Ce fichu rêve… de simple fraternité

 

« (AFP, 7 octobre 2008) – à l’issue du conseil des ministres qu’il a réuni ce matin, le président de la République française Nicolas Sarkozy a déclaré « l’état de mobilisation nationale » pour éradiquer la pauvreté dans le pays d’ici 2015. Afin de « marquer dans les actes cette volonté politique », indique le communiqué publié à l’issue de la réunion, Martin Hirsch, actuel haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, a été nommé premier ministre. Une réforme de « tout le système d’aide sociale », baptisée « Tolérance 0 pauvre », va être engagée dans l’objectif « d’assurer à tout Français la jouissance des biens fondamentaux (considération, logement, nourriture, éducation, santé), condition essentielle de sa dignité ».

Une loi sur la « reconnaissance sociale et politique » des pauvres permettra notamment d’organiser leur représentation dans les institutions et, d’abord, dans les premières d’entre elles, l’Assemblée nationale et le Sénat. Un groupe de travail se réunira dès la semaine prochaine pour étudier dans quelles instances cette représentation devra être installée. D’ores et déjà, le président de la République a indiqué qu’il souhaitait que le Conseil constitutionnel et Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) accueillent des pauvres en leur sein.

« Il faut changer l’image du pauvre dans la société : ce n’est pas un criminel ni un profiteur. Les aides publiques octroyées aux médias dépendront désormais des efforts qu’ils feront pour mieux intégrer la parole des pauvres dans l’actualité et les divertissements », a précisé le chef de l’état.

Enfin, une loi de finances rectificative sera votée avant la fin de l’année pour accompagner cette nouvelle politique, originale dans sa forme comme dans ses moyens. »

Réveillez-moi, chers lecteurs, je faisais encore ce fichu rêve… de simple fraternité.

 J.-L. M.-L

 >> Voir notre enquête participative Ouvertures/Agoravox sur la pauvreté.

Pour changer les pratiques alimentaires

Le Cempama, centre de formation et d’expérimentations pédagogiques de l’enseignement agricole, intégré à l’Agrocampus de Rennes, met en place des actions de formation et de recherche au sein des établissements agricoles, pour une meilleure prise en compte du développement durable dans les pratiques alimentaires.

L’alimentation représente environ 30 % de l’empreinte écologique (voir encadré) d’un Français. Avec plus de 3,7 milliards de repas servis chaque année en France, la restauration collective est un acteur-clé pour offrir un régime sain pour soi et pour la planète. L’équipe « Vers des systèmes alimentaires durables » a lancé le projet Repas-RC (Repères pour l’évolution des pratiques alimentaires en restauration collective).

Les acteurs de la restauration collective (cuisiniers, gestionnaires, chefs d’établissements) ont ainsi reçu un outil de suivi environnemental pour comprendre les enjeux de la durabilité alimentaire, évaluer les priorités et les alternatives, et suivre les changements mis en oeuvre.

Une phase expérimentale a démarré en 2007 au sein de l’équipe de restauration collective du Lycée agricole de Merdrignac (Côtes d’Armor) qui réunit sur un même site formation et production horticole. Elle a conduit au calcul de l’empreinte écologique brute des matières premières utilisées pour les repas, à l’évaluation de l’empreinte écologique liée au transport des aliments et à la simulation de plusieurs scénarios de repas.

Moins de protéines animales, plus de produits locaux

L’étude a permis d’évaluer la part en empreinte écologique des aliments composants un menu-type, et de quantifier notamment le poids déterminant de la viande et du poisson : ceux-ci représentent moins de 20 % des aliments consommés (en poids), mais contribuent à plus de 70 % à l’empreinte écologique du repas. Les calculs ont aussi montré l’intérêt d’un approvisionnement local et de saison pour réduire de façon drastique l’empreinte écologique due au transport. Et qu’un repas contenant moins de protéines animales et plus de produits locaux peut être, à budget égal, à la fois plus sain et plus écologique.

L’outil « Repas-RC » est progressivement testé dans d’autres restaurations collectives. A l’horizon 2009, il devrait être mis en ligne sur Internet.

Le projet a reçu l’appui de partenaires scientifiques (Agrocampus de Rennes, Angenius), financiers (conseil régional Bretagne, ministère de l’agriculture) et locaux (Maison de l’agriculture biologique du Finistère, Civam, Réseau agriculture durable)
(Source : WWF)

L’empreinte écologique

Elle permet de traduire de manière facilement compréhensible l’impact d’activités humaines sur les écosystèmes et la planète. On calcule l´empreinte d´un objet (un ordinateur, une voiture, un meuble, un produit agricole) en considérant la surface moyenne liée aux ressources nécessaires à l´extraction et au transport des matériaux, à sa fabrication, son fonctionnement et son élimination. Elle donne une mesure quantifiée des impacts des différentes activités de production.

Exemples : la moyenne mondiale de l´empreinte écologique est de 2,5 ha par personne. Un Européen a besoin de 5 ha pour maintenir son niveau de vie. Si tout le monde consommait autant qu´un Européen, il faudrait l’équivalent de deux planètes supplémentaires. Un Américain du Nord a besoin du double d´un Européen pour maintenir son niveau de vie. Si tout le monde consommait comme un Américain, il faudrait cinq planètes supplémentaires.
(Source : wikipédia)

La médecine traditionnelle s’organise

En Afrique, l’institutionnalisation de la médecine traditionnelle progresse à petits pas. Le 31 août dernier, la Journée africaine sur ce thème a réuni experts et autorités pour trouver les voies d’une meilleure intégration des leaders communautaires, guérisseurs et psychiatres traditionnels dans le système conventionnel.

 

Les ministres de la santé de 47 États africains et les experts ont réfléchi sur les façons d´intégrer des tradipraticiens dans le système sanitaire des États membres de l´Union africaine. Réunis le 31 août dernier à Yaoundé (Cameroun) dans le cadre de la 6e Journée africaine de la médecine traditionnelle, ils ont évalué le degré d´avancement de la décennie africaine de la médecine traditionnelle 2001-2011, adoptée en 2001 à Tripoli, en Libye.

L´Afrique, notamment, veut se doter d´un répertoire de la médecine traditionnelle pour sauvegarder et valoriser les connaissances dans ce domaine. Les experts de la santé ont appelé à la collecte systématique et au traitement rigoureux de ces savoirs informels du patrimoine africain.

Selon le directeur régional de l´OMS pour l´Afrique, le docteur Luis Sambo, l´Afrique ne pourra réussir à améliorer la santé de ses populations si la médecine traditionnelle n´est pas prise en compte dans les soins de santé primaires. Il a invité les pays africains à poursuivre le programme d´institutionnalisation de la médecine traditionnelle avec l´aide de l´OMS.

Si 75% des pays de la région africaine ont élaboré et mis en œuvre une politique nationale de médecine traditionnelle, beaucoup reste encore à faire pour une reconnaissance de ces pratiques.

Les tradipraticiens gabonais, par exemple, demandent la mise en place d’un conseil national de l’ordre des médecins traditionnels, l’introduction de l’enseignement de la médecine traditionnelle dans les programmes pédagogiques et l’appui logistique aux États pour l’intégration de la médecine traditionnelle. Une commission de rédaction des textes organiques pour la régularisation de l’exercice de la médecine traditionnelle en République gabonaise a d’ailleurs été mise en place en 2006 par le gouvernement.

Au Sénégal, un projet de loi portant réglementation de la médecine traditionnelle se trouve actuellement sur la table du Conseil d’État. Le ministère de la santé a annoncé la tenue d’un conseil interministériel pour l’adoption d’une véritable politique liée à cette pratique, la création d’un bureau au ministère de la santé et de la prévention.

Dans ce pays, l’ONG Enda Santé plantes médicinales compte intégrer les tradithérapeutes et les agents de santé communautaires de la zone dans les centres de soins de santé primaires « pour une meilleure efficacité dans leurs interventions ». Une expérimentation est en cours dans le cadre d´un projet (projet Fontilles) destiné aux tradithérapeutes et agents de santé communautaires de Richard-Toll et Podor.

Il faut des protocoles d’essai adaptés

Pour Manto Tshabalala-Msimang, ministre sud-africaine de la santé et présidente de la Conférence africaine des ministres de la santé, la pharmacopée traditionnelle employée par les guérisseurs africains ne doit pas être soumise aux essais cliniques à l’occidentale, qui ne feraient qu’« embourber » son développement. Elle n’est pas opposée par principe aux essais cliniques mais souhaite des « protocoles adaptés » à une pharmacopée « utilisée par les guérisseurs traditionnels parfois depuis des milliers d’années ». Elle met également en garde contre « les charlatans qui nuisent à l’image » de la médecine traditionnelle, « qui font toutes sortes de promesses irréalisables à des gens désespérés ». Le groupe de travail doit rendre ses conclusions au gouvernement en mars.

Selon la ministre, les défis actuels concernent la propriété intellectuelle des produits de la médecine traditionnelle et l´introduction de modules adaptés dans les programmes scolaires et universitaires.
L’OMS  va organiser un congrès sur la médecine traditionnelle en novembre 2008 à Pékin (Chine). Objectif : réexaminer le rôle de la médecine traditionnelle dans la prestation des soins de santé conformément à l’approche des soins de santé primaires.

>> Les savoirs conventionnels rejoignent parfois les savoirs traditionnels. Ainsi les tradipraticiens gabonais ont insisté sur le rôle de « l’alimentation saine dans les soins de santé primaire », soulignant « l’impact d’une alimentation de qualité dans le renforcement du système immunitaire et la résistance aux infections ». « Il faut consommer beaucoup de fruits, beaucoup de légumes et moins de viande », a conseillé Le Dr Pierre Allogo.

Un message que les études scientifiques occidentales confirment aujourd’hui à 100 %….

(Sources : Gabonews, panapresse.com, lequotidien.sn, sudonline.sn, Sapa, Xinhua)

>> Voir également notre dossier Médecines traditionnelles : le réveil des sorciers (Ouvertures n° 1).

L’anthroposophie défend ses pratiques devant l’Europe

Le mouvement anthroposophique publie une pétition pour recueillir un million de signatures. Objectif : peser sur l’Union européenne pour qu’elle ne lamine pas ses démarches “différentes” comme l’agriculture et les produits biodynamiques ou l’enseignement des écoles Waldorf. Cette initiative citoyenne devrait intéresser toutes les approches originales respectueuses du vivant, comme l’homéopathie ou l’agriculture biologique.


Préparation de camomille matricaire
en agriculture biodynamique.
Liée au métabolisme du calcium,
elle régularise les processus
de l´azote dans les compostages.
Source : Biodynamie Service.

L’évolution des législations européennes menace l’existence des contributions originales issues de l’anthroposophie, mais pas seulement. En effet, elle passe de plus en plus du « ce qui n’est pas interdit est permis » à « ce qui n’est pas expressément permis est interdit ».

Cela change tout ! Car, désormais, seuls les producteurs ou les acteurs (publics et privés) bien représentés auprès de la Commission ont droit de cité. Ce qui risque d’écarter nombre de groupes et d’intérêts peu ou pas reconnus par les instances nationales. Mais dont l’action peut être bénéfique à la société.

Deux exemples :

  • Les médicaments spécifiquement anthroposophiques qui ne relèvent pas des catégories reconnues par les directives sur les médicaments risquent à terme de disparaître.
  • Demeter International a perdu le droit de diffusion sous sa marque d’aliments pour nourrissons (directive UE 96/5/EG), le cahier des charges Demeter n’autorisant pas l’ajout de vitamines artificielles, alors que cette directive UE l’exige.

De même, on se souvient du tollé soulevé par la répression mise en oeuvre par les pouvoirs publics français contre le purin d´ortie….

Les organisations internationales anthroposophiques (producteurs pharmaceutiques, thérapeutes, pédagogie Waldorf, patients, consommateurs de produits biodynamiques, médecins ainsi que Demeter International) se sont regroupées en une Alliance européenne d’initiatives issues de l’anthroposophie, Eliant. Objectif : réclamer des cadres législatifs pour que « les innovations anthroposophiques dans tous les domaines puissent survivre et continuer à jouer leur rôle dans la civilisation. L’anthroposophie et les initiatives qui en sont issues sont au centre de la tradition européenne de dignité humaine, de développement individuel et de liberté de choix dans une société multiforme ».

Les initiateurs de la démarche souhaitent que soit créé un cadre juridique permettant à l´anthroposophie de se développer comme en Suisse et en Hollande. En 2004, l´Allemagne a été victime d’un recul dans le domaine de la médecine et des médicaments en raison de la législation européenne. Elle pourrait, et d’autres pays avec elle, retrouver de meilleures perspectives grâce à une réglementation européenne plus favorable.

Le soutien de Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi

Les initiatives issues de l’anthroposophie sont mises en œuvre dans de nombreux pays d’Europe. En France, un comité de soutien a été instauré en juillet 2007 pour soutenir Eliant, l’anthroposophie ayant eu à se défendre d’accusations calomnieuses de sectarisme.

Y figurent notamment Jean-Marie Pelt, président de l’Institut européen d’écologie et professeur  à l’université de Metz ; Pierre Rabhi, écologiste, écrivain ; Albert Jacquard, scientifique, essayiste et généticien ; Lylian Le Goff, médecin, auteur et formateur, etc.

Interrogé par Christina Nidecker, responsable de l’action Eliant en France, le 15 juin 2008, J.-M. Pelt a déclaré : «L’anthroposophie s’inscrit dans ce courant de pensée remontant à Goethe et qui est un courant de pensée holistique qui envisage les choses dans leur totalité et non en les segmentant. Il n’a pas d’équivalent en France. Dans ce courant on a un rapport très fort avec la nature. L’évangile dit “on juge l’arbre à ses fruits”.  Pour moi, les fruits sont indéniables, parmi lesquels la médecine d’orientation anthroposophique (à laquelle j’ai eu  recours plusieurs fois avec des résultats positifs) et l’agriculture biodynamique, qui est en quelque sorte un échelon au-dessus de l’agriculture biologique et qui donne des produits de grande qualité.

Il est certain que la vision spirituelle arrache à un matérialisme trop étroit, étouffant, caractérisé par la recherche du superflu, par le gaspillage des ressources de la terre. Dès lors qu’un courant spirituel n’est pas sectaire – et l’anthroposophie ne l’est pas du tout car elle donne une grande place au libre arbitre, – ce courant spirituel est recevable».

Nature et Progrès et Biocontact accompagnent également le mouvement.

Cancer : une politique bien en deçà des besoins

La Cour des comptes a publié son analyse du Plan cancer français, qui a donné naissance à l’Institut national du cancer (INCa). Les moyens et les méthodes ne sont pas à la hauteur de l’adversaire qui tue toujours près de 150 000 personnes par an.

Malgré de notables progrès, notamment thérapeutiques, près de 150 000 personnes(1) sont toujours terrassées chaque année en France par cette maladie. Plus d´un Français sur deux et plus d´une Française sur trois sont ou seront atteints d´un cancer. Quelque 1,5 million de patients sont pris en charge, et l´on compte environ 320 000 nouveaux cas par an. Les hommes français ont le taux de décès par cancer le plus élevé des pays de l’Union européenne. C´est devenu la première cause de mortalité, devant les maladies cardiovasculaires. En 25 ans (1980-2005), l’incidence du cancer a quasiment doublé chez l’homme (+93%) et fortement augmenté chez la femme (+84%).

La Cour des comptes a publié en juin 2008 son rapport consacré à la mise en œuvre du Plan Cancer dans la période 2003-2007 lancé par Jacques Chirac(2).

Si la première « déclaration de guerre mondiale contre le cancer » date de 1906, à la conférence internationale de Heidelberg et Francfort, cent ans plus tard, la guerre continue et le nombre des victimes s’accumule. Ce qui n’empêcha pas l’initiateur du plan d’exprimer devant la presse, en mars 2007, sa « fierté d´avoir contribué à avoir fait avancer ce magnifique combat pour la vie »

Certes, des « progrès importants » ont été réalisés, par exemple dans les domaines de la prévention, des droits des malades et de la recherche. Plus de 200 projets ont été financés et plus de 700 équipes de chercheurs sont actuellement au travail. Un peu plus d’une personne sur deux survit après traitement après cinq ans. Mais force est de reconnaître que les « défis » qui restent à affronter sont plus « immenses » que les progrès réalisés. Ni la société ni les pouvoirs publics n’ont réellement pris la mesure de cette tragédie qui engouffre des milliards d’euros. Sur les 140 milliards d’euros de dépenses annuelles de Sécurité sociale, 14 milliards d’euros (10 %) sont consacrés au cancer en coût direct et 17 milliards d’euros en coût indirect (coût potentiel des années de vie perdues).

Vivre avec ou combattre le cancer ?

Achevé à la fin de l´année 2007, le Plan Cancer – dont un tiers des mesures seulement a été réalisé et un autre tiers en partie seulement ou inégalement –  n´a pas de successeur. Cependant, plusieurs dispositions du plan « sont appelées à être pérennisées ou à porter leurs fruits au-delà de cette date ». L´INCa, dont la mise en place (chaotique) a été présentée comme une « mesure phare » du plan, doit poursuivre un certain nombre d´actions.

Il est malheureusement à craindre, au vu des défaillances pointées par la Cour des comptes dans la politique nationale de lutte contre le cancer, que le “crabe” ait encore de beaux jours devant lui.

Parmi les reproches exprimés par les magistrats de l’institution : les dépenses réelles ne sont pas connues ; la faiblesse des indicateurs et des tableaux de bord empêche de mesurer l’apport précis du plan (« ce qui interdit de fait une connaissance véritable de la qualité des soins actuellement dispensés aux patients ») ; l’INCa [pourtant chargé de la coordination des actions dans ce domaine] n’a toujours pas de contrat avec l’État ; le peu de transparence des comptes de l’INCa envers le grand public et les professionnels ; l’absence d’un dispositif de suivi et d’évaluation du plan ; l’absence d’un système de surveillance des cancers professionnels (« L’État n’a pas tiré les leçons de l’amiante ») ; la faiblesse des registres du cancer (qui empêche une bonne connaissance de la réalité) ; l’infime part accordée à la prévention (malgré le fait que le cancer soit connu comme maladie fortement évitable, l’essentiel de l’effort est porté sur le traitement et la recherche) ; le gaspillage de la ligne téléphonique “Cancer info service” (10 M€ en trois ans) ; l’inefficacité du plan face à l’alcool ; etc.

Ne serait-il pas temps de réfléchir plus en profondeur sur les modalités et les objectifs de cette politique qui sert en fait, essentiellement, à aider à vivre mieux avec le cancer (avec des avancées réelles en terme de thérapie et d’accompagnement) qu’à le combattre ?

Un Comité éthique et cancer

Le19 septembre 2008, le comité éthique et cancer, composé de 40 permanents, personnalités reconnues dans leur discipline pouvant être saisies à tout moment, a vu le jour. Il peut être saisi par toute personne et sur toute question légitime soulevant une problématique éthique concernant le cancer. Ce comité a un rôle consultatif et se réunit chaque trimestre.

Il peut être saisi par voie postale (Ligue contre le cancer, question éthique, 14 rue Corvisart, 75013 Paris) ou par internet (ethique@ligue-cancer.net).

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(1) 146 469 décès attribués aux tumeurs malignes en France en 2005 (Inserm).

(2) Le contrôle de la Cour a porté la gestion du plan et le degré de réalisation des objectifs qui étaient fixés au plan. Il n´a pas inclus une évaluation de l´efficacité du plan en termes d´impact médical et scientifique, que la Cour n´était pas habilitée à réaliser.

 

 

Kant et la sélection naturelle

Vous pensez que faire parler Kant de sélection naturelle constitue un anachronisme ? Lisez donc ce qui suit, si vous la prose du grand philosophe ne vous effraie pas.

Emmanuel Kant (1724-1804)Kant publie sa Critique de la raison pure, en 1790, il a 63 ans. Charles Darwin naît 19 ans plus tard, en 1809, et publie son célèbre ouvrage, l’Origine des espèces, en 1859, soit 69 ans après la publication de la Critique. Beaucoup, aujourd’hui, pensent que Darwin est l’«inventeur» de la sélection naturelle, ce qui est faux. En fait, il a été le premier, avec son collègue Wallace, à rassembler en une théorie structurée et synthétique une multitude d’observations et de pensées émises depuis longtemps.

En effet, de nombreux auteurs avaient déjà proposé cette idée d’une évolution des espèces dans le temps.

Dans le chapitre Méthodologie de la faculté de juger téléologique de la Critique de la raison pure, Kant développe même l’idée d’une façon étonnamment proche de celle de Darwin. Mais, à l’opposé de ce dernier, il vise à montrer que l’idée d’une descendance commune des êtres vivants n’est intelligible que dans le cadre d’un finalisme de la nature, c’est-à-dire d’une pensée qui donne un sens du début de la création à sa fin. Tout en précisant bien que ce finalisme ne peut être qu’opérationnel, méthodologique. Il est impossible, selon lui, de le déclarer ontologique, constitutif de la nature. Du moins dans le cadre de la réflexion scientifique.

Kant entame ainsi, en y apportant une solution originale et toujours valide, le débat qui perdure encore de nos jours entre les tenants d’une finalité de la nature (créationnisme, dessein intelligent) et ceux du hasard et de la nécessité (Monod, matérialisme).

Attention : comme pour beaucoup de textes de Kant (et en général, des philosophes allemands de cette époque), il faut s´accrocher pour lire jusqu´au bout. Prenez votre respiration avant de vous engager…

De la nécessaire subordination du principe du mécanisme au principe téléologique dans l´explication d´une chose comme fin naturelle

« (417) Le droit d´aller à la recherche d´un mode d´explication simplement mécanique pour tous les produits de la nature est en soi totalement illimité ; mais le pouvoir d´y arriver selon cette seule démarche est, en vertu de la constitution de notre entendement, en tant qu´il a affaire à des choses considérées comme des fins naturelles, non seulement très borné, mais aussi clairement limité : tant et si bien que, d´après un principe de la faculté de juger, on ne peut aucunement aboutir, par la seule première méthode, à l´explication de ces choses, et que par conséquent l´appréciation de tels produits doit inévitablement, toujours, être en même temps subordonnée par nous à un principe téléologique.

(418) Il est dès lors raisonnable, et même méritoire, de suivre le mécanisme naturel, pour parvenir à une explication des produits de la nature, aussi loin qu´il est possible d´aller avec vraisemblance, et même de ne pas renoncer à cette tentative parce qu´il serait en soi impossible de rencontrer sur son chemin la finalité de la nature, mais parce que c´est impossible pour nous, en tant qu´êtres humains ; il y faudrait en effet une autre intuition que l´intuition sensible et une connaissance déterminée du substrat intelligible de la nature, à partir de quoi précisément pourrait être indiqué un fondement du mécanisme des phénomènes d´après des lois particulières, ce qui, dépasse entièrement notre pouvoir.

Pour que le chercheur dans le domaine des sciences de la nature ne travaille donc pas en pure perte, il lui faut, dans l´appréciation des choses dont le concept comme fins naturelles est fondé de manière indubitable (les êtres organisés), placer toujours au fondement une organisation originaire qui se sert de ce mécanisme lui-même pour produire d´autres formes organisées ou pour développer la sienne en des formes nouvelles (qui cependant s´ensuivent toujours de cette fin, et conformément à elle).

Il est louable de parcourir, par l´intermédiaire d´une anatomie comparée, la vaste création des natures organisées, pour voir s´il ne se trouve pas là quelque chose qui ressemble à un système, et cela d´après le principe même de la génération —sans qu´il nous soit nécessaire de nous en tenir au simple principe de l´appréciation (lequel n´apporte aucun éclairage / pour la compréhension de leur production) et de renoncer en ce domaine, par découragement, à une compréhension de la nature. La manière dont de si nombreuses espèces animales s´accordent dans un certain schéma commun qui semble être, non seulement à la base de leur squelette, mais aussi de l´agencement des autres parties, où une simplicité admirable du plan a pu produire, par le raccourcissement d´une partie et l´allongement d´une autre, par l´enveloppement de celle-ci et le développement de celle-là, une si grande diversité d´espèces, fait surgir dans l´esprit un rayon d´espoir, certes faible, mais en vertu duquel on pourrait bien arriver, dans ce domaine, à quelque résultat avec le principe du mécanisme de la nature, sans quoi il ne saurait y avoir au demeurant en général aucune science de la nature.

Cette analogie des formes, dans la mesure où, malgré toute la diversité qu´elles présentent, elles semblent être produites conformément à un modèle originaire commun, fortifie la présomption d´une parenté réelle qui existerait entre elles dans la production par une mère primitive commune, cela à travers la manière dont les espèces animales se rapprochent graduellement les unes (419) des autres, depuis celle où le principe des fins semble être le mieux établi, à savoir l´homme, jusqu´au polype, et même de celui-ci jusqu´aux mousses et aux lichens, et enfin jusqu´au plus bas degré qui nous soit connu de la nature, jusqu´à la matière brute : c´est de celle-ci et de ces forces que semble provenir selon des lois mécaniques (semblables à celles d´après lesquelles elle agit dans les cristallisations) toute la technique de la nature, qui nous est, dans les êtres organisés, si incompréhensible que nous nous croyons tenus de penser pour en rendre compte un autre principe.

Il est donc loisible ici à l´archéologue de la nature de faire surgir à partir des traces subsistantes des plus anciennes révolutions de la nature, d´après tout le mécanisme qu´il en connaît ou qu´il lui prête, cette grande famille de créatures (car ainsi faudrait-il se la représenter si cette parenté globale dite universelle doit avoir quelque fondement). Il peut faire naître du sein de la terre, qui venait de sortir de son état chaotique (semblable à un grand animal), d´abord des créatures de forme faiblement finalisée, et de celles-ci à leur tour d´autres qui se seraient formées d´une façon plus appropriée à leur lieu de reproduction et à leurs relations mutuelles ; jusqu´à ce que cette matrice elle-même, comme raidie, se soit sclérosée et ait limité ses productions à des espèces déterminées, non exposées à dégénérer ultérieurement, et que la diversité reste telle qu´elle s´était mise en place à l´issue de l´opération de cette féconde force formatrice. Simplement l´archéologue de la nature doit-il à cette fin attribuer à une telle mère universelle une organisation qui, vis-à-vis de toutes ces créatures, possède une dimension de finalité, vu que, dans le- cas contraire, la forme finalisée des produits du règne animal et du règne végétal ne se pourrait aucunement penser dans sa possibilité*. Dès lors (420), il n´a toutefois fait que situer plus loin le fondement de l´explication et ne peut prétendre avoir rendu la production de ces deux règnes indépendante de la condition des causes finales.

Même en ce qui concerne la transformation à laquelle certains individus des espèces organisées sont accidentellement soumis, elle ne peut être appréciée comme il convient, si l´on observe que leurs caractéristiques ainsi transformées deviennent héréditaires et se trouvent intégrées dans la force de reproduction, autrement que comme un développement occasionnel d´une disposition finale originellement inscrite dans l´espèce en vue de son autoconservation : car la production de son semblable, du fait de la finalité interne complète d´un être organise, est intimement liée à la condition de ne rien admettre dans la force de reproduction qui n´appartienne aussi, au sein d’un tel système de fins, à une des dispositions originellement non développées. Si l´on s´écarte en effet de ce principe, on ne peut savoir avec certitude si plusieurs éléments de la forme pouvant maintenant se rencontrer dans une espèce ne pourraient pas être d´une origine tout aussi contingente et dépourvue de fin ; et le principe de la téléologie – savoir : dans un être organisé, n´apprécier comme dépourvu de finalité rien de ce qui se conserve dans sa reproduction – ne pourrait que devenir par là fort peu fiable dans l´application et, inévitablement, il ne vaudrait que pour la souche primitive (que, toutefois, nous ne connaissons plus). »

* Une hypothèse de ce type se peut nommer une aventure audacieuse de la raison ; et il doit y avoir, même parmi les plus pénétrants. bien peu de chercheurs, dans le domaine des sciences de la nature, dont une telle idée n´ait pas parfois traversé l´esprit. Car la chose n´est pas aussi absurde que la generatio aequivoca, par laquelle on entend la production d´un être organisé par le mécanisme de la matière brute inorganisée. Ce serait en fait toujours une generatio univoca au sens le plus général du terme, dans la mesure où quelque chose d´organique uniquement serait produit à partir d´un autre être organique, bien qu´il s´agisse, au sein de ce genre, d´êtres spécifiquement différents – comme si, par exemple, certains animaux aquatiques se transformaient peu à peu en animaux de marécages et à. partir de là, après quelques générations, en animaux terrestres. A priori, selon le jugement de la simple raison, cela n´est pas contradictoire. Simplement, aucun exemple n´en est fourni par l´expérience, d´après laquelle bien plutôt toute production que nous connaissions est generatio homonyma, et non pas simplement univoca, par opposition à la production à partir d´une matière inorganisée, mais va jusqu´à donner naissance à un produit qui est semblable, dans son organisation même, à son producteur, tandis que la generatio heteronyma, si loin que s´étende notre connaissance empirique de la nature, ne se rencontre nulle part.

» Kant, Critique de la raison pure – Appendice – Méthodologie de la faculté de juger téléologique, § 80, Aubier, Paris, 1995.

Dieu-Darwin : un débat toujours actuel

A l’approche du bicentenaire de la naissance de Darwin (2009) et du cent-cinquantenaire de la publication de son ouvrage L’Origine des espèces, les partisans d’une conception matérialiste de la nature (qui éradique tout anthropomorphisme et toute idée d’un Créateur à la source de l’Univers) et ceux, au contraire, d’un sens prédéterminé à l’Univers (qui pense qu’un Esprit créateur a voulu et le monde et l’homme) fourbissent leurs arguments, voire leurs armes. Des manifestations, des colloques, des livres vont se multiplier à l’approche de ces célébrations.

Voici un livre de Fernand Comte, diplômé de théologie et professeur de lettres. F. Comte est l´auteur de nombreux ouvrages sur la mythologie, la philosophie et les religions. Le titre de son livre est un peu trompeur, dans la mesure où le fameux débat n’apparaît qu’au milieu de l’ouvrage. L’auteur balaie d’abord sur 150 pages l’histoire des grands mythes créateurs avant d’exposer la querelle du darwinisme dans ses grandes lignes, sans apporter grand-chose de nouveau.

Sa position est assez ambiguë, car philosophiquement difficilement tenable. En effet il n´explique pas comment il passe d’un soutien sans faille à la théorie darwinienne telle qu’elle est aujourd’hui généralement partagée à une plaidoirie tout aussi appuyée envers la proposition spiritualiste de Teilhard de Chardin, tout en balayant d’un revers de main les créationnistes et les tenants du Dessein intelligent.

» F. Comte, Dieu et Darwin ; débat sur les origines de l’homme, JC Lattès, Paris, 2008.

Dieu n´en finit pas de mourir

« Le Dieu des déistes est sûrement un progrès par rapport au monstre de la Bible. Malheureusement il n´y a pas beaucoup plus de chances qu´il existe, ou qu´il ait jamais existé. Dans l´une ou l´autre de ses formes, l’hypothèse de Dieu est inutile. »

Cette citation est extraite du dernier livre de Richard Dawkins, éthologiste britannique, vulgarisateur et théoricien de l´évolution. Et grand pourfendeur des religions devant l’Eternel… Ce pamphlet, car c’en est un, connaît un extraordinaire succès : plus de deux millions d’exemplaires déj&agrav
; vendus dans le monde !

Pour Dawkins, auteur du concept de « gène égoïste » qui a fait fortune, Darwin et sa théorie de l’évolution suffisent très bien à expliquer le monde : « La tentation est naturelle d’attribuer l’apparence d’un dessein à un dessein réel. [Mais] c’est une fausse tentation car l’hypothèse du concepteur soulève aussitôt le problème plus grand du concepteur du concepteur. Tout notre problème de départ était celui d’expliquer l’improbabilité statistique. Il n’y a à l’évidence pas de solution pour postuler une chose encore plus improbable. Nous avons besoin d’une grue, pas d’un crochet céleste, car seule une grue peut faire ce travail qui consiste à monter graduellement et de façon plausible de la simplicité à la complexité qui sinon serait improbable ».

Un détail, mais qui a son importance : Darwin ni la théorie sélective ne proposent d’explication à l’émergence du monde. Et tous les écrits du naturaliste britannique, sur ce point, se réfèrent à un Créateur comme cause première. Si l’on accepte l’évolution, on n’en explique pas pour autant le fait qu’il y ait quelque chose plutôt que rien.

Sur la question de l´origine, l´hypothèse darwinienne n´est donc pas plus plausible que celle d´un Créateur…

>> Richard Dawkins, Pour en finir avec Dieu, R. Laffont, Paris, 2008.

Les jeunes de plus en plus engagés

Ils ont entre 11 et 25 ans, issus de tous horizons sociaux, associatifs, géographiques (le plus souvent des quartiers dits sensibles). Ils se sont retrouvés à plus de trois cents, à la mi-mai à Marseille, lors de la 9e édition du festival Place Publique Junior, pour présenter leurs projets.


© adrienduquesnel http://placepubliquejunior.blogspot.com

Le thème de 2008 : Passages à l’Acte, autrement dit la question de la place des jeunes dans la sphère publique, qu’elle soit éducative, professionnelle, associative ou encore militante…

« Depuis des décennies, l’image de la jeunesse dans notre pays est tout simplement incompréhensible, note le dossier de presse du festival. On l’accuse de tous les maux. Tour à tour dépolitisée, hyper individualiste, ultra consumériste, elle incarnerait à elle seule les errements de notre société en général. Mais ce chapeau est trop grand pour elle. Tous les pays n’ont pas développé une aussi forte crispation qu’en France. Alors que dans les pays nordiques, la confiance est de mise (politique d’autonomie, responsabilisation), en France, la relégation et la crainte sont plus à l’ordre du jour que l’esprit de réconciliation. »

En fait, jamais la jeunesse française n’a été aussi massivement engagée dans des actions collectives. Mais la société a évolué : chaque génération invente les outils et les moyens de son expression. La diversité de leurs formes d’intervention est grande : sociales, sanitaires, sportives, artistiques, de solidarité internationale, environnementales, humanitaires ou éducatives.

Cette année, 36 projets ont été présentés et discutés.

De nombreuses personnalités artistiques, sportives et politiques ont fait part de leurs expériences et ont apporté leur soutien : le militant Sadia Diawara, la navigatrice Cécile Poujol, Almamy Kanouté, le rappeur Oxmo Puccino, Mateo (manager de Soprano), Mohamed Mechmache (AC lefeu), Augustin Legrand (Enfants de Don Quichotte), Philip J. Breeden, consul des Etats-Unis d’Amérique de Marseille et un groupe de Détroit (Youthville Fondation).

PPJ est une manifestation coordonnée par un comité de pilotage rassemblant : L´Association française des petits débrouillards, l´Association nationale des conseils d´enfants et de jeunes, l´Oroleis de Paris, le Réseau national des Junior association, la Délégation interministérielle à la Ville et la Fédération Nationale Léo Lagrange, l´association Aide et Action et l´association des Braves Garçons d´Afrique.

Afro Tchekani récompensée


© adrienduquesnel http://placepubliquejunior.blogspot.com

Le prix 2008 de l’initiative a été remporté par Afro Tchekani, junior association de Montreuil, composé de sept jeunes femmes et dont les objectifs sont l´échange culturel, la solidarité et l´échange intergénérationnel. Leur projet « Musso Fila, les deux femmes » confronte à travers un film la vie de deux femmes maliennes : l’une vivant en France et l’autre au Mali. Afro Tchékani signifie « beauté noire » mais il faut l’entendre, selon l’équipe, comme la beauté du cœur…

La piste criminelle n’est pas la seule plausible

Le démantèlement à Messimy (Rhône) d’un laboratoire clandestin de fabrication de médicaments non autorisés a été présenté par la presse et les autorités judiciaires et sanitaires comme la fin d’un trafic purement criminel. La réalité est plus complexe.

Capture d’écran du site de l’Ina où est proposée à la vente l’enquête sur les produits Solomidès, tels ceux que fabriquait le laboratoire.

Vous avez tous vu les images de cette descente des enquêteurs de l´Office central de lutte contre les atteintes à l´environnement et à la santé publique (Oclaesp), menée le 4 juin près de Lyon dans un laboratoire clandestin de fabrication de médicaments non autorisés. Neuf personnes, dont un couple de retraités qui dirige l´association «Choisis la vie» dans la région lyonnaise, ont été placées en garde à vue à Messimy (Rhône) où s´est déroulée l´opération de démantèlement.

Certains journaux ont précisé que le laboratoire clandestin fabriquait « des produits Solomidès, du nom de Jean Solomidès, médecin qui a mis au point dans les années 50 les physiâtrons synthétiques ».

Les faits sont indéniables. Les médicaments n´avaient effectivement pas d’autorisation légale. L´Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a raison de dire que « les conditions de fabrication et de distribution des produits saisis n´apportent pas les garanties de qualité et de sécurité recherchées ». Et que « l´intérêt thérapeutique et l´innocuité de ces produits n´ont pas été démontrés ».

Mais quand le président de l´Ordre des pharmaciens affirme qu’on est là devant « un véritable charlatanisme qui a une réelle dimension criminelle et devrait être punie en tant que telle”(1) , il y a là une accusation terrible pour le moins précipitée.

En effet, ces produits sont diffusés à des personnes très malades, déjà traitées par la médecine académique, mais dont les résultats laissent, dans leur cas, à désirer. Dans leur désespoir, ces malades cherchent des voies complémentaires – et non substitutives, comme les autorités ou la presse tentent de le faire accroire.

Jean-Rémy Lepan, président du Groupe de recherche et d’études des thérapeutiques allopathiques et complémentaires (Gretac), soutient que les personnes de ce réseau sont pour la plupart des bénévoles, « des gens dévoués et désintéressés », que les produits, «peu onéreux » sont diffusés « à titre compassionnel » par l’association « Choisis la vie ». Cette dernière, tout à fait déclarée, payait les cotisations sociales de son personnel, au demeurant très réduit.

Une association connue des autorités de longue date

Elle était d’ailleurs bien connue des autorités puisqu’elle avait été, selon M. Lepan, l’objet d’une commission rogatoire il y a douze ans : « En 1992, on leur a reproché la même chose. Mais on les avait laissé continuer leur activité, sans doute parce qu’ils rendaient service malgré tout ». Sinon, pourquoi ne pas avoir démantelé le laboratoire à l’époque ?

Il reconnaît que les produits n’ont pas d’autorisation officielle, mais « s’il y avait eu beaucoup d’accidents, depuis toutes ces années, cela se saurait su ! ».

L’association « Choisis la vie » a été constituée en 1985 par d’anciens malades et de familles de malades ayant recours aux produits Solomidès. Ils se sont regroupés pour pouvoir disposer de ces produits destinés surtout « à soulager, à diminuer la douleur, à améliorer l’état général » des patients.

Jean Solomidès n’était pas un illuminé. Docteur en médecine à l´Université de Paris, bactériologue à la Faculté de médecine de Paris, attaché de recherches au CNRS, détaché durant huit ans à l´Institut Pasteur, il n’avait pas réussi à faire valider toutes ses recherches, malgré les résultats obtenus sur des malades. Seuls trois de ses physiâtrons synthétiques avaient obtenu le visa du ministère de la Santé publique. M. Solomidès expliquait qu´il avait obtenu les visas tant qu´il s´agissait d´eczéma et de bronchite, mais pas pour le cancer, « à cause de la partialité des instituts Gustave-Roussy et Curie et de l´absence de contre-expertise »(2) . Comme il avait continué à diffuser les médicaments contestés, il a été condamné pour exercice illégal de la médecine et de la pharmacie.
Ces médicaments sont autorisés voire remboursés dans d’autres pays européens.

Alors, charlatanisme ou médecine complémentaire ? Il faut au minimum, dans cette affaire, conserver le point d’interrogation. C’est ce que faisait cette enquête sur les peroxydases du Pr. Solomidès diffusée sur FR3 en septembre 1984 et diffusé sur le site de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina).

>> Commentaire : Que l´ordre des médecins et celui des pharmaciens défendent la médecine académique, ils sont dans leur rôle. Mais, tant qu´une étude impartiale et exhaustive des thérapies “différentes” n´est pas menée à bien, et selon des protocoles adéquats, ils seraient avisés d´être prudents dans leurs jugements des approches non conventionnelles.

La conscience de leurs limites face aux malades que les praticiens “officiels” ne parviennent pas à guérir, ainsi que la permanence de nombreuses maladies et l´émergence de nouvelles, devraient les inciter à la modestie et à un minimum de compréhension envers ceux qui cherchent désespérément une issue à leur souffrance et envers ceux qui les aident sur des chemins encore mal balisés…

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(1) Source AFP 4 juin.

(2) Source

Une victoire symbolique pour Greenpeace

Le 8 avril dernier, la Cour de cassation a donné raison à Greenpeace qui était poursuivi par le groupe de production d’énergie nucléaire Areva pour avoir détourné son logo.

Au terme d´une procédure qui aura durée six ans, la plus haute juridiction française se fondant sur la Convention européenne des droits de l´homme, a tranché. Selon elle, les « associations [Greenpeace France et Nouvelle-Zélande] agissant conformément à leur objet, dans un but d´intérêt général et de santé publique par des moyens proportionnés à cette fin, [n´ont] pas abusé de leur droit de libre expression ». Elle a alors cassé et annulé l´arrêt rendu le 17 novembre 2006 par la cour d´appel de Paris qui avait donné raison à l´industriel du nucléaire. « Voilà une victoire importante et symbolique pour Greenpeace qui se voit ainsi renforcé et légitimé dans son rôle critique vis-à-vis de l´industrie nucléaire, et dans son droit à faire valoir son opinion, a déclaré Frédéric Marillier, responsable de la campagne nucléaire à Greenpeace France. Mais cette décision aura aussi un impact beaucoup plus large pour la liberté d´expression des associations, des syndicats ou des médias, et leur droits à la critique. »

L´affaire remonte à l´année 2002. Comme de nombreuses vieilles industries polluantes, le géant du nucléaire français avait décidé de se faire une nouvelle image à travers un nouveau nom, Areva, et un nouveau logo. Pour dénoncer cette opération cosmétique, Greenpeace avait détourné ce logo. Areva avait alors assigné Greenpeace en référé, demandant qu´on interdise à l´association d´utiliser ce logo détourné. S´en sont suivis six ans de procédure et de rebondissements.
Greenpeace va donc pouvoir réutiliser ce logo ou en parodier d´autres.

L’atome n’aime pas la lumière

Mercredi 23 avril, une dizaine de policiers ont fait irruption chez Jean Marcon, président de l´association Médiane (association antinucléaire localisée en Provence) et représentant du Réseau “Sortir du nucléaire” (Fédération de 810 associations) en Provence. Jean Marcon a été menotté, transféré au commissariat de Manosque, et placé en garde à vue pendant 19 heures. Son appartement a été mis sens dessus dessous par la police.

Le prétexte de cette démonstration de force ? La simple diffusion d´un tract, dont il assure ne pas être l’auteur, dénonçant la construction en cours du réacteur Iter à Cadarache (Bouches-du-Rhône).

Cette action musclée suit de peu la mise en garde à vue de Stéphane Lhomme, le mardi 25 mars, durant 10 heures, dans les locaux de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST). Le crime de ce porte-parole de “Sortir du nucléaire” : la publication par son association d’un document classé “Confidentiel défense” révélant la vulnérabilité du réacteur EPR en cas de crash suicide d´un avion de ligne. Et aujourd’hui, du coup, publié sur une centaine de sites…

Pour la seule détention de ce document, Stéphane Lhomme risque 5 ans de prison et 75 000 euros d´amende.

>> Commentaire : Cet article n´est pas destiné à soutenir Greenpeace ni Sortir du nucléaire, mais à attirer votre attention sur les enjeux d´une information libre et contradictoire. On le voit, ce principe n´est toujours pas acquis, y compris dans nos sociétés prétendûment modernes et démocratiques. Le combat pour la connaissance et l´information complexe est permanent. C´est une des priorités d´Ouvertures.

 

Succès du “point de signalement” des effets secondaires

L’association belge de défense des consommateurs Test-Achats a lancé un “point de signalement des effets secondaires des médicaments” sur internet. Après un an et demi de fonctionnement, le succès est au rendez-vous.

Le site de l’association, www.contactmedicaments.be, a enregistré 250 notifications. Sur les 250 notifications, 75 pc ont concerné des médicaments pour le système cardio-vasculaire, suivis par des médicaments pour le système nerveux. Plus de 37 pc des patients indiquent avoir arrêté le traitement à cause des effets indésirables.

Avant la mise en œuvre de l’opération, les patients souffrant d´effets secondaires ne pouvaient s´adresser qu´à leur praticien de santé, qui se chargeait ensuite de relayer l´information.
Or, selon Test-Achats, l´information donnée par le patient est plus intéressante car « plus abondante et plus concrète ».

Les prestataires de soins restent les premiers contacts. « Toutefois, indique l’association, il semblerait que certains négligent parfois de donner suite au signalement du consommateur, par exemple en ne le rapportant pas à l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (Afmps). Conséquence, un nombre important d’effets secondaires restent longtemps inaperçus ou semblent rares, alors qu’ils surviennent peut-être régulièrement et méritent d’être connus ».

Critiques corporatistes du monde médical, questions au Parlement et un accord de coopération avec l´agence fédérale des médicaments plus tard, plus personne ne peut encore nier les résultats, s’enorgueillit Test-Achats. Ceci confirme qu’un système où les patients peuvent adresser directement leurs plaintes au sujet des effets secondaires est un « complément nécessaire à la responsabilité des prestataires de soins ».

Test Achats demande plus de transparence autour de la sécurité des médicaments. Elle plaide pour la mise en place d’un site web d’accès aisé pour les consommateurs avec un aperçu des effets secondaires des médicaments, ouvert en toute transparence au niveau fédéral et européen.

Comment s’effectue le contrôle des médicaments ?

En Belgique, un patient ne peut transmettre ses plaintes qu’à un médecin, un pharmacien ou un dentiste qui, à son tour, peut en informer le Centre belge de pharmacovigilance via les formulaires de signalement officiels (les “formulaires jaunes”). Ces formulaires sont destinés aux prestataires de soins, pas aux patients. Dorénavant, chacun peut aussi faire usage du formulaire de signalement de test-Achats. Toutes les notifications concernant des effets indésirables de médicaments sont transmises au Centre de pharmacovigilance, département de l´Agence des médicaments. Si nécessaire, le ministre de la santé publique peut prendre des mesures : prévenir les prestataires de soins, adapter la notice (compléter les effets non désirés ou les ajouter aux contre-indications) ou modifier les conditions d’obtention du médicament (vente libre ou non). Dans des cas rares, les effets secondaires peuvent être tellement graves que le médicament est suspendu, voire retiré du marché.