Selon la journaliste Virginie Belle, les risques liés à notre exposition à l´aluminium seraient toujours sous-estimés en dépit des alertes de la communauté scientifique. Il serait donc urgent que ce problème de santé publique soit pris en considération par nos instances dirigeantes. Elle résume ici pour nos lecteurs quelques points essentiels de son ouvrage Quand l’aluminium nous empoisonne (éd. Max Milo).
Virginie Belle. Crédit photo : Arnaud Meyer. |
Les sels d’aluminium ont investi notre vie quotidienne. On les retrouve désormais dans les laits infantiles industriels, ils entrent dans la composition d´additifs alimentaires, de médicaments (antiacides, adjuvants de vaccins et d’extraits allergéniques…), de certains cosmétiques (déodorants, crèmes solaires, rouges à lèvres…), de céramiques en chirurgie orthopédique et dentaire.
Ils sont également utilisés dans le processus de traitement de l’eau potable. Mais « il est naïf de croire que l’aluminium soit une présence bienveillante dans l’organisme » (1).
L´autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) explique qu´« après absorption, l’aluminium se répartit dans les tissus chez les animaux et chez l’homme et s’accumule dans certains d’entre eux, en particulier dans les os. (…) L’aluminium peut pénétrer dans le cerveau, ou encore atteindre le placenta et le foetus. L’aluminium peut persister pendant très longtemps dans divers organes et tissus avant qu’il ne soit excrété dans l’urine ».(2).
Pourtant, à l’origine, notre organisme n’a que faire de cet aluminium embarrassant. “Il n’a aucune fonction biologique reconnue. Pire, à fortes doses ou à doses régulières, il est toxique”, rappelle Guy Berthon, ex-directeur de recherche au laboratoire de chimie du CNRS (3). En fait, depuis 1921, les alertes relatives à sa toxicité n´ont cessé de s´accumuler.
La dose hebdomadaire tolérable de 1mg/kg est largement dépassée chez les enfants et les nourrissons !
Un groupe de scientifiques, mandaté par l´EFSA, a constaté que “plusieurs composés contenant de l’aluminium ont la capacité d’induire une neurotoxicité (souris, rats) et d’affecter le système reproducteur mâle (chiens). De plus, ils se sont avérés embryotoxiques (souris) après une exposition maternelle et ont affecté le développement du système nerveux de la progéniture (souris, rats)” (2). Suite à ces résultats, l´autorité européenne de sécurité alimentaire a établi une dose hebdomadaire tolérable de 1 mg d´aluminium/kg de poids corporel par semaine.
En 2008, l´EFSA a alerté les pouvoirs publics : cette dose est dépassée, notamment chez les enfants qui “représentent donc le groupe avec l’exposition potentielle à l’aluminium par kg de poids corporel la plus élevée” (2). En septembre 2010, autre alerte. Une étude anglaise, menée par une équipe de l´Université de Keele et dirigée par le Dr Christopher Exley, a mis en en évidence un besoin urgent de réduire la teneur en aluminium des préparations pour nourrissons à un niveau aussi bas qu´il est matériellement possible, démontrant la vulnérabilité des nourrissons à l´exposition précoce à l´aluminium (4). En, dépit de ces alertes, aucune contrainte, ni aucune réglementation n´ont vu le jour.
Eau du robinet : quid du principe de principe de précaution ?
Concernant l´aluminium présent dans l´eau potable, ” les études dont la méthodologie est la moins critiquable sont en faveur d’une augmentation du risque de démence ou de maladie d’Alzheimer, risque estimé entre 1,5 et 2,5 pour une concentration hydrique d’aluminium supérieure à 100 ou 110 μg/L”, précisait l´Institut nationale de veille sanitaire (INVS) dans son rapport de 2003 (5).
« Or, en conclusion, aucune mesure n’a été envisagée, et lors de la parution du rapport, le communiqué adressé à la presse déclarait : “À partir de l’ensemble des données disponibles, rien ne permet à ce jour d’affirmer que l’exposition à l’aluminium par l’eau, les aliments ou les produits de santé aux doses habituellement consommées par la population française soit associée à une augmentation de risque”… Il est hautement regrettable que le rapport des institutions n’ait abouti qu’à des conclusions totalement en désaccord avec le principe de précaution » , se désolait le toxicologue Henri Pézerat (6).
La valeur de référence de qualité des eaux destinées à la consommation humaine, fixée à 200 μg/l en aluminium total, est toujours maintenue et continue d´être dépassée dans de nombreuses communes françaises (7).
Cosmétiques : les études complémentaires toujours attendues…
Les données concernant l’innocuité des produits cosmétiques contenant de l’aluminium semblent, quant à elles, satisfaisantes, nous informe l´Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Néanmoins, des études complémentaires notamment de pénétration transcutanée sont nécessaires afin de conforter cette évaluation (8). Ces études, primordiales pour la sécurité des consommateurs, n´ont toujours pas été réalisées en 2010 !
L’aluminium vaccinal à l’origine de la myofasciite à macrophages
Voir l´interview de Virgine Belle sur le site de l´association E3M. |
Enfin, l´hydroxyde d´aluminium, présent dans les vaccins comme adjuvant, serait à l´origine d´une maladie invalidante nommée myofasciite à macrophages (9, 10, 11,12, 13). Tout porte à croire aujourd´hui qu´il existerait une susceptibilité génétique chez les personnes développant cette pathologie (14). Alors que toutes les recherches scientifiques sont en faveur du lien entre aluminium vaccinal et myofasciite à macrophages, les agences de sécurité sanitaire nient l´existence de ce problème.
“Dès lors que les dommages potentiels de l´aluminium ont été identifiés, comme son utilisation dans les vaccins, pourquoi les gouvernements, les autorités de régulation, l’industrie ou les institutions de bienfaisance n’ont-ils pas ordonné les recherches internes ou indépendantes dans ce domaine ? Pourquoi n‘y a-t-il pratiquement pas de recherche scientifique au vingt et unième siècle sur la potentielle toxicité de l’aluminium, écotoxique reconnu, produit qui pénètre dans toute cellule du corps humain et est doté du pouvoir de semer la confusion dans les processus biochimiques essentiels”, précise le biochimiste anglais Christopher Exley (15).
Aujourd´hui, en dépit des alertes de la communauté scientifique émanant du monde entier, les risques liés à notre exposition à l´aluminium sont toujours sous-estimés. Il est urgent que ce problème de santé publique soit pris en considération par nos instances dirigeantes.
Références :
1. EXLEY (Christopher), “Aluminium and Medicine”, in Molecular and Supramolecular Bioinorganic Chemistry, Chap. III, Nova Science Publishers, 2008.
2. Sécurité de l’aluminium de source alimentaire – Avis du groupe scientifique sur les additifs alimentaires, les arômes, les auxiliaires technologiques et les matériaux en contact avec les aliments (AFC), Question nº: EFSA-Q-2006-168 , EFSA-Q-2008-254, Adopté: 22 mai 2008. Disponible ici.
3. Mélina Gazsi, « L´aluminium empoisonne notre vie quotidienne », in Le Monde, 15 septembre 2010.
4. Burrell (Shelle-Ann M), Exley (Christopher), « There is (still) too much aluminium in infant formulas », BMC Pediatrics 2010, 10:63doi:10.1186/1471-2431-10-63). Accessible ici.
5. InVS, Aluminium, quels risques pour la santé ?, 2003.
6. PEZERAT (Henri), Aluminium dans l’eau et maladie d’Alzheimer, février 2004, rapport consultable sur le site de S-EAU-S.
7. «Du poison dans l´eau du robinet», réalisé par Sophie Le Gall, diffusé le 17/05/2010 France 3, 90 mn. Pour revoir l´émission.
8. Informations sur les produits cosmétiques, Afssaps, octobre 2008.
9. Shoenfeld (Y), Agmon-Levin (N), “Autoimmune/inflammatory syndrome induced by adjuvants”, J Autoimmun. 2010 Aug 12.
10. COUETTE (M.), BOISSE (M.-F.), MAISON (P.), BRUGIÈRES (P.), CESARO (P.), CHEVALIER (X.), GHERARDI (R.K.), BACHOUD-LEVI (A.C.), AUTHIER (F.J.), “Long-Term Persistence of Vaccine-Derived Aluminum Hydroxide is Associated with Chronic Cognitive Dysfunction”, in Journal of Inorganic Biochemistry, 2009, vol. CIII, nº 11, p. 1571-1578.
11. EXLEY (C.), SWARBRICK (L.), GHERARDI (R.K.), AUTHIER (F.J.), “A Role for The Body Burden of Aluminium in Vaccine-Associated Macrophagic Myofasciitis and Chronic Fatigue Syndrome”, in Medical Hypotheses, 72(2), février 2009, p. 135-139.
12. RYAN (A.M.), BERMINGHAM (N.), HARRINGTON (H.J.), KEOHANE (C.), “Atypical Presentation of Macrophagic Myofasciitis 10 Years Post Vaccination”, in NeuromuscularDisorders, 16(12) décembre 2006, p. 867-869. Epub 26 septembre 2006.
13. “Gare à la myofasciite à macrophages”, Kinésithérapie la revue, 2008, no79 ISSN 1779-0123. Dans cet excellent dossier figure toutes les références d´articles publiés et relatifs à la myofasciite à macrophages.
14. GUIS (S.), MATTEI (J.P.), NICOLI (F.), PELLISSIER (J.F.), KAPLANSKI (G.), FIGARELLA-BRANGER (D.), et al., “Identical Twins With Macrophagic Myofasciitis: Genetic Susceptibility and Triggering by Aluminic Vaccine Adjuvants?”, in Arthritis & Rheumatism, 47, 2002, p. 543-545.
15. Correspondance personnelle.