes à rendre à la justice. M. Fenech fut l’un des initiateurs de la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance qui punit « tout refus de vaccination » (et également « la volonté d’en entraver l’exécution »), pour les injections obligatoires, de six mois de prison et de 3 750 euros d’amende !

Dans son rapport, la Miviludes indique qu’une « réflexion est menée avec les autorités administratives, judiciaires et ordinales sur les outils juridiques qui permettent de lutter avec efficacité contre les pratiques dont la mise en oeuvre présente un danger pour la santé humaine ».

Il y est précisé ce point important : « Les extraits des rapports annuels de la Miviludes sur la dangerosité de telle ou telle méthode ou sur des groupes ou des organisations peuvent servir d’éléments de preuve » (nous soulignons) au médecin qui est invité à lui « signaler », ainsi qu’au procureur de la République, toute personne, toute situation qu’il juge « à risque sectaire »…

> Bien évidemment, nous ne contestons pas la légitimité du gouvernement à intervenir pour donner un cadre et lutter contre les dérives. Le gros ennui, c’est que la « réflexion » menée avec les différentes autorités ne fait jamais place au débat contradictoire. Un « groupe d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique », placé auprès du directeur général de la santé, est chargé de concevoir « la politique de lutte contre les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique dangereuses, et de repérage des pratiques prometteuses ». Bref, de dresser une  « liste noire » des principales médecines douces à risque. Ce groupe ne comporte que des représentants du pouvoir, tous acquis à l’idéologie de la Miviludes et à la pensée académique. Il n´admet aucun arbitre et encore moins de représentant ou de défenseur des démarches étudiées et stigmatisées…

A lire également : Face à la Miviludes, la santé alternative joue la carte du « laisser dire ».

– Et aussi : l’interview par Ouvertures de Baudoin Labrique à propos de son livre “Quand les thérapeutes dérapent”.

– Même la “méditation de pleine conscience” est visée !

Vivagora, un nouvel organe de débat implanté dans le corps social

Amiante, nanotechnologies, biologie de synthèse, OGM, gaz de schiste… Notre société est mal organisée pour faire face aux risques engendrés par les avancées scientifiques et technologiques. Une association courageuse et salutaire, Vivagora, tente de combler ce vide. Mais ses efforts sont encore mal reconnus par les pouvoirs publics.

L’association Vivagora, née en 2003, milite pour mettre en discussion les développements scientifiques et technologiques. Laboratoire d’idées et de pratiques, rompue à la gestion de la controverse, elle favorise le dialogue général pour que ces développements « contribuent à la qualité de la vie et à l’autonomie des personnes ». Comment faire en sorte que les projets techniques et scientifiques soient soutenables, d’un point de vue social, sanitaire et écologique ?

Vivagora s’efforce de combler un vide laissé par le système parlementaire, judiciaire et institutionnel. Certes, celui-ci possède bien des instances vouées à cet effet, mais celles-ci ne répondent pas de façon satisfaisante et impartiale à toute la diversité des intérêts et des besoins.

« Collusion organisée entre industriels, politiques et institutions de recherche »


Dorothée Benoit-Browaeys, déléguée générale
de Vivagora.

A ce titre, l’exemple de l’amiante est emblématique : « La protection sanitaire des citoyens français ne peut être assurée tant que dure la collusion organisée entre industriels, politiques et institutions de recherche », note dans un article Dorothée Benoit-Browaeys, déléguée générale de Vivagora. « L’affaire de l’amiante exhibe les failles de la justice française : la non-condamnation des mœurs du comité permanent amiante (CPA) ouvre la voie à d’autres désastres. Tout le monde pense aux pesticides (le chlordécone aux Antilles), aux  perturbateurs endocriniens diffus (les phtalates dans les plastiques) ou aux nanoparticules (les nanotubes de carbone aux effets similaires à l’amiante) ».

Alors qu’en Italie, au début de 2012, les anciens dirigeants d´Eternit ont été condamnés à de lourdes peines (16 ans de prison ferme !) ― une grande première dans le domaine de la sécurité au travail ― en France, la juge qui travaille depuis 15 ans sur l’affaire des victimes de l’amiante se voit dessaisie de son dossier. Pire, la justice multiplie les procédures pour récupérer des trop-perçus d’indemnités auprès des victimes de l’amiante…

Chantiers Vivagora en 2012

Parmi d’autres :

– Programme Repere (stockage du CO2 et gaz de schiste)

– Vivant artificiel et nouveaux OGM

– R&Dialogue pour une société européenne à bas carbone

– Sport, sciences et technologies

– Cafés philo sur la « vulnérabilité »

– Medipatient, Médicaments, patients et environnement

– Impact puces RFID, etc.

Alors que le procureur italien a pu s’appuyer sur un Observatoire chargé de rechercher les cas de cancers non repérés, « le Parquet en France continue de se battre aux côtés d’Eternit. Pire, [la mise en place] en France d’un organe comme le Comité permanent amiante (CPA) servant de “protection de l’industrie” par la collusion entre fonctionnaires de l’Etat, directeurs d’entreprises et scientifiques exhibe aux yeux de tous les effroyables démissions des gardiens de l’intérêt général. (…) Dans l’Hexagone, les pouvoirs en place ne tirent aucune leçon des compromissions gravissimes repérées dans les affaires du sang contaminé, de l’hormone de croissance ou même de la catastrophe de Tchernobyl ».

Culture de l’innovation

Ce constat lucide incite Vivagora à mettre en place l’huile qui manque pour un meilleur fonctionnement de la démocratie sur ces questions sensibles. Elle accompagne ou organise des débats et des échanges d’expertise pour favoriser l’émergence d’une nouvelle « culture de l’innovation ». Rien qu’en 2010 : ateliers, forum, mobilisation de collectifs, processus d’expertise dans le domaine des nanotechnologies ; manifestations dans le domaine de la biologie de synthèse et des OGM ; parlement du futur sur l’électronique ambiante, etc. Soit une dizaine de chantiers conçus par elle ou en réponse à des appels d’offre. Enfin, Vivagora, devenue spécialiste du dialogue multiacteurs intégrant également les non-initiés et les non-experts, a mis sur pied une formation sur la concertation.

Malgré l’importance des enjeux soulevés par toutes ces questions, des actions importantes soutenues en 2010 n’ont pu être prolongées en 2011 par manque de financement. Comme le site d’informations sur les nanotechnologies ou l’évaluation d’une solution de lutte contre le chikungunya.

Avec un budget d’environ 350 000 euros, une cinquantaine d’adhérents et une équipe de trois salariés en 2011, l’association a gagné l’estime de nombreux acteurs. Reste à acquérir une plus grande légitimité aux yeux des pouvoirs publics, avec des financements plus assurés, vu la cause d’intérêt général qu’elle défend avec passion.

CriiEAU : La qualité de l’eau distribuée est plus inquiétante qu’on ne le dit

Selon l’association CriiEAU (Comité de recherches et d´informations indépendantes sur l´eau), la qualité de l’eau du robinet en France est « bien plus préoccupante » que ne le disent le ministère de l’écologie et même l’UFC-Que Choisir.


    L´eau potable diffuse-t-elle en fait…

       …la résistance aux antibiotiques ?

Le 20 mars 2012, l´UFC-Que Choisir a publié une étude, qualifiée de « préoccupante », sur la qualité de l’eau potable en France, même si elle conclut que 97,5% des Français ont accès tout au long de l’année à une eau de bonne qualité. Pour l’association en effet, « près de deux millions de consommateurs paient, eux, pour une eau non conforme aux critères règlementaires. Le cocktail des principaux polluants décelés (pesticides, nitrates, sélénium) met en évidence les graves menaces que la pression agricole fait peser sur la ressource ».

Or, selon l’association CriiEAU, la situation est « bien plus préoccupante que l´on ne croit ». Dans un communiqué publié le 24 mars 2012, elle indique que « le constat alarmant lancé par l´UFC-Que choisir sur la qualité de l´eau du réseau repose sur des données fournies par le ministère de l´écologie. Ces données officielles, basés sur des normes obsolètes, livrent une vision incomplète de l´étendue des dommages. Cela fausse l´analyse de l´UFC Que Choisir qui passe ainsi sous silence d´autres pollutions existantes. Notamment celles liées aux résidus pesticides, génétiques et médicamenteux présents dans l´eau ».

Les pesticides : un danger réel sous-estimé

« Le danger réel des pesticides est bien plus grand que ne l´indique l’UFC-Que Choisir. Pour beaucoup de pesticides présents dans l´environnement, seuls 10 % du produit se trouvent sous leur forme moléculaire d´origine. 90 % du produit ont plus ou moins été dégradés par les UV et les bactéries de l´environnement. Ces molécules dégradées ne sont plus détectables simplement par les méthodes physico-chimiques conventionnelles. Ces résidus possèdent pourtant très fréquemment une toxicité similaire aux molécules d´origine. C´est pourquoi l´effet biologique réel des pesticides est très mal évalué par les méthodes physicochimiques conventionnelles. Seuls des tests biologiques (test d´inhibition de la synthèse d´ARN, test d´ancrage cellulaire…) permettent d´en mesurer directement la toxicité. Ces tests biologiques, normalisés depuis 10 ans, ne sont hélas pas pris en compte par les normes réglementaires mesurant la qualité de l´eau ».

L’eau, facteur de diffusion de l’antibiorésistance

Document Danglot.

« L’enquête [UFC-Que Choisir] ignore différents dangers microbiens transmis par l´eau potable, notamment les rotavirus et les norovirus, résistants à une chloration ordinaire, et à l´origine de nombreuses épidémies de gastroentérites virales hivernales, d´après l´aveu même du ministère de la santé ». De même, sont négligées « les fréquentes parasitoses transmises par l´eau potable (Giarda, un protozoaire) ».

Surtout on ne tient pas compte de « la transmission par l´eau potable de gènes de résistances aux antibiotiques, explique Claude Danglot, médecin et ingénieur hydrologue, responsable scientifique du Criieau. L’eau conforme aux normes bactériologiques contient des bactéries qui, si elles ne sont pas forcément pathogènes, portent des gènes résistants aux antibiotiques. Ceux-ci se retrouvent dans les sols et dans l’eau dite potable et transmettent la biorésistance de façon importante à d’autres bactéries, notamment par le biais des plasmides et des transposons. Ainsi, contrairement à ce qui est dit généralement, la source de la résistance des bactéries aux antibiotiques chez l’homme est plus d’origine environnementale que médicamenteuse. Le Danemark, qui a interdit totalement en 1995 les antibiotiques dans l’élevage animal, a vu s’effondrer en quelques années l’antibiorésistance humaine » (1).

Le problème est que ces éléments génétiques transmis par les germes banals de l´eau ne sont actuellement pas « pris en compte par la réglementation. Ils nous sont transmis en droite ligne par l´élevage animal qui utilise les deux tiers des antibiotiques consommés en France (rapport Afssa) ».

Les nitrates : la position iconoclaste du Criieau

Sur les nitrates, CriiEAU adopte une position à contre courant des positions officielles, comme l’avait fait en son temps Jean L´hirondel dans son livre, soulevant une polémique qui dure toujours (« Les nitrates sont-ils vraiment toxiques pour les nourrissons ? »).

Dans son communiqué, déniant les effets sanitaires délétères des nitrates, le Criieau note : « Il est tout à fait exact de signaler que la présence des nitrates dans l´eau est un indicateur de pollution d´origine agricole. Cependant la lecture détaillée de la littérature scientifique et médicale montre qu´aucun cas de méthémoglobinémie du nourrisson lié à la consommation d´eau contenant des nitrates n’est survenu en France au cours des 50 dernières années. Il convient de rappeler qu´en Australie où la concentration en nitrates peut atteindre 300 mg/l dans certaines eaux potables (Alice Springs), il ne semble pas y avoir de catastrophe sanitaire chez les nourrissons. D´ailleurs, il n´existe pas dans le tube digestif des nourrissons de bactéries capables de réduire les nitrates en nitrites. Les seules méthémoglobinémies décrites sont celles liées à l´absorption directe de nitrites ou d´un réducteur similaire.»

L’aluminium pourrait être remplacé

Concernant le lien de cause à effet entre l´aluminium et la maladie d´Alzheimer, ce sujet fait lui aussi toujours l’objet de controverses scientifiques sur sa dangerosité dans l’eau. Le Criieau rappelle qu’en tout état de cause, « les sels de fer sont substituables avec une totale innocuité aux sels d’aluminium comme floculant pour la potabilisation de l’eau. »

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(1) Frank Moller Aarestrup and co, Danish Veterinary Laboratory, Copenhague : Effect of Abolishment of the Use of Antimicrobial Agents for Growth Promotion on Occurrence of Antimicrobial Resistance in Fecal Enterococci from Food Animals in Denmark, Antimicrobial Agents and Chemtherapy, juillet 2001.

> « L’eau et la santé », présentation de Claude Danglot qui explique notamment le mécanisme de transfert de la biorésistance entre bactéries de différentes espèces.

> Chaque année en Europe, environ 25 000 patients meurent des suites d’infections provoquées par des bactéries résistant aux médicaments, un phénomène qui entraîne un surcroît de dépenses de santé et des pertes de productivité de plus de 1,5 milliard d’euros.

> Autres articles sur ce thème dans Ouvertures :

– Claude Danglot : «Il faut mesurer la toxicité d’eau, pas seulement son respect des normes»

Santé/eau potable : Un Comité indépendant d’information sur l’eau en préparation

« Journalisme et déontologie » : Ouvertures partage avec vous sa revue de presse

Notre journal ouvre une revue de presse publique sur un de ses thèmes de prédilection : « journalisme et déontologie ». Sont désormais rassemblés à cette adresse les articles parus sur le web et abordant les « dérives, questions, bonnes pratiques et propositions pour un journalisme “digne de ce nom” ».

Gratuit, “scoop it” permet de regrouper sur une même page des contenus en provenance de sources variées.

C’est un outil de « curation », « l’un des meilleurs du marché » selon 01net.

« Curation » est le mot utilisé par les Américains pour nommer la pratique consistant à sélectionner, éditorialiser et partager du contenu, par analogie avec la mission du curator, le commissaire d’exposition chargé de sélectionner des oeuvres d’art et de les mettre en valeur pour une exposition.

Vous pouvez ainsi vous abonner à notre liste en cliquant sur “Follow” en haut à droite des deux colonnes d’articles. Vous serez averti à chaque mise en ligne d’un lien nouveau. Vous pouvez aussi, tout simplement, vous rendre régulièrement sur cette page pour suivre son actualité ou pour effectuer des recherches selon vos préoccupations personnelles.

Vous pouvez vous-même signaler des articles, soit un lien, soit un article original, par l´onglet “Suggest”.

Philippe Merlant, journaliste : « Les reporters citoyens ont appris à oser ! »

“Reporter citoyen” ouvre les métiers du journalisme à ceux qui n’y ont pas accès. En l’occurrence, à des jeunes des quartiers populaires. Née sous l’impulsion de l’École des métiers de l’information (EMI) et de LaTéléLibre, l’initiative est coordonnée notamment par le journaliste Philippe Merlant (ex-La Vie). Interview.


John Paul Lepers, LaTéléLibre, et Philippe Merlant, coordonnateur de reporter-citoyen.

Ouvertures.- En quoi consiste l’initiative ?

Philippe Merlant.– Le recrutement des journalistes devient de plus en plus sélectif et formaté. Il n’est pas le reflet de la diversité et son accès est difficile pour les personnes venant des milieux populaires. Reporter citoyen est une formation gratuite, sur trois ans, non diplômante, au journalisme multimédia. Elle est accessible à des jeunes de 18 à 30 ans, par ailleurs étudiants, salariés ou à la recherche d’emploi, des quartiers d’habitat social de trois villes de la région parisienne : Boulogne-Billancourt, Stains et Créteil. Ils suivent des cours hebdomadaires à l’EMI et réalisent des reportages, écrits ou vidéo, dans leurs quartiers comme à l´étranger (par exemple à Dakar pour le Forum social mondial) et au Moyen-Orient).

– Quel est votre rôle ?

– Je les accompagne sur le terrain et dans la réalisation de leurs reportages écrits. Et je suis l’interlocuteur des collectivités locales qui participent au projet. Pour la vidéo, ils sont suivis par LaTéléLibre de John Paul Lepers.

– Que deviennent les reportages ?

– Ils sont publiés sur le site reporter-citoyen.fr, qui est un site école, pas un média et qui héberge aujourd’hui 180 sujets : un tiers de vidéos, un tiers d’articles longs et un tiers d’articles plus courts.


Les élèves journalistes et les deux initiateurs du projet.

– Commencée en février 2010, la formation se termine en juin. Quel premier bilan tirez-vous de l’expérience ?

– Nous avions démarré avec dix personnes par ville. La moitié seulement a continué jusqu’au bout. Ce n’est pas étonnant : le projet est très prenant et chacun a d’autres activités par ailleurs. Certains tireront profit de leur expérience en montage vidéo ou webmastering. En tout cas, leur CV se sera enrichi.

D’autres voudront vraiment devenir journalistes. Nous réfléchissons d’ailleurs à la conception d’un nouveau diplôme en journalisme multimédia, après deux ans à temps plein d’une formation en alternance.

En tout cas, une deuxième promotion démarrera en septembre 2012, dans d’autres villes.

– Et sur un plan plus qualitatif ?

– Beaucoup nous disent que, en formulant leur questions pour les interviews, ils ont appris à oser, à interpeller les responsables. La formation est pour eux une réussite dans le sens où elle leur a donné confiance en eux, en leur rôle de citoyen. Ils ont grandi.

Philippe Merlant

Coordinateur de “Reporter citoyen”, Philippe Merlant est journaliste professionnel depuis 1975 (France Inter, L’Équipe, Libération, Autrement, L’Entreprise, L’Expansion, Tranversales Science Culture et La Vie) et formateur. Cofondateur du site Internet Place Publique, il explore depuis 1996 les conditions d’émergence d’une information « citoyenne ». Il est aussi co-auteur, avec Luc Chatel, de “Médias : la faillite d’un contre-pouvoir” (Fayard, octobre 2009).

> reporter-citoyen

> Le film « Je suis un reporter citoyen »

> L’expérience racontée par Philippe Merlant sur son blog de La Vie.

> Philippe a reçu la médaille de Chevalier de l´Ordre National des Arts et Lettres, des mains du ministre de la culture, pour le projet Reporters Citoyens (22 mars 2012).

Votre Santé : « La libre circulation des informations est une liberté à préserver coûte que coûte »

Votre Santé (6 500 abonnés), victime de « harcèlement » administratif, suspend sa parution. Son rédacteur en chef Pierre Andrillon, frère du directeur de la publication, répond aux questions d’Ouvertures.

– Ouvertures.- En quoi consiste le harcèlement de l’administration, de pressions et de contrôles ayant motivé la suspension de la publication ?

Pierre Andrillon.- Tout a commencé par le non renouvellement de notre numéro d’inscription à la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP, qui permet de bénéficier de certains avantages économiques), il y a six ans. Nous avons contesté cette décision et obtenu une inscription temporaire, pour deux ans. Tous les deux ans, nous devons monter un nouveau dossier et repasser sous les fourches caudines des autorités. Depuis plus d’un an, nous attendons d’ailleurs le renouvellement.

Pierre Andrillon, rédacteur en chef. Michel Andrillon, directeur.

Il a fallu faire de nombreux recours pour conserver (à titre temporaire et renouvelable tous les deux ans) ce numéro et parvenir à prouver que nos publications sont “conforme aux données acquises de la science”. Nous avons annoncé des années avant les médias la plupart des scandales de santé de ces dernières décennies, mais on a toujours tort d’avoir raison trop tôt ! Les autorités de tutelle ne peuvent pas nous éliminer ouvertement.

De plus, nous subissons depuis le début de l’année 2011 un contrôle fiscal. Ligne par ligne, les écritures comptables de la revue (association loi 1901) sont analysées. Des pénalités supérieures aux recettes de l’association vont certainement lui être infligées. Ces tracasseries, outre le travail considérable qu’elles génèrent pour répondre aux investigations de l’administration, nous asphyxient. Il est impossible de poursuivre notre mission d’information dans ces conditions. C’est l’élément déclencheur de notre décision de suspendre temporairement la parution.

– Vous évoquez également une « répression » qui toucherait des médecins, des thérapeutes, des labos alternatifs, etc. Pouvez-vous donner des exemples ?

Les derniers exemples en date sont les fermetures des laboratoires de Bernard Christophe, du Dr Schaller et du laboratoire de la Meinau à Strasbourg. Ces labos pratiquaient des analyses basées sur les principes de la BEV (bioélectronique de Vincent). Seront-elles interdites à tous les labos ?

Et aussi Andrée Sixt, infirmière, condamnée pour avoir publié des écrits du Dr Hamer ; le Dr Jacques Benvéniste, poursuivi et exclu du CNRS où il était directeur de recherches, pour ses recherches iconoclastes sur la mémoire de l’eau ; Mirko Beljanski, chercheur à l’intitut Pasteur, exclu pour avoir découvert la transcriptase inverse ; sans compter Albert Bohbot, podologue, Jacqueline Bousquet, biologiste, les docteurs de Harven, Bruno Donatini, Dumas, Elmiger, Gardénal (interdite pour n’avoir pas dénoncé des patients utilisant des produits alternatifs !), Groussac, Lanctôt (interdite pour avoir contesté l’Ordre des médecins au Canada), Montain, exilé à l’étranger, Scohy, exilé à l’étranger, Tal Schaller, exilé, Vercoutère, J-P. Willem, etc. Tous ces héros de la médecine, qui furent exclus ou interdits, sont des auteurs-contributeurs réguliers de la revue.

– Le rôle des pouvoirs publics est bien de veiller à éviter des dérives et des pratiques charlatanesques. On peut donc comprendre leur souci de s’appuyer sur ce qui a été validé scientifiquement.

– Oui, d’autant plus que même parmi les méthodes, les médicaments et les produits de santé dûment estampillés par les autorités de santé (ministères, Académie de médecine, Agence du médicament), nombreux sont les destructeurs de la santé dont le Mediator en a été la dernière parfaite illustration (et combien de centaines d’autres). Mais c’est surtout au lecteur qu’il faut faire confiance pour décrypter les informations qui aujourd’hui sont en libre circulation, surtout grâce à la révolution d’Internet, comparable à celle qui s’est produite après l’invention de l’imprimerie. Les pouvoirs publics sont trop corrompus. C’est à l’utilisateur, doté de son esprit critique, d’éviter les dérives et de fuir les charlatans.

– Que proposeriez-vous pour garantir à la fois une info pluraliste et la précaution contre des abus de démarches mercantiles et non fondées ?

– Certainement la meilleure protection est le savoir, la connaissance et la culture, constitutifs d’un “esprit critique”.

Le lecteur, le citoyen, l’usager doit être capable premièrement de faire la différence entre l’information et la publicité. C’est très difficile car la confusion est habilement entretenue par les “spins doctors” employés par l’industrie de la santé, qui échafaudent des plans de communication très sophistiqués à base d’interviews, d’articles rédactionnels et émissions audiovisuelles destinés à créer un besoin et une pulsion d’achat. Dans les revues médicales dont tout le monde sait bien qu’elles sont financées par les labos, la démarche mercantile est clairement affichée, c’est plus facile de débusquer la propagande. Mais elles constituent l’exception qui confirme la règle.

Chacun doit ensuite avoir un minimum de connaissances médicales. Être capable de faire la différence entre une banale gastro et un cancer du colon, entre une bonne grippe et une broncho-pneumonie chronique obstructive ou entre une douleur intercostale et une crise cardiaque.

Enfin notre culture pourra nous protéger contre les assauts des marchands de pilules miracles, comme les vaccins, censés nous protéger de toutes les maladies alors qu’ils sont d’abord une intrusion. Une culture du respect de son être, territoire sacré, du respect de l’autre et de toute la création qui nous entoure pourrait constituer un sérieux garde fou contre les abus des bonimenteurs, qu’ils soient alternatifs ou officiels. La libre circulation des informations est une liberté à préserver, coûte que coûte.

– Comment a été créé le magazine ?

La revue a été fondée en 1962 par Marcel Andrillon avec deux collaborateurs (premier certificat d’inscription à la CPPAP en 1964). A l’origine, c’était une revue d’actualité de la médecine officielle et des médecines naturelles.

En 1986, au décès du fondateur, Michel et Pierre Andrillon lui ont succédé avec une équipe de douze permanents. De publication d’actualité elle est devenue une revue de combat axée sur la défense des libertés des acteurs de la santé : liberté de choisir sa médecine, liberté de prescrire et liberté vaccinale.

Michel Andrillon, graveur de formation, est l’éditorialiste. Je suis journaliste. En 1980, j´ai créé, avec Jean-Marie Bugat, alias Denis Clair, une des premières radios libres, “Radio Paris”. Je travaille aujourd’hui à plein temps et bénévolement, chez Votre Santé.

– Jusqu’à aujourd’hui, combien d’abonnés ?

– La revue est envoyée à 6500 abonnés. Elle est rédigée par des usagers, des responsables d’association, des chercheurs, des professionnels de santé, des journalistes et des professeurs de médecine, environ deux cent contributeurs réguliers. Elle ne comporte aucun salarié. Editée par une association loi 1901, elle ne fait aucun bénéfice.

– Avez-vous des concurrents sur le même terrain ?

– A ma connaissance, aucune revue ne fonctionne actuellement sans publicité, ni aucune revue d’opposition ouverte aux laboratoires pharmaceutiques, vendue en kiosque, n’existe.

Bibliographie : notre sélection printemps 2012

Le Guide de l’identité protestante
Jean-Luc Mouton et Antoine Nouis
DDB et Des îlots de résistance

Écrit par Antoine Nouis, pasteur et théologien de l´Eglise réformée de France et Jean-Luc Mouton, journaliste, directeur de l’hebdomadaire Réforme, ce guide aborde de façon simple deux cents mots de la confession protestante qui peuvent aider à cerner les contours de cette communauté chrétienne riche et complexe.

Très lisible, abondamment illustré, il débroussaille l’univers de ces croyants dont on entend peu parler dans l’actualité mais qui ont façonné des pans entiers de l’histoire de notre pays.

 

Humain – Une enquête philosophique sur ces révolutions qui changent nos vies
Direction : Monique Atlan, Roger-Pol Droit
Flammarion

Monique Atlan et Roger-Pol Droit ont entrepris un tour du monde scientifique dans les laboratoires des chercheurs les plus réputés. Du MIT au Collège de France, de Stanford à Saclay, de Harvard à l´École normale supérieure, à New York, Londres ou Hambourg, leur enquête sans équivalent fournit une boussole accessible à tous pour identifier les carrefours de pensée et les choix qui nous attendent.

Le livre ne coupe pas à l’antienne à la mode de la disparition de l’idée d’une « nature humaine ». Il propose en lieu et place un « humanisme décentré de l’humain » qui résiderait dans notre capacité à « refuser l’intolérable ». On pourrait seulement « mettre l’accent sur les spécificités humaines, sans arrogance, sans que ces différences supposent une quelconque domination ou supériorité oublieuse du reste du monde. Parmi ces spécificités figurent le langage, la capacité d’imaginer ce qui est absent, la faculté de se déprendre de l’immédiat, le fait de considérer un monde qui existe avant nous et existera après nous, un certain rapport à l’infini. »

Médicaments dangereux : à qui la faute ?
Dr Marc Girard
Dangles

Un livre qui ne rassure pas, bien au contraire, celui du docteur Marc Girard, que l’on a beaucoup vu sur les plateaux de télévision pour critiquer les conditions de la campagne vaccinale contre la grippe A. Cet expert, consultant pour l’industrie pharmaceutique, veut « dire aux citoyens qu’ils ont raison d’être inquiets, leur montrer que la réponse qu’on leur propose aux scandales qui les révulsent ne vise rien d’autre que l’aggravation des conditions qui ont conduit à la situation présente, les convaincre enfin qu’ils n’ont aucun motif sérieux de retrouver la confiance. Bref : leur donner des éléments de fait suffisants pour inspirer leur protestation et alimenter leur résistance ».

Évoquant aussi bien les médecins, que les experts, les journalistes et les fabricants de médicaments, l’auteur met le doigt là où ça fait mal avec beaucoup de perspicacité. Mais sa grande “faute” est de ne pas proposer grand chose comme remède…

Rencontres avec des guérisseurs remarquables
Alexandre Grigoriantz
Trajectoire/Piktos

« Les faits sont là : l’énergie de guérison existe et l’on trouve de grands guérisseurs dans pratiquement tous les pays du monde. Ce sont des hommes comme les autres avec un petit plus. Ils possèdent à la fois le don de soulager les souffrances des autres et ils sont “agis” par une volonté qui les dépasse et qui les guide. »

Ancien professeur de mathématiques et ingénieur qui a roulé sa bosse tout autour du monde pour le compte du Bureau Veritas, l’auteur réunit les témoignages de neuf guérisseurs ayant accepté de parler de leur parcours, de l´apparition de leur don, de leurs méthodes de travail, de leurs succès, du bonheur qu´ils éprouvent à soulager les souffrances des autres ; mais aussi de leurs difficultés face à l´incompréhension du monde médical et de la société en général.

Peut-être un jour la science moderne acceptera-t-elle d’étudier sereinement ces phénomènes, pour peu que les guérisseurs abandonnent leur prétention à un langage et une connaissance “scientifiques” : « Plutôt que d’utiliser une expression scientifique du genre : “il est branché sur les fréquences du champ psi universel”, je considère, à l’instar de nos aïeux, que, dans ces moments-là, le guérisseur, le chaman ou le grand sorcier de la tribu “sont proches des dieux” [ou de Dieu] puisqu’ils communiquent avec eux. »