L’exposition Le suicide en face se tient jusqu’au 6 avril, à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris. Conçue avec l’appui de psychiatres, psychologues, épidémiologistes, sociologues, neurobiologistes, généticiens et de membres d’associations de prévention, elle vise à faire comprendre au public les multiples enjeux posés par cet acte toujours énigmatique et provocant.
Voici une sélection de faits et de chiffres tirés du dossier présenté au public:
– 10 713 personnes ont mis fin à leurs jours en 2005 selon les derniers chiffres de l'Inserm. Soit, si l’on complète ce chiffre par les 20 % de décès volontaires non officiellement répertoriés (cause inconnue, etc.), environ 12 900 suicides chaque année en France.
– Le suicide est la première cause de mortalité chez les 35-44 ans, avec un «pic» à 46 ans, «l'âge de la maturité et des ruptures», selon l’Union nationale pour la prévention du suicide (Unps). Les cinquante dernières années ont vu augmenter de manière considérable le taux de suicide des jeunes adultes entre 20 et 40 ans. Par rapport à leurs aînés, les jeunes doivent dorénavant faire face à une insécurité sociale et professionnelle et ce, dans un contexte marqué par le culte de la performance et l’obsession de la réussite.
– Selon le Conseil économique et social, 330 à 400 salariés se suicideraient ainsi en France chaque année sur leur lieu de travail.
– Chaque année, l'idée du suicide traverse l'esprit de 3,5 millions de personnes, sans passage à l’acte.
– 3 suicides sur 4 concernent des hommes. Mais les femmes font 4 à 5 fois plus de tentatives de suicide que les hommes. Le fait d’être femme semble avoir un effet protecteur. Presque partout dans le monde, les femmes se suicident beaucoup moins que les hommes, alors que leur statut, en particulier professionnel, se rapproche de plus en plus de celui des hommes. Hypothèse : leurs responsabilités particulières auprès de leurs enfants et petits-enfants les rendent moins vulnérables.
– La France est l'un des pays industrialisés qui connaît un des plus hauts taux de suicide.
Désamorcer «la bombe à souffrances»
Si le nombre de suicides en France, a tendance à se stabiliser et à baisser légèrement, il reste encore un des plus élevé en France dans les pays industrialisés. Or, «la bombe à souffrance peut être désamorcée», soutient Bertrand Verfaillie, journaliste, dans son ouvrage "Suicide : des issues de secours", Buchet/Castel , Paris, 2007. Il faudrait pour cela regarder le phénomène en face, déchirer les derniers voiles du tabou et sortir des représentations simplistes. Il faut «accepter qu’il n’y ait pas de remède miracle mais une pluralité d’approches et de réponses à combiner entre elles. Démonter le mythe de la toute-puissance médicale : d’abord, parce que le système de santé générale et de santé mentale français est perclus de manques, d’inégalités territoriales, de pesanteurs, de restrictions ; ensuite, parce que la prise en charge thérapeutique n’est qu’un des aspects de l’aide à apporter aux personnes tentées par le suicide ; enfin, parce qu’il est sot et injuste de laisser à une seule catégorie professionnelle le soin de gérer un problème de société. (…) Malgré des acquis significatifs, la solitude, le cloisonnement et l’improvisation, avec ses promesses et ses dangers, continuent de prévaloir dans l’ensemble des entreprises relatives au suicide dans notre pays. Nous pouvons mieux faire». Passer d’une société anxiogène parce qu’égoïste et injuste à une société de solidarité, de coopération et de compréhension est en fait l’affaire de tous et de chacun. Éveiller partout le goût de la vie est une tâche exigeante qui ne s’impose à personne. Mais qui peut être enthousiasmante quand on récolte les fruits portés… |
– Selon l’Organisation mondiale pour la santé (OMS), en l'an 2000, environ 1 million de personnes se sont suicidées et 10 à 20 fois plus ont fait des tentatives de suicide à travers le monde. Soit en moyenne une mort toutes les 40 secondes et une tentative toutes les 3 secondes.
– En Chine, en Inde ou en Afghanistan, le suicide apparaît parfois comme la seule porte de sortie pour des jeunes femmes mariées de force et soumises à la violence de leur belle famille. La Chine est le seul pays au monde où le suicide féminin l'emporte sur le suicide masculin.
– Certaines catégories de population sont plus exposées au suicide que d'autres : veufs, divorcés et célibataires se suicident plus que les personnes mariées. De même, il y a sept fois plus de suicides parmi les détenus que dans la population générale. Certaines professions sont plus touchées que d’autres : militaires, policiers, médecins, agriculteurs, employés.
– Un tiers des homosexuels seraient victimes d'actes homophobes. Ils seraient cinq fois plus nombreux que les hétérosexuels à faire une tentative de suicide.
– Les jeunes qui font une tentative de suicide sont également ceux qui multiplient les conduites à risque (jeux dangereux, comme le jeu du foulard, l'abus d'alcool ou de drogues illicites, prise de risque motorisé, fugue, boulimie, anorexie). Plus celles-ci démarrent tôt (avant 15 ans), plus le risque de tentative de suicide est grand.
– On se suicide davantage en temps de paix qu’en temps de guerre, le lundi que le week-end, au printemps qu’en hiver, lors des crises économiques et dans les pays riches.
– Baisse de la fécondité, augmentation des divorces, diminution de la pratique religieuse favorisent également le suicide.
– Plusieurs études suggèrent un lien entre la prise de médicaments psychotropes et la tentative de suicide, voire le suicide, en particulier chez les jeunes.
Ping : Discours des raëliens à l’Osce le 03 octobre 2012 | Rael-justice