Le franc CFA toujours contrôlé par Paris

Au sortir de la colonisation, les pays africains et la France signèrent une convention réglant leurs relations monétaires. Certaines voix s’élèvent pour dénoncer le caractère inéquitable de ce contrat toujours en vigueur et la dépendance africaine : aujourd’hui encore, la monnaie des pays de la Zone franc est pour une bonne part contrôlée par le Trésor public français. Pour ces commentateurs, une plus grande autonomie des économies africaines est souhaitable. Mais leurs chefs d’État auront-ils le courage de la réclamer et de s’organiser pour être enfin autonomes ?    

  Le professeur Nicolas Agbohou en mode Gainsbarre… Selon lui, les institutions et les principes de fonctionnement de la Zone franc CFA bloquent le décollage socio-économique et politique de l’Afrique.
Nicolas Agbohou est professeur associé à l’Institut Cheikh Anta Diop de l’Université du Gabon et enseigne les sciences et techniques économiques en France.
Crédit y-voir-plus.ivoire-blog

« Poser la question de la souveraineté financière de l’Afrique serait-il un acte révolutionnaire, dangereux ou anticolonialiste ? Non, il s’agit d’une revendication logique d’égalité entre partenaires de même rang, comme le sont les États africains de la Zone franc et la France. »
L’auteur de ces propos, Dominique Kounkou, docteur en droit international public, avocat inscrit au Barreau de Paris, suggère que « le temps de la monnaie africaine est arrivé ». Dans un livre récent(1) , qu’il a présenté le 23 octobre dernier dans les locaux de l’ambassade de Côte d’Ivoire, il s’étonne que les comptes des pays africains de la zone franc soient gérés encore à l’heure actuelle, et donc contrôlés, par le Trésor français par l’intermédiaire des fameux comptes d’opérations (voir ci-dessous). Une situation de dépendance qui lui semble archaïque et malsaine, même si, apparemment, cette situation résulte d’une convention entre les différents partenaires. La France, dans cette configuration, paraît un peu plus « égale » que les autres…

Pour Dominique Kounkou, « s’il est important pour les Africains de disposer de leur propre monnaie pour asseoir la coupure du cordon ombilical avec la France, cette quête d’identité monétaire ne saurait faire l’économie d’un travail de fond : juridique, politique, économique et sociologique ».

Légende : Lors de la présentation de son livre à l’ambassade de la Côte d’Ivoire.

Photo : JL ML.

Du pacte colonial à la Convention de 1972

La Zone franc regroupe 14 pays d’Afrique sub-saharienne(2) , les Comores et la France. Elle est issue, comme le dit la Banque de France, de « l’évolution de l´ancien empire colonial français et de la volonté commune de ces pays de maintenir un cadre institutionnel qui a contribué à la stabilité du cadre macroéconomique ». En 1959, les pays d’Afrique de l’Ouest s’associent au sein de la BCEAO (Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest). La même année, les pays d’Afrique centrale créent la BCEAEC qui deviendra la BEAC (Banque des États de l’Afrique Centrale). Les principes de la coopération monétaire entre la France et les États membres de la zone franc ont été énoncés dès les années 1960 dans le cadre d’un pacte colonial. Ce pacte a été modifié par la convention de coopération monétaire du 23 novembre 1972 entre les États membres de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) et la France d’une part, et par l’accord de coopération du 4 décembre 1973 entre les pays membres de l’Union Monétaire Ouest-africaine (UMOA) et la République française d’autre part.

Les 4 principes de la coopération Zone franc/France

La coopération monétaire entre la France et les pays de la Zone franc est régie par quatre principes fondamentaux :

  • la garantie du Trésor français à la convertibilité en euros des monnaies émises par les trois instituts d´émission de la zone ;
  • la fixité des parités entre l’euro et les francs CFA ;
  • la liberté des transferts au sein de chaque sous-ensemble ;
  • la centralisation des réserves de change. Depuis 1975, ces réserves de change bénéficient également d’une garantie de non-dépréciation.

En contrepartie de cette garantie, les trois banques centrales sont tenues de déposer une partie de leurs réserves de change auprès du Trésor français sur leur compte d’opérations.

Le fonctionnement du compte d’opérations a été formalisé par des conventions entre les autorités françaises et les représentants des banques centrales de la Zone franc. Ils fonctionnent comme des comptes à vue ouverts auprès du Trésor français, sont rémunérés et peuvent, dans des circonstances exceptionnelles, devenir débiteurs.

Lors de l’adoption de l’euro, la monnaie européenne a remplacé le franc comme ancre monétaire des francs CFA et comorien. C’est là un point qui chiffonne Dominique Kounkou, pour qui il y a eu alors rupture unilatérale de contrat : « La perte de la souveraineté monétaire de la France au profit de l’Union européenne pose de nombreuses questions. Imposée de fait aux États africains, elle est anti-conventionnelle. Dans la convention de 1972, il n’est prévu aucune possibilité de monnaie substitutive au franc français ».
Il aura fallu attendre le 20 septembre 2005 pour, en quelque sorte, « régulariser » la situation au moyen d’un avenant réformant la coopération monétaire dans la zone Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA).

Des négociations sous la contrainte

Mais le bât blesse aussi ailleurs, dans « la contrainte exercée par la France puis par l’Union européenne sur les États africains membres de la zone BEAC. C’est la théorie des traités inégaux. Vu la manière dont s’est opéré le passage du franc français à l’euro, on serait tenté de dire que l’Afrique a été obligée de consentir à l’arrimage de sa monnaie à l’euro sous l’empire de la contrainte, comme ce fut le cas dans la période coloniale. Les négociations menées à l’époque le furent dans le contexte des relations entre puissance européennes et chefs de tribus de l’Afrique centrale à qui les Européens montraient des cartes volontairement falsifiées. Ainsi, nous avons été ramenés à la problématique de la contrainte exercée sur les États africains. Traditionnellement, cette contrainte s’exerce par la force armée. Depuis les indépendances, elle est constituée par de la pression politique et économique ».

C’est pourquoi, selon Dominique Kounkou, ces « conventions inégales » devraient être «considérées comme invalides à cause notamment de l’absence de réciprocité réelle dans les prestations et des risques d’atteinte à l’autodétermination que de telles conventions impliquent ». Certains chefs d´État ne veulent plus de cette position monétaire. Le problème est qu´ils n’expriment pas officiellement leur désaccord. Quelques collectifs, des ONG internationales(3)  et des Ivoiriens, se battent aujourd’hui sur cette question de la monnaie.
A l’heure actuelle, ce sont plutôt des personnalités de second rang qui s´expriment officieusement
Ainsi Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et professeur d’économie. Dans un entretien réalisé pour New African, il fait la critique du système actuel et prône la construction d´une monnaie africaine.

Pour Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et professeur d’économie, les banques africaines de la Zone franc « n’ont aucun pouvoir et ne sont rien de plus que de gigantesques institutions bureaucratiques qui ne décident pas des politiques monétaires ».

La zone du franc CFA, dit-il, est « une union de coopération monétaire dont les leviers de contrôle se situent à Paris où priment les intérêts de la France. Juste avant que la France n’accède aux demandes d’indépendance des pays africains dans les années 1960, elle a obligé ces États à placer 65% [50 % aujourd’hui, ndlr] de leurs réserves de change sur un compte du Trésor français, après avoir défini un taux de change fixe du franc CFA. Bien que la gestion de cette monnaie ait été confiée à des banques centrales communes [BEAC et BCEAO, ndlr], ces banques n’ont d’africain que le nom. En réalité, elles n’ont aucun pouvoir et ne sont rien de plus que de gigantesques institutions bureaucratiques qui ne décident pas des politiques monétaires ». Pour M. Koulibaly, cette union a apporté à la France « d’immenses avantages en termes de marchés pour ses biens et services. (…) Par exemple, les réserves de change des États de la zone franc sont placées sur un compte commun du Trésor français, mais aucun pays africain n’est capable de dire quelle partie de cet argent durement gagné lui appartient. Seule la France a le privilège d’accéder à ces informations. Et pourtant ces fonds, placés sur des “comptes d’opérations”, génèrent des intérêts à chaque fois que leur montant est supérieur aux besoins d’importation des pays africains concernés».

La réforme de la coopération monétaire France/Zone franc
(selon le Sénat français)

– La réforme des relations avec l’UMOA

A la suite de l´introduction de l´euro, une réforme de la coopération monétaire dans la zone Union monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UMOA) a été conclue par un avenant, signé le 20 septembre 2005, à la convention de compte d´opérations du 4 décembre 1973 entre la France et la Banque centrale des Etats d’Afrique de l´ouest (BCEAO). Les aménagements techniques ont été les suivants :

  • le taux de centralisation obligatoire des avoirs extérieurs nets de la banque centrale sur le compte d’opérations est fixé à 50 %, contre 65 % auparavant ;
  • la gestion de la fraction des avoirs que la BCEAO gère en propre peut être effectuée librement, dans le cadre des dispositions de l’avenant et d’une politique d’investissement et de contrôle des risques mise en place par la BCEAO, conformément à ses dispositions statutaires ;
  • en contrepartie, le solde créditeur du compte d´opérations est assorti d’une rémunération différenciée assise sur les taux de la Banque centrale européenne, selon qu’elle s´applique à la quote-part des avoirs qui doit être conventionnellement centralisée au compte d’opérations, ou au solde excédant cette quote-part ;
  • enfin, la garantie de la valeur des avoirs contre une dépréciation de l’euro est appliquée exclusivement à la quote-part des avoirs obligatoires (soit 50 %).

– La réforme des relations avec la CEMAC

Une réflexion a également été engagée en 2006 dans la CEMAC (Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale) et un avenant à la convention de compte d’opération a été signé en janvier 2007 avec la banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). Comme pour l’UMOA, la réforme consiste à abaisser progressivement (en trois étapes, du 1er juillet 2007 au 30 juin 2009) de 65 % à 50 % la quotité des avoirs extérieurs de la BEAC obligatoirement déposés sur le compte d’opérations du Trésor français, et à n’appliquer les avantages consentis sur le solde créditeur en co
pte d´opérations qu’à cette seule quotité.

Dans les deux cas, l’int&eacut
;rêt de cette réforme est de donner une plus grande autonomie à la BCEAO et à la BEAC dans la gestion de leurs avoirs et de leurs réserves de change. En limitant les avantages consentis sur le solde créditeur en compte d’opérations (une rémunération avantageuse et la garantie de change) à la seule quotité obligatoirement déposée, ces réformes permettent également une économie budgétaire substantielle pour les finances publiques, a fortiori dans le contexte actuel de forte hausse des réserves de change des pays de la Zone franc.

En contrepartie, la France s’est engagée à soutenir l´intégration régionale dans la zone. Elle apporte ainsi depuis 2005 un financement annuel de 20 millions d´euros, sous forme d’aide budgétaire globale, au Programme économique régional de l’UMOA. Un engagement comparable a été pris en zone CEMAC et se traduit par un financement de 10 millions d’euros à la commission de la CEMAC en 2008 puis de 20 millions d’euros par an à partir de 2009.

(Source : projet de loi de finances 2009)

Respecter et se faire respecter

Si la Zone franc perdure depuis plus de soixante ans, malgré les effets négatifs qu’elle continue de produire dans pays africains, cela est dû, selon Mamadou Koulibaly, « à l’influence que la France exerce sur les pays d’Afrique francophone, même si les partisans utilisent les arguments suivants pour défendre leur position : garantie monétaire, qui génère un afflux de capitaux, mesures d’austérité limitant le risque d´inflation et permettant de maintenir l´équilibre de la balance extérieure, et crédibilité de la monnaie ».

Les partisans du franc CFA ignoreraient « la répression politique et financière qu’ont exercée les présidents français successifs sur les pays africains qui ont tenté de se retirer de la zone franc. (…) Nous avons été témoins de mesures répressives visant à couper court à toute velléité d’émancipation du système : la protection des intérêts français a engendré récemment des crises au sujet de l’uranium au Niger, de l’or au Mali, du pétrole au Tchad, des matières premières et du transfert des actions d’entreprises du service public en Côte d’Ivoire, auxquelles sont à ajouter d’autres crises au Rwanda, en République démocratique du Congo et au Sénégal ».

Pour le parlementaire ivoirien, M. Koulibaly, le CFA doit acquérir une autonomie, se libérer du « joug colonial : il suffit que nous décidions de nous choisir nos politiques et d’en assumer la responsabilité. La liberté n’a de sens que si elle est assortie de responsabilité ». De son côté, Dominique Kounkou met l’accent sur la responsabilité des élites africaines : «La Zone [franc] a fait ses preuves, malgré l’économie de traité inégal qui l’a fait naître. Elle est maintenant un modèle qui peut servir à la mise en place d’une monnaie africaine. Savoir faire prospérer cet héritage qui a façonné les pays d’Afrique centrale est une haute responsabilité dont on ne peut pas se dédouaner en accusant toujours le colonisateur. Le défi actuel de l’Africain est de se positionner en acteur responsable et capable de négocier pour ses propres intérêts en respectant ses partenaires et en se faisant respecter par les acteurs du monde».

CFA signifiait entre 1945 et 1958 colonies françaises d´Afrique, puis après la décolonisation communauté française d´Afrique. Le franc CFA sera-t-il un jour réellement franc de la communauté financière d´Afrique ?

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(1) D. Kounkou, Monnaie africaine – La question de la zone franc en Afrique centrale, L’Harmattan, Paris, 2008.

(2) En Afrique de l´Ouest : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d´Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. En Afrique centrale : le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale et le Tchad.

(3) Comme le Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM) ou le Centre national de coopération au développement (CNCD).

Confiscation du vivant : conspiration ou convergences d’intérêt?

D’un coté, les gouvernements semblent prendre conscience de la nécessité de protéger l’environnement ; de l’autre, ils cherchent à éliminer tout ce qui peut être libre et naturel. L’agriculture, la médecine naturelle, les thérapies alternatives ainsi que les produits de complément alimentaire sont particulièrement dans leur collimateur. S’agit-il d’un complot mondial, comme le prétendent certains ? Non, selon l’analyse du journaliste Jean-Yves Udar (AlTerrNatPresse). En revanche, il existe bel et bien une volonté de mettre la main sur le vivant au nom d’intérêts qui ne sont pas ceux de l’ensemble des citoyens.


Crédit : Fnab

Pour commencer notre réflexion, nous nous sommes penchés sur le fameux Codex alimentarius. Sa fiche d’identité : créé en 1963, le Codex alimentarius est un programme commun de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il consiste en un recueil de normes, codes d’usages, directives et autres recommandations relatifs à la production et à la transformation agro-alimentaires dont l’objet est soit la sécurité sanitaire des aliments, soit la protection des consommateurs et des travailleurs des filières alimentaires, et la préservation de l’environnement.

Le Codex alimentarius : de bonnes intentions

La présentation sur le site de la FAO :

« Le Codex alimentarius est devenu la référence mondiale qui fait autorité pour les consommateurs, les producteurs et les transformateurs de denrées alimentaires, les organismes nationaux de contrôle des aliments et le commerce international des produits alimentaires. Son impact sur tous ceux qui interviennent dans la production et la transformation des aliments, et sur la sensibilisation de ceux qui les utilisent est prépondérant. Son influence s’étend à tous les continents et sa contribution à la protection de la santé des consommateurs et à la garantie de pratiques commerciales loyales est incommensurable. Il constitue une occasion unique pour tous les pays de se joindre à la communauté internationale pour participer à la formulation et à l’harmonisation de normes alimentaires et en assurer l’application à l’échelle internationale. Il leur permet également de contribuer à l’élaboration de codes d’usages en matière d’hygiène et de recommandations visant le respect de ces normes.

L’importance d’un code alimentaire pour la protection de la santé des consommateurs a été soulignée en 1985 par la résolution 39/248 de l’assemblée générale des Nations Unies aux termes de laquelle des directives ont été adoptées pour l’élaboration et le renforcement des politiques concernant la protection du consommateur. Ces directives recommandent aux “gouvernements de tenir compte de la nécessité d’une sécurité alimentaire pour tous les consommateurs, et d’appuyer et, autant que possible, d’adopter les normes… du Codex alimentarius” de la FAO et de l’Organisation mondiale de la santé.

Le Codex alimentarius revêt une importance particulière pour le commerce international des denrées alimentaires. Disposer de normes alimentaires universelles pour la protection du consommateur sur un marché mondial en constant élargissement présente des avantages manifestes. Il n’est alors guère surprenant que l’Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) et l’Accord sur les obstacles techniques au commerce (OTC) encouragent l’harmonisation internationale des normes alimentaires. »

Le Codex : une insulte à la démocratie

En quoi consiste la polémique à l’ égard de ce Codex ?

Voici une partie d’un texte très critique, non signé, sur le site lespacearcenciel.com. Ce qui est fâcheux, c’est qu’aucune source n’est communiquée. Ce qui a bien évidemment comme conséquence non seulement de tuer l’information, mais, plus grave encore, d’inspirer des interprétations extrémistes. Les arguments ne sont pourtant pas dénués d’intérêt.

« Les buts principaux de ce programme sont la protection de la santé des consommateurs, la promotion de pratiques loyales dans le commerce des aliments, et la coordination de tous les travaux de normalisation ayant trait aux aliments entrepris par des organisations aussi bien gouvernementales que non gouvernementales.

Les responsables et les experts qui ont jeté les bases et défini les orientations des activités de la Commission du Codex alimentarius étaient d’avis que si tous les pays harmonisaient leurs législations alimentaires et adoptaient des normes approuvées à l’échelle internationale, ces questions trouveraient une solution naturelle. Grâce à l’harmonisation, ils prévoyaient une réduction des obstacles au commerce et la libération des échanges entre les pays, dont tireraient profit les agriculteurs et leurs familles et qui aideraient à atténuer la faim et la pauvreté (voir le résultat 40 ans après !). Ils concluaient que le Codex Alimentarius serait la panacée pour certaines des difficultés qui entravaient la liberté d’échange.

Le volume du commerce mondial des denrées alimentaires est considérable et sa valeur est de 300 à 400 milliards de dollars. Les gouvernements nationaux se préoccupent surtout de l’innocuité des aliments importés d’autres pays, afin qu’ils ne menacent ni la santé des consommateurs, ni la santé et la sécurité de leurs populations animales et végétales. En conséquence, les gouvernements des pays importateurs ont institué des lois et des règlementations contraignantes pour éliminer ou réduire au minimum ces périls. Mais dans le domaine du contrôle des denrées alimentaires, des animaux et des végétaux, ces mesures risquent de créer des obstacles au commerce des denrées alimentaires entre les pays (business d’abord !) ».

Ce qu’il en découlerait : « Derrière des atours séducteurs d’apparence philanthropique, le Codex n’est que le bras séculier d’une organisation, dont la vocation secrète n’est que l’exploitation à outrance, quelles qu’en soient les conséquences et la mise en esclavage de l’humanité. D’ailleurs, il est clair que la mise en place de cet organisme mondial n’a fait que créer ou aggraver les disparités socio-économiques, contrairement à ce qui était promis au départ. Par exemple, l’Europe paie actuellement, tous les ans, une amende de 116.8 millions de dollars pour son refus d’importation de veau aux hormones.

Le Codex alimentarius entend mettre hors la loi toute information alternative de santé en rapport avec les vitamines, les thérapies naturelles, les compléments alimentaires et tout ce qui constitue de près ou de loin un concurrent potentiel. »

Selon l’auteur de cette charge, il en résulterait « une insulte à la démocratie. Le 13 mars 2002, nos euro-députés adoptèrent des lois en faveur de l’industrie pharmaceutique, fixées par des dispositions du Codex alimentarius visant à élaborer une réglementation coercitive pour toutes les thérapies naturelles et suppléments alimentaires. Une fronde citoyenne de 438 millions de pétitions inonda pourtant les messageries des euro-députés, à tel point que les communications internes en furent bloquées. Malgré près d’un demi-milliard de pétitions, les directives du Codex alimentarius furent adoptées. Ce vote fut un véritable déni de démocratie augurant de futures difficultés pour la construction de l’Europe ».

L’intérêt des multinationales

Nous sommes en droit de nous demander si le Codex alimentarius ne sert pas les intérêts des consommateurs mais plutôt ceux des multinationales de l’industrie agroalimentaire, de la pharmacie, de la chimie ou de la biotechnologie. Il semble en effet que sous des apparences généreuses et sécurisantes il s’agirait, en fait, d’un moyen détourné de tenir sous son pouvoir les gouvernements eux-mêmes avec, comme menace, des moyens de riposte commerciale. Si nous admettons l’extrapolation de ceux qui avancent cette thèse,  ce qui paraitrait problématique dans  ce code alimentaire, c’est l’orientation qu’il prendrait  comme soit disant une alternative, une sécurité à la «malbouffe».

En fait, il apparait que ce n’est pas vraiment le cas, notamment dans ces projets de régulations qui voudraient, au nom d’une normalisation, imposer l’irradiation des produits issus de l’agriculture biologique (en fait, un bombardement au cobalt des aliments pour assurer leur conservation), y ajouter plusieurs produits chimique,  faire séjourner les produits végétaux comme les bananes ou les avocats au contact d’un gaz de éthylène qui est un catalyseur essentiel de la maturation des fruits. Ces procédés de conservation sont depuis longtemps pratiqués dans l’alimentation conventionnelle non bio.

Mais, si l’on accepte l’idée d’appliquer ces moyens aux produits issus de l’agriculture biologique, à quoi servirait de cultiver bio et que deviendrait l’intégrité du produit lui-même ? Rappelons qu’un produit bio contient beaucoup plus d’éléments nutritifs, de vitamines,  qu’un produit non bio. Que l’agriculture biologique est respectueuse de la terre, ne traite pas celle-ci avec des produits chimiques, utilise des semences certifiées bio et s’impose des contrôles, une traçabilité complète du processus de production. Ce qu’il faut également savoir, c’est que pour prouver que toutes ces étapes ont été respectées, l’agriculteur ainsi que toute la filière bio prennent  entièrement à leur charge le surcoût de ces contrôles.

Il faut donc payer plus cher pour faire un produit naturel ! Ce qui est tout de même un comble ! Si effectivement l’on accrédite l’éventualité de la mise en application de l’ensemble des procédés exigés par le codex alimentaire, il est incontestable que l’on tuera à terme purement et simplement la culture biologique et par delà même les variétés qu’elle représente.

Une autre disposition de ces textes attire notre attention : c’est, entre autres, celle concernant les produits touchant aux médecines non allopathiques ainsi que les produits naturels où il pourrait y avoir à terme de grand changement. Des pratiques pourraient interdites : médecine énergétique, acuponcture… Il y a volonté de remplacer les éléments naturels par des produits de synthèse.

Purin d’ortie et homéopathie dans le collimateur

Quelque soit l’interprétation que ces textes peuvent susciter, il faut rester circonspect sur les accusations portées contre les institutions et leurs supposées mauvaises intentions.
Par contre, si l’on part de l’interprétation donnée, à savoir profiter d’une norme comme le Codex pour servir les intérêts des holdings, là, nous pouvons redoubler de vigilance, car les précédents font légions surtout dans la bio.

Rappelons l’affaire sur l’interdiction du purin d’ortie, l’essai de la législation Française d’interdire définitivement toutes les graines anciennes qui ne seraient pas référencées sur le catalogue « officiel », qui est en fait à l’origine de l’affaire de Kokopelli qui titre sur son site : « Il faut être réaliste : les semences que défend l’association Kokopelli étaient maintenues dans l’illégalité par une volonté politique. Malgré les directives européennes, les avis de l’ONU, du Sénat, de scientifiques, d’agronomes affirmant l’urgence de sauvegarder la biodiversité végétale alimentaire, l’Etat français refuse de libérer l’accès aux semences anciennes pour tout un chacun. C’est ce qui permet aujourd’hui aux magistrats d’infliger ces lourdes peines à l’association Kokopelli ».

Toujours à titre d’exemple concernant les médecines appelées différentes, il est vrai que l’homéopathie subit depuis plusieurs années de vives critiques, à tel point que plusieurs des substances d’origine animale ayant des effets thérapeutiques irremplaçables sur certaines affections (rhumatisme) ont été purement et simplement interdites. Plusieurs articles parus dans la presse anglaise ont totalement classé cette pratique comme inefficace. Les actions menées notamment au niveau européen par Eliant, concernant la nécessité au nom de la diversité pour maintenir la culture biologique pour les plantes servant à l’élaboration de produit homéopathique, sont à citer comme exemple.

Le mouvement anthroposophique publie une pétition pour recueillir un million de signatures (voir Ouvertures n° 4). Objectif : peser sur l’Union européenne pour qu’elle ne lamine pas les démarches “différentes” comme l’agriculture biodynamiq
e et les produits qui en sont issus,
’enseignement pratiqué dans les écoles  Steiner ou encore les thérapies issues de la médecine d’orientation anthroposophique. Cette initiative citoyenne devrait aussi concerner toutes les approches originales respectueuses du vivant, comme l’homéopathie ou l’agriculture biologique.

« Ce qui n’est pas expressément permis est interdit »

L’évolution des législations européennes menace l’existence des contributions originales issues de l’anthroposophie, mais pas seulement. En effet, elle passe de plus en plus du «ce qui n’est pas interdit est permis» à «ce qui n’est pas expressément permis est interdit». Cela change tout ! Car, désormais, seuls les producteurs ou les acteurs (publics et privés) bien représentés auprès de la Commission ont droit de cité. Ce qui risque d’écarter nombre de groupes et d’intérêts peu ou pas reconnus par les instances nationales. Mais dont l’action peut être bénéfique à la société.

Les médicaments spécifiquement anthroposophiques qui ne relèvent pas des catégories reconnues par les directives sur les médicaments risquent à terme de disparaître. Déméter International a perdu le droit de diffusion sous sa marque d’aliments pour nourrissons (directive UE 96/5/EG), le cahier des charges Déméter n’autorisant pas l’ajout de vitamines artificielles, alors que cette directive UE l’exige.

Les organisations internationales anthroposophiques (associations médicales, laboratoires pharmaceutiques, mouvement de culture biodynamique et association Déméter, fédération des écoles Steiner, associations de consommateurs de produits biodynamiques) se sont regroupées au sein d’une Alliance européenne d’initiatives issues de l’anthroposophie, Eliant. Elles réclament des cadres législatifs pour que « les innovations anthroposophiques dans tous les domaines puissent survivre et continuer à jouer leur rôle dans la civilisation. L’anthroposophie et les initiatives qui en sont issues sont au centre de la tradition européenne de dignité humaine, de développement individuel et de liberté de choix dans une société multiforme ».

Qu’en dit l’agriculture bio ?

Qu’en est-il des dispositions au niveau de la Communauté européenne sur l’agriculture biologique ?  La thèse de l’entente nécessaire des pays serait-elle crédible ?

Commentaires de la Fnab  (Fédération nationale de l’agriculture biologique) : «Le nouveau dispositif réglementaire bio européen qui s’appliquera à partir du 1er janvier 2009 est désormais connu dans ses grandes lignes. En effet, le principal a été adopté à Bruxelles ce 2 juillet 2008. Il définit les dispositions pratiques de production, transformation et contrôle et vient compléter les “principes” généraux et les grandes “règles” du règlement-cadre concernant les produits issus de l’agriculture biologique (834/2007) voté il y a un an.

Malgré 2 ans et demi de travail intense et de revendications portées par la Fnab, de nombreux points, plus ou moins importants sont restés insatisfaisants, inaboutis ou incomplets dans ces deux règlements. De manière générale, on constate que le texte européen, qui se voulait  “plus simple, plus clair et plus transparent” a raté son objectif puisqu’il faudra croiser systématiquement texte cadre et règlement. On est très loin d’une approche globale et pédagogique.

Le texte ne prend pas plus en comptes des attentes sociétales et écologiques : il n’aborde pas certains sujets tels que la gestion de l’eau et des déchets, les emballages, l’énergie, la proximité, etc.

Le règlement d’application ne reprend, à quelques exceptions près, que des éléments de l’actuelle réglementation bio de l’Union européenne. Des sujets couverts par le texte cadre (précautions/ OGM, procédés de transformation, analyse des risques) ne sont pas développés. Les nouveaux domaines tels que l’aquaculture, la vinification, les levures ne seront réglementés qu’en 2009 ou 2010. De nombreux points sont laissés à l’avancement de groupes de travail à venir (plan de contrôle, transformation, normes, élevage des volailles)».

Règlement européen de l’agricultre bio : les points qui fâchent

  • Contamination accidentelle OGM tolérée en bio jusqu’à 0,9%
  • Nombreux problèmes sur les règles d’élevage, inférieures à celles appliquées aujourd’hui en France
  • Elevage sans lien au sol possible. Liaison au sol alimentaire exigée uniquement pour les herbivores et sans obligation sur l’exploitation même
  • Traitements vétérinaires allopathiques moins restreints (notamment pour les antiparasitaires)
  • Autorisation sans limite de temps de la mixité bio/non bio dans les élevages
  • Age minimum d’abattage remis en cause pour les volailles, inexistant pour les porcs
  • Engraissement en bâtiment autorisé 3 mois uniquement pour les bovins, et jusqu’au 31/12/2010 pour les ovins (agneaux de bergerie)
  • Des règles concernant les bâtiments peu exigeantes
  • Collecte mixte bio/non bio autorisée de toutes les matières premières
  • Nouveau système de contrôle moins exigeant : fréquence plus faible
  • Principe de flexibilité : gestion plus souple des dérogations : chaque état membre a le choix dans un éventail de dérogations, il est libre de sélectionner une bio différente de celle des autres états, sans transparence pour les consommateurs
  • Interdiction des réglementations officielles nationales complémentaires. Les demandes faites par la France d’améliorer certaines dispositions pour qu’elles se rapprochent des actuelles règles françaises n’ont pas abouti…

Nous ne nous hasarderons pas sur la piste de la conspiration. Pourtant, il est clair qu’au comptant, comme au terme, le cahier des charges de la bio aura tendance à devenir moins contraignant, moins exigeant tant sur les semences que sur les pratiques du mode de culture. Enfin, moins intransigeant sur le mélange avec des produits non bio (c’est le moins que l’on puisse dire !). Rappelons qu’il y a environ 5 ans, un agriculteur du Tarn-et-Garonne s’était vu refuser sa production de blé parce qu’il y avait moins de 0,2% de substance OGM dans sa livraison (en fait il restait des résidus OGM dans la remorque ayant servie à une précédente livraison !)

Que dire lorsqu’en 2009 nous en sommes à  0,9% ? Principe ? Non mais cela veut dire en d’autres termes que la contamination des OGM est avérée (si ce n’était pas le cas pourquoi y aurait-il ces seuils ?). Et, concernant les contrôles effectués auprès des agriculteurs bio, puisque nous constatons une dégradation des exigences, il serait souhaitable que le coût des contrôles puisse également diminuer. Rappelons que ces coûts constituent une lourde charge pour tous les acteurs de la filière. Et pourquoi cette charge qui obère les budgets des petits producteurs ne serait-elle pas payée par les grandes exploitations qui produisent en quantité des produits de qualité bien inférieure ou si c’est produits s’avèrent être importés, les taxer dès leur arrivée !

Pas de conspiration, mais…

On ne peut nier le fait que les thérapies dites complémentaires, ou encore l’agriculture biologique, subissent depuis des années des attaques de toutes parts. Alors, que penser des extrapolations « mondialisables » proposées ? Pas grand-chose dans les termes extrémistes qui nous sont proposés.

Cependant si l’on se rappelle ce qui était proposé il y a 8 ans par le ministère de l’agriculture, à savoir : l’agriculture raisonnée (ce qui à l’époque était nommée chimie light), on peut craindre que l’évolution de la législation internationale  – parce qu’elle vise au mixage de l’agriculture biologique et l’agriculture non bio –  conduise à terme cette fameuse agriculture raisonnée. Reste la gênante agriculture biodynamique qui elle ne transige pas. Une culture de trop, donc, dans ce binaire parfait!

A l’observation de ces faits, de ces recoupements et au terme de l’enquête, il paraît évident qu’il existe bel et bien de très fortes pressions dans le domaine du « naturel » qui ne vont pas dans le sens positif. De toute évidence, il demeure dans le monde une volonté de maintenir une main mise sur le vivant au nom d’intérêts qui ne sont pas ceux de l’ensemble des citoyens.

Alors conspiration ? Non, le mot est trop fort, entêtement très certainement. Entêtement à faciliter l’homogénéisation de notre existence ainsi que celle de tous les pays. De souhaiter avoir le monopole de tout ce qui se sème, ce qui se mange, bientôt de ce qui se boit (l’or bleu). Alors, que faire ? Car nous sommes tous concernés par l’étendue et les domaines que touchent ces mesures. Insidieusement, cela concerne nos libertés dans ce qu’elle a de plus intime, la nourriture, la santé, la vie en somme.

Il serait nécessaire de se référer, par exemple, au texte d’Eliant, à d’autres mouvements, qui proposent, en toute transparence, des moyens pour une représentation citoyenne au sein même de l’Europe. Il n’appartiendrait donc qu’à nous-mêmes d’adhérer ou non à ces sortes de «domination» en refusant simplement le principe même que l’on puisse «interdire» la variété des plants, des semences, interdire le libre choix thérapeutique, de tolérer même partiellement l’emploi des semences OGM sans qu’il n’y ait vraiment eu, au préalable, d’observations à long terme quant à leurs effets sur la santé humaine.

Jean-Yves Udar

Hang Truong, moine cosmocentré

Il s’appelle Hang Truong, a 48 ans, est vietnamien d’origine, américain de nationalité et terrien de pensée. Bonze depuis l´âge de 20 ans, il enseigne de par le monde le « taï chi intégral », une nouvelle forme de bouddhisme appliqué. Il était au printemps à Moissy Cramayel (Seine-et-Marne), pour une session d’une semaine avec ses élèves français.


Photo: Jean-Luc Martin-Lagardette

On me l’a présenté comme un « maître », mot que je n’aime pas attribué à un être humain. Mais, dès le début de l’interview, Hang Truong m’a rassuré : « Je cherche, je veux apprendre. Si je suis un maître pour quelques uns, je suis alors un maître apprenant, sans fin. Je ne dis rien de nouveau. Les gens savent déjà tout. Mais ils oublient, ou ne font plus attention. Ils oublient le pardon, l’amour, le “human touch” ».

Quand il est allé au Sri Lanka rencontrer les victimes du tsunami, il a été bouleversé en prenant une malheureuse dans ses bras, bien plus qu’en lui donnant un peu de nourriture. Les larmes de la femme meurtrie n’ont pas séché dans son cœur…

« Notre groupe est pauvre. L’amour ne coûte rien. Tout le monde en possède. Mais qui en donne ? Même le plus pauvre peut donner. C’est ce que nous avons expérimenté dans nos activités sociales. »

Son credo est que la guérison doit toujours s’appuyer sur le triptyque « corps, esprit, environnement social »

La démarche de Hang se veut détachée du côté religieux : « L’important est d’évoluer continuellement, de s’ouvrir, de s’élever. De voir plus loin, plus haut que son ghetto : égo, tribu, ethnie, pays, etc. Si l’on m’interroge sur mes valeurs, je dirai que je suis cosmocentré… ».

A 15 ans, Hang Truong, terrassé par une hépatite A, est proche de la mort. C’est l’occasion d’une soif effrénée de connaître. Il dévore les livres de Sartre, Gide, Heiddeger, Camus, Wells, etc. C’est une révélation : il lit les textes dans leur langue d’origine sans les avoir apprises. Son esprit s’ouvre et s’expanse. Il trouve en lui une énergie qui depuis ne le quitte plus et qu’il cherche à faire découvrir chez les autres.

« L’intelligence, le savoir, c’est bien, mais on a besoin aujourd’hui de quelque chose de plus. » C’est ce « plus » que Hang Truong et ses 150 instructeurs tentent de partager au cours de leurs rencontres.

 En 2002, Hang Truong a créé le Compasionate Service Society, organisation non lucrative au service de l’homme, « pour favoriser la guérison du corps, du mental et de l’esprit ». En 2003, il a co-fondé Hana Spiritual Retreat à Maui, Hawaii, dont la vocation est d’être un centre spirituel réunissant des principaux représentants des religions mondiales en vue de dialogue et d’échange culturel. En 2005, il a lancé une action communautaire à grande échelle pour aider les victimes et les survivants du tsunami en Asie, au Sri Lanka.

>> hnpv.org

 

Les « invisibles » donnent de la voix !

Cette enquête sur la pauvreté est la deuxième enquête participative réalisée par un professionnel du journalisme en collaboration avec les internautes d’Agoravox. Cette fois-ci, le thème était particulier. Choisi par une majorité d’internautes après un vote, le thème de la « parole des pauvres » dans la société se prêtait mal à une véritable investigation collective en vue de dévoiler des faits ignorés ou cachés.

 

En revanche, l´enquête a permis d’accueillir – et ce fut pour nous une heureuse surprise! – plusieurs témoignages de personnes directement touchées.

Des pauvres, des “sans-voix”, ont saisi l’occasion qui leur était donnée pour s’exprimer. Leur expression est forte de vérité, d’émotion, de lucidité. C’est pourquoi nous avons choisi, pour présenter les conclusions de notre travail, de mettre LEUR parole en avant.

Ce ne sont pas leurs interlocuteurs sociaux, ni les experts qui auront ici le dernier mot mais ceux qui ont des choses à dire et à redire sur la façon dont la société, les institutions, les associations, chacun de nous, nous les considérons.

Puisse notre travail les aider à garder confiance en eux et en nous. Et être utile à tous ceux qui, de près ou de loin, oeuvrent pour eux.

Un grand merci à Éric Lombard qui s’est investi dans la gestion en continu de cette enquête. Il a su mettre à profit son expérience dans le domaine du débat collectif, dont chacun peut ici apprécier le résultat.

 

>> Toute l’enquête : ici.

Une lagune pour l’eau potable

L’usine d’eau potable de Périgny-sur-Yerres (Val-de-Marne) a remplacé la solution de filtration classique par un nouveau procédé de traitement des eaux de lavage innovant et respectueux de l’environnement : une lagune filtrante.

 

L’usine de Périgny capte l’eau dans la nappe souterraine du Champigny. Comme tous les sites qui utilisent un traitement de filtration sur charbon actif en grains non raccordable au réseau d’assainissement, elle doit traiter les eaux de lavage de ses filtres avant de les rejeter dans le milieu naturel.

Le nouveau procédé choisi permet de stocker l’eau dans la lagune et de retenir les particules de charbon actif en grains par filtration naturelle. S’inspirant des systèmes de lagunage déjà utilisés en assainissement, il a été développé pour l’eau potable.

Cette installation permet de respecter les contraintes écologiques du site : l’usine de Périgny se trouve en effet en Znieff (zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique) et en Ppri (plan de prévention des risques inondation).

L’étanchéité de la lagune est assurée par la superposition de couches de géotextile et de géomembrane. L’eau est rejetée une fois par semaine pendant 10 minutes, sur les 500 m² de lagune. Les microparticules de charbon actif en grains sont retenues par filtration sur des couches de substrats naturels. L’eau est filtrée par des végétaux semi aquatiques: phragmites (roseaux filtrants très performants), iris d’eau et salicaires (plante vivace naturellement présente près des cours d’eau et des marais). L’eau ainsi traitée est stockée dans les couches profondes de la lagune, pour être ensuite rejetée progressivement vers le milieu naturel : la rivière l’Yerres. Ce procédé, développé ici par la Lyonnaise des eaux, n’induit qu’une faible consommation d’énergie et ne génère aucun déchet. La lagune présente aussi l’avantage de coûter moins cher que les techniques classiques.

N’est pas rationnel qui veut

Deux livres récemment parus relativisent notre croyance en la maîtrise rationnelle de nos comportements et de nos choix.

Le Pouvoir magique
les techniques du chamanisme managérial

Jean-Michel Théron
Pearson Éducation France, Paris, 2008.

Directeur général d’Inéo, filiale du groupe Suez, Jean-Michel Théron a constaté que la magie n’était pas absente du management, loin de là, même. Le dirigeant d’aujourd’hui agit un peu comme un sorcier, ayant recours à différentes pratiques que ne renieraient pas le plus mystique des chamans ! Bien loin des « froides logiques de la finance ou du métier d’ingénieur » et du «discours rationnel», le manager moderne n’hésite pas à recourir aux modes «psalmodié, évocatoire, invocatoire et conjuratoire» en différents rituels. Pour s’en convaincre, par exemple, il suffit d’analyser, note J.-M. Théron, le « rituel » de la communication financière et économique des entreprises.

Dans un chapitre intitulé « Le chamanisme de Microsoft », l’auteur démontre de façon convaincante que le succès du logiciel Powerpoint réside dans sa faculté de donner une apparence rationnelle (sous forme de sections organisées, de chiffres, fromages, courbes, etc.) aux incantations les plus farfelues.

Avec Excel, c’est la divination qui devient possible. Tout est démontrable, chiffres à l’appui : « Dès lors qu’un système d’équations comprend suffisamment de variables, il peut donner n’importe quelle série de résultats. En d’autres termes, plus les prévisions sont fondées sur des modèles sophistiqués, plus il est possible d’obtenir les résultats souhaités ».

Mais alors, « comment se fait-il que salariés et actionnaires n’aient pas reconduit ces illusionnistes à la sortie des entreprises, couverts de goudron et de plumes ? », s’interroge Jean-Michel Théron. Tout simplement parce que l’homme croit ce qu’il a envie de croire. Et tous ont besoin de croire aux discours « magiques » du leader.

C’est (vraiment ?) moi qui décide
Dan Ariely
Flammarion, Paris, 2008.

Dan Ariely, économiste au MIT de Cambridge (Massachusetts) développe dans ce livre l’idée que nous faisons preuve de bien moins de rationalité que nous ne le croyons, y compris au moment de prendre des décisions importantes. Y compris quand nous sommes experts en la chose. Et cela, non seulement en raison des facteurs émotionnels ou normatifs, mais essentiellement en fonction d’une «psychologie naïve » qui nous fait croire que nous restons maîtres de la décision alors que nous sommes la plupart du temps influencés par le contexte ou par nos désirs et nos craintes.

L’un des biais les plus déroutants, dans tous les sens du terme,  est le fait que nous nous effectuons rarement un choix « dans l’absolu » : « Nous ne possédons pas de système de mesure interne nous permettant d’estimer la valeur des choses. Nous nous concentrons plutôt sur les avantages relatifs d’un objet par rapport à un autre, afin d’estimer sa valeur ».

Les bons vendeurs connaissent bien ce travers du fonctionnement de l’esprit humain.

Exemple. Un journal invite ses lecteurs à s’abonner pendant un an.

La publicité comprend trois choix possibles :

1) Journal seul sur internet : 59 $
2) Journal en version papier : 125 $
3) Journal internet + papier : 125 $.

Le professeur soumet ces offres  à100 étudiants. Voici leurs choix :
1) 16 étudiants
2) 0 étudiant
3) 84 étudiants.

Dan Ariely explique que les étudiants ont été influencés par un « leurre » (l’offre 2).

Il refait l’expérience sans le leurre, c’est-à-dire en ne proposant plus que deux choix :

1) Journal seul sur internet : 59 $
2) Journal internet + papier : 125 $.

Résultats, toujours sur 100 étudiants :
1) 68 étudiants
2) 32 étudiants…

 Edifiant.

Quelle conscience après la mort ?

Peut-on voir son corps alors que l’on vient de mourir ?  Pour tenter de répondre à cette question et à bien d’autres sur ce thème, une nouvelle étude a été lancée début septembre au siège des Nations Unies, à l’occasion d’un symposium organisé par la section des organisations non gouvernementales (ONG) du Département de l’information (DPI).

L’étude intitulée « Au-delà du problème corps-esprit : Nouveaux paradigmes dans la science de la conscience » est lancée par la Division de neurosciences de l’Université de recherche médicale de Southampton, au Royaume-Uni, en association avec 25 centres médicaux européens et américains. Elle pose pour la première fois la question de savoir ce qu’il advient de la pensée et de la conscience quand le cœur ne bat plus, quand les poumons ne fonctionnent plus et quand le sang n’irrigue plus le cerveau.

« Ce qui se passe après la mort n’est plus une question réservée à la philosophie ou la philologie, a expliqué Sam Parnia, chargé de recherche en médecine pulmonaire et coronaire au Centre médical Weill Cornell et à la Division de neurosciences de l’Université de recherche médicale de Southampton.  Les progrès de la science nous permettent maintenant de ramener à la vie des personnes déclarées cliniquement mortes. De plus, les travaux de recherche des 10 dernières années montrent que 10% à 20% des personnes ayant été “ressuscitées“ affirment avoir été en mesure d’entendre et de voir se qui se passait autour d’elles pendant leur arrêt cardiaque. Les médecins et infirmières impliqués ont également confirmé les détails mentionnés par les patients étant revenus de l’état de mort clinique. »

L’étude doit durer trois ans. L’un des objectifs-clés est de s’assurer de la validité de ce que disent les patients ayant survécu à un arrêt cardiaque, ajoute Sam Parnia.  Ainsi, des unités de soins intensifs et des salles d’urgence ont été équipées de diverses images placées qui ne sont visibles qu’en jetant le regard du haut vers le bas. L’idée est de savoir si les personnes qui affirment voir et entendre les médecins et infirmières pendant la phase de ressuscitation verront également ces images. Si ce n’est pas le cas, cela signifiera que ce qu’ils ont vu ou entendu n’est qu’une illusion s’alimentant d’expériences précédentes et donc ne constitue qu’un “faux souvenir“.  Mais si ces individus décrivent ces images, la science, et plus particulièrement la neuroscience, connaîtra une révolution.

>> Cette recherche pourrait approter des éclairages nouveaux sur un sujet riche en controverses, celui des expériences de mort imminente. Après avoir repris conscience, certains patients font un récit qui présente de nombreuses similitudes : impression de décorporation, conviction d´être mort et cependant conscient mais dans un corps immatériel, déplacement le long d´un tunnel, vision d´une lumière intense, rencontre avec des personnes décédées ou des « êtres de lumière », remémoration en accéléré de sa propre existence, prises de conscience, etc. Dans la majorité des cas, l´expérience est jugée agréable et qualifiée de « lumineuse », voire mystique, au point que la personne éprouverait ensuite des difficultés pour revenir à la réalité matérielle du monde. (Source Wikipedia).

Le point sur les gaz à effet de serre

Les chiffres récents de la météorologie confirment l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère et la fonte accélérée des glaciers.

 
Image satellite de l’ouragan Ike par la Noaa.

L’Organisation météorologique mondiale (OMM) pilote un Programme de veille de l’atmosphère globale (VAG). Ce programme observe avec régularité le milieu atmosphérique. Il mesure notamment le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O) et d’autres gaz présents dans l’atmosphère. Ces données sont archivées et publiées par le Centre mondial de données relatives aux gaz à effet de serre.

Les dernières données relevées par le réseau mondial de surveillance des gaz à effet de serre indiquent que, en moyenne mondiale, les rapports de mélange du CO2 et du N2O dans l’atmosphère ont atteint de nouveaux sommets en 2006, avec des valeurs de 381,2 parties par million (ppm) pour le CO2 et de 320,1 parties par milliard (ppb) pour le N2O.
Le méthane reste stable, à 1782 ppb.

Ces valeurs dépassent celles de l’époque préindustrielle de respectivement 36 %, 19 % et 155 %.
L’indice annuel d’accumulation des gaz à effet de serre établi par l’Administration océanique et atmosphérique américaine, la Noaa, montre que, de 1990 à 2006, le forçage radiatif de l’atmosphère par les gaz à effet de serre persistants à augmenté de 22,7 %.

Les chlorofluorocarbures (CFC) destructeurs d’ozone contribuent aussi au forçage radiatif de l’atmosphère de manière significative : 12 % du total.

Doublement sur 4 ans du taux de fonte des glaciers

Selon les dernières observations du Service mondial de surveillance des glaciers, les glaciers continuent à fondre partout dans le monde. Des chiffres tirés de la surveillance de près de 30 glaciers de référence situés dans 9 massifs montagneux montrent qu’entre 2004-2005 et 2005-2006, le taux moyen de fonte des glaciers a plus que doublé !

En 2006, une nouvelle perte d’épaisseur d’environ 1,4 m équivalent eau s’est produite, contre 0,5 en 2005. De 1980 à 1999, cette perte était en moyenne de 0,3 m par an. En moyenne, 1 m équivalent eau correspond à une épaisseur de glace de 1,1 m.

Certaines des pertes les plus importantes ont eu lieu en Europe : ainsi, le glacier norvégien du Breidalblikkbrea a perdu près de 3,1 m (2,9 équivalent eau). Quelques glaciers ont épaissi (au Chili par exemple). D’autres ont rétréci moins vite en 2006 qu’en 2005.

Les réserves d´eau douce du Canada pourraient s´épuiser

C’est ce qu’a conclu cet été un rapport interne d´Environnement Canada, instance du gouvernement chargée notamment de conserver et de protéger les ressources hydriques du pays. Ce texte met en garde le gouvernement contre des pénuries d´eau douce qui pourraient menacer l´économie canadienne et créer des conflits entre les provinces. Le rapport prévient que les changements climatiques et l´augmentation de la population vont mener à l´épuisement de ces ressources.
Le Canada compte 1/5e de l´approvisionnement mondial en eau douce. Seulement 7 % de cette quantité est renouvelable, tandis que le reste provient de glaciers de la période glaciaire et de sources d´eau souterraine. Les précipitations permettent quant à elles de renouveler 1 % de l´approvisionnement en eau du pays, selon le rapport.

« Un plan de prévision nationale sur la disponibilité en eau au pays n´a jamais été élaboré parce que, traditionnellement, nous considérions que notre utilisation de la ressources était illimitée », indique le rapport, intitulé Menaces pour la disponibilité de l´eau au Canada.

Quand la science rejoint le bon sens

Le public en sait souvent plus, ou au moins autant, que le savant, seulement il ne s’en rend pas compte. D’où son admiration parfois déférente face aux têtes bien remplies qui lui expliquent en détails ce qu’il sait lui-même déjà intuitivement…

Incroyable nouvelle diffusée dans les médias à la fin de cet été : le sport permet de mieux vivre et plus longtemps ! Il a fallu une étude longue de près de 20 ans pour arriver à ce constat stupéfiant. Les médecins de la faculté de médecine de Stanford (Californie) ont commencé à suivre 538 personnes de 50 ans et plus courant plusieurs fois par semaine en 1984, et fait des comparaisons avec un groupe témoin sédentaire de la même taille. Les sujets âgés qui courent de façon régulière depuis plusieurs années souffrent moins de handicap, ont une vie active plus longue et réduisent de 50 % leur risque de mourir plus tôt que ceux qui sont inactifs.

Le bon sens populaire avait compris depuis longtemps ce que nos têtes savantes parviennent à mettre en lumière avec force mesures et calculs : la mode du jogging n’avait pas attendu ces validations savantes pour s’en convaincre…

Au-delà de cette naïve évidence, la corroboration par les chiffres de cette vérité de bon sens apporte des précisions rassurantes : le jogging ne provoque pas à long terme de problèmes particuliers d’articulation.

On respire !

En France, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a réuni un groupe pluridisciplinaire d’experts afin de réaliser, selon la procédure d’expertise collective, une analyse des facteurs pouvant favoriser l’usage du sport. Ils ont étudié près de 2 000 articles pour conclure à l’intérêt de promouvoir l’activité physique pour tous en insistant sur ses bienfaits pour la santé. Extraordinaire révélation !

Et les experts n’ont pas failli à la tradition qui veut que toute étude scientifique se conclue par un appel à la continuation des travaux : « Des recherches sont cependant encore nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes  physiologiques en jeu dans les effets de l’activité physique sur la santé et pour optimiser son action préventive. Il est important également de prévoir l’évaluation des actions de promotion entreprises à l’échelle nationale ».

Autre banalité populaire : trop de protection nuit à la protection. À trop vouloir se prémunir des microbes, on risque de fragiliser notre organisme et notre système immunitaire. Désormais, ceux qui sont persuadés de cette vérité pourront exciper du savoir scientifique pour résister tant bien que mal aux pressions culpabilisantes et aliénantes de certains discours autoritaires qui voudraient nous aseptiser, nous et notre environnement.

Le programme Diabimmune se demande en effet si l´élimination de toutes les bactéries n´aurait pas pour effet d´affaiblir le système immunitaire de nos enfants. Les chercheurs sont partis de ce constat : on conseille souvent aux nouveaux parents de maintenir leurs nouveau-nés dans des environnements sans bactéries. La stérilisation des biberons et des tétines est préconisée. Il est recommandé de se laver les mains fréquemment. De nombreux savons et lingettes antibactériens sont commercialisés pour les enfants, les parents et les nourrices. D´autre part, la majorité des enfants sont vaccinés contre plusieurs maladies graves avant leurs trois ans.

Or, des études récentes ont montré que les enfants finlandais ont six fois plus de risque de contracter un diabète de type 1, et que leur taux de maladie cœliaque (une maladie auto-immune de l´intestin grêle) est cinq fois plus élevé que celui des enfants russes. Malgré cette prédominance, les deux nationalités ont un taux égal de variantes génétiques de l´antigène HLA (human leukocyte antigen), qui prédisposent ces enfants aux maladies auto-immunes.

« Les différences de fréquence de ces phénomènes auto-immuns et des réactions allergiques entre la Finlande et la République de Carélie en Russie ne peuvent pas résulter de causes génétiques. Les standards élevés et le style de vie associé semblent promouvoir le développement de maladies auto-immunes et de réactions allergiques », pense le professeur Mikael Knip de l´université d´Helsinki (Finlande), coordinateur du projet.

Soutenu par l´Union européenne à hauteur de 6 millions d´euros au titre du septième programme-cadre, ce travail rassemble des partenaires d´Estonie, de Finlande, d´Allemagne, des Pays-Bas et de Russie.

Julien Massenet

Essayez les toilettes sèches

Tant pour des raisons économiques qu’écologiques, la toilette sèche offre une solution fiable pour l’assainissement non collectif.


Toilette de la famille Krins

La toilette sèche se différencie de la toilette à chasse d´eau par le simple fait qu´elle n´utilise pas d´eau. A la place, on recouvre les déjections d´une litière sèche composée de matières contenant du carbone. Tout ce qui est disponible localement convient : sciure de bois, copeaux, paille ou foin séché et broyé. C’est propre et sans odeur. Versée en quantité adaptée, la litière carbonée bloque les fermentations anaérobies (sans oxygène) et permet le démarrage du compostage. La sciure de bois peut souvent être obtenue gratuitement auprès d´une scierie

Nos déjections sont surtout constituées d´azote, de phosphore et de carbone. Ces éléments ont des cycles terrestres, c’est à dire que leur recyclage doit être réalisé par compostage afin d’être rendus à la terre pour l´enrichir. Pour Empreinte, mêler les déjections (humaines ou animales) avec l’eau est « une erreur et un non-sens écologique ».

Elle rappelle que c’est de l’eau potable qui est utilisée à raison d’une moyenne de 40 litres/habitant/jour pour chasser nos déjections : « Cette mauvaise gestion de la matière organique est à la source de bien des problèmes : épuration lourde et peu efficace (60% de la charge des eaux à épurer provient des toilettes) ; dégradations des écosystèmes aquatiques et des eaux souterraines; manque à gagner en humus pour les sols ».

La toilette sèche n’utilise pas d’eau et après compostage de la litière, rend au sol la richesse qu’il nous donne.

Depuis le début de l´année 2005, l´association Empreinte réalise, en partenariat avec différentes associations, comme Eau Vivante et Heol, une enquête auprès des utilisateurs de toilettes sèches 1001 réponses).

Au mois d’avril dernier, elle a présenté les résultats de son travail :

• 41 % des foyers ayant répondu n´ont pas de toilettes à eau;
• 16 % en ont mais ne les utilisent pas;
• 35,5 % utilisent toilettes sèches et toilettes à eau;
• 7,5% n´ont pas répondu.

Au moins 1000 foyers qui n´utilisent pas de toilettes à eau, soit plus de 3000 utilisateurs quotidiens ne tirant pas la chasse (30 l/jour/personne). Cela représente près de 33 millions de litres d´eau potable économisée (33 000 m3), sans compter le gain en pollution (les 30 litres quotidiens souillent l´ensemble des eaux à assainir) ni la richesse rendue à la terre par le compostage.
A plus de 90 %, ces toilettes sont autoconstruites.

33,5 % des foyers ont un assainissement par phytoépuration (épuration par les plantes) en service ou en projet.

22 % des foyers utilisent le compost issu des toilettes sèches sur les arbres et les fleurs.
Pour 16 %, le compost va enrichir le potager. Pour 48%, il n’y a pas encore d’affection précise. Les autres (14%) n´ont pas répondu.

Selon Empreinte, le territoire français compte plus de 350 installations publiques : sites isolés ou difficilement raccordable, sites naturels et protégés, équipements communaux locaux.

>> Créée en septembre 2004, Empreinte est une association sans but lucratif qui cherche à promouvoir l´habitat sain, passif et à faible impact écologique. L’ouverture de son centre de ressources et d´informations sur l´habitat écologique aura lieu, grâce au soutien du conseil régional de Bretagne, début 2009.

Les solutions disponibles


Toilette de la famille Monier 

Extrait d’un article rédigé par Emmanuel Adler, expert judiciaire près de la cour d´appel de Lyon (cabinet Aconsult), à la suite d’un voyage d’études en Allemagne organisé au mois de mai dernier par l’association Toilettes du monde. Article paru dans Environnement & Techniques, sept. 2008:

« La palette des solutions disponibles sur le marché des toilettes sans eau est large, depuis les systèmes rustiques et mobiles du type Gandousiers, jusqu’aux dispositifs haut de gamme, avec tapis roulant (à pédale) pour l’évacuation des matières fécales, développés par le précurseur Pierre Colombot, et notamment mises à la disposition des gens du voyage et des raveurs du Tecknival à Rennes.

Mais des toilettes sèches peuvent également s’intégrer à la maison, comme en Allemagne et en Suède. A l’instar du lotissement écologique de Hambourg-Allermoehe, l’assainissement décentralisé met en œuvre des toilettes à compost de type Clivus multrum au sein même des habitations (fosse intérieure de 3,5 m3 recevant déjections et biodéchets domestiques, temps de séjour de 4 ans avec soutirage annuel de 40 l de compost), tandis que les eaux grises de cuisine et de salle de bain sont collectées par un réseau et traitées sur place par filtres plantés de roseaux avant rejet au milieu naturel. »

Pour en savoir plus :