Amandine Guérin, professeur des écoles et mère de quatre enfants, fait partie des enseignants non syndiqués qui s´interrogent sur leur devenir au sein de l´éducation nationale. Avec Graine d´école, une association de la région lyonnaise qui s´appuie sur des valeurs éducatives différentes, elle a trouvé une issue de secours au célèbre “malaise enseignant”.
Amandine Guérin. Photo : Pryska Ducœurjoly. |
Amandine Guérin est à un tournant de son métier d´enseignante, qu´elle exerce à Brignais (Rhône) : « Je me pose vraiment la question de savoir si je dois continuer dans l´éducation nationale ». A 36 ans, la jeune femme a encore beaucoup de dynamisme à consacrer à l’enseignement autant qu’à ses quatre enfants. Mais bien que l´éducation soit chez elle une véritable « vocation », elle pourrait décrocher du « système » dès la fin de son congé maternité : « Il m´est de plus en plus difficile de supporter la climat de morosité et de découragement dû à l’inertie du système. J´ai encore de l´énergie à revendre et je n´ai pas envie de la perdre en me battant toute seule contre le mammouth ! »
Beaucoup de théories mais peu de pratique
Dès sa sortie de l´Iufm (Institut de formation des maîtres), Amandine Guérin a commencé son métier en zone d´éducation prioritaire. Comme de nombreux collègues, elle a dû apprendre sur le tas. « Ce n´est pas un secret, les Iufm dispensaient beaucoup de théorie mais peu de pratique. En moyenne quatre stages de quinze jours par an, c´est insuffisant pour apprendre les rudiments de la gestion d’un groupe-classe, intégrer le savoir-être d´un enseignant. Surtout avec les élèves d´aujourd´hui… La situation s’est aggravée depuis la réforme de la formation et la disparition des Iufm. En résumé, soit vous avez la fibre pour l´enseignement et vous arrivez à vous en sortir, soit vous ne l´avez pas et les problèmes commencent… »
Un programme trop lourd
Alors que les syndicats appellent régulièrement à la grève contre les suppressions de postes et contre les multiples réformes ministérielles, Amandine Guérin pointe surtout la question des méthodes pédagogiques, pas toujours efficaces selon elle, ni adaptées aux rythmes de chacun dans les apprentissages.
« Il est vrai qu´avoir trente élèves en classe n´est pas évident, mais je ne crois pas que cela soit le seul problème. Nous passons notre temps à courir après un programme trop lourd, qui laisse peu de temps pour échanger entre collègues. Il serait plus utile de se recentrer sur l´essentiel : la valorisation de l´élève, le droit à l’erreur… Concrètement, nous n´avons pas les moyens de prendre notre temps avec les élèves, de les amener à développer leur esprit critique et leur propre personnalité. Certains enseignants ont de bonnes idées pédagogiques, qu´ils essayent de mettre en œuvre. Mais le système est trop lourd et manque énormément de cohérence. C´est l´immobilisme qui l´emporte ».
« Le respect de l´autre, la coopération humaine »
A la recherche de solutions pour un mieux-être à l´école, Amandine Guérin s´est rapprochée de l´association Graine d´école, présidée par Pascale Furnion, enseignante en maternelle. « J´ai immédiatement été séduite par ses valeurs éducatives (voir tableau), trop rarement évoquées dans l´Éducation nationale, alors qu´elles me paraissent fondamentales. Promouvoir l´éducation à la nature, l´alimentation saine, le respect de l´autre, la coopération humaine, l´estime de soi, l´autonomie, le partage, le sens des responsabilités, etc., autant de notions qui peuvent s´intégrer dans un enseignement et bénéficier aux enfants, aux enseignants et même au contexte familial ».
Comment enseigne-t-on aux jeunes Finlandais, les mieux notés d´Europe ?
Parmi les réflexions relayées par l´association Graine d´Ecole, un reportage dans un collège finlandais, réalisé dans le cadre d´un échange pédagogique avec l´IUFM de Lyon, montre comment les professeurs ont développé la « communication bienveillante » avec leurs élèves. Si ces derniers ne sont pas toujours des modèles d´écoute, les enseignants ont appris à ne pas s´en offusquer, tout en restant disponibles quand un rêveur revient dans le cours. Une technique qui marcherait davantage que la punition ou le haussement de ton. Sans doute aussi aidé par un taux d´encadrement supérieur à celui de la France (nombre d´enseignants par rapport au nombre d´élèves), les jeunes Finlandais sont régulièrement les mieux notés dans les classements européens, comme l´étude Pisa de l´OCDE, qui évaluent la réussite scolaire. |
Amandine rêve d´une école plus ouverte sur le monde extérieur, où les parents seraient aussi mieux accueillis et plus investis. « L´association propose de découvrir des pédagogies alternatives comme les méthodes Freinet, Montessori ou encore Gattegno, afin d’apporter une réponse pédagogique personnalisée adaptée à chacun. On gagnerait beaucoup, par exemple, à réintroduire le jeu et la découverte sensorielle à la maternelle, au lieu des sempiternelles fiches trop présentes ». L´association, dont Amandine est secrétaire adjointe, relaye aussi l´actualité des groupes de réflexion sur l´éducation, la tenue de conférences et toute initiative constructive.
Dans quelques mois, la jeune femme aura pris sa décision. « Il est probable que je m´investisse désormais dans le bénévolat, au sein de l´association Graine d´Ecole. J´ai envie d´y développer des projets constructifs pour remettre l´enfant au cœur de nos pratiques et ouvrir des perspectives aux autres enseignants. C´est sans doute par ce moyen que je vais retrouver le sens du métier : accompagner l´enfant pour qu´il devienne l´adulte épanoui et responsable dont la société a besoin ».
Quand je pense que Miviludes classes les écoles Steiner dans la liste des sectes je me pose vraiment des questions. Peu connues en France ces écoles sont formidables pour les gens qui comme moi ne veulent pas de vaccin ou de télévision, là on leur apprend à penser! Là est le danger