Comment l’or ruine l’Afrique

Gilles Labarthe, journaliste de l’agence de presse suisse Datas, explique à Ouvertures comment l’or de l’Afrique continue d’être pillé dans une indifférence quasi-générale. Une enquête commencée par François-Xavier Verschave auteur de nombreux dossiers contre la politique française en Afrique et publiée par Gilles Labarthe dans un livre récemment paru (voir encadré).

Ouvertures.- L’Afrique produit beaucoup d’or, mais reste pauvre. Pourquoi?

Gilles Labarthe.- Plus de 80% des sites aurifères ouest et centrafricains de grande envergure sont aujourd’hui aux mains d’une poignée de multinationales, qui prétendent avoir découvert les gisements, alors que la quasi-totalité de ces derniers était déjà connue des orpailleurs locaux depuis bien longtemps. Les réformes des codes miniers mis en place dans la plupart des pays africains producteurs depuis la fin des années 1980, sous la pression des institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale), ont conduit à privilégier les grandes compagnies d’extraction étrangères, aux dépens des petites sociétés minières d’État et, surtout, des mineurs artisanaux, qui pouvaient autrefois justifier de permis d’exploitation.Le secteur de l’or reste très opaque et la question de la redistribution des revenus se pose, comme l’indique l’ONG Oxfam.

Un exemple : en dix ans, le Mali est devenu le troisième exportateur d’or en Afrique, après l’Afrique du Sud et le Ghana. Ses exportations d’or ont triplé, dépassant les 56 tonnes en 2006. Dans le même temps, le pays a dégringolé dans l’Indice de développement humain des Nations Unies, tombant dans la catégorie des trois États les plus pauvres du monde. Les richesses sont mal redistribuées. Où vont les profits ? Où s’envole l’or ? Même les fonctionnaires maliens et responsables officiels du secteur des mines ont toutes les peines du monde à obtenir des informations complètes et transparentes de la part des grandes firmes occidentales sur les conditions d’extraction des ressources aurifères nationales. La campagne “ Publiez ce que vous payez ”, soutenue par trois cents ONG dans le monde entier, a pour principal objectif d’aboutir à ce que les compagnies extractives (pétrole, gaz et ressources minières) publient, de façon systématique et transparente, le montant des taxes et redevances de toute nature qu’elles versent aux États.

Enquête sur un scandale

L’Or africain Pillages, trafics et commerce internationalLa réalisation du livre-enquête , coédité en octobre 2007 par l’association Survie et l’ONG Oxfam France-Agir ici, constitue un exemple de ce que le journalisme d’investigation indépendant peut apporter pour étayer le travail d’ONG oeuvrant pour la justice sociale, le développement et une meilleure répartition des ressources mondiales. C’est ce type de journalisme, traitant de dossiers urgents et d’intérêt public, que veut promouvoir l’agence Datas. Créée en novembre 2004 avec Philippe de Rougemont, spécialiste des questions écologiques, Datas est la seule agence de presse indépendante en Suisse romande spécialisée dans les enquêtes et les reportages de terrain.

Sadiola, petite commune au sud-ouest du Mali. C’est dans cette région désolée que des multinationales travaillent aujourd’hui « avec des méthodes dignes de l'apartheid » : cadences épuisantes, normes de sécurité sans commune mesure avec celles des pays occidentaux, déversements d'arsenic et de cyanure, maladies étranges apparaissant dans les villages avoisinants : les cas de pollution et d’intoxication mortelles sont constatés sur place par Sambala Macalou, premier adjoint de la ville de Sadiola, mais aussi par Camille de Vitry, une documentariste marseillaise. Celle-ci enregistre des témoignages accablants.

Scandalisée par le mépris avec lequel les multinationales de l’or Anglogold et Iamgold, opérateurs de la mine de Sadiola, traitent les populations locales, Camille de Vitry décide de tourner un film. De retour à Paris, elle évoque la situation alarmante des mines d’or et de l’appauvrissement du Mali (malgré une production annuelle de 50 tonnes) à François-Xavier Verschave, président de Survie.

Survie est une association qui milite depuis une vingtaine d’années pour un assainissement des relations de coopération entre la France et l’Afrique. François-Xavier Verschave commence à démontrer que le commerce de l’or africain s'inscrit dans un système de prédation complexe, où se côtoient actionnaires, hommes politiques, mercenaires, services secrets et trafiquants de matières premières.

Frappé par un cancer, il disparaît en juin 2005, laissant un livre à l'état de projet. L’année suivante, Survie demande à Gilles Labarthe de poursuivre l’enquête…

Quels sont les principaux pays producteurs d’or en Afrique?

GL.- Il s’agit principalement de l’Afrique du Sud (une moyenne annuelle de 300 tonnes ces dernières années), du Ghana (plus de 75 tonnes), du Mali (50 tonnes en moyenne), de la Tanzanie (idem), de la Guinée et du Zimbabwe (de 10 à 20 tonnes selon les années), de la République démocratique du Congo… au total, plus de 34 pays africains produisent de l’or, réalisant un total de plus de 600 tonnes d’or par an – soit environ le quart de la production annuelle mondiale.

En quoi l’Afrique est-elle un continent stratégique dans le secteur minier?

GL.- Le Continent noir détient la moitié des réserves d’or mondiales identifiées. Après le pétrole, l’or représente un des cinq premiers marchés mondiaux dans le secteur des minéraux : il “pèse” environ 65 milliards de dollars par an. L’Afrique est de plus en plus convoitée par les multinationales d’extraction : outre les réserves d’or importantes, la part des recettes d’exploitation qui revient à l’État a été minorée à l’extrême (20%, voire même 0% comme c’est le cas d’une mine d’or au Botswana). La main d’œuvre africaine est très bon marché, les mouvements syndicaux vite réprimés et les normes environnementales, pas appliquées ou peu contraignantes. Résultat : la marge de bénéfice réalisée par les grandes compagnies minières occidentales est plus importante que dans n’importe quel autre endroit de la planète. Depuis une dizaine d’années, avec la hausse spectaculaire du cours de l’or, les investissements étrangers montent en flèche dans le secteur aurifère, surtout en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.

La BEI interpellée sur ses investissements en Afrique

La Banque européenne d’investissement (BEI) a annoncé dernièrement qu’elle soutiendrait l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). L’ITIE vise à assurer la transparence des revenus générés par les industries extractives, en établissant l’obligation pour les entreprises de publier les sommes qu’elles paient, et aux gouvernements de révéler ce qu’ils reçoivent.

Les ONG saluent le soutien de la BEI à l’ITIE mais soulignent le « contraste majeur entre les objectifs de développement et de transparence dont cette initiative est porteuse, et les pratiques récentes de la BEI ». En particulier, elles dénoncent le prêt de la BEI au projet minier de Tenke Fungurume en République Démocratique du Congo (RDC). Ce projet, qui couvre l’un des plus riches gisements de cobalt et de cuivre vierge au monde, est « connu pour son manque de transparence et les soupçons de corruption qui l’entourent », selon le collectif Counter Balance – Réformer la BEI.

Les Amis de la Terre, qui font partie de cette coalition, ont publié l’an dernier un nouveau rapport «Banque européenne d’investissement : six ans (2000-2006) de financement du pillage minier en Afrique». Selon l’association, la BEI « a choisi de s’impliquer massivement dans le secteur minier en Afrique. Pourtant, les effets positifs de l’industrie minière sur le développement sont très contestés, alors que ses impacts environnementaux et sociaux sont souvent désastreux. En outre, la BEI choisit de s’engager dans ce domaine extrêmement controversé alors qu’elle ne possède aucun standard lui permettant d’en gérer les conséquences. La BEI montre en effet un retard considérable en matière de transparence, de normes environnementales et sociales, de procédure et d’expertise, y compris par rapport aux autres bailleurs publics internationaux (Banque mondiale, banques régionales de développement), pourtant eux-mêmes critiqués pour leurs pratiques ! ».

J-L M-L

Quelles sont les trois plus grandes multinationales de l’or opérant en Afrique?

GL.- Notre livre d’enquête décrit entre autres les activités polluantes des trois plus grandes multinationales d’extraction (“majors”) qui se disputent la première place sur ce marché, et qui sont omniprésentes en Afrique : AngloGold (Afrique du Sud), Barrick Gold (Canada) et Newmont Mining (USA). Ces trois compagnies, soutenues par le gratin de la haute finance internationale, produisent elles seules chaque année plus de 500 tonnes de tout l’or extrait sur la planète. Elles sont régulièrement dénoncées pour pollution à large échelle et violation des droits de l’homme. Le dossier noir présente aussi les méthodes d’autres compagnies de dimension plus modeste (“juniors”), associées à ces géants de l’or, qui mènent sur place une politique de prospection et d’acquisition très agressive, souvent aux limites de la légalité.

Qui sont les principaux acheteurs sur le marché mondial?

GL.- Les principaux acheteurs de la production d’or africain extrait par ces trois compagnies anglo-saxonnes sont des grandes banques commerciales comme la Royal Bank of Canada, J. P. Morgan, Union de Banques Suisses (UBS) ou la française Société Générale. Ces banques occidentales avancent aux multinationales précitées d’importants crédits finançant l’exploitation industrielle de l’or sur les plus importants gisements en Afrique. Ces crédits sont gagés sur la production d’or.

Pour les actionnaires comme pour les grands établissements bancaires, l’industrie de l’or représente un des placements les plus rentables. Valeur-refuge par excellence, l’or conserve un bel avenir. Son cours actuel a dépassé son plus haut niveau depuis 1980, avoisinant 20 000 € le kilo. La demande est importante, comme toujours en temps de crise. La bijouterie et l’horlogerie de luxe absorbent environ 80% de la production.

Quels problèmes pose l’extraction de l’or?

GL.- Nous partons, dans notre livre, de l’exemple des communautés de Sadiola, au sud-ouest du Mali, qui dénoncent depuis dix ans la pollution effroyable causée par l’extraction industrielle de l’or par les multinationales. Déversement des eaux polluées, intoxications au cyanure, normes de sécurité mal appliquées, déplacement massif des populations locales : les mêmes ravages sociaux et environnementaux sont aussi dénoncés depuis longtemps au Ghana, comme en Tanzanie, notamment par l’Organisation de la société civile africaine, une coalition de vingt-neuf ONG représentant quinze pays, travaillant dans le secteur de l’extraction minière ou concernées par ses répercussions. Qui va payer la facture sociale et environnementale liée à l’exploitation industrielle de l’or ? Certainement pas les multinationales d’extraction, qui cherchent à se décharger du coût lié à la réhabilitation des sites. La somme des dégradations écologiques et des atteintes à la santé provoquée par l’exploitation des mines d’or à ciel ouvert – qui sont les plus polluantes – va ruiner les régions productrices pour des générations à venir. Un rapport américain avance déjà le chiffre de 55 milliards de dollars pour réparer les dégâts. On peut estimer qu’il faudra quelque 16 milliards pour dépolluer les sites en Afrique.

Que peuvent faire la société civile africaine et les ONG internationales?

GL.- Outre les ravages causés à l’environnement, il s’agit de lutter contre les injustices sociales. La mobilisation est très large. Le secteur de l’or concerne autant la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), qui s’insurge contre les conditions inhumaines d’exploitation – comme au Mali – qu’Amnesty In
ernational, qui a documenté de crimes commis en 1996 sur le site minier de Bulyanhulu en Tanzanie. L’exploitation de l’or, souvent associée à des activités de mercenariat, peut se révéler encore plus meurtrière dans des régions en conflit, comme dans les provinces de l’est en République démocratique du Congo. L’or risque de financer des mouvements armés, comme l’avertit l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW). Il représente aussi l’un des principaux vecteurs du blanchiment d’argent, au niveau international.

On a parlé du “processus Kimberley” pour lutter contre les “diamants du sang”. Peut-on imaginer un processus de certification similaire pour l’or ?

GL.- Les experts du Conseil de sécurité des Nations unies le recommandent. Ils y travaillent même depuis plusieurs années. Rien n’a encore abouti de manière officielle. En plus des phénomènes de contrebande, laquelle sert parfois à financer l’effort de guerre, l’origine de l’or est particulièrement difficile à contrôler : il peut être fondu et refondu, à l’infini…

Vu la porosité des frontières, le manque de moyens de contrôle dont disposent les Etats africains, la corruption ambiante, le caractère instable ou kleptocrate de certains régimes (République démocratique du Congo, République centrafricaine, Guinée, pour ne citer que ces pays-là), on peut raisonnablement estimer qu’un quart, voire un tiers de la production totale issue de l’orpaillage africain – estimée à 50 tonnes – est exfiltrée par des réseaux de contrebande. Ces réseaux, qui alimentent les marchés asiatiques, européens et américains de l’or, parviennent aussi à détourner parfois une part significative de la production issue de l’extraction industrielle, comme en Afrique du Sud.

En 1996, le gouvernement de Pretoria recherchait ainsi en Suisse plus de 7 tonnes d’or (soit une valeur actuelle avoisinant une centaine de millions de dollars) qui avaient été acheminés clandestinement vers l’entreprise suisse de raffinage Metalor. Le manque à gagner pour les Etats africains est considérable.

La Belgique, première de la classe… hors de ses frontières?


Michel Wery.
Photo: JL ML.

Ce 19 mars 2008, le Parlement Européen a fêté le cinquantième anniversaire de sa première session, constituante. Depuis son installation, Bruxelles est devenue la véritable capitale de l’Europe, là où opèrent la Commission, certaines sessions du Parlement et les administrations d’une organisation interétatique dont le nombre de membres augmente au rythme des nouvelles adhésions.

Dans le même temps, Bruxelles assiste impuissante et attristée, à l’apparente agonie de l’Etat belge dont les députés semblent peu inspirés pour imaginer un avenir national commun après 175 ans d’existence.

Aujourd’hui, d’aucuns osent même parler de la fin possible de l’Etat belge et plus personne ne se risquerait à un diagnostic sur les chances de survie de la Belgique à long terme.
Les formules célèbres de l’humaniste Jules Destrée en 1912 : « Sire, il n’y a plus de Belges » ou de l’ancien premier ministre, Gaston Eyskens: « La Belgique de Papa a vécu » (1970) ont fait long feu. Actuellement, on en est à la formule du chef des séparatistes flamands, Bart Dewever : « la Belgique, c’est fini ». Chronique d’une mort annoncée ?

N’est-il pas étonnant d’observer en ce petit pays de cocagne le double mouvement, apparemment contraire, entre d’une part l’Etat Belgique à bout de souffle dont un nombre croissant de représentants de la nation osent suggérer que dans le fond les deux communautés du pays n’ont peut-être plus vraiment envie de vivre ensemble et, d’autre part, l’Europe qui au sein de la même capitale suscite une adhésion sans faille sinon même un engagement exemplaire de ce même personnel politique belge au service de l’idéal continental et international. « L’Union fait la force », devise de la Belgique depuis 1830, anime les esprits de ses élus dès lorsqu’il s’agit de l’Europe…
Pour la Belgique, par contre…


Des trams ainsi habillés circulent actuellement dans Bruxelles. La Ligue des Optimistes est une association belge selon laquelle "la réalité du monde est plus belle que ce que nous en montrent les médias ; la Belgique est encore un des pays les plus prospères et les mieux organisés du monde; les Belges sont formidables par leur diversité culturelle et linguistique".

« Petit pays, petit esprit » (selon le mot du Roi Léopold II) contorsionné de l’intérieur dans son impossible équation institutionnelle, étriqué dans sa névrose communautaire, la Belgique se montre par contre rayonnante, épanouie et toujours aux avant-postes de la pensée politique dès qu’elle s’ouvre au monde et inspire les nations en tirant de son chapeau des « modèles institutionnels inédits » auxquels personne n’avait pensé avant elle, et qui forcent l’admiration de tous.

Serions-nous devenus « un pays merveilleux mais surréaliste suspendu au seul fil de sa couronne » comme aimait à le dire Amélie Nothomb? Un pays qui ne tirerait justement pas de son ontogenèse contrariée les ingrédients du « génie belge », source de sa valeur ajoutée unique sur la scène internationale?

Qu’inspire chez nos jeunes compatriotes cette expérience de dévalorisation quasi-systématique, dans la bouche de leurs représentants, de l’image de leur pays ? Ne pourrait-elle pas, contre toute attente, susciter au cœur des Belges une envie profonde d’union, de synthèse et de rassemblement? Oui… mais plutôt ailleurs… nul n’étant prophète en son pays.

A un journaliste qui l’interrogeait sur les raisons de la violence verbale au sein de son assemblée parlementaire, l’ancien premier ministre belge Pierre Harmel répondit qu’il était somme toute préférable que l’on s’étripât au Parlement plutôt que dans la rue.
Là voilà, la tradition belge : des crises institutionnelles récurrentes et profondes, des compromis alambiqués, d’où l’expression « à la belge », et un peuple bonhomme qui de son histoire a retenu qu’il vaut mieux se démarquer des querelles partisanes de ses représentants… et vaquer à ses occupations créatrices de richesses.

Quant à ces représentants, ils ont toujours rêvé d’horizons plus larges… Leur éducation au compromis, dès leur entrée en politique, l’initiation à la « créativité institutionnelle à la belge » sans laquelle notre Etat ne serait plus, fait notre réputation, leur expertise, et s’exporte bien.
Ainsi, c’est un diplomate belge, le Baron Noterdame, qui suggéra la bonne formule pour mettre fin à la guerre des Malouines. Ce sont ces mêmes Belges qui amenèrent les belligérants à la table de discussion en Afrique Centrale après les terribles évènements du Ruanda.

La Belgique poussa même le concept de « droit d’ingérence », cher à Bernard Kouchner, l’actuel ministre français des affaires étrangères, jusqu’à introduire dans son code judiciaire sa loi, quasi unique dans le monde, de « compétence universelle » par laquelle le juge belge est habilité à poursuivre partout dans le monde, toute personne coupable de génocide, de crime de guerre ou de crime contre l’humanité, quelque soit la nationalité de la personne incriminée et quelque soit le lieu du crime. Citons parmi les personnes poursuivies Augusto Pinochet, Ariel Sharon, Fidèle Castro etc.
Ces différents exemples illustrent la position audacieuse et respectée de la Belgique dans le concert des nations. Aurait-elle donc elle aussi un idéal spécifique à promouvoir au-delà de ses propres frontières?

« Petit pays, petit esprit » ? ou tout simplement des hommes dans lesquels se reconnaissent en fin de compte les responsables venus de tous les horizons de la planète Terre. Car contrairement à son image d’Etat qui se délite de l’intérieur et qui ne respecte pas ses propres minorités pour de sombres questions de rapports entre communautés, la Belgique se réveille et se montre première de classe dès qu’il s’agit de mettre en application les grands principes de bonne gouvernance, de techniques pointues pour rapprocher, où que ce soit dans le monde, des points de vue apparemment inconciliables, d’imaginer des modèles institutionnels mariant l’eau et le feu.
Cette Belgique là serait-elle « prophétique » du grand village universel qui s’annonce, de la Tour de Babel que sera le monde de nos enfants, qui devra imaginer de nouvelles façons de vivre ensemble et d’organiser les relations entre les peuples et les cultures au sein même de territoires de plus en plus mélangés?

Petit pays au peuple attachant à qui les grandes puissances ne craignent pas trop de confier des missions emblématiques, la Belgique a sans doute une belle carte à jouer sur la scène internationale.

Né artificiellement de la volonté des grands du IXXe siècle qui voulaient se neutraliser par la création d’un état tampon composé de brics et de brocs postféodaux, cette Belgique là saura-t-elle préfigurer… le monde de demain ?

Michel Wery
Citoyen belge

Jacques Salomé parle de la violence à l’école

Jacques Salomé«La mission de l’école, c’est aussi de transmettre un savoir-être»

La violence à l’école, un phénomène qui préoccupe beaucoup de monde et contre lequel les remèdes ne sont pas évidents.

Jacques Salomé, psychosociologue et auteur à succès qu’on ne présente plus, explique pour Ouvertures que la violence des enfants est à la fois « un appel et une réponse. Un appel contre la non-vie et l’absurdité d’un avenir inconsistant. Une réponse aux violences invisibles, endémiques et diffuses qui pèsent sur les enfants ».

Dans une approche profondément humaine, Jacques Salomé invite tous les acteurs à développer ce qu’il appelle la communication relationnelle : « Dans le monde de l’école, tous les protagonistes (enseignants, conseillers éducatifs, accompagnants) font avec beaucoup de bonne volonté, "de la communication", surtout quand il y a un problème. Mais ils entretiennent en même temps une confusion grave, qui consiste à croire qu'il y a une équivalence entre la circulation de l'information et le fait de communiquer. Communiquer veut dire "mettre en commun"! »

Extraits de l’interview :

– J’invite les enseignants à s'engager vers une transmission des savoir être, savoir créer, savoir devenir.

– La focalisation sur les programmes me semble un leurre. Bien sûr qu'ils sont à réajuster, mais ce qui me paraît plus essentiel, c'est d'introduire l'équivalent d'une matière à part entière, un enseignement de la communication relationnelle.

– Il sera aussi important de tenter de mieux cerner quels sont les besoins prioritaires des enseignants.

– L'intégration au monde des adultes est difficile par manque d'identification. Les adultes sont souvent perçus comme des non-modèles (quel adolescent aujourd'hui veut ressembler à ses parents ? Lequel veut vivre comme eux ?)

– Le système relationnel dominant, à base d'injonctions, de dévalorisations, de menaces, de chantages, de comparaisons ou de culpabilisations, fondé sur des relations dominantes-dominés, est à la base de la violence-réponse, qui prévaut aujourd'hui dans beaucoup de secteurs de vie.

– Pour ces enfants, ces adolescents, toute rencontre avec la réalité qui ne satisfait pas immédiatement les désirs, est vécue par eux comme agressante et suscite de leur part, quasi automatiquement, un comportement réponse de contre-agression.

– Introduire une matière nouvelle : un enseignement de la communication relationnelle non violente, à partir de règles d'hygiène relationnelle reconnaissables, transmissibles, apprises en commun.

– Il ne suffit plus de s'adapter, de rénover mais d’inventer, de modifier profondément le système relationnel qui régit actuellement les relations enfants / adultes.

– L’école peut devenir un lieu central d'apprentissage relationnel à la communication non violente.

» Lire l’interview intégrale

Camargue: le premier site naturel éco-responsable en France

Situés en Camargue, les Marais du Vigueirat s’engagent dans le processus de certification européenne Emas. Une première en France parmi une poignée d’exemples en Europe.

Tous responsables, même les touristes ! Telle est la philosophie que portent les Marais du Vigueirat en Camargue (commune d’Arles, hameau de Mas-Thibert). Cette zone humide constitue aujourd’hui l’un des plus grands territoires acquis par le Conservatoire du littoral dans la région Provence Alpes Côtes d’Azur. Le site de 1 000 ha, dont 900 ha strictement protégés, est emblématique de la biodiversité propre aux zones humides sensibles. Il abrite 600 espèces végétales et 286 espèces d’oiseaux observés (héron, oie cendrée, guêpier d’Europe…), ce qui représente plus de 60% de l’avifaune en France.

Les marais bénéficient de Life-Promesse, un projet européen visant à diminuer l’impact des activités humaines sur un site naturel sensible en Camargue. Il a aussi pour objectif de sensibiliser le public autour des problématiques d’éco-responsabilité. Le programme a permis de conduire une concertation associant les acteurs socio-économiques et les habitants à la démarche éco-responsable, et de générer une réflexion sur l’avenir de ce territoire. Objectifs : améliorer la qualité de vie des habitants, créer de l’activité et de l’emploi, et ceci dans une logique globale de respect de l’environnement et des particularités locales.

Les onze partenaires(1) de Promesse ont été exigeants. Ils ont choisi de s’engager dans le système de management environnemental et d’audit Emas (Eco-Management Audit Scheme)(2), un système équivalent, mais en plus rigoureux encore, à la norme internationale Iso 14000. Pour permettre le respect des engagements, un salarié à mi-temps est mobilisé. L’audit de certification est en cours par le cabinet indépendant Ecopass.

Le 1er village de vacances en France à obtenir l’écolabel européen

Le Village Club Med d’Opio, près de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, vient d’obtenir l’écolabel européen pour les hébergements touristiques certifié par l’Afnor (Association française de normalisation). Village de vacances sportif, conçu pour les familles avec enfants mais aussi les séminaires, avec un important Club Med Business, il est aujourd’hui le village de vacances en France à avoir reçu cette certification qui repose sur plus de 80 critères stricts de performance et de gestion de l’environnement. À ce jour, 160 établissements en Europe, dont 13 hôtels en France, sont certifiés.

Par ailleurs, le village d’Opio servira prochainement de terrain expérimental pour un prototype d’appareil de désalinisation de l’eau de mer par énergie solaire.

Pour la période 2008-2010, Emas s’applique aux activités d’accueil du grand public sur le site : visites libres et accompagnées à pied, visites en calèche, découverte de l’activité de pêche de régulation de l’écrevisse de Louisiane, petite restauration et boutique. Ainsi, diverses mesures ont été mises en place pour réduire l’impact de ces activités sur l’environnement en agissant dans cinq domaines prioritaires que sont l’énergie, l’eau, les déchets, les déplacements et les achats et services.

Seuls deux autres sites en Europe ont déjà obtenu le label Emas île de Maineau en Allemagne et Parc Naturel du Mont-Avic en Italie. Aboutissement de 4 années de concertation, d’engagement et de réalisations techniques, le programme Life Promesse, mis en place sur les Marais du Vigueirat, veut démontrer qu’il est possible de concilier protection de la nature et écotourisme responsable. Ses promoteurs comptent bien faire de l’éco-responsabilité un argument touristique.

 

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(1) Amis du Vigueirat, WWF, Gaz de France, Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, Arles, Centre Permanent d’Initiative pour l’Environnement Rhône Pays d’Arles, agence de l’eau Rhône-Méditerranée, Ademe, Région PACA, Union européenne, ministère de l’écologie.

(2) Le règlement (CE) n° 761/2001 (Emas) a été adopté par le Conseil Européen pour permettre la participation volontaire de tous organismes et de tous secteurs à s'engager dans une démarche volontaire d'amélioration continue de leurs performances environnementales.

Les bio-contrôles veulent concurrencer les pesticides

Un nouveau type de produit à base de micro-organismes naturels, appelé « bio-contrôle », permet de renforcer les capacités de lutte des plantes contre leurs agresseurs.


Eutypiose, maladie de la vigne
en Charente (France)

Suite à l’interdiction en 2001 de l’arsénite de sodium, molécule toxique pour les agriculteurs et l’environnement, puis de l’Escudo en 2007, les maladies du bois de la vigne (parasite s’attaquant au bois des ceps) inquiètent les viticulteurs ne disposant plus de produits de substitution autorisés.
Le ministère de l’agriculture vient d’homologuer et d’autoriser la commercialisation immédiate, à titre dérogatoire (article R 253-50 du code rural), d’un nouveau produit : Esquive WP, un « bio-bontrôle » à base de micro-organismes naturels issus de la biodiversité.

C’est une nouvelle manière d’envisager les phytosanitaires, dans laquelle on remplace l’équation « maladie = traitement de choc » par un traitement préventif sur le long terme, en misant sur la capacité de la plante à activer des défenses naturelles. Ce qui permet de limiter l’utilisation de molécules polluantes.

Esquive WP est mise sur une souche du champignon trichoderma atroviride, micro-organisme existant dans le milieu naturel. Il pénètre dans le cep et a une action antagoniste vis à vis des champignons pathogènes responsables des maladies. Plusieurs partenaires ont collaboré à la mise au point d’Esquive : Cnrs (métabolites), Institut national de la recherche agronomique (Inra) Dijon (marqueur moléculaire, écologie, devenir dans l’environnement, tests d’efficacité), Inra Bordeaux (efficacité), ITV (micro-vinifications), Adria de Quimper (production).

« Un potentiel énorme »

Le docteur Bachar Blal est directeur technique, responsable de la recherche-développement et de la validation des produits chez Agrauxine : « Le mot bio-contrôle a été forgé pour distinguer nos procédés, basés uniquement sur les micro-organismes vivants, des pesticides qui utilisent, eux, des produits chimiques de synthèse. C’est important d’un point de vue environnemental mais aussi réglementaire, comme nous avons eu l’occasion de le dire au Grenelle de l’environnement. Nous nous battons pour être reconnus comme une voie alternative et ainsi éviter d’être listés dans le plan de réduction de l’usage des pesticides Ecophyto 2018.

« Nous sommes bien dans le cadre de produits phytosanitaires, mais nos produits sont sélectionnés dans la nature, traités et conditionnés par nos soins, avant d’être relâchés dans cette même nature où ils sont réintégrés ou éliminés. Ils ne sont pas modifiés génétiquement, d’abord parce que ça coûterait très cher, mais aussi parce que, écologiquement, ils participent sans risques aux équilibres naturels. Utilisés comme symbiotes ou antagonistes, ces micro-organismes ne tuent pas les pathogènes, mais les réduisent ou les inhibent. Le potentiel d’utilisation des bactéries, champignons, moisissures, enzymes et levures naturels comme bio-contrôle ou fertilisants est énorme et encore très peu exploré. »

Esquive WP est commercialisé par le groupe quimpérois Agrauxine. Créé en 2002, cette société conçoit et produit des fertilisants et des produits phytosanitaires naturels de bio-contrôle à base de micro-organismes tels que les champignons microscopiques. Elle commercialise déjà un fertilisant homologué depuis 1998. A base d’endomycorhize, un micro-organisme ayant la particularité d’augmenter le développement racinaire et l’absorption minérale des végétaux, cet engrais renforce les défenses naturelles des plantes et leur résistance à la sécheresse. Une autre homologation est attendue prochainement pour Antibot, un anti-botrytis (botytris: champignon qui attaque les vignes) totalement naturel attendu par les producteurs de tomates.

Les producteurs de bio-contrôles sont regroupés au sein de l’Ibma (International Bio-Control Manufacturer’s Association).

Cette nouvelle voie est supposée, par leurs promoteurs, « offrir des alternatives fiables et rapides à de nombreuses molécules chimiques » et « représenter une quatrième voie pour une agriculture durable » entre le tout chimique, le tout OGM et le zéro protection.

Exemple : l’autorisation d’une variété de maïs OGM présentée comme l’unique solution pour lutter contre la pyrale (papillon dont les chenilles peuvent infester massivement le maïs). Il existe une «alternative de bio-contrôle : le trichogramme, un insecte qui parasite les œufs de pyrale est à peu près aussi efficace qu’un traitement chimique». 20% des surfaces de maïs sont traitées en France avec cet insecte.

Autre exemple, la lutte contre le carpocapse (le ver des pommes), parasite aujourd’hui traité par deux produits biologiques développés par NPP (en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique – Inra) et par Sumiagro. Solutions ne laissant pas de résidus dans les fruits, elles sont utilisées en France sur plus de 40 000 ha.

Autant d'alternatives qui permettent d'espérer une réduction croissante de la consommation de pesticides nocifs, quand ils sont employés trop largement comme aujourd'hui, pour l'environnement comme pour la biodiversité et la santé humaine.

L’arche de Noé végétale contestée

Des ONG de cultivateurs craignent que cette arche de Noé végétale soit un prétexte des industriels de la semence et des biotechnologies pour rassurer le grand public et rendre les paysans définitivement captifs, au grand détriment de la biodiversité naturelle. L’association Kokopelli vient de faire les frais de cette politique de captation de la biodiversité.

Semences - L’arche de Noé végétale contestée

La Global Seed Vault (chambre forte mondiale des graines) a été inaugurée le 26 février dernier, dans l’océan Arctique, sur l’île norvégienne de Spitzberg située à plus de 1 000 kilomètres du pôle Nord. C’est une immense caverne-réfrigérateur enfouie à 130 mètres de profondeur. Elle est capable, en théorie pendant des siècles, de conserver les semences de toutes les espèces vivrières de la planète (riz et blé, entre autres). Cet entrepôt glacé conservera, dans des conditions optimales à -18º C, des doubles des graines entreposées dans les 1 400 banques de gènes déjà existantes dans le monde. Plus de 4,5 millions de semences peuvent y être stockées, ce qui équivaut à environ deux milliards de graines, soit deux fois plus que le nombre de variétés cultivées dans le monde.

Ce projet est le fruit d’un accord tripartite entre le gouvernement norvégien, le Global Crop Diversity Trust et la Nordic Gene Bank. Le trust, financé et soutenu notamment par la Fondation Bill et Milinda Gates, la Fondation Rockefeller, Dupont/Pioneer, Syngenta AG, la Fondation Syngenta et la Fédération internationale des semences, les plus importants lobbies de l’industrie des semences, financera les opérations de cet arche de Noé végétale.

Empreintes génétiques

Le Réseau semence paysanne s’en inquiète fortement: «Nous sommes particulièrement préoccupés par cette initiative qui concentre en un seul lieu de la planète le futur de notre alimentation, commente Guy Kastler, le délégué général du collectif. En fait, bon nombre d’institutions et d’entreprises industrielles multinationales qui financent ce projet de cave de la fin du monde, mettent tout en oeuvre pour diminuer l’accès aux ressources génétiques vivantes actuelles et contribuent à leur anéantissement. Elles imposent partout des lois qui remettent en cause les droits des paysans de conserver, utiliser, échanger et vendre les semences reproduites à la ferme. Après avoir pris gratuitement dans les champs les semences sélectionnées par les paysans, l’industrie semencière y a imprimé ses empreintes génétiques destinées à marquer sa « propriété intellectuelle » protégée par des Certificats d’Obtentions Végétales ou des brevets. De plus, au nom du « libre marché », les lois interdisent peu à peu aux paysans d’échanger leurs propres semences. Elles les obligent ainsi à acheter celles de l’industrie, seules à pouvoir être inscrites dans les catalogues officiels requis pour toute vente. Dans de nombreux pays, les paysans n’ont même plus le droit de ressemer leur récolte».

Les demandes des paysans

Le Réseau semence paysanne demande, conformément aux accords internationaux sur la biodiversité(1):

  • que chaque pays de la planète reconnaisse et protège activement dans ses lois nationales et dans ses politiques agricoles les droits des paysans de conserver, utiliser, échanger et vendre les semences reproduites à la ferme ;
  • que toutes les semences enfermées dans les collections soient mises à la disposition des pays et des paysans à qui elles ont été prises, et que la priorité soit accordée à la conservation et au développement de la biodiversité dans les champs ;
  • que les sommes aujourd’hui consacrées aux recherches en biotechnologies végétales soient reconverties pour financer les programmes de sélection participative destinés à permettre aux paysans de continuer à contribuer à la conservation dynamique des variétés végétales et au renouvellement de la biodiversité en plein air.

 

Kokopelli condamnée pour vouloir défendre la biodiversitéL’association Kokopelli, la seule association en Europe de conservation des semences de la biodiversité, vient de faire les frais de cette politique que dénonce le Réseau semence paysanne. Elle vient d’être condamnée à 2.000 € pour le grainetier Baumaux et à 23.000€ pour l’Etat et la Fédération des industriels de la semence (FNPSPF).
«Il faut être réaliste, reconnaît Raoul Jacquin, paysan dans le Minervois et responsable des relations publiques de l’association Kokopelli, les semences que défend notre association, étant maintenues dans l’illégalité par une volonté politique, nous ne pouvions pas gagner ces procès. Malgré les directives européennes, les avis de l’ONU, du Sénat, de scientifiques et d’agronomes affirmant l’urgence de sauvegarder la biodiversité végétale alimentaire, l’Etat français refuse de libérer l’accès aux semences anciennes pour tout un chacun. C’est ce qui permet aujourd’hui aux magistrats d’infliger ces lourdes peines. Au Grenelle de l’environnement, on a dit : il faut sauver la biodiversité ! Alors pourquoi condamner une association qui sauvegarde avec ses adhérents et ses sympathisants, plus de 2500 variétés en risque de disparition ? Pourquoi condamner ces semences dont la FAO reconnaît qu’elles sont une des solutions pour assurer la souveraineté alimentaire, face aux dérèglements climatiques et à l’augmentation de la population mondiale ? Pourquoi les mêmes variétés, selon qu’elles sont vendues par Kokopelli ou d’autres opérateurs entraînent condamnation ou mansuétude ? Pourquoi les grandes surfaces vendent des fruits et légumes issus des variétés interdites à Kokopelli, en toute impunité ? ».
Semences - L’arche de Noé végétale contestée

Photos : http://seed.for.free.fr

Une écrivaine québécoise arrêtée

Ghislaine Lanctôt, auteure de La Mafia médicale et du Procès de la Mafia Médicale, avait été radiée de sa profession après ces publications. Elle a été arrêtée au début du mois de mars dernier pour «omission de produire des déclarations de revenus». L’ancien médecin et clinicienne québécoise refuse de payer ses impôts pour des raisons à la fois politiques et spirituelles.

Ghislaine Lanctôt refuse de collaborer avec un système qu’elle juge frauduleux, mensonger et délinquant. Sa conscience lui interdit désormais de donner de l'argent à des banquiers internationaux qui dirigent les pays et les orientations économiques, pour « mener des guerres et tuer des êtres humains innocents ». Elle invoque aussi le fait que, selon la Constitution canadienne, le gouvernement fédéral a le pouvoir de créer de l'argent sans intérêt et que, par connivence avec les banquiers internationaux, ce pouvoir de créer de la richesse a été confié à une banque privée: la Banque du Canada. Elle est actuellement détenue à l’Unité des soins intensifs de psychiatrie légale de l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke (Québec).

Elle explique sa démarche dans ce communiqué que nous diffusons intégralement:

«Jusqu’en 1994, j’ai accepté de payer les impôts pour l’entité fictive appelée "contribuable", une corporation que le gouvernement a créée, qui lui appartient et qui porte le nom de Lanctôt, Ghislaine. Je croyais contribuer ainsi au bien public et je le faisais avec entrain. Que s’est-il passé pour que je stoppe complètement cette pratique?

C’est par obéissance à mon "âme et conscience" que j’ai pris cette décision, depuis que je sais que:

» 1 – Les impôts ne servent pas au bien public. Ils vont directement dans les coffres des banquiers internationaux – propriétaires de la Banque du Canada – qui les utilisent pour financer les armes et les guerres, entre autres…
» 2 – La Banque du Canada n’appartient pas au Canada. Elle est un cartel de banques privées internationales qui créent la monnaie canadienne. Ce pouvoir de création de la monnaie était exclusif au gouvernement canadien. Il l’a cédé à la Banque du Canada en 1913. Depuis lors, le gouvernement emprunte (avec intérêt composé) de l’argent qu’il pouvait créer lui-même, sans coûts. C’est ainsi qu’une dette s’est constituée et que le peuple, les "contribuables" donnés en garantie, se saignent à blanc pour en payer uniquement les intérêts.
» 3 – Les services fournis par le gouvernement ne sont pas payés par les impôts. Ils sont financés par de nouveaux emprunts encourus régulièrement. D’où la croissance constante de l’inflation et de la dette – capital et intérêts -.
» 4 – La dette est fictive, virtuelle. C’est une fausse dette. Aucun argent n’a été prêté par les banquiers propriétaires de la Banque du Canada. Ce sont des écritures sans aucune réserve qui sont enregistrées et utilisées. C’est de l’argent fictif, créé à partir de rien. Il n’y a pas de vraie dette!
» 5 – Les impôts sont à contribution volontaire pour les particuliers. Il n’y a pas de loi qui impose aux femmes et aux hommes vivants – des êtres humains en chair et en os – de payer l’impôt sur leurs revenus. Seules les corporations – des personnes fictives – sont tenues de payer l’impôt sur leurs profits (revenus moins dépenses).

EN PAYANT LES IMPÔTS:
– Je me fais complice de tromperie et escroquerie publiques.
– Je participe au financement des guerres et génocides dans le monde. Les Principes de Nuremberg n’interdisent-ils pas toute forme de collaboration, directe ou indirecte, avec un "crime contre la paix, un crime de guerre, un crime contre l’humanité"?
– J’endosse la dépossession des petits par les gros, je crée l’injustice sociale. Devant ce constat, mon âme m’interdit formellement de contribuer aux impôts. D’ailleurs, même chez les autorités, le message est ambivalent quant au comportement à adopter. C’est établi, il faut toujours obéir aveuglément aux ordres des autorités. Sauf que, parfois, il faut obéir à sa conscience plutôt qu’aux ordres des autorités…

Je suis consciente de la perturbation qu’occasionne, pour les systèmes établis, l’obéissance à mon ’âme et conscience’. Peu importe le prix à payer, je demeure fidèle à mon ’âme et conscience’. C’est elle qui gère ma vie et je lui ai donné carte blanche. Quelle que soit l’issue de cette aventure, je me réjouis de contribuer à l’évolution de la conscience humaine. Après tout, n’est-ce pas pour cela que je suis sur terre?!»

Ghislaine Lanctôt

» Écouter l'entrevue radiophonique que Madame Lanctôt a donnée à l'émission de Paul Arcand, le poste de radio le plus écouté au Québec.

» Son site.

Cancer du col de l’utérus : un vaccin miracle ?

Le nouveau vaccin contre le cancer du col de l'utérus est vanté par de nombreux professionnels de par le monde. Pourtant, çà et là, des interrogations et des inquiétudes se sont exprimées face au manque de recul sur l'efficacité réelle et l'innocuité de ce vaccin. Ouvertures apporte – sans trancher – des éléments pour faciliter votre réflexion.

Le cancer du col de l’utérus tue chaque année de 900 à 1 000 femmes en France (400 au Canada, environ 230 en Belgique, 15 000 en Europe, 240 000 dans le monde). Le Gardasil, commercialisé par les laboratoires Sanofi Pasteur MSD et Merck, offre, selon leurs fabricants, l’espoir de voir disparaître ou du moins fortement diminuer ce type de cancer parmi les plus fréquents chez la femme. A l’origine de la maladie, des virus sexuellement transmissibles, les papillomavirus, dont certains seulement (les papillomavirus de type 6, 11, 16, 18) pourront être empêchés par ce nouveau vaccin, soit près de 70 % des cas d’infection.

Les virus du papillome humain (HPV) sont des virus courants sexuellement transmissibles par les muqueuses. Dans la grande majorité des cas, ces virus sont naturellement éliminés par le corps ou provoquent des infections bénignes. Mais l’infection se transforme parfois en lésions précancéreuses qui peuvent évoluer en cancer du col de l’utérus.

370 000 jeunes filles concernées

Le Gardasil concerne les jeunes filles de 14 ans (370 000 par an en France) et les jeunes femmes âgées de 15 à 23 ans qui n’ont pas eu de rapports sexuels ou au plus tard dans l’année suivant le début de leur vie sexuelle. En effet, les futures vaccinées doivent être vierges ou avoir démarré leur vie sexuelle depuis moins d’un an, puisque le seul moyen pour que le vaccin soit efficace, c’est de vacciner avant l’exposition au virus.

En Europe, l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, l’Espagne, la France, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège et la Suisse recommandent la vaccination des jeunes filles contre le HPV. En France et en Belgique, le Gardasil est pris en charge par le systèmes de sécurité sociale.

Selon Roselyne Bachelot-Narquin, ministre française de la santé, de la jeunesse et des sports, «le Gardasil est un produit nouveau, efficace et coûteux (135 euros par dose, trois doses nécessaires) dont la prise en charge par la collectivité est indispensable pour assurer que les femmes aient accès à cette prévention». Son remboursement pourrait atteindre 100 millions d’euros par an. La ministre précise que ce vaccin «ne protège pas de toutes les souches de virus. Il est rappelé à toutes les femmes qu’un suivi clinique régulier par leur médecin et qu’un dépistage par frottis vaginal restent indispensables». De son côté, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a mis en place un plan national de gestion des risques pour détecter et étudier tout signalement d’effets indésirables nouveaux dans les conditions réelles d’utilisation de ce nouveau vaccin.

Efficace à 100 % ?

Souvent présenté pour être efficace à 100 % dans les publicités et articles de promotion, le Gardasil serait même utile pour lutter contre d'autres infections génitales: il permettrait de «prévenir 100% des lésions précancéreuses de la vulve et celles du vagin associées aux Papillomavirus Humains de types 16 ou 18» (communiqué Sanofi du 7 février 2007). Le vaccin devrait générer un chiffre d’affaires annuel de 0,5 à 1 milliard d’euros (145,94 € la dose, 3 étant nécessaires à la vaccination). Depuis 2006, date de sa première autorisation de mise sur le marché, le Gardasil a reçu une autorisation de mise sur le marché dans 85 pays (plus de 13 millions de doses distribuées dans le monde à la fin novembre 2007). Le nouveau vaccin est donc souvent présenté avec tous les atours d’un médicament-miracle, le mot étant même parfois prononcé.

Des moratoires demandés

Or, dans certains pays, le Gardasil fait débat. Aux États-Unis, au moins 30 États débattent actuellement de la pertinence de vacciner les femmes contre le VPH. L'ONG Judicial Watch signale une vingtaine de décès suspects liés à ce vaccin. Au Québec, le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF) et le Regroupement des maisons de jeunes du Québec (RMJQ) demandent un moratoire sur la campagne de vaccination contre le VPH annoncée en septembre dernier par le gouvernement : « Nous ne disposons pas suffisamment de données concluantes sur sa durée et son efficacité particulièrement chez les adolescentes, groupe ciblé pour cette campagne ».

Fin août 2007, le Journal de l'Association Médicale Canadienne (CMAJ) évoque la nécessité d'évaluer «les données scientifiques (moléculaires, épidémiologiques, immunologiques) et sociales qui ont trait aux vaccins contre le VPH [ainsi que] les avantages et les préjudices possibles qui pourraient découler d’une immunisation généralisée au moyen du vaccin contre le VPH avant que les gouvernements affectent à de tels programmes des sommes énormes tirées des enveloppes budgétaires déjà limitées des soins de santé. Le moment est venu de faire une pause, de réfléchir sur ce que nous savons et ne savons pas, et d’élaborer un plan fondé sur des données fiables et solides qui ajoutent de la valeur pour tous. Les jeunes filles et les femmes individuellement, ainsi que les décideurs, pourront prendre des décisions vraiment éclairées sur la vaccination seulement lorsqu’ils auront toutes les données probantes. Aujourd’hui, il y a plus de questions que de réponses».

En Espagne, comme le rapporte un article du site de Formindep (qui milite "Pour une formation et une information médicales indépendantes au service des seuls professionnels de santé et patients"), le directeur du Journal of Epidemiology and Community Health, professeur de santé publique de l’Université d’Alicante, spécialiste des vaccins, a appelé à une mobilisation civique au nom de la «défense du bien public». Plus de 3000 médecins ont signé une pétition demandant également un moratoire sur l’utilisation du Gardasil. Appuyés par la Fédération des associations de défense de la santé publique, ils ont exprimé leurs réticences face au vaccin, dénonçant «une campagne marketing très agressive qui fait passer la publicité d’un produit à vendre pour de l’information en santé publique et crée des besoins thérapeutiques basés non sur des preuves médicales mais sur la peur d’une souffrance hypothétique».

Voir également : "Gardasil: efficacité surévaluée par Merck – Sanofi. Analyse d'Arznei-Telegramm".

Deux procès sanitaires en cours

Quatorze ans après la campagne nationale de vaccination contre l'hépatite B, les responsables de deux laboratoires ayant mis au point le vaccin (GlaxoSmithKline, et Sanofi Pasteur) ont été mis en examen fin janvier pour "tromperie aggravée". Plus de vingt millions de Français (le tiers de la population) ont été vaccinés entre 1994 et 1998 contre le virus de l'hépatite B, maladie à l'origine de cirrhoses ou de cancer du foie. 1 300 d'entre eux ont subi des effets secondaires neurologiques, dont un millier de scléroses en plaques, selon certaines estimations.

Les plaintes pénales sont instruites par la juge d'instruction Marie-Odile Berthela-Geffroy, la même qui a enquêté pour le procès du scandale de l'hormone de croissance, qui vient d'ouvrir devant le tribunal correctionnel de Paris. Sept médecins devront s'expliquer sur leur responsabilité dans ce drame qui s'est soldé par la mort, à ce jour, de 110 jeunes victimes. Il leur est reproché une accumulation de fautes et de négligences dans la collecte des hypophyses sur des cadavres humains puis leur transformation en hormones de croissance.

Pour se faire son idée

Pour permettre à nos lecteurs de se faire eux-mêmes leur idée, nous avons sélectionné deux sources d’informations contradictoires qui éclairent de façon assez complète la problématique.

– Dans le premier, la Fédération du Québec pour la planification des naissances (FQPN) expose les objectifs du Gardasil et ses enjeux, avec les arguments pour et contre, etc. La FQPN s’inquiète surtout du fait que le vaccin est recommandé par le gouvernement pour les jeunes filles à partir de 9 ans, ce qui n’est pas le cas en France. Mais le contenu du dossier est instructif par les différents aspects qu’il aborde, y compris l’aspect des “intérêts économiques”.

– L’autre site publie une réponse détaillée de Merck Frosst à un article critique publié en première page du numéro du 27 août 2007 de Maclean’s.

Il serait souhaitable que les données de vaccinovigilance soient enfin publiées intégralement et que la question de l'utilité de ce vaccin soit débattue de façon plus transparente.

 

Médecines traditionnelles : le réveil des sorciers

La médecine traditionnelle, reléguée au rang de pratiques mystiques ou charlatanesques par la médecine occidentale, n’a pas dit son dernier mot. En Afrique comme en Asie, elle s’organise, tente de donner des gages de rigueur et se bat pour une nouvelle reconnaissance. Non pas en opposition mais aux côtés des méthodes thérapeutiques occidentales. Et sous l’œil bienveillant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ainsi qu’avec l’aide d’instances ou d’organismes internationaux dont l’Union européenne.

Une page du Compendium de Materia Medica de Li Shizhen paru en 1578, qui cite 1892 substances médicamenteuses. En dressant le bilan des axpériences acquises par ses prédécesseurs, Li Shizhen a forgé la base de la pharmacologie chinoise. Source : Chine-informations.

► Depuis près de 10 ans, le Dr Éric Gbodosou, président de l’ONG Promotion des médecines traditionnelles (Prometra International) suit chaque année 5 000 familles dans son Centre expérimental des médecines traditionnelles (Cemetra) à Fatick (Sénégal). Les patients sont traités uniquement selon les méthodes ancestrales, c’est-à-dire avec des plantes et un accompagnement spirituel par des guérisseurs. Selon Éric Gbodosou, le centre enregistre autour de 60 % de guérisons et 30 % d’améliorations quantifiables. Des malades viennent du monde entier, France comprise, y chercher un espoir.

► De nombreux pays en développement ont mis en œuvre une politique spécifique pour rendre ces pratiques plus rigoureuses et les lier aux approches médicales occidentales. Coup d’œil sur l’approche choisie par le Congo -Brazzaville, où la médecine traditionnelle est intégrée dans les centres de santé depuis 1980.

► L’Union européenne finance un programme pour former les guérisseurs sénégalais à la prévention et à la lutte contre les maladies de la mère et de l’enfant.

► En Chine, près de 3000 hôpitaux assurent des soins de médecine traditionnelle. Des programmes de recherche sophistiqués ont déjà conduit à la création de nouveaux médicaments, comme le SH-Compound contre le sida. Les Chinois exportent même leur savoir-faire, notamment en Afrique. L’an dernier, ils ont signé un accord de coopération avec la France pour entreprendre des recherches et introduire en Europe de nouveaux traitements à base de plantes.

► L’organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé en 2002 une stratégie mondiale pour les médecines traditionnelles ou parallèles. Elle œuvre pour l’introduction de normes de qualité et de sécurité dans le recours à ces pratiques.

► En Polynésie française, des propositions ont été formulées pour une reconnaissance des savoirs traditionnels.

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Greenwashing : jeu dangereux !

Mazda assurait fabriquer ses véhicules « Au pays des accords de Kyoto » (accords internationaux contre le réchauffement climatique) en présentant un 4X4, véhicule connu pour son importante consommation de carburant ! Ce type de publicité est une bonne illustration du greenwashing, phénomène apparu dans les années 1990 : certaines entreprises instrumentalisent l’environnement ou la santé pour se créer une image responsable ne correspondant pas à la réalité de leurs pratiques.

Mais les consommateurs veillent. Comme le souligne Françoise Jehin, strategy planner, spécialiste du comportement des consommateurs, «ces derniers deviennent de plus en plus critiques et s’organisent à travers des associations qui scrutent le comportement des entreprises».

Aux États-Unis, par exemple, l’ONG The Green Life publiait en 2006 un document intitulé Don’t be fooled qui classait les dix entreprises considérées comme les pires Greenwashers, au rang desquels Ford Motor Company, BP, Chevron Texaco, General Motors, etc. Récemment, ce sont tour à tour Peugeot, Jeep, Honda, Areva, Suez, Lexus et Leroy Merlin qui ont fait en France l’objet d’analyses critiques. Derrière la plupart de ces décryptages, on retrouve l’ONG Alliance, dont les analyses solidement argumentées sont utilisées par les agences de notation extra-financière.

Que dire, comment le dire ?

Pour l’entreprise responsable il n’est pas toujours facile de faire la part des choses. Est-il justifiable pour une firme automobile de faire de la publicité vantant les qualités environnementales d’un véhicule émettant 99 g CO2/km ? Oui, au regard de la moyenne des émissions sur le marché. Non, face au simple constat que tout véhicule roulant avec des combustibles fossiles pollue.
Tout est donc question de méthode et de message.

Difficile d’exploiter un processus durable…

En Belgique, la critique s’organise à travers le travail du Crioc, ou d’associations telles que Respire ou Netwerk Vlaanderen.

L’entreprise intégralement durable ou éthique n’existant pas, elle doit mesurer le discours qu’elle peut tenir. Exemple : Fortis, qui engrange progressivement les fruits de son action en termes de gestion durable : prix du meilleur rapport de développement durable le 20 novembre dernier, première grande banque belge à compenser ses émissions de CO2 non couvertes par de l’électricité verte, l’une des deux banques belges avec Dexia les mieux classées par les agences de notation extra-financière en Europe.

Pourtant, il suffirait que la récente campagne de Netwerk Vlaanderen rencontre une large audience pour mettre à mal son image. C’est que, comme toutes les autres grandes banques belges, Fortis investit pour son compte ou le compte de tiers dans des entreprises liées à l’industrie de l’armement (EADS), dans des entreprises responsables de violations graves et répétées des droits de l’homme (AngloGold Ashanti, Anvil Mining) ou responsables de dégâts environnementaux (Barrick Gold).

L’argumentation de Netwerk Vlaanderen ne fait pas le distinguo entre l’investissement pour son propre compte et l’investissement pour le compte de tiers – la banque n’étant alors qu’intermédiaire. L’attitude prudente de Fortis en matière de communication est sans doute la meilleure stratégie à suivre à l’heure actuelle…

Ecover commercialise des produits de nettoyage, de lessive et de soins, conçus à partir d’ingrédients ayant un moindre impact sur l’environnement. L’entreprise est connue pour son engagement durable et sa cohérence. Pourtant, malgré son bilan flatteur, Ecover évite généralement la publicité : «Nous travaillons ainsi depuis vingt ans, explique Tom Domen, responsable marketing. Actuellement, beaucoup de marques du secteur du nettoyage veulent se doter d’une ‘étiquette verte’ sur le marché. Mais la plupart continuent à employer des substances pétrochimiques. Pour le consommateur, ce n’est pas évident de faire la part des choses. D’où notre souci d’expliquer notre différence.» Ecover a ainsi privilégié le développement d’un site internet riche en informations, le recours au marketing direct comme les e-mails ciblés et la distribution d’échantillons lors d’événements axés sur la nature ou l’environnement.

Vendre, oui. Tromper, non !

Les nouvelles valeurs progressivement intégrées par les consommateurs attirent les entreprises, et en premier lieu les responsables du marketing et de la publicité. Certains, par ignorance, duplicité ou parce qu’ils suivent la mode, se brûlent les ailes en vendant des qualités que leurs produits n’ont pas. Pour ces métiers, il est urgent d’harmoniser les discours et les pratiques. Hervé Brossard, président international de l’agence de publicité DDB International ne disait rien d’autre dans Libération2, lorsqu’il expliquait que sa société avait décidé de renoncer au greenwashing en constatant l’irritation croissante que provoque cette pratique auprès des consommateurs. Vendre, oui, tromper, non ! Ce serait contre-productif.

Mesurer l´impact écologique de la pub

Le cabinet PricewaterhaouseCoopers (PwC), Havas Media France, l´ADEME et le groupe LVMH lancent Eco-publicité, un outil permettant d´évaluer et d´optimiser la performance environnementale d´une campagne publicitaire.

Basé sur la méthodologie de l´analyse du cycle de vie (ACV), l´outil calcule tous les impacts d´une campagne, de sa conception à sa mise en œuvre. Les « spots » des cinq médias ( télévision, presse, affichage, Internet et radio) seront ainsi analysés de leur production à leur réception en passant par leur diffusion.

EcoPublicité est le premier outil de management environnemental de la publicité et s’adresse directement aux annonceurs, qui pourront en acquérir la licence d’utilisation auprès de PwC et Havas Media France. Il a été imaginé par Alice Audouin, responsable du développement durable au sein de Havas Media France.

J-L M-L

Publicité et marketing peuvent-ils remplir leur mission tout en respectant l’éthique et les règles du développement durable ? Quand le produit est conçu dans un réel souci de l’environnement, le directeur marketing est moins confronté à des problèmes éthiques…

Sandra Evrard et Pierre Biélande, Get up !

(Cet article est une synthèse de l´article intégral paru dans Get up ! n°4)