Notre sélection hiver 2010 (2)

 

Michel-Ange face aux murs
Armand Farrachi
Gallimard

Quand, à l’hiver 1541, les murs de la chapelle Sixtine, à Rome, furent ouverts au public, ce fut la stupéfaction. On imagine mal l’effet spectaculaire que cette débauche de corps nus et de scènes terrifiantes, conçue par Michel-Ange, put avoir sur un public bien moins familier avec les images que nous ne pouvons l’être aujourd’hui.
Malgré tout le respect qu’on pouvait avoir à l’époque pour le maître, on réfléchit alors aux moyens de remédier à l´obscénité et à la noirceur de cette vision qui participait de l’orgie et du massacre. Le pape, qui avait commandité l’œuvre, lui fit demander, prudemment, s’il n’y avait moyen « d’arranger » ces peintures. Michel-Ange répondit : « Dites à Sa Sainteté que c’est là une petite chose à laquelle on peut remédier. Qu’elle s’occupe d’abord d’arranger le monde et je m’occuperai d’arranger ces peintures ».
Il n’en fut donc plus question. Mais Pie V, peu avant la mort du maître, fit recouvrir les nudités de voiles. En 1936, Pie XI en habillait encore…
Cette anecdote, relatée dans le livre d’Armand Farrachi, illustre la force de caractère de ce génie dont on connaît moins, cependant, les facettes plus sombres. Car il était aussi coléreux, jaloux, cupide, menteur, méprisant, fourbe et vaniteux. Tout cela est décrit avec force détails et humour sans que l’aura du peintre, finalement, ne s’en trouve ternie.

>> A lire en jetant en même temps un œil sur la Chapelle Sixtine en 3D sur le site du Vatican.

Eloge de l´interdit
Interdit créateur et interdit castrateur
Gabrielle Rubin
Eyrolles

L’interdit aujourd´hui n´a pas bonne presse. La transparence est devenue la valeur suprême. Il faut tout dire et tout montrer. C´est oublier que, sans l´interdit, ni le travail de la pensée ni celui de l´imagination ne seraient possibles. C´est oublier encore que le mépris de l´interdit ne va pas sans dommage collatéral, la violence induite étant inévitable.
L´auteur étudie les interdits pour ce qu´ils nous apportent. En s´appuyant sur les mécanismes à l´œuvre dans la création artistique ou le développement du jeune enfant, elle montre que les interdits sont la condition de notre épanouissement psychique et les garants de notre liberté de penser.

>> Intéressant et utile, un peu trop « psychanalysant » à mon goût, avec Freud en figure tutélaire et… pesante.

Prométhée

Peut-on sauver notre planète sans toucher à notre mode de vie ?
Benjamin Dessus et Sylvain David
Prométhée, coll. Pour ou contre ?

Deux points de vue s’affrontent dans ce sixième ouvrage de la collection « Pour ou contre ? ». Pour Sylvain David, il n’est pas réaliste de penser que nos modes de vie pourraient radicalement changer. Il prend acte d’une croissance continue des besoins en énergie et s’attache à montrer qu’elle est possible, même s´il faut diviser par 2 les émissions de gaz à effet de serre. Mais comme le montre Benjamin Dessus, cela passe obligatoirement par des solutions technologiques au succès incertain et non dénuées de risques. Pour lui, le salut ne réside pas dans la technologie, mais dans plus de sobriété, d’efficacité et de solidarité énergétique.

La vertu de ce débat à plusieurs bandes – chacun des deux auteurs intervient 3 fois – tient à ce que les désaccords sont mieux cernés et que le dialogue parvient à faire émerger des points d’accord. On ne peut qu’être séduit par cette collection originale créée par un jeune éditeur bordelais, Michael Lainé, qui parle de son itinéraire dans une interview à BSC news.

> A lire également dans la même collection : Où va le système de santé français ? avec André Grimaldi et Claude Le Pen. (EL)

la science en otage

La science en otage
Comment certains industriels, écologistes,
fondamentalistes et matérialistes nous manipulent
Jean Staune
Presses de la renaissance

Jean Staune est un honnête homme du XXIè siècle. Comme son alter ego du XVIIè, c’est un généraliste qui  cherche à comprendre le monde en fuyant les excès. Mais l’exercice est plus difficile qu’au temps de la splendeur de  Versailles. Il n’en a que plus de mérite à chercher à décrypter la science qui se fait souvent loin de nos yeux et à débusquer les blocages idéologiques.

La plupart des grandes controverses scientifiques actuelles sont polarisées entre deux positions inconciliables : un pôle dominant insensible à toute remise en cause et un pôle d’opposition extrémiste, aux positions délirantes. Ils se renforcent l’un l’autre en excluant toute voix discordante. L’auteur montre ainsi, dans un domaine qu’il connait bien1, comment les Darwinistes rejettent les critiques en accusant leurs auteurs de créationnisme. La démonstration  est convaincante, même si les chapitres relatifs au réchauffement climatique et au nucléaire ne sont pas aussi maîtrisés que ceux sur l´évolution. (EL)

1 Au delà de Darwin. Pour une autre vision de la vie, Ed. Jacqueline Chambon, 2009

Lupasco aujourd´hui
A la confluence de deux cultures
Sous la direction de Basarab Nicolescu
Oxus

Actes du colloque de mars 2010 à l’Unesco autour de l’œuvre de Stéphane Lupasco. Ce philosophe français d’origine roumaine a fondé la “logique dynamique du contradictoire”, axée notamment sur la notion de “tiers inclus”. Cette logique générale, englobant la logique classique comme un cas particulier, vise à rendre compte du devenir tripolaire de la matière : la matière macrophysique, la matière biologique et la matière psychique, les “trois matières” pour reprendre le titre de son livre le plus célèbre.

>> A lire en particulier le chapitre « Interférences » dans lequel Lupasco est éclairé à travers ses relations avec Gaston Bachelard, André Breton, Salvador Dali ou Eugène Ionesco.

 

Info popcorn
Enquête au cœur des médias suisses
Christian Campiche et Richard Aschinger
Eclectica

Deux journalistes de la presse écrite, l’un romand, l’autre alémanique, ont rédigé cet ouvrage qui démonte le mécanisme d’un système d’information réduisant le citoyen à un simple consommateur.

Un dessin du livre illustre avec humour la situation :

Witchy Words – Langue de sorcière
Anouk Journo-Durey
Talents Hauts

Ses cours de conversation anglaise ont des effets étranges sur Tom. Il pense en anglais, les pâtisseries se changent en araignée, Olivia sa professeur disparaît…
Roman illustré pour une lecture bilingue alternant les chapitres en français et en anglais.

 

L´aventure de Terre du ciel

Les Semeurs du vivant
L’aventure de Terre du Ciel
Alain Chevillat
Terre du Ciel

Un livre-témoignage du créateur de « l’Université Terre du Ciel des savoirs et sagesses du monde », qui fut très marqué par ses séjours en Inde, d’où il est revenu avec la mission de « rendre hommage, remercier, faire savoir que Cela est ».

Bonnes idées, bonnes actions

Un florilège d’initiatives positives et originales d’associations, d’entreprises, de collectivités ou d’individus qui croient que le monde peut encore changer.

Chine : un architecte dans un oeuf

Dai Haifei, 24 ans, architecte, a décidé de construire sa propre maison en forme d´œuf après s´être rendu compte qu´il n´avait pas les moyens de louer un appartement à Pékin, où les loyers ne cessent de battre des records. Cette maison très particulière, haute de deux mètres et équipée de deux roues en dessous, est constituée de toile de sac à l´extérieur, de lames de bambou à l´intérieur et de copeaux de bois et de graines de gazon entre les deux. « Les graines vont éclore dans l´environnement naturel et l´ensemble protègera du froid », a expliqué M. Dai. Le jeune architecte a songé à construire cette maison d´une valeur de 725 € après avoir visité l´Exposition biennale de Shanghai 2010, où son regard avait été attiré par un projet architectural innovant, baptisé « Oeuf Urbain ». (Quotidien du Peuple)

Chine : La couverture de soins de santé va s´étendre dans tout le pays

Le programme d´assurance-santé de la Chine – le plus grand du monde, puisqu´il concerne la couverture de plus d´1,2 milliard de personnes – va être renforcé, afin de garantir que le gouvernement paie une plus grande partie des dépenses médicales, vient de déclarer un haut responsable de la santé. D´ici 2015, les citoyens chinois ne devraient donc avoir à payer que moins de 30% de leurs frais médicaux, en ligne avec la moyenne mondiale, a dit fin novembre 2010 le vice-ministre de la Santé Zhang Mao, par ailleurs secrétaire du Parti au ministère. Afin d´atteindre cet objectif, les dépenses publiques dans le secteur de la santé seront augmentées, pour atteindre plus de 6% du PIB, soit environ 1,5% de plus que le niveau actuel, a-t-il précisé. (Quotidien du Peuple)

Chimie : Chine, USA, Suisse et Israël « sont intéressés » par REACH

La Chine, les Etats-Unis, la Suisse et Israël réfléchissent à l´éventualité de mettre en place dans leur pays un règlement du type de REACH, qui prévoit l´enregistrement en Europe de toutes les substances chimiques, a indiqué fin septembre 2010 le commissaire européen à l´industrie Antonio Tajani, en marge de l´assemblée générale du Conseil européen de l´industrie chimique (Cefic). Adopté en 2006, le règlement REACH (acronyme pour Registration, evaluation and authorisation of chemicals) vise à faire le ménage parmi les quelque 100 000 substances chimiques en circulation libre dans l´UE et à progressivement exclure les plus dangereuses. (Source: AFP)

Médiation sur le Net récompensée

L’Association nationale des médiateurs (ANM) a remis le 5 novembre 2010 à Marie-Françoise Le Tallec, responsable du service de médiation en ligne du Forum des droits sur l’internet, Médiateur du Net, le premier trophée de l’innovation en médiation. Le Forum des droits sur l’internet a, en effet, su combiner les principes de la médiation avec les nouvelles technologies, afin de proposer un processus dématérialisé adapté à la résolution des différends liés à l’internet. Cela n´a malheureusement pas empêché le Forum, six ans après sa création, de fermer ses portes faute de subvention des pouvoirs publics…

Universités USA : Les femmes s´emparent de la majorité des doctorats

Pour la première fois aux Etats-Unis, le féminin l´a emporté en matière de doctorats avec 50,4% des diplômes décernés pour l´année 2008/2009. La proportion de femmes n´a cessé d´augmenter depuis 2000, quand elles ne représentaient que 44% du total.

La diversité des ressources humaines améliore la performance de l’entreprise

Quatre grandes entreprises du réseau IMS-Entreprendre pour la Cité  (Axa, L’Oréal, Orange et Vinci) ont fait analyser leurs données commerciales, qualité, ressources humaines par un cabinet spécialisé. C’est la première étude à être réalisée sur plusieurs dimensions clés de la diversité : femmes, minorités visibles, personnes handicapées et seniors. Résultats : la diversité des ressources humaines, dès lors qu’elle est bien managée, crée de la valeur et de la richesse pour l’entreprise. Elle augmenterait la rentabilité de 5 à 15 %, selon les types d’activité.

>> Voir Dossier de presse Peformance et diversité.

Nouvelle formation en science du risque

L´Institut euro-méditerranéen en science du risque (Iemsr) a ouvert à Sophia Antipolis son premier master en science du risque. Son objectif : assurer l’enseignement et une formation globale au risque dans tout l’espace euro-méditerranéen et y créer les bases d’une culture commune et d’actions collectives pour la gestion des risques.

Cet Institut d’enseignement supérieur s’inscrit dans la perspective d’un des projets de l’Union Pour la Méditerranée (lancée pour mémoire le 13 juillet 2008 lors du sommet de Paris pour la Méditerranée) visant « la définition d’un programme commun de protection civile pour la prévention des catastrophes » et « la création d’une université euro méditerranéenne ».

Elle cache sa pollution aux autorités : elle est condamnée

Y a une justice et c’est sans précédent ! Le 14 octobre 2010, le tribunal correctionnel de Carpentras a condamné Areva-Socatri à une peine de 40 000 euros d’amende, pour avoir caché à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) le grave incident qui s’est déroulé en 2008 dans ses installations du Tricastin. Le Réseau “Sortir du nucléaire”, constitué partie civile, obtient 8000 € de dommages-intérêts et la publication de la décision dans la presse. Une déception pour les plaignants : le tribunal n’a pas retenu le délit de pollution de l’eau.

Des ingénieurs pour la paix par le sport

L’Organisation pour la Paix par le sport (P&S), l´Université internationale de Monaco (Ium), et l´Université pour la paix (Upeace), une institution mandatée par les Nations Unies depuis 1980, créent un programme d´enseignement supérieur d´une durée d´un an destiné à créer un corps d’ingénieurs pour la paix par le sport. Intitulé Master pour la paix durable par le sport, ce programme sera administré dans les locaux de l’IUM dans la Principauté de Monaco à compter de septembre 2011. Il permettra aux étudiants de « développer les compétences nécessaires à la conception d´activités, projets, campagnes ayant pour but de combattre la pauvreté, promouvoir une paix durable dans les zones touchées par les conflits ou qui souffrent d’une faible cohésion sociale ».

Pryska Ducoeurjoly, ou la guérison par l´information

« La plupart de nos maux procèdent de croyances erronées et de mauvaises informations. » Tel est le constat que fait la journaliste-naturopathe Pryska Ducoeurjoly. Un constat qui est à l’origine du livre qu’elle vient de publier : « La Société toxique – Manuel de dépollution mentale ».

C’est parce qu’elle aime passionnément son métier de journaliste que Pryska, aujourd’hui âgée de 33 ans, a quitté le quotidien Sud Ouest. En effet, elle voulait pouvoir investiguer des sujets plus à fond, notamment dans les domaines de la santé et de l’environnement. Mais les médias « classiques » se calent trop sur l’agenda institutionnel : l’investigation y est presque impossible. En tout cas très rare.

Aujourd’hui, Pryska est pigiste, essentiellement pour le magazine Nexus, qui vient de récupérer son numéro de Commission paritaire (Cppap) et qui, de ce fait, retrouve sa place parmi les médias « reconnus » par la profession et les pouvoirs publics. Elle peut désormais « creuser » les sujets qui lui tiennent à cœur, comme ceux qu’elle a réunis dans son premier ouvrage.

Les “3 M” toxiques : « Médias, malbouffe et médocs » 

Aux éditions ResPublica,
328 pages de détox…

Dans l’interview que nous vous proposons ici, elle montre le lien qui existe entre les « 3 M » : les médias, la (mal)bouffe et les médicaments. Ce lien, c’est que ces trois secteurs sont pareillement intoxiqués, ce qui conduit à « l’abrutissement chimique et informationnel » de nombreux citoyens.

La jeune journaliste explique également comment sa formation de naturopathe lui a permis de comprendre que « la plupart de nos maux procèdent de croyances erronées », elles-mêmes entretenues par de « mauvaises informations ». La naturopathie, qui enseigne de « remonter à la cause de la cause de la cause, etc. », peut inspirer le journaliste à « ne pas se satisfaire d’un premier niveau de lecture ».

Ainsi,  si elle a pu écrire son livre, dit-elle, c’est grâce aux acquis de la naturopathie qui lui a montré que « tout procède de l’information : c’est ce qui me permet d’être un peu moins béni-oui-oui face à certain discours médical ».

Prochain ouvrage : un livre sur l´alimentation bio, « pour aider mes copines qui sont un peu perdues dans les rayons des magasins et souhaitent pouvoir se nourrir différemment ».

>> Le blog de Pryska Ducoeurjoly.

Frédéric Vincent/OGM : «La Commission aura une approche politique du dossier»

Le cadre juridique permettant la prise en compte des pétitions (« initiative citoyenne ») par la Commission européenne n’est pas totalement finalisé. La pétition co-organisée par Greepeace et Avaaz pour réclamer un moratoire sur les cultures et la commercialisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) ne peut donc pas entrer dans un cadre légal. Mais Frédéric Vincent, porte-parole du commissaire Santé et politique des Consommateurs John Dalli, assure qu’il y aura une réponse « politique » à la démarche des associations.


  Fédéric Vincent, porte-parole DG santé
  et consommateurs à la Commission.

Où en est l’avancement du règlement fixant les règles et procédures de l´initiative citoyenne ?

– La Commission a fait une proposition. Elle a obtenu un accord politique des Etats, mais n´a pas encore été approuvée par le Parlement. L´initiative citoyenne en tant que telle n´a pas encore d´existence juridique. La Commission souhaite que le texte soit adopté avant la fin de cette année 2010.

– Comment la Commission va-t-elle alors réagir ?

– Elle ne peut ignorer malgré tout le fait que plus d’un million de citoyens européens ont signé cette pétition. Si celle-ci s’est faite dans des conditions de forme correctes, il est évident que la Commission en étudiera les arguments, même s’il n’y a pas encore de base légale. Elle aura une approche « politique » de ce dossier, plus souple que la seule approche juridique.

Que se passera-t-il alors ?

– Les différents services impliqués se saisiront du texte pour établir sa recevabilité : le service juridique, le secrétariat général et la direction Santé et Politique des Consommateurs.

Trois décisions sont possibles :

– La législation actuelle suffit, les arguments avancés par les associations ne sont pas valable : la pétition est déclarée non-recevable.

– Les services ont besoin de temps pour approfondir l’analyse du dossier : la décision est reportée.

– La Commission écrit un nouveau texte sur la base de la proposition des pétitionnaires.

Après que le cadre juridique aura été mis en place (fin 2010), la Commission aura selon les textes 4 mois pour répondre.

Le directeur de Terre du Ciel dénonce une inquisition officielle contre le «spirituel» en France

Dans un communiqué publié le 29 septembre dernier, Alain Chevillat, directeur de Terre du Ciel, évoque les ennuis qui ont succédé à la perquisition de janvier dans sa société. Il dénonce la Miviludes qui, selon lui, mène une politique de « normalisation de la pensée et des comportements » et attaque « officiellement tout l’art de vivre alternatif ».


Alain Chevillat.

« Cet été, les banques se sont liguées contre nous – alors que nous n’avons jamais eu le moindre incident bancaire. Une première nous a refusé l’ouverture d’un compte ; une seconde Le Crédit Coopératif de Melun nous a fermé d’autorité notre compte Nef. Puis une troisième,  une banque de Louhans, nous a demandé de fermer notre compte, avant de changer d’avis  après discussion avec le responsable régional. Tracfin, un organisme d’État chargé de la lutte  contre le blanchiment d’argent, serait derrière ces décisions. Mais on ne voit pas de quel  blanchiment il s’agirait, la Brigade financière et le fisc ayant déjà épluché tous nos comptes  sans rien trouver, et on peut se demander : «  Qui est derrière Tracfin ? »

Alain Chevillat rappelle que le Centre Amma a vu, il y a plusieurs années, une ouverture de compte refusée par toutes les banques, et que les Témoins de Jehovah, victimes de la même discrimination, portent aujourd’hui cette question devant les tribunaux. « N’y aurait-il pas des listes noires qui  circulent ? s’interroge-t-il. N’auraient-elles pas un lien avec le référentiel de la Milivudes qui pointe du doigt  600 structures “à tendance sectaire” à l’intention des autorités ? L’existence de listes noires secrètes rappelle un passé pas si lointain… et pas très glorieux, et  invite à nous demander si nous sommes toujours dans un pays de droit. »

 Une “inquisition contre le non-conforme”

L’animateur du Domaine de Chardenoux (Saône-et-Loire) qui abrite Terre du Ciel, livre son analyse : « Le spirituel n’a pas droit d’expression en France dans la sphère publique. Or depuis vingt ans, nous ne respectons pas cette omerta tacite, cette loi du silence. Tous nos forums, notamment, mettent en avant la spiritualité en explicitant qu’elle est une dimension fondamentale de la vie. Nous renouvelons aujourd’hui plus que jamais cette affirmation, notamment dans ces forums de trois jours qui accueillent à chaque fois un millier de personnes et une quarantaine d’intervenants venant de tous horizons professionnels, sociaux et religieux ».

Par ailleurs, Alain Chevillat pointe du doigt la Miviludes qui, « en chasse des minorités spirituelles depuis quelques années, a élargi sa cible aux médecines naturelles, aux écoles parallèles, au développement personnel. C’est une véritable inquisition contre le “non conforme”, une mission de normalisation de la  pensée et des comportements. C’est tout l’art de vivre alternatif qui est officiellement visé – comme dangereux pour la religion officielle de la République française qui est le “Consumérisme”. Et Terre du Ciel est clairement au cœur de cette démarche pour l’élaboration d’un nouvel art de vivre ».

Selon le directeur de Terre du Ciel, « un policier très haut placé à Paris » lui aurait dit : « La 1ère piste [sectaire] est aujourd’hui complètement abandonnée. Ils sont sur une piste financière banale. Ils en veulent à la Miviludes qui les a égarés. Ils cherchent à botter en touche ».

>> Curieusement, les voix indignées que l´on entend en France dès que l´on touche à la liberté de conscience sont muettes quand il s´agit de spiritualité. Le pouvoir peut faire son oeuvre sombre : les “grands” médias ne lui en demanderont aucun compte…

OGM : La protestation d´Avaaz a dépassé le million de signatures

Ce succès – une première européenne ! – lui permet de déposer désormais officiellement une proposition de loi à la Commission européenne. L’objectif de cette association citoyenne : obtenir une interdiction des cultures OGM tant que la recherche n´a pas abouti.


Le président de la Commission européenne
dans un montage réalisé par Avaaz.

La Commission européenne a récemment autorisé la culture d´organismes génétiquement modifiés (OGM) pour la première fois depuis 12 ans, plaçant, selon Avaaz, « les profits du lobby OGM avant les préoccupations sanitaires des citoyens ».

Pourtant, « 60% des Européens estiment que nous avons besoin de plus d´informations avant de cultiver des plantes qui pourraient menacer notre santé et l´environnement ».

Texte de la pétition adressée au président de la Commission européenne José Manuel Barroso :

« Nous vous appelons à décréter un moratoire sur l´introduction des plantes génétiquement modifiées en Europe et à mettre en place un organisme éthique et scientifique indépendant chargé de mener à bien la recherche sur l´impact des OGM et de déterminer leur régulation. »

L´initiative citoyenne

L´initiative citoyenne européenne (ICE), instaurée par le traité de Lisbonne, permet aux citoyens d´appeler directement la Commission à soumettre une proposition sur la question déposée. La demande auprès de la Commission doit émaner d´au moins un million de personnes, ressortissants de neuf pays au minimum.

L´article 11 du traité indique que ces deux conditions doivent être remplies pour que des personnes puissent “prendre l´initiative d´inviter la Commission [européenne], dans le cadre de ses compétences, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu´un acte juridique de l´Union est nécessaire aux fins de l´application des traités”.

Selon les textes, la Commission dispose de quatre mois pour examiner l’initiative et décider des suites à donner.

 


>> Voir aussi l´interview par Ouvertures de Frédéric Vincent, porte-parole de la Commission européenne.

 

Partenaires

cdurable

Lancé en 2005 par l´Agence M&C, cdurable.info sélectionne chaque jour l’essentiel de l’actualité du développement durable pour aider ses 500 000 visiteurs par an à comprendre comment agir ensemble en acteurs du changement. Avec plus de 2500 articles actualisés, cdurable.info est devenu une source d´information fiable et indépendante. Gratuit, il s´adresse à tous les acteurs : citoyens, responsables d´associations ou d´entreprises, journalistes, élus ou agents de la fonction publique. Et 70% de nos visiteurs trouvent l´information qu´ils cherchent en 1 minute sur le site : rapport d´une ONG à télécharger, nouveau site à consulter, coordonnées d’un contact, date d´un événement… et aussi média, livres, salons, films : l´essentiel du développement durable est sur cdurable.info.

AgoraVox

 AgoraVox, est un média 100% citoyen et 100% participatif. AgoraVox permet de vous exprimer et de vous informer autrement. Le site AgoraVox est géré par la Fondation AgoraVox, reconnue d’utilité publique. Ses principales missions sont l’information à l’égard du public et le soutien à la liberté d’expression.

 

Comité 21

 Le Comité 21 est un réseau d’acteurs engagé dans la mise en œuvre opérationnelle du développement durable. Il a pour mission de créer les conditions d’échange et de partenariat entre ses adhérents issus de tous secteurs afin qu’ils s’approprient et mettent en œuvre, ensemble, le développement durable à l’échelle d’un territoire.

Il réunit les parties prenantes concernées en France : entreprises, collectivités, associations, institutions, établissements d’enseignement supérieur et médias. Le PNUE et le PNUD en sont membres de droit.

 

La Grande santé

Le journal de la santé globale et naturelle. Des articles, une bibliothèque, un kiosque. Un site crée par Raïssa Blankoff, journaliste et naturopathe.

 

 

Sciences et Démocratie

sciences ét démocratie

 

Sciences et Démocratie est une association loi 1901, apolitique et indépendante, ayant pour but de faciliter et développer la participation des citoyens aux choix scientifiques et technologiques, notamment lorsque ceux-ci comportent des risques sanitaires ou des enjeux éthiques.

Le site www.sciences-et-democratie.net propose des dossiers et des débats sur les grands enjeux des sciences et des technologies.

le journal de la santé globale et naturelle. Des articles, une bibliothèque, un kiosque.  Un site crée par Raïssa Blankoff, journaliste et naturopathe.

« La science n’est pas une garantie de certitude »

Marc Girard, expert européen en pharmacovigilance, nous offre une ballade espitémologique entre roc et sables mouvants. Entre la certitude scientifique exigée des experts par les magistrats et le doute distillé par les experts en manipulation de l´opinion.

La recherche de la preuve en science et en justice

Dans le cadre de l’université d’été organisée par la Haute École des avocats conseils de la cour d’appel de Versailles (Hedac), la journée du 31 août 2010 était consacrée aux relations entre la science et la droit, sous le titre : La preuve à l’épreuve de la science : qu’apportent la science et la technique à la recherche du juste ?

Dans cette journée co-animée notamment par Marc Girard, sa première communication était consacrée à la preuve. Extrait.


Marc Girard.

« Voici dix ans environ, j’ai commencé d’écrire pour attirer l’attention des juristes sur les risques d’une déférence excessive à l’égard de la science ou de l’expertise intrumentalisées au bénéfice des prédateurs de la santé publique. Alors que ces interventions ont été dénoncées par certains comme inutilement “polémiques”, il est réconfortant de constater que depuis lors, la conscientisation du public s’est spectaculairement accélérée (…).

La certitude

« Pour entrer dans le détail des idées reçues sur la science, à tout seigneur tout honneur : on va commencer par la “certitude”. Eh bien, la première chose que la science n’est pas, justement, c’est une recherche – et encore moins une garantie – de certitude. Je ne cesserai de rappeler que, dans l’histoire de l’humanité, la recherche de certitude est l’apanage de la pensée magique[1]. Par contraste, la science s’est constituée grâce au regroupement de ceux qui, acceptant de ne pas tout comprendre, sont capables d’affronter l’incertitude – et de la tolérer au point d’essayer de la quantifier, via les statistiques par exemple.

Il est donc atterrant d’entendre des magistrats décrédibiliser une évaluation scientifique au motif qu’elle ne correspondrait pas à une exigence de « certitude » qui n’a tout simplement jamais existé et qui se situe aux antipodes de l’esprit scientifique. Plus grave encore : il est dangereusement pervers de faire de cette incertitude une spécificité des sciences de la vie – comme par hasard celles qui interpellent le plus souvent le Droit –, car cela revient à usurper une exigence prétendument scientifique qui n’a jamais existé – celle de la certitude – pour décrédibiliser sans raison les évaluations disponibles et dissimuler sous le prétexte trop facile d’une rigueur implacable une incapacité radicale à imaginer un droit du vivant tant soit peu pertinent. Faut-il rappeler que le principe d’incertitude de Heisenberg contraint une pratique scientifique aussi dure que la mécanique quantique ?

Quant à botter en touche en affectant de donner acte à la science de ses incertitudes pour lui opposer l’exigence censément juridique du lien “direct et certain”, ce n’est plus une usurpation, c’est une falsification rétrospective : apportez-moi toute la jurisprudence que vous voulez, et je me fais fort de vous montrer qu’à chaque fois qu’une décision a été prise en vertu d’un lien “direct et certain”, cette illusion de certitude n’a jamais été qu’une fiction juridique correspondant à un niveau d’incertitude scientifique incompressible et parfois faramineux. N’a-t-on pas vu, récemment, la Cour de cassation confirmer la réparation d’un dommage censément imputable à un médicament, quand l’accident en question n’avait jamais été décrit dans la littérature scientifique avec le médicament en question et que, cerise sur le gâteau, il n’était même pas certain que le plaignant l’ait réellement absorbé ? Ne voit-on pas le fabricant d’un coupe-faim désormais régulièrement condamné, quand la fameuse étude épidémiologique supposée justifier “la certitude” des magistrats a été une mystification initialement financée par le fabricant et qui, comme je l’ai  longuement documenté ailleurs, est passée par tous les stades de l’interprétation à géométrie variable[2] ?

A y regarder de plus près, cette crispation récente des magistrats français sur une acception excessivement littérale de « la certitude » juridique n’est qu’un symptôme local préoccupant d’une intoxication internationale bien plus large et dûment répertoriée, initiée – comme par hasard – une fois encore par les fabricants de tabac avant d’être propagée par l’ensemble des lobbies industriels (notamment ceux de la chimie), à savoir l’industrie du doute. Cette histoire a été magistralement narrée par David Michaels – depuis désigné par le Président Obama comme responsable de l’agence fédérale en charge de la sécurité et des maladies professionnelles – dans un ouvrage paru en 2008[3] et dont le titre ne fait que reprendre l’aveu décomplexé d’un haut responsable des cigarettiers : “notre produit, c’est le doute”. Il s’agit à chaque alerte de santé publique, de manipuler les décideurs politiques, administratifs ou judiciaires : ce, non pas en niant frontalement l’existence d’un risque – ce qui serait bien trop primaire – mais en se prévalant au contraire d’une épistémologie sourcilleuse pour disloquer le poids de l’évidence en reprenant une à une les études qui suggèrent un risque pour montrer à chaque fois qu’elles sont insuffisantes, qu’il est urgent – non de rien faire, ce qui serait là encore trop primaire – mais d’entreprendre d’autres études plus rigoureuses étant bien entendu que, dans l’entre temps, ce serait d’un indécence “scientifique” ridicule de prétendre agir en quelque façon, que ce soit en modifiant les normes en vigueur, en indemnisant les victimes et, encore moins, en sanctionnant les industriels responsables… Les porte-parole de cette industrie du doute peuvent être des “experts” multitâches d’officines grassement rémunérées, généralement ignorés de la communauté scientifique (voire proscrits pour forfaiture antérieure) mais dont la notoriété est crédibilisée par des relais médiatiques puissants ; de façon bien plus perverse, ces porte-parole peuvent être d’authentiques experts, doté d’un background scientifique respectable voire prestigieux, mais qui sont conduits par leurs commanditaires à se prononcer très au-delà de leur domaine de compétence.

Cette stratégie d’insinuation dubitative est d’autant plus efficace qu’elle joue sur le contraste susmentionné entre une conception naïve de la science comme lieu de certitude et la réalité épistémologique indubitable qu’aucune étude scientifique n’est “parfaite”[4] – le poids de l’évidence entraînant le consensus de la communauté se faisant par agrégation progressive, parfois cahoteuse, de données dont aucune ne suffit à elle seule pour emporter la conviction. Comme toujours dans les problématiques interdisciplinaires, les profanes – en l’espèce, les politiques, les administratifs ou les juges – sont d’autant plus ardents à se laisser manipuler qu’ils s’excitent à l’idée d’être plus royalistes que le roi dans le culte de ce qu’ils imaginent être la valeur suprême d’une pratique aussi prestigieuse que la science : la certitude.

Ils sont combien, en France, les magistrats qui, satisfaits d’avoir puni d’un article 700[5] l’impudence épistémologique des victimes d’un médicament, se sont jamais demandé quel était le niveau de “certitude” quand au bénéfice allégué en vertu duquel les demandeurs avaient accepté de s’exposer à un risque iatrogène même “incertain” ? »


[1] Girard M. L’intégrisme causal, avatar de l’inégalité des armes ? Recueil Dalloz 2005; (38/7223):2620-

[2] Girard, M., Les principes de l’evidence-based medicine et leur apport à l’exercice de l’expertise judiciaire. Expertise médicale, 2001. 1(2): p. 29-39.

[3] David Michaels. Doubt is their product – How industry’s assault on science threatens your health. Oxford, OUP, 2008.

[4] Hill, A.B., The environment and disease: association or causation ? Proc R Soc Med, 1965. 58: p. 295-300.

[5] L´article 700 du code de procédure civile permet au juge saisi d´une instance de condamner la partie perdante, au profit de l´autre, à une somme d´argent destinée à couvrir l´ensemble des frais non compris dans les dépens (NDLR).

Santé et transparence : Obama montre l’exemple à la France

La loi de réforme du système de santé portée par Barack Obama et promulguée le 21 mars dernier inclut une première mondiale en matière d’information sur les conflits d’intérêts des professionnels de santé. Une volonté de transparence bien loin des pratiques et même des textes français…

À partir de 2013, toute somme ou tout cadeau dépassant 10 dollars donné par les laboratoires pharmaceutiques à des médecins et à des institutions médicales (de formation et/ou de soins) devra être déclaré sur un site web consultable par tous. L’obligation de déclaration concernera aussi d’autres formes de conflits d’intérêts intervenant dans la pratique des professionnels de santé et à plusieurs niveaux du circuit du médicament et des soins.

Les sommes investies par les groupes pharmaceutiques sont en effet colossales et influent sur les décisions des médecins, des hommes politiques et des médias. Ainsi, leurs dépenses, simplement pour influencer le Congrès et les agences publiques des États-Unis, se sont élevées à 1,3 milliard d’euros entre 2006 et 2009.

La nouvelle loi amende certaines dispositions de la Sécurité sociale américaine. Elle fait partie des « sunshine laws » (lois de transparence), appliquées dans divers domaines, mais pas encore dans la santé au niveau fédéral.

L´amendement s’appelle “The Physician Payments Sunshine Act” (avec une version “Physician Payments Sunshine Provisions”) et veut faire la lumière (“sunshine”, le meilleur désinfectant qui soit, selon  Charles Grassley, le sénateur à l´origine du texte) sur les liens financiers entre médecins et firmes.

Déjà une réalité dans certains États américains, les Physician Payment Sunshine Provisions ont donc aujourd´hui une dimension fédérale, ce qui facilitera le combat contre les dérives du lobby pharmaceutique ainsi que l’adoption de politiques plus globales de restriction des conflits d’intérêts.

Ces projets sont soutenus par une « coalition nationale pour une prescription rationnelle » qui réunit plusieurs associations médicales et de consommateurs. Elles ont lancé une pétition publique : « Shine a Light on Drug Industry Influence » (Faisons la lumière sur l’influence de l’industrie pharmaceutique).


Photo : novopress.info

En France, les dépenses publicitaires des industries pharmaceutiques s’élevaient à 2,8 milliards d’euros en 2004, chiffres « largement sous-estimés », selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas).

Mais le principal problème, est la grande opacité dans laquelle ces sommes sont dépensées. En effet, souligne Elena Pasca, philosophe, membre de la Fondation des sciences citoyennes et animatrice du blog pharmacritique, le lobby pharmaceutique « dispose non seulement d’appuis intéressés parmi les décideurs politico-sanitaires, mais aussi d’un réseau tentaculaire d’influence sur les professionnels de santé, dont il biaise à ce point la pratique qu’on parle désormais de “ghost management” : une gestion “fantôme”, invisible mais omniprésente de tout ce qui concerne le médicament, la formation et l’information, sans oublier de l’influence sur les politiques à travers des expertises biaisées par les conflits d’intérêts des experts et des institutions ».

Ainsi, en France, les laboratoires dépensent 25 000 € par an et par médecin pour vanter leurs produits praticiens (Igas) ; 98% de la formation médicale continue est financée par l’industrie (rapport Sénat 2005) ; 95% des médecins libéraux reçoivent toujours les visiteurs médicaux ; la presse médicale est fortement financée par la publicité des industries pharmaceutiques.

« Ces conflits d’intérêts omniprésents verrouillent le système, s’emporte Elena Pasca, puisque les mêmes experts liés à l’industrie en occupent toutes les articulations stratégiques : media grand public, hôpitaux, presse spécialisée, agences de régulation, formation médicale initiale et continue, sociétés savantes, comités scientifiques des associations de patients. Ils s’y comportent en “dealers d’opinion”, en véritables VRP des laboratoires qui les paient. L’absence d’évaluation sérieuse et de procédures rigoureuses d’AMM [autorisations de mise sur le marché] met en permanence en danger la santé des citoyens, de même que l’opacité sur les liens des experts avec les lobbies, et la désinformation sur l’impact et les conséquences réels, au quotidien, du lobbying et des conflits d’intérêts sur notre santé à tous ».

La transparence ne suffit pas

Pour la Fondation Sciences Citoyennes, il y a urgence à suivre l’exemple des Etats-Unis : « Les citoyens doivent comprendre que le droit à l’information – donc à une décision médicale en connaissance de cause – reste purement théorique en France et en Europe, où les firmes pharmaceutiques n’ont pratiquement aucune contrainte légale digne de ce nom : ni de transparence sur les liens d’intérêts avec les experts et les politiques, ni d’information complète sur leurs produits. Il n’existe aucun dispositif de vérification rigoureuse des données industrielles ; aucune obligation d’enregistrement des essais cliniques et de publication systématique de leurs résultats, même défavorables ; aucun encadrement rigoureux de la publicité plus ou moins directe et des autres techniques de marketing contribuant à médicaliser à outrance le quotidien, afin de maximiser les profits. De plus, la France et l’Europe ne disposent à ce jour d’aucun qualificatif juridique permettant de qualifier puis de réprimer les dérapages des firmes, ni pour la désinformation sur des produits défectueux, ni même en cas de pression sur les experts et autres décideurs politico-sanitaires. Or pas de moyen de répression veut dire pas de moyen de dissuasion, et ce malgré l’histoire bien chargée de l’industrie pharmaceutique »…

Mais pour la Fondation, la transparence ne suffit pas. Elle appelle les citoyens à se mobiliser pour obtenir des lois qui visent « l’élimination » des conflits d’intérêts, au nom de la protection des usagers et du droit (bien compris) à la santé et à l’information.

Lobbying, conflits d’intérêt, expertise :
quels pouvoirs, quels contrepouvoirs ?

Le 19 janvier 2011 de 14 h à 18 h 30 au Sénat

Quels sont les jeux d’acteurs et leur poids respectif – entreprises, lobbyistes, élu-es, décideurs et cabinets ministériels, chercheurs, enseignement et formation des élites, syndicats, organisations de la société civile, journalistes et medias dépendants et indépendants ?

Quels alternatives et contre-pouvoirs pour rééquilibrer la démocratie : expertise scientifique indépendante, expertise citoyenne, journalisme d’investigation, associations…

Le rôle de l’État est-il toujours de garantir l’intérêt général et le pluralisme démocratique ? Faut-il renforcer les législations ? (lanceurs d’alerte, poursuite baillons, lobbying)…

Parmi les intervenants : Roland Desbordes, président de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité) ; Gus Massiah, membre du conseil international des Forums sociaux mondiaux ; Corinne Lepage, députée européenne ; Michèle Rivasi, députée européenne ; Yiorgos Wassalos, Alter-EU, chercheur…

Ce séminaire est le dernier d’une trilogie à l’initiative d’organisations membres du réseau citoyen Etal (pour l’Encadrement et la transparence des activités de lobbying)

>> Renseignements : adequations.org

>> Haut-fonctionnaire et ex-membre du gouvernement, l’ancien président d’Emmaüs Martin Hirsch, six mois après sa sortie du gouvernement, revient avec un essai, Pour en finir avec les conflits d’intérêts (Stock), une maladie bien française à le lire. Il y fait notamment une série de recommandations :
– déclarations d’intérêts obligatoires (sources de revenus, activités des conjoints et des enfants et «la participation présente ou passée à un organe de direction d´un organisme» lié aux responsabilités en cours) ;
– enseignement des conflits d’intérêts à l’ENA et les écoles de la fonction publique ;
– nomination d’un commissaire aux conflits d’intérêts ;
– interdiction de certains cumuls pour les parlementaires ;
– disposition anti-cadeaux pour les responsables publics ;
– code éthique des conflits d’intérêts.

>> Une commission pour réfléchir sur les conflits d’intérêt.- La « commission de réflexion pour la prévention des conflits d´intérêts dans la vie publique », annoncée par Nicolas Sarkozy en juillet, en pleine affaire Woerth-Bettencourt, a été mise en place par un décret présenté le 8 septembre en conseil des ministres. Elle devra rendre ses conclusions avant le 31 décembre.
Jugeant cette démarche peu crédible, l’association Anticor appelle « les citoyens et les élus honnêtes à soutenir la création d’un conseil de surveillance citoyenne (composée de personnalités qualifiées comme par exemple des magistrats ou fonctionnaires en retraite, associations, citoyens tirés au sort, etc.) destiné à prévenir et sanctionner ces conflits d’intérêts pour restaurer l’éthique de la fonction politique et publique ».